La Saga des Limousins - Tome 22 - Yves Aubard - E-Book

La Saga des Limousins - Tome 22 E-Book

Yves Aubard

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Les bâtisseurs est le tome 22 de la «Saga des Limousins». Il se déroule entre les années 1122 et 1128.

Dans ce livre nous verrons comment les Bâtisseurs et autres tailleurs de pierres de la famille des seigneurs de Châlus auront des idées novatrices en matière de construstion d’églises et comment ils vont les mettre en oeuvre sur l’abbatiale de Saint-Denis et la cathédrale de Sens. En Europe le pape et l’empereur mettront enfin un terme à la querelle des investitures, mais ce dernier sera pris d’une étrange lubie : conquérir le royaume de France. Le roi Louis VI va convoquer pour la première fois l’ost de Francie, et les Germains, intimidés par la forte mobilisation à l’ouest du Rhin, renonceront à leur projet de conquête. En Terre Sainte, le roi Baudouin après avoir été retenu prisonnier deux ans chez les Turcs, recouvre enfin sa liberté et prépare sa succession.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1957, Yves Aubard est professeur de gynécologie au CHU de Limoges. Originaire de Châlus, célèbre pour son château, du haut duquel fut tiré le trait d’arbalète qui blessa mortellement Richard Cœur de Lion à la fin du XIIe siècle. Yves Aubard est passionné d’histoire en général et d’histoire de la médecine en particulier comme en témoigne le titre de sa thèse de Doctorat en médecine : « historique de l’opération césarienne ». Il vit à Verneuil sur- Vienne (87).

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Tous droits réservés pour tous pays

Yves AUBARD

La Saga des Limousins

Tome 22 :

Nouveaux bâtisseurs

(1122-1128)

(de saint-denis à sens)

Livres du même auteur, déjà parus chez la Geste Éditions

Dans la série « La Saga des Limousins »

– Tome 1 : Le Seigneur de Châlus, du Limousin au Périgord – octobre 2012

– Tome 2 : L’An Mil, de Rome en Anjou – mars 2013

– Tome 3 : Les Grands Voyages, de Salerne aux Vikings – septembre 2013

– Tome 4 : Le Roi Robert, de la Bourgogne à Jérusalem – mars 2014

– Tome 5 : Racines et honneurs, de Barcelone à Ispahan – septembre 2014

– Tome 6 : Troisième Génération, de Sens à Dreux – mars 2015

– Tome 7 : Le Roi Henri, de la Normandie à Châlus – septembre 2015

– Tome 8 : La Main de Fer, de Bretagne en Hongrie – mars 2016

– Tome 9 : Du Bâtard au Duc, de Val ès Dunes à Kiev – octobre 2016

– Tome 10 : Le grand schisme, de Rome à Constantinople – mars 2017

– Tome 11 : Régences, de Germanie et Francie – octobre 2017

– Tome 12 : Du Duc au Roi, de Barbastro à Hastings – mars 2018

– Tome 13 : Les brodeuses, de Cantorbéry à Bayeux – octobre 2018

– Tome 14 : L’enfant loup, de Pampelune à Canossa – mars 2019

– Tome 15 : La geste du Guiscard, d’Apulie en Thrace – octobre 2019

– Tome 16 : Philippe et Bertrade, de Chartres à Clermont – juin 2020

– Tome 17 : Dieu le veut, de Clermont à Antioche – novembre 2020

– Tome 18 : L’avoué du Saint-Sépulcre , de Gisors à Samarcande – mars 2021

– Tome 19 : Louis le Batailleur , de Lisbonne à Chang An – octobre 2021

–Tome 20 : Nouveaux monachismes , de Fontevraud à Clairvaux – mars 2022

– Tome 21 : La Blanche Nef, de Barfleur à Cutanda – septembre 2022

Hors-série « Saga des Limousins »

– Le Sang et la Pierre – mars 2017

– Ambroise Paré, chirurgien des rois et roi des chirurgiens – mars 2019

Dans la série « 7 »

– 7 opus 1 – mars 2016

– 7 opus 2 – mars 2017

– 7 opus 3 – avril 2019

Résumés des tomes précédents

Tome 1 : Le Seigneur de Châlus

En l’an 968, sous le règne du roi Lothaire, Tristan, le forgeron du village de Châlus, en Limousin, trouve en forêt un enfant abandonné âgé de deux ans environ, qu’il fait baptiser du nom de Lou par Ignace, le curé du village. Lou grandit dans le foyer de Tristan et Gilberte, et son père l’initie au travail de la forge. Lou épouse Mathilde, jeune guérisseuse du village. Ils auront trois enfants, Eudes, Jean et Isabelle. Lou sauve la vie de son seigneur, le vicomte Guy de Limoges. Guy l’anoblit pour le remercier et lui confie le fief de Châlus avec mission de le fortifier. Peu après le miracle des Ardents à Limoges, les Périgourdins assiègent, sans succès, Lou dans son fief. Le vicomte Guy et ses Limousins décident de mener campagne en Périgord pour punir leurs belliqueux voisins. Boson le Bel, le chef périgourdin, s’est réfugié dans le château de Commarque, au sud-est de ses terres. L’armée limousine met le siège devant cette forteresse et finira par la prendre après moult péripéties, rétablissant Boson le Vieux, le comte légitime du Périgord, dans ses prérogatives.

Tome 2 : L’An mil

Grimoald, l’évêque d’Angoulême, dérobe les présents faits au mariage de Will (un compagnon d’armes de Lou) et Jeanne. Il est démasqué par Lou et ses fils, et il est emmené prisonnier à Limoges. Lou et toute sa famille accompagnent Guy qui va à Rome, accompagné de Grimoald, pour le faire juger par le pape Sylvestre. Jean devient un élève du pape. Il se lie d’amitié avec Avicenne et tombe amoureux d’Anne. Mais Sylvestre meurt, Jean et Anne doivent quitter Rome et rentrent en Limousin. À Limoges, Foulques Nerra, le comte d’Anjou, demande à Guy la main de sa fille Hermine. Eudes et Hermine découvrent qu’ils s’aiment. Foulques Nerra a organisé un grand tournoi pour fêter son mariage avec Hermine. Les joutes sont sanglantes. Foulques tente de faire assassiner Lou et sa famille, tandis que Jean utilise les terreurs nocturnes du comte d’Anjou pour le faire renoncer à la main d’Hermine. Eudes et Hermine s’aiment, mais un fils de seigneur ne peut demander la main d’une fille de vicomte. Jean n’ose déclarer sa flamme à Anne, qui se lasse et décide de quitter Limoges pour aller servir le duc d’Aquitaine. Ainsi les deux fils de Lou ont des chagrins d’amour. Jean, très déprimé, décide de partir pour étudier la médecine à Salerne.

Tome 3 : Les Grands Voyages

Jean arrive à Salerne. Il y obtiendra son diplôme de médecin et deviendra l’amant de Christine, un magister de l’école. Il apprend que Christine est enceinte de lui peu de temps avant d’être incarcéré à Naples car il a tué Étarus, un autre magister de l’école, pour venger la mort d’un ami. Pendant ce temps-là, en France, Eudes s’illustre dans les tournois, et Guy accepte de lui donner la main d’Hermine. Lou et ses enfants décident d’aller porter secours à Jean, ils parviennent à le libérer par la ruse ainsi que son compagnon de prison : Knut, le fils du roi du Danemark. Les Limousins rentrent à Châlus. Guy décide de marier son fils Adémar à Sénégonde du Périgord, et Jean retrouve Anne, à laquelle il déclare son amour. Ce sont donc trois mariages, avec celui d’Eudes, qui sont célébrés à Limoges. Peu après, Emma, Mathilde et Isabelle sont enlevées par des Vikings. Lou, ses fils et quelques compagnons partent pour libérer les femmes enlevées. Ils y parviendront mais devront voyager jusqu’au mythique Vinland. Isabelle y trouvera un époux viking, Bjarni, et Anne donnera naissance à Jason après une opération miraculeuse. Lou et ses compagnons regagnent ensuite le Limousin. Eudes découvre qu’Hermine a mis au monde sa fille Adalmode. Jean reçoit un courrier de Christine lui annonçant la naissance de leur enfant, Trotula.

Tome 4 : Le Roi Robert

Lou et ses enfants font la connaissance de Robert II, le roi de France. Ce dernier propose à Jean, Anne, Isabelle, Eudes et Bjarni de rentrer à son service. Les jeunes gens acceptent. De leur côté, Guy, Lou, Mathilde, Raoul de Couhé et Aline de Bruzac partent en pèlerinage à Jérusalem. Sur leur route, ils sont incarcérés à Mâcon par l’évêque Brunon de Roussy. Eudes, Isabelle, Jean et Bjarni parviendront à les libérer. Les pèlerins reprennent leur route vers Jérusalem. Ils assistent au massacre des Bulgares par le basileus à la bataille de la Passe de Kleidion. En France, grâce à Eudes et Bjarni, la ville de Sens tombe et Dijon ouvre ses portes au roi, qui prend ainsi possession du duché de Bourgogne. Hermine a accouché à Limoges de Guy-Lou, son second enfant. Jean, Eudes, Anne et Bjarni partent en Italie pour assister au sacre de l’empereur germanique Henri II et ils poussent jusqu’à Salerne. Pendant ce temps, les pèlerins ont visité Jérusalem et ils sont repartis par la mer. Ils font une halte à Salerne, ce qui leur permet d’aider Eudes, Bjarni et Jean à repousser une attaque sarrazine. Puis tout le monde rentre en France. Foulques Nerra remporte la victoire de Pontleroy sur Eudes de Blois, mais il échoue à prendre la ville de Tours. Tandis qu’Isabelle met au monde un garçon, Lou-Leif, le roi Robert fait couronner Hugues, son fils aîné, à Compiègne.

Tome 5 : Racines et honneurs

Ignace donne un indice à Lou qui lui permet de retrouver ses origines : le seigneur de Châlus est un descendant des comtes de Barcelone. Pour retrouver ses racines, Lou se rend en Catalogne avec Mathilde, Eudes et Robert de Ruffec. Lou aide la comtesse de Barcelone à repousser une attaque des Sarrazins et découvre qu’il a une sœur, Clémence, qui va épouser Robert de Ruffec. Lou renonce à revendiquer des droits en Catalogne et il rentre dans son fief de Châlus. Adémar de Chabannes et les moines de Limoges prétendent que saint Martial fut contemporain du Christ et serait donc le treizième apôtre. Le roi Robert condamne au bûcher des hérétiques à Orléans. Les enfants de Lou, accompagnés de Bjarni et Nénad, décident d’aller libérer Avicenne qui est emprisonné à Hamadan, en Perse. En route, ils croiseront l’empereur Henri II, Étienne, le roi de Hongrie, et Basile II, l’empereur de Constantinople. Jean découvre la formule du feu grégeois, ce qui permet de prendre la ville d’Hamadan et de libérer Avicenne. Le roi Robert récompense ses fidèles dès leur retour en France : Isabelle et Bjarni se voient attribuer le comté de Dreux, Eudes et Hermine, celui de Sens, tandis que Jean et Anne sont faits seigneurs de Noisy. Hugues, le fils aîné du roi, meurt du « mal du côté », au grand désespoir de Jean. La mort frappe également l’empereur Henri II, le pape Grégoire VII, l’empereur Basile II et le vicomte Guy de Limoges. Jean parvient à découvrir la manière de soigner le mal du côté et guérit ainsi Lou-Leif qui en était atteint.

Tome 6 : Troisième Génération

Les enfants de Lou sont menacés de toutes parts : Isabelle et Bjarni sont emprisonnés à Rouen par Richard III, le nouveau duc de Normandie, Jean est enlevé par Eudes de Blois qui veut lui faire avouer la formule du feu grégeois et Eudes est assiégé à Sens par ce même Eudes de Blois. Lou et ses vieux compagnons décident d’aller porter secours aux enfants, car le roi Robert dispose de peu de moyens. Tandis que Jean s’enfuit tout seul, il rejoint la troupe de Lou et, ensemble, ils parviendront à libérer Isabelle et Bjarni et à mettre en déroute les armées d’Eudes de Blois qui faisait le siège de Sens. Jason et Adalmode participeront largement à ces succès. Jason va suivre les traces de son père : il part faire des études de médecine à Salerne. Il y tombe amoureux d’Abella, jeune étudiante italienne, et il sauve Trotula, sa demi-sœur, d’un « faux germe de la trompe ». En France, Adalmode succombe au charme d’Aurèle, un jeune novice, qui renonce à ses vœux pour elle. Il y aura à nouveau un triple mariage à Châlus : Jason épouse Abella, Trotula épouse Gariopontus (un collègue salernitain) et Adalmode épouse Aurèle. Les enfants du roi Robert se révoltent contre leur père, Eudes et Bjarni les ramèneront dans le droit chemin, mais le roi est las de toutes ces querelles familiales et rend son âme à Dieu à Melun.

Tome 7 : Le Roi Henri

Henri, dès son avènement, est menacé par une coalition menée par sa mère, Clémence d’Arles, qui veut mettre la couronne de France sur la tête de Robert, son second fils. Isabelle, Bjarni, Eudes, Jean et Jason décident d’aider le jeune roi et, avec l’appui des Normands, ils remportent une victoire décisive à Villeneuve-Saint-Georges. Cependant, Bjarni et Isabelle décident de ne plus servir Henri qui s’est montré injuste envers ceux qui ont sauvé sa couronne. La reine Clémence meurt à Melun, un an après son époux. Johan, le prince de Salerne, envoie à Paris des assassins pour tuer Jason et enlever Abella. Jean sauvera son fils et ce dernier devra aller jusqu’en Italie pour retrouver son épouse. Robert le Magnifique part en pèlerinage à Jérusalem avec Bjarni, mais seul le Viking reviendra de ce périple. Ainsi, Guillaume le Bâtard se retrouve duc de Normandie à l’âge de huit ans. Lou-Leif devient son garde du corps. Bjarni finit par retrouver Eudes de Blois dans un duel et le tue. Tandis que Lou et toute la famille passent la Noël à Châlus, ils sont assiégés par une « milice de Dieu », menée par un moine fanatique et Lisois d’Amboise. Guy-Lou et Lou-Leif tomberont amoureux de deux sœurs jumelles, Hélène et Élise. Le seigneur de Châlus montrera qu’il a de la ressource et les assiégés mettront leurs ennemis en déroute. Lou est gravement blessé lors du siège et demande à son fils Jean de ne pas le soigner. Mais c’est sans compter sur Jason et Abella qui tireront le seigneur de Châlus des griffes de la mort.

Tome 8 : La Main de Fer

Lou doit restaurer Châlus et reconstruire son église. Il fait appel à un bâtisseur limougeaud. Il en profite pour améliorer l’ancestral araire de ses paysans. Guy-Lou et Lou-Leif se marient avec Hélène et Élise. Bjarni, aidé de Jason et Jean, dévie le Couesnon, petit fleuve frontalier entre Bretagne et Normandie, de manière à ce que le Mont-Saint-Michel devienne normand. Alain III, le duc de Bretagne, menace d’envahir la Normandie, Isabelle et Brunehilde vont négocier avec lui. Le duc tente d’abuser de Brunehilde qui doit l’empoisonner pour ne pas être violentée. En Germanie, l’empereur Henri envoie Guy-Lou espionner le roi Samuel Aba de Hongrie, qui martyrise les chrétiens sur ses terres. Les Germains iront ensuite destituer ce roi païen pour remettre sur le trône le très chrétien Pierre Orseolo. Édouard, le cousin du jeune duc Guillaume, est sacré roi d’Angleterre. Guillaume nomme Lou-Leif connétable de Normandie. En France, la reine Mathilde de Frise et sa fille meurent de la diphtérie. Guy est atteint par ce mal, mais Jean et Jason le sauvent en réalisant une trachéotomie. Après une dernière campagne en Gascogne, Lou rentre à Châlus, il souffre depuis plusieurs mois d’angine de poitrine qui l’oppresse comme « une main de fer ». Lou fait un infarctus lors d’une partie de pêche dans la Tardoire et il décède au pied de son château. Mathilde décède à son tour quelques semaines plus tard.

Tome 9 : Du bâtard au duc

Les barons normands complotent contre le jeune Guillaume, lui reprochant sa bâtardise. Bjarni décide d’aller raisonner les rebelles, mais il tombe dans une embuscade et est empoisonné sur ordre des conjurés. Golet, le bouffon de Guillaume, avertit son maître qu’une troupe d’assassins veut lui faire un sort à Valogne. Guillaume échappe à cette attaque. Le jeune duc fait alliance avec le roi Henri pour affronter ses ennemis à la bataille de Val ès Dune. Il remporte la victoire et les descendants du seigneur de Châlus font justice des meurtriers de Bjarni. Isabelle est envoyée en délégation pour convaincre Mathilde de Flandre d’épouser Guillaume, et Anne de Kiev d’épouser le roi Henri. Ces deux missions sont couronnées de succès et se solderont par des mariages. Brunehilde trouve l’homme de son cœur en Russie en la personne d’Igor, le frère de la reine Anne. Adémar devient novice à Cluny. Tibelle devient moniale et conseillère du pape Léon, tandis que Guy-Lou sera le garde du corps du souverain pontife. Hermine décède d’une pneumopathie à Sens. Jean a convoqué Trotula, Jason et Abella pour leur faire part de la grande œuvre de sa vie : il a décrit l’anatomie humaine à l’aide de dissections qu’il a menées clandestinement sur des cadavres, un moine allemand illustrant ses descriptions. Les trois jeunes sont enthousiasmés par ce travail, ils décident néanmoins de tenir secrètes ces découvertes qui pourraient valoir une condamnation à mort à Jean et à son dessinateur. Jean décède, épuisé par le labeur qu’il mène depuis des années.

Tome 10 : Le grand schisme

Jason et Abella vont assister deux grandes dames lors de leur accouchement. La duchesse Mathilde de Normandie et la reine Anne de France donneront des héritiers mâles à leur époux. Le jeune Lou II est devenu le meilleur écuyer d’Aquitaine, il est adoubé chevalier et tombe amoureux de Sybille, une Châlusienne. Le comte d’Anjou, Geoffroy Martel, a enlevé Eudes pour régler son vieux contentieux avec les descendants du seigneur de Châlus. La famille ira délivrer Eudes de sa prison angevine, mais lors de son évasion ce dernier est blessé, il rend son âme à Dieu dans les bras de Lou II, son petit-fils. Entre le duc de Normandie et le roi de France, la situation s’envenime. Isabelle et ses enfants aideront le jeune duc à vaincre Henri, pourtant allié à Geoffroy Martel, à la bataille de Mortemer. Henri s’en prend à Isabelle qu’il emprisonne à Paris, mais la famille veille, la comtesse de Dreux sera rapidement libérée. À Rome, le pape Léon tente d’épurer l’Église de ses vices les plus notoires. Cela ne se fait pas sans heurts, il est vaincu à Civitate et retenu prisonnier par les Normands d’Italie, tandis que ses émissaires prononcent la rupture avec le patriarche de Constantinople, c’est le grand schisme. Tibelle et Adémar rétablissent cependant les relations entre les Églises de Rome et de Constantinople, tandis que Guy-Lou obtient la libération du pape. Cependant Léon IX ne se remet pas de sa capture, il meurt en rentrant à Rome. Son successeur, Victor, est choisi par l’empereur Henri III. Pour clore ce volume, les trois enfants d’Adalmode et Aurèle : Mathilde, Emma et Lou, se marieront à Châlus, cédant à la tradition familiale des triples mariages.

Tome 11 : Régences

L’empereur de Germanie, Henri III, meurt brutalement, son fils, le futur Henri IV, n’a que six ans. Une régence dirigée par Agnès d’Aquitaine, l’épouse du défunt, débute en Germanie. Golet s’éprend d’Hermine, la fille aînée de Guy-Lou et Hélène. Il est anobli par Guillaume qui le nomme seigneur de Gisors. Le roi de France, Henri Ier, s’allie avec Geoffroy Martel d’Anjou, pour attaquer Guillaume de Normandie. Ce dernier remporte une victoire sur ses ennemis à Varaville. Igor et Bjarni II accompagnent Edgar l’Exilé, qui est de retour en Angleterre. Bjarni tombe amoureux de la sœur de lady Godiva, Roxana. Cette dernière part en Écosse, accompagner Duncan Canmore, qui veut venger la mort de son père. Bjarni l’accompagne pour la protéger, ils sont bientôt rejoints par Igor. Bjarni demande la main de Roxana sur le champ de bataille à Lumphanan. Le roi de France, dépressif depuis ses défaites contre les Normands, meurt à son tour, laissant lui aussi un fils de six ans et une régence à la tête de son royaume. Pendant ce temps-là, à Châlus, Sybille est devenue maître verrier. Lou de son côté sert Guillaume VII d’Aquitaine, mais le duc décède d’une dysenterie. De dépit, le Châlusien fracturera le nez du comte d’Anjou, une vieille tradition familiale. Le petit Lou III, le fils de Lou II et Sybille, tombe dans la Vienne, dans les bras d’Anne, sa grand-tante. Alors que cette dernière se noie, l’enfant est emporté par les flots dans son berceau et recueilli par des loups qui vont l’élever. À Limoges, les clunisiens s’installent à l’abbaye Saint-Martial, Adémar, le frère de Tibelle, est le premier abbé venu de la célèbre institution bourguignonne.

Tome 12 : Du duc au roi

Un ermite prénommé Étienne va s’installer à Muret, dans les forêts au nord d’Ambazac, il y rencontre un enfant élevé par des loups, qu’il baptise Lupus. Bjarni devient comte de Mercie sous le nom d’Edwin. Le pape Alexandre prêche une guerre sainte, qu’il appelle « croisade », contre les Maures d’Espagne. Dans cette armée du Christ, on retrouve de nombreux membres de la famille du seigneur de Châlus, qui seront tous écœurés par le grand massacre perpétré par les Chrétiens à Barbastro. En portant secours à une Sarrazine, Ajiba, la fille de l’émir de Saragosse, Guy va en tomber amoureux et il finira par l’épouser, s’installant à la cour de son beau-père. À la mort du roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, le Saxon Harold s’empare de la couronne. Guillaume de Normandie s’estime lésé, car cette couronne lui avait été promise. Le jeune duc prépare minutieusement une invasion de l’Angleterre pour aller prendre son dû. Harold est attaqué par les Vikings du roi Harald de Norvège, qu’il va vaincre et tuer à la bataille de Stamford Bridge. Pendant ce temps-là, Guillaume a débarqué dans le sud de l’Angleterre, il s’installe à Hastings, un petit village côtier. Harold traverse le pays à marche forcée pour aller rejeter à la mer les envahisseurs normands. La bataille a lieu sur la colline de Senlac à quelques lieues d’Hastings. L’issue en est indécise, mais Lou parvient à tuer le roi Harold d’une flèche tirée avec un arc métallique à longue portée qu’il a confectionné. Igor, Lou-Leif, Guy-Lou et Lou parviennent à faire une brèche dans la terrible ligne des Housecarls saxons, ce qui permet aux Normands de remporter la bataille. Épuisés, Guillaume et ses compagnons se couchent et s’endorment à même le sol sur le champ de leurs exploits.

Tome 13 : Les brodeuses

Le lendemain de la bataille d’Hastings, Guillaume cherche le corps d’Harold et fait appel à Édith dite « au col de cygne », pour identifier le Saxon. Édith est ensuite assaillie par des soldats normands. Pierre, le fils de Lou-Leif, défend la jeune fille et l’emmène, jusqu’à Londres, où il va chercher refuge auprès de son frère, Bjarni, le comte de Mercie. Guillaume se fait sacrer roi d’Angleterre à Westminster, puis il rentre en Normandie. Il y aura à nouveau trois mariages dans la famille : Adalmode et Ulrich, Pierre et Édith, et Tristan qui épouse Clémence, une jeune servante. Ajiba, venue au mariage avec son mari Guy, est arrêtée à Paris. Il faudra toute la sagacité de Golet pour plaider la cause de la jeune femme et la faire libérer. En Limousin, l’abbé Adémar rénove l’église abbatiale de Saint-Martial. Gauvin, un des fils de Lou, devient apprenti tailleur de pierre. Guillaume doit rentrer en Angleterre car les Saxons se révoltent. Il y mène une campagne de représailles impitoyables. Isabeau a l’idée de faire une grande broderie qui représenterait tous les préparatifs puis la conquête de l’Angleterre. Odon accepte cette idée, John un moine anglais dessine la trame de la broderie, et les femmes de la famille se rendent à Cantorbéry pour broder ce que l’on appellera la tapisserie de Bayeux. John est tombé amoureux d’Isabeau, il renoncera à ses vœux de moine pour l’épouser. Aurèle rend visite à Étienne de Muret en plein hiver, il est victime d’une attaque, il rend son dernier souffle dans les bras d’un enfant sauvageon, élevé par des loups, qu’il reconnaît comme étant son petit-fils, Lou III, disparu en bas âge. Vladimir et Ingrid conseillent au roi Philippe d’épouser Berthe de Hollande. Cette dernière arrive à Paris, mais elle est bien loin d’avoir la grâce d’Isabelle de Kiev, la reine précédente.

Tome 14 : L’enfant loup

En Limousin, un enfant loup va rejoindre le giron familial et le monde des humains. Lupus ne chôme pas dès son retour auprès de ses parents : il va participer activement à la capture du vicomte de Limoges rebelle à son suzerain, le duc Guillaume d’Aquitaine. Par ailleurs, ce dernier cherche un époux pour sa fille Clémence, mais Lupus, épris de la donzelle, va contrarier systématiquement tous ces beaux projets de mariage, participant au guet-apens d’un roi espagnol et sacrifiant au passage à la tradition familiale du « concassage de nez » des comtes d’Anjou. Pendant ce temps-là, Hildebrand, devenu pape, se fâche avec le roi de France et celui de Germanie, il ira même jusqu’à excommunier ce dernier. Pour obtenir la levée de cet anathème, le Germain devra s’humilier devant le pape à Canossa. Odon, le frère de Guillaume le Conquérant, fait consacrer sa cathédrale à Bayeux en y exposant la broderie réalisée par les femmes de la famille. John, qui s’est particulièrement illustré lors de la confection de cette œuvre, est recruté par l’évêque de Tours qui fait refaire sa cathédrale et veut l’orner de peintures. Isabeau épouse John et elle apprendra le métier de plâtrier pour suivre son homme sur les chantiers. En Normandie, Guillaume se brouille avec son fils aîné, Robert Courteheuse, qu’il va assiéger dans la forteresse où le rejeton rebelle s’est réfugié. Le père et le fils s’affrontent les armes à la main et Guillaume ne doit d’avoir la vie sauve qu’à l’intervention de Lou-Leif. Robert s’enfuit, les deux hommes semblent irréconciliables.

Tome 15 : La Geste du Guiscard

Guillaume et son fils Courteheuse, fâchés à mort à la fin du précédent volume, vont se réconcilier pour un temps grâce à l’entremise de Golet et Brunehilde, le jeune prince allant guerroyer au nom de son père jusqu’en Écosse en compagnie d’Igor et Bjarni. En Aquitaine, Lupus, en remplacement de son père indisponible, saura porter haut les couleurs de son duc lors du tournoi annuel organisé par Guillaume IX. En Germanie les margraves de l’empire se succèdent, toujours recrutés dans la famille des seigneurs de Châlus. Robert Guiscard va entreprendre la conquête de l’Empire byzantin, il y parviendra presque, mais devant secourir le pape, il devra quitter le champ de bataille, et le basileus Alexis sauvera sa peau grâce notamment à Pierre. C’est finalement le Normand qui y laissera la sienne. À Rome, le pape Grégoire s’estime responsable du sac de la cité éternelle réalisé par les hommes du Guiscard, il devra s’exiler, puis il décédera, laissant la tiare à Victor, puis à Urbain. Ce dernier annoncera qu’il a une grande idée que nous ne connaîtrons que dans le volume à venir. Guillaume de son côté voit disparaître son épouse Mathilde, victime d’une épidémie de peste. Jason, appelé au chevet de l’épouse du Conquérant, sera lui aussi frappé par cette redoutable maladie, dont il comprendra l’origine. L’âge venant, l’embonpoint gagne le duc-roi Guillaume, qui mènera sa dernière campagne contre les Français dans le Vexin.

Tome 16 : Philippe et Bertrade

Humbauld, un nouvel évêque, est venu s’installer à Limoges, au grand dam du vicomte Adémar et de l’abbé du même nom. Cet Humbauld rançonne tout le diocèse et les Châlusiens devront venir lui faire entendre raison. Les fils du Conquérant se déchirent : Guillaume le Roux est devenu roi d’Angleterre, Robert Courteheuse a hérité du duché de Normandie et Henri d’une forte somme d’argent. Mais chacun lorgne sur la part des deux autres et Lou-Leif, Igor, Brunehilde, Bjarni et Golet tentent d’éviter qu’ils ne s’entre-tuent. L’abbé Hugues de Cluny veut reconstruire son abbatiale. Ainsi Gauvin, Sybille, John et Isabeau vont-ils participer à la construction de la plus grande église de la chrétienté. Yves est nommé évêque de Chartres par le pape. Le roi Philippe répudie Berthe, son épouse, et il fait enlever Bertrade de Montfort, l’épouse de Foulques le Réchin. Le roi épouse Bertrade, ce qui lui attire les foudres d’Yves, dont il prend très mal les remontrances et qu’il fait emprisonner par Hugues du Puiset. Tandis que le pape excommunie Philippe, les descendants du seigneur de Châlus font échapper Yves de sa prison. Le basileus Alexis remporte une grande victoire sur les Petchenègues à la bataille de Lebounion. En ce qui concerne la famille, nous verrons Mahaut tomber enceinte, Ethan tomber amoureux et Igor et Lou-Leif tomber lors d’un ultime combat. Les médecins de la famille, quant à eux, font encore une découverte de grande importance pour les femmes en couches. Le pape Urbain révèle au monde sa « grande idée » : libérer le Saint-Sépulcre de Jérusalem qui est aux mains des Infidèles. Il vient à Clermont pour prêcher sa croisade devant une foule enthousiaste. Puis il passe par Limoges où il démasque l’évêque imposteur. Enfin, sur la route de Limoges à Châlus, moult amoureux vont se déclarer.

Tome 17 : Dieu le veut

Tandis que le pape Urbain continue son cheminement en France où il a missionné Robert d’Arbrissel pour plaider la croisade, la famille des descendants du seigneur de Châlus se déchire : Cyrielle et Clotilde veulent partir à la croisade contre l’avis de leurs parents. Elles vont rejoindre la longue procession menée par Pierre l’Ermite. Leurs pères, Bjarni et Golet vont également prendre la suite de l’Ermite, bien à contrecœur, dans le but d’assurer la sécurité de leurs filles. Cependant, dans la suite de cette croisade dite « des pauvres », des bandes organisent le massacre des juifs de Germanie et de Hongrie. Eudes vient au secours d’une jeune juive, Judith, dont la famille a été massacrée ; il en tombe amoureux et l’aide à se venger des meurtriers. Le margrave Ulrich en profite pour marier ses deux enfants : Ilde avec Zlato et Eudes avec Judith. La croisade « des pauvres » se fait massacrer à Civetot et Marguerite et Clotilde connaissent les affres de l’esclavage. La croisade des barons arrive à son tour à Constantinople, où les négociations pour accepter la suzeraineté du basileus sont tendues. Les membres de la famille du seigneur de Châlus, quant à eux, décident de former une petite troupe, le thème de Châlus, pour combattre ensemble sous la gouverne de Lou. Les barons prennent Nicée et remportent une grande victoire à Dorylée. Marguerite et Clotilde sont libérées, ainsi que Léa et Odile, deux croisées survivantes de la troupe de Pierre l’Ermite que Robin et Anthelme vont trouver fort à leur goût. La croisade poursuit son périple et met le siège devant Antioche. Le thème de Châlus participera largement au succès de ce siège qui sera long et laborieux. Judith et Eudes vont entreprendre leur grand projet : partir sur la route de la soie jusqu’au Cathay. Clotilde et Nizam, un prince turc épris de cette dernière, les accompagneront.

Tome 18 : L’avoué du Saint-Sépulcre

Après la prise d’Antioche, les croisés poursuivent leur route jusqu’à Jérusalem dont ils entreprennent le siège. Ils finissent par prendre la ville, bien aidés en cela par les descendants du seigneur de Châlus. Les massacres qui s’ensuivent vont cependant dégoûter les membres du thème de Châlus, dont beaucoup vont décider de rentrer au pays. Le rêve du pape Urbain s’accomplira donc, mais Dieu tiendra à en informer lui-même son représentant sur terre. Nous verrons également la réaction des Infidèles et les premiers revers chrétiens en Terre sainte. Sur la route de la soie, Judith, Eudes, Clotilde et Nizam auront des démêlés avec les redoutables Assansins d’Alamout. En Europe, Golet de retour de Constantinople découvrira que le roi Guillaume le Roux s’est emparé de son fief. Il saura récupérer son dû, mais le roi d’Angleterre réagira avec vigueur pour le malheur de Golet et Hermine. Anthelme, rendu furieux par le triste sort réservé à ses parents, ira jusqu’au régicide pour les venger. En France, le roi Philippe délègue la direction de ses états à son fils pour s’adonner au libertinage, ce qui lui vaudra les foudres de l’Église. En Limousin, Géraud et Gauvin trouveront leurs âmes sœurs. Enfin l’abbaye de Saint-Martial sera en deuil, son emblématique abbé rendant son âme à Dieu.

Tome 19 : Louis le Batailleur

Le roi Louis VI va prendre en main le royaume de France et tout d’abord ses domaines directs en y matant quelques vassaux rebelles. Pour cela, il crée une troupe composée de 700 chevaliers qui interviendra sous ses ordres pour faire respecter le bon droit. Son père, le roi Philippe, rentre enfin dans les bonnes grâces de l’Église en se séparant de Bertrade. Arrivées en Chine, Judith et Clotilde percent les secrets de la fabrication de la soie et du papier et découvrent l’extraordinaire culture de la dynastie des Hong. Elles font la connaissance du célèbre et redoutable juge Ti. En Europe, la querelle entre le Beauclerc et Courteheuse tourne à l’avantage du cadet qui emprisonne son aîné. Bohémond de Tarente, qui passe par le Limousin, épouse la fille du roi Philippe puis s’attaque au basileus Alexis, comme son père avant lui et de manière tout aussi infructueuse. Les Vikings entrent en croisade, Anthelme embarque avec eux. Après avoir essayé, sans succès, d’aider les Chrétiens d’Espagne à prendre Lisbonne aux Maures, ils seront plus heureux en aidant le roi Baudoin de Jérusalem à prendre Sidon aux infidèles de Terre sainte.

Tome 20 : Nouveaux monachismes

Tandis que la confrérie d’Étienne de Muret prend de l’ampleur dans les forêts limousines, d’autres ordres se créent tels que les Cisterciens, les Prémontrés et les Chartreux. En Europe, la querelle des Investitures oppose toujours l’empereur Henri V et le pape Pascal. En Francie, Ingrid trouve une épouse au roi Louis et le rappelle à ses devoirs conjugaux. À Paris, la rencontre d’Héloïse et d’un certain Abélard marque le début d’une histoire qui deviendra légendaire. En Angleterre, une épidémie de variole inflige un lourd tribut aux descendants du seigneur de Châlus. En Espagne, certains de ces derniers, fidèles à une tradition familiale, portent à nouveau secours aux comtes de Barcelone. Guy en profite pour léguer à Lou IV le secret de son bâton à feu. En Terre sainte, les Chrétiens doivent affronter deux djihads. Anthelme se met au service du roi Baudouin de Jérusalem, tandis que Youssef joue les Assansins. Edouard et ce même Youssef, inventant une nouvelle stratégie de combat, permettent au basileus de remporter une grande victoire sur les Turcs de Roum. Lors d’un nouveau triple mariage dans la famille, trois jeunes démontrent qu’ils sont de parfaits chevaliers d’amour. Cependant la roue du temps continue à tourner, emportant Yves, Sénégonde et John, mais Marguerite et Metteline portent déjà en leur sein l’avenir de la famille.

Tome 21 : La Blanche-Nef

Maurice Bourdin, un moine limousin devient archevêque de Braga, puis antipape avant d’être finalement destitué. Les amours d’Héloïse et Abélard débouchent sur la naissance d’un enfant puis la mutilation de l’écolâtre. En Limousin, le vicomte Adémar est emprisonné pendant deux ans tandis que son fils Guy échappe miraculeusement à une tentative d’empoisonnement. En Terre sainte, le roi Baudouin meurt d’une intoxication alimentaire en allant guerroyer en Égypte, son cousin Baudouin du Bourg lui succède à la tête de la Ville sainte. Les Chrétiens connaissent ensuite une cuisante défaite à la bataille du Champ du Sang contre Il Ghazi. Ils trouvent cependant des alliés chez les Géorgiens du roi David et ensemble, ils parviennent à vaincre les Turcs, Edouard tirant vengeance d’Il Ghazi. Jean, le médecin parisien appelé au chevet des grands de ce monde, ne parvient pas à éviter le décès de la reine d’Angleterre et du basileus Alexis. Pierre se charge de faire respecter les dernières volontés d’Alexis en s’assurant que son fils aîné, Jean, hérite de la couronne byzantine. Quatre jeunes de la famille terminent leurs études à Salerne et deviennent médecins. Aron et Kérim entrent dans la confrérie nouvelle des chevaliers du Temple, tandis que Godefroy rejoint les Hospitaliers de Jérusalem. Guy aide le jeune Alphonse Jourdain à reprendre Toulouse aux Aquitains. Cependant, la grande affaire de cette époque est le naufrage de la Blanche-Nef, une catastrophe qui décime la jeunesse anglaise, emportant notamment le jeune Guillaume Athelin, l’héritier du Beauclerc. Suger est nommé abbé de Saint-Denis. Enfin, Guy et Ajiba posent un grave problème aux médecins de la famille.

Arbre généalogique

Situation des différents personnages au début du tome 22

Projets de construction

La petite troupe des Parisiens de la famille, qui rentrait de Châlus, arriva sur la montagne Sainte-Geneviève par un bel après-midi ensoleillé le 15 avril 1122. Les hommes, Vladimir, Tarik, Ladislav, Jean et Henri, avaient voyagé à cheval, tandis que les femmes, Anne, Ingrid, Lithuaise, Marie et la petite Agnès, cheminaient dans un grand chariot tiré par deux mules. Deux Limousins accompagnaient la branche parisienne : Gauvin et son fils aîné Bertrand étaient du voyage. Cependant les conversations avaient été rares et l’atmosphère pesante tout au long des quinze jours de périple depuis le départ de Châlus. Tous avaient encore en tête les décès de Guy et Ajiba. Jean et Henri surtout, qui avaient aidé les Toulousains à aller jusqu’au bout de leur terrible décision, n’avaient pas prononcé plus de dix mots chacun pendant le trajet. Peu de commentaires avaient été émis ; même si les avis sur le sujet divergeaient au sein de la famille, on n’avait pas jugé opportun d’en discuter.

Gauvin et Bertrand contemplaient l’île de la Cité depuis les hauteurs de la montagne Sainte-Geneviève.

— C’est là qu’habite le roi ? demanda le jouvenceau.

— Oui, confirma Vladimir, son palais occupe toute la pointe ouest de l’île.

— Et là, l’église que l’on voit au milieu de l’île, c’est la cathédrale Saint-Étienne ?

— C’est bien ça, dédiée au même saint que la nôtre à Limoges, expliqua Gauvin, et tout aussi anciennement agencée.

Bertrand hocha la tête ; malgré ses seize ans à peine sonnés, il était déjà compagnon tailleur de pierre et partageait pleinement les idées novatrices de son père : à ses yeux, on construisait des églises beaucoup trop massives et sombres, aux murs épais et bas. Il avait discuté à n’en plus finir avec Gauvin de nouvelles idées en matière d’élévation de voûtes, de hauteur de murs, de taille de fenêtres, d'arcs-boutants… Le père et le fils avaient les mêmes visions révolutionnaires sur la manière d’agencer cathédrales, basiliques et abbatiales.

Les deux bâtisseurs avaient quitté leur Limousin, profitant du convoi des Parisiens qui rentraient après les anniversaires de Sybille et Guy. Aurèle, le jeune frère de Bertrand, les aurait bien accompagnés, mais son père avait estimé qu’à dix ans, il était trop jeune, et le mouflet était resté auprès d’Arielle, sa mère, au château de Mortemart. On avait expliqué à l’enfant que depuis le décès du seigneur des lieux, le père d’Alix et Arielle, et en l’absence des autres hommes de la famille, il était désigné seigneur de Mortemart, avec devoir de protection de dame Arielle. Cette mission avait quelque peu calmé les récriminations de l’enfant.

Tandis que Jean, Marie et Henri obliquaient vers l’est pour rejoindre leur demeure de Noisy, Vladimir menait le reste de la troupe vers le Petit-Pont pour gagner l’île de la Cité.

— Ainsi tu veux voir Suger ? demanda Tarik à Gauvin.

— Oui, depuis qu’il est abbé, ce bon moine m’intéresse.

— Et ensuite tu iras à Sens ? s’enquit Ingrid.

— Parfaitement, car monseigneur Henri Sanglier, depuis qu’il a été nommé archevêque, m’intéresse bigrement lui aussi, confirma le Limousin1.

— Et pourquoi cette soudaine passion pour les ecclésiastes ? interrogea Vladimir.

— Parce que ces deux-là m’ont promis, s’ils dirigeaient un jour leur institution, de faire appel à moi pour reconstruire son église abbatiale pour l’un et sa cathédrale pour l’autre.

— Tu as enfin trouvé deux clercs assez téméraires pour bâtir selon tes idées ?

— Je le crois et j’espère surtout qu’ils n’auront pas changé d’avis.

— Tu as quelques chances de rencontrer Suger au palais, expliqua Tarik. Bien que devenu abbé, il reste l’un des principaux conseillers du roi Louis.

Les prévisions du Sarrazin se révélèrent inexactes : Suger n’était pas au palais de la Cité. La direction de l’abbaye royale de Saint-Denis lui prenait beaucoup de temps et on le voyait beaucoup moins auprès du roi qu’auparavant. Tandis que Vladimir, Anne, Tarik et Ingrid décidaient d’aller saluer Louis et lui annoncer leur retour, Ladislav proposa aux Limousins de gagner avec lui sa demeure, sise elle aussi sur l’île de la Cité.

— Je vous accompagnerai demain à Saint-Denis, précisa l’époux de Lithuaise, mais pour ce soir, venez vous reposer et vous restaurer à la maison.

On passa devant l’Hôtel-Dieu où Jean, Marie et Henri ne manqueraient pas, eux non plus, de reprendre leur travail dès le lendemain. Bertrand reluqua à mirettes écarquillées ce prestigieux hôpital où tant de ses ancêtres avaient accompli tant de miracles.

Le lendemain, dès l’aube, Ladislav emmenait les bâtisseurs à Saint-Denis. L’abbaye royale sortait des brumes matinales quand elle apparut à Gauvin et Bertrand.

— L’abbé Suger a bien raison d’entreprendre la réfection de son église, estima Bertrand, cette abbatiale est un peu vieillotte, surtout pour une nécropole royale.

— Est-il vrai que le roi Philippe n’est pas enterré ici ? s’enquit Gauvin.

— En effet, confirma Ladislav. Philippe a estimé qu’étant un grand pécheur, excommunié une bonne partie de sa vie, il déparerait au milieu de ses ancêtres et il a voulu être inhumé à l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire.

Suger reçut ses visiteurs dans le petit cabinet que les abbés s’étaient construit dans le monastère.

— Eh bien, Ladislav, qui m’amènes-tu ? Il me semble reconnaître un Limousin de ta famille.

— En effet, mon père, répondit Gauvin, nous nous sommes déjà rencontrés.

— Oui, je me souviens, un maître d’œuvre qui avait des idées assez folles, je crois bien.

— Des idées nouvelles, mon père, mais qui n’ont rien de folles, assura Gauvin, et qui pourraient nettement embellir nos églises actuelles.

— Pouvez-vous me rappeler ce que vous reprochez à nos églises ?

— Elles ressemblent à des cavernes, voilà ce que je leur reproche. Elles sont petites, sombres, et avec leurs murs épais et leurs contreforts disgracieux, on dirait des places fortes. Je vous propose de construire des bâtiments élancés, lumineux, agréables à la vue.

— Eh bien, ton parent sait présenter les choses de manière avenante, déclara Suger à Ladislav. Il se trouve toutefois que ces idées assez folles pourraient m’intéresser, car j’envisage de rénover notre abbatiale.

— Ce ne serait pas du luxe, ne put s’empêcher de glisser Bertrand, père peut vous construire la plus belle église du monde.

— Le rejeton est tout aussi hâbleur que le père pour vanter sa marchandise, constata Suger amusé par la véhémence du jouvenceau.

— C’est que vous avez affaire à deux passionnés, mon père, précisa Ladislav, ils ne se contentent pas de causer, je crois qu’ils sont bien capables de faire ce qu’ils annoncent.

— Fort bien, messire Gauvin, je vous demande de me présenter des propositions de ce que vous pourriez faire pour que mon église cesse de ressembler à une caverne.

— Laissez-moi deux jours pour bien envisager le bâtiment actuel et la place dont nous disposons et je vous fais les plans d’une église comme on n’en a jamais vu, assura le Limousin.

— C’est entendu, nous vous hébergerons au monastère, vous y serez à pied d’œuvre pour réfléchir à vos plans.

Tandis que Ladislav regagnait ses pénates à Paris, Gauvin et Bertrand passèrent les deux journées suivantes à concocter les plans d’une nouvelle abbatiale. Le fils regardait bouche bée son père exercer l’art du trait : équerre et compas en main, le maître bâtisseur réalisa plusieurs épures. Il chargea Bertrand, doté de quelques talents de dessinateur, de transcrire ses idées sous forme de dessins.

Deux jours plus tard, donc, les Limousins se présentèrent à l’abbé avec les résultats de leurs cogitations.

— Mon père, je pense que nous devons agrandir l’abbatiale actuelle en commençant par le massif occidental, expliqua Gauvin, et j’ai prévu une façade harmonique, selon le modèle normand. Connaissez-vous l’abbaye Saint-Étienne de Caen ?

— L’Abbaye-aux-Hommes de Guillaume le Conquérant ? s’enquit Suger, je la connais. Elle est certes magnifique, mais je croyais que vous vouliez faire des choses nouvelles.

— En effet, confirma Gauvin, et si nous empruntons le modèle normand, je compte élever l’église bien plus que tout ce qui s’est déjà fait.

Ayant dit cela, Gauvin sortit de sa poche le dessin, réalisé par son fils, de la façade telle qu'il l'envisageait. Suger fut immédiatement frappé par ce qu’il vit.

— Il y a moult fenêtres, fit-il remarquer.

— Pas moins de huit sur les trois niveaux, confirma Gauvin, je veux que le jour entre dans votre église.

— Qu’est-ce que cette ouverture en forme de rose ? demanda l’abbé. On n’a jamais vu ça sur une façade d’église !

— C’est une rosace, mon père, une fenêtre ronde et particulière qui donne du jour sans permettre la vue.

— C’est très joli, estima l’abbé. Quant aux portes, elles sont monumentales !

— En effet, et elles sont au nombre de trois, permettant une circulation aisée.

— Les deux tours sont rejointes par un parapet curieux, continua Suger.

— Il est crénelé, évoquant, selon mon fils, la Jérusalem céleste.

Le moine jeta un œil à Bertrand.

— Ma foi ! ce jouvenceau a de bonnes idées, admit-il.

— Nous ne nous en sommes pas tenus au narthex, continua Gauvin, nous avons également réfléchi au chœur.

— Très important, apprécia Suger, je compte y présenter en majesté la relique de saint Denis.

— Il y aura même de la place pour ses co-martyrs2, déclara le bâtisseur. Il nous faudra tout d'abord surélever le chœur, ce qui mettra en valeur les reliquaires.

— Cela est très inhabituel, s’étonna l’abbé.

— Tout sera inhabituel dans votre église, assura Gauvin. Je prévois un déambulatoire et des chapelles rayonnantes.

— J’ai en effet pour projet d’agrandir notre déambulatoire, approuva Suger. Chaque année, nous déplorons des morts lorsque les pèlerins se piétinent sur le petit déambulatoire de l’ancienne basilique. Il arrive que nos moines doivent évacuer par les fenêtres les reliques des saints Denis, Rustique et Éleuthère, tant la foule se presse pour les vénérer.

— Les pèlerins pourront emprunter un double déambulatoire et visiter des chapelles rayonnantes.

— Voilà un élément qui n’est pas très nouveau, fit remarquer Suger, je crois que vous avez déjà cela à Saint-Martial de Limoges.

— Certes, admit Gauvin, mais en plus petit et moins lumineux. Regardez plutôt vos futures chapelles.

— J'en vois là profusion, constata Suger en se penchant sur le nouveau dessin que lui présentait le Limousin.

— Eh oui, car elles ne sont pas isolées, comme à Limoges, mais juxtaposées, séparées par un simple contrefort, avec de grandes baies jumelles, munies de vitraux qui laisseront entrer la lumière.

— Merveilleux ! s’enthousiasma Suger qui avait déjà en tête ce qu’il mettrait dans chaque chapelle. Mais cela va-t-il tenir debout ? Je ne vois qu’ouvertures d’immenses baies, élévations majestueuses et fort peu de murs ou de contreforts.

— En cela réside notre travail, expliqua Gauvin. Tout cela tiendra grâce aux voûtes brisées et à la croisée d’ogives. Plus de contreforts, remplacés par des arcs-boutants, évidés et bien plus gracieux que les amoncellements de pierres des renforts habituels.

Suger resta interdit un moment, contemplant les dessins des bâtisseurs.

— Messieurs, vos projets me conviennent, finit-il par dire. Je souhaite que notre abbatiale soit telle que vous me la décrivez. Il ne me reste plus qu’à trouver les fonds nécessaires.

— Le roi vous aidera-t-il ? demanda Bertrand.

— Il y est tenu, expliqua Suger. De tous temps, les rois de Francie ont financé nos travaux. Ils sont les avoués de Saint-Denis. Childebert Ier, dès le vie siècle, sur la demande de sainte Geneviève, a fait transformer la petite chapelle gallo-romaine3, lieu de l’inhumation de saint Denis, en une belle basilique. C’est un Mérovingien, Dagobert, qui a voulu faire de Saint-Denis la nécropole royale et qui fut le premier roi inhumé ici. Il a par ailleurs fait réaliser de magnifiques reliquaires pour saint Denis et ses compagnons par saint Éloi, son conseiller.

— Orfèvre du Limousin, glissa Gauvin, qui se souvenait qu’Éloi était né à Chaptelat, près de Limoges.

— En effet, admit Suger. Puis les Carolingiens, Pépin le Bref et son fils Charlemagne, ont créé ici un monastère, agrandissant la basilique pour en faire l’église abbatiale que vous voyez actuellement4. Il est donc normal que les descendants d’Hugues Capet mettent la main à la bourse pour embellir le lieu qu’ils utilisent eux aussi comme nécropole5.

— À ce sujet, le roi Philippe vous a fait quelques infidélités, nota Gauvin.

— En effet, mais j’ai déjà la promesse du roi Louis qu’il sera inhumé ici, rejoignant ses aïeux quand Notre-Seigneur le rappellera à lui. Je vous propose d’ailleurs de venir présenter vos projets au roi.

C’est ainsi que Suger et les deux bâtisseurs limousins se présentèrent deux jours plus tard au palais de la Cité. Outre le roi, Vladimir, Tarik, Ingrid, Anne et Ladislav assistaient à cette audience.

Louis fut tout aussi impressionné que Suger par les dessins de Gauvin et Bertrand.

— Eh bien, je savais que dans cette famille limousine on avait de la ressource, observa le roi, mais je ne me doutais pas qu’on y trouvait également des bâtisseurs d’un genre nouveau.

— Vous n’imaginez pas le nombre de corps de métiers que l’on trouve dans notre parentèle, Majesté, s'enthousiasma Ingrid. Outre les guerriers, les espionnes, les secrétaires, les médecins et les ambassadeurs que vous connaissez, nous avons en rayon des verriers, des émailleurs, des peintres, des chantres, et donc des bâtisseurs…, qui ont tous des idées nouvelles.

— Je vois cela, constata le roi. Mais revenons à des choses plus terre à terre ; je suppose, mon cher Suger, que tu vas me demander de financer ce beau projet.

— Eh ! Majesté, vous savez bien que les moines sont pauvres, il est donc nécessaire que vous preniez en charge l’embellissement de votre nécropole.

— Songez à l’investissement des pharaons d’Égypte pour leurs tombeaux en forme de pyramide, intervint Vladimir, et vous verrez que vous n’êtes pas parmi les plus dépensiers dans ce domaine.

— C’est que la main-d’œuvre du temps des pharaons était rémunérée avec quelques coups de trique, plaida le roi, tandis qu’il va me falloir payer mes oeuvriers.

— Voilà pourquoi mes compatriotes ont maintenu l’esclavage : pour économiser les frais de main-d’œuvre, fit valoir Tarik.

— Allons, je vais devoir lancer une souscription, annonça Louis, mais je pense que nous pourrons nous offrir notre pyramide.

— Quand pouvez-vous commencer les travaux ? demanda Suger au Limousin.

— Dès que nous aurons recruté la main-d’œuvre et regroupé le matériel, assura Gauvin.

— N’avez-vous point d’autres chantiers en cours ? demanda le roi.

— Si bien, en Limousin, mais rien qui me tienne autant à cœur que votre abbaye, Majesté.

— Aurons-nous la primeur de vos idées nouvelles ? s’enquit Suger.

— Eh bien je dois me rendre à Sens, où l’archevêque Henri Sanglier s’était lui aussi montré intéressé par mes innovations, expliqua Gauvin, je ne sais s’il a déjà réuni les oeuvriers.

Sur ces bonnes paroles, les Limousins prirent congé du roi et dès le lendemain, ils se mirent en route pour Sens.

— N’es-tu pas allé un peu vite en besogne en parlant de l’archevêque Henri ? demanda Bertrand à son père. Nous ne sommes pas encore certains qu’il veuille nous confier l’embellissement de sa cathédrale.

— Certes, mais tu as vu comme le roi et Suger tiennent à s'assurer la primeur de nos idées pour leur église. Il était bon que je leur signale qu’il y a de la concurrence pour qu’ils se hâtent un peu. Sache que même si les choses vont vite, c’est toi qui construiras selon nos plans, car je serai certainement mort avant que les chantiers ne débutent.

L’archevêque Henri Sanglier reçut les Limousins dans son palais épiscopal adossé à la cathédrale.

— Il est heureux que vous soyez venus me voir, car je projetais de vous faire mander, assura l’ecclésiaste, tant j’ai hâte de mettre en application les belles idées que vous m’aviez énoncées.

— Nous sommes là pour ça, Monseigneur, assura Gauvin.

— Je souhaite une rénovation complète de la cathédrale, et j’attends de vous des propositions.

— Eh bien, il nous faut quelques jours pour bien étudier le projet, expliqua Gauvin, mais nous pourrions vous soumettre nos premières esquisses dès la semaine prochaine.

— C’est entendu, j’ai deux chambres à votre disposition, ici même à l’évêché.

Les bâtisseurs limousins, logés à la même enseigne que les chanoines du chapitre de Sens, eurent ainsi tout loisir pour réfléchir à la construction d’une nouvelle cathédrale. Comme à Paris, c’est avec des dessins qu’ils expliquèrent à l’archevêque ce qu’ils avaient en tête :

— La cathédrale aura une forme classique, commença Gauvin, avec une nef doublée d’un unique collatéral qui englobera l’abside, puisqu’il n’y aura pas de transept.

— Vous reprenez la forme de l’église actuelle, s’étonna l’archevêque qui s’attendait à plus d’innovations.

— Certes, mais c'est la marque de votre cathédrale que cette absence de transept, très originale. L’abside sera cependant bordée de deux chapelles, nord et sud. C’est là qu'interviennent les changements : nous prévoyons trois niveaux d’élévation et une façade à trois portes, le tout agrémenté de larges fenêtres.

— Je croyais qu’on ne pouvait pas faire de bâtiments fenêtrés aussi hauts.

— Si l’on construit selon les normes habituelles, c’est effectivement impossible, confirma Gauvin, mais la croisée d’ogives permet une telle élévation.

— Comment seront réparties les travées ? demanda encore l’ecclésiaste.

— L’abside vous sera réservée, puis deux travées pour les chanoines, un jubé qui séparera les clercs des fidèles et cinq travées pour ces derniers.

L’archevêque réfléchit un moment.

— Cette répartition me semble sage, finit-il par estimer. J’ai hâte de voir l’effet de ces grandes fenêtres sur la luminosité.

— Magistral, Monseigneur, assura Bertrand, on y verra aussi bien qu’à l’extérieur.

— Bien, quand pouvons-nous commencer le chantier ?

Gauvin prit un air embarrassé pour répondre :

— C’est que l’abbé Suger vient de nous passer commande pour rénover son abbaye.

— Selon vos nouveaux préceptes ?

— Assurément. La croisée d’ogives lui a beaucoup plu.

— Et si je vous demandais la primeur de vos idées nouvelles ?

— Il faudrait faire très vite pour commencer le chantier, affirma Gauvin.

— C’est entendu, je passe commande de la nouvelle cathédrale, j’ai les fonds nécessaires pour commencer les travaux.

— Eh bien ! Voilà qui est parfait ! Nous allons nous charger de l’approvisionnement en pierres et en matériel, il vous faut de votre côté procéder au recrutement des oeuvriers.

— Je vais m’en occuper de ce pas, assura l’archevêque.

En quittant la bonne ville de Sens, le fils demanda au père :

— Concurrence ?

— Concurrence !

1. C’est en cette année 1122 que Suger fut nommé abbé de Saint-Denis et Henri Sanglier archevêque de Sens.

2. Rustique et Éleuthère.

3. Entre 540 et 550 probablement.

4. Les travaux débutèrent vers 768-769, et la consécration eut lieu en présence de Charlemagne le 24 février 775.

5. Ainsi Saint-Denis fut successivement le lieu de sépulture de saint Denis et de ses co-martyrs au iiie siècle, puis une basilique (église renfermant les reliques d’un saint) au vie siècle, puis une abbatiale (église principale d’une abbaye) au viiie siècle. Elle ne deviendra une cathédrale qu’en 1960, année de la création de l’évêché de Saint-Denis.

La fin des Petchenègues

Le basileus Jean II Comnène avait réuni ses principaux conseillers : Jean Axouch le grand domestique, Isaac son frère, ainsi qu’Ethan son protosébaste, et les sébastes Youssef et Édouard, ce dernier par ailleurs chef de la garde varangienne.

— Mes amis, commença le basileus, le danger petchenègue resurgit, ces bougres de barbares ont à nouveau franchi le Danube.

— Il ne manquait plus que ceux-là ! s’exclama Ethan qui avait eu affaire à eux dans sa jeunesse au côté de Pierre et du basileus Alexis et qui n’en gardait pas un très bon souvenir.

— Je pense que Vladimir II Monomaque, le grand-prince de Kiev, est derrière cette nouvelle attaque, estima Isaac, il s’est allié à plusieurs reprises aux Petchenègues.

— Peu importe qui les pousse à agir, reprit Jean, je ne peux tolérer cette incursion sur nos terres, je dois me rendre dans les Balkans pour les repousser.

— Ce sera également l’occasion de mater les Serbes et les Croates, intervint Édouard. Sous prétexte de leur éloignement, ils oublient un peu qu’ils sont vos vassaux et rêvent de reconstituer des royaumes indépendants.