La Saga des Limousins - Tome 19 - Yves Aubard - E-Book

La Saga des Limousins - Tome 19 E-Book

Yves Aubard

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Beschreibung

Ce dix-neuvième opus de la Saga des Limousins réserve encore de nombreux rebondissements et d’innombrables aventures à ses protagonistes du Moyen Âge.

Nous y verrons le roi Louis VI prendre en main le royaume de France et tout d’abord ses domaines directs en y matant quelques vassaux rebelles. Son père le roi Philippe rentrera enfin dans les bonnes grâces de l’Eglise en se séparant de Bertrade. Arrivée en Chine Judith et Clotilde perceront les secrets de la fabrication de la soie et du papier, elles découvriront l’extraordinaire culture de la dynastie des Hong et elles feront la connaissance du célèbre et redoutable juge Ti. En Europe la querelle entre le Beauclerc et Courteheuse tournera à l’avantage du cadet. Nous suivrons également le périple de Bohémond de Tarente qui passera par le Limousin, épousera la fille du roi Philippe, puis qui s’attaquera au basileus Alexis comme son père et de manière tout aussi infructueuse que lui. Nous verrons également les Vikings entrer en croisade. Ils essaieront d’aider les Chrétiens d’Espagne à prendre Lisbonne aux Maures, de manière infructueuse, mais ils seront plus heureux en aidant le roi Baudoin de Jérusalem à prendre Sidon aux infidèles de Terre Sainte. La famille des seigneurs de Châlus, comme à son habitude, prendra une part active et souvent déterminante dans tous ces événements.

Plongez dans le dernier tome en date de cette saga historique de Lisbonne à Chang An (1104 - 1110) !


À PROPOS DE L'AUTEUR


Né en 1957, Yves Aubard est professeur de gynécologie au CHU de Limoges. Dans ce nouvel ouvrage, il nous emmène du nord au sud de l'Europe pour vivre les grands événements de cette période : la première « guerre sainte » en Espagne et la fondation d'un nouveau royaume d'Angleterre. Ses héros limousins seront encore sur tous les fronts...

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© 2021 – La Geste – 79260 La CrècheTous droits réservés pour tous payswww.gesteditions.com

Yves AUBARDLa Saga des LimousinsTome 19 : Louis le Batailleur1104-1110(de Lisbonne à Chang’an)

Livres du même auteur, déjà parus chez Geste Éditions

Dans la série « La Saga des Limousins »

– Tome 1 : Le Seigneur de Châlus, du Limousin au Périgord –octobre 2012

– Tome 2 : L’An Mil, de Rome en Anjou – mars 2013

– Tome 3 : Les Grands Voyages, de Salerne aux Vikings – septembre 2013

– Tome 4 : Le Roi Robert, de la Bourgogne à Jérusalem – mars 2014

– Tome 5 : Racines et honneurs, de Barcelone à Ispahan – septembre 2014

– Tome 6 : Troisième Génération, de Sens à Dreux – mars 2015

– Tome 7 : Le Roi Henri, de la Normandie à Châlus – septembre 2015

– Tome 8 : La Main de Fer, de Bretagne en Hongrie – mars 2016

– Tome 9 : Du Bâtard au Duc, de Val-ès-Dunes à Kiev – octobre 2016

– Tome 10 : Le grand schisme, de Rome à Constantinople – mars 2017

– Tome 11 : Régences, de Germanie et Francie – octobre 2017

– Tome 12 : Du Duc au Roi, de Barbastro à Hastings – mars 2018

– Tome 13 : Les brodeuses, de Cantorbéry à Bayeux – octobre 2018

– Tome 14 : L’enfant loup, de Canossa à Pampelune – mars 2019

– Tome 15 : La geste du Guiscard, d’Apulie en Thrace – octobre 2019

– Tome 16 : Philippe et Bertrade, de Chartre à Clermont – juin 2020

– Tome 17 : Dieu le veut, de Clermont à Antioche – novembre 2020

– Tome 18 : L’avoué du Saint Sépulcre – Mars 2021

Hors-série « Saga des Limousins »

– Le Sang et la Pierre – mars 2017

– Ambroise Paré, chirurgien des rois et roi des chirurgiens – mars 2019

Dans la série « 7 »

– 7 opus 1 – mars 2016

– 7 opus 2 – mars 2017

– 7 opus 3 – avril 2019

Résumés des tomes précédents

Tome 1 : Le Seigneur de Châlus

En l’an 968, sous le règne du roi Lothaire, Tristan, le forgeron du village de Châlus, en Limousin, trouve en forêt un enfant abandonné âgé de deux ans environ, qu’il fait baptiser du nom de Lou par Ignace, le curé du village. Lou grandit dans le foyer de Tristan et Gilberte, et son père l’initie au travail de la forge. Lou épouse Mathilde, jeune guérisseuse du village. Ils auront trois enfants, Eudes, Jean et Isabelle. Lou sauve la vie de son seigneur, le vicomte Guy de Limoges. Guy l’anoblit pour le remercier et lui confie le fief de Châlus avec mission de le fortifier. Peu après le miracle des Ardents à Limoges, les Périgourdins assiègent, sans succès, Lou dans son fief. Le vicomte Guy et ses Limousins décident de mener campagne en Périgord pour punir leurs belliqueux voisins. Boson le Bel, le chef périgourdin, s’est réfugié dans le château de Commarque, au sud-est de ses terres. L’armée limousine met le siège devant cette forteresse et finira par la prendre après moult péripéties, rétablissant Boson le Vieux, le comte légitime du Périgord, dans ses prérogatives.

Tome 2 : L’An mil

Grimoald, l’évêque d’Angoulême, dérobe les présents faits au mariage de Will (un compagnon d’armes de Lou) et Jeanne. Il est démasqué par Lou et ses fils, et il est emmené prisonnier à Limoges. Lou et toute sa famille accompagnent Guy qui va à Rome, accompagné de Grimoald, pour le faire juger par le pape Sylvestre. Jean devient un élève du pape. Il se lie d’amitié avec Avicenne et tombe amoureux d’Anne. Mais Sylvestre meurt, Jean et Anne doivent quitter Rome et rentrent en Limousin. À Limoges, Foulques Nerra, le comte d’Anjou, demande à Guy la main de sa fille Hermine. Eudes et Hermine découvrent qu’ils s’aiment. Foulques Nerra a organisé un grand tournoi pour fêter son mariage avec Hermine. Les joutes sont sanglantes. Foulques tente de faire assassiner Lou et sa famille, tandis que Jean utilise les terreurs nocturnes du comte d’Anjou pour le faire renoncer à la main d’Hermine. Eudes et Hermine s’aiment, mais un fils de seigneur ne peut demander la main d’une fille de vicomte. Jean n’ose déclarer sa flamme à Anne, qui se lasse et décide de quitter Limoges pour aller servir le duc d’Aquitaine. Ainsi les deux fils de Lou ont des chagrins d’amour. Jean, très déprimé, décide de partir pour étudier la médecine à Salerne.

Tome 3 : Les Grands Voyages

Jean arrive à Salerne. Il y obtiendra son diplôme de médecin et deviendra l’amant de Christine, un magister de l’école. Il apprend que Christine est enceinte de lui peu de temps avant d’être incarcéré à Naples car il a tué Étarus, un autre magister de l’école, pour venger la mort d’un ami. Pendant ce temps-là, en France, Eudes s’illustre dans les tournois, et Guy accepte de lui donner la main d’Hermine. Lou et ses enfants décident d’aller porter secours à Jean, ils parviennent à le libérer par la ruse ainsi que son compagnon de prison : Knut, le fils du roi du Danemark. Les Limousins rentrent à Châlus. Guy décide de marier son fils Adémar à Sénégonde du Périgord, et Jean retrouve Anne, à laquelle il déclare son amour. Ce sont donc trois mariages, avec celui d’Eudes, qui sont célébrés à Limoges. Peu après, Emma, Mathilde et Isabelle sont enlevées par des Vikings. Lou, ses fils et quelques compagnons partent pour libérer les femmes enlevées. Ils y parviendront mais devront voyager jusqu’au mythique Vinland. Isabelle y trouvera un époux viking, Bjarni, et Anne donnera naissance à Jason après une opération miraculeuse. Lou et ses compagnons regagnent ensuite le Limousin. Eudes découvre qu’Hermine a mis au monde sa fille Adalmode. Jean reçoit un courrier de Christine lui annonçant la naissance de leur enfant, Trotula.

Tome 4 : Le Roi Robert

Lou et ses enfants font la connaissance de Robert II, le roi de France. Ce dernier propose à Jean, Anne, Isabelle, Eudes et Bjarni de rentrer à son service. Les jeunes gens acceptent. De leur côté, Guy, Lou, Mathilde, Raoul de Couhé et Aline de Bruzac partent en pèlerinage à Jérusalem. Sur leur route, ils sont incarcérés à Mâcon par l’évêque Brunon de Roussy. Eudes, Isabelle, Jean et Bjarni parviendront à les libérer. Les pèlerins reprennent leur route vers Jérusalem. Ils assistent au massacre des Bulgares par le basileus à la bataille de la Passe de Kleidion. En France, grâce à Eudes et Bjarni, la ville de Sens tombe et Dijon ouvre ses portes au roi, qui prend ainsi possession du duché de Bourgogne. Hermine a accouché à Limoges de Guy-Lou, son second enfant. Jean, Eudes, Anne et Bjarni partent en Italie pour assister au sacre de l’empereur germanique Henri II et ils poussent jusqu’à Salerne. Pendant ce temps, les pèlerins ont visité Jérusalem et ils sont repartis par la mer. Ils font une halte à Salerne, ce qui leur permet d’aider Eudes, Bjarni et Jean à repousser une attaque sarrazine. Puis tout le monde rentre en France. Foulques Nerra remporte la victoire de Pontleroy sur Eudes de Blois, mais il échoue à prendre la ville de Tours. Tandis qu’Isabelle met au monde un garçon, Lou-Leif, le roi Robert fait couronner Hugues, son fils aîné, à Compiègne.

Tome 5 : Racines et honneurs

Ignace donne un indice à Lou qui lui permet de retrouver ses origines : le seigneur de Châlus est un descendant des comtes de Barcelone. Pour retrouver ses racines, Lou se rend en Catalogne avec Mathilde, Eudes et Robert de Ruffec. Lou aide la comtesse de Barcelone à repousser une attaque des Sarrazins et découvre qu’il a une soeur, Clémence, qui va épouser Robert de Ruffec. Lou renonce à revendiquer des droits en Catalogne et il rentre dans son fief de Châlus. Adémar de Chabannes et les moines de Limoges prétendent que saint Martial fut contemporain du Christ et serait donc le treizième apôtre. Le roi Robert condamne au bûcher des hérétiques à Orléans. Les enfants de Lou, accompagnés de Bjarni et Nénad, décident d’aller libérer Avicenne qui est emprisonné à Hamadhan, en Perse. En route, ils croiseront l’empereur Henri II, Étienne, le roi de Hongrie, et Basile II, l’empereur de Constantinople. Jean découvre la formule du feu grégeois, ce qui permet de prendre la ville d’Hamadhan et de libérer Avicenne. Le roi Robert récompense ses fidèles dès leur retour en France : Isabelle et Bjarni se voient attribuer le comté de Dreux, Eudes et Hermine, celui de Sens, tandis que Jean et Anne sont faits seigneurs de Noisy. Hugues, le fils aîné du roi, meurt du « mal du côté », au grand désespoir de Jean. La mort frappe également l’empereur Henri II, le pape Grégoire VII, l’empereur Basile II et le vicomte Guy de Limoges. Jean parvient à découvrir la manière de soigner le mal du côté et guérit ainsi Lou-Leif qui en était atteint.

Tome 6 : Troisième Génération

Les enfants de Lou sont menacés de toutes parts : Isabelle et Bjarni sont emprisonnés à Rouen par Richard III, le nouveau duc de Normandie, Jean est enlevé par Eudes de Blois qui veut lui faire avouer la formule du feu grégeois et Eudes est assiégé à Sens par ce même Eudes de Blois. Lou et ses vieux compagnons décident d’aller porter secours aux enfants, car le roi Robert dispose de peu de moyens. Tandis que Jean s’enfuit tout seul, il rejoint la troupe de Lou et, ensemble, ils parviendront à libérer Isabelle et Bjarni et à mettre en déroute les armées d’Eudes de Blois qui faisait le siège de Sens. Jason et Adalmode participeront largement à ces succès. Jason va suivre les traces de son père : il part faire des études de médecine à Salerne. Il y tombe amoureux d’Abella, jeune étudiante italienne, et il sauve Trotula, sa demi-soeur, d’un « faux germe de la trompe ». En France, Adalmode succombe au charme d’Aurèle, un jeune novice, qui renonce à ses voeux pour elle. Il y aura à nouveau un triple mariage à Châlus : Jason épouse Abella, Trotula épouse Gariopontus (un collègue salernitain) et Adalmode épouse Aurèle. Les enfants du roi Robert se révoltent contre leur père, Eudes et Bjarni les ramèneront dans le droit chemin, mais le roi est las de toutes ces querelles familiales et rend son âme à Dieu à Melun.

Tome 7 : Le Roi Henri

Henri, dès son avènement, est menacé par une coalition menée par sa mère, Clémence d’Arles, qui veut mettre la couronne de France sur la tête de Robert, son second fils. Isabelle, Bjarni, Eudes, Jean et Jason décident d’aider le jeune roi et, avec l’appui des Normands, ils remportent une victoire décisive à Villeneuve-Saint-Georges. Cependant, Bjarni et Isabelle décident de ne plus servir Henri qui s’est montré injuste envers ceux qui ont sauvé sa couronne. La reine Clémence meurt à Melun, un an après son époux. Johan, le prince de Salerne, envoie à Paris des assassins pour tuer Jason et enlever Abella. Jean sauvera son fils et ce dernier devra aller jusqu’en Italie pour retrouver son épouse. Robert le Magnifique part en pèlerinage à Jérusalem avec Bjarni, mais seul le Viking reviendra de ce périple. Ainsi, Guillaume le Bâtard se retrouve duc de Normandie à l’âge de huit ans. Lou-Leif devient son garde du corps. Bjarni finit par retrouver Eudes de Blois dans un duel et le tue. Tandis que Lou et toute la famille passent la Noël à Châlus, ils sont assiégés par une « milice de Dieu », menée par un moine fanatique et Lisois d’Amboise. Guy-Lou et Lou-Leif tomberont amoureux de deux soeurs jumelles, Hélène et Élise. Le seigneur de Châlus montrera qu’il a de la ressource et les assiégés mettront leurs ennemis en déroute. Lou est gravement blessé lors du siège et demande à son fils Jean de ne pas le soigner. Mais c’est sans compter sur Jason et Abella qui tireront le seigneur de Châlus des griffes de la mort.

Tome 8 : La Main de Fer

Lou doit restaurer Châlus et reconstruire son église. Il fait appel à un bâtisseur limougeaud. Il en profite pour améliorer l’ancestrale araire de ses paysans. Guy-Lou et Lou-Leif se marient avec Hélène et Élise. Bjarni, aidé de Jason et Jean, dévie le Couesnon, petit fleuve frontalier entre Bretagne et Normandie, de manière à ce que le Mont-Saint-Michel devienne normand. Alain III, le duc de Bretagne, menace d’envahir la Normandie, Isabelle et Brunehilde vont négocier avec lui. Le duc tente d’abuser de Brunehilde qui doit l’empoisonner pour ne pas être violentée. En Germanie, l’empereur Henri envoie Guy-Lou espionner le roi Samuel Aba de Hongrie, qui martyrise les Chrétiens sur ses terres. Les Germains iront ensuite destituer ce roi païen pour remettre sur le trône le très chrétien Pierre Orseolo. Édouard, le cousin du jeune duc Guillaume, est sacré roi d’Angleterre. Guillaume nomme Lou-Leif connétable de Normandie. En France, la reine Mathilde de Frise et sa fille meurent de la diphtérie. Guy est atteint par ce mal, mais Jean et Jason le sauvent en réalisant une trachéotomie. Après une dernière campagne en Gascogne, Lou rentre à Châlus, il souffre depuis plusieurs mois d’angine de poitrine qui l’oppresse comme « une main de fer ». Lou fait un infarctus lors d’une partie de pêche dans la Tardoire et il décède au pied de son château. Mathilde décède à son tour quelques semaines plus tard.

Tome 9 : Du bâtard au duc

Les barons normands complotent contre le jeune Guillaume, lui reprochant sa bâtardise. Bjarni décide d’aller raisonner les rebelles mais il tombe dans une embuscade et est empoisonné sur ordre des conjurés. Golet, le bouffon de Guillaume, avertit son maître qu’une troupe d’assassins veut lui faire un sort à Valogne. Guillaume échappe à cette attaque. Le jeune duc fait alliance avec le roi Henri pour affronter ses ennemis à la bataille de Val-es-Dune. Il remporte la victoire et les descendants du seigneur de Châlus font justice des meurtriers de Bjarni. Isabelle est envoyée en délégation pour convaincre Mathilde de Flandre d’épouser Guillaume, et Anne de Kiev d’épouser le roi Henri. Ces deux missions sont couronnées de succès et se solderont par des mariages. Brunehilde trouve l’homme de son coeur en Russie en la personne d’Igor, le frère de la reine Anne. Adémar devient novice à Cluny. Tibelle devient moniale et conseillère du pape Léon, tandis que Guy-Lou sera le garde du corps du souverain pontife. Hermine décède d’une pneumopathie à Sens. Jean a convoqué Trotula, Jason et Abella pour leur faire part de la grande œuvre de sa vie : il a décrit l’anatomie humaine à l’aide de dissections qu’il a menées clandestinement sur des cadavres, un moine allemand illustrant ses descriptions. Les trois jeunes sont enthousiasmés par ce travail, ils décident néanmoins de tenir secrètes ces découvertes qui pourraient valoir une condamnation à mort à Jean et à son dessinateur. Jean décède, épuisé par le labeur qu’il mène depuis des années.

Tome 10 : Le grand schisme

Jason et Abella vont assister deux grandes dames lors de leur accouchement. La duchesse Mathilde de Normandie et la reine Anne de France donneront des héritiers mâles à leur époux. Le jeune Lou II est devenu le meilleur écuyer d’Aquitaine, il est adoubé chevalier et tombe amoureux de Sybille, une Châlusienne. Le comte d’Anjou, Geoffroy-Martel, a enlevé Eudes pour régler son vieux contentieux avec les descendants du seigneur de Châlus. La famille ira délivrer Eudes de sa prison angevine, mais lors de son évasion ce dernier est blessé, il rend son âme à Dieu dans les bras de Lou II, son petit-fils. Entre le duc de Normandie et le roi de France, la situation s’envenime. Isabelle et ses enfants aideront le jeune duc à vaincre Henri, pourtant allié à Geoffroy-Martel, à la bataille de Mortemer. Henri s’en prend à Isabelle qu’il emprisonne à Paris, mais la famille veille, la comtesse de Dreux sera rapidement libérée. À Rome, le pape Léon tente d’épurer l’Église de ses vices les plus notoires. Cela ne se fait pas sans heurts, il est vaincu à Civitate et retenu prisonnier par les Normands d’Italie, tandis que ses émissaires prononcent la rupture avec le patriarche de Constantinople, c’est le grand schisme. Tibelle et Adémar rétablissent cependant les relations entre les Églises de Rome et de Constantinople, tandis que Guy-Lou obtient la libération du pape. Cependant Léon IX ne se remet pas de sa capture, il meurt en rentrant à Rome. Son successeur, Victor, est choisi par l’empereur Henri III. Pour clore ce volume, les trois enfants d’Adalmode et Aurèle : Mathilde, Emma et Lou, se marieront à Châlus, cédant à la tradition familiale des triples mariages.

Tome 11 : Régences

L’empereur de Germanie, Henri III, meurt brutalement, son fils, le futur Henri IV, n’a que six ans. Une régence dirigée par Agnès d’Aquitaine, l’épouse du défunt, débute en Germanie. Golet s’éprend d’Hermine, la fille aînée de Guy-Lou et Hélène. Il est anobli par Guillaume qui le nomme seigneur de Gisors. Le roi de France, Henri Ier, s’allie avec Geoffroy Martel d’Anjou, pour attaquer Guillaume de Normandie. Ce dernier remporte une victoire sur ses ennemis à Varaville. Igor et Bjarni II accompagnent Edgar l’Exilé, qui est de retour en Angleterre. Bjarni tombe amoureux de la sœur de lady Godiva, Roxana. Cette dernière part en Écosse, accompagner Duncan Canmore, qui veut venger la mort de son père. Bjarni l’accompagne pour la protéger, ils sont bientôt rejoints par Igor. Bjarni demande la main de Roxana sur le champ de bataille à Lumphanan. Le roi de France, dépressif depuis ses défaites contre les Normands, meurt à son tour, laissant lui aussi un fils de six ans et une régence à la tête de son royaume. Pendant ce temps-là, à Châlus, Sybille est devenue maître verrier. Lou de son côté sert Guillaume VII d’Aquitaine, mais le duc décède d’une dysenterie. De dépit, le Châlusien fracturera le nez du comte d’Anjou, une vieille tradition familiale. Le petit Lou III, le fils de Lou II et Sybille, tombe dans la Vienne, dans les bras d’Anne, sa grand-tante. Alors que cette dernière se noie, l’enfant est emporté par les flots dans son berceau et recueilli par des loups qui vont l’élever. À Limoges, les clunisiens s’installent à l’abbaye Saint-Martial, Adémar, le frère de Tibelle, est le premier abbé venu de la célèbre institution bourguignonne.

Tome 12 : Du duc au roi

Un ermite prénommé Étienne va s’installer à Muret, dans les forêts au nord d’Ambazac, il y rencontre un enfant élevé par des loups, qu’il baptise Lupus. Bjarni devient comte de Mercie sous le nom d’Edwin. Le pape Alexandre prêche une guerre sainte, qu’il appelle « croisade », contre les Maures d’Espagne. Dans cette armée du Christ, on retrouve de nombreux membres de la famille du seigneur de Châlus, qui seront tous écœurés par le grand massacre perpétré par les Chrétiens à Barbastro. En portant secours à une Sarrazine, Ajiba, la fille de l’émir de Saragosse, Guy va en tomber amoureux et il finira par l’épouser, s’installant à la cour de son beau-père. À la mort du roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, le Saxon Harold s’empare de la couronne. Guillaume de Normandie s’estime lésé, car cette couronne lui avait été promise. Le jeune duc prépare minutieusement une invasion de l’Angleterre pour aller prendre son dû. Harold est attaqué par les Vikings du roi Harald de Norvège, qu’il va vaincre et tuer à la bataille de Stanford Bridge. Pendant ce temps-là, Guillaume a débarqué dans le sud de l’Angleterre, il s’installe à Hastings, un petit village côtier. Harold traverse le pays à marche forcée pour aller rejeter à la mer les envahisseurs normands. La bataille a lieu sur la colline de Senlac à quelques lieues d’Hastings. L’issue en est indécise, mais Lou parvient à tuer le roi Harold d’une flèche tirée avec un arc métallique à longue portée qu’il a confectionné. Igor, Lou-Leif, Guy-Lou et Lou parviennent à faire une brèche dans la terrible ligne des Housecarls saxons, ce qui permet aux Normands de remporter la bataille. Épuisés, Guillaume et ses compagnons se couchent et s’endorment à même le sol sur le champ de leurs exploits.

Tome 13 : Les brodeuses

Le lendemain de la bataille d’Hastings, Guillaume cherche le corps d’Harold et fait appel à Édith dite « au col de cygne », pour identifier le Saxon. Édith est ensuite assaillie par des soldats normands. Pierre, le fils de Lou-Leif, défend la jeune fille et l’emmène, jusqu’à Londres, où il va chercher refuge auprès de son frère, Bjarni, le comte de Mercie. Guillaume se fait sacrer roi d’Angleterre à Westminster, puis il rentre en Normandie. Il y aura à nouveau trois mariages dans la famille : Adalmode et Ulrich, Pierre et Édith, et Tristan qui épouse Clémence, une jeune servante. Ajiba, venue au mariage avec son mari Guy, est arrêtée à Paris. Il faudra toute la sagacité de Golet pour plaider la cause de la jeune fille et la faire libérer. En Limousin, l’abbé Adémar rénove l’église abbatiale de Saint-Martial. Gauvin, un des fils de Lou, devient apprenti tailleur de pierre. Guillaume doit rentrer en Angleterre car les Saxons se révoltent. Il y mène une campagne de représailles impitoyables. Isabeau a l’idée de faire une grande broderie qui représenterait tous les préparatifs puis la conquête de l’Angleterre. Odon accepte cette idée, John un moine anglais dessine la trame de la broderie, et les femmes de la famille se rendent à Cantorbéry pour broder ce que l’on appellera la tapisserie de Bayeux. John est tombé amoureux d’Isabeau, il renoncera à ses vœux de moine pour l’épouser. Aurèle rend visite à Étienne de Muret en plein hiver, il est victime d’une attaque, il rend son dernier souffle dans les bras d’un enfant sauvageon, élevé par des loups, qu’il reconnaît comme étant son petit-fils, Lou III, disparu en bas âge. Vladimir et Ingrid conseillent au roi Philippe d’épouser Berthe de Hollande. Cette dernière arrive à Paris, mais elle est bien loin d’avoir la grâce d’Isabelle de Kiev, la reine précédente.

Tome 14 : L’enfant loup

En Limousin un enfant loup va rejoindre le giron familial et le monde des humains. Lupus ne chôme dès son retour auprès de ses parents : il va participer activement à la capture du vicomte de Limoges rebelle à son suzerain, le duc Guillaume d’Aquitaine. Par ailleurs, ce dernier cherche un époux pour sa fille Clémence, mais Lupus, épris de la donzelle, va contrarier systématiquement tous ces beaux projets de mariage, participant au guet-apens d’un roi espagnol et sacrifiant au passage à la tradition familiale du « concassage de nez » des comtes d’Anjou. Pendant ce temps-là, Hildebrand, devenu pape, se fâche avec le roi de France et celui de Germanie, il ira même jusqu’à excommunier ce dernier. Pour obtenir la levée de cet anathème le Germain devra s’humilier devant le pape à Canossa. Odon, le frère de Guillaume le Conquérant, fait consacrer sa cathédrale à Bayeux en y exposant la broderie réalisée par les femmes de la famille. John, qui s’est particulièrement illustré lors de la confection de cette œuvre, est recruté par l’évêque de Tours qui fait refaire sa cathédrale et veut l’orner de peintures. Isabeau épouse John et elle apprendra le métier de plâtrier pour suivre son homme sur les chantiers. En Normandie, Guillaume se brouille avec son fils aîné, Robert Courteheuse, qu’il va assiéger dans la forteresse où le rejeton rebelle s’est réfugié. Le père et le fils s’affrontent les armes à la main et Guillaume ne doit d’avoir la vie sauve qu’à l’intervention de Lou-Leif. Robert s’enfuit, les deux hommes semblent irréconciliables.

Tome 15 : La Geste du Guiscard

Guillaume et son fils Courteheuse, fâchés à mort à la fin du précédent volume, vont se réconcilier pour un temps grâce à l’entremise de Golet et Brunehilde, le jeune prince allant guerroyer au nom de son père jusqu’en Écosse en compagnie d’Igor et Bjarni. En Aquitaine Lupus, en remplacement de son père indisponible, saura porter haut les couleurs de son duc lors du tournoi annuel organisé par Guillaume IX. En Germanie les margraves de l’empire se succèdent, toujours recrutés dans la famille des seigneurs de Châlus. Robert Guiscard va entreprendre la conquête de l’empire byzantin, il y parviendra presque, mais devant secourir le pape, il devra quitter le champ de bataille, et le basileus Alexis sauvera sa peau grâce notamment à Pierre. C’est finalement le Normand qui y laissera la sienne. À Rome le pape Grégoire s’estime responsable du sac de la cité éternelle réalisé par les hommes du Guiscard, il devra s’exiler, puis il décédera, laissant la tiare à Victor, puis à Urbain. Ce dernier annoncera qu’il a une grande idée que nous ne connaîtrons que dans le volume à venir. Guillaume de son côté voit disparaître son épouse Mathilde, victime d’une épidémie de peste. Jason, appelé au chevet de l’épouse du Conquérant, sera lui aussi frappé par cette redoutable maladie, dont il comprendra l’origine. L’âge venant, l’embonpoint gagne le duc-roi Guillaume, qui mènera sa dernière campagne contre les Français dans le Vexin.

Tome 16 : Philippe et Bertrade

Humbauld, un nouvel évêque, est venu s’installer à Limoges, au grand dam du vicomte Adémar et de l’abbé du même nom. Cet Humbauld rançonne tout le diocèse et les Châlusiens devront venir lui faire entendre raison. Les fils du Conquérant se déchirent : Guillaume le Roux est devenu roi d’Angleterre, Robert Courteheuse a hérité du duché de Normandie et Henri d’une forte somme d’argent. Mais chacun lorgne sur la part des deux autres et Lou-Leif, Igor, Brunehilde, Bjarni et Golet tentent d’éviter qu’ils ne s’entre-tuent. L’abbé Hugues de Cluny veut reconstruire son abbatiale. Ainsi Gauvin, Sybille, John et Isabeau vont-ils participer à la construction de la plus grande église de la chrétienté. Yves est nommé évêque de Chartres par le pape. Le roi Philippe répudie Berthe, son épouse, et il fait enlever Bertrade de Montfort, l’épouse de Foulques le Réchin. Le roi épouse Bertrade, ce qui lui attire les foudres d’Yves, dont il prend très mal les remontrances et qu’il fait emprisonner par Hugues du Puiset. Tandis que le pape excommunie Philippe, les descendants du seigneur de Châlus font échapper Yves de sa prison. Le basileus Alexis remporte une grande victoire sur les Petchenègues à la bataille de Lebounion. En ce qui concerne la famille, nous verrons Mahaut tomber enceinte, Ethan tomber amoureux et Igor et Lou-Leif tomber lors d’un ultime combat. Les médecins de la famille, quant à eux, font encore une découverte de grande importance pour les femmes en couches. Le pape Urbain révèle au monde sa « grande idée » : libérer le Saint-Sépulcre de Jérusalem qui est aux mains des Infidèles. Il vient à Clermont pour prêcher sa croisade devant une foule enthousiaste. Puis il passe par Limoges où il démasque l’évêque imposteur. Enfin, sur la route de Limoges à Châlus, moult amoureux vont se déclarer.

Tome 17 : Dieu le veut

Tandis que le pape Urbain continue son cheminement en France où il a missionné Robert d’Arbrissel pour plaider la croisade, la famille des descendants du seigneur de Châlus se déchire : Cyrielle et Clotilde veulent partir à la croisade contre l’avis de leurs parents. Elles vont rejoindre la longue procession menée par Pierre l’Ermite. Leurs pères, Bjarni et Golet vont également prendre la suite de l’Ermite, bien à contrecœur, dans le but d’assurer la sécurité de leur fille. Cependant dans la suite de cette croisade dite « des pauvres », des bandes organisent le massacre des juifs de Germanie et de Hongrie. Eudes vient au secours d’une jeune juive, Judith, dont la famille a été massacrée ; il en tombe amoureux et l’aide à se venger des meurtriers. Le margrave Ulrich en profite pour marier ses deux enfants : Ilde avec Zlato et Eudes avec Judith. La croisade « des pauvres » se fait massacrer à Civetot et Marguerite et Clotilde connaissent les affres de l’esclavage. La croisade des barons arrive à son tour à Constantinople, où les négociations pour accepter la suzeraineté du basileus sont tendues. Les membres de la famille du seigneur de Châlus, quant à eux, décident de former une petite troupe, le thème de Châlus, pour combattre ensemble sous la gouverne de Lou. Les barons prennent Nicée et remportent une grande victoire à Dorylée. Marguerite et Clotilde sont libérées, ainsi que Léa et Odile, deux croisées survivantes de la troupe de Pierre l’Ermite que Robin et Anthelme vont trouver fort à leur goût. La croisade poursuit son périple et met le siège devant Antioche. Le thème de Châlus participera largement au succès de ce siège qui sera long et laborieux. Judith et Eudes vont entreprendre leur grand projet : partir sur la route de la soie jusqu’au Catay. Clotilde et Nizam, un prince turc épris de cette dernière, les accompagneront.

Tome 18 : L’avoué du Saint Sépulcre

Après la prise d’Antioche, les croisés poursuivent leur route jusqu’à Jérusalem dont ils entreprennent le siège. Ils finissent par prendre la ville, bien aidés en cela par les descendants du seigneur de Châlus. Les massacres qui s’ensuivent vont cependant dégoûter les membres du thème de Châlus, dont beaucoup vont décider de rentrer au pays. Le rêve du pape Urbain s’accomplira donc, mais Dieu tiendra à en informer lui-même son représentant sur terre. Nous verrons également la réaction des Infidèles et les premiers revers chrétiens en Terre sainte. Sur la route de la soie Judith, Eudes, Clotilde et Nizam auront des démêlés avec les redoutables Assanssins d’Alamout. En Europe, Golet de retour de Constantinople découvrira que le roi Guillaume le Roux s’en emparé de son fief. Il saura récupérer son dû, mais le roi d’Angleterre réagira avec vigueur pour le malheur de Golet et Hermine. Anthelme rendu furieux par le triste sort réservé à ses parents, ira jusqu’au régicide pour les venger. En France le roi Philippe délègue la direction de ses états à son fils pour s’adonner au libertinage, ce qui lui vaudra les foudres de l’Église. En Limousin Géraud et Gauvin trouveront leurs âmes sœurs en les personnes de deux sœurs. Enfin l’abbaye de Saint-Martial sera en deuil, son emblématique abbé rendant son âme à Dieu.

Situation des descendants du seigneur de Châlus au début du tome 19

Arbre généalogique des descendants de Lou et Mathilde

Les sept cents

n ce début d’année 1104, le roi Louis de France discutait avec Vladimir et Tarik, ses deux principaux lieutenants. Deux ans déjà que son père, le roi Philippe, l’avait nommé rex designatus et qu’il exerçait de fait le pouvoir royal. Deux années pendant lesquelles Louis n’avait cessé de guerroyer sur le domaine royal pour mater les seigneurs pillards aux portes mêmes de Paris. À peine remis de la tentative d’empoisonnement ourdie par Bertrade, la femme excommuniée de Philippe, il avait dû faire face à Bouchard, le seigneur de Montmorency et à ses deux acolytes, le comte Mathieu de Beaumont-sur-Oise et Dreux, seigneur de Mouchy-en-Beauvaisis.

Le prince Louis était alors apparu comme le justicier, châtiant les pilleurs, prenant leurs châteaux, ou les obligeant à plier le genou et à reconnaître l’autorité du roi. Le fils de Philippe avait acquis en cette occasion le surnom de « Louis le Batailleur ». Puis il avait dû affronter un adversaire beaucoup plus redoutable en la personne d’Ebles II de Roucy. Ce fier combattant était parti chercher fortune loin de ses terres, tout d’abord en Italie, où il avait épousé Sybille, une des filles de Robert Guiscard et la sœur de Bohémond de Tarente, le prince d’Antioche. Cependant, s’il avait trouvé femme outre-Alpes, il n’avait pas conquis de fief, c’est pourquoi il était parti tenter sa chance en Espagne, auprès de sa sœur Félicie qui était l’épouse de Sanche, roi d’Aragon et de Navarre. Là encore, bien qu’auréolé de gloire sur les champs de bataille, il n’avait pu conquérir de domaine et il était finalement revenu sur ses terres de Roucy, accompagné de ses fils et d’une forte troupe qui, désœuvrée, se livrait au pillage méthodique de la région de Reims. L’archevêque de cette noble cité n’avait pas de forces à opposer à ces pillards et les petits seigneurs de la région étaient venus se plaindre au roi Philippe, qui n’avait guère prêté attention à leurs doléances. Ils avaient donc tenté leur chance auprès de Louis le Batailleur.

Le jeune roi avait aussitôt décidé de faire justice, mais avant cela, il devait rassembler une troupe conséquente, car l’adversaire était des plus redoutables. Il s’était naturellement tourné vers ses instructeurs et conseillers, Tarik et Vladimir. Les deux beaux-frères avaient alors constitué une petite armée de sept cents chevaliers.

—C’est beaucoup pour une garde personnelle, mais bien peu pour une armée, avait fait observer Louis.

—Majesté, c’est une troupe d’élite qui vous est dévouée corps et âme, avait assuré Vladimir.

—Des combattants aguerris que nous avons pour la plupart formés nous-mêmes, avait ajouté Tarik.

—D’où proviennent-ils ? avait demandé Louis.

—Des gens de petite noblesse de la région, Majesté, avait expliqué Vladimir, plus quelques seigneurs flamands que votre cousin Robert de Flandre a mis à votre service.

À la tête de son ost, Louis était allé s’installer dans la région de Reims d’où, chaque jour et pendant deux mois, il entreprit de ravager le comté de Roucy. Rapidement, Ebles demanda grâce et sollicita une rencontre avec le roi. Il fit sa soumission, jurant de réparer ses torts et de cesser de harceler les églises et les petites seigneuries de la région. Ce fut ensuite Léon, le seigneur de Meung, sur la Loire, qui se signala par ses massacres et ses pillages à l’autre bout du domaine royal. Les sept cents accoururent, cernèrent le bandit et ses hommes dans une tour en bois, qu’ils incendièrent et dans les décombres de laquelle on retrouva soixante cadavres, dont celui de Léon. Puis ce fut dans le Laonnois qu’il fallut encore aller faire justice, car Enguerrand de Bove assiégeait son fils, Thomas de Marle, un héros de la croisade, dans le château de Montaigu. Là encore, les sept cents firent merveille, obligeant Enguerrand à lever le siège. Cependant Vladimir, après cette dernière campagne, se montra circonspect sur son opportunité. C’est de cela que discutaient le roi et ses généraux dans le palais de la Cité en ce début d’année 1104.

—Je crois que nous avons secouru celui que nous aurions dû punir, expliqua l’époux d’Adélaïde. Ce Thomas de Marle me semble bien pire que son père, il s’est livré en représailles à quelques massacres qui font frémir.

—Bah ! nous l’aurons à l’œil, assura Louis. Je suis las de nos campagnes, j’aspire à un peu de repos.

Tarik et Vladimir étaient bien d’accord avec ce programme : voilà deux ans qu’ils guerroyaient sans cesse, prenant à peine le temps de repasser par Paris entre deux campagnes pour y saluer femmes et enfants.

Dès le retour de Louis et de ses sept cents cavaliers à la capitale, le roi Philippe fit savoir à son fils qu’il voulait le voir en son palais de la Cité, où il le reçut en présence de la cour, en une séance protocolaire :

—Mon fils, commença le roi, je suis fier de toi, tu châties les brigands sur nos terres avec une énergie que je n’ai plus. Guy, mon sénéchal, m’a fait part de tous les hauts faits d’armes que tu as accomplis pour mater les seigneurs félons de la région.

Louis salua Guy de Rochefort, le sénéchal de France et ami de son père, qui s’était fait le chantre de ses prouesses auprès du roi. Récemment rentré de la croisade, Guy, que l’on surnommait le Rouge, à cause de son abondante tignasse rousse, avait repris sa fonction, occupée en son absence par Gilbert de Garlande, un autre ami de Philippe.

—Père, ce sont mes compagnons qui m’ont permis de tels succès, expliqua le jeune prince.

—J’ai en effet entendu parler de tes sept cents chevaliers, une milice recrutée par Vladimir et Tarik, si l’on m’a bien renseigné.

—On vous a bien renseigné, Majesté, confirma Vladimir.

Après ce préambule, le roi en vint à l’objet de la convocation de Louis :

—Mon fils, reprit le roi, tu es maintenant en âge de te marier, et j’ai décidé de te donner pour femme la fille de mon ami Guy, damoiselle Lucienne de Rochefort.

Le sénéchal s’écarta sur le côté, laissant apparaître sa fille. Louis fut très étonné de cette annonce : jamais son père ne lui avait parlé d’un éventuel mariage ! Percevant une lueur d’amusement dans l’œil de Bertrade, qui siégeait à côté du roi, il comprit que cette fiancée lui avait été trouvée par sa belle-mère. Il jeta alors un œil sur la jeune fille qu’on voulait lui faire épouser. Lucienne allait sur ses quatorze ans et il faut bien avouer qu’elle arborait les habituelles disgrâces boutonneuses de l’adolescence, associées à une tignasse couleur carotte qui était loin de lui conférer la même majesté qu’à son père.

Un peu déconcerté, Louis se résigna néanmoins à obtempérer :

—Si tel est votre désir, père, lâcha-t-il du bout des lèvres, ce qui donna à penser à l’assemblée que ce désir n’était pas vraiment le sien.

Puis il quitta la pièce, accompagné par Tarik et Vladimir, mais dès qu’il fut loin des oreilles royales, il s’emporta :

—Qu’est-ce qui prend à mon père de vouloir me marier à ce laideron ?

—Ce qui est surprenant, ajouta Vladimir, c’est qu’il s’agit d’un bien petit lignage pour l’épouse de l’héritier du trône.

—Je m’en serais accommodé, si au moins cette Lucienne était à mon goût, maugréa Louis.

—Je pense que cette mésalliance est un coup bas porté par Bertrade, estima Tarik. Elle rêve toujours que son fils, Philippe, succède à son père. Or le roi vient de l’obliger à unir son cher rejeton à Elisabeth, la fille de Guy de Montlhéry, de petite noblesse et bien indigne d’un futur roi.

—Alors, pour ne pas défavoriser son fils, Bertrade a voulu marier de même Louis bien en-dessous de son rang ? s’étonna Vladimir.

—La chose est bien possible, confirma Tarik.

C’est alors qu’Ingrid et Adélaïde rejoignirent leurs époux et Louis, qui les mirent au courant de cette dernière nouvelle.

—De toute façon, je n’épouserai pas cette damoiselle, conclut Louis, elle n’est ni à mon goût, ni de mon rang.

—Pas de panique, intervint Ingrid. Lucienne, à ma connaissance, n’est pas nubile, il vous suffira d’exprimer le souhait que le mariage ne soit prononcé que lorsqu’il sera « consommable », ce qui vous laisse deux ou trois ans de répit. D’ici là, nous trouverons bien quelque chose pour faire annuler ces fiançailles.

—Entendu, acquiesça Louis. Il est vrai que votre famille s’est occupée de marier mon père et mon grand-père, sans compter quelques autres rois et grands de ce monde.

—Absolument, admit Ingrid, même si malheureusement le roi n’a pas suivi mon conseil lorsqu’il s’est acoquiné avec Bertrade.

—Je crois savoir que Roxana, notre cousine saxonne, a continué cette tradition, ajouta Adélaïde. C’est elle qui aurait conseillé le roi Henri d’Angleterre dans le choix de la jeune Mathilde d’Écosse comme épouse.

—La sœur de Marguerite et Ethelred ? s’étonna Vladimir. Je la croyais nonne.

—Tout le monde la croyait nonne, confirma Adélaïde, mais elle avait pris le voile sans prononcer ses vœux. Roxana avait suivi cette affaire et a recommandé à Henri d’allier sa maison avec celle d’Écosse.

—Judicieuse alliance, nota Ingrid, et qui a déjà donné lieu à deux naissances, une petite Mathilde voici deux ans et un jeune Guillaume l’année passée.

—On n’a guère d’imagination pour les prénoms, dans cette famille ! fit remarquer Vladimir.

—En donnant à son fils le prénom du Conquérant, Henri manifeste clairement son désir qu’il succède à son père et son grand-père des deux côtés de la Manche, nota Tarik.

—Ainsi, reprit Ingrid, nos neveux byzantins, Marguerite et Ethelred, sont belle-sœur et beau-frère du roi d’Angleterre.

Le repentir

e son côté, le roi Philippe, après avoir ainsi trouvé des épouses pour ses deux fils, en était toujours à se débattre avec l’Église au sujet de son mariage avec Bertrade. À la mort du pape Urbain, les époux excommuniés avaient espéré une levée de leur sanction, mais Pascal II avait repris point pour point les décisions de son prédécesseur concernant le couple royal : Philippe et Bertrade avaient contracté une union illégitime, ils resteraient excommuniés tant qu’ils ne se sépareraient pas l’un de l’autre.

Les archevêques de Sens et de Reims, stimulés par l’évêque Richard d’Albano, le légat désigné par le pape, s’étaient entendus pour convoquer le roi à un synode à Troyes. Mais Philippe et Bertrade, fidèles à leurs habitudes, se gardèrent bien de répondre à cette convocation.

Les deux évêques et le légat étaient circonspects quant à la conduite à tenir suite à cette nouvelle dérobade du couple royal. Yves de Chartes vint les rencontrer à Reims au mois d’avril.

—Mes amis, commença le frère de Tristan et de Guy, voilà trop longtemps que le roi joue au chat et à la souris avec nous. Quelle excuse a-t-il encore inventée pour ne pas se rendre à votre convocation ?

—L’éloignement, expliqua Manassès de Reims. Troyes est loin de ses terres et dame Bertrade est malade, nous a-t-il fait dire par ses messagers.

—Il a osé prétendre qu’il se rendrait à un concile pour peu qu’il soit plus près de ses terres et que sa concubine aille mieux, ajouta Daimbert de Sens.

—Eh bien ! Il faut le prendre au mot, proposa Yves. Invitons-le à un concile sur son domaine à la belle saison et demandons l’expertise médicale de mon frère, qui est le médecin de l’Hôtel-Dieu, pour juger de la santé de dame Bertrade.

Ainsi fut fait, et Philippe et son épouse furent convoqués à Beaugency par le légat Richard pour le 30 juillet de l’année 1104.

Le matin du 15 juillet, Tristan se présenta au palais de la Cité, accompagné de son fils Jean, et il demanda à voir la reine. Il fut reçu par Philippe et Bertrade :

—Que nous vaut le plaisir de recevoir l’éminent médecin-chef de notre Hôtel-Dieu ? s’enquit le roi.

—J’ai ici un ordre écrit du légat Richard d’Albano, me demandant de venir m’enquérir de la santé de Sa Majesté la reine et de m’assurer qu’elle pourra bien se rendre au concile de Beaugency.

Philippe voulut voir cet ordre, tant il trouvait extraordinaire cette requête. Il dut se rendre à l’évidence, Tristan était bien missionné par l’Église.

—Il ne saurait être question de répondre à l’injonction de ce moinillon ! s’emporta Philippe.

—Ce « moinillon » est le légat du Saint-Siège, Majesté, rappela Tristan, ce qui veut dire qu’il exprime la volonté du pape, qui exprime lui-même celle de Dieu.

—Je vais très bien, intervint Bertrade pour couper court au débat et tout aussi courroucée que son époux, je n’ai point besoin d’un examen pour me le confirmer.

—Eh bien ! je suis ravi d’entendre cela, assura Tristan. Je ne remettrai pas en doute votre diagnostic et je m’en vais le communiquer à monseigneur Richard ; il sera enchanté d’apprendre que vous pourrez vous rendre au concile, qui aura lieu dans quinze jours.

—La santé de Bertrade est fragile, intervint Philippe, il se pourrait qu’elle rechute de quelque maladie de langueur.

—C’est pourquoi je viendrai la visiter chaque jour. Le clystère1 rempli de trois bonnes pintes d’eau tiède aromatisée est souverain contre les langueurs, n’hésitez donc pas à m’appeler au moindre signe.

Jean manqua s’étouffer de rire en entendant cette médication recommandée par son père et dès qu’ils furent repartis vers l’Hôtel-Dieu, il l’apostropha :

—Je t’ai toujours entendu dire que les clystères étaient inutiles, douloureux et dangereux.

—En effet, ils ont par contre un effet curatif souverain sur les malades auxquels tu les promets. Je suis bien certain que dame Bertrade est à l’abri de toute rechute de ses langueurs pour les semaines à venir.

—Ah ! c’est de la médecine préventive, en quelque sorte ? s’enquit Jean, goguenard.

—En quelque sorte, confirma Tristan.

Dans les semaines suivantes, Dame Bertrade souffrit successivement d’une forte crise de migraine et d’une violente douleur aux entrailles. Tristan expliqua que le traitement de ces deux redoutables fléaux, qui sévissaient bien volontiers chez les dames de qualité et autres reines, reposaient sur le clystère à l’eau glacée pour le premier et à l’eau brûlante pour le second. Le médecin se présenta au palais avec son instrument fétiche, prêt à officier, mais les deux fois, dame Bertrade guérit miraculeusement avant qu’il n’ait eu besoin de recourir à cette merveilleuse thérapeutique.

Lors de la seconde visite au palais, Jean s’étonna de l’instrument apporté par son père :

—Je n’ai jamais vu un clystère de cette taille, lança-t-il.

—Et pour cause, je l’ai emprunté à un palefrenier, il s’en sert pour débourrer les chevaux constipés.

—Tu ne crois pas que tu y vas un peu fort avec cette malheureuse Bertrade ? s’esclaffa Jean.

—Ton oncle Yves m’a dit que tous les moyens devaient être mis en œuvre pour amener le couple royal au concile de Beaugency, plaida Tristan.

—Et pour faire venir la pouliche, rien de tel qu’un remède de cheval, nota Jean au passage.

C’est ainsi que le 31 juillet de l’an de grâce 1104, le concile de Beaugency s’ouvrit sous l’égide du légat Richard, en présence notamment des archevêques de Reims et de Sens et de l’évêque de Chartres. Le roi Philippe et la reine Bertrade étaient bel et bien présents, répondant pour la première fois à une convocation des grands prélats du royaume.

Le légat du pape ouvrit les débats, comme il se devait, rappelant les sacro-saints principes du mariage, tels que l’Église les entendait. À l’énoncé du réquisitoire, il semblait tout à fait évident que Philippe et Bertrade avaient exagéré dans l’horreur. Bertrade, l’épouse légitime de Foulques le Réchin, avait été enlevée par les hommes de Philippe, et sans qu’aucune annulation de son premier mariage n’ait été prononcée, elle s’était unie au roi, lui-même marié à Berthe de Frise, qu’il avait répudiée sans cause admissible par l’Église. L’évêque Philippe de Troyes, qui avait prononcé ce mariage scandaleux, était présent au concile et se faisait tout petit sur son siège, tandis que le légat Richard lui lançait des œillades assassines. Enfin, pour parachever l’ignominie, on avait découvert un degré de parenté entre le roi et sa concubine. La coupe était pleine. Philippe prit alors la parole :

—Messeigneurs, lança-t-il aux grands prélats de l’assemblée, j’entends bien vos arguments et je perçois l’émoi qu’ils suscitent jusqu’au Saint-Siège, c’est pourquoi j’accepte la séparation demandée d’avec ma chère Bertrade.

Cette entrée en matière sidéra tout le monde : le roi acceptait de quitter Bertrade ! Mais les prélats se rappelèrent alors que Philippe avait déjà maintes fois fait cette promesse, allant effectivement jusqu’à rompre avec sa concubine ; bien vite cependant, les amants maudits s’étaient retrouvés, reniant tous leurs engagements.

Puis le roi reprit la parole :

—Cette séparation sera effective jusqu’à ce que j’aie pu faire entendre mon bon droit, et obtenu de Sa Sainteté le pape Pascal qu’il entérine mon mariage avec Bertrade. Je rappelle ici que je suis veuf, ma chère épouse Berthe étant décédée. Que le mariage de Bertrade avec Foulques d’Anjou était illégal, le Réchin étant marié par ailleurs. Enfin le degré de parenté que l’on nous reproche est tout à fait imaginaire.

Le soupir que poussèrent en chœur les prélats depuis leurs rangs fut perceptible jusqu’à Rome, où il fit trembler, paraît-il, la tiare papale elle-même : Philippe n’abandonnait pas la bataille.

Le légat Richard, très ennuyé, leva la séance afin de pouvoir se concerter avec ses collègues. Les discussions furent animées ce soir-là au repas des évêques et archevêques et les mitres branlèrent fortement au-dessus de toutes ces saintes cervelles surchauffées.

—On ne peut pas se contenter de cette conclusion du roi, qui laisse entendre que son mariage est légal, déclara le légat Richard.

—En effet, nous ne pouvons pas en rester là, admit Yves, il faut profiter de l’occasion pour essayer de le ramener à la raison. J’ai vu Robert d’Arbrissel dans l’assistance, peut être pourrions-nous lui demander de faire un des prêches dont il a le secret. Philippe et Bertrade ne sont pas insensibles à la parole de Dieu, peut-être Robert trouvera-t-il le chemin de leur cœur.

—Frère Robert pourrait en effet être l’homme de la situation, approuva Daimbert de Sens. Je l’ai entendu prêcher la croisade, il a enrôlé la moitié du pays : il ferait pleurer un rocher !

—Nous n’avons rien à perdre, acquiesça à son tour Manassès, l’archevêque de Reims ; demandons à Robert de ramener ces deux grands pécheurs à la raison.

C’est ainsi que le lendemain fut consacré à un long prêche du fondateur de l’abbaye de Fontevraut. Philippe et Bertrade écoutèrent sans piper mot les grandes envolées de Robert. En fin de séance, le légat Richard reprit la parole pour confirmer que le roi et son épouse resteraient excommuniés tant qu’ils ne se seraient pas séparés et n’auraient pas renoncé à toute demande de reconnaissance de leur mariage.

On en était toujours là deux semaines plus tard, quand Yves, rentré dans son diocèse de Chartres, reçut une visite pour le moins inattendue : le roi demandait à voir son plus irascible opposant, celui qu’il n’avait pas hésité à faire emprisonner quelques années plus tôt.

—Majesté, commença Yves, je suis tout autant honoré que surpris de vous voir dans mon modeste évêché.

—En effet, admit le roi, la chose est surprenante car tu es le plus indiscipliné de mes sujets, celui qui me cherche noise depuis des années.

—Majesté, je ne fais qu’essayer de vous faire entendre la voix de Notre-Seigneur.

—Tu sais que j’ai rêvé plus d’une fois de t’étrangler de mes propres mains, poursuivit le roi.

—Sire, vous me faites trop d’honneur à vouloir vous donner cette peine, ironisa Yves, qui entendait bien ne pas se laisser intimider.

—Mais plutôt que de t’occire, j’ai décidé de t’utiliser comme avocat.

—Comme avocat ! manqua s’étouffer l’évêque, mais auprès de qui ?

—Auprès du pape, répliqua Philippe. Toi, il t’écoutera : tu es son principal conseiller dans les affaires me concernant et on ne te soupçonnera pas d’avoir été acheté.

—Et vous comptez sur moi pour plaider votre cause auprès de Sa Sainteté ! s’esclaffa Yves.

—Parfaitement.

—Et pourquoi ferais-je cela ? s’enquit l’évêque.

—Parce que je crois que malgré ton foutu caractère et ta notable insoumission, tu es un homme juste et miséricordieux, capable de comprendre les tourments de l’âme humaine.

—Je comprends les tourments des âmes les plus noires, confirma Yves, mais je ne saurais les admettre.

—Écoute, avant de juger, reprit le roi. En ce qui concerne notre affaire, j’aime Bertrade et elle me rend ce sentiment, c’est aussi simple que cela. Je sais que dans ta famille, on se marie par amour, tu dois pouvoir nous comprendre.

—Dans ma famille, on n’épouse pas une femme déjà mariée, fit remarquer Yves.

—Tu sais comme moi que le Réchin avait épousé Bertrade contre son gré et sans avoir divorcé de sa femme précédente. Il n’y avait ni amour ni légitimité dans cette union, qu’il était juste de défaire.

—Vous-même étiez marié de manière fort légitime, ce me semble.

—Certes, et je confesse là une faute. Mais depuis, Berthe est décédée, je suis donc en droit de me remarier.

—Et votre consanguinité avec Bertrade ? continua Yves.

—Depuis Adam et Ève, nous sommes tous consanguins et il faut remonter jusqu’à eux pour trouver le moindre lien du sang entre Bertrade et moi.

—Les généalogistes du Vatican ne sont pas remontés aussi loin, me semble-t-il, persista Yves.