Vie et enseignement de Synclétique - Anonyme - E-Book

Vie et enseignement de Synclétique E-Book

Anonyme

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Beschreibung

Une édition de la vie de Synclétique dans une collection destinée à la transmission authentique des textes de la tradition chrétienne et monastique.

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Vie et Enseignements de Synclétique

La collectionLa Manne des Pères

Collection dirigéepar Sœur Marie Ricard, Bénédictine de Martigné-Briand (49)

La liste des ouvrages déjà parus se trouve en fin de volume.

Couleurs des bandeaux de la collection

rouge : IIe siècle

vert : IIIe siècle

jaune : IVe-Ve siècle

terre de Sienne : VIe siècle et au-delà

Envoi de manuscrit ou de projet audio :

Saint-Léger éditions

1, chemin des pièces Bron

49260 Le Coudray-Macouard

02 41 67 79 30

Vie et Enseignements de Synclétique

Extraits

© Saint Léger éditions, 2018.Tous droits réservés.

Texte source

Vie et Enseignements de Synclétique

Mise en français fondamental par des moniales de Jouarre et de Maumont (revue par Sr Marie Ricard)

Introduction et jalons

Sœur Marie Ricard osb

Les Psaumes sont cités d’abord avec le numéro du Psautier liturgique, puis avec le numéro de la Bible en hébreu.

À la fin du volume (P. 91), desJalons développent des thèmes permettant une meilleure intelligence du texte. Il est possible de s’y référer à tout moment.

Les mots signalés par l’astérisque* sont expliqués dans les Jalons (P. 97).

Un « Livret général », donnant des repères historiques, est édité à part et offert pour l’achat d’un exemplaire de la collection La Manne des Pères.

À demander à votre libraire.

Il est aussi téléchargeable sur : saintlegerproductions.frdans l’espace La Manne des Pères

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Égypte monastique

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Au début, ceux qui s’approchent de Dieu ont beaucoup à lutter et à souffrir. Mais ensuite, c’est une joie qui dépasse les mots.

Vie de Synclétique, § 60(P. 67)

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INTRODUCTION

LA VIE DE SYNCLÉTIQUE

Nous sommes, avec la Vie de Synclétique, au 4e siècle, en Égypte1.

Synclétique est une Amma,une Mère du Désert,et une célèbre représentante du monachisme primitif.

Le Désert désigne une zone du Nord de l’Égypte, délimitée à l’ouest par le Delta du Nil [Voir la carte P. 9]. Le premier noyau des Pères du Désert se forme à Nitrie, entre 315 et 325, avec Amoun. Comme les frères deviennent très nombreux, Amoun, sur les conseils d’Antoine (qui vit beaucoup plus loin dans le désert, mais a des liens avec Nitrie), fonde les Cellules,à une vingtaine de kilomètres. Là, vivent des frères déjà formés à la vie solitaire. Enfin, il y a Scété, à une soixantaine de kilomètres de Nitrie : c’est le lieu qui deviendra le plus réputé, où vivent les pères spirituels les plus célèbres, le lieu de la grande solitude et de la totale austérité2.

Très tôt, dans les premières générations chré-tiennes, le désir de suivre radicalement le Christ a conduit nombre d’hommes et de femmes à choisir le

1. Voir le N° 2, dans la collection La Manne des Pères : la Vie d’Antoine.

2. L’invasion barbare, au début du 5e siècle, marquera la fin de la période des « Pères du Désert ».

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dépouillement et la solitude ; le choix de la continence (et donc le renoncement au mariage) est le signe fort, indiscuté, du monachisme chrétien. Le terme moinea beaucoup de résonances: du mot grec, monos(seul), il signifie d’abord que le moine ne se marie pas.

Les «ascètes*» vivaient aux abords des lieux habités ou, plus radicalement, dans des lieux réputés inhospi-taliers, dans les déserts. Un ouvrage comme laVie de Synclétique montre que les femmes n’étaient pas en reste ! On ne sait pas exactement combien de femmes ont vécu ainsi, mais les noms de quelques-unes d’entre elles ont échappé à l’oubli : Sarra, Theodora, Alexandra, Thaïs, les sœurs Nymphodore, Photine, Marina, Apollonaria, pour ne citer que quelques-unes, en plus de notre Synclétique.

Leur mode de vie est divers (comme aussi celui des hommes) ; même si certaines n’ont pas hésité à braver les dangers du désert, beaucoup restèrent en bordure de villes ou de villages. Certaines se groupent autour de l’une d’elles et habitent ensemble.

Qui est Synclétique ?

Nous n’en savons rien ! La personne de Synclétique se confond avec la Vie de Synclétique, qui est le seul témoignage que nous avons de cette femme. Son nom lui-même est symbolique : l’adjectif synclèticos, en grec, signifie en effet «de l’assemblée». Appartenant à une assemblée (l’Église ? sa communauté de moniales ?), elle en est la voix et elle en rassemble les enseignements traditionnels. La Vie (§ 4) ajoute que cette assem-blée est «du ciel», précision qui en appuie encore le

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caractère sacré et général. Synclétique, disons-le d’em-blée, représente cette cohorte de femmes, généralement inconnues, qui, comme leurs frères moines, ont mené les combats du Christ.

Le nom de Synclétique apparaît dans les Apophtegmes3, le célèbre recueil des Pères du Désert. Notre sainte moniale est nommée 27 fois, mais ce sont toujours des citations de la Vie… Décidément, elle est sa Vie !

Cette Vie, d’ailleurs, ne dit pas grand-chose de ce qu’a été l’existence concrète de celle dont elle est censée parler. Les rares éléments donnés sont assez conven-tionnels : une jeune et belle héritière, très courtisée, refuse le mariage pour consacrer sa vie à la quête du Christ ; après la mort de ses parents, elle distribue sa fortune aux pauvres et renonce au monde (elle coupe sa chevelure). Avec sa sœur aveugle (dont on n’a plus de nouvelles ensuite), elle se retire dans un tombeau. Assez vite, elle est rejointe par des jeunes filles attirées par cette vie si ardente. Le récit est peu détaillé ; par exemple, on ne sait si Synclétique a fini par s’installer en un autre lieu.

Âgée de près de 80 ans, elle subit l’épreuve de la maladie ; atteinte d’un cancer, elle lutte trois ans et demi, avant de mourir dans d’atroces souffrances. Quatre para-graphes, assez brefs, concluent le livre en racontant les trois derniers mois de Synclétique. On la voit entourée

3. Le terme, grec, signifie sentence. Les Apophtegmes sont de courtes phrases, parfois de brèves histoires, destinées à transmettre l’exemple des Pères du Désert. Ils se communiquent d’abord oralement. À partir du 4e siècle, on se met à les rassembler par écrit, puis peu à peu par collections : la « collection alphabétique », à partir des noms propres des Pères ; la « collection systématique », à partir des différentes vertus et qualités.

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de compagnes qui la soignent avec dévouement, mais qui sont ces femmes : des vierges vivant seules ? réunies, au moins certaines, en communauté ?

En fait, l’essentiel du livre consiste en un long discours mis dans la bouche de Synclétique : il est ponctué par les questions des jeunes compagnes, ce qui garde au texte son caractère familier, mais permet aussi de marquer l’articulation du discours. Sont rassemblés là les enseignements nécessaires au combat spirituel. Ils sont destinés aux ascètes, certes, mais chacun, quel que soit son état de vie, peut largement en tirer profit.

Le livre

On ne sait pas qui est l’auteur de cette Vie. L’étude du texte original, en grec, permet de le dater du 5e siècle et de reconnaître qu’il vient des milieux égyptiens.

C’est à cette époque qu’apparaît le genre littéraire qu’est la Vie d’un saint personnage : la Vie d’Antoine enest le premier exemple. Jusqu’alors se transmettaient les Actes des martyrs, récits souvent hauts en couleurs des supplices qu’ils ont endurés avant de mourir. Les premiers saints chrétiens sont des martyrs. La Vie d’Antoine, écrite par Athanase, l’évêque d’Alexandrie, connaît un immense rayonnement et sera volontiers considérée comme le modèle du genre.

Notons une autre Vie, à peu près contemporaine et célèbre elle aussi, celle de Macrine4, la sœur aînée de Basile et Grégoire de Nysse.

4. Voir le N° 6, dans la collection La Manne des Pères : la Vie de Macrine, par Grégoire de Nysse.

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Souvent, on compare la Vie de Synclétiqueà celle d’Antoine5. On a même dit qu’elle avait été écrite par Athanase6. L’Antiquité n’a pas le culte de la propriété littéraire et les droits d’auteur sont inconnus ! Sans diffi-culté, on place un texte sous le patronage d’un nom connu, ce qui le rendra plus crédible et reconnu. Dans le cas de Synclétique, cette attribution fictive met bien en parallèle les figures de deux grands ascètes, un moine et une moniale.

Ne nous trompons cependant pas de perspective : le parallèle ne porte pas sur les événements qui font la trame de leurs existences. Autant la Vie d’Antoine est semée de faits extraordinaires (peintres, musiciens et autres artistes futurs s’inspireront sans retenue des récits des «diableries» et tentations subies par le père des moines), autant celle de Synclétique reste étonnamment pauvre en détails concrets et piquants. L’auteur n’a pas le projet de présenter un autre Antoine, fût-il son pendant féminin : il n’y a qu’un seul père des moines, le même pour tous.

On retrouve avec évidence des points de contact entre les deux Vies: ils veulent simplement marquer une continuité. Nous allons voir ce qu’est cette continuité.

5. Voir le N° 2, dans la collection La Manne des Pères : la Vie d’Antoine.

6. Les préjugés sont tenaces : même si on sait depuis longtemps que la différence du style et du vocabulaire interdit cette attribution, faute de savoir où classer cette Vie de Synclétique, elle continue d’être rangée parmi les œuvres d’Athanase.

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QUE NOUS TRANSMET LE LIVRE ?

Quelques précisions sur la forme du récit

Aussi tentant qu’aurait pu être un récit plein de merveilleux, dans le goût des histoires édifiantes propres au répertoire pédagogique, il n’en est rien. L’auteur se garde de tout excès : c’est à peine si, pour la cohé-rence du propos, il nous offre quelques traits censés être biographiques, mais nous avons déjà dit que ces derniers étaient sans originalité. La Synclétique de la Vie répond aux critères convenus de l’époque, et c’est très bien ainsi : c’est dire qu’elle est… banale !

Précisons : dans un récit hagiographique (c’est-à-dire qui raconte la vie d’un saint personnage), il y a des lieux communs quasi incontournables : l’enfance et la jeunesse des héros sont souvent bâties sur le même modèle, c’est-à-dire qu’ils sont déjà des petits génies ou des petits saints ! Antoine, Macrine n’échappaient pas à la règle. Il est convenu de vanter un personnage en le comparant à des modèles célèbres qu’il va surpasser : ses qualités et actions sont nécessairement «les plus» grandes. C’est ainsi que les combats de Synclétique sont plus rudes encore que ceux de la grande Thècle (§ 8) ; alors qu’elle est encore une enfant, elle a décou-vert la valeur du jeûne et personne ne l’égale dans cette pratique (§ 10) ; et finalement il est dit qu’elle « dépasse celles qui ont l’expérience de la vie solitaire » (§ 14).

Autre époque, autres critères ; autre culture, autres conventions. Pour que le récit soit fiable et incite à

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adhérer au message qu’il transmet, il a des codes à respecter. S’il ignore ces codes, le lecteur n’évitera pas quelques méprises ! Ainsi, dans certaines époques ou cultures, la force du héros rassure l’auditoire et peut l’inciter à l’imitation. Dans d’autres environnements, en particulier aujourd’hui, en Occident surtout, nous avons tendance à faire ressortir les côtés les plus modestes, de façon à indiquer que tel saint, tel héros est bien « comme tout le monde », et donc imitable.

Poursuivons : tout en respectant les conventions quand il veut camper son personnage, l’auteur observe une sobriété, on pourrait même dire une austérité, qui l’éloigne du grand modèle : la Vie d’Antoine.Apparemment, le mouvement du récit est commun : l’évocation des premières années, un long discours, de nouveaux éléments biographiques qui s’achèvent sur la mort du saint et de la sainte.

La différence de traitement saute aux yeux : les ensei-gnements du «père des moines» représentent à peine le tiers du livre ; le discours de Synclétique, lui, en occupe quasi les trois-quarts. Ce que disent les deux est semblable. Le maître et la disciple parlent la même langue ; ils expriment la même sève monastique qui, en ces premiers siècles, nourrit déjà des générations qui ont faim et soif de Dieu. Cette sève qui, de siècles en siècles, continue son œuvre de fécondité et fait naître de nouveaux surgeons.

Même enseignement, deux modes d’expression : le premier, enchâssé dans une exubérance apparente de merveilleux ; le second, dépouillé, réduit aux phrases prononcées.

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Au fond, de quel genre la Vie de Synclétique relève-t-elle ? Est-ce une Vieou un Traité ? Une lecture attentive du texte fait pencher vers le second terme de l’alternative. Dans un cadre anecdotique réduit au minimum, les étapes, les dangers, les grandes lois de la vie spirituelle se trouvent présentés de façon claire et vivante. La fiction d’une Vie est là pour soutenirl’at-tention et rappeler qu’on ne disserte pas sur le combat de la prière, mais qu’on le vit.

Comment lire la Vie de Synclétique ? Que veut-elle transmettre ?

Quelles sont les grandes lignes de cet enseignement ? Comment une moniale du 4e siècle nous rejoint-elle ?

La meilleure réponse est le texte lui-même ! Munis de quelques explications, plongeons dans ces pages. Laissons leur