Alcide, le petit moine - Madeleine Delbrêl - E-Book

Alcide, le petit moine E-Book

Madeleine Delbrêl

0,0

Beschreibung

Quand l’humour légendaire de Madeleine s’invite au cœur d’une communauté religieuse...

Ce recueil de textes commence par le célèbre Alcide ; ce personnage, si typique de la foi et de l’humour de Madeleine, est un moine au milieu de ses frères, mais il est surtout chacun de nous quand on s’efforce de laisser Dieu s’installer dans notre vie. « N’appelle pas chez le voisin : susceptibilité, ce que tu appelles chez toi sensibilité » (un jour où on lui avait fait du chagrin). On y trouve d’autres textes sous forme de conte ( le Nagneau), d’opérette ( Café noir et fumée bleue) ou bien de sentences de ses Carnets ou Agendas.
« Ne pensons pas à la difficulté des choses, mais à la grâce qui nous est donnée de les faire. »
Ces textes ont été précédemment publiés dans l'ouvrage Le moine et le nagneau de Madeleine Delbrêl (Éditions Nouvelle Cité).

Contes et pensées spirituelles se mêlent dans cet ouvrage plein de fantaisie.

EXTRAIT DE ALCIDE OU LE PARFAIT PETIT CRÂNE

Si je disais : « Alcide est un homme en chair et en os » : je mentirais .
Si je disais : « Alcide est un personnage imaginaire » : je mentirais aussi.
Alcide n’est pas quelqu’un, mais il est une foule de gens : riches et pauvres, puissants et faibles, ouvriers et bourgeois, jeunes et vieux. Dans ces gens on trouve en vrac : des moines et des curés ; des bonnes sœurs et des moniales ; des pères de famille et des célibataires ; des grands-mères et des fiancés. Cherchez Alcide quelque part : vous ne le trouverez pas. Cherchez-le partout ; vous le trouverez.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Poète, assistante sociale et mystique, Madeleine Delbrêl (1904-1964) est considérée par beaucoup comme une des figures spirituelles majeures du XXe siècle. Par ses engagements sociaux à Ivry (94), son témoignage de vie évangélique et communautaire en milieu déchristianisé, et par l'ampleur de ses écrits aux accents pionniers, elle atteint, petit à petit, un large public sensible à la vérité et à la pureté de sa vie et de sa parole. Sa cause de béatification a été introduite à Rome.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 182

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



AVANT-PROPOS

Après la publication d’une partie de la correspondance de Madeleine Delbrêl, le tome III, Humour dans l’amour, méditations et fantaisies, nous avait introduits dans des écrits à la fois moins personnels et pourtant témoins très fidèles de sa vie. Le tome IV que nous présentons ici au lecteur est dans la suite directe du précédent avec lequel il forme un tout.

On trouvera tout d’abord quatre textes formés de pensées spirituelles : le célèbre « Alcide » pour la première fois en version intégrale ; deux carnets très anciens et inédits dits « Carnet du Chemin de croix » et « Carnet de Noël 1932 » ; et l’« Agenda 1945 » inédit lui aussi.

Puis, un conte assez développé, inédit, « Le Nagneau ». C’est le seul exemple de ce genre littéraire dans les écrits delbrêliens. S’ajoutent ces deux petites fictions que sont « Eutrope » et « Théodore ». Toutes deux sous leur allure fantaisiste donnent à voir des façons d’aborder la question missionnaire. C’est aussi la préoccupation de « Nous n’irons plus au bois », ce texte déguisé en fantaisie à la façon d’une vieille chanson française, qui pose la question de la possibilité de vivre sa foi chrétienne en milieu urbain.

« La Baraque », opérette, elle aussi la seule de ce genre littéraire, montre en acte comment deux « familles », l’une communiste, l’autre chrétienne, pouvaient se rencontrer en vérité, dans la bonne humeur et dans l’entraide.

Quant au poème « Ô Vieillesse aux mains ouvertes », il n’a pas pu être intégré au tome III où il aurait dû normalement figurer.

Comme pour chaque tome, la chronologie abrégée de la vie de Madeleine, mise au point par Agnès Spycket, apporte les repères dont le lecteur pourrait avoir besoin.

Ce tome ne comporte pas de cahier-photos mais un ensemble de dessins reproduits en fac-similés, insérés dans le texte auquel ils se rapportent. Une table des illustrations permet de les retrouver facilement.

Les références des ouvrages cités sont présentées au début du tome.

On pourra s’étonner de la rareté des signes de ponctuation. Madeleine les utilisait peu et de façon assez fantaisiste. Nous avons ajouté le minimum opportun pour une lecture aisée.

Les très rares mots nécessaires à la lecture qui manquent dans le texte de Madeleine sont ajoutés par les éditeurs et placés entre crochets. Les mots abrégés ont été restitués en leur entier. L’orthographe a été rétablie. Une version non corrigée du texte est disponible pour les chercheurs dans les archives.

Les soulignements sont transcrits en caractères italiques gras.

Les notes sont renvoyées en fin de chapitre pour Alcide et pour le Nagneau, et en fin de tome pour les autres textes.

Chacun des dix textes est présenté par un chapeau qui a une triple vocation : la première de donner succinctement les circonstances historiques ou l’environnement dans lequel ces textes ont été produits ; la seconde d’orienter vers la signification spirituelle du texte et la troisième d’expliquer les questions posées par l’édition et les options qui ont été prises par les responsables de cette édition.

Pour le premier des textes présentés, « Alcide », notre reconnaissance va aux premiers éditeurs qui l’avaient présenté en 1968 et sans le travail desquels nous aurions connu bien des difficultés. Ce sont surtout Christine de Boismarmin et le père Jacques Loew, auxquels on peut associer pour l’édition de poche en 1980 Guitemie Galmiche, équipière, et son frère, Bernard Galmiche, qui en faisait la préface. Les dessins présentés en fac-similés sont de Madeleine elle-même pour les deux tiers d’entre eux, les autres viennent du manuscrit E, carnet copié et dessiné (du vivant de Madeleine) par sœur Marie-Armel Lemoine, de la congrégation des Filles de la Providence de Saint-Brieuc, qui nous a accordé volontiers l’autorisation de les reproduire et que nous remercions.

Les neuf autres textes présentés sont inédits. Un seul, Le Nagneau, avait été préparé pour l’édition par Madeleine en 1958. Les contacts avec les éditions du Cerf avaient commencé et des illustrations furent proposées par le père dominicain Maurice Cocagnac. Il nous a très aimablement autorisés à les éditer enfin. Nous en sommes très heureux et le remercions vivement.

Les suggestions, les apports de textes que les archives ne possédaient pas encore, les relectures, les conseils de Germaine Gérôme, Suzanne Perrin et Francette Rodary, membres des Équipes, du père Jean Guéguen, oblat de Marie-Immaculée, de la famille de Madeleine (famille Mocquet-Junière) nous ont permis de compléter ce tome et d’y apporter nombre de corrections. Sœur Colette Moron, dominicaine, a assuré la saisie d’après les manuscrits. L’Association des amis de Madeleine Delbrêl continue fidèlement à apporter le soutien indispensable à la poursuite de l’édition et à ceux qui y travaillent. Enfin, des remerciements vont très particulièrement aux éditions Nouvelle Cité, et à son directeur Henri-Louis Roche, qui ont pris en charge cette publication de longue haleine.

Gilles François, prêtre du diocèse de Créteil, Cécile Moncontié, au service des archives de Madeleine Delbrêl, Bernard Pitaud, prêtre de Saint-Sulpice, sont les coresponsables de cette édition et forment avec Suzanne Perrin, Agnès Spycket, et Henri-Louis Roche le comité d’édition.

CHRONOLOGIE ABRÉGÉE DE LA VIE DE MADELEINE DELBRÊL

par Agnès Spycket,

1904 (24 oct.) : Naissance à Mussidan (Dordogne) de Madeleine Delbrêl, fille de Jules et de Lucile, née Junière. Jules, entré aux chemins de fer Paris-Orléans, sera successivement en poste à Lorient, à Nantes et à Bordeaux ; chef de gare à Châteauroux (1911), puis à Mont-luçon (1913-1916).

1915 : Première communion de Madeleine, à Mont-luçon. Santé fragile qui nécessite des leçons particulières. Toute sa vie, elle souffrira d’une mauvaise santé qu’elle négligera trop souvent.

1916 : Jules Delbrêl est nommé chef de gare à Paris-Denfert en septembre. La famille s’installe 3 place Denfert-Rochereau, Paris XIV e. Madeleine (12 ans) étudie le piano et écrit des poèmes depuis 1914.

1920-1921 Études littéraires et de philosophie à la Sorbonne. Études de dessin et de peinture en atelier rue de la Grande-Chaumière. Madeleine se définit « strictement athée ».

1922-1923 : Rencontre de Jean Maydieu pour lequel elle a une forte inclination, mais qui entrera chez les dominicains en 1925. Elle écrit Dieu est mort… vive la mort (voir les trois versions de ce texte, pp. 29-42 du tome I).

1924 : « Conversion violente ». Son père devient aveugle et doit cesser son activité. La famille s’installe 78 place Saint-Jacques, Paris XIV e, près de l’église Saint-Dominique. Dépression d’une année, soignée dans une maison de santé de la vallée de Chevreuse.

1926 : Ses poèmes reçoivent le prix Sully Prudhomme de l’Académie française. « Épuisement complet » (cf. lettre de l’automne 1926 à Louise Salonne).

Elle rencontre l’abbé Lorenzo, aumônier scout, qui lui propose d’être cheftaine de louveteaux.

1927 : Elle édite ses poèmes en un volume, La Route.

Elle renonce au Carmel pour raisons familiales et décide de travailler pour Dieu dans le monde.

1928-1929 : Mise au repos pour trois mois dans une maison de soins à Chevreuse. Problèmes de santé de sa famille et d’elle-même jusqu’au début 1930.

1931 : Entrée à l’École d’infirmières des Peupliers.

1932 : Élaboration du directoire de la « Charité de Jésus » (cf. lettre du 21 décembre 1936 à une demoiselle inconnue et lettre du 19 janvier 1939 à Louise Salonne).

Diplôme simple de l’École des Peupliers. Entrée à l’École pratique de service social, boulevard du Montparnasse.

1933 (sept.) : Premier voyage à Rome, où est décidée l’installation de la première équipe à Ivry. Madeleine souffre beaucoup de l’estomac.

(oct.) : Engagement dans la « Charité de Jésus » avec Suzanne Lacloche et Hélène Manuel à Saint-Jean-Baptiste d’Ivry pour vivre l’Évangile et au service de la paroisse. Installation dans l’enceinte paroissiale, 207 route de Choisy.

1934 : L’abbé Lorenzo est nommé curé d’Ivry. Premier examen de l’École pratique de service social, mention Très Bien.

Colonie de vacances. Santé déplorable.

1935 (avril) : Installation 11 rue Raspail à Ivry.

1936 : Après des années de mésentente, les époux Delbrêl se séparent. Jules s’installe à Mussidan et Mme Delbrêl à Paris. Madeleine continue à veiller sur eux.

Deuxième examen de l’École pratique de service social, mention Très Bien.

1937 : Brevet de capacité professionnelle d’assistante de service social. Sa thèse, Ampleur et dépendance du service social, est publiée chez Bloud et Gay.

1938-1939 : Causeries à des publics divers.

1939 (sept.) : Madeleine est nommée assistante sociale à la mairie d’Ivry.

1940 : La municipalité communiste est destituée. Madeleine est nommée Déléguée technique chargée de la coordination des services sociaux à Ivry, mais le « petit personnel » communiste étant resté en place, elle travaille avec eux et aide les familles de ceux qui sont inquiétés.

1941 : Entrée au Service Social de la région parisienne (jusqu’au 1er octobre 1945). Embauche au Secours National.

(été) : Madeleine accompagne sa mère à Lisieux où elle rencontre le P. Augros, supérieur du futur séminaire de la Mission de France qui, elle, vient d’être fondée.

1942 : Participation à des colloques à Lisieux, au séminaire de la Mission de France, mais refus d’y implanter une Équipe.

1943 : Année importante pour les orientations de la « Charité ». L’Équipe comprend Christine de Boismarmin, Louise Brunot, Germaine Gérôme, Marie-Aimée Jouvenet, Raymonde Kanel, Suzanne Lacloche, Hélène Manuel, Paulette Penchenier, Suzanne Perrin, Andrée Saussac, Marthe Sauvageot, Andrée Voillot. Installation à Cerisiers (Yonne) de Marthe Sauvageot et Suzanne Lacloche et à Vernon (Eure) de Christine, Paulette et Suzanne Perrin jusqu’à la Libération en 1945.

1944 : La mairie d’Ivry est reprise par les communistes. Madeleine travaille avec des « grands types du Parti » et ressent la tentation du marxisme, latente depuis son installation à Ivry.

1945 : Début de collaboration avec Venise Gosnat, adjoint au maire d’Ivry.

1945-1946 : Nombreuses méditations poétiques.

1946 (1er oct.) : Madeleine démissionne du service social de la mairie pour raison de santé et pour s’occuper davantage des Équipes.

1947-1950 : Intense activité des Équipes : en 1949, Hélène Manuel, Monique Joubert et Suzanne Perrin partent pour Herserange, dans le bassin minier de Longwy.

1950 : Rencontre de Jean Durand, en demi-retraite de son poste de professeur à l’École Centrale, qui aidera Madeleine sur tous les plans et en particulier dans ses difficultés familiales.

1951 (août) : Libération, par le Président Vincent Auriol, de Miguel Grant, ancien FTP, injustement emprisonné, défendu par Madeleine depuis 1949 et pour lequel elle avait demandé une audience au Président de la République en juillet.

1952 : Deuxième pèlerinage à Rome, d’une journée de prière à Saint-Pierre pour l’unité de l’Église. Madeleine fait connaissance avec le P. Guéguen.

(déc.) : Lettre de Mgr Feltin au sujet de la « Charité de Jésus », demandant à voir Madeleine à son retour de Rome.

1953 (jan.) : Rédaction d’un placet pour les Rosenberg, porté par un avocat à Rome (ils seront exécutés le 20 juin).

(été) : Troisième pèlerinage à Rome lors de la crise des prêtres-ouvriers. Plusieurs rencontres avec Mgr Veuillot (en poste à la Curie romaine). Audience semi-privée de Pie XII à Castel Gandolfo.

(automne) : Notes et lettres à propos de la Mission de France et de l’expérience des prêtres-ouvriers dont l’arrêt a été décrété par Rome.

1954 (juin) : Première conférence à des curés de Paris sur le marxisme, sous l’autorité du cardinal Feltin, de Mgr Veuillot et de Mgr Lallier (dont Madeleine avait fait la connaissance par le scoutisme).

(oct.) : Quatrième pèlerinage à Rome. Rappelée auprès de sa mère au bout de deux jours.

1955 : Grande activité de réflexion sur le marxisme, exposés et Mémoire. Audience auprès du cardinal Feltin qui l’encourage à continuer.

(3 juin) : Mort de sa mère.

(été) : Cinquième pèlerinage à Rome. Mgr Veuillot communique le « Mémoire sur le marxisme » au P. Paul Philippe o.p.

(18 sept.) : Mort de son père. Très mauvais état de santé de Madeleine.

1956 : Madeleine met en forme ses notes sur le marxisme pour en faire un livre, tout en faisant des exposés en province. Sa santé est toujours aussi mauvaise. Son mémoire, approuvé par le cardinal Feltin, est emporté à Rome par le P. Guéguen.

(oct.-nov.) : Sixième pèlerinage à Rome. Mgr Veuillot et le P. Paul Philippe donnent leur accord pour la publication.

1957 (février) : Septième pèlerinage à Rome pour discuter de la 4e partie du livre avec Mgr Veuillot. Révision sans trêve des quatre parties et des annexes, jusqu’en mars. Le livre s’appellera Ville marxiste, terre de mission. Les premiers exemplaires d’auteur sont envoyés en septembre.

1958 : Mort du P. Lorenzo.

Huitième pèlerinage à Rome. Audience générale de Pie XII.

Élaboration de la charte de la « Charité de Jésus » par Mgr Veuillot, et décision de renoncer au rattachement à un institut séculier, envisagé depuis deux ans.

(été). : Neuvième pèlerinage à Rome. Première pensée pour l’Afrique noire.

1959 : Dixième pèlerinage à Rome. Mgr Veuillot est nommé évêque d’Angers.

1960 (mars) : Madeleine refuse de s’associer à l’accueil de Khrouchtchev à la Mairie d’Ivry.

1960-1961 : Conférences sur le marxisme dans divers milieux.

1961 (nov.) : Départ pour Abidjan de Suzanne Perrin et Guitemie Galmiche.

Voyage en Pologne.

1962 : Madeleine est sollicitée pour un travail sur les athéismes contemporains par un ancien évêque de Tananarive, en vue du Concile. Le P. Loew accepte de décharger en partie Mgr Veuillot, nommé en 1961 archevêque-coadjuteur du cardinal Feltin, pour s’occuper des Équipes.

1963-1964 : Écrits et conférences sur l’athéisme.

1964 (13 oct.) : Mort subite de Madeleine.

1988 : Mgr Frétellière, évêque de Créteil, décide l’ouverture du procès de béatification de Madeleine Delbrêl.

1996 : Le procès est reconnu valide par Rome. Madeleine Delbrêl est déclarée « Servante de Dieu ».

RÉFÉRENCESDES OUVRAGES CITÉS

Nous autres, gens des rues, textes missionnaires. Éd. du Seuil, Paris 1966, 336 p. Introduction de Jacques Loew, pp. 9-53. Postface de Louis Augros, pp. 321-328. Nouvelle édition, éd. du Seuil, Paris 1971, coll. « Livre de Vie » n° 107, 314 p. Introduction et postface inchangées.

La Joie de croire, éd. du Seuil, Paris 1968, 272 p. Préface de Jean Guéguen, pp. 7-24. Avant-propos de Guy Lafon, pp. 25-27. Nouvelle édition, éd. du Seuil, Paris 1995, coll. « Livre de Vie » n° 141, 282 p. Mêmes préface et avant-propos, notule en mémoire du cardinal Veuillot.

Communautés selon l’Évangile, éd. du Seuil, Paris 1973, 190 p. Avant-propos de Guy Lafon, pp. 7-23.

Alcide : Guide simple pour simples chrétiens, éd. du Seuil, Paris 1980. Coll. « Livre de Vie » n° 133, 126 p. (extrait de La Joie de croire).

Indivisible amour, pensées détachées inédites. Éd. du Centurion, Paris 1991, 140 p. Préface de Jacques Sommet, pp. 7-9. Introduction de Christine de Boismarmin, pp. 11-13. Notice biographique pp. 15-17.

Éblouie par Dieu, Correspondance, volume 1, 1910-1941 (Œuvres complètes, tome I). Éd. Nouvelle Cité, Montrouge 2004, 352 p. Chronologie abrégée par Agnès Spycket. Cahier photos de 16 pages. Édition préparée par Gilles François, Cécile Moncontié, Bernard Pitaud.

S’unir au Christ en plein monde, Correspondance, volume 2, 1942-1952 (Œuvres complètes, tome II). Éd. Nouvelle Cité, Montrouge 2004, 352 p. Chronologie abrégée par Agnès Spycket. Cahier photos de 16 pages. Édition préparée par Gilles François, Cécile Moncontié, Bernard Pitaud.

Humour dans l’amour, méditations et fantaisies (Œuvres complètes, tome III). Éd. Nouvelle Cité, Montrouge 2005, 288 p. Chronologie abrégée par Agnès Spycket. Fac-similés de dessins. Édition préparée par Gilles François, Cécile Moncontié, Bernard Pitaud.

Christine de BOISMARMIN, Madeleine Delbrêl, Rues des villes chemins de Dieu, 1904-1964. Éd. Nouvelle Cité, Paris 1985, 208 p. Présentation de Jacques LOEW, pp. 7-10. Cahier photos de 8 pages. Nouvelle édition, éd. Nouvelle Cité, Montrouge 2004, 288 p.

Gilles François, Bernard PITAUD, Agnès SPYCKET, Madeleine Delbrêl connue et inconnue, livre du centenaire, éd. Nouvelle Cité, Montrouge 2004, coll. Spiritualité, 320 p. Cahier-photos de 16 pages.

ALCIDE OU LE PARFAIT PETIT CRÂNE

Guide simple pour simples chrétiens Les saintes aventures de tous les jours

Alcide est déjà bien connu des lecteurs de Madeleine Delbrêl. Ce texte très original fut publié en 1968 dans La Joie de croire, donc quatre années après la mort de Madeleine. Il se mémorise facilement et fait carrière dans de nombreuses circonstances, sans que ceux qui l’emploient sachent forcément d’où il vient.

Peut-on trouver une parenté à ces sortes de petits conseils qui tissent l’ensemble des livrets d’Alcide ?

Il nous faut remonter à l’époque des Pères du désert, aux IVe et Ve siècles, dans les déserts d’Égypte. Les jeunes moines, ermites ou cénobites, avaient coutume d’appuyer leur conduite spirituelle sur les conseils de quelques anciens qui exerçaient ainsi une véritable paternité spirituelle. Ces conseils souvent imagés, pleins d’humour et de profonde connaissance de l’âme, nous sont parvenus en de multiples collections.

Ce sont quelquefois de véritables petites histoires, mises en scène en un petit paragraphe ou bien un très court dialogue, ou bien des sentences simplement situées dans le contexte du quotidien des moines. Ces différentes pièces portent le nom d’apophtegmes. Ils se sont transmis à travers les siècles. Madeleine en a probablement lus dans les années 1925-1928 au moment où elle cherchait à conforter sa conversion par de nombreuses lectures spirituelles. Il est possible qu’elle ait eu connaissance alors d’un ouvrage paru en 1925 dans sa deuxième édition ; cet ouvrage signé de J. Bremond s. j. et présenté par Henri Bremond publie des extraits des textes des Pères du Désert. Madeleine a adopté ce genre littéraire pour « Alcide ». Néanmoins, si la forme présente cette parenté-là, il faut noter que les thèmes abordés sont très originaux. Madeleine, selon son habitude, a fait du neuf. Seule l’histoire d’Alcide devant se rendre au cimetière pour tour à tour louer les morts puis les injurier, et qui se trouve dans l’introduction rédigée par Madeleine, reprend une anecdote racontée à propos de saint Macaire au IVe siècle.

Des éléments du texte d’Alcide circulaient déjà du vivant de Madeleine dans les années 1945-1950 parmi les équipières et les amis du 11 rue Raspail. Il fut tapé à la machine, recopié à la main par d’autres ou par Madeleine 1 elle-même qui, par exemple, fit cadeau d’un exemplaire partiel (« Alcide prieur ») et illustré à Jacques Loew. Tout cela nous vaut de nombreuses versions manuscrites ou dactylographiées présentant entre elles des écarts importants que nous avons inventoriés et qui sont disponibles pour les chercheurs.

Mais un autre écart va se présenter entre, d’une part, ce qu’un lecteur connaît d’Alcide par La Joie de croire, ou par Alcide en édition de poche en un volume indépendant paru quelques années plus tard et, d’autre part, ce qu’il va découvrir dans les pages qui suivent.

Il faut dire qu’en 1968, on publiait de larges extraits des écrits de Madeleine, dans la foulée du projet qui avait abouti à la publication de Nous autres, gens des rues en 1966.

Lancée dans la publication des Œuvres complètes, notre équipe a tout d’abord commencé son travail sur « Alcide » en :

– identifiant la structure du texte :

il est constitué de livrets (la division en chapitres à la numérotation très aléatoire n’a pas été maintenue dans cette édition) ; les titres ou rubriques ont tous été gardés ; puis à l’intérieur des rubriques, figurent les apophtegmes constituant chacun un ensemble formé d’une sentence et d’une circonstance relativement précise (que Madeleine avait elle-même placée entre parenthèses) ;

– répertoriant de façon intégrale :

les différentes introductions, apophtegmes et autres considérations qui jalonnent les différentes versions, sans oublier les dessins que le lecteur, nous l’espérons, savourera au fil des pages.

Ensuite, nous nous sommes trouvés, nous aussi, devant des choix à faire.

Tout d’abord, nous nous sommes appuyés sur le manuscrit A, de loin le plus complet, qui comprend 163 apophtegmes ; mais dans les sept différents manuscrits, la collection complète regroupe 232 apophtegmes. On ne trouvera pas ici exactement les 232 ; en effet certaines versions ne diffèrent entre elles que de façon très minime (une majuscule, une virgule). Mais dès qu’une petite nuance de sens apparaît, nous publions les variantes, en note si elles sont mineures, dans le fil du texte en italique si elles sont assez significatives.

Composé des trois livrets : « Livre du Débutant », « Livre du Progressant » et « Livre du Parfait », le manuscrit B semble le plus ancien, même si nous n’en avons pas la certitude. Seuls les deux premiers livrets sont repris dans le manuscrit A. Madeleine avait donné à cet ensemble tripartite le nom de « Alcide, ou le parfait petit crâne ».

Il s’agit là de décrire une évolution d’Alcide dans sa relation personnelle à Dieu et dans ses conséquences sur la relation au prochain, l’une ne va pas sans l’autre.

Ces trois livrets avaient déjà été placés en tête d’« Alcide » dans La Joie de croire, éditée en 1968. Nous suivons à présent le même choix que les premiers éditeurs ; précisons que, si Madeleine a écarté le « Livre du Parfait » du manuscrit A, il demeure néanmoins présent dans les manuscrits E, H, I et M.

Les autres livrets sont édités dans la continuité des trois que l’on vient de citer.

Leurs titres relèvent d’une autre logique, une logique de fonctions dans le peuple de Dieu, sauf le livret intitulé : « De la vie avec Dieu » :

Alcide profès

Alcide prieur

Alcide missionnaire

De la vie avec Dieu

Alcide conseiller

Alcide militant

Alcide novice

On peut être étonné de la place donnée ici à « Alcide novice », en fin de parcours. Ce livret est présent en deux variantes qui constituent exclusivement les deux manuscrits C et C bis, indépendants des autres manuscrits. Il a un style assez différent des autres livrets, le découpage en apophtegmes y est peu présent.

Tous ces livrets peuvent être considérés comme autant de développements plus ou moins indépendants les uns des autres, écrits par Madeleine au fil des années.

Pour comprendre la présente entreprise de publication, le lecteur se souviendra simplement que Madeleine elle-même n’avait pas publié Alcide, et que ce qu’il va lire est une composition établie à partir de livrets écrits, réécrits et copiés au long d’une dizaine d’années.

Madeleine elle-même composa une introduction où elle dit qu’Alcide n’écrit pas une méthode de vie spirituelle, mais qu’« il marque sur un carnet pour ne pas oublier ». Cet aspect de carnets successifs doit donc être conservé sans chercher à leur ajouter une cohérence formelle.

Il nous faut d’ailleurs encore préciser, sans égarer le lecteur dans les détails, que nous nous sommes trouvés en présence de deux introductions rédigées par Madeleine : celle du manuscrit A et celle du manuscrit F ! Après étude, il nous a semblé que la seconde était une reprise de la première, mais complétée par des approfondissements et munie d’une autre conclusion. Aussi publions-nous la seconde introduction complète, puis en note, la conclusion de la première, qui reste elle aussi une bonne page de Madeleine.