Enseigner la Valence verbale - Christian Meunier - E-Book

Enseigner la Valence verbale E-Book

Christian Meunier

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Beschreibung

La valence est le phénomène qui lie le verbe à ses compléments. Elle intervient sur la construction du groupe verbal, la formation du passif, l'accord du participe passé, le choix des pronoms relatifs, celui des démonstratifs, des possessifs, des indéfinis, des pronoms personnels, des pronoms interrogatifs, l'emploi de l'impératif en liaison avec les pronoms personnels et la mise en relief des principales. Etant donné l'importance de la valence, alors que ce concept est fort peu enseigné dans les écoles ou collèges, il est nécessaire de mettre au point un système permettant de l'enseigner, de préférence avec la participation active des apprenants. C'est ce que nous vous proposons ici.

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Seitenzahl: 213

Veröffentlichungsjahr: 2019

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Table des matières

Étude de la valence

1 Mise au point

2 Survol des compléments du verbe

2.1 Principe : valence verbale et compléments

2.2 Les autres compléments ne font pas partie de la valence du verbe.

2.2.1 Le complément d’agent.

2.2.2 Le complément circonstanciel.

3 Les différents cas de valence dans le détail :

3.1 Les verbes à valence 0 :

3.2 Les verbes à valence 1

a

, sans préposition :

3.3 Les verbes à valence 1

b

, le complément étant introduit par une préposition :

3.4 Les verbes à valence 2

a

avec un complément sans préposition, et un autre avec :

3.5 Les verbes à valence 2

b

avec deux compléments introduits par une préposition : .

3.6 Les verbes d’état à valence 1 avec attribut du sujet

3.7 Les verbes à valence 2 avec

CV{qc/qn} et

attribut du

CV{qc/qn}

4 Quelles sont les conséquences découlant de la valence ?

4.1 La valence des verbes et l’interrogative.

4.1.1 Les verbes à valence 0 (catégorie 1) :

4.1.2 Les verbes à valence 1

a

, sans préposition (catégorie 2) :

4.1.3 Les verbes à valence 1

b

, le complément étant introduit par une préposition (catégorie 3) :

4.1.4 Les verbes à valence 2

a

avec un complément sans préposition, et un autre avec (catégorie 4) :

4.1.5 Les verbes à valence 2

b

avec deux compléments introduits par une préposition (catégorie 5) :

4.1.6 Les verbes d’état à valence 1 avec attribut du sujet (catégorie 6) :

4.1.7 Les verbes à valence 2 avec

CV{qc/qn} et

ACo

{qc/qn} (catégorie 7)

4.2 La valence et l’accord du participe passé

4.2.1 Exemples A : Cas du partitif

4.2.2 Exemples B : Identifier le contenu du pronom réfléchi

4.2.3 Exemples C : Règles d’accord des verbes pronominaux

4.3 La valence des verbes et la relative

4.3.1 Tableaux des pronoms relatifs :

4.3.2 Exemples

4.4 La valence des verbes et les pronoms personnels

4.4.1 Le pronom personnel sujet

4.4.2 Le pronom personnel CV{—}

4.4.2.1 Le signifié est défini.

4.4.2.2 Le signifié est indéfini :

4.4.3 Le pronom personnel CV

i

{Prép + qn/qc/inf}

4.4.4 Le pronom personnel comme complément second CV

2

{Prép+qc/qn}

4.4.4.1 Le choix des pronoms CV

2

(à) dans la valence qc à qn.

4.4.4.2 La place des pronoms CV

2

{Prép=àqc/qn} dans la valence qc à qn.

4.4.4.3 Cas normal:

4.4.4.4 Lorsque le verbe conjugué est suivi d'un infinitif (verbe opérateur)

4.4.4.5 À l'impératif sans négation

4.4.5 Cas particulier des pronoms réfléchis.

4.5 Lorsque l’on met un complément en relief.

4.5.1 c'est que / qui

4.5.2 avec un sujet: c'est qui

4.5.3 avec un CV{—}(=COD): c'est que

4.5.4 avec un CVi(Prep+qc/qn/inf) mot précédé d'une préposition

4.5.5 avec un CV(inf) infinitif

4.5.6 avec un adjectif ou un substantif attribut CA(adj) ou CA(qc/qn)

4.5.7 avec un verbe conjugué

4.5.8 avec un complément de nom

Pratique : travail des apprenants

5 Apprentissage avec la participation active des apprenants

5.1 Enseigner la valence

5.2 Recherches et exercices en groupes ou seul

5.2.1 Apprendre à reconstituer le modèle de la valence d’un verbe dans un exemple.

5.2.2 Apprendre à reconstituer le patron de la valence d’un verbe dans un exemple.

5.3 Se servir de la valence pour accorder le participe passé.

5.3.1 Utiliser la valence pour mettre au passif.

5.3.1.1 Passage de la voix active à la voix passive

5.3.1.2 Passage de la voix active à la voix pronominale de sens passif

5.3.1.3 Passage de la voix active à la voix pronominale (verbes occasionnellement pronominaux)

5.3.2 La phase d’exercices : verbes occasionnellement pronominaux

5.4 Choisir le bon pronom relatif.

5.4.1 L’antécédent est CE, RIEN ou QUELQUE CHOSE

5.4.2 Choix des pronoms relatifs / Fonction

5.5 Choisir le bon pronom personnel.

5.5.1 Les grandes familles de pronoms

5.5.2 Le pronom sujet

Particularités de certains pronoms

Les emplois du pronom sujet

L’inversion du sujet

5.5.3 Le pronom CV{—}(= cod)

Les divers pronoms CV{—} (= cod)

Les pronoms définis

Les indéfinis sont beaucoup moins variés.

5.5.3.1 Expliquons les définis

5.5.4 Expliquons les indéfinis

5.5.5 Mélangeons les pronoms CV{—}

5.5.6 Le pronom CV(x) (complément avec préposition x)

Solutions

5.5.7 Le pronom tonique

5.5.8 Le pronom réfléchi

5.5.8.1 La place des pronoms

Ordre changé à l’impératif

Position des pronoms personnels avec infinitif.

5.6 Mettre en relief.

5.6.1 La mise en relief par l’accent d’insistance.

5.6.2 La mise en relief par l’utilisation du pronom personnel tonique.

5.6.3 La mise en relief avec

c’est … qui

/

c’est … que

5.7 La forme interrogative

5.7.1 Revoir les règles de l’intonation des interrogatives.

5.7.2 Les trois façons de poser une question.

Rappels : question totale, question partielle

5.7.3 La question avec inversion

5.7.4 On ne fait pas l’inversion

5.7.4.1 L’emploi d’est-ce que

5.7.4.2 Question sur le sujet

5.7.4.3 Le sujet est un pronom personnel, et on fera l’inversion avec.

5.7.5 La question sans inversion avec est-ce que

5.7.6 La question intonative

5.7.7 Les problèmes annexes de l’inversion du sujet

5.7.8 Le choix des mots interrogatifs

5.7.9 La parenthèse haute et l’objet de la question

Étude de la valence

1    Mise au point

Alors que la plupart des enseignants et des apprenants de français langue étrangère connaissent le concept de valence verbale, rares sont leurs homologues dont la langue maternelle est le français qui en ont entendu parler.

Ainsi, il n’est pas rare d’entendre des fautes dues à un mauvais emploi de cette valence :

Le film ? Oui, je m’en rappelle. Impossible puisque l’on se rappelle quelque chose (qc). La forme exacte est donc : Je me le rappelle.

Le film ? Oui, je m’en souviens. Exact, puisque l’on se souvient de quelque chose(qc).

On rencontre aussi des passifs mal venus. Pour pouvoir mettre un verbe au passif, il faut qu’il ait, à la voix active, un complément d’objet direct (C.O.D.) qui devienne sujet à la voix passive :

Les cannibales ont mangé le missionnaire.

Le missionnaire a été mangé par les cannibales.

Le C.O.D. missionnaire joue au passif le rôle de sujet.

Mais on rencontre aussi des tournures qui seraient impossibles si l’on appliquait les règles de la valence :

Le vendeur dit à la cliente :

Venez, je vais vous encaisser. On n’encaisse pas la cliente mais son argent. La cliente ne rentre pas dans la caisse.

Le médecin dit :

Le patient a été sédaté. Ce passif est impossible, puisqu’on ne « sédate » pas un patient : on lui administre un sédatif (C.O.D.). Donc, un sédatif (sujet) a été administré au patient.

Un autre médecin affirme :

La patiente a été transfusée ce matin. Ceci est très étonnant, car on transfuse du sang, pas une patiente, qui ne rentre pas dans le mince tuyau de la transfusion. On lui transfuse (transfuser qc à qn) par exemple 250 ml de sang. 250 ml de sang lui ont été transfusés.

Ces tournures que l’on rencontre à tous les coins des hôpitaux ou des magasins s’emploient de plus en plus, ce qui ajoute à la confusion syntaxique. Tout le monde écrit sur les réseaux sociaux dans un français plus qu’approximatif, et même ceux qui ont une orthographe déplorable n’ont pas peur que l’on se moque d’eux.

Il faut dire que l’apprenant dans les écoles est confronté à toutes sortes de compléments et d’attributs qu’il n’arrive pas à identifier, d’autant plus qu’il n’a pas appris à le faire.

Le participe conjugué avec avoir s’accorde avec le C.O.D. (complément d’objet direct) placé avant. Mais qu’est-ce qu’un C.O.D ?

À quoi le reconnaît-on ? Voici quelques exemples pour vous permettre de réfléchir. Le complément souligné est-il un C.O.D., un C.O.Ind. (complément d’objet indirect) un complément circonstanciel, un attribut du sujet, un attribut du C.O.D. ?

Pour sensibiliser les apprenants aux problèmes d’identification des compléments, nous allons leur faire faire l’exercice suivant.

Mais avant, il faudra revoir avec eux ce qu’ils savent sur ces compléments et mettre les choses au point. Nous préciserons les choses plus tard grâce à l’emploi du concept de valence.

 

 

COD

COInd

C.CIRC.

ATTR. du

 

 

 

 

 

Suj.

C.O.D.

1

J’ai mangé

un croissant

 

 

 

 

 

2

Elle a mangé

du pain.

 

 

 

 

 

3

Elle a couru

le cent mètres

en douze secondes.

 

 

 

 

 

4

Il a couru

cent mètres

avant de s’arrêter.

 

 

 

 

 

5

Elle travaille

la nuit

.

 

 

 

 

 

6

J’adore

la nuit

et ses mystères.

 

 

 

 

 

7

Certaines personnes travaillent

la nuit.

 

 

 

 

 

9

Le potier travaille

l’argile

pour faire des vases.

 

 

 

 

 

9

Ils sont

Bavarois.

 

 

 

 

 

10

Ils nous croient

Bavarois.

 

 

 

 

La connaissance de la valence verbale est très importante, car elle a des conséquences :

Sur la formation du passif.

Sur la construction du groupe verbal.

Sur l’accord des participes.

Sur le choix des pronoms relatifs.

Sur celui des démonstratifs, des possessifs, des indéfinis.

Sur celui des pronoms personnels.

Sur celui des pronoms interrogatifs.

Sur l’emploi de l’impératif en liaison avec les pronoms.

Sur la mise en relief des idées principales.

Si les apprenants ne sont pas en mesure d’identifier les compléments, ils ne pourront pas réagir correctement lorsqu’ils se trouveront dans l’un des cas énumérés plus haut.

Pour remédier à ce problème, nous allons étudier les principes de la valence et dégager les critères qui nous permettront :

D’apprendre à bien distinguer les compléments dus à la valence de ceux que l’on nomme compléments circonstanciels et des compléments d’agent.

D’étudier le choix

des pronoms relatifs.

des démonstratifs, des possessifs, des indéfinis.

des pronoms personnels.

D’étudier

le fonctionnement de l’impératif en liaison avec les pronoms. o la construction des relatives.

La mise en relief en liaison avec la valence.

L’interrogation en liaison avec la valence.

Et enfin d’accorder les participes en toute connaissance de cause.

Il y a donc du travail en perspective. Il serait temps de commencer.

Mais avant, consultons les solutions :

Solutions :

2    Survol des compléments du verbe

2.1   Principe : valence verbale et compléments

La valence verbale est un phénomène qui se concentre, comme son nom l’indique, sur le groupe verbal.

Le verbe se lie à ses compléments selon un modèle que nous appelons valence verbale, et qui correspond au lien par une préposition, ou sans préposition, avec le groupe nominal complément du verbe.

Une même forme verbale peut avoir plusieurs valences. Mais en changeant de valence, le verbe change de signification. Prenons l’exemple du verbe tenir. Voici quelques exemples :

verbe

Tenir

Il a eu un accident de voiture, mais il a été sauvé par sa ceinture de sécurité, qui a tenu.

(qui ne s’est pas déchirée)

Tenir qn/qc

Je tiens mon stylo dans la main droite.

Tenir qn/qc par qc

L’enfant tient sa mère par la main.

Tenir à qn/qc

J’ai jeté toutes les photos, sauf celle du mariage de mes parents, parce que je tiens beaucoup à cette photo.

(elle est très importante pour moi)

Tenir qc de qn

Mme Tartempion est à Lourdes. Je le tiens de sa

voisine (= c’est sa voisine qui me l’a dit)

Tenir de qn

Charles est avare. Il tient de son père

. (Il a hérité ce défaut de son père)

C’est de cette valence que dépend la fonction grammaticale de chaque mot.

On voit dans cet exemple l’importance d’une identification correcte de la valence si l’on veut comprendre le contenu du message.

Nous allons donc entreprendre une étude de toutes les valences possibles.

Nous retiendrons les sept cas de base suivants :

1. Les verbes à valence 0 : CV{ϕ} :

Martha dort. → dormir (ϕ)

Le chien ronfle : → ronfler (ϕ)

Ces deux verbes ne contiennent aucun complément dans leur valence. L’information contenue dans le verbe suffit à la compréhension du texte.

2. Les verbes à valence 1a, sans préposition : CV{qc}, CV{qn}, CV{qc/qn}, CV{inf}

Les enfants mangent des frites. CV{qc} → manger qc (=quelque chose)

Les parents éduquent leurs enfants CV{qn} → éduquer qn (= quelqu’un)

Nous regardons les patineuses. CV{qc/qn} → regarder qn (= quelqu’un)

Nous regardons la télévision. CV{qc/qn} → regarder qc (= quelque chose)

C’est cette sorte de complément, qui s’emploie sans aucune préposition, que nous appelons C.O.D. (complément d’objet direct).

Lorsque le verbe utilisé est un verbe opérateur, c’est-à-dire un verbe introduisant un verbe à l’infinitif, nous aurons : CV{inf}

Elle veut travailler. CV(inf) → vouloir inf (= Infinitif)

Elle souhaite écrire un livre. CV(inf) → souhaiter inf (= Infinitif)

3. Les verbes à valence 1b introduit par une préposition : CV{Prép + qc}, CV{Prép + qn}, CV{Prép + inf}

La préposition {Prép} peut être, selon les verbes, à, de, par, pour etc.

Il pense à ses vacances. CV{Prép=à qc/qn} → penser à qc

Elle pense souvent à ses parents. CV{Prép= à +qc/qn} → penser à qn

Elle se souvient de ses voisins et de leur voiture. CV{Prép=de + qc/qn} → se souvenir de qn/ de qc

C’est cette sorte de complément, qui s’emploie avec une préposition, que nous appelons C.O.I. (complément d’objet indirect).

Notons que, selon les cas, les deux compléments sont obligatoires ou non :

Elle écrit une lettre à sa grand-mère. On sait ce qu’elle écrit, et à qui.

Elle écrit une lettre. On sait ce qu’elle écrit (une lettre), mais pas à qui.

Elle écrit à sa grand-mère. On sait à qui elle écrit, mais on ne sait pas quoi.

Elle écrit. Le procès écrire nous suffit. On la voit à sa table en train d’écrire, mais on ne sait pas quoi, ni à qui.

Ceci n’est pas possible avec le verbe donner, car on veut savoir ce que l’on donne, et à qui.

Elle donne un livre à son frère. On veut savoir quoi et à qui. Chacun des deux compléments est obligatoire.

Lorsque le verbe utilisé est un verbe opérateur, c’est-à-dire un verbe introduisant un verbe à l’infinitif, nous aurons : CV{Prép + inf}

Elle pense à travailler. CV{Prép + inf}→ penser à + inf (= Infinitif)

Elle commence par écrire un livre. CV{Prép + inf}→ commencer par + inf

4. Les verbes à valence 2a avec un complément sans préposition, et un autre avec : CV{qc} & CV{Prép + qc/qn}

Cette valence permet de lier deux compléments, par exemple parce qu’un objet passe du sujet à une personne ou l’inverse.

Le général remet une décoration au soldat. CV{qc Prép qn}

Le garçon écrit une lettre à sa maman. CV{qc Prép qn}

La fille écrit une carte à son grand-père. CV{qc Prép qn}

Le voleur a dérobé son portefeuille à la grand-mère. CV{qc Prép qn}

5. Les verbes à valence 2b avec deux compléments introduits par une préposition : CV{qc} & CV{Prép + qc/qn}

Nous parlons de nos vacances à nos voisins. CV{Prép(de) + qc Prép(à) +qn}

Elle parle de son mari à sa voisine. CV{Prép(de) + qc Prép(à) + qn}

Elle parle de son mari. CV{Prép(de) + qc} On ne sait pas à qui.

Elle parle à la voisine. CV{Prép(à) + qc} On ne sait pas de quoi.

Le premier complément avec préposition peut être un infinitif :

Elle promet de travailler à sa mère. CV{Prép(de) + inf Prép(à) + qn} Promettre de faire qc à qn.

6. Les verbes d’état à valence 1 avec attribut du sujet ASj{qc/qn}

Il est bête. ASj(adj) → être qual (qual= qualité)

Notons que le terme qualité désigne ici une caractéristique du sujet. Cette caractéristique peut être aussi bien rendue par un adjectif (bête) que par un groupe nominal (un monarque).

7. Les verbes à valence 2 avec CV{qc/qn} et attribut du CV{qc/qn} CV{qc/qn} ACo{qc/qn}

Nous tenons Paul pour honnête. CV{qc Prép+ qual}

Ses professeurs considèrent Anna comme une bonne élève. CV{qn} Prép+ ACo{qc=qual}

On appelle l’attribut du CV{qc/qn} aussi attribut du C.O .D.

Notons que le terme qualité désigne ici une caractéristique du CV{qc}. Cette caractéristique peut être aussi bien rendue par un adjectif que par un groupe nominal.

2.2    Les autres compléments ne font pas partie de la valence du verbe.

Ce sont :

Le complément d’agent.

La Tour Eiffel a été construite

par Gustave Eiffel.

Le complément circonstanciel.

Au printemps,

les arbres fleurissent.

Cependant, les deux sortes sont en rapport avec le groupe verbal, et peuvent de ce fait être rangés par erreur dans la catégorie des compléments déterminés par la valence.

Nous n’oublierons pas d’évoquer le complément de nom, qui, lui, fait partie d’un groupe nominal. Le véritable nom de Gustave Eiffel était Bönickhausen.

Il vaut mieux connaître son existence si l’on ne veut pas, lui aussi, le confondre avec un autre complément.

Le directeur, de l’hôtel, voit la Tour Eiffel. (A)

Le directeur de l’hôtel voit la Tour Eiffel. (B)

En s’aidant de la ponctuation, on voit que, dans le cas A, l’hôtel est séparé du directeur par une virgule. Il ne peut donc pas être complément de nom. Il s’agit en fait d’un complément circonstanciel de lieu, qui nous dit que le directeur voit la Tour Eiffel à partir du balcon sur lequel il se trouve.

Dans le cas B, le directeur dirige l’hôtel, ce qui ne l’empêche pas de voir la Tour Eiffel, sans doute parce que l’hôtel est proche de ce monument.

Nous allons voir de plus près ces deux sortes de compléments.

2.2.1    Le complément d’agent.

Le complément d’agent joue un rôle au passif.

Vous connaissez sans doute la règle de la transformation de l’actif en passif.

A gauche se trouve l’algorithme qui montre la marche à suivre correspondant aux règles grammaticales. Il est illustré à droite par un exemple contenant les réflexions nécessaires à la résolution du problème.

Voici quelques exemples qui, en suivant cette règle, aboutissent à un passif.

La championne a remporté la course.

La course a été remportée par la championne.

Ravaillac a assassiné Henri IV en 1610.

Henri IV a été assassiné par Ravaillac en 1610.

Christophe Colomb découvrit l’Amérique en 1492.

L’Amérique fut découverte par Christophe Colomb en 1492.

Lorsque le sujet est « on », le locuteur aura plutôt recours à la voix pronominale.

On mange le riz avec des baguettes.

Le riz se mange avec des baguettes.

Au lieu du passif : * le riz est mangé…, on emploie la forme pronominale : le riz se mange.

Il est évident que le riz ne se mange pas lui-même. Une telle forme, pour laquelle il n’y a pas de complément d’agent (onne pouvant être que sujet), est à comprendre comme une forme passive.

2.2.2 Le complément circonstanciel.

Il n’est pas toujours facile de savoir si un complément fait partie de la valence du verbe ou s’il se rapporte au noyau de la phrase.

Prenons deux exemples :

L’auteur dévoile son opinion au lecteur. (A)

Dans ce livre, l’auteur dévoile son opinion au lecteur. (B)

Dans l’exemple A, le verbe dévoiler a pour valence qc à qn.

Ceci correspond au patron syntaxique :

La valence a pour but, partant de la signification du verbe, de distribuer les rôles entre les éléments représentés par les compléments qui lui appartiennent.

CV{qc} représente le concept que dévoile l’auteur, ici, son opinion, alors que CV(Prép =à + qn) représente la ou les personnes à qui l’auteur présente le concept que dévoile l’auteur, ici, son opinion.

Le sujet et le prédicat (le verbe et les compléments appartenant à la valence) constituent le noyau de la phrase.

Le complément circonstanciel, lui, concerne le noyau de la phrase sujet + prédicat) et précise l’une des circonstances dans lesquelles le procès contenu dans ce noyau a pu avoir lieu.

Ici, Dans ce livre concerne le procès complet : l’auteur dévoile son opinion.

On pourrait dire qu’alors que le complément appartenant à la valence constitue un des rouages de cette valence, le complément circonstanciel s’applique à l’ensemble du noyau. Ainsi, on pourra définir le lieu, le temps, la cause etc., c’est-à-dire les circonstances dans lesquelles le noyau se déroule.

Voyons quelques cas un peu plus difficiles :

Au dernier marathon, mon voisin s’est arrêté au bout de cent mètres. (C)

Ma cousine a couru le cent mètres aux derniers jeux olympiques. (D)

Dans l’exemple C, au bout de cent mètres est un complément circonstanciel. Ici, le complément circonstanciel se trouve à la fin de la phrase. C’est donc une information essentielle : il n’a parcouru que cent mètres. On pourrait aussi trouver :

Au dernier marathon, au bout de cent mètres, mon voisin s’est arrêté.

Dans ce cas, l’information essentielle, la dernière, est que le voisin s’est arrêté, alors que l’on aurait attendu qu’il aille plus loin.

Dans l’exemple D, le cent mètres est CV{qc}, et représente le nom d’une course, le cent mètres, cousin du mille mètres ou du marathon.

Contrairement au complément circonstanciel, de l’exemple D, on ne peut pas mettre le CV{qc} avant le verbe, sauf si le CV{qc} devient sujet d’une forme passive :

Le cent mètres a été couru par ma cousine pour la France aux derniers jeux olympiques.

Nous rajoutons pour la France pour avoir une raison d’employer le passif en donnant de l’importance au complément d’agent. (cf. plus bas, le passif).

Etudions les deux exemples suivants :

Le matin, il fait frais. (E)

J’aime le matin. (F)

Dans l’exemple E, le matin est un complément circonstanciel de temps. On peut le placer également après le verbe :

Il fait frais le matin. (E)

Dans ce cas, on souligne le fait que c’est le matin qu’il fait frais.

Dans l’exemple F, le matin est un CV{qc}. Il fait partie de la valence du verbe.

On ne peut donc pas le déplacer de l’autre côté du verbe.

3    Les différents cas de valence dans le détail :

Comme nous l’avons vu plus haut, les verbes se répartissent, selon la valence qu’ils gouvernent, en sept catégories :

3.1    Les verbes à valence 0 :

CV{ϕ}

Martha dort. → dormir (ϕ)

Le chien ronfle. → ronfler (ϕ)

On appelle ces verbes qui ont une valence 0 des verbes intransitifs.

3.2    Les verbes à valence 1a, sans préposition :

CV{qc}, CV{qn}, CV{qc/qn}, CV{inf}

Les enfants mangent des frites. CV{qc} → manger qc (=quelque chose)

Les parents éduquent leurs enfants CV{qn} → éduquer qn (= quelqu’un)

Nous regardons les patineuses. CV{qc/qn} →