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Antoine de Saint-Exupérys Meisterwerk »Der kleine Prinz« gehört zu den wichtigsten Büchern des 20. Jahrhunderts. Es handelt von der Suche nach echter Freundschaft und Liebe, nach Wahrheit und Selbsterkenntnis. Das macht es zu einer Geschichte, die sowohl Kinder als auch Erwachsene tief im Herzen berührt. Der kleine Prinz nimmt uns auf seiner Reise von Planet zu Planet an die Hand und zeigt uns, dass das Kind in uns lebendig ist, dass wir alles besitzen für ein schöpferisches und erfülltes Leben. Weltweit wurde das Buch in über 210 Sprachen und Dialekte übersetzt. Inhalt des Märchens: In der Sahara, einer Wüste in Afrika, begegnet einem notgelandeten Piloten ein kleines Kerlchen, das von einem fernen Stern zu kommen scheint. Der kleine Prinz enthüllt ihm nach und nach, ohne auch nur entfernt auf irgendeine Frage zu antworten, von der Geschichte seiner Herkunft. Einst war er seiner Rose auf seinem winzigen Planeten entflohen und reiste von Planet zu Planet, wo er die sonderbare Welt der großen Leute kennenlernte. Auf der Suche nach Freunden fand er niemanden, bis er auf der Erde dem Fuchs begegnete. Der Fuchs weihte ihn in die größten Geheimnisse des Lebens ein, und der kleine Prinz erkannte, was für ein Glück er aufgegeben hatte. Nun versucht er alles, um wieder zu seiner großen Liebe zurückzukehren. Die Schlange kann ihm dabei helfen.
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Veröffentlichungsjahr: 2016
Antoine de Saint-Exupéry
Zweisprachig: Französisch-Deutsch
aus dem Französischen übertragen von Alexander Varell mit den farbigen Illustrationen des Verfassers
aionas
Diese Ausgabe darf nur in Deutschland, in Österreich und in der Schweiz vertrieben werden.
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Bibliographische Informationen der Deutschen Nationalbibliothek:
Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliographie; detaillierte bibliographische Daten sind im Internet unter http://dnb.dnb.de abrufbar.
Titel des französischen Originals: Le Petit Prince
© 1946 Edition Gallimard, Paris
erstmalig erschienen 1943 in den USA
aionas Verlag, Böhlaustraße 9, 99423 Weimar
1. Auflage, 2016
ISBN (Printausgabe): 978-3-946571-01-8
ISBN (eBook): 978-3-946571-03-2
Anders als in der Druckausgabe des Buches, in der der französische Originaltext und die Übersetzung Seite für Seite gegenübergestellt werden, werden die Texte in diesem eBook nacheinander abgebildet. Dies lässt sich im eBook kaum anders erreichen. Um den Leserinnen und Lesern dennoch einen komfortablen und schnellen Wechsel zwischen den Texten zu ermöglichen, haben wir jeden Absatz mit dem entsprechenden Absatz der anderen Version durch Links verknüpft. Bei längeren Absätzen finden sich noch weitere Verknüpfungen innerhalb eines Absatzes. Diese Verknüpfungen sind nummeriert und stehen in der Regel am Absatzbeginn. Die Kürzel "f" und "d" stehen lediglich für französisch und für deutsch. Durch einen Klick auf den Link gelangt man zu der gewünschten Textstelle und wieder zurück.
Antoine de Saint-Exupéry
Französischer Originaltext
f2Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. J’ai une excuse sérieuse: cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse: cette grande personne peut tout comprendre, même les livrespour enfants. J’ai une troisième excuse: cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a bien besoin d’être consolée.f3Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace:
f4À LÉON WERTHQUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON
f5 Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s’appelait «Histoires Vécues». Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin:
f6 On disait dans le livre: «Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion.»
f7 J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. Il était comme ça:
f8 J’ai montré mon chef-d’oeuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.
f9 Elles m’ont répondu: «Pourquoi un chapeau ferait-il peur?»
f10 Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. fJ’ai alors dessiné l’intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissant comprendre. Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça:
f11 Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications.
f12 J’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter des avions. J’ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c’est exact, m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître, du premier coup d’oeil, la Chine de l’Arizona. C’est très utile, si l’on est égaré pendant la nuit.
f13 J’ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux. J’ai beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vues de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon opinion.
f14 Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’expérience sur elle de mon dessin numéro 1 que j’ai toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment compréhensive. Mais toujours elle me répondait: «C’est un chapeau.» Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable.
f15 J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours.
f16 Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait:
f17 S’il vous plaît … dessine-moi un mouton!f18 Hein!f19 Dessine-moi un mouton …f20 J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n’est pas ma faute. J’avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n’avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts.
f21 Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand je réussis enfin à parler, je lui dis:
f22 Mais … qu’est-ce que tu fais là?f23 Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:
f24 S’il vous plaît … dessine-moi un mouton …f25 Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit:
f26 Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.f27 Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me répondre:
f28 Non! Non! Je ne veux pas d’un éléphant dans un boa. Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant. Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton.f29 Alors j’ai dessiné:
f30 Il regarda attentivement, puis:
f31 Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.f32 Je dessinai:
f33 Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:
f34 Tu vois bien … ce n’est pas un mouton, c’est un bélier. Il a des cornes …f35 Je refis donc encore mon dessin:
f36 Mais il fut refusé, comme les précédents:
f37 Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.f38 Alors, faute de patience, comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci:
f39 Et je lançai:
f40 Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.f41 Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge:
f42 C’est tout à fait comme ça que je le voulais! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton?f43 Pourquoi?f44 Parce que chez moi c’est tout petit …f45 Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton.f46 Il pencha la tête vers le dessin:
f47 Pas si petit que ça … Tiens! Il s’est endormi …f48 Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.
f49 Il me fallut longtemps pour comprendre d’où il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m’ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la première fois mon avion (je ne dessinerai pas mon avion, c’est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi) il me demanda:
f50 Qu’est-ce que c’est que cette chose-là?f51 Ce n’est pas une chose. Ça vole. C’est un avion. C’est mon avion.f52 Et j’étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s’écria:
f53 Comment! tu es tombé du ciel?f54 Oui, fis-je modestement.f55 Ah! ça c’est drôle …f56 Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m’irrita beaucoup. Je désire que l’on prenne mes malheurs au sérieux. Puis il ajouta:
f57 Alors, toi aussi tu viens du ciel! De quelle planète es-tu?f58 J’entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j’interrogeai brusquement:
f59 Tu viens donc d’une autre planète?f60 Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion:
f61 C’est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin …f62 Et il s’enfonça dans une rêverie qui dura longtemps. Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea dans la contemplation de son trésor.
f63 Vous imaginez combien j’avais pu être intrigué par cette demi-confidence sur «les autres planètes». Je m’efforçai donc d’en savoir plus long:
f64 D’où viens-tu, mon petit bonhomme? Où est-ce «chez toi»? Où veux-tu emporter mon mouton?f65 Il me répondit après un silence méditatif:
f66 Ce qui est bien, avec la caisse que tu m’as donnée, c’est que, la nuit, ça lui servira de maison.f67 Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l’attacher pendant le jour. Et un piquet.f68 La proposition parut choquer le petit prince:
f69 L’attacher? Quelle drôle d’idée!f70 Mais si tu ne l’attaches pas, il ira n’importe où, et il se perdra …f71 Et mon ami eut un nouvel éclat de rire:
f72 Mais où veux-tu qu’il aille!f73 N’importe où. Droit devant lui …f74 Alors le petit prince remarqua gravement:
f75 Ça ne fait rien, c’est tellement petit, chez moi!f76 Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta:
f77 Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin …f78 J’avais ainsi appris une seconde chose très importante: C’est que sa planète d’origine était à peine plus grande qu’une maison!
f79 Ça ne pouvait pas m’étonner beaucoup. Je savais bien qu’en dehors des grosses planètes comme la Terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles on a donné des noms, il y en a des centaines d’autres qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope. Quand un astronome découvre l’une d’elles, il lui donne pour nom un numéro. Il l’appelle par exemple: «l’astéroïde 3251.»
f80 J’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait le petit prince est l’astéroïde B 612. Cet astéroïde n’a été apercu qu’une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc.
f81 Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un Congrès International d’Astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça.
f82 Heureusement pour la réputation de l’astéroïde B 612 un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort, de s’habiller à l’Européenne. L’astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis.
f83 Si je vous ai raconté ces détails sur l’astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c’est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais: «Quel est le son de sa voix? Quels sont les jeux qu’il préfère? Est-ce qu’il collectionne les papillons?» Elles vous demandent: «Quel âge a-t-il? Combien a-t-il de frères? Combien pèse-t-il? Combien gagne son père?» Alors seulement elles croient le connaître. Si vous dites aux grandes personnes: «J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit …» elles ne parviennent pas à s’imaginer cette maison. Il faut leur dire: «J’ai vu une maison de cent mille francs.» Alors elles s’écrient: «Comme c’est joli!»
f84 Ainsi, si vous leur dites: «La preuve que le petit prince a existé c’est qu’il était ravissant, qu’il riait, et qu’il voulait un mouton. Quand on veut un mouton, c’est la preuve qu’on existe» elles hausseront les épaules et vous traiteront d’enfant! Mais si vous leur dites: «La planète d’où il venait est l’astéroïde B 612» alors elles seront convaincues, et elles vous laisseront tranquille avec leurs questions. Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes.
f85 Mais, bien sûr, nous qui comprenons la vie, nous nous moquons bien des numéros! J’aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J’aurais aimé dire: «Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d’un ami …» Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l’air beaucoup plus vrai.
f86 Car je n’aime pas qu’on lise mon livre à la légère. J’éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a six ans déjà que mon ami s’en est allé avec son mouton. Si j’essaie ici de le décrire, c’est afin de ne pas l’oublier. C’est triste d’oublier un ami. Tout le monde n’a pas eu un ami. Et je puis devenir comme les grandes personnes qui ne s’intéressent plus qu’aux chiffres. f87 C’est donc pour ça encore que j’ai acheté une boîte de couleurs et des crayons. C’est dur de se remettre au dessin, à mon âge, quand on n’a jamais fait d’autres tentatives que celle d’un boa fermé et celle d’un boa ouvert, à l’âge de six ans! J’essaierai, bien sûr, de faire des portraits le plus ressemblants possible. Mais je ne suis pas tout à fait certain de réussir. f88 Un dessin va, et l’autre ne ressemble plus. Je me trompe un peu aussi sur la taille. Ici le petit prince est trop grand. Là il est trop petit. J’hésite aussi sur la couleur de son costume. Alors je tâtonne comme ci et comme ça, tant bien que mal. Je me tromperai enfin sur certains détails plus importants. f89 Mais ça, il faudra me le pardonner. Mon ami ne donnait jamais d’explications. Il me croyait peut-être semblable à lui. Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons à travers les caisses. Je suis peutêtre un peu comme les grandes personnes. J’ai dû vieillir.
f90 Chaque jour j’apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ, sur le voyage. Ça venait tout doucement, au hasard des réflexions. C’est ainsi que, le troisième jour, je connus le drame des baobabs. Cette fois-ci encore ce fut grâce au mouton, car brusquement le petit prince m’interrogea, comme pris d’un doute grave:
f91 C’est bien vrai, n’est-ce pas, que les moutons mangent les arbustes?f92 Oui. C’est vrai.f93 Ah! Je suis content.f94 Je ne compris pas pourquoi il était si important que les moutons mangeassent les arbustes. Mais le petit prince ajouta:
f95 Par conséquent ils mangent aussi les baobabs?f96 Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grands comme des églises et que, si même il emportait avec lui tout un troupeau d’éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout d’un seul baobab.
f97 L’idée du troupeau d’éléphants fit rire le petit prince:
f98 Il faudrait les mettre les uns sur les autres …f99 Mais il remarqua avec sagesse:
f100 Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit.