Britannicus - Jean Racine - E-Book

Britannicus E-Book

Jean Racine

0,0

Beschreibung

"Britannicus, la tragédie de Racine, est une œuvre majeure du théâtre classique français. Écrite en 1669, elle met en scène les intrigues politiques et les luttes de pouvoir qui se déroulent à la cour de l'empereur romain Néron.
L'histoire se concentre sur le personnage de Britannicus, fils légitime de l'empereur Claude et héritier du trône. Cependant, Néron, le fils adoptif de Claude, est jaloux de Britannicus et souhaite s'emparer du pouvoir à tout prix. Il est prêt à trahir sa famille et à manipuler les autres personnages pour parvenir à ses fins.
Le drame se déroule dans un contexte politique tendu, où les complots et les trahisons sont monnaie courante. Racine explore les thèmes de la passion amoureuse, de la rivalité fraternelle et de la lutte pour le pouvoir. Britannicus est un personnage complexe, tiraillé entre son amour pour Junie, une jeune femme dont Néron est également épris, et son devoir envers son peuple.
La pièce est écrite en vers alexandrins, avec une langue poétique et une grande maîtrise de la tragédie classique. Racine parvient à captiver le lecteur ou le spectateur grâce à ses dialogues percutants et à ses personnages profondément humains.
Britannicus est une œuvre intemporelle qui continue de fasciner les lecteurs et les spectateurs aujourd'hui. Elle soulève des questions universelles sur la nature humaine, le pouvoir et la manipulation. Racine nous plonge dans un monde de passions dévorantes et de trahisons, où les personnages se débattent avec leurs désirs et leurs ambitions.
En somme, Britannicus est un chef-d'œuvre du théâtre classique français, qui allie la beauté de la langue à une intrigue captivante. Cette tragédie nous invite à réfléchir sur les tourments de l'âme humaine et sur les conséquences dévastatrices du pouvoir absolu.


Extrait : ""NERON : Excité d'un désir curieux, Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux, Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes, Belle, sans ornements, dans le simple appareil D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil."""

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 76

Veröffentlichungsjahr: 2015

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Personnages

NÉRON : empereur, fils d’Agrippine.

BRITANNICUS : fils de l’empereur Claudius et de Messaline.

AGRIPPINE : veuve de Domitius Enobarbus, père de Néron, et, en secondes noces, veuve de l’empereur Claudius.

JUNIE : amante de Britannicus.

BURRHUS : gouverneur de Néron.

NARCISSE : gouverneur de Britannicus.

ALBINE : confidente d’Agrippine.

GARDES.

 

La scène est à Rome, dans une chambre du palais de Néron.

Acte premier
Scène I

Agrippine, Albine.

ALBINE
Quoi ! tandis que Néron s’abandonne au sommeil,
Faut-il que vous veniez attendre son réveil ?
Qu’errant dans le palais, sans suite et sans escorte,
La mère de César veille seule à sa porte ?
Madame, retournez dans votre appartement.
AGRIPPINE
Albine, il ne faut pas s’éloigner un moment.
Je veux l’attendre ici. Les chagrins qu’il me cause
M’occuperont assez tout le temps qu’il repose.
Tout ce que j’ai prédit n’est que trop assuré :
Contre Britannicus Néron s’est déclaré.
L’impatient Néron cesse de se contraindre ;
Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.
Britannicus le gêne, Albine, et chaque jour
Je sens que je deviens importune à mon tour.
ALBINE
Quoi ! vous à qui Néron doit le jour qu’il respire,
Qui l’avez appelé de si loin à l’empire ?
Vous qui, déshéritant le fils de Claudius,
Avez nommé César l’heureux Domitius ?
Tout lui parle, Madame, en faveur d’Agrippine :
Il vous doit son amour.
AGRIPPINE
Il me le doit, Albine :
Tout, s’il est généreux, lui prescrit cette loi ;
Mais tout, s’il est ingrat, lui parle contre moi.
ALBINE
S’il est ingrat, Madame ? Ah ! toute sa conduite
Marque dans son devoir une âme trop instruite.
Depuis trois ans entiers, qu’a-t-il dit, qu’a-t-il fait
Qui ne promette à Rome un empereur parfait ?
Rome, depuis trois ans, par ses soins gouvernée,
Au temps de ses consuls croit être retournée :
Il la gouverne en père. Enfin, Néron naissant
A toutes les vertus d’Auguste vieillissant.
AGRIPPINE
Non, non, mon intérêt ne me rend point injuste :
Il commence, il est vrai, par où finit Auguste ;
Mais crains que, l’avenir détruisant le passé,
Il ne finisse ainsi qu’Auguste a commencé.
Il se déguise en vain : je lis sur son visage
Des fiers Domitius l’humeur triste et sauvage ;
Il mêle avec l’orgueil qu’il a pris dans leur sang
La fierté des Nérons qu’il puisa dans mon flanc.
Toujours la tyrannie a d’heureuses prémices :
De Rome, pour un temps, Caïus fut les délices,
Mais, sa feinte bonté se tournant en fureur,
Les délices de Rome en devinrent l’horreur.
Que m’importe, après tout, que Néron, plus fidèle,
D’une longue vertu laisse un jour le modèle ?
Ai-je mis dans sa main le timon de l’État
Pour le conduire au gré du peuple et du sénat ?
Ah ! que de la patrie il soit, s’il veut, le père :
Mais qu’il songe un peu plus qu’Agrippine est sa mère.
De quel nom cependant pouvons-nous appeler
L’attentat que le jour vient de nous révéler ?
Il sait, car leur amour ne peut être ignorée,
Que de Britannicus Junie est adorée :
Et ce même Néron, que la vertu conduit,
Fait enlever Junie au milieu de la nuit !
Que veut-il ? Est-ce haine, est-ce amour qui l’inspire ?
Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire ;
Ou plutôt n’est-ce point que sa malignité
Punit sur eux l’appui que je leur ai prêté ?
ALBINE
Vous, leur appui, Madame ?
AGRIPPINE
Arrête, chère Albine,
Je sais que j’ai moi seule avancé leur ruine ;
Que du trône, où le sang l’a dû faire monter,
Britannicus par moi s’est vu précipiter.
Par moi seule, éloigné de l’hymen d’Octavie,
Le frère de Junie abandonna la vie,
Silanus, sur qui Claude avait jeté les yeux,
Et qui comptait Auguste au rang de ses aïeux.
Néron jouit de tout : et moi, pour récompense,
Il faut qu’entre eux et lui je tienne la balance,
Afin que quelque jour, par une même loi,
Britannicus la tienne entre mon fils et moi.
ALBINE
Quel dessein !
AGRIPPINE
Je m’assure un port dans la tempête.
Néron m’échappera, si ce frein ne l’arrête.
ALBINE
Mais prendre contre un fils tant de soins superflus ?
AGRIPPINE
Je le craindrais bientôt, s’il ne me craignait plus.
ALBINE
Une injuste frayeur vous alarme peut-être.
Mais si Néron pour vous n’est plus ce qu’il doit être,
Du moins son changement ne vient pas jusqu’à nous,
Et ce sont des secrets entre César et vous.
Quelques titres nouveaux que Rome lui défère,
Néron n’en reçoit point qu’il ne donne à sa mère.
Sa prodigue amitié ne se réserve rien :
Votre nom est dans Rome aussi saint que le sien ;
À peine parle-t-on de la triste Octavie.
Auguste votre aïeul honora moins Livie :
Néron devant sa mère a permis le premier
Qu’on portât les faisceaux couronnés de laurier ;
Quels effets voulez-vous de sa reconnaissance ?
AGRIPPINE
Un peu moins de respect, et plus de confiance.
Tous ces présents, Albine, irritent mon dépit :
Je vois mes honneurs croître, et tomber mon crédit.
Non, non, le temps n’est plus que Néron, jeune encore,
Me renvoyait les vœux d’une cour qui l’adore ;
Lorsqu’il se reposait sur moi de tout l’État ;
Que mon ordre au palais assemblait le sénat,
Et que derrière un voile, invisible et présente,
J’étais de ce grand corps l’âme toute-puissante.
Des volontés de Rome alors mal assuré
Néron de sa grandeur n’était point enivré.
Ce jour, ce triste jour frappe encore ma mémoire,
Où Néron fut lui-même ébloui de sa gloire,
Quand les ambassadeurs de tant de rois divers
Vinrent le reconnaître au nom de l’univers.
Sur son trône avec lui j’allais prendre ma place :
J’ignore quel conseil prépara ma disgrâce ;
Quoi qu’il en soit, Néron, d’aussi loin qu’il me vit,
Laissa sur son visage éclater son dépit.
Mon cœur même en conçut un malheureux augure.
L’ingrat, d’un faux respect colorant son injure,
Se leva par avance, et courant m’embrasser,
Il m’écarta du trône où je m’allais placer.
Depuis ce coup fatal, le pouvoir d’Agrippine
Vers sa chute à grands pas chaque jour s’achemine.
L’ombre seule m’en reste, et l’on n’implore plus
Que le nom de Sénèque et l’appui de Burrhus.
ALBINE
Ah ! si de ce soupçon votre âme est prévenue,
Pourquoi nourrissez-vous le venin qui vous tue ?
Allez daignez avec César vous éclaircir du moins.
AGRIPPINE
César ne me voit plus, Albine, sans témoins :
En public, à mon heure, on me donne audience.
Sa réponse est dictée, et même son silence.
Je vois deux surveillants, ses maîtres et les miens,
Présider l’un ou l’autre à tous nos entretiens.
Mais je le poursuivrai d’autant plus qu’il m’évite :
De son désordre, Albine, il faut que je profite.
J’entends du bruit ; on ouvre. Allons subitement
Lui demander raison de cet enlèvement :
Surprenons, s’il se peut, les secrets de son âme.
Mais quoi ! déjà Burrhus sort de chez lui !
Scène II

Agrippine, Burrhus, Albine.

BURRHUS
Madame,
Au nom de l’empereur j’allais vous informer
D’un ordre qui d’abord a pu vous alarmer,
Mais qui n’est que l’effet d’une sage conduite,
Dont César a voulu que vous soyez instruite.
AGRIPPINE
Puisqu’il le veut, entrons : il m’en instruira mieux.
BURRHUS
César pour quelque temps s’est soustrait à nos yeux.
Déjà par une porte au public moins connue
L’un et l’autre consul vous avaient prévenue,
Madame. Mais souffrez que je retourne exprès…
AGRIPPINE
Non, je ne trouble point ses augustes secrets ;
Cependant voulez-vous qu’avec moins de contrainte
L’un et l’autre une fois nous nous parlions sans feinte ?
BURRHUS
Burrhus pour le mensonge eut toujours trop d’horreur.
AGRIPPINE
Prétendez-vous longtemps me cacher l’empereur ?
Ne le verrai-je plus qu’à titre d’importune ?
Ai-je donc élevé si haut votre fortune
Pour mettre une barrière entre mon fils et moi ?
Ne l’osez-vous laisser un moment sur sa foi ?
Entre Sénèque et vous disputez-vous la gloire
À qui m’effacera plus tôt de sa mémoire ?
Vous l’ai-je confié pour en faire un ingrat,
Pour être, sous son nom, les maîtres de l’État ?
Certes, plus je médite, et moins je me figure
Que vous m’osiez compter pour votre créature,
Vous, dont j’ai pu laisser vieillir l’ambition
Dans les honneurs obscurs de quelque légion ;
Et moi qui sur le trône ai suivi mes ancêtres,
Moi, fille, femme, sœur et mère de vos maîtres !
Que prétendez-vous donc ? Pensez-vous que ma voix
Ait fait un empereur pour m’en imposer trois ?
Néron n’est plus enfant : n’est-il pas temps qu’il règne ?
Jusqu’à quand voulez-vous que l’empereur vous craigne ?
Ne saurait-il rien voir qu’il n’emprunte vos yeux ?
Pour se conduire, enfin, n’a-t-il pas ses aïeux ?
Qu’il choisisse, s’il veut, d’Auguste ou de Tibère ;
Qu’il imite, s’il peut, Germanicus mon père.
Parmi tant de héros je n’ose me placer ;
Mais il est des vertus que je lui puis tracer :
Je puis l’instruire au moins combien sa confidence
Entre un sujet et lui doit laisser de distance.
BURRHUS
Je ne m’étais chargé dans cette occasion
Que d’excuser César d’une seule action ;
Mais puisque, sans vouloir que je le justifie,
Vous me rendez garant du reste de sa vie,