Le Tiraillement - François de Calielli - E-Book

Le Tiraillement E-Book

François de Calielli

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Beschreibung

Le coeur de Florian est l'objet d'un tiraillement entre deux amours. Le destin semble le pousser, en effet, vers un bonheur bien réel avec une femme du nom de Mélissandre, tandis que son âme lui murmure la nécessité d'un accomplissement spirituel. Optera-t-il finalement pour un amour bassement terrestre ou pour un autre de nature universelle?

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Seitenzahl: 133

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Romans

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L'Arche des Temps Nouveaux

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Le Tiraillement

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Poésies

Murmures de mon âme

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Scénario de film

Magnesia

Je me consacre à l'écriture depuis 2002, après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon cœur. Ce qui m’a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.

Table des matières

Chapitre 1: La magie du charme

Chapitre 2: Les prémices d'un désir

Chapitre 3: Secrète aspiration de l'âme

Chapitre 4: L'obstination du destin

Chapitre 5: L'imparable constance de l'amour

Chapitre 6: Une fuite de raison

Chapitre 7: Un attachement ancré dans l'âme

Chapitre 8: Une douloureuse alternative

Chapitre 9: La terrible annonce

Chapitre 10: Une subtile orchestration

Chapitre 11: Une silencieuse promesse

Chapitre 1

La magie du charme

Dans la salle pleine de monde, la conférencière exposait son point de vue sur l'ordre intelligent régissant l'Univers. Elle pouvait discourir à son gré, étant donné l'absence de repères scientifiques sur ces sujets. Tandis qu'elle tentait de répondre aux questions, plus ou moins pertinentes des participants, Florian observait surtout la femme ; une échappatoire inconsciente qui le coupait d'un propos manquant, selon lui, d'inspiration. L'antinomie de leurs convictions venait de ce qu'il plongeait dans cet ésotérisme depuis trente ans environ. Il s'étonnait, d'ailleurs, qu'un docteur en psychologie trouvât intérêt à débattre de spiritualité, étant femme de science et, de ce fait, formée aux postulats rationalistes.

Toutefois, son intuition lui soufflait qu’une âme digne d'intérêt habitait le corps de cette personne. Recevant régulièrement des messages du Cosmique – une exceptionnelle et merveilleuse grâce –, il posait en général un regard critique sur les avis spirituels des uns et des autres ; bien qu'il n'adoptait jamais une attitude imbue. D'ailleurs, en serviteur de l'Amour, il s'appliquait à traiter ses semblables avec respect, tolérance et humilité. Par conséquent, son présent désaccord avec les affirmations de cette charmante oratrice ne l'amènerait guère à l'apostropher ou à polémiquer.

Il repensa à l'étrange poussée qui l'avait incité à venir à cette conférence après la lecture d'une publicité ramassée par hasard sur le comptoir du magasin de diététique de son quartier. Le thème développé était de ceux qui, d'ordinaire, suscitaient son intérêt. Tirant celle-ci de la poche de sa veste, il s'attarda sur l'identité de l'intervenante – Docteur Mélissandre Tizières-Hattinger – tout en guettant les suggestions de son être intérieur.

Élancée, les yeux clairs, un visage aux linéaments harmonieux qu'un beau sourire venait illuminer, elle ne manquait guère de féminité. Elle semblait se plaire à jouer de sa grâce. Florian s'amusait en lui-même de cette vénus appétée par les regards admiratifs des hommes face à elle ; il subodorait aussi que les femmes l'enviaient. La voix au timbre sensuel et la rhétorique plutôt ciselée ajoutaient du panache à cette superbe. Il observait d'un œil conciliant les expressions et les postures de cette conférencière avec le désir inconscient d'y déceler des lacunes.

Il s'étonnait néanmoins d'être encore assis là à l'écouter, comme elle développait des concepts auxquels il n'adhérait que partiellement. D'ailleurs, il avait failli se lever discrètement à plusieurs reprises pour quitter la salle. La crainte que d'autres personnes lui emboîtassent le pas et que cela pût déstabiliser cette ravissante cicéronienne l'avait dissuadé d'aller au bout de son intention. Sa petite voix lui soufflait qu'une âme sensible habitait cette Mélissandre T.H.

La même force, qui s'était ingéniée à le pousser vers ce lieu, semblait le priver soudain de tout libre arbitre et à l'isoler dans une sorte de bulle du reste de l'assistance. À la fin de la conférence, il demeura avachi sur sa chaise tout en regardant la belle conférencière en train de discuter avec plusieurs participants pendant qu’elle rangeait documents et supports dans un sac tendance et visiblement de grande marque. Ces derniers partis, il la vit s'entretenir avec un homme. Les petits gestes affectifs indiquaient qu'il s'agissait d'un intime ; un fait qui ne le contrariait guère. Il n'envisageait pas de la courtiser, mais de parler seulement avec elle en vue de la gratifier de ses propres connaissances spirituelles. La salle étant à présent vide, il se leva et respira profondément, soucieux d'évacuer ainsi une légère appréhension.

Peut-être allait-elle l'éconduire avec une remarque cinglante ou faussement amène. Tandis qu’elle s'apprêtait à traverser la salle, son sac en bandoulière sur l'épaule, elle posa sur lui un regard souriant dans lequel il perçut un charmant étonnement qui le subjugua et l'engagea à effectuer sa part de chemin vers elle.

- J'attendais votre pleine disponibilité pour vous parler, dit-il d’une voix posée.

- Les participants sont partis depuis un bon moment, rétorqua-t-elle abruptement.

- Certes, mais votre pensée était encore trop occupée.

- Ainsi, vous lisez dans les pensées d'autrui !

- Disons plutôt que j'ai la chance de posséder une bonne intuition. Mais permettez-moi de me présenter : Florian R. Fickley.

- Enchanté, Monsieur Fickley.

- Sur le programme de la conférence, j'ai vu que vous vous prénommez Mélissandre. Je trouve que ce prénom vous sied à merveille.

- Merci pour le compliment. Et … pourquoi me sied-il à merveille selon vous ?

- Il est beau et pas commun … comme vous de prime abord. Excusez ma curiosité. Auriez-vous des origines germaniques ?

- Tout à fait. Ma mère est allemande, de Hanovre plus exactement. Et vous ? R. Fickley, ça fait très américain.

- En vérité, je suis un medley franco-italo-américain.

- Que signifie le R ?

- Robin … en souvenir de mon grand-père. Quant à Florian, c'est un prénom désuet que ma chère mère a dû trouver dans une de ses lectures anciennes comme elle aimait aussi les vieilles pierres, les vieux livres, les meubles d'époque … enfin tout ce qui lui rappelait sans doute ses vies passées.

- Franchement, ce prénom ne m'apparaît pas démodé. Bon, vous disiez avoir attendu ma pleine disponibilité pour me parler …

- Dans le but de relater surtout le contenu de votre conférence ; mais il serait mieux d'en discuter ailleurs. Je connais un pub …

- Ça ne sera pas possible, Monsieur Fickley. J'ai un avion dans une heure quinze exactement. D'ailleurs, il me faut y aller si je ne veux pas me retrouver sur la liste d’attente ... ce dont j'ai une sainte horreur.

- Alors, permettez-moi de vous conduire à l'aéroport ; ma voiture est garée tout près d'ici. Nous pourrions ainsi profiter du chemin pour faire connaissance.

- Votre intérêt me touche, mais je préfère prendre un taxi. Après chaque conférence, j'aime réfléchir et retranscrire les réflexions des participants. Cela me sert ensuite à peaufiner mon discours, voyez-vous.

- Perfectionniste à ce que je vois.

- Disons que je respecte les personnes qui viennent m'écouter en essayant de leur faire un exposé fondé.

- Fondé !

- Oui, je comprends tout à fait ce que vous essayez d'insinuer.

- Vous semblez avoir une pensée effervescente, Docteur.

- Je vous en laisse juge, répliqua-t-elle en souriant.

- Le hasard est une conviction athée, lança-t-il sur un ton courtois, mais ferme.

Le regard bleu, teinté de gris, de cette dernière se fit soudainement inquisiteur.

- Il m'apparaît, en l'occurrence, que vous l'avez provoqué.

Une remarque incisive qui ne décontenança point Florian.

- En apparence seulement, car ma présence à votre conférence n'en est pas vraiment un.

- Là, vous piquez ma curiosité, Monsieur Fickley. Bien, j'accepte votre proposition.

En route vers l'aéroport, il lui expliqua que le thème de son exposé l'avait incité à y venir, puis qu'une présentation plutôt ésotérique, et contraire à ses convictions, l'avait forcé à dominer une grande envie de quitter la salle. Sa petite voix intérieure avait en effet dissuadé cette intention, comme s'il fût un but caché au-delà de cette conférence. Elle voulut avoir des précisions sur cette fameuse dichotomie spirituelle entre eux, mais il argua qu'une question aussi dense et hermétique, de surcroît, méritait un débat plus approfondi. En vérité, il répugnait à heurter la susceptibilité de sa passagère. Il ne souhaitait pas, non plus, dévoiler la provenance de ses connaissances en la matière ; une nécessité, pourtant, pour qu'elle en vînt à accepter sa modeste instruction. Cette transmission imposait cependant une écoute attentive et dans une attitude d'esprit tranquille, voire positive. De son côté, elle se demandait pourquoi il avait tant insisté pour la conduire à l'aéroport ; puisqu'il refusait de débattre de ce supposé différend. Elle l'entraîna ensuite sur le terrain de ce hasard dont il avait laissé entendre qu'il recelait un impératif occulte. Il lui confia qu'il s’était senti étrangement contraint à demeurer assis. Il précisa aussi sa réticence à argumenter sur ces notions spirituelles tout en conduisant. Au risque de la décevoir, il n'épilogua pas, de même, sur le caractère éventuellement non fortuit de cette rencontre. Il refusait de s'ériger en devin ou prophète. Par ailleurs, en s'abstenant de donner son sentiment intérieur, il s'évitait de discourir sur sa particularité. Un long silence s'installa durant lequel chacun s'isola dans son petit monde.

La voiture garée sur le grand parking de l'aéroport, il se retrouva à suivre une femme plus préoccupée par son avion que par la magie de l'instant ; un élément qui ne troubla guère, néanmoins, sa bonne humeur. Aussi prit-il cette situation inconfortable avec calme tout en pensant qu'il eût été plus avisé de la déposer courtoisement et de s'en remettre ensuite à la sagesse de la Providence. Constatant sur l'un des multiples écrans vidéo que son avion décollait dans trente-cinq minutes à peine, elle l'entraîna avec empressement vers le comptoir d'enregistrement de sa destination où s'étirait déjà une importante file d'attente.

- Je pensais que nous aurions le temps de boire un verre tout en débattant sur nos points de vue mutuels, lança-t-il en souriant. Certes, nous n'aurions pu que les survoler.

- Je regrette moi aussi cette conversation sur un sujet juste ébauché.

- Pardon de vous avoir déçue.

- N'espérant rien de précis, je ne peux être déçue, dit-elle sur un ton presque confidentiel.

- Il était sûrement écrit que nous devions nous séparer sans nous connaître. Je sais seulement que vous êtes docteur en psychologie et vous m'avez donné à constater votre talent d'oratrice.

- Que faites-vous dans la vie, Monsieur Fickley ? Pardonnez ce style plutôt direct.

- Humble serviteur de Dieu.

Le regard de Mélissandre se fit inquisiteur.

- À dire vrai, je ne vous voyais pas dans le sacerdoce. D'ailleurs, vous n'avez pas l'air d'un ecclésiastique.

- Vous vous méprenez, objecta-t-il d'une voix aimable. Car je ne suis pas dans les ordres.

- Servir Dieu est en général une cause religieuse. Comment le servez-vous alors ?

- Il m'est difficile de vous l'expliquer de cette façon.

- L'endroit et le moment ne se prêtent guère à ce type de confidence, précisa-t-elle.

- Votre perspicacité est imparable, Docteur.

- Flatterie rime avec moquerie, lança-t-elle.

Ses yeux clairs aux belles nuances le dévisageaient. Il se retrancha, quant à lui, dans un silence stratégique.

- Soyez le serviteur de qui vous voudrez, Monsieur Fickley, lâcha-t-elle narquoisement.

- Allons, je plaisantais. J'observe que votre humour n'est pas à la hauteur de votre charme.

Elle lui fit un sourire enjôleur.

- Que faites-vous dans la vie alors ? S’enquit-elle.

- Mais ce que je vous ai dit. Je faisais seulement allusion à ma réflexion sur votre perspicacité.

- En tout cas, me concernant, votre opinion est erronée. La psy en moi trouverait intéressant de percer l'être caché en vous, objecta-t-elle avec un joli pétillement dans le regard.

Il se sentit envahi par l'irrésistible magnétisme de cette femme.

- Votre personnalité m'intrigue également.

Avec diplomatie et sous le prétexte d’une affaire urgente à régler, il interrompit ce petit échange. En outre, il pensait opportun de la laisser sur une interrogation, voire une attente. Ne craignait-il pas inconsciemment d'affronter la réalité, d'apprendre qu'elle était une femme comblée, une mère pressée de retrouver sa progéniture de retour au bercail et qu'il n'y avait donc pas le moindre espace pour une relation, eût-elle un caractère amical ? Cette Aglaë croisait-elle plutôt sa route pour tenter son cœur en quête d'Amour et, en définitive, l'éloigner de son chemin ? Il n'aspirait pas à rencontrer son alter ego en vue d'une vie de couple, même merveilleuse, puis de devenir un bon père de famille ou un docile acteur du système. Il lui tendit le bristol où il venait de griffonner, d'une main calme, son nom et ses coordonnées téléphoniques. Elle le prit tout en spécifiant qu'elle préférait, pour sa part, s'en remettre au hasard. « Cela authentifierait la vérité d’un ordre occulte derrière cet événement », ajouta-t-elle. Il sentit qu'elle attendait qu'il l'éclairât à ce propos. Or il se contenta de sourire. Qu'elle se fît en quelque sorte l'écho du Ciel le rendit perplexe. Il l'embrassa amicalement et se sauva.

Assise sur un des sièges de la salle d'embarquement, Mélissandre sortit de sa poche le bout de papier cartonné de Florian. S'appesantissant sur l'élégant graphisme de l'écriture, elle tenta d'y déceler la personnalité de ce prétendu serviteur de Dieu … et comme envoyé sur sa route. Elle y cherchait instinctivement l'inspiration de cette particularité qu'il semblait s'être plu à lancer ex abrupto. Puis elle repensa aux banalités de leur conversation à l'emporte-pièce. Certes, les rets du charme l'avaient délicieusement emprisonnée durant ce moment impromptu. Son moi raisonnable l'éveilla toutefois au danger de ce doux émoi. Elle ne comptait pas, d'ailleurs, souscrire au désir de sa nature romantique et se laisser entraîner, par elle, dans une histoire sans issue. Elle enregistra le numéro de ce Florian R. Fickley dans le répertoire de son téléphone et déchira distraitement le bristol, tandis que l'hôtesse annonçait l'embarquement immédiat des passagers à destination de Genève. Aux prises avec sa trépidante existence, ce petit moment de lumière ne résisterait pas aux ténèbres du matérialisme et elle ne garderait probablement que le souvenir de la personnalité attirante de cet homme dévoué à une cause forçant au célibat.

Chapitre 2

Les prémices d'un désir

-1-

Les premières semaines, Florian s'était ressouvenu de ce moment où le subtil, le non-dit, avaient tendu à reléguer l'exprimé au second plan. D'autant que chacun avait cultivé la discrétion comme s'il avait fallu qu'il ne leur restât que la souvenance d'une rencontre sans suite et qu'ils en vinssent donc à se désintéresser l'un de l'autre. Pour sa part, il n'avait pas l'impression de s'être complu dans le mystère, mais d'avoir, au contraire, levé un bout de voile sur sa singularité. Son tempérament l'incitant en général à la discrétion, il ne se serait pas, de toute façon, raconté au cours d'un échange entre deux portes. Il s'agissait de surcroît d'une condition de vie qu'il ne pouvait confier à quiconque, n'ayant pas le moindre statut religieux. D'ailleurs, il ne connaissait qu'en substance ce devoir spirituel dont il avait été investi au fil de ses méditations. Une mission qu'il trouvait merveilleux d'avoir à accomplir tout en demeurant inquiet, parfois, sur sa capacité à la réussir. S'il n’était pas du genre à déblatérer inutilement, et moins encore au pied levé, sur des sujets aussi sérieux qu'hermétiques, il débattrait bien avec cette Mélissandre T.H. des zones d'ombre qu'il avait détectées dans son propos spirituel. Selon lui, elle tenait son savoir de lectures intelligemment synthétisées par lesquelles elle s'était forgé une conviction qu'elle pensait éclairante pour des semblables en attente de lumière et de vérité. Il ne l'associait pas néanmoins à la clique des gourous prétentieux et se croyant chargés d'apostoliser le monde via leurs concepts aléatoires.

D'une nature très intègre, il s'interdisait d’enseigner autrui à l'aide d'un salmigondis psycho-ésotérique et de se fabriquer