Marquée du sceau de l'épreuve - François de Calielli - E-Book

Marquée du sceau de l'épreuve E-Book

François de Calielli

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Beschreibung

À l'âge de onze ans, Lorenza se retrouva emprisonnée avec sa mère au sein de plusieurs camps du sud-ouest de la France. Leur seul délit était d'avoir passé la frontière avec un groupe de réfugiés espagnols jugés indésirables par le gouvernement de Vichy. Après la mort de sa mère des suites d'une pneumonie, la Providence plaça Lorenza sous la protection d'Irena, une aimable polonaise grâce à qui elle bénéficiera de l'opportunité d'un changement impromptu. Toute sa vie, Lorenza se trouvera confrontée à des épreuves. Son indéfectible foi en Dieu la préserva toutefois de la misère et de la déréliction. Celle-ci l'amena aussi à faire preuve d'abnégation face à une adversité cruelle bien souvent. Ce récit, sous la forme d'un dialogue entre une grand-mère et sa petite-fille, narre l'histoire vraie d'une femme courageuse, intelligente et très philosophe.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Romans

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Essais

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L'islam tisse sa trame en Occident

Poésies

Murmures de mon âme

Envolée métaphysique

Scénario de film

Magnesia

Table des matières

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Je me consacre à l'écriture depuis 2002 après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon cœur. Ce qui m’a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.

Chapitre 1

2009

Âgée de quatre-vingt-un ans, Lorenza était désormais clouée sur un fauteuil roulant suite à un grave accident cardiaque. Elle maudissait ce cœur qui avait résisté, alors qu'elle aurait préféré quitter enfin ce monde et rejoindre ses proches au sein du jardin paradisiaque où elle les imaginait à présent. Elle espérait, en outre, que les âmes dévotes bénéficiaient du bonheur d'un havre de lumière. Sa foi en Dieu ne s'était jamais affadie, en dépit d'événements propres à l'inciter au reniement. Elle s'était donc fréquemment accrochée à celle-ci comme à un bastion. D’ailleurs, cela l'avait bien souvent préservée du pire.

Aujourd'hui, les journées ressemblaient à de longues heures d'ennui ; car elle ne lisait plus guère … elle qui avait tant aimé lire. Le tricotage, la dentellerie ou la télévision n'avaient pas, non plus, sa prédilection. Aussi passait-elle beaucoup de temps, les yeux clos, à revivre en pensée son vécu. Ayant encore toute sa tête, elle s'estimait punie par le sort. Que n'était-elle une moribonde, inconsciente du temps, et passant lentement de vie à trépas.

Chapitre 2

Heureusement, il y avait les visites régulières de sa petite fille. Aude était une jeune femme intelligente, très sensible, joyeuse et dévouée avec qui elle pouvait entretenir des conversations intéressantes, lesquelles la coupaient de cette vie sans attrait.

Ses parents étant décédés prématurément de maladie, un cancer à l'estomac ayant emporté sa mère à l'âge de quarante-huit ans et un infarctus du myocarde l’ayant brusquement privée de la chaleur de son père, Aude choyait cette grand-mère qui représentait dorénavant sa seule famille ici-bas. Aussi avait-elle à cœur de la garder en vie le plus longtemps possible. Âgée de vingt-quatre ans, elle n'était pas en couple et elle n'envisageait pas, pour l’heure, de s'engager dans une relation amoureuse ; vu qu'elle se remettait juste d'une douloureuse déception. Cette séparation avait de même affecté sa grand-mère ; car elle s'était prise d'affection pour ce charmant Étienne ... charmant, certes, mais très instable.

« Laisse le destin te mettre sur le chemin de l'homme idéal », lui répétait souvent sa chère mamie. Une femme qui s'avérait être idéaliste et très philosophe finalement.

Aude entra dans l’appartement avec son entrain coutumier et lança :

- Comment ça va mamie ?

Puis, la trouvant courbée dans son fauteuil et les yeux clos, elle s’enquit :

- Tu dormais ? Pardon de t'avoir réveillée.

- Non, je ne dormais pas ma chérie. Je voyageais au fond du souvenir. Je n'ai rien d'autre à faire, vois-tu.

- Tu t'ennuies, n'est-ce pas.

- L'ennui me tue à petit feu. De plus, je n'ai goût à rien. C'est triste.

- Je t'ai proposé de venir habiter avec moi, mais tu préfères rester dans ta solitude. Peut-être as-tu peur de me déranger.

- J'aime mon indépendance, en effet. Ceci dit, une jeune fille de ton âge doit pouvoir vivre sans avoir à s'occuper d'une vieille femme. Qui sait ! Le prince charmant peut tomber soudain du ciel.

- J’espère que ce sera un bel ange, plaisanta Aude.

- Un jeune homme capable de t'apprécier à ta juste valeur, ma fille.

Cette jolie réponse émut Aude dont les yeux, à la pupille noire comme le bois d'ébène, s'étaient parés d'un voile humide.

- Mamie, il m'est venue une idée.

- Ah oui ? Tu aiguises ma curiosité. Dis-moi vite cette idée.

Un joli sourire vint orner les lèvres de Lorenza.

- L'idée d'écrire un livre sur ta vie.

- En voilà une idée loufoque ! Ma vie n'intéressera personne.

- Je pense que si au contraire.

- Et puis … que comptes-tu raconter sur moi dans ce livre. Je suis trop pudique pour m'exposer ainsi à la façon d'une bête de cirque.

- Mon Dieu, il ne s'agit pas de narrer ton intimité. Mon souhait serait seulement de laisser une trace sur ces terribles événements qu'ont eu à endurer les réfugiés espagnols surtout.

- Cela remplira tout au plus une dizaine de pages.

- Peut-être te viendra-t-il l'envie d'en dire plus ensuite.

- Bon, puisque tu y tiens. Cette époque où de nombreux réfugiés de mon pays ont entrepris d'émigrer en France fut terrible. Pourtant, la France se prétend le pays des droits de l'homme. Toutefois, je n'ai que ma propre vision de la chose.

- Tu m'as souvent raconté, et de manière détaillée, ce que tu as vécu. C'est ton vécu qui m'intéresse. À travers lui, les gens auront une idée assez précise de ce qu’il s'est passé. Concernant les faits historiques, j'irai piocher des informations dans internet.

- Il se dit tout et n'importe quoi dans internet, rétorqua Lorenza.

- Il faut savoir tirer le grain de l'ivraie, ma mamie chérie. Ce serait bien que je t'offre un ordinateur ainsi qu'un abonnement à internet. Tu ne t'ennuierais plus comme ça.

- N'en fais rien surtout. Je suis trop vieille pour ce genre de technologie.

- Internet est une mémoire gigantesque par laquelle tu pourrais accroître ta culture.

- Ma mémoire me suffit. À quoi me servirait maintenant d'acquérir plus de culture ? Cela ne fera pas aller mon âme au Paradis.

- Tu aurais été une bonne écrivaine, mamie. On voit que tu as beaucoup lu.

- En effet. Néanmoins, je laisse mon cerveau dépérir à présent.

- Alors ce livre ? Es-tu d'accord ou non pour que nous l'écrivions ensemble ?

- Bon, tu as l’air de tant y tenir que je serais mal inspirée de t’en empêcher. Tu comptes procéder comment ?

- Je vais y réfléchir. J'ai confiance que la fée de l’inspiration m’assistera.

Chapitre 3

Aude revint deux jours plus tard avec sa bonne humeur coutumière. Elle envisageait d'enregistrer la conversation via une application téléchargée sur son smartphone et de prendre parallèlement des notes dans un grand cahier.

- Tu es prête mamie ? Demanda-t-elle.

- Quel est ton plan pour un bon déroulé de ce livre ?

- Je te propose de commencer par ton enfance et l'histoire suivra ensuite son cours. De toute façon, je te guiderai par des questions tout au long de ta narration. Cela te va-t-il ?

- Oui, si tu veux. Ah, mon enfance ! Ce fut ...

- Attends mamie, je démarre l'enregistrement. Voilà, je t'écoute.

- Je disais donc que les années de mon enfance depuis ce moment où j'ai réellement pris conscience de mon existence ...

- Pardon de t'interrompre. Tes premiers souvenirs remontent à quel âge ?

- À l'âge de quatre ans environ. Ma mère m'asseyait dans un coin et j'attendais là qu'elle ait fini son travail aux champs.

- Ça devait être long pour toi de rester assise sans rien faire non ?

- Maman disait toujours que j'étais une petite fille sage et déjà très mûre pour mon âge. Je m'occupais avec ce que je trouvais autour de moi : des brindilles, des feuilles d'arbres, des cailloux. De nos jours, les enfants réclament des jouets électroniques et ne savent plus créer avec des riens. De mon temps, il fallait se contenter de peu parce que les cadeaux à Noël se réduisaient à peau de chagrin la plupart du temps. Mais on ne se plaignait pas, vu qu'on n'avait pas conscience de ce qui n'existait pas.

- Que faisait ton papa comme travail ?

- Il était ouvrier agricole et mal payé. Aussi le salaire était-il consommé à la moitié du mois bien souvent. Pourtant, nous ne mourrions guère de faim ma sœur et moi.

- Vous aviez combien d'années d'écart ta sœur et toi ?

- Lola avait deux ans de moins que moi. Maman la faisait garder par une amie, car elle était d’un naturel très bougeant. Il y avait une grande solidarité dans le village où nous habitions.

- Comment se nomme ce village ?

- Bubión, un joli village d'Andalousie situé entre mer et montagne.

- Quel était le climat social dans l'Espagne de cette époque d'avant-guerre ?

- Je n'en connais que ce que j'ai entendu dire à l'école ou par mes parents et … quand j'ai eu l'âge de comprendre bien sûr.

- Qu'est-ce qui te vient à l'esprit ?

- Je me souviens de la guerre civile et de l'exode ensuite qui a eu lieu en 1936 vers un pays qui me paraissait bien éloigné.

- Tu veux parler de la France, n’est-ce pas.

- Oui. N'ayant jamais quitté mon village natal, ma connaissance de l'Europe se limitait à ce qu'on m'enseignait pendant les cours de géographie à l'école.

- Tu devais être une bonne élève.

- Malheureusement, je n'y allais pas régulièrement. Pourtant, j'aimais ça et l'institutrice vantait mes capacités intellectuelles. Or Dieu m'avait fait naître à un moment très tourmenté de l'histoire.

Aude observa le regard de sa grand-mère, lequel semblait explorer un univers très lointain. Une belle vivacité brillait dans les yeux clairs de cette dernière, signe d'une grande intelligence. Elle pensa que cette aïeule aurait pu devenir une femme d'exception en d'autres temps.

- Il me revient qu'en 1939 – j'avais alors onze ans –, j'entendis parler par mon père d'un mouvement appelé la « Retirada », c'est-à-dire la Retraite, et d'une émigration de nombre de Catalans vers la France. Mon pauvre papa était très remonté contre le gouvernement en place et, donc, actif dans une faction de révolutionnaires. À l'époque, j'avais l'impression que les événements s'enchaînaient à la vitesse grand « V ». Ainsi je me suis retrouvée, un matin, en partance pour un monde inconnu.

- Ta sœur Lola n'était pas avec vous ?

Aude vit soudain une ombre voiler les yeux de sa grand-mère.

- Ah, ma Lola chérie ! Je pense à elle régulièrement. Elle était si tendre, si calme et habitée par une belle joie de vivre. Quand la maladie l'a emportée, j'ai eu l'impression que l'on m'arrachait une partie de moi-même.

- Quel type de maladie l'a fait mourir ?

- Un problème cardiaque apparemment. Elle est partie d’un coup et sans le moindre symptôme apparent. Le médecin n'a pu que constater son décès.

- Cela a dû beaucoup affecter tes parents.

- Oui, énormément. Maman a longtemps pleuré et beaucoup prié aussi pour le repos de son âme.

- Tu veux qu'on arrête là pour aujourd'hui. Je te sens très très triste, mamie.

- Non, ma fille. C'est du passé maintenant. Mon âme n'attend plus que le jour de retrouver la sienne.

- Pourrais-tu alors me parler du village où tu as vu le jour ?

Lorenza sourit légèrement, comme si le fait d'évoquer ce lieu chéri emplissait son cœur d'un doux bonheur. Elle ferma les yeux et dit après un bref silence :

- Bubión est un village de la Alpujarra Andalouse. Alpujarra est une contrée montagneuse à l'indéniable charme.

- Que signifie Alpujarra ?

- C'est un nom dérivé de l'arabe qui veut dire « Terre des pâturages ».

- Pardon de t'avoir coupée. Tu parlais donc de ton village.

- Oui, l'architecture de ce petit coin de terre est particulière. On y trouve des maisons très blanches et des rues étroites qui reflètent finalement le style mauresque. Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai réalisé la particularité de ce lieu et le changement dont Bubión a été l'objet.

- Tu y es donc retournée.

- Nous n'en sommes pas encore à ce stade de ma vie. En tout cas, beaucoup de souvenirs sont attachés à ce lieu. Les stigmates en mon cœur, après avoir été forcée de le quitter, ont mis longtemps à guérir.

Aude louait en son for intérieur l'éloquence de sa grand-mère. Certes, elle aurait su écrire elle-même ce livre si elle l'avait décidé.

- Bon, tu es fatiguée, mamie. Restons-en là si tu veux bien.

- Tu as raison. D'être retournée soudain dans la région de mon enfance m'a rendue mélancolique.

- Nous reprendrons dans deux jours si tu es toujours d'accord.

- Oui, mon enfant. Quand j'entreprends un travail, je ne l'abandonne jamais en route.

- Je sais, mamie.

Aude repartit, le cœur gros. Elle aimait tant cette unique grand-mère qu'elle craignait à tout moment de la perdre. Avait-elle eu raison de faire ce livre et d'amener ainsi cette dernière à revivre des événements dramatiques ? Elle médita la remarque de Lorenza à propos de la persévérance.

Chapitre 4

Étant une maniaque de la ponctualité, Aude arriva chez sa grand-mère le surlendemain à dix-huit heures précises. Gérante de l'affaire très prospère, que celle-ci lui avait léguée, elle pouvait en effet s'organiser.

- Tu vas bien, mamie ? Questionna-t-elle en lui faisant un baiser sonnant sur la joue.

- Ton entrain me requinque, ma fille.