Napoléon Bonaparte - François de Calielli - E-Book

Napoléon Bonaparte E-Book

François de Calielli

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Beschreibung

En le prénommant Napoléon, à l'instar de son illustre ancêtre, son père Charles-André Bonaparte avait inconsciemment cherché à lui permettre d'intégrer la lignée impériale. En effet, lui-même n'avait jamais eu l'honneur de s'en prétendre à cause de sa filiation suite à une liaison extra-conjugale entre Louis-Napoléon Bonaparte et une sombre inconnue. Si ce dernier fut prince et chef de la maison impériale jusqu'à sa mort, il condamna son fils Charles-André à ne pas être reconnu comme un descendant de l'empereur Napoléon 1er. Quoique cette lignée bannie avait l'empereur Napoléon III comme aïeul, lequel était le père de Louis-Napoléon. Le Napoléon Bonaparte, dont ce livre conte l'histoire, naît en 2025 et montre, tout jeune, des dispositions identiques à feu Napoléon 1er. Il devient pareillement un grand militaire. Or, après un rêve étrange et plusieurs manifestations ensuite, il se sent tiré en son coeur vers l'accomplissement d'une oeuvre inédite en ce monde. Aussi ne tergiverse-t-il pas longtemps et accepte-t-il de suivre ce chemin de destinée.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Je me consacre à l'écriture depuis 2002 après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon cœur. Ce qui m’a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.

Table des matières

Chapitre 1

-15 avril 2015-

Chapitre 2

-Juin 2025-

Chapitre 3

-Mai 2029-

Chapitre 4

-Février 2032-

Chapitre 5

-Juillet 2036-

Chapitre 6

-Septembre 2039-

Chapitre 7

-Février 2041-

Chapitre 8

-Décembre 2042-

Chapitre 9

-Mai 2043-

Chapitre 10

-Février 2045-

Chapitre 11

-Décembre 2048-

Chapitre 12

-Mai 2049-

Chapitre 13

-Septembre 2050-

Chapitre 14

-Mars 2051-

Chapitre 15

-Décembre 2051-

Chapitre 16

-Août 2052-

Chapitre 17

-Janvier 2053-

Chapitre 18

-27 mai 2053-

Chapitre 19

-9 Juin 2054-

Chapitre 20

-Février 2057-

Chapitre 21

-Août 2058-

Chapitre 22

-Octobre 2059-

Chapitre 23

-Mars 2060-

Chapitre 24

-Juillet 2061-

Chapitre 25

-Novembre 2061-

Chapitre 26

-Juin 2062-

Chapitre 27

-Février 2063-

Chapitre 28

-Mars 2064-

Chapitre 29

-Mai 2065-

Chapitre 30

-Novembre 2065-

Chapitre 31

-3 novembre 2066-

Chapitre 32

-Janvier 2070-

Chapitre 33

-Mars 2071-

Chapitre 1

-15 avril 2015-

Marie-Sophie Bonaparte – née de Montricaud – mit au monde un fils que son époux François, Charles-André Bonaparte, surtout, décida de prénommer Napoléon. Il fit cela comme induit par un ange et sans avoir cherché ainsi à intégrer sa progéniture dans la lignée de l'illustre empereur Napoléon 1er. Cela ne le conduirait pas à appartenir, toutefois, à la maison impériale composée des descendants légitimes de ce royal aïeul. Car, étant le fruit d'une liaison adultérine, Charles-André Bonaparte n'était pas considéré comme un vrai Bonaparte. Le prince et chef actuel de cette dernière l'ignorait donc totalement et n'avait même pas essayé d'entretenir, au moins, un rapport amical avec lui. Une attitude blessante, même s’il en avait pris son parti au fil des ans. Il se moquait bien, aujourd'hui, d'être ou non un vrai Bonaparte et il n'aspirait pas, d’ailleurs, à la gloire ou aux honneurs.

À deux ans déjà, le jeune Napoléon affichait une nature déterminée et commençait, de surcroît, à s'exprimer comme un enfant de quatre ou cinq ans. Ce qui ravissait sa mère Marie-Sophie et, bien évidemment, son père Charles-André qui répétait souvent : « Celui-ci est un vrai descendant de l'empereur. Je lui prédis, personnellement, un grand destin ». Au fond de lui, il espérait tant que son cher rejeton remît le nom de Bonaparte dans la lumière.

En 2018, Marie-Sophie enfanta une fille, qu'ils prénommèrent Victoria, Léonie. L'accouchement ayant été difficile, cette enfant, déclarée d’abord mort-née par la sage-femme, s’était mise soudain à respirer et à pleurer. Ses parents sentaient, cependant, que Victoria serait d'une santé délicate. Aussi l'entouraient-ils d'amour avec l’espoir que celui-ci l’aiderait à mieux s’épanouir. Concernant le jeune Napoléon, il faisait preuve, à trois ans à peine, d'une attitude très protectrice à son égard.

Chapitre 2

-Juin 2025-

Napoléon avait dix ans et un caractère déjà bien trempé. Un test psychométrique démontra qu'il possédait un quotient intellectuel élevé que, d’ailleurs, l’excellence de ses résultats dans les matières principales confirmait. Ainsi le précepteur déclara : « Cet enfant est véritablement surdoué et en mesure d'entrer, plus tard, dans une grande école et d'en sortir hautement diplômé ». Il s'abstint de leur préciser que certains surdoués se trouvaient confrontés, au cours de leur adolescence à des problèmes de socialisation et arrêtés, soudainement parfois, dans leurs études. Mais, pour l'heure, ce Napoléon se montrait curieux de tout, expansif et, donc, avide de savoir. Ambassadeur de France à Madrid, son père lui offrait, de plus, un cadre propice à une enfance dorée.

Lors d'un cours d'histoire, le précepteur lui apprit qu'il descendait de l'empereur Napoléon 1er dont il lui conta le parcours depuis ses études à l'école militaire de Brienne, ses premiers succès militaires en qualité de général, sa nomination comme premier consul sous la Révolution Française jusqu’à son sacre d’empereur des Français. Il lui rapporta aussi que ce stratège de génie gagna de très nombreuses guerres et suscita la peur de toutes les autres têtes couronnées d'Europe.

Napoléon émit le souhait de plus de précisions sur cette ascendance avec un personnage célèbre et portant les mêmes nom et prénom que lui-même de surcroît. Que son père n’eût pas jugé important d’évoquer cette particularité le contrariait.

- Père, pendant le cours d'histoire, monsieur Sevestre m'a dit que nous sommes descendants de l'empereur français Napoléon 1er.

- En quelque sorte, oui, répondit Charles-André.

L'agacement dans la voix de son fils ne lui avait guère échappé.

- Vous ne m'avez jamais parlé de cette chose importante, père, répliqua Napoléon d'une voix plutôt cassante.

- C'est exact, mon garçon, rétorqua Charles-André avec calme. J'attendais, vois-tu, que tu sois en âge de l'entendre.

- Alors, je le suis maintenant. Mais vous avez dit tout à l'heure … en quelque sorte. Pourquoi ça ?

Charles-André était certes habitué au tempérament très déterminé de sa progéniture, une spécificité qui s'accentuait au fil des ans. En définitive, il était fier de ce fils qui se montrait, dès à présent, un digne descendant de la lignée Bonaparte.

- Oui, en effet. J'ai dit « en quelque sorte » parce que Napoléon 1er n'est pas réellement ton arrière-arrière-arrière-grand-père.

- Ah ? Qui était mon arrière-arrière-grand-père. Et pourquoi aussi je m'appelle Napoléon comme lui ?

- Bien, il est temps, mon fils, que je te raconte l'histoire de notre arbre généalogique.

Napoléon scruta le regard à l'iris marron clair et d'une belle vivacité de son père. Il l'aimait tant qu'il lui pardonnait cette cachotterie.

- Je suis un Bonaparte, vois-tu, que la maison Bonaparte ne reconnaît pas comme tel.

- Pourquoi ça, père ?

- Mon père était un Bonaparte de pure lignée qui s'appelait Louis-Napoléon et qui fut le chef de la maison impériale de 1926 à sa mort en 1997.

- C'est quoi la maison impériale ?

- Je t'en reparlerai plus tard pour ne pas nous égarer. Je continue donc l'évocation de cette généalogie un peu particulière. Ta grand-mère était la Comtesse Alix de Foresta, issue de la noblesse italienne, décédée en 2010 à l'âge de 84 ans. Mon père et ma mère n'ont eu aucun enfant ensemble, cette dernière étant définitivement stérile.

- Ça signifie quoi « stérile » ?

- Une personne stérile ne peut pas procréer ou faire d'enfant si tu préfères.

Les yeux grands ouverts, Napoléon attendit sagement la suite de cette intéressante révélation.

- Je vois bien que tout cela t'étonne, mon fils. Il me faut t'informer maintenant de la particularité de ma naissance. En effet, je suis le résultat d'une liaison extra-conjugale entre mon père et une femme qui demeura une parfaite inconnue. Ainsi je n'ai jamais connu ma mère biologique. Cette personne et mon père ont-ils fait un arrangement financier ? Cela est toujours resté un secret que mon géniteur n'a pas jugé utile de me confier. Concernant la Comtesse Alix, ma mère d'adoption dirons-nous, elle a accepté de m'élever et, finalement, avec beaucoup d'amour. Je l'ai donc considérée comme ma mère jusqu'au jour où ma grand-mère maternelle, une personne peu aimable, me fit savoir que je n'étais pas un vrai Bonaparte, mais une sorte de bâtard. Une annonce qui fut un immense choc et qui m'amena ensuite à m'opposer à mon père ; car je lui en voulais terriblement de ne m'avoir jamais révélé la vérité au sujet de ma conception. Ma réaction l'affecta tellement que, par amour, je décidais ensuite de ne plus le tourmenter avec mon état d'âme.

« Ainsi vous n'êtes pas ma mère, lançai-je un matin à la Comtesse Alix et d'une voix plutôt agressive.

- En effet, mais je t'aime néanmoins comme mon vrai fils, répondit-elle en me prenant les mains ».

- Je me souviens que sa tristesse dans le regard m'émut fortement.

« Je reconnais que vous avez toujours fait preuve d'une grande affection à mon égard, avouai-je.

- Mon cher Charles-André, j'ai été privée du bonheur d'enfanter. Aussi ton arrivée fut, pour moi, comme un cadeau du Ciel. Et puis, tu émanais de la chair de l'homme que j'aimais d'un amour indestructible, malgré son infidélité. C'était le destin. Je trouvais, en définitive, que le Divin m'avait bien servie ».

- Cet aveu me toucha tant que je décidais, ici aussi, de continuer à faire comme si cette femme était ma vraie mère. Je fis table rase en mon cœur du passé, afin de ne pas éprouver le désir de retrouver cette inconnue qui m'avait enfanté. J'imaginais que cela avait dû être, pour elle, un gros chagrin de savoir qu'elle ne verrait jamais la chair de sa chair.

- Quel âge aviez-vous quand vous avez appris cette histoire ?

- Seize ans et l'âge finalement où on commence à maîtriser son impulsivité. Mais je n'ai jamais été un impulsif. Peut-être même étais-je trop raisonnable.

- Vous vous êtes donc résigné, père.

Le niveau de langage de son fils, à tout juste dix ans, étonnait très souvent Charles-André.

- Oui, car je ne voulais pas que la Comtesse Alix souffrît d'un comportement soudain distant ou peu gentil de ma part. Mais, je le répète, j'étais un adolescent réfléchi et raisonnable. Je me satisfaisais de cette appartenance à demi à la maison Bonaparte.

- Cela vous préoccupait quand même d'être un peu un Bonaparte.

- J'avoue que j’étais fier de ce nom et, d'une certaine façon, de descendre de ce grand empereur dont j'admirais le parcours exceptionnel. Je l'ai toujours considéré comme un génie.

- Qui étaient les parents de ma mère ? S'enquit le jeune Napoléon.

- Ton grand-père maternel était un industriel dans le domaine de l'acier. Il possédait une belle petite fortune. Quant à ta grand-mère maternelle, elle jouait merveilleusement du piano. C'était une artiste dans l'âme.

- Le père de Louis-Napoléon, enfin de votre père, qui était-ce ?

- Un homme célèbre, celui-là ; puisqu'il s'agissait de Charles, Louis, Napoléon, appelé également Louis Napoléon, qui devint l'empereur Napoléon III. Il ne l'était pas devenu toutefois par filiation, mais via une élection au suffrage indirect … le suffrage universel masculin ayant remplacé le suffrage censitaire en 1848.

- C'est compliqué tout ça. Suffrage universel, suffrage indirect et l'autre dont j'ai pas retenu le nom… ça veut dire quoi, père ?

- Tu apprendras ces choses un jour. Pour résumer, le suffrage indirect est un mode électoral dans lequel les élus sont désignés par un collège électoral. Le suffrage universel consiste pour les élus à l'être par le biais des citoyens. Les citoyennes n'ont eu le droit de votre qu’en 1944 et après un long combat pour l'obtention de ce droit. Le suffrage censitaire est un mode dans lequel le droit de vote est réservé à des citoyens acquittant un impôt au-delà d'un seuil appelé cens électoral.

- Je n'ai pas tout compris. Je comprendrai mieux quand je serai plus grand. Est-ce que Napoléon III a été, lui aussi, célèbre ?

- Il n’a pas eu le destin de Napoléon 1er, mais il sauve notre lignée en tout cas.

- Oui, père. Si j’ai bien compris, il ne nous a pas fait entrer dans la maison impériale, objecta judicieusement Napoléon.

- Ce n’est pas grave. Nous restons des Bonaparte et sommes perçus comme des descendants de l’illustre Napoléon 1er par les gens que nous rencontrons.

- Qui était la femme de ce Napoléon III, ta grand-mère en fait ?

- L’impératrice Eugénie, originaire d’Espagne et qui s’appelait, avant son mariage, Eugénie de Montijo. Bon, je te demande de garder à l’esprit que notre lignée est digne de considération.

- Oui, promis ! On est des Bonaparte pour moi, puisque ton père en était un vrai descendant.

Charles-André sourit et fut touché par cette jolie réflexion. Il s’était abstenu de spécifier que, par sa liaison avec une femme, son père avait sans doute projeté une perpétuation de sa lignée. Par chance, un garçon en était né et non une fille. À noter que la Comtesse Alix ne lui avait point tenu grief de cette infidélité. Il s’était souvent demandé, pour sa part, s’il n’y avait pas eu une entente tacite entre eux, dès lors qu’elle se savait infertile. Âgée de cinquante-huit ans à sa naissance, elle avait été heureuse de pouvoir aimer un enfant … même tardivement.

Cette narration par son père de l’arbre généalogique et de cette appartenance à une lignée considérée illégitime par les membres de la maison impériale n’attrista guère Napoléon. Cela l’importait peu que le prince actuel de celle-ci les ignorât, estimant que celui-ci faisait preuve d’une regrettable mesquinerie. Pour sa part, il lui suffisait de bénéficier du privilège d’une existence épanouie entre une mère aimante et un père bienveillant.

Le lendemain, le jeune Napoléon demanda à son père :

- Hier, vous ne m’avez pas parlé de la maison impériale. C’est quoi exactement ?

- C’est vrai. La maison impériale de France désigne la dynastie créée par l’empereur Napoléon 1er. La famille Bonaparte, d’origine corse, eut accès à la noblesse sous l’Ancien Régime, puis elle devint maison impériale après le sacre de Napoléon 1er en 1804. Trois de ses membres ont régné sur la France, à savoir Napoléon 1er, son fils Napoléon II en 1815, mais un règne fictif de deux semaines seulement, et Napoléon III en 1852 qui fut le premier Président de la République Française. Cette maison Bonaparte a régné sur plusieurs pays européens sous le Premier Empire : l’Italie avec Napoléon 1er de 1805 à 1814, le royaume de Naples avec Joseph Bonaparte de 1808 à 1813, la Hollande avec Louis Bonaparte de 1806 à 1810 et Louis II en 1810, puis le Grand-Duché de Toscane avec Élisa Bonaparte en 1809, la sœur aînée de l’empereur, et, enfin, la Westphalie avec Jérôme Bonaparte de 1807 à 1813. Voilà, mon fils !

- Vous connaissez très bien l’histoire de la famille.

- Un Bonaparte se doit de la connaître. Cette famille n’est guère banale, n’est-ce pas.

- Oui, père. Napoléon 1er aurait pu être le maître de l’Europe pendant des années. Pourquoi a-t-il échoué ?

La maturité intellectuelle de Napoléon, équivalente à celle d’un adolescent de quatorze ou quinze ans, ne manquait jamais d’édifier Charles-André.

- Son ennemi juré, à savoir l’Angleterre, l’a empêché de régner sur l’Europe. En effet, elle a réussi à créer une coalition avec les têtes couronnées d’Autriche, de Prusse, d’Espagne, du Portugal, de Russie et mis fin à son règne lors de la guerre de Waterloo.

- Oui, monsieur Sevestre m’a parlé de cette guerre et de l’exil de l’empereur à Sainte Hélène. S’il avait réussi, on parlerait, peut-être encore, de cette maison impériale avec respect.

Napoléon remercia son père de l’avoir si bien instruit sur cette période de l’histoire de France. Il se sentait maintenant partie prenante de cette dynastie napoléonienne.

Chapitre 3

-Mai 2029-

Quatre années s’étaient écoulées ...

Âgé à présent de quatorze ans, Napoléon annonça à son père son intention d’embrasser la carrière militaire ; ce qui réjouit Charles-André, lequel avait l’intuition que son rejeton deviendrait un grand officier. N’avait-il pas, lui-même, choisi de se mettre au service de l’État français après ses diplômes en Sciences Politiques et de l’École Nationale d’Administration, puis son passage comme haut fonctionnaire au sein du Ministère des Affaires Étrangères ? Aujourd’hui, ambassadeur de France à Madrid depuis 2018, il se plaisait dans la belle capitale espagnole. Il avait conscience toutefois que le Président de la République Française Pierre Langlois pouvait décider de le muter à tout moment dans une autre capitale du monde.

Étant né à Paris, Napoléon avait la nationalité française. Puisqu’il manifestait le désir de devenir un soldat, son père prévoyait de lui faire intégrer l’école de Saint-Cyr Coëtquidan qui fut fondée, d’ailleurs, par Napoléon 1er en 1802. Son intuition lui soufflait, en outre, que ce cher fils ne manquerait pas de le surprendre ; bien qu’il la gardait pour lui.

Chapitre 4

-Février 2032-

-1-

Le nouveau Président Clément Brémond convoqua Charles-André Bonaparte au Palais de l’Élysée pour lui proposer le poste d’Ambassadeur de France à Washington. Une mutation au sein de la première puissance du monde que ce dernier vit d’un bon œil et comme une opportunité intéressante pour son fils. À moins que ce dernier ne préférât rejoindre l’école de Saint-Cyr Coëtquidan et faire ainsi une carrière militaire dans son pays de naissance. Clément Brémond profita de cet entretien avec un descendant du célèbre Napoléon 1er pour confier sa grande admiration envers cet homme d’exception. Pareil encensement réjouit Charles-André ; car il éprouvait un réel sentiment de fierté lorsqu’il entendait des propos élogieux sur son illustre aïeul.

Quinze jours plus tard, il s’envola de Madrid pour Washington – sise au 4101 Reservoir Road dans le quartier historique de Georgetown – où il prit ses fonctions dans une enceinte de 35 000 mètres carrés composée de quatre grands bâtiments et ayant donc quasiment le double de surface de celle d’Espagne. Fort de son expérience dans le domaine, il intégra facilement les contraintes de cette représentation de son pays dans la puissante Amérique.

Napoléon avait à présent dix-sept ans et toujours un fort caractère.

- Ton désir est-il toujours de devenir un militaire ? S’enquit-il.

- Plus que jamais, père.

- Préférerais-tu intégrer Saint-Cyr en France ou une école militaire ici aux États-Unis ?

- J’aimerais mieux rester ici pour n’être pas trop loin de ma famille.

- D’accord. Je vais alors m’informer sur la plus proche de Washington et sur les modalités d’admission.

- Merci, père.

Charles-André délégua à un collaborateur cette recherche de la meilleure école militaire du pays qui déboucha sur le choix de West Point, une Académie militaire établie non loin de New-York. Le statut d’Ambassadeur de son père permit évidemment à Napoléon de bénéficier du privilège de la naturalisation américaine. Celui-ci s’attela à la maîtrise de la langue de ce pays, étant arrivé, d’ailleurs, avec un bon niveau d’anglais. Vu qu’il parlait couramment l’espagnol et le français, il serait dorénavant trilingue. Fort de sa bonne disposition en la matière, il envisageait d’apprendre d’autres langues.

D’une nature entreprenante, Charles-André confia à une de ses secrétaires personnelles le soin d’établir une demande écrite à l’attention du Surintendant de l’Académie militaire de West Point. Par contre, il se chargea de la proposition de la candidature de son fils auprès de la Chambre des Représentants. Le consentement dudit Représentant prit la forme d’une simple formalité. Quant au patronyme « Bonaparte », il ne laissa guère indifférent, voire il influença favorablement, le général chargé de la direction de West Point. En effet, parmi les grands officiers constituant l’histoire de cette institution, il y eut un certain Jérôme-Napoléon Bonaparte-Patterson, un membre de la famille impériale et américain par sa mère, qui fut formé et affecté dans la cavalerie où il servit au sein de l’armée américaine au Texas. Lors du retour au pouvoir de son cousin Napoléon III, il s’engagea dans l'armée française et participa brillamment aux campagnes de Crimée, d'Algérie, à la bataille de Solférino et, enfin, à celle de Sedan. En dernier lieu, il revint aux États-Unis, sa patrie, pour y finir ses jours.

Napoléon dut néanmoins se soumettre aux épreuves indispensables, à savoir un test d’aptitude physique et plusieurs contrôles psychotechniques. La lettre de confirmation de son admission, ensuite, le rendit fier et heureux. Le 1er septembre 2032, il intégra l’Académie militaire située sur un plateau de la rive gauche de l’Hudson et dans un site d’une rare beauté à quatre-vingt kilomètres au nord de New York. Lors d’un entretien avec le Lieutenant général Andrew Collins, et surintendant de l’Académie, Son Excellence Charles-André Bonaparte avait insisté pour que Napoléon ne soit pas traité en tant que fils d’un notable, mais comme un élève ordinaire. Une requête qui avait beaucoup plu à l’officier supérieur. Informé par son père de cette intervention auprès du Chef de West Point, Napoléon avait été sensible à sa sagacité ; car il n’aurait point apprécié d’être favorisé et moqué par ses futurs camarades.

À son arrivée, il dut prononcer, à l’instar des autres cadets, le serment prescrit par l’Acte du 2 juillet 1862, puis signer l’engagement en présence du surintendant et d’un adjoint nommé par lui :

« Moi, Napoléon Bonaparte, âgé de 17 ans et 4 mois, ayant été désigné pour être nommé cadet de l’Académie militaire des États-Unis, je m’engage, avec le consentement de mon père Charles-André Bonaparte, pour le cas où j’obtiendrais ma nomination, à servir dans l’Armée des États-Unis pendant une période de huit années si je ne suis pas libéré plus tôt par l’autorité compétente. Je jure solennellement que je soutiendrai la Constitution des États-Unis, que je resterai fidèle au Gouvernement national et que je maintiendrai et défendrai la souveraineté des États-Unis avant toute autre souveraineté, allégeance ou féauté qui pourrait me lier à un État, comté ou pays quelconque, qu’en tout temps, je me conformerai aux ordres légitimes de mes supérieurs, aux règles et aux articles qui régissent les armées des États-Unis.

Juré et signé à West point, État de Virginie, Comté King William, le 1er septembre 2032 ».

Avant d’apposer sa griffe, Napoléon avait lu avec sérieux, et en prenant son temps, ce texte impliquant son honneur. Les officiers avaient observé ce descendant d’un empereur et à la personnalité peu commune.

-2-

Devenu pleinement un cadet de l’Académie de West Point, Napoléon apprit les techniques militaires de base … y compris le commandement. Il fut d’ailleurs remarqué par le Brigadier Général Matthew D. Price, l’actuel Commandant des Cadets.

Le programme éthique tenait une grande place dans les programmes et les activités diverses. Les fondements du code moral de l’Académie étaient d’ailleurs gravés dans le marbre par la devise : Devoir, Honneur, Patrie. Ainsi les cadets devaient adhérer au code d’honneur suivant : « Un cadet ne ment pas, ne triche pas, ne vole pas et se détourne de ceux qui ne respectent pas ces valeurs ».

Faisant preuve d’une grande application au niveau des épreuves physiques et intellectuelles, Napoléon gravit allègrement les responsabilités accordées aux meilleurs cadets et formalisées par un grade. Il devint successivement cadet du rang (membre d’escouade), cadet caporal (chef d’équipe), cadet sergent (chef d’escouade), puis cadet lieutenant, cadet capitaine et, enfin, cadet premier capitaine, lequel représentait le plus haut grade au sein du corps des cadets.

Suite à son excellence, il s’attirait la jalousie de certains de ses camarades qui estimaient que le fait de s’appeler Bonaparte et de descendre d’une célébrité, voire d’être le rejeton de l’Ambassadeur d’un grand pays lui valaient des égards. D’autant que plusieurs filles tournaient autour de lui et que cela n’échappait à personne. L’une d’elles chercha même à savourer la joie d’une idylle ; or il montra une grande maîtrise en la tenant à distance, alors qu’elle lui trouvait beaucoup de sex-appeal, pour ne pas s’attirer les foudres du commandant des cadets et, partant, la dure sanction promise à celui responsable d’une telle dérive dans l’enceinte de l’Académie. Quand, par ailleurs, tel ou tel officier enseignant se mettait à le citer en exemple, il sentait croître plus encore l’animosité envers lui. Tout particulièrement, de la part de l’un d’entre eux qui se plaisait à le provoquer. En choisissant de l’ignorer, Napoléon montrait une belle hauteur d’esprit. Une attitude qui exécrait naturellement cet individu, lequel en rajoutait en le traitant de lâche, de fils à papa ou, pire, de gradé de pacotille. N’ayant cure de ces insultes, Napoléon riait. Un jour, il ne put s’empêcher toutefois de lui envoyer en pleine face : « Ta méchanceté est d’une vile bassesse, mon pauvre, et indigne de quelqu’un aspirant à un futur haut commandement. Mais, d’ailleurs, y parviendras-tu ? ». Ce dénommé Tyler Hunt n’osait porter la main sur lui, n’étant que cadet lieutenant, et que frapper un cadet premier capitaine l’aurait fait passer devant une commission disciplinaire et lui aurait valu d’être renvoyé ensuite de l’Académie. Napoléon n’étant guère un freluquet, une bagarre entre eux deux n’aurait pas tourné à l’avantage, sans doute, de Hunt.

Un épais tapis blanc de vingt-cinq centimètres, au moins, recouvrant le sol en ce dimanche de décembre 2034, Napoléon eut l’idée d’organiser une grande bataille avec des boules de neige dont il voulait qu’elles eussent l’apparence de petits boulets de canon. Il proposa à ses camarades de se diviser en deux groupes et, à chacun de ces derniers, de s’atteler à la fabrication de deux cents boules environ. Évidemment, Tyler Hunt tenta de dissuader le plus possible de cadets de suivre le délire du prétentieux Bonaparte.

« Il vous manipule, les gars … et vous savez pourquoi ? Par pure vanité ! Allez, montrons-lui qu’on est pas ses sous-fifres et laissons-le là planté au-milieu de la cour ! ». Faisant comme s’il n’avait rien entendu, Napoléon persista dans son idée d’une bataille la mieux construite possible. Il aspirait à simuler un combat semblable à celui opposant deux armées ennemies. Tyler ne parvint à convaincre qu’une quinzaine de cadets, lesquels finirent en outre par le plaquer et par choisir de participer au jeu de Napoléon. Or il fallait à ce dernier quelqu’un en mesure de prendre le commandement d’un des deux groupes, ayant prévu d’assumer celui de l’autre. Il se dirigea d’un pas déterminé vers Hunt : « Puisque tu me hais tant, prends donc la tête d’un groupe et montre à tes camarades que tu es le meilleur et que je ne suis qu’un stratège fantoche ». Tyler le considéra d’un air hautain et avec un regard empli de haine. « OK, je relève le challenge ! Quel groupe tu me laisses ? Pas de filles dans mon groupe, OK ! ». Napoléon se tourna vers les cadets en train d’observer la scène et déclara d’une voix forte à la façon d’un vrai chef de guerre : « Mesdemoiselles et Messieurs, le cadet lieutenant Tyler Hunt va prendre le commandement d’un groupe et je prendrai, quant à moi, la tête de l’autre. Constituons ces deux formations en y intégrant les filles qui le veulent, je vous prie ! ». Constatant que beaucoup désiraient rejoindre le sien, Napoléon divisa les cadets avec autorité et diplomatie : « C’est simplement un jeu, mes amis ! ». Ceci fait, il mit en place sa stratégie en scindant son groupe en cinq bataillons, puis il fit fabriquer des boules de neige bien rondes et dures. Un stock de quatre cents boules lui parut être suffisant pour vaincre l’adversaire. Avant le début de cet affrontement, il dit confidentiellement à Hunt : « Celles et ceux qui seront atteints d’une boule à la tête et à la poitrine devront tomber et ne plus combattre. Es-tu d’accord avec ça ? » « Oui, oui, c’est OK ! ». Tous deux instruisirent leur groupe respectif au sujet de cette règle.

La guerre démarra et Bonaparte disposa les cinq bataillons en conservant une réserve de combattants sur les lignes arrières. Au sein de son groupe, Hunt s’employa à mettre en place une tactique différente en mesure de cerner l’ennemi après avoir décimé les lignes avant. Les deux premiers bataillons napoléoniens avancèrent en ordre et en rang serré, puis ils posèrent un genou à terre et envoyèrent une première salve qui fit, d’emblée, de grands dégâts chez l’adversaire, lequel avait attendu le signal avant de tirer. Deux autres bataillons surgirent à l’est et à l’ouest du groupe de Hunt en le bombardant. Les cadets adverses furent ainsi aveuglés par les boules en train de se transformer en neige. Se conformant à la règle, beaucoup d’entre eux tombèrent après avoir été touchés. Un grand désordre se mit alors à régner dans le camp de Hunt, lequel hurlait : « Arrêtez de paniquer, les gars ! En ordre ! En ordre ! À nous de les assommer maintenant ! ». Mais profitant de leur désorganisation, les cinq bataillons quasiment au complet de Napoléon y pénétrèrent en force et envoyèrent au sol la majorité des combattants encore debout. « Soldats, vous vous êtes battus vaillamment, mais vous avez perdu la bataille ! Rendez-vous à présent ! », s’écria Bonaparte.

Un officier, qui avait observé la scène, intervint : « Je suis d’accord ! Bonaparte a vaincu ! Hunt, vous devez maintenant reconnaître dignement votre défaite ! Serrez-vous la main, je vous prie ! ». Hunt accepta ce serrement de main avec son ennemi juré, mais sans mot dire. L’officier vint féliciter Napoléon pour la qualité de sa stratégie de guerre. Ni l’un ni l’autre ne savait que l’empereur avait quasiment organisé une bataille similaire pendant sa formation à l’école militaire de Brienne. Évidemment, l’inimitié de Tyler Hunt envers Napoléon Bonaparte crut et à un point tel qu’il ne lui adressa plus jamais la parole. Ce qui arrangeait Napoléon que les différends, ou autres comportements agressifs, ne passionnaient point.

Le Brigadier Général Matthew D. Price, le commandant des cadets, avait regardé de derrière la vitre d’un bâtiment donnant sur la vaste cour cette petite guerre improvisée. D’abord amusé, il avait été très intéressé ensuite par la manière dont Bonaparte avait construit sa tactique d’attaque à l’instar d’un vrai général.

L’association de son patronyme avec son prénom avait placé Bonaparte, dès son entrée dans cette institution, sur un petit piédestal. Le surintendant, les autres officiers, et ses camarades même, le considéraient, malgré eux, comme une personne à part. Car l’empereur Napoléon 1er resterait à jamais un maître de la stratégie militaire, principalement celle qu’il mît en place pendant la bataille d’Austerlitz et que nombre d’écoles d’officiers dans le monde enseignaient.

Son professeur dans le domaine avait été médusé par la facilité avec laquelle le cadet Bonaparte avait copié celle-ci. Quoique le cadre très réduit du champ de bataille et de simples boules de neige, en guise d’armes, n’avaient permis qu’une très lointaine restitution de la tactique de feu l’empereur. C’est l’intelligence et l’aisance dans le commandement d’une troupe du cadet premier capitaine qui avait suscité, surtout, l’admiration des officiers présents.

Le commandant des cadets Matthew D. Price rapporta cet événement au surintendant, le Lieutenant général Andrew Collins, qui convoqua Napoléon en vue de le congratuler :

- Cadet premier capitaine Bonaparte, vous méritez votre grade. West Point se souviendra de l’exemple que vous êtes.

Peu après, celui-ci confia à son adjoint :

- Ce Bonaparte ira loin, très loin même. Il ne claironne jamais, ce qu’un autre ferait sûrement à sa place.

Naturellement, il était informé sur les faits et gestes des cadets et, donc, sur l’imperturbabilité de Bonaparte face aux critiques et autres agressions verbales de certains à son égard.

De son côté, Napoléon aurait préféré n’être pas encensé de la sorte et comparé régulièrement à son aïeul. Certes, il avait appris à assumer cette glorieuse ascendance tout en pensant qu’une grande différence les distinguait. Ce lien allait-il le suivre jusqu’à son dernier souffle ? Pourquoi ses parents avaient-ils eu l’idée saugrenue de le prénommer Napoléon ? Nul doute que ces derniers fondaient de grands espoirs sur sa capacité à briller en ce monde et, de fait, à réhabiliter une branche délaissée de la maison impériale.

Chapitre 5

-Juillet 2036-

-1-

Au terme de son cursus, et pareillement à la majorité des autres cadets, Napoléon reçut le diplôme du baccalauréat en sciences. Il était âgé de vingt et un ans. Il quitta donc West Point et fut nommé lieutenant au sein de la 28ème division de l’infanterie de Harrisburg en Pennsylvanie. Suite à ses bons résultats scolaires, il avait été autorisé à choisir son affectation. À noter que si, d’aventure, la nationalité américaine lui avait été refusée, il se serait vu contraint de rejoindre l’armée française. À présent, il avait l’obligation de servir dans l’armée américaine durant cinq années et de rester ensuite à la disposition de celle-ci en qualité de réserviste pendant trois années.

Son livret élogieux et son patronyme amenèrent le Major Général Andy Perez à le recevoir avec des égards ; même si celui-ci tint à le prévenir en ces termes :

- Lieutenant Bonaparte, vous serez ici un simple officier et l’égal des autres officiers de même grade. Vous devrez vous soumettre à l’autorité de vos supérieurs et n’aurez droit à aucune concession à cause de celui que vous êtes. Vous voyez ce que je veux dire !

- Je l’entendais ainsi, mon général. Je ne suis qu’un lieutenant ayant à faire ses preuves.

- Parfait, lieutenant ! Vous pouvez rapatrier votre unité maintenant !

Napoléon parti, le général Perez murmura :

« Quelle personnalité, ce Bonaparte ! Je pense qu’il n’a pas fini de nous étonner ».

Un an plus tard seulement, le colonel Steven Rogers le proposa au grade de capitaine. Cet officier éprouvait une grande sympathie pour ce subalterne intelligent et possédant une autorité naturelle ainsi qu’une bonne maîtrise de soi. Fort de la lecture de son dossier établi par l’Académie de West Point, dans lequel étaient signalés ses résultats scolaires exceptionnels, il avait conscience de se trouver face à un futur officier supérieur.

Ayant eu à apprécier le comportement exemplaire de l’officier Bonaparte, le Major Général Andy Perez valida cette promotion. Il aimait sa discrétion et la qualité de ses relations avec les autres officiers ou sous-officiers, hommes et femmes, de son régiment.

-2-

Napoléon s’empressa de passer ses trois jours de congé à Washington chez ses parents. Grâce à l’hélicoptère à la disposition de l’Ambassade envoyé par son père, il put couvrir la petite distance entre Harrisburg et Washington DC en un temps record. Il ne les avait plus vus depuis son entrée à West Point, à savoir quatre années ; quoiqu’il les avait informés fréquemment par téléphone sur ses résultats, ses grades successifs et son affectation au sein de la 28ème division d’infanterie de Harrisburg.

- Je suis très fier de toi, mon fils ! S’exclama son père à son arrivée. Pendant que tu étais à West Point, j’ai eu l’occasion de converser avec le Général Andrew Collins qui m’a confié que tu seras, un jour, un haut officier.

- N’anticipons pas, père. Pour l’instant, je fais en sorte de m’intégrer au mieux dans mon régiment.

- Ta mère s’inquiète que tu ne sois pas encore fiancé ou amoureux d’une jeune et jolie personne. Tu sais, les mères sont toujours impatientes de devenir grand-mères.

- Je comprends ça. Mais dites à mère que cela viendra au moment juste. À chacun son destin, père !

- Pour moi, le destin nécessite qu’on le bouscule un peu … sinon on piétine.

Napoléon ne découvrait guère, bien sûr, le viscéral réalisme de son géniteur.

- Je ne suis pas d’accord, mais on ne va pas épiloguer.

- Pour ce qui est de ta mère, tu vas avoir l’opportunité de la rassurer tout à l’heure.

Au cours du repas, Napoléon pria sa mère de ne pas se tracasser au sujet de sa vie sentimentale.

- Mon emploi du temps n’a pas été compatible avec la recherche de l’élue de mon cœur, avoua-t-il avec un grand sourire.

- L’élue de ton cœur arrivera vers toi d’une manière inattendue, mon cher fils. Quand j’ai rencontré ton père, j’ai su aussitôt que mon âme était destinée à passer le restant de ses jours avec la sienne.

- C’est une sublime déclaration, mère. J’aimerais vraiment qu’une femme me fasse la même un jour.

Napoléon aimait beaucoup la spiritualité de sa mère. Son moi profond lui soufflait qu’il tenait d’elle un certain penchant pour l’idéal. Or son engagement dans une carrière militaire empêchait, pour le moment, l’épanouissement de cette autre nature. Mais il l’avait voulu ainsi. Il ignorait cependant que cette expérience était nécessaire à la construction de l’homme qu’il aurait à devenir ici-bas.

Lors d’une grande réception à l’ambassade, il put échanger en français avec certains invités. Une langue qui faisait vibrer son cœur et qui le renvoyait inconsciemment à ses racines. Son précepteur à Madrid lui ayant prodigué un enseignement dans les langues de Molière et de Dante, il pouvait s’exprimer en français, en espagnol et en américain désormais.

Lors du bal traditionnel, il dansa avec deux jeunes filles en quête visiblement d’un mari. Aussi resta-t-il distant, de façon à ne pas leur donner l’impression qu’il en était de même le concernant. Il surprit soudain le regard de sa génitrice dans lequel il perçut son aspiration à le voir s’éprendre d’une de ces ravissantes demoiselles et de très bonne famille de surcroît. Il ne se sentait pas prêt, personnellement, à fonder une famille. Le temps venu, il saurait reconnaître, à l’instar de sa mère, la femme de sa destinée.

Ses parents lui annoncèrent le mariage de sa sœur Victoria avec un aristocrate, le comte de Chambon, originaire du Nord de la France. Cette cérémonie ayant lieu à Lille dans trois semaines, il leur spécifia que le général commandant la 28ème division d’infanterie ne lui accorderait guère une permission exceptionnelle à une date aussi proche. Homme de devoir, son père comprit que sa jeune carrière d’officier l’empêchât de surseoir à ses obligations.

Il rapatria son unité à Harrisburg, ravi d’avoir pu passer une semaine avec ses chers parents et loin de la rigueur du cadre militaire. Il se réadapta facilement à celle-ci néanmoins. Deux natures l’habitaient : celle d’un chef désireux d’accomplir des missions sur des théâtres de guerre et celle d’une personne très différente, voire encline à une œuvre idéaliste.

Chapitre 6

-Septembre 2039-

-1-

Àsa septième année d’engagement – celui-ci étant de huit années à compter de son entrée à West Point –, il fut convoqué par le Lieutenant Général Ted Hughes, lequel remplaçait le Major Général Andy Perez. Dans le regard de cet officier, il observa, à la fois, une inclination pour la justice et une tendance au paternalisme. Celui-ci ne fit pas référence à son patronyme, contrairement à son prédécesseur ou à ceux de West Point, mais à ses excellents états de service. Partant, il lui annonça sa promotion au grade de Major et son affectation à la 29ème division d’infanterie sise en Virginie.

- Il s’agit là d’une promotion exceptionnelle, Major Bonaparte et qu’un officier n’obtient éventuellement qu’après dix ans de service au moins. À vingt-trois ans, cela tient du prodige.

- Je ferai honneur à la confiance que vous m’accordez, mon Général.

- Je n’en doute pas, Major. Sachez néanmoins que cette promotion n’est pas ma propre décision. Elle m’a été ordonnée par le Général d’Armée Warren Miller.

- J’espère que je mérite ce grade, mon Général.

- Je pense que vous êtes un officier méritant en effet.

En sortant du bureau du Lieutenant Général Ted Hughes, Napoléon se demandait pourquoi le Général d’Armée Warren Miller s’était intéressé à son humble personne au point de l’élever au grade de Major après trois ans de service dans l’infanterie seulement et alors qu’il n’avait jamais participé à aucune mission propre à le distinguer d’autres officiers plus âgés, plus expérimentés et de grande valeur. Il en déduisit que son cher père n’était pas étranger à cette promotion. Une éventualité qui le contrariait, comme il désirait n’être apprécié que pour ses bons états de service et ne pas être, partant, l’objet d’un vulgaire piston.

Huit jours plus tard ...

Il arriva dans son nouveau régiment basé en Virginie où il fut reçu par le Lieutenant Général Clint Welch qui ne fit guère allusion à son jeune âge ou à son patronyme. Le Général d’Armée l’avait-il enjoint à la discrétion ?

- Bienvenue dans la 29ème, Major Bonaparte !

- Merci, mon Général ! C’est un honneur pour moi de servir sous les ordres d’un officier ayant votre grande expérience.

- Sachez que je suis très exigeant et que j’exige donc de mes officiers qu’ils le soient également envers leurs subalternes.

- Je m’efforcerai d’être à la hauteur de votre désir, mon Général. J’aime la discipline. Quant à la rigueur, je me l’impose à chaque instant.

- Major, j’ai pris connaissance de votre dossier avant votre arrivée ici et je sais parfaitement qui vous êtes.

Napoléon n’osa pas le questionner au sujet de cette réponse ambiguë.

- Le surnom de cette division est « Blue and Gray » (Bleue et Grise), à cause des soldats, issus des différents États de l’Amérique, et ayant combattu des deux côtés lors de la guerre de Sécession. Sa devise est : « 29, Let’s go ! ». Vous entendrez cela très souvent. Mais je suppose que vous vous êtes déjà informé sur l’histoire de cette division d’infanterie depuis sa création.

- Absolument, mon Général. Je dois reconnaître qu’elle est particulièrement élogieuse.

- C’est certain ! Bien, je vais vous faire accompagner dans vos quartiers par le capitaine Kevin Mitchell. Vous irez voir le colonel Stephen Romero qui vous détaillera votre emploi du temps. Des questions, Major ?

- Aucune, mon Général !

- Alors, vous pouvez disposer !

Napoléon fit le salut militaire et quitta le bureau du Général trois étoiles d’un pas déterminé.

« Il va assurément susciter des jalousies. Cependant, sa forte personnalité lui permettra de faire face à pareil contexte », pensa Clint Welch après le départ de Bonaparte.

Napoléon ne réussit à joindre son père par téléphone que tard le soir. En effet, sa charge d’Ambassadeur de France rendait celui-ci difficilement joignable dans la journée. Il était impatient d’en savoir plus sur cet éventuel coup de pouce qui le faisait se retrouver Major.

- Je te félicite, mon fils ! Lança Charles-André.

- Père, un officier ne devient Major qu’après dix ans de service au mieux et je n’en ai que trois. De plus, je ne suis âgé que de vingt-quatre ans. Aussi ...

- Tu n’en as que plus de mérite, coupa Charles-André.

- Écoutez, père, le Lieutenant Général qui m’a annoncé cette promotion m’a confié qu’elle lui avait été ordonnée par le Général d’Armée Warren Miller. Vous n’ignorez pas, j’imagine, que ce Général a quatre étoiles et qu’il est un proche du Président Thomas Reed. Par conséquent, j’en déduis que j’ai bénéficié d’une faveur. Où est mon mérite là-dedans ?

Il y eut un court moment de silence. Outre qu’il ne savait que répondre à son cher fils, Charles-André était contrarié par le manque de tact de ce Général d’Armée.

- Allo ? Dit Napoléon.

- Oui, mon fils, je suis toujours là. En réalité, j’ai parlé de toi avec le Président Thomas Reed ...

- Pourquoi cela ? Interrompit Napoléon d’une voix sèche.

- Nous nous voyons régulièrement à différentes occasions et apprécions d’échanger ensemble, car il a un grand-père français du côté de sa mère. Un jour, il m’a avoué être un admirateur de notre cher Napoléon 1er. Aussi, quand je lui ai dit que tu étais officier dans l’Armée Américaine, il s’est exclamé : « Un Bonaparte dans l’Armée des États-Unis ! C’est fantastique ! Quel grade a-t-il aujourd’hui ? » Je lui ai alors précisé que tu étais capitaine, mais encore très jeune. Quinze jours plus tard, il m’a appelé pour m’informer qu’il avait pris connaissance de ton excellent dossier militaire et qu’on l’avait instruit aussi au sujet de ta stratégie de combat avec des boules de neige, une chose dont tu ne m’as jamais parlé d’ailleurs, puis que le Surintendant de West Point avait confessé avoir été fortement impressionné par ton sens de l’art de la guerre. Sans que j’en aie d’aucune façon formulé le désir, il m’a annoncé sa décision d’intervenir auprès du haut commandement militaire. Il est vrai que je n’ai pas fait preuve de curiosité quand il m’a dit ça.

- Manifestement, il s’est permis d’imposer ma promotion.

- C’est une évidence ! Toutefois, le Général Miller n’aurait pas suivi le souhait du Président s’il t’avait jugé d’un niveau inférieur à celui de Major.

- Admettons ! En dépit de ses dires, le Lieutenant Général qui commande la 29ème division d’infanterie va certainement prendre des pincettes vis-à-vis de moi désormais. Cela me met dans une position délicate et me donne l’impression de ne pas être à ma vraie place.

- Tu ne dois surtout pas penser ainsi, Napoléon. Je suis persuadé que tu auras l’opportunité de faire la démonstration de ta valeur. Tu te sentiras alors à ta vraie place.

La fin de la communication fut plutôt tendue, comme Napoléon en voulait à son père d’avoir ainsi manqué de discernement. Certes, il possédait un fort caractère et ne souhaitait réussir que par ses propres moyens.

Il appela ensuite sa mère via le téléphone portable, afin de chercher à savoir, mine de rien, le type de relations que son père entretenait avec le Président Thomas Reed. Spontanément, elle lui répondit que le couple présidentiel les recevait fréquemment à la Maison-Blanche. « J’apprécie beaucoup Joyce, la première dame, et il en est de même pour ton père à l’égard de Thomas », spécifia-t-elle. Partant, Napoléon devina que son géniteur était le vrai artisan de sa promotion. Si ce constat le fâchait terriblement, il convenait en lui-même que celui-ci avait agi par amour. Aussi décida-t-il de refouler sa frustration et de se montrer valeureux à ce grade.

De ce fait, il se comporta comme un Major très respectueux de la hiérarchie et toujours prêt à obéir aux ordres. Ayant quasiment le double de son âge, le colonel Stephen Romero s’étonnait qu’un officier, frais émoulu de West Point et seulement âgé de vingt-quatre ans, fût déjà Major. Il n’ignorait pas néanmoins que le père de ce Bonaparte était Ambassadeur et en très bons termes avec le Président Reed. Aussi son intention était-elle de ne lui accorder aucune faveur.

-2-

La Turquie s’était alliée avec l’Iran depuis quelques mois. Le Président turc Çelik Yilmaz manœuvrait aujourd’hui en Orient pour un élargissement de cette coalition. Ce qui ne manquait pas d’inquiéter les chefs d’États occidentaux, vu que les médias, et autres géopolitologues, prédisaient un terrible affrontement si ce despote en arrivait à aller au bout de son ambition.

Pour l’heure, la Chine, la Russie et l’Europe n’avaient pas tranché. Tout en s’efforçant d’œuvrer diplomatiquement, soucieux d’éviter de jeter de l’huile sur le feu, le Président européen François Cesbron enjoignait son ministre des Armées de préparer une intervention contre la Turquie. Lequel, de concert avec le Général en chef des Armées, estimait que l’affaiblissement des forces militaires de la Turquie amènerait les participants de cette alliance à jeter l’éponge.

En stratège rusé, la Russie fournissait des armes très sophistiquées à la Turquie et aux pays du Moyen-Orient, tels que l’Irak, l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Libye, l’Égypte, notamment. L’Israël se trouvait pris, malheureusement, dans un étau et, quoique disposant d’un bon arsenal militaire, il craignait que l’Iran, surtout, n’entreprît de le rayer de la carte.

Trois semaines s’étaient écoulées depuis la prise de position du dictateur turc et les différentes actions diplomatiques ne parvenaient guère à assainir la situation. Çelik Yilmaz en voulait à l’Europe, tout particulièrement, d’avoir refusé l’intégration de son pays en son sein. Sa mégalomanie le portait à se croire supérieur et en mesure de réussir à duper le Président européen. Il visait assurément le réveil d’un engouement pour Allah et, par ce biais, la constitution d’une « oumma islamiya » (communauté islamique) en Europe, puis en Occident, grâce aux quatre-vingt-dix millions de musulmans constituant son peuple et à tous ceux installés désormais dans les pays occidentaux. Bizarrement, aucune mobilisation des chrétiens n’avait lieu contre ce danger.

Le Président Thomas Reed obtint l’accord du Congrès pour l’envoi d’un gros contingent de dix mille soldats, une partie à Tel Aviv en Israël et une autre à Svilengrad en Bulgarie. Il décida aussi le déplacement de deux porte-avions vers la Mer Noire et, ultérieurement si besoin, de deux sous-marins nucléaires. Face à la première armée du monde, la coalition moyen-orientale était à coup sûr condamnée ; sauf que le Président russe prévoyait de mettre en échec ce leadership et que celui de la Chine réfléchissait à ce qu’il allait faire pour ne pas perdre la face.

-3-

Les 28ème et 29ème division d’infanterie furent envoyées vers les théâtres d’opération définis. Sous les ordres du Colonel Stephen Romero, Napoléon rejoignit donc la base de Svilengrad en Bulgarie que les États-Unis avaient créée, il y a longtemps, dans le cadre des accords de l’Otan. Le Général d’Armée attendait de voir comment ce Major Bonaparte allait se comporter en situation de combat réel, puisqu’on lui avait tant loué son génie militaire. Concernant Napoléon, il avait hâte de pouvoir se distinguer et mériter enfin son grade.

Le Major Général Will Murphy, le commandant en second de ce régiment de sept mille hommes, avait pour mission d’opérer comme le lui ordonnerait le Lieutenant Général Clint Welch depuis son quartier général de Tel Aviv. Naturellement, le Général cinq étoiles Warren Miller pilotait cette probable future guerre en lien étroit avec le Président Thomas Reed. En effet, seul ce dernier était apte à ordonner une action nucléaire contre la Turquie tout d’abord. En vrai démocrate, il ne ferait cela toutefois qu’après avoir consulté son Vice-Président Alan Butler et le Général d’Armée. Pour l’heure, il n’envisageait guère une opération aussi destructrice et aux conséquences dramatiques ; car il craignait une réaction violente de la Chine et de la Russie.

Fort de plusieurs conversations avec des officiers bulgares, Napoléon avait une première idée de l’organisation militaire de la Turquie. Il entreprit d’en savoir plus sur la coalition constituée par le dictateur turc, via ces deux officiers ; puisque la Bulgarie entretenait des rapports étroits avec l’État d’Israël. Ainsi il réalisa que celle-ci n’était en réalité qu’une sorte de morceau de gruyère et nullement soudée. Effectivement, le Liban avait fait le choix de s’en désolidariser et la Syrie ne s’était pas encore engagée. Concernant l’Arabie Saoudite, elle freinait des quatre fers, eu égard à ses relations privilégiées et très anciennes avec les États-Unis ; même si celles-ci s’étaient quelque peu tendues depuis une décennie. Le roi Ahmed Kamal refusait toutefois d’exposer dangereusement son pays et de devenir partie prenante d’un désastre humanitaire. Par conséquent, la Turquie bénéficiait du soutien de l’Iran, de l’Irak, de l’Égypte, de la Libye, du Maghreb et des pays musulmans ou autres intégristes d’Afrique.

Napoléon écrivit :

« Il convient de décider une offensive d’envergure et en mesure de surprendre les belligérants, de même que les pays encore en réflexion de cette région du monde, voire la Russie et la Chine. Selon moi, si le Président russe Stanislas Emski en vient à hausser le ton, ce sera pour prendre la tête de cette coalition et avec le projet d’affaiblir l’influence américaine. Quant à la Chine, le Président Lian Xu ne suivra pas son homologue russe, ne pouvant se satisfaire d’un simple rôle d’allié. Il attendra le déclenchement des hostilités pour s’imposer comme un négociateur international et apparaître sous le jour d’un homme sage. Son objectif sera plus politique et économique que militaire. Bien qu’il pourrait devenir un grand danger avec son armée de deux millions cinq cent mille soldats et son armement hypersophistiqué.

Je propose de faire, tout d’abord, un état des lieux des points stratégiques de la Turquie ainsi que de ses alliés par le biais des drones furtifs GST 742. L’objectif consiste à les anéantir à l’aide de raids effectués de nuit par les Fulgon 101 basés en Inde, en Israël et au Liban. La force aérienne israélienne serait un appui indispensable dans cette opération surprise que j’ai baptisée « Final Assault ». Il conviendrait, selon moi, que le Président Thomas Reed s’entende avec le Président de l’Europe sur une implication, au moins aérienne, de cette dernière. Depuis la Grèce, elle pourrait aider à la neutralisation de toutes les bases stratégiques de l’Afrique du Nord et de la Libye, voire de l’Égypte. Parallèlement, les divisions américaines, actuellement en Bulgarie et en Grèce, devront être transportées vers le sol turc en vue d’y mener une guerre terrestre, appuyées par trois frégates USS Withburn qui bombarderont les côtes avec des missiles de croisière type TDR-137-CLM. Cela permettra un débarquement efficace et offensif des troupes. Les bases principales turques ayant été préalablement détruites, les blindés IC2 Dralan de la 29ème division d’infanterie seront en mesure de venir rapidement à bout de forces turques diminuées et possédant, de toute façon, des équipements d’une technologie très inférieure à la nôtre. Nous occuperons ainsi facilement Ankara et serons en capacité d’obliger le dictateur Çelik Yilmaz à accepter sa défaite. À l’évidence, les autres membres de cette coalition ne viendront pas à la rescousse d’un pays militairement défait. Il y a lieu néanmoins d’évoquer le cas de la Russie dont il faut absolument empêcher un coup de folie. L’Europe s’avérera un allié indispensable pour dissuader une entrée en scène de ce pays. La Chine restera, à mon humble avis, en dehors de ce conflit, dès lors que notre opération coup de poing aura limité celui-ci à un ou deux jours.

Voici donc mon analyse et la stratégie gagnante que je propose de mettre en œuvre ».

-4-

Le Colonel Stephen Romero souffrit brusquement d’une forte fièvre, laquelle l’empêchait d’assurer son service. Ayant diagnostiqué une grippe grave avec le possible danger d’une infection des organes vitaux, le médecin militaire en chef de la base de Svilengrad décida le rapatriement en urgence de cet officier aux États-Unis pour des analyses approfondies et des soins appropriés.

Trois jours après le départ du Colonel Romero, le Major Bonaparte fut convoqué par le Major Général Will Murphy.

- Le Général d’Armée Warren Miller m’ordonne de vous annoncer votre promotion au grade de Colonel, annonça-t-il. Pour moi, vous êtes bien jeune pour une telle charge et, surtout, sans la moindre expérience du terrain. Or il ne m’appartient pas de discuter les ordres de mon supérieur. Il va y avoir du baroud, un énorme baroud bientôt, et vous allez devoir démontrer votre valeur … mériter aussi la confiance du Général Miller.

La porte du bureau fermée, Napoléon critiqua en son for intérieur la jalousie de Murphy. Certes, il comprenait que cet officier fût étonné de cette élévation au grade de colonel ; d’autant que celui-ci n’avait sûrement gagné ses galons qu’après quinze ou vingt ans de service.