La grande Énigme - Chérif Arbouz - E-Book

La grande Énigme E-Book

Cherif Arbouz

0,0

Beschreibung

Avec « La grande Énigme », c´est une passionnante aventure cosmique qui se poursuitOn y redécouvre donc l´admirable peuple d´Iskol, celui des stargils, lesquels après avoir sauvè la Terre et lui avoir assurè un bel avenir, poursuivent leur rêve de devenir le fer de lance, d´une entreprise devant mener à une Union Galactique de mondes à venir. C´est ainsi qu´ils découvrent Azad, une planète où ils ne trouvent que les traces matérielles de mystérieux êtres qui l´avaient colonisée, dont un tajik, une espèce d´androïde à quatre pattes et deux bras, adopté sous le nom de Joke. Et c´est alors le début d´une nouvelle aventure, aux rebondissements spectaculaires, et dont Joke, le sympathique et malicieux rescapé d´Azad, est le personnage principal. Supérieurement intelligent, et finissant par se révéler en tant qu´être vivant non organique, Joke devient alors le héros d´une fantastique épopée, aux dimensions cosmiques, avec comme toile de fond, l´éternité. Après « La Fantastique Odyssée », découvrez le tome 2 des Epopées Cosmiques sans plus attendre ! EXTRAITEn ce quatrième jour du onzième et dernier mois de l'année 15236, Silas se devinait à peine à travers les nuages qui couvraient le ciel de Zodarlim, la capitale d'Iskol, seule planète habitée du système silasien. La matinée était assez avancée, et Yomel Dorak, contrairement à son habitude, semblait désœuvrée, assise derrière son bureau, les yeux dans le vague, et manipulant distraitement une statuette de bronze. Elle était, à trente-six ans, responsable du Département des Projets d'Exploration, au sein de l'Institut de Planétologie, une dépendance du haut-commissariat à la recherche spatiale, et ce jour-là revêtait pour elle une importance particulière.À PROPOS DE L'AUTEUREsprit curieux, Chérif Arbouz partage dans ses écrits ses passions, qui vont des traditions orales et légendes ancestrales de son pays aux recherches les plus avancées sur la cybernétique et le cerveau. Épopées médiévales, voyages cosmiques, aliens et robots sont autant de prétextes pour réfléchir à la nature de notre humanité, l’évolution des sciences avec comme toile de fond… l’éternité.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 334

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



ÉPOPÉES COSMIQUES TOME 2

La grande Énigme Chérif Arbouz

L'illimité comprend le tout et gouverne toutes choses.

Anaximandre, philosophe grec

6e siècle avant J.C

AVANT-PROPOS

« La grande Énigme » fait suite à l'ouvrage déjà publié sous le titre« La fantastique Odyssée » ; mais pour qui n'a pas lu celui-ci, ou qui l'ayant lu veut se rafraîchir la mémoire, ce qui suit en est un résumé.

Dans « La fantastique Odyssée », deux mondes sont mis en présence, la Terre, et à 17 années-lumière de celle-ci, Iskol. Gravitant autour d'Altaïr (Silas pour les Iskoliens), Iskol diffère peu de la Terre relativement aux conditions de vie qu'elle offre. Ses habitants, les stargils, présentent eux aussi des analogies avec les humains, en tant que mammifères bipèdes à station verticale, doués de raison et pratiquant un langage articulé. Mais ils en diffèrent parce que revêtus d'un pelage, qu'ils sont ovipares, à l'instar des échidnés terrestres, et surtout car ils sont capables de communiquer entre eux par le biais de puissantes ondes mentales.

Ayant développé une haute civilisation alors que les humains en étaient encore à leur préhistoire, les stargils entrèrent dans un âge scientifique. Au bout d'un certain temps, un éminent physicien d'Iskol fit une prodigieuse découverte, celle d'une cinquième dimension de l'espace-temps, laquelle ouvrit la voie aux voyages interstellaires. Après cela, les stargils ayant découvert la Terre et acquis la certitude que celle-ci offrait des conditions permettant la vie organique, ils entreprirent de l'explorer.

Le premier astronef iskolien qui survola cette planète, mit 23 jours à l'atteindre, et les membres de l'expédition qu'il transportait y repérèrent une contrée présentant des signes évidents de civilisation. Cette contrée était la Grèce de l'époque d'Aristote. Après de soigneux repérages, une navette ayant à bord une équipe encadrée de savants, atterrit de nuit à proximité d'Athènes, et ses occupants se livrèrent au rapt programmé de trois couples de jeunes gens.

Ceux-ci furent ramenés sur Iskol, et là, à partir de cette souche d'êtres humains, se développa la communauté des Iskogéens, c'est-à-dire les Iskoliens originaires de Gé, nom mythologique de la Terre. Les Iskogéens furent des citoyens à part entière de leur nouvelle patrie, adoptant le sparil, la langue des stargils, et parvenant à communiquer mentalement avec ceux-ci et même entre eux, grâce à des casques amplificateurs d'ondes mentales. Mais ils conservèrent jalousement l'usage de leur langue, ce qui du reste leur servit plus tard, car pour les autorités, ils devaient le moment venu, jouer un rôle important dans les futures relations qu'Iskol aurait à entretenir avec la Terre.

Pour commencer et après environ six siècles, les Iskogéens devinrent les principaux acteurs des expéditions sur leur monde originel, car en tant qu'humains ils passaient inaperçus parmi les Terriens. Cependant, pour plus d'efficience, ils devaient maîtriser les langues les plus répandues sur Terre, et c'est pourquoi leurs premières missions, consistèrent à ramener sur Iskol des personnes aptes à y enseigner celles-ci.

Dès lors, grâce aux Iskogéens, il y eut un suivi régulier de ce qui se passait sur Terre, de même que chaque expédition fut l'occasion de ramener des spécimens animaux et végétaux, ainsi que tous objets pouvant témoigner des civilisations des diverses régions visitées.

Le temps passa, et vers le milieu du 21e siècle, la Terre vécut la période la plus sombre de son histoire, laquelle faillit aboutir à une apocalypse, du fait de certaines nations qui, en 2056, étaient sur le point de déclencher une guerre nucléaire. Cependant, si celle-ci fut évitée, ce fut grâce à l'action énergique des USNAR, un état géant et hyperpuissant, né de l'union des pays ceinturant l'océan Arctique, les USÀ et la Confédération de Russie en constituant l'ossature. Les USNAR donc, ayant à la suite d'une guerre éclair massive et destructrice, mis hors d'état de nuire les états représentant un danger majeur pour l'humanité, imposèrent leur volonté à l'ensemble des peuples de la Terre. Leur but étant d'instaurer un ordre nouveau salvateur, ils prirent pour cela une série de mesures draconiennes, et entreprirent immédiatement la mise à exécution de celles-ci.

Ce fut alors que les Iskoliens décidèrent qu'il était temps de se mêler des affaires terrestres, conformément à leur vieux projet d'entrer en relation ouverte avec le monde des humains. Ayant depuis longtemps préparé cette phase, des centaines d'agents opérant sur place et dirigés à partir d'un astronef gravitant en permanence autour de la planète, les autorités iskoliennes entrèrent en contact avec celles des USNAR, réussissant à leur faire admettre la nécessité d'une assistance soutenue et de longue durée.

Après que le Monde des Terriens eut été, à l'initiative des autorités iskoliennes, unifié sous la houlette d'un gouvernement central, il fut d'abord paré au plus urgent, en mettant fin aux graves nuisances affectant la planète et dont les humains étaient directement responsables. Cependant, le plus important des résultats acquis, fut qu'à l'issue de plusieurs siècles, la population de la Terre passa de neuf milliards d'habitants à moins d'un seul. Pendant ce temps, les Terriens furent soumis à une véritable rééducation, dont l'aboutissement fut une société d'accomplissement à l'image de celle dont la communauté iskogéénne fournissait l'exemple. Dès lors, la tutelle d'Iskol cessa de s'exercer sur la Terre.

CHAPITRE PREMIER

En ce quatrième jour du onzième et dernier mois de l'année 15236, Silas se devinait à peine à travers les nuages qui couvraient le ciel de Zodarlim, la capitale d'Iskol, seule planète habitée du système silasien. La matinée était assez avancée, et Yomel Dorak, contrairement à son habitude, semblait désœuvrée, assise derrière son bureau, les yeux dans le vague, et manipulant distraitement une statuette de bronze. Elle était, à trente-six ans, responsable du Département des Projets d'Exploration, au sein de l'Institut de Planétologie, une dépendance du haut-commissariat à la recherche spatiale, et ce jour-là revêtait pour elle une importance particulière.

Ce qui présentement occupait ses pensées, était une décision très importante qu'elle avait à prendre, et dont elle devait impérativement informer le directeur de l'institut avant midi. Il s'agissait pour elle de répondre à la proposition qui lui avait été faite, de diriger une expédition ayant pour objet l'exploration d'une planète. Celle-ci, récemment découverte, avait été répertoriée sous le nom d'Azad.

La raison pour laquelle Yomel hésitait, était sa crainte de ne pas être à la hauteur de la lourde responsabilité qu'impliquerait une réponse positive, bien qu'elle eût déjà participé en tant que simple membre, à deux missions semblables. Cependant, une impulsion irraisonnée fit qu'elle se leva soudain, puis traversant le bureau de sa secrétaire particulière, elle informa celle-ci qu'elle se rendait à la Direction. Sa décision était prise de satisfaire à la demande de son directeur.

Yomel était célibataire et comptait le rester aussi longtemps que possible, pour se consacrer entièrement à sa carrière. Mathématicienne de formation, puis s'étant investie un temps dans la physique, elle opta finalement pour la planétologie, son engouement initial pour cette discipline se transformant vite en passion.

Lorsqu'elle fut annoncée à Traj Osmek, le directeur de l'Institut, celui-ci vint au-devant d'elle quand elle entra dans son bureau, puis il la conduisit jusqu'au coin salon où tous deux prirent place.

— Alors, dit Traj Osmek, quelle nouvelle m'apportez-vous ?

— Eh bien… ma réponse est oui, et je vous remercie de votre confiance. J'espère seulement que je ne vous décevrai pas.

— Me décevoir ? Allons donc. Tous vos antécédents démentiraient cela. Vous dirigez magistralement votre département, vous cumulez des titres enviables : mathématicienne, physicienne, planétologue… que vous faut-il de plus ? Alors tournons la page, car dès à présent il va s'agir de préparer l'expédition.

— Qui d'autre que moi y participera ?

— Ce seront d'abord des membres de votre équipe, dont surtout les deux qui ont été vos coéquipiers lors de l'exploration de Tislit. De plus, cette planète où la vie se manifeste déjà vigoureusement, est de celles où on en apprend le plus.

— Oui c'est vrai, et cela d'autant plus que la vie animale sur ce monde est parvenue au stade des mammifères évolués et des premiers primates, ce qui nous éclaire beaucoup sur notre propre monde, quand il en était à ce stade.

— Et qui sait si sur Azad vous ne découvrirez pas d'êtres pensants, comme ce fut le cas sur Terre.

Après cet entretien et dans les jours qui suivirent, Yomel pleine d'enthousiasme, se consacra entièrement à ce qui était attendu d'elle. Il s'agissait en premier lieu de constituer l'équipe des chercheurs et spécialistes divers devant participer à l'expédition, et il y avait aussi la préparation matérielle de celle-ci. Cependant ce n'était là que simple routine, avec l'expérience acquise depuis des siècles, par des générations successives d'explorateurs iskoliens.

Un certain temps s'écoula, puis vint le moment de l'envol en direction d'Azad. Ce monde avait été décelé moins de cinq mois auparavant, puis avait donné lieu à un minutieux examen spectrographique. C'était la quatrième planète sur sept à graviter autour de Linos, une étoile blanche située à 89 années-lumière de Silas, l'astre autour duquel tournait Iskol. Relativement à sa masse, à la durée de sa gravitation autour de Linos, et à celle de sa rotation autour d'elle-même, Azad différait peu d'Iskol, mais le plus important était que l'air constituant son atmosphère était respirable pour les stargils. Ce qui d'autre caractérisait Azad était encore inconnu, et ne serait décelé qu'après la mise en orbite de l'astronef autour de ce monde.

Le voyage du vaisseau iskolien devait durer 25 jours, dont près de 22 dans l'espace normal et 3 dans l'espace intégral, autrement dit l'espace-temps à cinq dimensions, caractérisé par un champ de force avec lequel l'astronef pouvait être mis en phase. Celui-ci, se trouvant alors dépourvu de masse inertielle, était transporté sans effet d'accélération à une vitesse des milliers de fois supérieure à celle de la lumière. Mais pour basculer dans l'espace intégral, l'astronef devait d'abord atteindre une vitesse de 20 000 kilomètres par seconde, ce qui demandait près de 12 jours. Une même durée était nécessaire lors de la dernière phase du voyage, le vaisseau devant cette fois décélérer dans l'espace normal, afin d'être à même de graviter autour d'Azad. Ainsi la presque totalité de la distance parcourue par la lumière en 89 ans, serait franchie par le vaisseau en quelque trois jours. Et si l'on ajoutait à cela que durant la période de voyage dans l'espace intégral, la dilatation du temps cessait, de même que tout effet d'accélération, et qu'une gravité artificielle était assurée à l'intérieur du vaisseau, c'est à travers cela que s'explique la possibilité qu'eurent les Iskoliens, puis les Terriens après eux, d'entreprendre des voyages interstellaires. Voilà donc dans quelle condition devait s'effectuer celui qui avait pour destination Azad.

Le départ de l'astronef eut lieu le 5/4/15237 du calendrier iskolien, selon lequel l'année comportait onze mois de 34 jours chacun, et il s'était écoulé cinq mois depuis l'acceptation par Yomel de diriger l'expédition. Tous les équipements et la plupart des membres de cette expédition se trouvaient depuis la veille dans le vaisseau, et Yomel ainsi que ses trois collaborateurs immédiats, étaient prêts à les rejoindre. Lorsque ceux-ci, tôt le matin, se retrouvèrent à l'un des aéroports de Zodarlim, la petite navette devant les transporter était déjà prête au départ, et dès qu'ils furent à bord, elle décolla. Les trois compagnons de Yomel étaient respectivement Lorim Astaleg, biologiste, Sikor Demkil, géologue, tous deux œuvrant avec elle sur Iskol, et enfin Zéol Flanag, un sociologue.

Le gigantesque astronef hémisphérique affecté à la mission, était en position géostationnaire à 350 kilomètres de la surface d'Iskol, lieu habituel de sa mise en attente. Cette altitude relativement faible pour le type de gravitation adopté, était possible grâce aux moyens anti-gravifiques de sustentation dont disposaient les nefs spatiales ou aériennes iskoliennes. Dès qu'elle fut au terme de son ascension, la navette entama sa manœuvre d'approche du vaisseau, et se retrouva bientôt dans le sas de celui-ci, passage obligé entre le vide extérieur et l'intérieur. Un petit comité d'accueil, commandant du vaisseau en tête, attendait les nouveaux arrivés, puis chacun de ceux-ci fut conduit dans le lieu de séjour qui lui était réservé. Yomel pour sa part en sa qualité de responsable de l'expédition, disposa d'un petit appartement contigu à un ensemble de locaux affectés aux activités des membres de l'équipe d'exploration, dont son propre bureau assorti d'un secrétariat. Les conditions étant réunies pour le départ du vaisseau, celui-ci fut annoncé à travers les hauts parleurs de l'astronef, suivi d'un compte à rebours précédant l'activation des propulseurs. Pendant les douze premiers jours du voyage, l'accélération du vaisseau fut constante et très supportable par les passagers, de même que le bien-être de ceux-ci n'était en rien affecté, grâce à la gravité artificielle régnant au sein de l'astronef. Lorsque la vitesse requise de 20 000 kilomètres par seconde fut atteinte et que le vaisseau fut mis en phase avec le champ porteur caractérisant l'espace intégral, les voyageurs ne s'en aperçurent même pas, l'accélération de l'astronef étant nulle à ce moment-là. Le voyage continua ainsi jusqu'à ce que le vaisseau, ayant réintégré l'espace normal, eut atteint le système linosien, puis fut en mesure de se satelliser autour d'Azad.

Conformément au plan de vol établi, Gast Aménok, le commandant de l'astronef, fit mettre celui-ci en orbite polaire. Le périple du vaisseau aurait à se poursuivre ainsi le temps d'une rotation complète d'Azad autour de son axe, de telle sorte que des caméras automatiques et autres systèmes de détection, puissent assurer un balayage complet de la surface de la planète. Tout cela devait se traduire par une carte polychrome holographique, faisant apparaître les détails les plus infimes de la planète, et aussi par un ensemble de données résultant de la mise en œuvre des autres moyens de détection. Par ailleurs, Yomel et ses trois collaborateurs s'organisèrent pour se relayer deux à deux dans leur salle de travail, face à un écran vidéo holographique sur lequel défilaient de façon imperceptible les images de la surface d'Azad. Chaque équipe mobilisée pendant six heures, avait à noter sur un registre prévu à cet effet, ce qui serait digne d'être consigné.

Les résultats de cette première phase d'observation furent de deux sortes : d'une part ceux découlant des relevés automatiques, et d'autre part ceux résultant de l'observation directe. Les premiers s'inscrivaient dans le cadre d'un programme spécial mettant en œuvre la considérable puissance de calcul d'ordinateurs spécialement programmés pour analyser les données de l'observation, et en déduire quantité d'informations utiles. Les seconds pour leur part, se traduisaient par des appréciations particulières à partir de ce qui avait été noté par les observateurs durant leur veille. Ce qui ressortait de cela se résume comme suit.

En plus de ce qui avait été établi lors de la découverte même d'Azad et qui se trouvait maintenant entièrement confirmé, il fallait ajouter que l'axe de rotation d'Azad était légèrement incliné par rapport au plan de l'écliptique. Cela signifiait une inégalité grandissante de part et d'autre de l'équateur, relativement aux durées respectives des périodes diurnes et nocturnes, contrairement à Iskol où ces périodes étaient partout égales. La composition de l'atmosphère d'Azad était bien de même nature que celle d'Iskol, dans des proportions à déterminer ultérieurement. Mais ce qui se révéla comme caractéristiques nouvellement établies, était que la surface de la planète comprenait six continents d'étendues variées, séparés par des espaces maritimes parsemés d'îles ou archipels, ainsi que deux calottes glaciaires. En ce qui concernait son relief, celui-ci comportait de vastes plaines et des massifs montagneux aux sommets parfois très élevés, ainsi que quelques volcans dont certains en activité. On notait également un réseau hydrographique dense, avec beaucoup de grands fleuves aux larges estuaires.

Mais ce qui se révéla particulièrement intéressant, était qu'Azad abritait la vie, et ce qui l'indiquait le mieux était la présence d'une importante couverture végétale. Même si à la distance où se trouvait l'astronef on ne pouvait pas vérifier l'existence d'une vie animale, celle-ci aussi devait être largement représentée.

Cependant, l'observation visuelle directe avait permis de déceler des signes indubitables quoiqu'indirects, de la présence sur cette planète d'êtres industrieux. Ces signes se présentaient sous la forme d'espaces bâtis, s'étendant chacun sur vingt ou trente hectares au plus. Mais comme ces derniers, au nombre d'une vingtaine, n'avaient été repérés que sur un seul continent, c'était là un indice de population réduite, et de plus bizarrement localisée dans cinq zones, éloignées les unes des autres et apparemment sans lien entre elles. Ce qui étayait cette idée, était le fait que si des routes existaient entre les agglomérations d'une même zone, il n'y en avait pas entre les zones elles-mêmes. Par ailleurs, chacune de celles-ci, comprenait de trois à cinq ensembles de bâtiments, distants les uns des autres de trois à quatre kilomètres.

Alors que l'astronef avait quitté son orbite polaire pour se placer sur une position stationnaire, au-dessus du continent habité, Yomel et ses trois collaborateurs se réunirent pour échanger leurs points de vue sur la base des données dont ils disposaient maintenant. Leur attention se concentra principalement sur les indices révélateurs d'une présence sur la planète, d'êtres manifestement intelligents.

— Pour moi, dit Yomel, la première question qui se pose, est la raison pour laquelle un seul continent sur six est habité, et pourquoi les bâtiments que nous avons vus, sont vastes, s'étalent plutôt en surface et présentent peu de variété. De ce fait, ils évoquent des lieux d'activité plutôt que d'habitation. Que pensez-vous de cela ?

— Je partage entièrement votre avis, répondit Zéol le sociologue, et ce qui est bizarre, c'est que non seulement on ne voit rien qui puisse s'apparenter à un village ou une ville tels que nous les concevons, mais que de plus, aucune trace d'activité agricole n'est visible. De quoi donc vivraient ces êtres s'il y en a ? Ma conclusion à ce sujet, est que ces sites seraient peut-être abandonnés depuis si longtemps, qu'aucun vestige d'agriculture ne subsisterait. Et puis il y a le fait que la très faible importance numérique de la population, n'aurait pas permis l'édification de ces cités de façon artisanale.

— Après ce que je viens d'entendre, dit à son tour Sikor, je n'ai rien à ajouter sinon que nous n'en saurons davantage, qu'après une visite des lieux.

Lorim étant du même avis, Yomel n'eut plus qu'à en arriver aux conclusions.

— De toute façon dit-elle, l'exploration de l'une des cinq zones, nous indiquera ce que nous voulons savoir, et dès demain matin nous l'entreprendrons, après une bonne nuit de sommeil dont nous avons bien besoin. En attendant, il s'agit de préparer l'opération au sol sans perdre de temps.

Yomel eut donc à mettre au point les détails de celle-ci, avec le commandant du vaisseau et en présence du chef pilote de la navette affectée à la mission.

Très tôt le matin suivant, cette navette prit donc le chemin devant la mener au-dessus de la plus importante des cinq zones repérées, Yomel et ses trois adjoints ayant pris place dans la cabine de pilotage. Comme ce serait la première opération au sol, il fallait d'abord s'assurer que l'air de la planète était bien respirable comme prévu ; cela se fit par prélèvements automatiques suivis d'analyse immédiate d'échantillons, à diverses altitudes, ce qui donna des résultats positifs. Bientôt la navette survola à trois mille mètres d'altitude et à vitesse réduite, la zone à explorer, caméras de prises de vues en action. Après une dizaine de minutes de va-et-vient, tout commença à se préciser. Il n'y avait maintenant pas de doute que chacun des cinq sites de la zone survolée, était le siège d'activités minières et industrielles. En effet, non loin de chaque complexe bâti, une vaste aire était parsemée d'amoncellements de matériaux provenant à l'évidence de l'exploitation de gisements, soit à ciel ouvert soit souterrains, ces derniers étant reconnaissables à des entrées de Mines caractéristiques. Les espaces bâtis pour leur part avaient bien, semblait-il, une vocation industrielle, à en juger par de hautes cheminées dont certaines fumantes, apparaissant çà et là. Par ailleurs, le plus important d'entre eux, comportait un immeuble trapu surmonté d'une tour métallique élancée, supportant ce qui avait l'air de collecteurs et diffuseurs paraboliques d'ondes, le tout donnant l'idée d'un édifice affecté aux télécommunications. En plus de cela, l'aire minière ainsi que le complexe industriel semblaient être en pleine activité, à considérer le va-et-vient de lourds engins et de moyens de transport variés.

À un certain moment au cours du survol, l'opérateur radio du bord coiffé de son casque, vit son attention attirée par le clignotement d'un des voyants de son tableau, signalant un message d'origine inconnue. Ayant établi la communication et bien qu'il entendît des sons bien articulés, ceux-ci évidemment n'avaient pour lui aucune signification. Il interpela alors Yomel pour lui faire constater la chose, ayant fait passer le son sur haut-parleur. Le message était exprimé dans un langage à débit rapide qui se répéta plusieurs fois, à intervalle d'une dizaine de secondes. Les occupants de la cabine en arrivèrent vite à la conclusion, qu'à partir du sol quelqu'un essayait avec insistance d'entrer en rapport avec eux.

Après cette constatation, Yomel invita le chef pilote à faire perdre de l'altitude à son appareil tout en lui faisant décrire de larges cercles autour du groupe de sites. Avant de se livrer à cette manœuvre, ce dernier prit la précaution d'activer le champ de force répulsif de la navette. Bien lui en prit, car alors que celle-ci volait à cinq cents mètres d'altitude et qu'elle parvint à un kilomètre du plus important des complexes industriels, elle fut la cible d'un éblouissant faisceau radiant dont l'énergie destructrice fut annihilée par le bouclier protecteur. Face à cette agression, le chef pilote réagit sur le champ, faisant de telle sorte que la navette s'éloigna rapidement de la zone dangereuse. Immédiatement après, Yomel ordonna le retour à bord du vaisseau, ayant auparavant informé le commandant de ce qui venait de se passer.

Il était près de midi lorsque les explorateurs réintégrèrent l'astronef, et dès après le déjeuner, Yomel eut à conférer avec le commandant de ce qu'il y aurait lieu de faire à présent. Avant d'aborder le problème, les deux protagonistes commencèrent par visionner les images des différentes péripéties de l'expédition, y compris un enregistrement du mystérieux message. Le commandant maintenant bien au fait de la situation, écouta attentivement ce que Yomel déduisait de celle-ci.

— Il est évident dit-elle, que nous nous trouvons face à des êtres hostiles, lesquels de surcroît disposent d'armes qui témoignent d'un haut degré de civilisation. Quoiqu'il en soit, le fait que ces êtres aient essayé d'entrer en contact avec nous par la voie des ondes, justifie en quelque sorte leur agression, leur message étant resté sans réponse. Par ailleurs, tout laisse à penser que ces êtres sont venus d'ailleurs pour coloniser une région d'Azad. Leurs activités se limitent apparemment à l'extraction de minerais qui n'existent sans doute pas chez eux ou y sont très rares, et peut-être même se livrent-ils à leur transformation sur place. Il reste bien-sûr à vérifier qu'il en va de même dans les autres zones peuplées que nous avons repérées.

— Ce que vous dites Miss Yomel, dit le commandant, est très probable, mais ce qui importe maintenant, c'est le tour que doit prendre la mission qui nous occupe, et en votre qualité de responsable au premier chef de celle-ci, il vous appartient bien sûr d'en décider. Quant à moi, mon rôle étant de mettre à votre disposition les moyens dont je dispose et de veiller à la sécurité de tous, soyez sûre que je m'y emploierai pleinement.

— Pour ce qui est d'ordre sécuritaire, commandant, il est évident que notre mission ne sera pas de tout repos, comparée à celles du même genre qui l'ont précédée. Compte tenu de cela, je vais donc m'entendre avec les membres de mon équipe pour mettre au point un plan d'action, dont ensuite vous et moi envisagerons la faisabilité.

Dès après cet entretien, Yomel informa ses trois adjoints de l'idée qu'elle avait, quant aux actions à entreprendre, puis elle leur demanda ce qu'ils en pensaient. Finalement, l'accord se fit sur une proposition de Lorim. Celle-ci consistait à faire en premier lieu, une visite des zones, autres que celle survolée le matin, et de tenter une communication avec les êtres qui s'y trouveraient. Yomel alors se mit en relation avec le commandant pour lui soumettre le plan d'action retenu.

— Ce plan, répondit celui-ci, s'inscrit bien sûr dans l'ordre logique imposé par la situation, mais compte tenu des dangers auxquels vous risquez d'être exposés, voilà ce que je propose. Nous pourrions dès demain organiser une autre expédition, mais cette fois-ci, en prenant des précautions renforcées d'ordre sécuritaire. Je mettrai donc à votre disposition une navette de combat et un groupe d'intervention au sol, et il serait sans doute utile que vous vous fassiez accompagner d'une petite équipe de prise de vues. Pendant la durée de l'opération nous resterions en contact permanent, ce qui me permettrait si nécessaire, de mettre en œuvre les moyens d'attaque directement utilisables à partir du vaisseau.

Ainsi donc en fut-il, et tôt le matin suivant, Yomel et son équipe prirent place dans une navette qui les mettait à l'abri de tout danger. Lorsqu'ils furent à proximité de leur premier objectif, une zone comportant quatre sites, aucun message en émanant ne fut constaté. Puis la navette, dont le bouclier protecteur était activé, se mit à décrire à basse altitude des cercles de moins en moins larges autour du groupe de sites concerné, sans qu'aucune réaction semblable à celle de la veille ne se fût produite. Finalement la navette atterrit à une centaine de mètres du complexe industriel le plus proche, et les membres du commando bardés d'équipements, prirent place dans quatre véhicules blindés, chacun de ceux-ci étant protégé par un bouclier répulsif et muni d'un canon à flux désintégrant. Le complexe fut ainsi entièrement passé en revue, et le chef du commando en relation radiophonique avec la navette, signala finalement qu'aucun mouvement suspect ni activité apparente n'étaient perceptibles. Son dernier message fut : « Maintenant vous pouvez venir, nous vous attendons ».

Yomel, ses coéquipiers, et la petite équipe de prise de vues, prirent à leur tour le chemin de la cité, à bord d'un grand véhicule sécurisé. Ayant rejoint le commando qui les attendait à proximité d'un bâtiment, Yomel décida de faire de celui-ci l'objet de leur première visite. Une grande porte métallique à glissières fermait l'entrée, et pour ouvrir celle-ci, un membre du commando n'eut qu'à la faire coulisser sur le côté, et ses collègues placés en avant-garde franchirent le seuil. Au même instant l'intérieur du bâtiment s'illumina, et les visiteurs découvrirent une immense salle toute en longueur, avec un plafond situé à environ cinq mètres d'un sol revêtu d'une matière souple. À partir de l'entrée et de part et d'autres d'une vaste allée, s'alignaient des machines de quatre ou cinq variétés différentes, dont la fonction ne pouvait pas être devinée. Cependant ce qui fut surtout noté, c'était l'épaisse couche de poussière qui recouvrait le sol autant que les machines.

Parvenus au milieu de l'allée centrale, les visiteurs en découvrirent une autre à leur droite, perpendiculaire à la première, et qui s'enfonçait dans les profondeurs de ce qui semblait être une aile du bâtiment. De chaque côté de ce large couloir, s'ouvraient de grandes pièces que les explorateurs s'employèrent à inspecter l'une après l'autre. La quatrième qui se présenta à eux à leur gauche, les fit s'arrêter net, face à ce qu'ils y découvrirent.

« Vous Miss Yomel et votre groupe restez à l'arrière », intima brusquement le chef du commando, avant d'entraîner ses coéquipiers à l'intérieur du local où ils se déployèrent radiants braqués. Comme il ne se produisait rien, Yomel et ses compagnons furent invités à entrer à leur tour. Ce qui avait été à l'origine de l'alerte, c'était la présence d'un grand nombre d'êtres hallucinants, regroupés au fond de la salle sur cinq ou six rangs, tous ayant l'allure de personnages pétrifiés.

Après un vigoureux dépoussiérage et un examen minutieux de l'un de ces « êtres », il s'avéra que ceux-ci étaient des espèces de robots, évoquant des arthropodes sans articulations prononcées. De stature presque verticale, la partie principale de leur corps était un tronc, dont l'extrémité inférieure s'incurvait vers l'arrière pour servir d'assise à quatre pattes. Deux puissants membres terminés par des mains préhensiles prenaient naissance de part et d'autre de ce qui correspondait à un thorax, lequel se prolongeait vers le haut par un cou puissant, supportant une tête ovoïde. Celle-ci, verticalement structurée, et dont le large plan frontal se parait de deux yeux latéraux globulaires, offrait d'autres détails, indiquant à première vue que ces robots pouvaient également entendre et parler.

— Nous allons, dit Yomel, ramener avec nous deux spécimens de ces smargs (équivalents d'androïdes). Une fois à bord du vaisseau, nos spécialistes sauront bien nous dire ce qu'ils sont exactement.

La visite se poursuivit et il s'avéra que chacun des locaux examinés avait une fonction précise : ici un magasin de pièces mécaniques de rechange, là un autre de même genre en relation avec l'électronique, des ateliers aux diverses vocations, l'ensemble indiquant que le bâtiment était le siège d'activités qui pour l'instant ne pouvaient être déterminées. Tout cela était poussiéreux à l'instar de la salle des machines. Un des locaux cependant, semblait être affecté à la direction de l'ensemble, à considérer ses équipements, notamment ce qui avait l'air d'un gros ordinateur.

Après cette première visite, il y avait maintenant lieu de se faire une idée complète de ce que représentaient les autres bâtiments. Comme il ne pouvait être question de les visiter tous, il fut décidé de limiter les investigations à quelques-uns d'entre eux, pour s'assurer du fait que l'ensemble du site était abandonné. Après cela, il ne resterait plus qu'à se rendre sur l'aire d'extraction minière, laquelle apparemment, était à la source des activités industrielles du complexe

L'exécution de la première phase de ce programme confirma le fait que le complexe était depuis longtemps à l'arrêt. De plus, il semblait que la manière dont les activités y étaient assurées, devait résulter d'une automatisation très poussée, sans doute contrôlée à distance par câbles, à partir d'un bâtiment central, si on en jugeait d'après le genre d'équipements de ce dernier. Avec cela, il apparut qu'un vaste ensemble d'édifices comportant de hautes cheminées, avait pour vocation de transformer des minerais bruts en métaux, à travers des procédés combinés de nature thermique, électrique ou chimique. Il y avait enfin une centrale de production d'énergie électrique dont on ne pouvait déterminer la nature exacte.

En ce qui concernait l'aire d'exploitation minière, celle-ci étant reliée au complexe bâti par une route, les explorateurs s'y rendirent à bord de leurs véhicules. À l'instar du reste, cet endroit était à l'abandon, les engins y travaillant étant demeurés sur les lieux de leur dernière utilisation, y compris d'énormes camions à bennes dont certains étaient encore chargés de roches. Sikor ramassa quelques échantillons de celles-ci, lesquels devaient s'ajouter à un pavé métallique prélevé dans l'usine de traitement. Quant aux deux robots demeurés en attente dans le premier bâtiment visité, une plateforme autotractée fut amenée de la navette pour les prendre en charge. Puis, avant le retour au vaisseau, les trois sites non visités furent survolés à basse altitude et à faible vitesse, sans qu'on y décèle le moindre signe d'activité.

Une fois dans l'astronef en fin d'après-midi, Yomel et ses coéquipiers s'employèrent à déterminer les grandes lignes d'un plan d'ensemble, quant à l'exploration des trois autres zones colonisées. Yomel alla ensuite rejoindre le commandant, lequel l'attendait pour arrêter le programme à mettre en œuvre le lendemain, à la lumière du bilan de la journée. Tous deux procédèrent d'abord au visionnement des prises de vues des différentes péripéties de l'équipée qui venait de s'achever. Ceci fait, Yomel amorça la discussion.

— Il est donc maintenant clair, dit-elle, que le site que nous avons inspecté et sans doute les trois que nous avons survolés, sont abandonnés depuis longtemps, contrairement à celui à partir duquel nous avons été attaqués hier. Il reste maintenant à déterminer ce qu'il en est dans les autres zones.

— Cela, dit le commandant, vous pourriez le faire dès demain, et le mieux serait d'organiser trois expéditions simultanées comparables à celle d'aujourd'hui, ça nous ferait gagner beaucoup de temps. Dans ce cas évidemment, vous et vos collaborateurs auriez à vous répartir dans les trois navettes. Quant aux robots que vous avez eu la bonne idée de ramener, je les confierai, demain également, à une équipe composée d'électroniciens et d'informaticiens. Ils feront si je puis dire l'autopsie de l'un d'entre eux, ce qui peut être nous mettra sur la voie, pour éclaircir le mystère de ceux qui les utilisent. Pour ce qui est des échantillons de roche ou de métal, ce sera l'affaire du laboratoire de chimie.

— Ce programme me convient parfaitement, dit Yomel, et ce d'autant plus que relativement à ce que nous aurons à faire demain, il ne s'agira cette fois-ci que de nous rendre compte de l'état de chaque lieu, comparativement à ce que nous avons vu aujourd'hui. Pour cela, chacun de mes trois collaborateurs prendra la tête d'une expédition, et moi je resterai à bord du vaisseau pour coordonner à partir de là, l'ensemble de l'opération.

Le planning des actions du lendemain étant ainsi arrêté, Yomel rejoignit ses coéquipiers pour leur en communiquer la teneur, puis elle s'entendit avec eux relativement aux modalités précises de leur prochaine mission. Le lendemain donc, à partir du bureau du commandant, elle eut avec celui-ci toute latitude pour suivre de près le déroulement des opérations, soit à travers les images fournies par les caméras des navettes, soit sous forme de communications radiophoniques.

Ce qui résulta des investigations, fut qu'aucune réaction n'avait eu lieu lors de l'approche aérienne des sites de chaque zone explorée, et l'inspection rapide de l'intérieur de quelques bâtiments ou celle des aires d'exploitation minière, confirma que partout, aucun signe d'activité n'avait été décelé. Ce qui par ailleurs fut également confirmé, était que la totalité des sites avaient pour vocation, l'exploitation des ressources minières de régions déterminées. La nature de ces ressources devant être établie, des échantillons de produits d'extraction furent ramenés dans l'astronef.

Pendant que les opérations au sol se déroulaient, l'examen d'un des deux robots ramenés à bord allait bon train, mais celui-ci n'était pas encore prêt à révéler ses secrets. Quant à l'échantillon de roche analysé, il s'avéra que c'était de l'arséniate de cobalt, minerai facilement transformable en cobalt pur non radioactif, ce que d'ailleurs confirmait le pavé de métal ramené de l'usine.

Moins d'une heure après le retour des navettes, Yomel rassembla son équipe en présence du commandant de l'astronef. Il s'agissait bien sûr de faire le bilan de l'opération, mais le plus important était d'en arriver à éclaircir le mystère entourant le monde qu'ils étaient chargés d'explorer.

Cependant la situation commençait à devenir maintenant plus claire. Elle le fut encore davantage en fin d'après-midi, peu de temps après la fin de la réunion animée par Yomel dans son bureau. Celle-ci demeurée seule s'apprêtait à regagner son appartement, lorsque Gast Aménok le commandant du vaisseau lui téléphona.

— Je suis, dit-il, au laboratoire d'informatique, venez m'y rejoindre, il y a du nouveau au sujet des smargs.

Sans perdre un instant, Yomel se rendit à l'invitation du commandant et se trouva bientôt à l'endroit où les deux robots avaient été transportés aux fins d'examen. L'équipe chargée de cette besogne était dirigée par Jimkir Domég, ingénieur en informatique et en robotique. Des deux smargs, l'un était entier, debout sur une plateforme roulante, l'autre se trouvant en pièces détachées soigneusement étiquetées et rangées à même le sol, pour être ensuite examinées à tour de rôle sur une table vivement éclairée par un scialytique. D'un geste, le commandant donna la parole à Jimkir.

— Ce robot, dit celui-ci, témoigne d'un niveau scientifique de haut niveau, tant par sa conception que par les techniques nécessitées par sa fabrication. Sous ces rapports il est comparable à nos smargs, et comme eux, il devait agir de façon intelligente et sans doute avoir été doué de capacités d'apprentissage. Reste à déterminer les performances dont est capable celui qui est intact, et nous pourrons je pense y arriver bientôt. Nous avons en effet réussi à l'activer, et dès son réveil il a commencé à regarder autour de lui, comme quelqu'un qui chercherait à s'y reconnaître. En même temps, nous avons décelé chez lui d'intenses activités mentales, identifiables à travers des radiations presque du même type que celles émises par nos propres cerveaux, sauf que ses schèmes de représentation sont différents des nôtres. À ce moment-là nous avons estimé que nous en savions assez pour un début, et nous avons jugé prudent de désactiver notre sujet, ne pouvant prévoir ses réactions ultérieures. Voilà donc où nous en sommes, et l'essentiel est que maintenant, nous avons suffisamment d'informations pour orienter avec précision nos prochaines investigations.

— Voyons à présent, dit le commandant, ce qu'il en est des aspects morphologiques de ces smargs.

— Oui bien sûr, dit Jimkir, mais pour cela nous allons examiner le smarg entier pour que vous puissiez vous y reconnaître. Commençons donc par la tête, ajouta-t-il en se dirigeant vers la plateforme qui supportait le smarg. Voyons d'abord la paire d'yeux : ce sont des caméras électroniques dont l'objectif est constitué d'une lentille souple…

— Inutile d'entrer dans les détails, dit alors le commandant, une explication très schématique nous suffira pour l'instant.

— C'est noté, répondit Jimkir, passons donc maintenant aux autres organes des sens. Sur les deux côtés de la tête, ici, nous avons deux pavillons auditifs, et là, vers le bas de la face nous avons cette ouverture à l'arrière de laquelle se trouve un diffuseur de sons. La petite protubérance surmontant celle-ci et munie de deux petits orifices, est sans doute un organe olfactif, à en juger par la cavité souple qui lui fait suite et fait office de soufflet. Tout cela nous indique que ces smargs peuvent voir, entendre et parler ainsi que les nôtres, et que de plus, ils peuvent même percevoir des odeurs. Voyons maintenant ces deux gros bras : ils se terminent par six doigts articulés, opposables deux à quatre. À l'extrémité de ces doigts, les espèces de coussinets que vous voyez, doivent être des organes de palpation, indice d'un sens du toucher localisé. Quant à ces pattes, comparables à celles d'arthropodes géants, elles indiquent par leur conformation la capacité de se déplacer très rapidement et même de pouvoir progresser par bonds.

Nous en arrivons maintenant aux organes internes, en commençant toujours par la tête, laquelle abrite un cerveau électronique composé d'innombrables composants montés sur des supports rigides, minces et de différentes formes. Les diverses parties de ces ensembles ont des fonctions spécialisées qui devront ensuite être déterminées avec précision, quoique nous en ayons déjà une idée approximative. Pour ce qui en est du tronc, celui-ci dans son évidement, abrite entre autres, une grosse batterie d'accumulateurs à forte capacité de charge et dont la longévité est telle, qu'après les longues années où ce smarg a dû être inactif, la charge de l'accumulateur a été suffisante pour le réactiver. En ce qui concerne l'électricité stockée dans l'accumulateur, elle est utilisée de la même manière que chez nos smargs, et je ne m'étalerai pas là-dessus. Voilà donc ce à quoi nous sommes parvenus pour l'instant.

— Pour conclure, dit Yomel, avez-vous une idée du rôle qui était dévolu à ces espèces de smargs ?

— On ne peut encore rien dire sous ce rapport. Mais dès demain nous activerons celui que nous avons sous la main, après avoir remplacé son accumulateur par celui de l'autre, qui est actuellement en charge. Nous essaierons alors de communiquer avec lui et nous espérons bien qu'il nous apprendra lui-même ce que nous voulons savoir.

CHAPITRE II