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Xanghôr, Kzâhr de la vaste île de Kûrhasm, était un monarque poète et au tempérament plutôt fantasque. Ainsi il ne se sentait guère vraiment concerné par la responsabilité de sa haute charge. Il fit un rêve dans lequel il vit une merveilleuse déesse. Le coeur indélébilement imprégné par celui-ci, il décida de partir en quête de cette femme exceptionnelle en mesure de régner à son côté. Kûrhasm était comme un monde à part, vu qu'une vague de vingt-cinq mètres l'enceignait. Celle-ci convainquait les habitants que rien n'existait au-delà. Ainsi trouver une femme qui ne fut pas de ce monde ressemblait à une gageure insensée. Pourtant, Xanghôr poursuivit obstinément cet idéal, persuadé au fond de lui qu'un événement extraordinaire se produirait et que son rêve alors se concrétiserait. Étrange destin que celui de ce Kzâhr hors du commun.
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Veröffentlichungsjahr: 2023
Chapitre 1 L'amour instigué
Chapitre 2 Un monde sublime
Chapitre 3 La transmutation
Chapitre 4 L'œuvre subtile
Chapitre 5 La préparation occulte
Chapitre 6 L'intervention divine
Chapitre 7 La fusion
Chapitre 8 L'épreuve
Chapitre 9 L'éveil
Chapitre 10
Chapitre 11 Épilogue
Romans
Au nom du Saint-Esprit, je vous dis …
L'Arche des Temps Nouveaux
Folie de l'Homme ou Dessein de Dieu
Le Tiraillement
L'enfant bonheur
Suis-moi (tomes 1 et 2)
L'inflexible loi du destin (tomes 1 et 2)
À la croisée des destins
L'Univers de Kûrhasm (tomes 1 et 2)
Le chevalier de la Lumière
Quand le doigt de Dieu ...
La légende de Thâram (tomes 1 et 2)
Henri-Louis de Vazéac
Il la regarda et...
Essais
La destinée de l'homme ...
L'islam tisse sa trame en Occident
Poésies
Murmures de mon âme
Envolée métaphysique
Scénario de film
Magnesia
Je me consacre à l'écriture depuis 2002 après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon cœur. Ce qui m’a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.
ISBN : 9 782322 223978
Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays
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Vous pourrez consulter sur la page dédiée à cet univers très particulier :
L’addenda : - les cartes géographiques, des explications sur les trois races, divers schémas, des précisions d’ordre géographiques.
La traduction des deux tomes en kurmy (la langue de Kûrhasm)
Le lexique en langue kurmy
« Dans le dédale des archives cosmiques,
Mon esprit s'est aventuré.
Dans la profondeur de l'Idée,
Il s'est ensuite abandonné.
Esprit d'une richesse fantastique,
Au sein duquel l'âme d'un univers
Attendait qu'une plume inspirée
Se mît en quête de la réveiller,
D'en révéler la belle lumière.
...
Un idéal aujourd'hui retourné
Au sein d'un merveilleux Ciel.
Je conte ici entre prose et rime
Dans le giron d'un amour sublime,
Et au-delà du charnel, la mission
De deux âmes contraintes à œuvrer
Pour un dessein hautement tracé.
Ce fut aussi le destin d'une humble servante
De la Lumière et de l'Amour.
Certes, il convient de dépasser l'apparence
Pour discerner le beau message
Dont j'ai tenté la révélation
Au fil de la narration
De singuliers personnages
Et d'un univers étrange ».
Xanghôr n'était point un Kzâhr1 pleinement heureux, en dépit de ses prérogatives, d'une vie emplie par une douce béatitude et ne dépendant apparemment d'aucune autre volonté que la sienne. Tant de magnifiques miotinhaz (femmes de race miothy ; les spécificités de cette race sont exposées plus avant) n'attendaient pourtant que de pouvoir lui vouer un profond amour, combler le manque torturant son cœur et ensoleiller la grisaille de sa solitude. Or son souci premier n'était pas d'épouser celle capable d'occuper la charge de première femme du Kzahrum (de l'Autorité) à son côté et de permettre ainsi la continuité de sa lignée sur le trône ni même une égérie avisée. Les mondanités n'avaient pas non plus sa préférence. Aussi vivait-il le plus possible en retrait des superfluités et de la superbe de la Cour, préférant s'adonner à sa passion. Sa nature profonde l'incitait, en outre, à une sorte de sainteté, même s'il ne s'abreuvait guère l'esprit des vérités religieuses – ou avancées en tant que telles – énoncées par les pères de la tradition et gravées sur les terkhalkz (tablettes de terre cuite recouvertes au dos d'une fine lamelle de métal peinte et vernie). Quant aux éventuelles critiques des nobles et notables envers sa particularité, elles ne le tourmentaient pas. Il ignorait que ceux-ci louaient en vérité son intelligence, ses qualités de cœur et sa belle sensibilité, notamment. La coutume voulait en outre que le Kzâhr fût idolâtré, érigé en modèle de la race miothy (des explications sont données ultérieurement sur cette race) ; vu qu'une ancestrale croyance l'élevait au statut de père de cet univers ; en effet, un héritier du zahrohl kzöhr (symbole de l'Autorité) ne l'était, selon elle, que par la volonté de Kâmios (conception polythéiste de Dieu). Pour sa part, il n'avait pas de prédilection pour la grandeur et, moins encore, pour l'idolâtrie. Celle-ci à l'endroit d'un être humain lui paraissait stérile, estimant que son statut de monarque d'un vaste monde n’était pas une raison suffisante pour une telle déification. À la mort de son père, le charismatique Kzâhr Vighêz – sa mère, la Kzâhrah (épouse du Kzâhr) Elmanyë, ayant prématurément disparu en couches à sa naissance – il s'était trouvé forcé d'occuper une fonction trop lourde pour ses frêles épaules d'artiste. Un penchant que sa belle-mère Löriazix – deuxième épouse de Vighêz – avait contribué à épanouir ; une personne discrète, musicienne, avec qui il avait entretenu une relation complice et dont la disparition, peu avant celle de son père, avait provoqué une douloureuse dilacération de son cœur. Ce que tout autre Zheiry (premier titre nobiliaire après celui de Kzâhr) aurait pris pour une finalité apothéotique lui était donc apparu énormément contraignant. Il se serait bien désisté en faveur du rhis (vice-Kzâhr), à condition que celui-ci fût miotiahn, et sauf l'indéfectible promesse faite au souverain de son vivant de tenir honorablement le sceptre, conscient aussi de la faute grave consistant à refuser son destin. Un engagement qu'il interprétait à la lumière de son tempérament fantasque, comme il privilégiait la poésie aux astreintes de l'État. D'ailleurs, sous son règne, les arts possédaient désormais une suprématie par décret ; ce qui donnait de nombreux privilèges aux artistes. Il n'était pas allé néanmoins jusqu'à leur conférer une dignité nobiliaire.
Figure emblématique par le fait qu’il descendait de Vighêz, empereur que le krönhystrum (l’histoire de Kûrhasm) plaçait sur un haut piédestal dans les Cieux, tous respectaient ses décisions tout en regrettant qu'il ne perpétuât pas l'ordre institué par ses illustres prédécesseurs. Ennuyé par la contrainte du pouvoir, il n'assumait que l'essentiel des obligations de sa charge et déléguait celles d'ordre gouvernemental à son rhis. Le sobriquet de Kzâhr poète, dont la Cour l'affublait, ne le froissait guère. Il recevait même celui-ci comme un éloge. L'affection de la Cour ou de son peuple n'empêchait guère la torture par les subtiles lamentations de son âme qui souffrait de n'être pas en osmose avec sa jumelle. Elle le poussait donc à versifier, d'élégiaques envolées visant à appeler la femme exceptionnelle en mesure de satisfaire l'exigence de son désir d'amour.
1 Sorte d'empereur, mais avec un statut particulier (voir la tradition dans l'addenda sur le site)
Xanghôr régnait sur Kûrhasm, une île vaste et lointaine de 13 854 810 kilomètres carrés, dont les pères religieux prétendirent – sous les règnes des premiers Kzâhrz Suyhôx et Zakêvus – que Kâmios (le Dieu Haut) s'était ingénié à faire de celle-ci un univers unique. Aussi la nature s'y déployait-elle avec magnificence ainsi qu'une inégalable diversité … un jardin d'exception sur lequel veillaient les Izishyën (gardiennes du jardin enchanté) et autres divinités au service de Sylphëa (déesse de l'harmonie). Lors de la recréation de ce monde, le Dieu au-dessus de tous les dieux donna à la race miothy (statut de 1ère race) la mission de le protéger, d'en préserver l'intégrité et d'y épanouir les hautes valeurs. Outre leur belle excellence morale, les individus mâles de cette race possédaient un physique impressionnant, à savoir une taille allant jusqu'à 2.30 mètres et un corps très athlétique. Leur carnation bleutée, leurs cheveux aux divers tons de roux, leurs yeux à l'iris allant du gris foncé au gris clair, du bleu marine au bleu nuit ou, moins fréquemment, du bleu très clair au bleu azur sur une cornée jaune clair, plus ou moins lumineuse, de même que leur faciès très viril et harmonieux, les distinguaient des autres humains peuplant Kûrhasm. Le krönhystrum – tradition et mémoire de ce monde – rapportait que le Dieu Créateur chérissait tout particulièrement cette race à laquelle il avait donné un ascendant sur les deux autres.
En dessous de cette race élue, et dérivant de cette dernière, on trouvait l'himothy. Les textes sacrés relataient que Kâmios la tira d'un croisement entre les premiers mâles miotiahnz et un groupe de belles femelles mëzinhaz (quarteronnes ayant donc la peau basanée) dont la survivance, après la recréation de cet univers, tenait d'un puissant et divin prodige. Partant, le krönhystrum contait que cette race intermédiaire fut pensée par le Dieu Haut pour aider les miotiahnz (pluriel de miotiahn), en nombre restreint, au niveau des tâches secondaires … quoique nobles. La peau gris bleuté, résultat du mixage entre la bleutée des miotiahnz et la basanée des mëzinhaz, les himotiahnz (hommes de race himothy) tiraient de ces deux origines leurs yeux marrons aux diverses nuances ou dans des dégradés de noir sur une cornée jaune foncé – le gris foncé représentant une exception et indiquant la présence d'un gène miotiahl (de provenance miothy) –, leurs cheveux châtains plus ou moins foncés aux reflets roux, parfois blonds méchés ou, plus rarement, blonds clairs. Individus aux physiques variés, ils pouvaient être tantôt athlétiques, tantôt d'une complexion plus frêle et, de même, montrer une belle élévation morale et beaucoup d'intelligence ou une piètre misère de cœur. De fortes différences qui faisaient la richesse de cette race. La nature sereine des miotiahnz (pluriel de miotiahn) et le pacifisme des meiriahnz (pluriel de meiriahn) les contraignaient, toutefois, à sublimer leur tempérament fougueux ou, même, leur pulsion agressive. Les miotinhaz (femmes de race miothy) se révélaient être, quant à elles, de superbes créatures – grandes, une opulente chevelure rousse, parfois flamboyante, iris gris ou marine tavelé de ravissantes nuances, voire exceptionnellement vert, sur une cornée jaune clair – que les hommes des deux autres espèces devaient se contenter d'admirer ; en effet, si les unions n'étaient pas si fréquentes entre miotiahnz et himotiahnz, elles étaient perçues comme illégitime entre ces deux premières races et la meiry (3ème race, peau noire). Concernant les himotinhaz (femmes de race himothy, 2ème race), elles affichaient la même hétérogénéité au plan physique que leurs congénères mâles. Les miotiahnz et les himotiahnz constituaient néanmoins une minorité privilégiée, vu que ce monde était peuplé majoritairement par des humains de race meiry, c'est-à-dire à la peau noire, plus ou moins foncée, aux cheveux très bruns frisés ou non, quelquefois châtains foncés, et aux yeux à l'iris noir, marron foncé ou, parfois, noisette sur une cornée blanche. Naturellement, cette espèce, très diversifiée aux niveaux anatomique et intellectuel, ne pourrait jamais s'élever audessus de la miothy.
En effet, Kâmios l'avait établie sur Kûrhasm avec un chemin d'épreuve. Fort de sa miséricorde, il avait cependant gratifié certains d'entre eux d'une belle intelligence ou d'une haute inspiration, afin qu'ils devinssent un exemple pour les autres et suscitassent, chez ces derniers, l'envie de progresser. Le Créateur s'était plu à doter Kûrhasm d'une merveilleuse richesse de formes, d'aptitudes, ainsi que d'une multitude de magnificences sans pareil. En final, la hiérarchie de ces trois races ne relevait pas d'une supériorité sur le plan humain, mais d'une élévation de l'ordre de l'âme et servait, en final, un but occulte. D'ailleurs, les meiriahnz (pluriel de meiriahn) admiraient grandement la beauté plastique, la majesté et les grandes qualités morales des miotiahnz, convaincus que le Dieu au-dessus de tous les dieux les couvrait de Son Amour et, tout particulièrement, le Kzâhr. Certes, tous croyaient en ce monde que celui-ci était le fruit d'une divine grâce.
Le système d'économie institué autorisant l'expression de la capacité de chacun selon sa nature, les meiriahnz (pluriel de meiriahn) ne se sentaient guère incités à cultiver une sourde animosité ni à jalouser les privilèges miotialhz (de la race miothy, 1ère race). De leur côté, les miotiahnz (de race miothy) se faisaient un devoir de protéger et permettre le meilleur épanouissement possible de ces semblables placés sous leur responsabilité. En définitive, Kâmios ne s'était point évertué à façonner une sorte d'idéalité terrestre, mais plutôt appliqué à organiser cet univers avec un sublime Amour.
Kûrhasm était un continent enceint par une mer que tous percevaient sous le jour d'un thälabak (bouclier d'eau). Le motif de l'isolement de ce bout de terre demeurerait pour longtemps, sans doute, caché dans les arcanes des Cieux ; un lieu hautement béni que ses habitants voyaient comme un univers à part entière. Ils y vivaient donc en autarcie dans la crainte du Nëbrenz (l'Obscur), pareil à un néant, au-delà du cirkërathom (barrière de la céleste vague). La tradition relatait que cet abîme engloutissait, corps et âme, les curieux animés du désir insensé d'en pénétrer le mystère. L'histoire des téméraires – des aventuriers du nom de Rouhman, Azugham et Gholhim – confirmait d’ailleurs la folie de cette orgueilleuse audace ; vu que ces hommes s'étaient effectivement risqués à défier la barrière de la céleste vague d'une hauteur de 50 mètres environ, laquelle contenait une énigmatique force de propulsion. Le franchissement de cette puissante protection constituant un exercice surhumain, que nul individu sensé n'oserait accomplir, ils avaient péri tous les trois ainsi que leur embarcation au fond du naskem (antichambre du néant) à l'entrée duquel Klodam (monstre marin) torturait les âmes qu’Heckatz (divinité chargée de livrer les âmes des défunts) s'empressait ensuite de livrer à la férocité de Shaduck (emporte les âmes corrompues vers le thernak ou enfer). Mythe d'une torture éternelle propre à dissuader les kuriahnz (habitants de Kûrhasm) à tenter le défi d’un franchissement de cette immense barrière d'eau ; d'autant que Phëliz2 fuyait de surcroît le Nëbrenz (l'Obscur). Un fait qui venait confirmer le caractère foncièrement hostile de ce monde de ténèbres. Le récit de la création rapportait que Kâmios s'inspira de la splendeur des Cieux, lors de la création de Kûrhasm, dans lequel il introduisit une créature imparfaite, en dépit des attributs divins dont il l'avait dotée (à savoir les individus de la race miothy). Grâce à un intelligent arrangement racial, l'harmonie régnait dans cet univers et les êtres ne s'y sentaient point appelés à convoiter une hypothétique et meilleure terre. Depuis les infortunés téméraires, plus personne n'avait osé sonder les abords de ce rempart interdit et dressé à une distance de vingt kilomètres du continent. Kûrhasm ressemblait à une vaste île pensée par le Dieu Haut à la manière d'une petite planète et qu'il avait rendue auto-suffisante pour une raison inaccessible à l'entendement humain. Sur les terkhalkz du krönhystrum (tablettes rassemblant l'histoire de Kûrhasm) était gravé :
« En des temps très lointains, et antérieurs à la recréation d'Erhük (première appellation de cette terre), l'anarchie régnait dans les cieux. Entre eux et cet immense univers, un être flamboyant – pourvu de grandes ailes, d'une tête pareille à celle de Strizalk (monstre ayant un corps de serpent), d'un corps comme celui d'Hurock (monstre de la mythologie de Kûrhasm ayant un corps de serpent et une tête d'homme) et lançant de terribles flammes par les yeux – semait la terreur. Une tablette retrouvée après la recréation dans les eaux répertoriait que cet être diabolique portait le nom de Stiörk, puis qu'un terrible combat opposât ce dernier et un dieu, appelé Mios, que nul ne pouvait regarder sans devenir aveugle tant il était éblouissant. L'affrontement dura longtemps, mais, en final, Mios vainquit Stiörk dont le corps de feu s'abattit sur l'univers où il se réduisit en cendres. Aucun témoignage ne permet de dire aujourd'hui le temps d'existence de ce monde ni pourquoi Mios décida d'éliminer, soudain, la race ryziak – composée d'individus à la peau blanche, yeux clairs et cheveux blonds – qui peuplait depuis le commencement Erhük (première appellation de cette terre). Il remplaça celle-ci par une autre à la carnation noire qui se corrompît à son tour. Faisant alors passer son imprévisible et effrayant souffle sur cette terre aux prises avec les forces démoniaques, il provoqua un épouvantable cataclysme qui l'engloutit, à l'instant, sous d'épaisses eaux. Mios la plongea donc dans l'obscurité pendant un temps dont la durée demeurera à perpétuité un divin mystère, bien que des Anciens, hautement inspirés, avancèrent l'hypothèse d'une épreuve de plusieurs millénaires avant l'avènement d'une nouvelle ürzhë (grâce), moment aussi d'un combat déterminant qui confronta Enies (l'Esprit du Bien) à Urinoz et Myriandaiz (deux redoutables serviteurs du Mal). Après la recréation de cet univers, le premier grand chef religieux miotiahn (de race miothy, 1ère race) – du nom de Fiëghor – fit consigner sur des terkhalk (tablettes de terre cuite recouvertes au dos d'une fine lamelle de métal peinte et vernie) ces frêles connaissances antiques. Il reçut l'inspiration ensuite du nouveau nom de Mios, à savoir Kâmios ... un nom mieux adapté au Dieu omnipotent trônant sur une pléiade d'autres dans les Cieux3. Celui-ci présidait, en outre, sur un panthéon de deux cent quatre-vingts dieux, c'est-à-dire sur des familles composées d'un dieu mâle, d'une déesse mère et d'enfants dieux.
Lors de l'avènement de cette époque sublime, la munificente bonté du Dieu au-dessus de tous les dieux permit l'enfantement d'un nombre restreint d'hommes et de femmes à l'âme sanctifiée par Iktiom (dieu sanctificateur des âmes), une élévation nécessaire au progrès de ce monde. Il particularisa ces êtres par une peau bleutée, un rappel de cette origine, leur octroyant le statut de race privilégiée et leur soufflant de baptiser cet univers « Kûrhasm » (un nom à la vibration ésotérique).
Ayant repoussé les eaux à vingt kilomètres du continent, il les enjoignit d'y faire exister ces saintes valeurs dont leurs âmes étaient porteuses. Parallèlement, il édifia un immense bouclier d'eau, en vue de le protéger des menées du démon qu'il confina au-delà ; un lieu bâti par l'imaginaire collectif que les premiers habitants de Kûrhasm appelèrent Nëbrenz et naskem. Il créa la race himothy (2ème race et individus à la peau gris-bleutée) et raviva la race noire qu'il plaça au-dessous de la miothy (1ère race et individus à la peau bleutée), certain que cette dernière s'emploierait à éterniser sa belle œuvre et n'en viendrait jamais à le décevoir. Les religieux de la race élue gravèrent l'histoire de ce commencement sur des terkhalkum4 et attribuèrent des termes à tout ce que le Dieu Créateur (à savoir Kâmios) avait fait ».
Le krönhystrum contait donc tout ce qui concernait cet univers avant et après la colère de Kâmios.
2 Dieu du jour, donc de la lumière du soleil, que les habitants de Kûrhasm ne voyaient pas comme un astre. Tiviohr, le dieu du feu, symbolisait par ailleurs la chaleur de cette lumière
3 Ils voyaient le sacré comme une famille de divinités sous la gouverne d'un Haut Patriarche
4 Tablette de terre cuite recouverte au dos d'une fine lamelle d'or peinte et vernie après le gravage et servant aux écrits importants
Dans ses somptueux appartements du Zahrkëlyum5, le Kzâhr Xanghôr se languissait tout en espérant la grâce d'un amour impromptu, telle une matérialisation orchestrée par Eyië (déesse de la magie). La Cour s'étonnait de son désintérêt envers ces femmes pétries de qualités et de beauté qui rêvaient de l'épouser, mais qu'il éconduisait avec force diplomatie et courtoisie. S'il ne disconvenait pas que ces magnifiques miotinhaz (femmes de race miothy) auraient été de brillantes Kzâhrahz (épouse du Kzâhr) en mesure de perpétuer sa lignée, il n'avait encore vu chez aucune d'elles l'originalité propre à faire se pâmer son cœur. Il voulait croire que son profond désir d'un événement insolite ferait s'accomplir une merveilleuse bénédiction sous la forme d'une femme sans pareil. Aussi eut-il l'idée soudaine d'aider cet avènement en appelant avec ardeur l'âme à la sienne destinée. Il avait foi en l’existence d’un lien subtil entre son cœur et celui de la femme de son destin dont cet acte permettrait la concrétisation. L'amour entre eux ressemblerait ensuite à une ambroisie des dieux et leur bonheur à une fabuleuse félicité au sein de l'empyrée. Invétéré poète, et l'être submergé de mélancolie, il s'étourdissait en attendant de la musique d'élégiaques alexandrins. Il s'en remettait aussi à la sagesse de Zohd (dieu des destins) qui n'ignorait rien de sa destinée.
5 Palais de l'Autorité qui comptait 118 pièces dont 40 étaient réservées à l'usage personnel du Kzâhr et de la Kzâhrah
Lors de la collation du matin, Tastham, premier serviteur du Kzâhr, se tenait patiemment à l'écart et prêt à exécuter sur-le-champ le moindre murmure de son maître plongé, pour l'heure, dans ses pensées. En vérité, Xanghôr investiguait l'imaginaire – monde aux infinis entrelacs – et l’esprit bercé par une musique langoureuse que trois musiciens jouaient jusqu'à ce qu'il les renvoyât. Quoique ses ordres étaient toujours empreints d'une grande courtoisie. Tout en se délectant des douces harmoniques, mélange d'hyba, de lernia et de tiorb (sortes de flûte, violoncelle et guitare arrondie à deux manches), son cœur cherchait l'occulte filon d'une inspiration extraordinaire ; en effet, une récente vision le poussait à ausculter les mystérieuses, mais insondables, voire inaccessibles arcanes des Cieux.
- Kagîz, permettez que je trouble votre repos.
- S'il vous plaît, dirhen (messieurs), cessez donc de jouer, ordonna le lëgiat aux musiciens. Vous voyez bien que Zhüs Kagîz (équivalent de « Sa Majesté ») somnole.
Monarque non-conformiste, Xanghôr n'astreignait pas ses ministres au rigide Rispenziom (l'Étiquette) selon lequel nul ne pouvait normalement venir devant l'homme le plus important de Kûrhasm sans être d'abord annoncé par le premier ou le deuxième serviteur. S'il paraissait endormi, son esprit restait en réalité à fleur de rêverie. Ainsi la soudaine irruption d'une dissonance dans cette belle harmonie le tira de son univers de prédilection.
- Qui donc prend ainsi ses aises ? Lança-t-il d'un ton agacé.
Rouvrant les yeux, il vit Manghät respectueusement courbé face à lui.
- Dyaz lëgiat (monsieur le grand coordonnateur), quelle haute urgence t'amène à moi et qui souffrirait de n'avoir mon sagace avis ? D'autant que tu me déranges au moment précis où Anthënôa (déesse de la pensée et des arts) condescendait à me souffler de sublimes rimes.
- Et vous, dirhen (messieurs), jouez donc ! Vous ai-je enjoint de cesser ? Dit-il aux trois musiciens meiriahnz (de race meiry) qui le saluaient avec déférence et s'apprêtaient à s'éclipser.
- Pardonnez mon audace, Grand Kzâhr, dit le lëgiat, mais la nomination des nouveaux dudziz (grands intendants de provinces) du Cëldys et de l'Obëxan sont effectivement de vos …
- Allons, dyaz Bakahn (le plus bas des titres nobiliaires), je ne saurais lequel tiendrait le mieux cette charge, coupa-t-il avec des yeux – habituellement d'une belle couleur azur – que la contrariété faisait en ce moment virer vers un ton plutôt marine. Il me contrarie, vois-tu, qu'une question aussi ordinaire soit venue perturber ma douce communion avec ma déesse. Va dire au rhis (adjoint du Kzâhr) que je lui confère tout pouvoir en la matière.
- J'y vais de ce pas, Zyâr (Sire). Paix en vous, Kagîz.
- Paix en toi, Bakahn Manghät.
- Jouez allegretto, dirhen. Il me faut maintenant retrouver le fil de l'extraordinaire, lança le Kzâhr à son petit orchestre préféré.
Il plongea aussitôt dans l'obscure étendue de son subconscient à la recherche du songe merveilleux dans lequel une créature avait essayé de lui faire entendre un message. Ce bain dans le fantastique avait été semblable au souffle vespéral et apaisant de son Anaphysis adorée. Il chérissait cette province, pareille à une amante aux subtils appas, qui comblait en retour ses sens intérieurs. Silencieuse complice de ses rêveries, elle participait à ses émois intimes et consolait le chancre de sa mélancolie. D'ailleurs, il aspirait à finir ses jours à Stiarâk ; vu que ce tominstaz (chef-lieu) vibrait d'un fluide bénéfique à sa lyre. Il appréciait aussi de chevaucher vers la falaise de Yozhas, du haut de laquelle il pouvait passer des heures à contempler l'immense et majestueux thälabak (bouclier d'eau) qui paraissait s'unir au ciel tout au bout de cet univers.
L'interpénétration de l'azur avec le céruléen traçait une ligne d'horizon dont le krönhystrum (mémoire de Kûrhasm) rapportait que Kâmios l'avait tracé de son index, afin de confiner ses créatures dans le périmètre de l'univers de Kûrhasm. Xanghôr tentait souvent d'imaginer cet obscur néant que l'on disait peuplé de monstres infernaux ; bien que nul savant ne se fût préoccupé de lever le voile de ce mystérieux au-delà. Aussi tout cela procédait-il, peut-être, de la légende et de l'absurde.
Pour l'heure, il voyageait en esprit dans le royaume de l'incorruptible et protectrice déesse de l'inspiration. Accoutumé à de telles envolées, il composait grâce à elles des poésies qui ravissaient ensuite la Cour. Il aimait tant versifier (plus de neuf cents poèmes connus) sur ce bel univers, où Kâmios l'avait fait naître, ainsi que sur les mythologies dans les Cieux tout en s'interrogeant à sa façon au sujet de l'essence de ce haut lointain et des éventuels autres mondes en son sein.
« Du haut de Yozhas (nom d'une haute falaise d'Anaphysis), je contemple la mer,
Tantôt glauque, tel un Klodam mugissant,
Ou d'un sublime azur et serein,
Selon que sur lui passe le hâle d'Uthëv (déesse de l'harmonie),
Ou que s'y mire la beauté d'Avyen (déesse de la sérénité).
Olfan, ramène mon âme hors de cet univers !
Vers ce Ciel au-delà du firmament,
Pour qu'elle y repose d'un sommeil éternel,
Un doux continuum au sein de l'infini,
Semblable à un divin souffle, un céleste rêve.
Est-il un dieu au cœur compatissant ?
Qui ne dédaignera pas mon intime espérance,
Me fera un écrin de son sublime esprit,
Puis, à l'instar du fringant Azolhis (cheval céleste),
Me mènera vers un univers béni
Pour que de félicité je m'y nourrisse ».
Autre poème sur sa province chérie :
« Anaphysis dont l'insondable beauté
M'a subjugué au premier regard,
Ma sensibilité a suscité avec délice.
Vois le visage de mon âme extasiée !
Femme aux féeriques blandices
Et pétrie de vénusté ;
Des appas sur lesquels mes yeux se posent
Sans jamais en percer l'intime.
De superficialité, ils s'illusionnent,
Alors que mon cœur cherche le sublime
Dissimulé sous l'apparence.
Grâce à lui, un autre regard s'anime
Qui ne se repaît pas de faux-semblants,
Bien qu'il n'accède au subtil foisonnant
Celant une richesse immarcescible,
Une quintessence, de même, inaccessible.
Fais-moi la faveur d'une beauté intelligible
Propre à magnifier ma poésie,
À l’embellir des couleurs de la magie ;
Car dans les limbes de mon esprit rustique,
Sa rime s'y teint à celles du prosaïsme.
Anaphysis, Zheirah6 énigmatique,
À l'antique réputation de mystique,
Dont le sein abrite une âme délicate
Que la mienne discrètement convoite.
Au primat de tes charmes secrets,
Spontanément, celle-ci se soumet,
Une sujétion au parfum d'osmose,
À l'inconscient désir d'une apothéose.
Dans le creuset de tes effluves exquis,
Dans le flot de tes merveilles chromatiques,
Je voudrais être la modeste fleur
Qui végète sans autre but que le bonheur
De servir avec abnégation ta magnifique,
Éternelle et munificente harmonie.
Enfin, dans le giron de tes douces essences,
Me laisser devenir lentement marcescente,
Pour renaître en rayon de la haute Lumière
Et avoir la grâce de tes occultes splendeurs.
Anaphysis qui comble d'amour mon âme,
Forcée à une marche solitaire sur Kûrhasm ».
6 Titre nobiliaire le plus haut après celui de Kzâhrah qui était l'épouse du Kzâhr