La Blanche Nef - Yves Aubard - E-Book

La Blanche Nef E-Book

Yves Aubard

0,0

Beschreibung

Le tome 21 de la saga des Limousins !
L’année 1118 voit périr bien des grands de ce monde : le pape Pascal, le roi Baudouin de Jérusalem, le basileus Alexis Comnène, Mohammad le sultan des Seldjoukides et Al-Mustazhir le calife des Abbassides rejoigent leur Dieu respectif. Les amours d’Abélard et Héloïse vont défrayer la chronique, mais l’écolâtre subira une terrible mutilation. Un drame va s’abattre sur la famille du roi d’Angleterre Henri Beauclerc : un naufrage va décimer toute la jeune noblesse anglo-normande. Suger va devenir abbé de Saint-Denis, et des jeunes descendants du seigneur de Châlus vont rejoindre la confrérie des chevaliers du Temple et celle des Hospitaliers de Jérusalem.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Né en 1957, Yves Aubard est professeur de gynécologie au CHU de Limoges. Originaire de Châlus, célèbre pour son château, du haut duquel fut tiré le trait d’arbalète qui blessa mortellement Richard Coeur de Lion à la fin du XIIe siècle. Yves Aubard est passionné d’histoire en général et d’histoire de la médecine en particulier comme en témoigne le titre de sa thèse de Doctorat en médecine : « historique de l’opération césarienne ». Il vit à Verneuilsur- Vienne (87).

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 432

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



© 2022 – La Geste – 79260 La Crèche

www.gesteditions.com

Tous droits réservés pour tous pays

Yves AUBARD

La Saga des Limousins

Tome 21 : La Blanche-Nef

(1117-1121)

(de Barfleur à Cutanda)

Livres du même auteur, déjà parus chez Geste Éditions

Dans la série « La Saga des Limousins »

– Tome 1 : Le Seigneur de Châlus, du Limousin au Périgord – octobre 2012

– Tome 2 : L’An Mil, de Rome en Anjou – mars 2013

– Tome 3 : Les Grands Voyages, de Salerne aux Vikings – septembre 2013

– Tome 4 : Le Roi Robert, de la Bourgogne à Jérusalem – mars 2014

– Tome 5 : Racines et honneurs, de Barcelone à Ispahan – septembre 2014

– Tome 6 : Troisième Génération, de Sens à Dreux – mars 2015

– Tome 7 : Le Roi Henri, de la Normandie à Châlus – septembre 2015

– Tome 8 : La Main de Fer, de Bretagne en Hongrie – mars 2016

– Tome 9 : Du Bâtard au Duc, de Val-ès-Dunes à Kiev – octobre 2016

– Tome 10 : Le grand schisme, de Rome à Constantinople – mars 2017

– Tome 11 : Régences, de Germanie et Francie – octobre 2017

– Tome 12 : Du Duc au Roi, de Barbastro à Hastings – mars 2018

– Tome 13 : Les brodeuses, de Cantorbéry à Bayeux – octobre 2018

– Tome 14 : L’enfant loup, de Canossa à Pampelune – mars 2019

– Tome 15 : La geste du Guiscard, d’Apulie en Thrace – octobre 2019

– Tome 16 : Philippe et Bertrade, de Chartres à Clermont – juin 2020

– Tome 17 : Dieu le veut, de Clermont à Antioche – novembre 2020

– Tome 18 : L’avoué du Saint-Sépulcre – mars 2021

– Tome 19 : Louis le Batailleur – octobre 2021

–Tome 20 : Nouveaux monachismes – mars 2022

Hors-série « Saga des Limousins »

– Le Sang et la Pierre – mars 2017

– Ambroise Paré, chirurgien des rois et roi des chirurgiens – mars 2019

Dans la série « 7 »

– 7 opus 1 – mars 2016

– 7 opus 2 – mars 2017

– 7 opus 3 – avril 2019

Résumés des tomes précédents

Tome 1 : Le Seigneur de Châlus

En l’an 968, sous le règne du roi Lothaire, Tristan, le forgeron du village de Châlus, en Limousin, trouve en forêt un enfant abandonné âgé de deux ans environ, qu’il fait baptiser du nom de Lou par Ignace, le curé du village. Lou grandit dans le foyer de Tristan et Gilberte, et son père l’initie au travail de la forge. Lou épouse Mathilde, jeune guérisseuse du village. Ils auront trois enfants, Eudes, Jean et Isabelle. Lou sauve la vie de son seigneur, le vicomte Guy de Limoges. Guy l’anoblit pour le remercier et lui confie le fief de Châlus avec mission de le fortifier. Peu après le miracle des Ardents à Limoges, les Périgourdins assiègent, sans succès, Lou dans son fief. Le vicomte Guy et ses Limousins décident de mener campagne en Périgord pour punir leurs belliqueux voisins. Boson le Bel, le chef périgourdin, s’est réfugié dans le château de Commarque, au sud-est de ses terres. L’armée limousine met le siège devant cette forteresse et finira par la prendre après moult péripéties, rétablissant Boson le Vieux, le comte légitime du Périgord, dans ses prérogatives.

Tome 2 : L’An mil

Grimoald, l’évêque d’Angoulême, dérobe les présents faits au mariage de Will (un compagnon d’armes de Lou) et Jeanne. Il est démasqué par Lou et ses fils, et il est emmené prisonnier à Limoges. Lou et toute sa famille accompagnent Guy qui va à Rome, accompagné de Grimoald, pour le faire juger par le pape Sylvestre. Jean devient un élève du pape. Il se lie d’amitié avec Avicenne et tombe amoureux d’Anne. Mais Sylvestre meurt, Jean et Anne doivent quitter Rome et rentrent en Limousin. À Limoges, Foulques Nerra, le comte d’Anjou, demande à Guy la main de sa fille Hermine. Eudes et Hermine découvrent qu’ils s’aiment. Foulques Nerra a organisé un grand tournoi pour fêter son mariage avec Hermine. Les joutes sont sanglantes. Foulques tente de faire assassiner Lou et sa famille, tandis que Jean utilise les terreurs nocturnes du comte d’Anjou pour le faire renoncer à la main d’Hermine. Eudes et Hermine s’aiment, mais un fils de seigneur ne peut demander la main d’une fille de vicomte. Jean n’ose déclarer sa flamme à Anne, qui se lasse et décide de quitter Limoges pour aller servir le duc d’Aquitaine. Ainsi les deux fils de Lou ont des chagrins d’amour. Jean, très déprimé, décide de partir pour étudier la médecine à Salerne.

Tome 3 : Les Grands Voyages

Jean arrive à Salerne. Il y obtiendra son diplôme de médecin et deviendra l’amant de Christine, un magister de l’école. Il apprend que Christine est enceinte de lui peu de temps avant d’être incarcéré à Naples car il a tué Étarus, un autre magister de l’école, pour venger la mort d’un ami. Pendant ce temps-là, en France, Eudes s’illustre dans les tournois, et Guy accepte de lui donner la main d’Hermine. Lou et ses enfants décident d’aller porter secours à Jean, ils parviennent à le libérer par la ruse ainsi que son compagnon de prison : Knut, le fils du roi du Danemark. Les Limousins rentrent à Châlus. Guy décide de marier son fils Adémar à Sénégonde du Périgord, et Jean retrouve Anne, à laquelle il déclare son amour. Ce sont donc trois mariages, avec celui d’Eudes, qui sont célébrés à Limoges. Peu après, Emma, Mathilde et Isabelle sont enlevées par des Vikings. Lou, ses fils et quelques compagnons partent pour libérer les femmes enlevées. Ils y parviendront mais devront voyager jusqu’au mythique Vinland. Isabelle y trouvera un époux viking, Bjarni, et Anne donnera naissance à Jason après une opération miraculeuse. Lou et ses compagnons regagnent ensuite le Limousin. Eudes découvre qu’Hermine a mis au monde sa fille Adalmode. Jean reçoit un courrier de Christine lui annonçant la naissance de leur enfant, Trotula.

Tome 4 : Le Roi Robert

Lou et ses enfants font la connaissance de Robert II, le roi de France. Ce dernier propose à Jean, Anne, Isabelle, Eudes et Bjarni de rentrer à son service. Les jeunes gens acceptent. De leur côté, Guy, Lou, Mathilde, Raoul de Couhé et Aline de Bruzac partent en pèlerinage à Jérusalem. Sur leur route, ils sont incarcérés à Mâcon par l’évêque Brunon de Roussy. Eudes, Isabelle, Jean et Bjarni parviendront à les libérer. Les pèlerins reprennent leur route vers Jérusalem. Ils assistent au massacre des Bulgares par le basileus à la bataille de la Passe de Kleidion. En France, grâce à Eudes et Bjarni, la ville de Sens tombe et Dijon ouvre ses portes au roi, qui prend ainsi possession du duché de Bourgogne. Hermine a accouché à Limoges de Guy-Lou, son second enfant. Jean, Eudes, Anne et Bjarni partent en Italie pour assister au sacre de l’empereur germanique Henri II et ils poussent jusqu’à Salerne. Pendant ce temps, les pèlerins ont visité Jérusalem et ils sont repartis par la mer. Ils font une halte à Salerne, ce qui leur permet d’aider Eudes, Bjarni et Jean à repousser une attaque sarrazine. Puis tout le monde rentre en France. Foulques Nerra remporte la victoire de Pontleroy sur Eudes de Blois, mais il échoue à prendre la ville de Tours. Tandis qu’Isabelle met au monde un garçon, Lou-Leif, le roi Robert fait couronner Hugues, son fils aîné, à Compiègne.

Tome 5 : Racines et honneurs

Ignace donne un indice à Lou qui lui permet de retrouver ses origines : le seigneur de Châlus est un descendant des comtes de Barcelone. Pour retrouver ses racines, Lou se rend en Catalogne avec Mathilde, Eudes et Robert de Ruffec. Lou aide la comtesse de Barcelone à repousser une attaque des Sarrazins et découvre qu’il a une sœur, Clémence, qui va épouser Robert de Ruffec. Lou renonce à revendiquer des droits en Catalogne et il rentre dans son fief de Châlus. Adémar de Chabannes et les moines de Limoges prétendent que saint Martial fut contemporain du Christ et serait donc le treizième apôtre. Le roi Robert condamne au bûcher des hérétiques à Orléans. Les enfants de Lou, accompagnés de Bjarni et Nénad, décident d’aller libérer Avicenne qui est emprisonné à Hamadhan, en Perse. En route, ils croiseront l’empereur Henri II, Étienne, le roi de Hongrie, et Basile II, l’empereur de Constantinople. Jean découvre la formule du feu grégeois, ce qui permet de prendre la ville d’Hamadhan et de libérer Avicenne. Le roi Robert récompense ses fidèles dès leur retour en France : Isabelle et Bjarni se voient attribuer le comté de Dreux, Eudes et Hermine, celui de Sens, tandis que Jean et Anne sont faits seigneurs de Noisy. Hugues, le fils aîné du roi, meurt du « mal du côté », au grand désespoir de Jean. La mort frappe également l’empereur Henri II, le pape Grégoire VII, l’empereur Basile II et le vicomte Guy de Limoges. Jean parvient à découvrir la manière de soigner le mal du côté et guérit ainsi Lou-Leif qui en était atteint.

Tome 6 : Troisième Génération

Les enfants de Lou sont menacés de toutes parts : Isabelle et Bjarni sont emprisonnés à Rouen par Richard III, le nouveau duc de Normandie, Jean est enlevé par Eudes de Blois qui veut lui faire avouer la formule du feu grégeois et Eudes est assiégé à Sens par ce même Eudes de Blois. Lou et ses vieux compagnons décident d’aller porter secours aux enfants, car le roi Robert dispose de peu de moyens. Tandis que Jean s’enfuit tout seul, il rejoint la troupe de Lou et, ensemble, ils parviendront à libérer Isabelle et Bjarni et à mettre en déroute les armées d’Eudes de Blois qui faisait le siège de Sens. Jason et Adalmode participeront largement à ces succès. Jason va suivre les traces de son père : il part faire des études de médecine à Salerne. Il y tombe amoureux d’Abella, jeune étudiante italienne, et il sauve Trotula, sa demi-sœur, d’un « faux germe de la trompe ». En France, Adalmode succombe au charme d’Aurèle, un jeune novice, qui renonce à ses vœux pour elle. Il y aura à nouveau un triple mariage à Châlus : Jason épouse Abella, Trotula épouse Gariopontus (un collègue salernitain) et Adalmode épouse Aurèle. Les enfants du roi Robert se révoltent contre leur père, Eudes et Bjarni les ramèneront dans le droit chemin, mais le roi est las de toutes ces querelles familiales et rend son âme à Dieu à Melun.

Tome 7 : Le Roi Henri

Henri, dès son avènement, est menacé par une coalition menée par sa mère, Clémence d’Arles, qui veut mettre la couronne de France sur la tête de Robert, son second fils. Isabelle, Bjarni, Eudes, Jean et Jason décident d’aider le jeune roi et, avec l’appui des Normands, ils remportent une victoire décisive à Villeneuve-Saint-Georges. Cependant, Bjarni et Isabelle décident de ne plus servir Henri qui s’est montré injuste envers ceux qui ont sauvé sa couronne. La reine Clémence meurt à Melun, un an après son époux. Johan, le prince de Salerne, envoie à Paris des assassins pour tuer Jason et enlever Abella. Jean sauvera son fils et ce dernier devra aller jusqu’en Italie pour retrouver son épouse. Robert le Magnifique part en pèlerinage à Jérusalem avec Bjarni, mais seul le Viking reviendra de ce périple. Ainsi, Guillaume le Bâtard se retrouve duc de Normandie à l’âge de huit ans. Lou-Leif devient son garde du corps. Bjarni finit par retrouver Eudes de Blois dans un duel et le tue. Tandis que Lou et toute la famille passent la Noël à Châlus, ils sont assiégés par une « milice de Dieu », menée par un moine fanatique et Lisois d’Amboise. Guy-Lou et Lou-Leif tomberont amoureux de deux sœurs jumelles, Hélène et Élise. Le seigneur de Châlus montrera qu’il a de la ressource et les assiégés mettront leurs ennemis en déroute. Lou est gravement blessé lors du siège et demande à son fils Jean de ne pas le soigner. Mais c’est sans compter sur Jason et Abella qui tireront le seigneur de Châlus des griffes de la mort.

Tome 8 : La Main de Fer

Lou doit restaurer Châlus et reconstruire son église. Il fait appel à un bâtisseur limougeaud. Il en profite pour améliorer l’ancestral araire de ses paysans. Guy-Lou et Lou-Leif se marient avec Hélène et Élise. Bjarni, aidé de Jason et Jean, dévie le Couesnon, petit fleuve frontalier entre Bretagne et Normandie, de manière à ce que le Mont-Saint-Michel devienne normand. Alain III, le duc de Bretagne, menace d’envahir la Normandie, Isabelle et Brunehilde vont négocier avec lui. Le duc tente d’abuser de Brunehilde qui doit l’empoisonner pour ne pas être violentée. En Germanie, l’empereur Henri envoie Guy-Lou espionner le roi Samuel Aba de Hongrie, qui martyrise les Chrétiens sur ses terres. Les Germains iront ensuite destituer ce roi païen pour remettre sur le trône le très chrétien Pierre Orseolo. Édouard, le cousin du jeune duc Guillaume, est sacré roi d’Angleterre. Guillaume nomme Lou-Leif connétable de Normandie. En France, la reine Mathilde de Frise et sa fille meurent de la diphtérie. Guy est atteint par ce mal, mais Jean et Jason le sauvent en réalisant une trachéotomie. Après une dernière campagne en Gascogne, Lou rentre à Châlus, il souffre depuis plusieurs mois d’angine de poitrine qui l’oppresse comme « une main de fer ». Lou fait un infarctus lors d’une partie de pêche dans la Tardoire et il décède au pied de son château. Mathilde décède à son tour quelques semaines plus tard.

Tome 9 : Du bâtard au duc

Les barons normands complotent contre le jeune Guillaume, lui reprochant sa bâtardise. Bjarni décide d’aller raisonner les rebelles mais il tombe dans une embuscade et est empoisonné sur ordre des conjurés. Golet, le bouffon de Guillaume, avertit son maître qu’une troupe d’assassins veut lui faire un sort à Valogne. Guillaume échappe à cette attaque. Le jeune duc fait alliance avec le roi Henri pour affronter ses ennemis à la bataille de Val-es-Dune. Il remporte la victoire et les descendants du seigneur de Châlus font justice des meurtriers de Bjarni. Isabelle est envoyée en délégation pour convaincre Mathilde de Flandre d’épouser Guillaume, et Anne de Kiev d’épouser le roi Henri. Ces deux missions sont couronnées de succès et se solderont par des mariages. Brunehilde trouve l’homme de son cœur en Russie en la personne d’Igor, le frère de la reine Anne. Adémar devient novice à Cluny. Tibelle devient moniale et conseillère du pape Léon, tandis que Guy-Lou sera le garde du corps du souverain pontife. Hermine décède d’une pneumopathie à Sens. Jean a convoqué Trotula, Jason et Abella pour leur faire part de la grande œuvre de sa vie : il a décrit l’anatomie humaine à l’aide de dissections qu’il a menées clandestinement sur des cadavres, un moine allemand illustrant ses descriptions. Les trois jeunes sont enthousiasmés par ce travail, ils décident néanmoins de tenir secrètes ces découvertes qui pourraient valoir une condamnation à mort à Jean et à son dessinateur. Jean décède, épuisé par le labeur qu’il mène depuis des années.

Tome 10 : Le grand schisme

Jason et Abella vont assister deux grandes dames lors de leur accouchement. La duchesse Mathilde de Normandie et la reine Anne de France donneront des héritiers mâles à leur époux. Le jeune Lou II est devenu le meilleur écuyer d’Aquitaine, il est adoubé chevalier et tombe amoureux de Sybille, une Châlusienne. Le comte d’Anjou, Geoffroy-Martel, a enlevé Eudes pour régler son vieux contentieux avec les descendants du seigneur de Châlus. La famille ira délivrer Eudes de sa prison angevine, mais lors de son évasion ce dernier est blessé, il rend son âme à Dieu dans les bras de Lou II, son petit-fils. Entre le duc de Normandie et le roi de France, la situation s’envenime. Isabelle et ses enfants aideront le jeune duc à vaincre Henri, pourtant allié à Geoffroy-Martel, à la bataille de Mortemer. Henri s’en prend à Isabelle qu’il emprisonne à Paris, mais la famille veille, la comtesse de Dreux sera rapidement libérée. À Rome, le pape Léon tente d’épurer l’Église de ses vices les plus notoires. Cela ne se fait pas sans heurts, il est vaincu à Civitate et retenu prisonnier par les Normands d’Italie, tandis que ses émissaires prononcent la rupture avec le patriarche de Constantinople, c’est le grand schisme. Tibelle et Adémar rétablissent cependant les relations entre les Églises de Rome et de Constantinople, tandis que Guy-Lou obtient la libération du pape. Cependant Léon IX ne se remet pas de sa capture, il meurt en rentrant à Rome. Son successeur, Victor, est choisi par l’empereur Henri III. Pour clore ce volume, les trois enfants d’Adalmode et Aurèle : Mathilde, Emma et Lou, se marieront à Châlus, cédant à la tradition familiale des triples mariages.

Tome 11 : Régences

L’empereur de Germanie, Henri III, meurt brutalement, son fils, le futur Henri IV, n’a que six ans. Une régence dirigée par Agnès d’Aquitaine, l’épouse du défunt, débute en Germanie. Golet s’éprend d’Hermine, la fille aînée de Guy-Lou et Hélène. Il est anobli par Guillaume qui le nomme seigneur de Gisors. Le roi de France, Henri Ier, s’allie avec Geoffroy Martel d’Anjou, pour attaquer Guillaume de Normandie. Ce dernier remporte une victoire sur ses ennemis à Varaville. Igor et Bjarni II accompagnent Edgar l’Exilé, qui est de retour en Angleterre. Bjarni tombe amoureux de la sœur de lady Godiva, Roxana. Cette dernière part en Écosse, accompagner Duncan Canmore, qui veut venger la mort de son père. Bjarni l’accompagne pour la protéger, ils sont bientôt rejoints par Igor. Bjarni demande la main de Roxana sur le champ de bataille à Lumphanan. Le roi de France, dépressif depuis ses défaites contre les Normands, meurt à son tour, laissant lui aussi un fils de six ans et une régence à la tête de son royaume. Pendant ce temps-là, à Châlus, Sybille est devenue maître verrier. Lou de son côté sert Guillaume VII d’Aquitaine, mais le duc décède d’une dysenterie. De dépit, le Châlusien fracturera le nez du comte d’Anjou, une vieille tradition familiale. Le petit Lou III, le fils de Lou II et Sybille, tombe dans la Vienne, dans les bras d’Anne, sa grand-tante. Alors que cette dernière se noie, l’enfant est emporté par les flots dans son berceau et recueilli par des loups qui vont l’élever. À Limoges, les clunisiens s’installent à l’abbaye Saint-Martial, Adémar, le frère de Tibelle, est le premier abbé venu de la célèbre institution bourguignonne.

Tome 12 : Du duc au roi

Un ermite prénommé Étienne va s’installer à Muret, dans les forêts au nord d’Ambazac, il y rencontre un enfant élevé par des loups, qu’il baptise Lupus. Bjarni devient comte de Mercie sous le nom d’Edwin. Le pape Alexandre prêche une guerre sainte, qu’il appelle « croisade », contre les Maures d’Espagne. Dans cette armée du Christ, on retrouve de nombreux membres de la famille du seigneur de Châlus, qui seront tous écœurés par le grand massacre perpétré par les Chrétiens à Barbastro. En portant secours à une Sarrazine, Ajiba, la fille de l’émir de Saragosse, Guy va en tomber amoureux et il finira par l’épouser, s’installant à la cour de son beau-père. À la mort du roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, le Saxon Harold s’empare de la couronne. Guillaume de Normandie s’estime lésé, car cette couronne lui avait été promise. Le jeune duc prépare minutieusement une invasion de l’Angleterre pour aller prendre son dû. Harold est attaqué par les Vikings du roi Harald de Norvège, qu’il va vaincre et tuer à la bataille de Stanford Bridge. Pendant ce temps-là, Guillaume a débarqué dans le sud de l’Angleterre, il s’installe à Hastings, un petit village côtier. Harold traverse le pays à marche forcée pour aller rejeter à la mer les envahisseurs normands. La bataille a lieu sur la colline de Senlac à quelques lieues d’Hastings. L’issue en est indécise, mais Lou parvient à tuer le roi Harold d’une flèche tirée avec un arc métallique à longue portée qu’il a confectionné. Igor, Lou-Leif, Guy-Lou et Lou parviennent à faire une brèche dans la terrible ligne des Housecarls saxons, ce qui permet aux Normands de remporter la bataille. Épuisés, Guillaume et ses compagnons se couchent et s’endorment à même le sol sur le champ de leurs exploits.

Tome 13 : Les brodeuses

Le lendemain de la bataille d’Hastings, Guillaume cherche le corps d’Harold et fait appel à Édith dite « au col de cygne », pour identifier le Saxon. Édith est ensuite assaillie par des soldats normands. Pierre, le fils de Lou-Leif, défend la jeune fille et l’emmène, jusqu’à Londres, où il va chercher refuge auprès de son frère, Bjarni, le comte de Mercie. Guillaume se fait sacrer roi d’Angleterre à Westminster, puis il rentre en Normandie. Il y aura à nouveau trois mariages dans la famille : Adalmode et Ulrich, Pierre et Édith, et Tristan qui épouse Clémence, une jeune servante. Ajiba, venue au mariage avec son mari Guy, est arrêtée à Paris. Il faudra toute la sagacité de Golet pour plaider la cause de la jeune femme et la faire libérer. En Limousin, l’abbé Adémar rénove l’église abbatiale de Saint-Martial. Gauvin, un des fils de Lou, devient apprenti tailleur de pierre. Guillaume doit rentrer en Angleterre car les Saxons se révoltent. Il y mène une campagne de représailles impitoyables. Isabeau a l’idée de faire une grande broderie qui représenterait tous les préparatifs puis la conquête de l’Angleterre. Odon accepte cette idée, John un moine anglais dessine la trame de la broderie, et les femmes de la famille se rendent à Cantorbéry pour broder ce que l’on appellera la tapisserie de Bayeux. John est tombé amoureux d’Isabeau, il renoncera à ses vœux de moine pour l’épouser. Aurèle rend visite à Étienne de Muret en plein hiver, il est victime d’une attaque, il rend son dernier souffle dans les bras d’un enfant sauvageon, élevé par des loups, qu’il reconnaît comme étant son petit-fils, Lou III, disparu en bas âge. Vladimir et Ingrid conseillent au roi Philippe d’épouser Berthe de Hollande. Cette dernière arrive à Paris, mais elle est bien loin d’avoir la grâce d’Isabelle de Kiev, la reine précédente.

Tome 14 : L’enfant loup

En Limousin un enfant loup va rejoindre le giron familial et le monde des humains. Lupus ne chôme dès son retour auprès de ses parents : il va participer activement à la capture du vicomte de Limoges rebelle à son suzerain, le duc Guillaume d’Aquitaine. Par ailleurs, ce dernier cherche un époux pour sa fille Clémence, mais Lupus, épris de la donzelle, va contrarier systématiquement tous ces beaux projets de mariage, participant au guet-apens d’un roi espagnol et sacrifiant au passage à la tradition familiale du « concassage de nez » des comtes d’Anjou. Pendant ce temps-là, Hildebrand, devenu pape, se fâche avec le roi de France et celui de Germanie, il ira même jusqu’à excommunier ce dernier. Pour obtenir la levée de cet anathème le Germain devra s’humilier devant le pape à Canossa. Odon, le frère de Guillaume le Conquérant, fait consacrer sa cathédrale à Bayeux en y exposant la broderie réalisée par les femmes de la famille. John, qui s’est particulièrement illustré lors de la confection de cette œuvre, est recruté par l’évêque de Tours qui fait refaire sa cathédrale et veut l’orner de peintures. Isabeau épouse John et elle apprendra le métier de plâtrier pour suivre son homme sur les chantiers. En Normandie, Guillaume se brouille avec son fils aîné, Robert Courteheuse, qu’il va assiéger dans la forteresse où le rejeton rebelle s’est réfugié. Le père et le fils s’affrontent les armes à la main et Guillaume ne doit d’avoir la vie sauve qu’à l’intervention de Lou-Leif. Robert s’enfuit, les deux hommes semblent irréconciliables.

Tome 15 : La Geste du Guiscard

Guillaume et son fils Courteheuse, fâchés à mort à la fin du précédent volume, vont se réconcilier pour un temps grâce à l’entremise de Golet et Brunehilde, le jeune prince allant guerroyer au nom de son père jusqu’en Écosse en compagnie d’Igor et Bjarni. En Aquitaine Lupus, en remplacement de son père indisponible, saura porter haut les couleurs de son duc lors du tournoi annuel organisé par Guillaume IX. En Germanie les margraves de l’empire se succèdent, toujours recrutés dans la famille des seigneurs de Châlus. Robert Guiscard va entreprendre la conquête de l’empire byzantin, il y parviendra presque, mais devant secourir le pape, il devra quitter le champ de bataille, et le basileus Alexis sauvera sa peau grâce notamment à Pierre. C’est finalement le Normand qui y laissera la sienne. À Rome le pape Grégoire s’estime responsable du sac de la cité éternelle réalisé par les hommes du Guiscard, il devra s’exiler, puis il décédera, laissant la tiare à Victor, puis à Urbain. Ce dernier annoncera qu’il a une grande idée que nous ne connaîtrons que dans le volume à venir. Guillaume de son côté voit disparaître son épouse Mathilde, victime d’une épidémie de peste. Jason, appelé au chevet de l’épouse du Conquérant, sera lui aussi frappé par cette redoutable maladie, dont il comprendra l’origine. L’âge venant, l’embonpoint gagne le duc-roi Guillaume, qui mènera sa dernière campagne contre les Français dans le Vexin.

Tome 16 : Philippe et Bertrade

Humbauld, un nouvel évêque, est venu s’installer à Limoges, au grand dam du vicomte Adémar et de l’abbé du même nom. Cet Humbauld rançonne tout le diocèse et les Châlusiens devront venir lui faire entendre raison. Les fils du Conquérant se déchirent : Guillaume le Roux est devenu roi d’Angleterre, Robert Courteheuse a hérité du duché de Normandie et Henri d’une forte somme d’argent. Mais chacun lorgne sur la part des deux autres et Lou-Leif, Igor, Brunehilde, Bjarni et Golet tentent d’éviter qu’ils ne s’entre-tuent. L’abbé Hugues de Cluny veut reconstruire son abbatiale. Ainsi Gauvin, Sybille, John et Isabeau vont-ils participer à la construction de la plus grande église de la chrétienté. Yves est nommé évêque de Chartres par le pape. Le roi Philippe répudie Berthe, son épouse, et il fait enlever Bertrade de Montfort, l’épouse de Foulques le Réchin. Le roi épouse Bertrade, ce qui lui attire les foudres d’Yves, dont il prend très mal les remontrances et qu’il fait emprisonner par Hugues du Puiset. Tandis que le pape excommunie Philippe, les descendants du seigneur de Châlus font échapper Yves de sa prison. Le basileus Alexis remporte une grande victoire sur les Petchenègues à la bataille de Lebounion. En ce qui concerne la famille, nous verrons Mahaut tomber enceinte, Ethan tomber amoureux et Igor et Lou-Leif tomber lors d’un ultime combat. Les médecins de la famille, quant à eux, font encore une découverte de grande importance pour les femmes en couches. Le pape Urbain révèle au monde sa « grande idée » : libérer le Saint-Sépulcre de Jérusalem qui est aux mains des Infidèles. Il vient à Clermont pour prêcher sa croisade devant une foule enthousiaste. Puis il passe par Limoges où il démasque l’évêque imposteur. Enfin, sur la route de Limoges à Châlus, moult amoureux vont se déclarer.

Tome 17 : Dieu le veut

Tandis que le pape Urbain continue son cheminement en France où il a missionné Robert d’Arbrissel pour plaider la croisade, la famille des descendants du seigneur de Châlus se déchire : Cyrielle et Clotilde veulent partir à la croisade contre l’avis de leurs parents. Elles vont rejoindre la longue procession menée par Pierre l’Ermite. Leurs pères, Bjarni et Golet vont également prendre la suite de l’Ermite, bien à contrecœur, dans le but d’assurer la sécurité de leurs filles. Cependant dans la suite de cette croisade dite « des pauvres », des bandes organisent le massacre des juifs de Germanie et de Hongrie. Eudes vient au secours d’une jeune juive, Judith, dont la famille a été massacrée ; il en tombe amoureux et l’aide à se venger des meurtriers. Le margrave Ulrich en profite pour marier ses deux enfants : Ilde avec Zlato et Eudes avec Judith. La croisade « des pauvres » se fait massacrer à Civetot et Marguerite et Clotilde connaissent les affres de l’esclavage. La croisade des barons arrive à son tour à Constantinople, où les négociations pour accepter la suzeraineté du basileus sont tendues. Les membres de la famille du seigneur de Châlus, quant à eux, décident de former une petite troupe, le thème de Châlus, pour combattre ensemble sous la gouverne de Lou. Les barons prennent Nicée et remportent une grande victoire à Dorylée. Marguerite et Clotilde sont libérées, ainsi que Léa et Odile, deux croisées survivantes de la troupe de Pierre l’Ermite que Robin et Anthelme vont trouver fort à leur goût. La croisade poursuit son périple et met le siège devant Antioche. Le thème de Châlus participera largement au succès de ce siège qui sera long et laborieux. Judith et Eudes vont entreprendre leur grand projet : partir sur la route de la soie jusqu’au Catay. Clotilde et Nizam, un prince turc épris de cette dernière, les accompagneront.

Tome 18 : L’avoué du Saint Sépulcre

Après la prise d’Antioche, les croisés poursuivent leur route jusqu’à Jérusalem dont ils entreprennent le siège. Ils finissent par prendre la ville, bien aidés en cela par les descendants du seigneur de Châlus. Les massacres qui s’ensuivent vont cependant dégoûter les membres du thème de Châlus, dont beaucoup vont décider de rentrer au pays. Le rêve du pape Urbain s’accomplira donc, mais Dieu tiendra à en informer lui-même son représentant sur terre. Nous verrons également la réaction des Infidèles et les premiers revers chrétiens en Terre sainte. Sur la route de la soie Judith, Eudes, Clotilde et Nizam auront des démêlés avec les redoutables Assansins d’Alamout. En Europe, Golet de retour de Constantinople découvrira que le roi Guillaume le Roux s’est emparé de son fief. Il saura récupérer son dû, mais le roi d’Angleterre réagira avec vigueur pour le malheur de Golet et Hermine. Anthelme rendu furieux par le triste sort réservé à ses parents, ira jusqu’au régicide pour les venger. En France le roi Philippe délègue la direction de ses états à son fils pour s’adonner au libertinage, ce qui lui vaudra les foudres de l’Église. En Limousin Géraud et Gauvin trouveront leurs âmes sœurs. Enfin l’abbaye de Saint-Martial sera en deuil, son emblématique abbé rendant son âme à Dieu.

Tome 19 : Louis le Batailleur

Le roi Louis VI va prendre en main le royaume de France et tout d’abord ses domaines directs en y matant quelques vassaux rebelles. Pour cela, il crée une troupe composée de 700 chevaliers qui interviendra sous ses ordres pour faire respecter le bon droit. Son père, le roi Philippe, rentre enfin dans les bonnes grâces de l’Église en se séparant de Bertrade. Arrivées en Chine, Judith et Clotilde percent les secrets de la fabrication de la soie et du papier et découvrent l’extraordinaire culture de la dynastie des Hong. Elles font la connaissance du célèbre et redoutable juge Ti. En Europe, la querelle entre le Beauclerc et Courteheuse tourne à l’avantage du cadet qui emprisonne son aîné. Bohémond de Tarente, qui passe par le Limousin, épouse la fille du roi Philippe puis s’attaque au basileus Alexis, comme son père avant lui et de manière tout aussi infructueuse. Les Vikings entrent en croisade, Anthelme embarque avec eux. Après avoir essayé, sans succès, d’aider les Chrétiens d’Espagne à prendre Lisbonne aux Maures, ils seront plus heureux en aidant le roi Baudoin de Jérusalem à prendre Sidon aux infidèles de Terre sainte.

Tome 20 : Nouveaux monachismes

Tandis que la confrérie d’Etienne de Muret prend de l’ampleur dans les forêts limousines, d’autres ordres se créent tels que les Cisterciens, les Prémontrés et les Chartreux. En Europe, la querelle des investitures oppose toujours l’empereur Henri V et le pape Pascal. En Francie, Ingrid trouve une épouse au roi Louis et le rappelle à ses devoirs conjugaux. À Paris, la rencontre d’Héloïse et d’un certain Abélard marque le début d’une histoire qui deviendra légendaire. En Angleterre, une épidémie de variole inflige un lourd tribut aux descendants du seigneur de Châlus. En Espagne, certains de ces derniers, fidèles à une tradition familiale, portent à nouveau secours aux comtes de Barcelone. Guy en profite pour léguer à Lou IV le secret de son bâton à feu. En Terre sainte, les Chrétiens doivent affronter deux djihads. Anthelme se met au service du roi Baudouin de Jérusalem, tandis que Youssef joue les Assansins. Edouard et ce même Youssef, inventant une nouvelle stratégie de combat, permettent au basileus de remporter une grande victoire sur les Turcs de Roum. Lors d’un nouveau triple mariage dans la famille, trois jeunes démontrent qu’ils sont de parfaits chevaliers d’amour. Cependant la roue du temps continue à tourner, emportant Yves, Sénégonde et John, mais Marguerite et Metteline portent déjà en leur sein l’avenir de la famille.

Arbre généalogique

Situation des différents personnages au début du tome 21

L’archevêque de Braga

En ce début d’année 1117, l’empereur Henri V était fort mécontent : non seulement il n’avait pas réussi à obtenir la levée de son excommunication par le pape, mais ce dernier lui avait encore glissé entre les doigts. Après sa campagne dans le nord de l’Italie, pour s’assurer de la possession des terres de la défunte duchesse Mathilde de Toscane, l’empereur avait envoyé l’abbé Pons de Cluny comme ambassadeur auprès du pape Pascal pour obtenir la levée de l’anathème prononcé contre lui, depuis Jérusalem, par l’évêque Cuno. Cependant, lors d’un grand concile à Rome, les cardinaux et le pape avaient décidé de maintenir cette sanction. La colère de Dieu s’était alors manifestée : au mois de janvier un violent tremblement de terre avait ravagé tout le nord de l’Italie, preuve incontestable pour le pape qu’Henri avait irrité Dieu et pour Henri que le pape avait agacé son supérieur.

L’empereur avait alors marché sur la Ville éternelle pour constater que la partie de cache-cache avec Pascal continuait : le souverain pontife avait déserté les lieux.

— Ce maudit pape commence à m’agacer sérieusement, annonça Henri à ses généraux. J’aurais dû lui tordre le cou voilà six ans lorsque je le tenais serré en geôle.

— Majesté, cette petite aventure vous a déjà valu l’excommunication dont vous ne parvenez pas à vous débarrasser aujourd’hui, commenta Eudes, le margrave de Germanie. Je ne sais pas quel est le châtiment prévu par l’Église pour les papicides, mais ce doit être quelque chose comme la damnation éternelle.

— Je n’ai que faire des châtiments de ces emmitrés ! s’écria Henri tout à sa colère. Je vais me faire couronner empereur.

— Mais vous l’avez déjà été, Majesté, et par le pape lui-même, s’étonna Zlatopolk.

— On me reproche d’avoir extorqué cette cérémonie au pape par la force, bougonna Henri.

— Mais qui va vous couronner, s’enquit Eudes, puisque justement le pape nous fait défaut et qu’il a interdit aux ecclésiastes tout commerce avec vous ?

— Il doit bien y avoir quelque cardinal qui traîne dans les faubourgs de Rome, lança Henri. Trouvez-m’en un, ça suffira pour me poser sur la tête cette maudite couronne du Saint-Empire.

Eudes et Zlatopolk échangèrent un regard désapprobateur ; ce second sacre ne rimait à rien s’il n’était pas fait par le pape lui-même. Mais les deux généraux d’Henri savaient que quand leur maître était dans cet état-là, il était sourd aux plus élémentaires notions de bon sens. Il valait mieux obtempérer à chacune de ses lubies et attendre qu’une once de raison revienne dans ce crâne tourmenté. Les deux beaux-frères se mirent donc en quête de quelque haut dignitaire de l’Église pour satisfaire Henri. Il s’avéra rapidement qu’aucun des cardinaux n’était resté à Rome. Tous avaient fui avec le pape devant l’empereur excommunié.

— Je pense qu’Henri va massacrer la population de Rome si on ne lui trouve pas immédiatement quelqu’un pour le coiffer de sa couronne, se lamenta Eudes.

— Peut-être pourrions-nous donner la chasse au pape et le ramener de force pour qu’il s’en charge lui-même, proposa Zlato.

— Et nous obtiendrions un second couronnement tout aussi extorqué que le premier, et donc invalide, marmonna Eudes.

Tandis que les deux hommes discutaient ainsi au château Saint-Ange, où Henri et son état-major s’étaient installés en arrivant à Rome, le sergent en charge de la sécurité de la cité se présenta à eux.

— Messire Eudes, un Limousin demande l’entrée dans la ville, disant qu’il veut voir le pape. Je m’apprêtais à le jeter dehors quand je me suis souvenu que vous aviez quelque famille dans cette région de Francie ; il ne faudrait pas que je boute au fossé un de vos cousins.

— Comment s’appelle-t-il ? demanda le margrave.

— Maurice Bourdin, annonça le sergent.

— Connais pas plus de Maurice que de Bourdin du Limousin, répondit Eudes. Dis-lui que Rome est occupée par l’empereur, que le pape ne peut le recevoir, étant en fuite, et qu’il n’a donc plus qu’à retourner en Francie.

— Que voulait ce Limousin au pape ? s’enquit Zlato.

— Il a dit qu’il venait chercher son pallium, il est archevêque de je ne sais où.

— Archevêque ! s’exclamèrent en chœur les deux beaux-frères.

— Euh ! Oui, je crois que c’est ce qu’il a dit, confirma le sergent, étonné de l’effet produit par son annonce sur ses chefs.

— Amène-nous cet archevêque du Limousin, ordonna Eudes.

Dix minutes plus tard, Maurice Bourdin se tenait devant Eudes et Zlato.

— Ainsi, Monseigneur, vous veniez visiter Sa Sainteté, commença Eudes en français.

— En effet, mon fils. Je viens chercher le pallium, car ayant été nommé archevêque de Braga au Portugal, je dois faire entériner cette nomination par Rome.

— Et mon sergent me dit que vous êtes d’origine limousine.

— Parfaitement, je suis né à Uzerche où je fus moine à l’abbaye Saint-Pierre. C’est là que j’ai rencontré le pape Urbain, lorsqu’il est venu prêcher la croisade en France.

— Et comment devient-on archevêque au Portugal quand on est moine en Limousin ? demanda Zlato.

— Il se trouve que l’entourage du pape, lors de son passage dans notre monastère, comportait moult évêques dont Monseigneur Bernard de Sédirac, qui venait d’être nommé archevêque de Tolède. Ce dernier m’a proposé de le suivre outre-Pyrénées car il était nécessaire d’évangéliser les terres reprises aux Maures. J’ai été son élève, puis son secrétaire et il a songé à moi pour succéder à Monseigneur Gérald, l’archevêque de Braga, après son décès.

— J’ai un cousin qui est seigneur de Braga, signala Eudes.

— Messire Ali ? s’enquit l’ecclésiastique. C’est le seul seigneur de Braga que je connaisse.

— C’est bien lui, confirma Eudes.

— Il est le mentor du jeune Alphonse-Henri, précisa l’archevêque. Notre petit duc n’a que quinze ans, mais messire Ali fait de lui un grand guerrier et ce ne sera pas inutile car Thérèse, sa mère, semble vouloir contester son héritage.

— Monseigneur, reprit Eudes, il se trouve que nous avons besoin à Rome d’un haut dignitaire de l’Église pour y accomplir une tâche de la plus grande importance.

— Quelle est cette tâche, mon fils ?

— L’empereur Henri est venu dans la Ville éternelle pour s’y faire sacrer, comme le veut la coutume. Malheureusement, le pape étant absent, ce couronnement ne peut avoir lieu. Or Sa Majesté doit rentrer en Germanie urgemment, car ses vassaux d’outre-Rhin s’agitent dangereusement. Il serait donc fort à propos qu’un haut dignitaire de l’Église, tel que vous, procède à ce sacre.

Maurice Bourdin avait toujours eu une ambition débordante, qui lui avait fait gravir une à une toutes les marches dans la hiérarchie de l’Église. L’idée de sacrer lui-même le saint empereur germanique lui parut séduisante. Malgré son éloignement de Rome, il savait cependant que les relations entre le pape et l’empereur n’étaient pas des plus cordiales, notamment au sujet des investitures.

— J’ai ouï dire que Sa Majesté l’empereur Henri avait été excommunié par mon collègue Cuno, fit-il remarquer.

— En effet, sur un malentendu, concéda Eudes. Malentendu que mon maître était justement venu lever. Il est bien regrettable que Sa Sainteté ne soit pas à Rome, mais vous pourriez le remplacer avantageusement.

L’idée de se substituer au pape alluma dans l’œil de Maurice Bourdin une lueur d’intérêt qui n’échappa ni à Eudes, ni à Zlato.

— Mes fils, je dois y réfléchir, répondit-il. Braver un interdit du pape n’est pas chose anodine, il me faut consulter Dieu à ce sujet.

— Consultez, Monseigneur, consultez. Nous allons faire mettre ici même des appartements à votre disposition, proposa Eudes. Je pense que l’empereur sera impatient de connaître le résultat de cette consultation.

L’évêque de Braga s’installa donc au château Saint-Ange afin d’y procéder à un échange de vues avec son supérieur, le Très-Haut.

— Je pense que nous avons trouvé l’oiseau rare, commenta Zlato. As-tu vu comme l’idée d’officier à la place du pape l’a fait saliver d’envie ?

— Le bougre en bavait sur les tapis, effectivement, confirma son beau-frère. Je me demande s’il est bien prudent de mettre un gaillard aussi ambitieux entre les mains de l’empereur.

— Nous n’avons pas le choix, rappela Zlato, c’est ça ou Henri met la ville à feu et à sang.

L’archevêque ne fut pas long à prendre sa décision : dès le lendemain, il confirmait à Eudes et Zlato que Dieu approuvait le sacre de l’empereur et qu’il était prêt, en l’absence de Sa Sainteté, à accomplir lui-même cette noble tâche. Les deux généraux décidèrent donc de présenter le Limousin à Henri.

— Majesté, commença Eudes dès qu’il fut en présence de son maître, je vous présente l’archevêque Maurice de Braga, qui tiendrait à honneur de vous couronner empereur, si tel est toujours votre souhait.

— Milledieux ! s’exclama Henri, voilà un archevêque comme je les aime ! Dans mes bras, Monseigneur. Vous êtes une exception dans votre corporation, ce qui mérite toute mon affection.

Ayant dit cela, Henri saisit Maurice à bras-le-corps et lui appliqua une vigoureuse embrassade sur les deux joues. L’archevêque, très étonné d’une telle familiarité, ne broncha néanmoins pas.

— Quand Votre Majesté souhaite-t-elle que nous procédions à son sacre ? bredouilla-t-il au bout d’un moment, tandis qu’Henri essuyait une larmichette de joie dans sa moustache.

— Oh ! rien ne presse, assura ce dernier. Disons…demain ?

C’est donc le 25 mars 1117 que le crâne d’Henri, cinquième du nom, reçut pour la seconde fois la couronne du Saint-Empire, des mains de Maurice Bourdin.

— C’est la deuxième fois que je vois l’orphanus1, glissa Zlato à l’oreille de son beau-frère, et je ne m’en lasse pas.

La grosse pierre rouge qui ornait le devant de la couronne brillait effectivement de mille feux sur le front d’Henri.

— On dit que cette pierre brille même dans le noir, précisa Eudes. Nous aurons peut-être l’occasion de la revoir, car je parie que ce couronnement ne sera pas le dernier. Il n’a pas plus de légitimité que le précédent et il faudra bien qu’un jour Henri soit sacré empereur de manière incontestable.

1. L’orphanus a aujourd’hui disparu. « Il s’agissait sans doute d’une grosse opale ou d’une escarboucle, donc d’une pierre de teinte blanc laiteux ou rouge vif. Elle était sertie dans la plaque frontale ou cervicale (ce point reste très débattu parmi les experts). Elle a disparu sans doute au cours du xiiie siècle, puisqu’elle est mentionnée pour la dernière fois dans l’inventaire de succession de l’empereur Charles IV. » (Wikipédia)

Promotions byzantines

En ce printemps de l’année 1117, la santé du basileus Alexis inquiétait son entourage. Après sa campagne victorieuse en Anatolie et sa victoire à Philomélion, l’empereur avait rejoint Constantinople. Le bilan de l’expédition était mitigé : il avait certes vaincu Malik Shah, le sultan de Roum, qui avait du coup laissé sa vie et ses terres à son frère Massoud, mais les Seldjoukides restaient maîtres du centre-est de l’Anatolie. Les Byzantins avaient simplement renforcé leurs positions sur la côte méditerranéenne et sur les hauts plateaux de l’ouest. Cette relative victoire ne compensait pas, dans le cœur du vieil empereur, la disparition de son fils cadet, Androkinos. En fait, les principaux bénéficiaires de la campagne byzantine étaient les autres Chrétiens de la région : les Arméniens du Taurus et Roger, le prince d’Antioche, qui voyaient leurs frontières nord sécurisées par le recul des Turcs.

Alexis était revenu fatigué d’Anatolie et toujours harcelé par la podagre. Malgré cela, il avait tenu à organiser une grande cérémonie en son palais des Blachernes, pour y récompenser certains membres de son entourage, tous de la famille de Pierre. Tout d’abord, il gratifia du titre de sébaste ses deux commandants victorieux, qui avaient mis les Turcs en déroute grâce, notamment, à cette nouvelle manière de mener les troupes qu’ils avaient appelée le parataxis. C’est ainsi qu’Edouard et Youssef se virent promus dans la hiérarchie byzantine. Alexis appela ensuite Ethan pour lui remettre la distinction, encore supérieure, de protosébaste. L’époux de Zamora en fut tout ému ; voilà que lui, petit voleur grec, devenait l’un des personnages les plus importants de l’empire ! Enfin Alexis s’adressa à celui qu’il ne désignait plus que comme son « vieil ami » :

— Pierre, voilà des lustres que tu me sers avec grande efficacité, il est temps que je te récompense à ta juste valeur. Je te nomme panhypersébaste, ce qui est l’équivalent de l’ancien titre de César.

Le chef de la garde impériale en fut lui aussi profondément touché. Alexis ne distribuait de telles distinctions qu’aux membres de sa famille, et l’empire ne comptait jusque-là qu’un seul césar : le gendre de l’empereur, Nicéphore Bryenne, l’époux d’Anne Comnène. L’unique homme à porter un titre plus important était le fils d’Alexis, Jean, qui était sébastocrator et l’héritier désigné du trône.

— Je ne comprends rien à ces nouveaux titres, déclara Edith, l’épouse de Pierre, qui assistait à cette cérémonie avec les femmes de la famille. Tout était bien plus simple quand il n’y avait que les césars, les nobélissimes et les curopalates.

— Alexis a réformé tout cela, expliqua Zamora, qui avait été doctement avisée par Ethan. Nous avons désormais un sébastocrator, deux césars ou panhypersébastes, des protosébastes, les anciens sébastes qui correspondent au titre d’Auguste, en vigueur chez les Romains, des protonobélissimes qui correspondent aux nobélissimes, et des protocuropalates, que l’on peut assimiler aux anciens curopalates.

— Et les stratèges, qui étaient les gouverneurs des régions de l’empire, doivent être appelés désormais dux, ajouta Marguerite.

L’épouse d’Edouard se tenait au côté de Metteline, l’épouse de Youssef. Chacune des femmes des nouveaux sébastes portait dans les bras son dernier rejeton. Marguerite avait accouché avant la Noël d’un garçon prénommé Pierre, comme son grand-père, et donc deuxième du nom. Metteline avait, pour sa part, donné naissance en toute fin d’année à un garçon baptisé Guy, lui aussi comme son grand-père.

Un autre parent était présent : Anthelme, le seigneur de Rama et serviteur du roi Baudouin de Jérusalem, avait tenu à assister en personne à l’anoblissement des Byzantins de la famille.

Après la remise de leurs nouveaux titres, les promus et leur entourage se réunirent dans la demeure de Pierre et Edith, dans l’enceinte du palais des Blachernes.

— Alors, mon cher oncle, quelles sont les nouvelles à Constantinople ? demanda Anthelme à Pierre.

— Eh bien Alexis m’inquiète, avoua le nouveau césar. Sa santé a encore décliné depuis son retour d’Anatolie, et ses proches ne font rien pour le laisser en paix. Son épouse et sa fille Anne se sont mis en tête de promouvoir Nicéphore Bryenne comme futur basileus, au détriment de Jean, le fils de l’empereur.

— Je croyais, d’après la leçon que nous a faite Zamora, que le sébastocrator était le successeur désigné du basileus.

— En effet, et la chose est très claire dans l’esprit d’Alexis, intervint Ethan, mais hélas beaucoup moins pour Irène et Anne.

— Nous devrons veiller à ce que la volonté d’Alexis soit respectée après sa mort, assura Edouard.

— Il est vrai que nous sommes légitimistes, dans la famille, rappela le seigneur de Rama.

— Et toi, mon cher Anthelme, donne-nous des nouvelles de ton maître le roi Baudouin, demanda Youssef.

— Le roi de Jérusalem continue d’agrandir ses possessions. Il a surtout voulu s’assurer un débouché vers la mer, indispensable cordon ombilical vers les autres royaumes chrétiens. Outre Jaffa, au fil des années il a repris aux Fatimides Arsouf, Césarée, Saint-Jean-d’Acre, Beyrouth et Sidon, et l’an passé nous avons même assiégé victorieusement Ayla, sur la mer Rouge.

— Il se murmure que ton maître est moins heureux dans ses amours que sur les champs de bataille, glissa Edith.

— En effet. Vous savez que Baudouin avait répudié sa première épouse, Arda, pour épouser Adélaïde de Savone, la veuve du comte Roger de Sicile.

— Je m’en souviens, et on avait dit à l’époque que ce mariage tenait plus à l’appât du gain qu’à ceux de la Sicilienne, tant la dot de la mariée était considérable, glissa Ethan.

— Ces propos sont exagérés, rectifia Anthelme. Adélaïde est une fort belle femme, qui était encore jeune après son veuvage et mon maître en était très épris.

— Était ? releva Marguerite.

— Eh oui, il faut mettre cela au passé, reprit Anthelme. Le pape n’a jamais admis la répudiation d’Arda et il a considéré que Baudouin étant bigame, il fallait l’excommunier.

— Encore un roi excommunié ! s’étonna Zamora. Le Saint-Siège ne ménage guère les grands de ce monde.

— Il est vrai. Et Baudouin redoutant de mourir sous l’anathème, il vient donc de renvoyer Adélaïde en Sicile2.

— Mais je croyais qu’une des clauses du mariage était que le fils d’Adélaïde, Roger II de Sicile, hérite du royaume de Jérusalem à la mort de Baudouin, s’étonna Pierre.

— En effet, la chose était bien stipulée, confirma Anthelme, mais elle vient d’être annulée.

— Voilà encore un exemple abominable de l’utilisation que l’on fait des femmes ! s’insurgea Marguerite. Elles ne sont que viles marchandises que l’on acquiert et dont on se sépare selon les intérêts de leur époux.

— Tu sais bien qu’il n’en est pas ainsi dans notre famille, mon aimée, rappela Edouard, nous vous sommes attachés tel le lierre à la muraille.

— Oui, telle une mauvaise herbe qui nous monte dessus ? argumenta Marguerite pour taquiner son homme.

— Point du tout, répliqua Edouard, nous câlinons et jamais ne grimpons et nous chérissons, jamais ne répudions.

— Je suis heureuse que mon fils, malgré son titre de sébaste, soit encore galant avec son épouse, apprécia Edith au passage.

— Et quelles sont les nouvelles de Syrie ? demanda Pierre qui, en tant que nouveau césar de l’empire, devait s’intéresser aux événements de la région.

— C’est la confusion la plus totale à Alep, expliqua Anthelme. Vous vous souvenez que l’eunuque Loulou avait occis son maître, l’émir fou, Alp Arslan, le fils de Ridwan.

— Oui, ce Loulou qui avait trahi tantôt les Chrétiens, tantôt les Seldjoukides du djihad, rappela Youssef.

— Eh bien cela ne lui a pas porté bonheur : les Turcs de sa garnison l’ont trucidé à son tour, pour mettre à la tête de la ville un autre eunuque, un Arménien renégat nommé Yaroktash, qui est là officiellement comme atabeg3 au nom de Soltan Shah, le fils cadet de Ridwan.

— Cette instabilité doit intéresser Roger d’Antioche, fit remarquer Edouard. Il a toujours eu un œil sur Alep.

— En effet, et c’est pour se protéger des Chrétiens que Yaroktash et le cadi Ibn al-Khachab ont fait appel à Il Ghazi, l’émir de Mardin.

— Le vieux renard Ortoqide, toujours à l’affût de quelques conquêtes, signala Pierre.

— Il Ghazi est donc arrivé à Alep pour y trouver Yaroktash renversé et la ville dirigée par un ministre de Soltan Shah, nommé Ibn al-Mihli.

— Morte miche, je n’y comprends rien ! s’exclama Ethan. Ces Alépiens vont-ils un jour cesser de s’occire et se destituer les uns les autres ?

— Oh ! nous ne sommes pas au bout du compte, continua Anthelme. Il Ghazi s’est donc vu remercié de son déplacement et prié de regagner ses terres de l’est, chose qu’il a assez mal prise. Il a cependant laissé à Alep son fils Qizil, inquiétant en cela Ibn al-Mihli, qui a alors fait appel à Qirkhan, l’émir de Homs, qui a commencé par emprisonner le fils d’Il Ghazi.

Les Byzantins avaient renoncé à suivre les détails de cet imbroglio et Pierre tenta de résumer la situation :

— Donc, si je comprends bien, en ce moment, c’est l’émir de Homs qui assure un protectorat sur Alep où le fils d’Il Ghazi est emprisonné.

— C’est bien cela, confirma Anthelme.

— Eh bien ! Je peux vous annoncer que cette longue histoire connaîtra d’autres épisodes, prédit Ethan. Il Ghazi n’est pas homme à laisser son fils croupir dans une geôle, il reviendra à Alep.

— C’est probable. Et pour ce faire, sans doute renouera-t-il sa vieille alliance avec Toghtekin de Damas, intervint Edouard. Ces deux-là s’entendent comme larrons en foire.

— Nous nous attendons à cela, confirma Anthelme, mais pendant que les Turcs se déchirent, Roger d’Antioche rafle les forteresses autour d’Alep.

— Les querelles des Turcs ont toujours fait le bonheur des croisés en Syrie, rappela Youssef. Les grands seigneurs chrétiens sont-ils plus conciliants entre eux ?