L'Escole des filles - Anonyme - E-Book

L'Escole des filles E-Book

Anonyme

0,0

Beschreibung

Discussions impudiques entre deux cousines.

POUR UN PUBLIC AVERTI. Dans le résumé précédant les deux dialogues de la partie principale, les circonstances de l’intrigue sont brièvement décrites. Robinet, le fils d’un marchand, est amoureux d’une jeune fille du nom de Fanchon, mais ne peut se rapprocher d’elle du fait de sa naïveté. Il convainc alors Susanne, sa cousine plus âgée, d’expliquer à Fanchon ses sentiments et d’éveiller aussi son désir.
Lors de leur discussion, Susanne et Fanchon parlent d’une multitude de sujets, dont l’âge du mariage, les organes génitaux masculins et féminins et les rapports sexuels. À la fin du premier dialogue, Fanchon se déclare prête à se laisser déflorer par Robinet.
Le second dialogue a lieu quelques jours plus tard. À la demande de Susanne, Fanchon décrit en détail son premier rapport sexuel avec Robinet. Les deux femmes discutent alors d’autres thèmes, comme les positions sexuelles, la flagellation, la taille des pénis, les méthodes de contraception et le mariage.

Paru de manière Anonyme mais abondamment annoté, L'Escole des filles ou La Philosophie des dames est considéré en France comme le premier roman sur le libertinage.

EXTRAIT

Epistre invitatoire aux filles

C’est une foible raison, mes dames, que celle de vos mères, pour vous défendre de sçavoir les choses qui vous doivent servir un jour, de dire qu’elles ont peur que vous en usiez inconsidérément, et il vaudroit mieux, à mon advis, qu’elles vous en donnassent une pleine licence, afin qu’en choisissant vous-mêmes ce qui est bon, elles fissent esclater davantage par ce choix votre honesteté.
Aussi je veux croire, mes belles, qu’en ceste Escole vous prendrez seulement les choses qui vous sont propres, et que celles d’entre vous qui auront envie d’estre mariées auparavant n’useront point de ces préceptes que quand il en sera temps, là où les autres qui auront plus de haste et qui prendront des amis par avance pour en essayer, le feront avec tant d’adresse et de retenue devant le monde, qu’elles ne témoigneront rien qui puisse choquer tant soit peu la bienséance et l’honesteté. C’est une belle chose que l’honneur, dont il faut qu’une fille soit jalouse comme de sa propre vie ; elle ne doibt non plus estre sans cet ornement que sans robe, et certainement elle n’a pas l’honneur et l’esprit du monde quand elle n’a pas l’industrie et l’adresse de cacher ce
qu’il ne faut pas qu’on sçache.

À PROPOS DE LA COLLECTION

Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 192

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Corrigé et augmenté d’un combat du Vit et du Con, d’un dialogue entre le Fouteur et Perrette ; et une instruction des Curiositez, dont la méthode de trouver est marquée par leurs nombres suivant les tables1.

1. Par commodité, les « tables » mentionnées ont été composées en notes de bas de page (note de l’éditeur).

Epistre invitatoire aux filles

Belles et curieuses damoiselles, voici l’Escole de votre sagesse, et le recueil des principales choses que vous devez sçavoir pour contenter vos maris quand vous en aurez ; c’est le secret infaillible pour vous faire aimer des hommes quand vous ne seriez pas belles, et le moyen aysé de couler en douceurs et en plaisirs tout le temps de votre jeunesse.

C’est une foible raison, mes dames, que celle de vos mères, pour vous défendre de sçavoir les choses qui vous doivent servir un jour, de dire qu’elles ont peur que vous en usiez inconsiderement, et il vaudroit mieux, à mon advis, qu’elles vous en donnassent une pleine licence, afin qu’en choisissant vous-mêmes ce qui est bon, elles fissent esclater davantage par ce choix votre honesteté.

Aussi je veux croire, mes belles, qu’en ceste Escole vous prendrez seulement les choses qui vous sont propres, et que celles d’entre vous qui auront envie d’estre mariées auparavant n’useront point de ces préceptes que quand il en sera temps, là où les autres qui auront plus de haste et qui prendront des amis par avance pour en essayer, le feront avec tant d’adresse et de retenue devant le monde, qu’elles ne témoigneront rien qui puisse choquer tant soit peu la bienséance et l’honesteté. C’est une belle chose que l’honneur, dont il faut qu’une fille soit jalouse comme de sa propre vie ; elle ne doibt non plus estre sans cet ornement que sans robe, et certainement elle n’a pas l’honneur et l’esprit du monde quand elle n’a pas l’industrie et l’adresse de cacher ce qu’il ne faut pas qu’on sçache.

Je vous invite donc, mes belles, à lire soigneusement ces préceptes et à bien estudier les enseignements que Susanne donne à Fanchon ; ils sont d’autant plus exquis et considérables qu’ils partent d’une plume tout à fait spirituelle, et d’un homme de ce temps qui a esté aussi recommandable à la cour par son bel esprit que par sa naissance. Toute la grâce qu’il vous demande pour les instructions gratuites qu’il vous donne, et toutes les prières qu’il vous fait, c’est d’en faire le récit à vos compagnes, et si vous n’en avez point le temps, de les envoyer à l’Eschole.

Argument des deux dialogues

Soubs le règne de Loüis treisiesme, d’heureuse mémoire, Robinet, fils d’un marchand de Paris, bien fait de sa personne et qui pour ses grandes richesses avoit quitté le trafic de son père, se mettant à hanter les bonnes compagnies, devint amoureux d’une jeune fille nommée Fanchon, belle par excellence, mais un peu trop simple, pour avoir toujours esté nourrie soubs l’aisle de sa mère, qui estoit une bonne bourgeoise et dans la maison de laquelle il avoit liberté de la voir quand il vouloit. Ayant long temps caché la passion qu’il avoit pour elle, et voyant qu’il ne la pouvoit gagner à soy, pour sa trop grande simplicité, il s’avisa de pratiquer une autre fille de son quartier, nommée Susanne, plus expérimentée que l’autre, et qui pour estre un peu moins belle, n’en estoit pas moins sçavante et spirituelle en amour, et qui avoit mesme, pour plus de commodité à son dessein, quelque rapport de parenté avec elle. Il fait donc si bien qu’il la gagne à force de présens pour luy persuader de mettre l’amour à la teste de sa cousine, et estant partie à cest effect, ayant premièrement instruit Robinet de ce qu’il devoit faire, elle empaume si bien l’esprit de la jeune Fanchon, par ses discours comme de fil en esguille, et lui sait si bien représenter les douceurs de l’amour, dont elle jouissait d’une bonne partie, avec des instructions et des naïvetez si plaisantes, qu’elle lui en fait venir l’eau à la bouche, et l’oblige enfin à consentir que Robinet vienne en cachette lui faire sentir les douceurs de l’amour. Il arrive à point nommé comme leur discours finissoit, et Susanne aussitost s’étant retirée pour les laisser seuls, il trouve son escolière sur le lict, qui l’attendoit, dont il jouit à son souhait, et la dépucelle. Voilà le sujet du premier dialogue.

Au second, Susanne estant revenue quelques jours après pour sçavoir de sa cousine comment elle se trouvoit de ses amours et de son dépucellage, elle lui en fait rendre un compte exact, et ces deux filles en suite s’estant engagées en des discours qui leur plaisoient, elles s’arrestent à s’enquérir et examiner tout ce qui appartient à l’amour et à son jeu, et le font avec des questions si rares et chatouillantes et plaisantes, si nouvelles, si subtiles et si convaincantes, qu’elles inspirent l’amour en les lisant, et je m’asseure que les plus dégoustées de ces dames y trouveront de quoy se satisfaire.

Icy l’auteur fait une excuse très humble aux filles de ce qu’il se sert plus souvent des mots de foutre et chevaucher que de pas un autre ; c’est qu’il dit qu’ils sont plus en usage.

Bulle orthodoxe

Nostre auguste père de Priape fulmine anathème contre tous ceux de l’un et de l’autre sexe qui liront ou entendront lire les préceptes d’amour, expliquez morallement en la célèbre Escole des Filles, sans spermatiser ou estre stimulés de quelque émotion spirituelle ou corporelle ; comme aussi il concède indulgence plénière à tous les religieux de l’ordre de nature, de corps vereux que la débilité de l’âge ou l’action fréquente causera, et béatise en l’autre monde les infortunés pèlerins qui souffriront constamment en cestui cy les travaux du périlleux voyage de furie.

A monsieur Mililot sur son escole des filles

Madrigal

Autheur foutu d’un foutu livre, Escrivain foutu de Cypris, Qui dans tous tes foutus écrits Fais voir que bien foutre est bien vivre, Cent arguments foutus dont tu fais tes leçons, Pour faire foutre en cent façons, N’éterniseront pas ta plume. Non, ce gui te rendra pour jamais glorieux, C’est que dans ton foutu volume, Par une nouvelle coutume, Ta prose nous fout par les yeux.

Premier dialogue

SUSANNEET FANCHON, personnages.

Susanne : Bon jour, Fanchon.

Fanchon : Ha ! bon jour, ma cousine, et vous soiez la bien venue. Mon Dieu ! que je suis ravie de vous voir ! et quel bon vent vous ameine donc icy à cette heure que ma mère n’y est pas ?

Susanne : Rien du tout que pour te voir, m’amie, et causer un petit avec toy, car il m’ennuyoit, je t’asseure, et il y avoit trop longtemps que je ne t’avois point veüe.

Fanchon : Que vous ne m’aviez point veüe ? Vrayement je vous suis bien obligée de tant de peine. Et ne vous plaist-il donc pas de vous asseoir ? Vous voiez, il n’y a icy personne que moy, avec nostre servante.

Susanne : Pauvre fille, que fais-tu là ? Tu travailles.

Fanchon : Ouy.

Susanne : Hélas ! je pense que c’est là ton plus grand affaire, car tu ne sors presque point de la maison, et les femmes te peuvent bien venir voir à ta chambre si elles veulent, car pour les hommes, c’est comme un couvent de religieuses, et il n’y en entre non plus que s’il n’en estoit point au monde.

Fanchon : Hélas ! je vous laisse dire, ma cousine. Mais aussi, que ferois-je des hommes, à vostre advis, s’il n’y en a point qui pense à moi ? Et puis ma mère dit que je ne suis pas encore assez bonne à marier.

Susanne : Pas bonne à marier1 ! une fille de seize ans, grande et grasse comme tu es ! Voilà bien débuté pour une mère qui devroit songer à ton plaisir autant comme elle a fait au sien. Et où est l’amour et charité des pères et mères envers leurs enfants ? Mais ce n’est point encore cela que je te voulois dire, car, dis-moy, au pis-aller, es-tu simple de croire qu’on ne puisse avoir compagnie d’homme sans estre mariée ?

Fanchon : Nenny vrayement, vous ne me dites rien de nouveau, et ne sçavez vous pas aussi qu’il en vient icy assez souvent.

Susanne : Qui sont-ils donc, ces hommes-là ? car je n’en vois point.

Fanchon : Qui ils sont ? ah ! il y a premièrement mes deux oncles, mon parrain, monsieur de Beaumont, mon cousin de la Mothe, et tant d’autres.

Susanne : Holà ! c’est bien de ceux-là que j’entends ! ce sont des parens, ceux-là, mais je dis des estrangers, moy.

Fanchon : Et bien ! des estrangers, n’y a-t-il point du Verger, du Moulin, monsieur de Lorme et le jeune monsieur Robinet, que je devois nommer le premier, car il y vient assez souvent, luy, et me dit assez de fois qu’il m’aime et bien d’autres choses où je ne comprends rien. Mais à quoy me sert cela ? je n’ai pas plus de plaisir avec ces hommes-là qu’avec ma mère et ma tante qui me font rire quelquefois, et j’ayme mieux qu’il n’en vienne point du tout, que de voir ces simagrées qu’ils font2 ; car quand je parle à eux, ils sont toujours avec plus de cérémonie et me regardent avec des yeux comme s’ils avoient envie de me manger, et au bout du compte ne me disent point un mot qui vaille ; et quand ils s’en retournent, à leur dire, ils sont aussi peu contents comme quand ils estoient venus, et voilà bien de quoy me contenter ; pour moy je suis lasse de tant de façons.

Susanne : Mais ne te disent-ils pas quelquefois que tu es belle, et ne te veulent-ils pas baiser ou toucher en quelque endroit ?

Fanchon : Ho ! ouy bien pour cela, ma cousine ; mais Dieu ! qui est-ce qui vous l’a donc dit ? Je pense que vous devinez ou que vous estiez derrière eux quand ils me parloient, car je vous asseure que c’est la plus grande partie de ce qu’ils me content, de dire que je suis belle, et quelquefois ils approchent leur bouche de la mienne pour me baiser et me veulent mettre les mains sur les tétons ; ils disent bien qu’ils prennent plaisir à toucher cela, mais pour moy je dis que je n’y en prends pas.

Susanne : Et les laisses-tu faire quand ils veulent faire ces actions-là ?

Fanchon : Vrayement nenny, car ma mère m’a dit que ce n’estoit pas bien fait de souffrir ces choses-là3.

Susanne : Hé ! que tu es innocente quand je t’écoute parler, et que tu es encore ignorante en tout ce que tu dis.

Fanchon : Et qu’est-ce donc à dire cela, ma cousine ? et y a-t-il quelque chose à sçavoir que je ne sçache point ?

Susanne : Il y a tout, et tu ne sais rien.

Fanchon : Dites-le moy donc, de grâce, afin que je l’apprenne.

Susanne : Voilà ce que c’est d’escouter toujours une mère et prester jamais l’oreille aux paroles des hommes.

Fanchon : Et qu’est-ce que les hommes nous apprennent tant, ceux-là qu’on dit estre si méchants.

Susanne : Hélas ! je le sçay depuis peu, ce qu’ils nous apprennent, à mon grand plaisir. Ils ne sont pas si meschants que tu penses, mon enfant, mais tu es aussi esloignée de le sçavoir qu’un aveugle de voir clair, et tant que tu seras privée de leur compagnie et de leurs conseils, tu seras toujours dans une stupidité et ignorance qui ne te donnera jamais aucun plaisir au monde4. Car, dis-moy, en l’estat où tu es, comme une fille qui est toujours avec sa mère, quel plaisir as-tu que tu me puisses dire ?

Fanchon : Quel plaisir ? j’en ay plusieurs, ma cousine. Je mange quand j’ay faim, je bois quand j’ay soif, je dors quand j’ay sommeil, je ris, je chante, je danse, je saute, je vais me promener quelquefois aux champs avec ma mère.

Susanne : Tout cela est bel et bon, mais tout le monde n’en fait-il pas de même ?

Fanchon : Et comment donc, ma cousine, y a-t-il quelque sorte de plaisir que tout le monde n’a pas ?

Susanne : Vrayement ouy, puisqu’il y en a un que tu n’as pas, lequel vaut mieux que tous les autres ensemble, tout ainsi que le vin vaut mieux que l’eau de la rivière5.

Fanchon : Je demeure maintenant d’accord que je ne sçais pas tout, ma cousine, et ne sçais non plus quel est ce plaisir dont vous me parlez, si vous ne me le montrez autrement.

Susanne : Mais est-il possible que ces hommes à qui tu parles si souvent, et particulièrement monsieur Robinet, ne t’en ayent rien dit ?

Fanchon : Non, je vous asseure, ma cousine ; si c’est quelque chose de bon, ils n’ont pas eu la charité de me le dire.

Susanne : Comment, si c’est quelque chose de bon ! C’est la meilleure chose du monde. Mais ce qui m’estonne plus que le reste, c’est que monsieur Robinet ne t’en ayt rien dit, luy qui t’a toujours montré plus d’affection que les autres ; il faut que tu luy ayes rendu quelque desplaisir.

Fanchon : Hélas ! au contraire, ma cousine ; il le sçait bien, et quand il soupire et se plaint auprès de moy, bien loin que ce soit moy qui luy cause ce mal, je luy demande toujours ce qu’il a et luy proteste toujours de bon cœur que je voudrois pouvoir quelque chose pour son soulagement6.

Susanne : Ah ! je commence à cette heure à comprendre votre mal à tous deux. Mais quand il dit qu’il t’aime, ne luy dis-tu point que tu l’aimes aussi ?

Fanchon : Non, ma cousine, car à quoy cela serviroit-il ? Si je croiois que cela fust bon à quelque chose, je le luy dirois, mais comme il n’est bon à rien, je ne me sçaurois contraindre à luy dire.

Susanne : Voilà qui t’a trompée, pauvre fille, car si tu luy avois dit que tu l’aimes, il t’auroit infailliblement monstré le plaisir que je te veux apprendre, mais il n’a eu garde jusques icy, puisqu’il luy estoit impossible à moins que tu ne l’aimasses.

Fanchon : Certes, vous me dites là une chose estrange, ma cousine, que pour aimer un homme de la sorte, on doit avoir tant de plaisir ; car il me semble que quand j’aimerois Robinet et cent mille autres avec luy, je n’y en aurois pas davantage qu’en ne les aimant point.

Susanne : Cela seroit bon à dire, grosse sotte, si on estoit toujours à se regarder, mais que penses-tu ? dame, on se touche quelquefois.

Fanchon : Mais je l’ay aussi touché plusieurs fois, et bien d’autres garçons aussi, mais je n’ay point eu pour cela plus de plaisir.

Susanne : Tu ne touchois que les habits, mais falloit toucher autre chose.

Fanchon : Oh ! de grâce, ma cousine, ne me faites plus languir, si vous m’aimez, car je n’entends rien à tout cela ; dites moy naïvement ce que je devois faire pour estre si contente avec luy.

Susanne : Pour ne te plus tenir en suspens, tu dois sçavoir qu’un garçon et une fille prennent ensemble le plus grand plaisir du monde, et si cela ne leur couste rien du monde7.

Fanchon : Ha ! ma cousine, que j’ay desjà d’envie de le sçavoir. Hé ! qu’est-ce, et comment est-ce ?

Susanne : Donne toy patience, et je te diray tout. N’as-tu jamais veu un homme qui fust tout nud ?

Fanchon : Non, jamais en ma vie ; j’ay bien vu quelquefois des petits garçons.

Susanne : Tout cela n’est rien ; il faut qu’ils soyent grands, tout au moins de l’âge de dix et sept ans, et que la fille en ayt quinze8.

Fanchon : Cela estant, non, je n’en ay donc point veu.

Susanne : Escoute, ma pauvre cousine, je t’aime trop pour te rien celer : n’en as-tu pas veu quelqu’un qui pissât, et cest affaire avec quoy il pisse ?

Fanchon : Ouy, bien cela, ma cousine ; j’en ay une fois vu un dans la rue qui pissoit contre une muraille, et qui tenoit quelque chose en la main que je ne pouvois deviner9, et comme il me vit venir du long du mur, il se retourna vers moy, et me fit voir comme un bout de boudin blanc qui estoit assez long, dont je m’esmerveillai que je n’en avois point de pareil.

Susanne : Et c’est tant mieux, pauvre ignorante, que tu n’en ayes point, car cela feroit que tu ne pourrois recevoir ce grand plaisir, mais je te diray encore à ceste heure bien des choses dont tu seras encore plus estonnée.

Fanchon : Ma cousine, vous m’obligerez, mais que je vous dise encore ceci auparavant : n’y a-t-il que les garçons et les filles qui peuvent avoir ce plaisir ?

Susanne : Vrayement, nous sommes bien loin de compte, il y en a de toutes les façons10 ; il y a premièrement donc les garçons et les filles, et il y a les messieurs et les dames, qui est une autre façon, et de plus les maris et les femmes, mais tout cela s’appelle communément les hommes et les femmes.

Fanchon : N’y a-t-il pas de différence entre eux pour ceste chose-là ?

Susanne : Le mary et la femme, cela est bon, vois-tu, mais il n’est pas encore si bon que les autres, à cause qu’il est plus ordinaire et que c’est leur pain quotidien ; car c’est la difficulté et la rareté qui rend cela un petit meilleur, d’où vient que les femmes, pour prévenir à tout, quand elles sont mariées elles ont toujours des messieurs qui le leur font en cachette, à cause que le mary ne le veut pas et qu’il en seroit jaloux s’il le sçavoit.

Fanchon : Et pourquoy ne le veut-il pas ?

Susanne : C’est un autre fait, et nous le dirons tantost pourquoy, mais le mary va bien chercher aussi ailleurs quand il est dégousté de sa femme, et tesmoin ton père qui a donné le plaisir à Marguerite, la servante que vous avez chassée. C’est pour cela que vous eustes tant de bruict dernièrement au logis. Hé bien ! ta mère, qui est encore belle et qui sçait cela, penses-tu qu’elle n’ait pas quelques messieurs, en secret, qui lui viennent faire ?

Fanchon : Je ne sçais pas, ma cousine, mais les messieurs et dames, qu’est-ce ?

Susanne : Celui-là est bien-plus plaisant que les autres. Les messieurs, ce sont des personnes bien faites, mariez ou d’âge pour l’estre, qui cherchent à donner le plaisir aux femmes, et Paris en est tout plein ; et les dames sont les femmes mariées ou veufves qui sont encore belles, et la plupart de grande condition, à qui les messieurs viennent donner le plaisir chez elles.

Fanchon : Vous me surprenez, ma cousine ; et les garçons ?

Susanne : Les garçons et les filles, c’est le plus plaisant de tout, parce qu’ils sont plus frais et plus jeunes et que la jeunesse est bien plus propre à cela11. Mais desquels dirons-nous, à ton avis, pour t’instruire ?

Fanchon : Ma cousine, disons des garçons, qu’il y a plus de plaisir.

Susanne : Des garçons, soit. Premièrement, il faut que tu sçaches que cest engin avec quoy les garçons pissent s’appelle un vit.

Fanchon : Ah ! vous jurez, ma cousine.

Susanne : Patience, non fait ; hé ! que tu es importune et qu’il faut bien vrayement que tu ostes tous ces scrupules, si tu veux que je te die quelque chose dont tu seras tantost ravie.

Fanchon : Hé bien ! j’escouteray tout ce que vous voudrez.

Susanne : Je dirai encore cul, con, vit et coüillons12.

Fanchon : Hé bien ! il n’importe.

Susanne : Cest engin donc avec quoy les garçons pissent s’appelle un vit, et quelquefois il s’entend par le membre, le manche, le nerf, le dard et la lance d’amour, et quand un garçon est tout nud, on voit cela qui lui pend au bas du ventre, comme une longue tette de vache, à l’endroit où nous n’avons qu’un trou pour pisser.

Fanchon : Oh ! quelle merveille !

Susanne : De plus, il y a deux ballottes dessoubs, qui pendent dans une bourse, qui s’appellent deux coüillons, mais il ne faut pas les nommer devant le monde, et qui sont de la forme, à les toucher, de deux grosses olives d’Espagne ; et tout cela est environné d’un poil frisotté, de mesme qu’aux filles, et qui sied bien à le voir à l’entour13.

Fanchon : Je comprends ce que vous me dites, ma cousine, mais pourquoy est-il fait comme cela aux hommes, et à quoy leur peut-il servir ? ce n’est pas seulement pour pisser, autrement ils n’en auroient pas plus à faire que nous.

Susanne : Tiens, m’amour, c’est avec cela qu’ils nous donnent ce plaisir, car quand un garçon aime bien une fille, voici comment il luy fait quand il la rencontre seule en quelque part. Il se met à genoux devant elle et luy demande, le plus gracieusement du monde :

« M’aimez-vous bien, ma bonne ? car je vous aime bien aussi ; » et tandis qu’il luy dit cela, il la regarde avec des yeux mourants, comme s’il avoit envie à se tuer pour elle, et si la fille luy dit : « Ouy, » alors il se relève, et la prend de force de corps, et la porte sur le lict, où il la couche à la renverse, et puis il luy trousse la cotte et la chemise, et luy fait ouvrir les cuisses bien large, pendant qu’il dénoue l’aiguillette de son haut-de-chausse pour se descouvrir aussi. Et quand il a fait, il se couche comme cela sur le ventre de la fille, et lui fourre, dans le trou par où elle pisse, ce long engin, avec le plus grand plaisir et délice du monde14.

Fanchon : Je suis grandement estonnée de ce que vous me contez là, ma cousine. Mais comment peut-il faire pour entrer là dedans cest engin qui est si mol et si flasque ? Faut donc qu’il l’enfonce avec les doigts.

Susanne : Hé ! pauvre idiote ! il n’est pas toujours si mol quand cela arrive. Au contraire, quand il le fait voir à la fille, il est tout changé et ne paroist plus ce qu’il estoit auparavant ; il est grossi et allongé de moitié, il est dur et roide comme un baston, et à force de se bander comme je dis, il y a une peau vers le bout qui se retire contre le ventre et descouvre une teste qui est faite comme un gros bigarreau rouge, et cela est plaisant à toucher au possible15.

Fanchon : Et quand il bande, comme vous dites, c’est alors qu’il le fourre dans le trou de la fille ?

Susanne : Vrayement ouy, car il ne le pourroit autrement, mais c’est encore un autre plaisir de voir la peine qu’il se donne pour le faire entrer, car cela n’entre pas tout d’un coup, comme tu pourrois imaginer, mais petit à petit, et le garçon est quelquefois tout en eau avant que le tout soit dedans16, à cause que le trou de la fille n’est pas assez large, et c’est là encore où il y a du plaisir, parce que la fille sent l’engin du garçon qui l’entr’ouvre à force et qui frotte fort contre les bords du con, ce qui la chatouille doucement et voluptueusement.

Fanchon : J’aurois peur, au contraire, que cela ne luy fist du mal.

Susanne : Point du tout, mon cœur, et cela luy fait grand bien. Il est bien vray que le premier coup de vit que l’on luy donne, en le luy mettant dedans, elle sent une petite cuisson, à cause qu’elle n’y est pas accoustumée, mais par après, cela ne fait plus que chatouiller et exciter le plus grand plaisir du monde.

Fanchon : Et l’engin de la fille, comment l’appelez-vous17 ?

Susanne : Je l’appelle un con, et quelquefois il s’entend par le bas, le chose, le trou mignon, le