La Porte - François de Calielli - E-Book

La Porte E-Book

François de Calielli

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Beschreibung

Suite à une dispute, Valentin Louvain part s'enfermer dans sa chambre. Son épouse Audrey a l'idée d'une conversation derrière la porte et d'en arriver ainsi à mettre en exergue les raisons qui ont amené un telle déconfiture de leur couple. Il s'agit d'un échange insolite aux réparties cinglantes, parfois, mais ne manquant guère d'humour et conduisant vers un dénouement inattendu.

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Seitenzahl: 90

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Table des matières

Première scène

Deuxième scène

Troisième scène

Quatrième scène

Du même auteur

Romans

Au nom du Saint-Esprit, je vous dis …

L'Arche des Temps Nouveaux

Folie de l'Homme ou Dessein de Dieu

Le Tiraillement

L'enfant bonheur

Suis-moi (tomes 1 et 2)

L'inflexible loi du destin (tomes 1 et 2)

À la croisée des destins

L'Univers de Kûrhasm (tomes 1 et 2)

Le chevalier de la Lumière

Quand le doigt de Dieu ...

La légende de Thâram (tomes 1 et 2)

Henri-Louis de Vazéac

Il la regarda et...

Essais

La destinée de l'homme ...

L'islam tisse sa trame en Occident

Poésies

Murmures de mon âme

Envolée métaphysique

Scénario de film

Magnesia

Je me consacre à l'écriture depuis 2002, après avoir rédigé plusieurs ouvrages entre 1990 et cette date. Mes écrits ont un même fil conducteur spirituel, reflet de l'inaltérable foi en Dieu animant mon cœur. Ce qui m’a conduit à écrire, parfois, des histoires insolites et à devenir un auteur difficile à classer dans un genre.

ISBN : 9-782322-253838

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays

Site internet : www.atypical-autoedition.com

Les personnages :

Audrey Louvain Valentin Louvain

Première scène

Un salon équipé de meubles d'époque Louis XVI.

Valentin est en costume et cravate.

Audrey porte une robe rouge.

VALENTIN : (en levant les sourcils et en soupirant) Ah, mais quelle soirée !

AUDREY : (d'un ton enthousiaste) Tu l'as dit. Belle soirée, en effet ! Richard est un homme d'un esprit … (en élevant légèrement la voix et en prenant un air rêveur).

VALENTIN : Certes, Richard est un homme comblé. Les femmes l'adulent visiblement … à commencer par toi.

AUDREY : Il serait injuste de ne pas reconnaître son charme. C'est de surcroît un pianiste de talent.

VALENTIN : Cet homme t'a véritablement envoûtée, ma chère. Mais je ne suis guère surpris d'ailleurs.

AUDREY : Serais-tu jaloux, mon chéri ?

VALENTIN : Après un tel dithyrambe sur Richard (en accentuant la prononciation du prénom), je trouve ce « mon chéri » déplacé. D'autant que …

(Audrey interrompt Valentin).

AUDREY : Pourquoi dis-tu ça ? J'aime beaucoup Richard, mais pas comme tu l'insinues. J'ai l'impression que tu le détestes tout à coup.

VALENTIN : Tout à coup ? Je ne l'ai vu que trois fois, mais je trouve que ce parvenu est totalement imbu de lui-même. De plus, il se plaît à inonder son petit auditoire de ses histoires sans intérêt sur ses voyages mondains. Tu veux la vérité ? Eh bien, ce stupide individu me sort par les yeux. Voilà !

AUDREY : Il est clair que tu hais cet homme que tu connais à peine. Je t'ai pourtant entendu le féliciter.

VALENTIN : Le féliciter ? Vous manquez de finesse et de jugement, Madame Louvain. Car cet éloge était en réalité une moquerie déguisée … de l'humour sarcastique.

AUDREY : Quel supplice cela a donc été pour toi que ces deux ou trois cocktails avec Richard et Edwige ! Moi qui croyais que tu commençais à les apprécier et que nous en viendrions à partager ensemble le bonheur de délicieux moments.

VALENTIN : Ils ne seront jamais que tes amis. Quant aux délicieux moments, il s'agirait en réalité de pénibles enquiquinements.

AUDREY : J'avais déjà observé la distance entre nos façons de penser et d'être bien souvent. Or, là … mais là, voistu, je réalise que cette distance est désormais un gouffre.

VALENTIN : Il y a bien longtemps que nous nous jouons la comédie toi et moi. Encore une fois, la finesse de ton jugement manque d'à-propos.

AUDREY : Que faisons-nous encore ensemble, dis-moi ?

VALENTIN : Je me le demande. Nos cœurs se torturent finalement à chercher à faire semblant.

AUDREY : Tu as raison. Ne faisons plus semblant. Nous allons divorcer, Valentin.

VALENTIN : Bonne décision ! Le divorce nous libérera d'une pesante promiscuité.

AUDREY : Tu viens de dire une chose très laide. J'ignorais que tu me haïssais à ce point.

VALENTIN : Je ne te hais pas, Audrey. Nos cœurs ne sont plus en harmonie … crois bien que je le regrette.

AUDREY : Bon, c'est clair. (sur un ton de regret) Doux Jésus, pourquoi ai-je sacrifié pour toi ma passion, ma carrière de violoniste ?

VALENTIN : Tu n'étais qu'une débutante quand je t'ai rencontrée. Je t'ai offert de vivre dans l'opulence et l'oisiveté et tu en viens à renier ce dont tant de femmes rêvent de bénéficier.

AUDREY : Tu te méprends mon brave en prétendant que j'ai cherché à me caser. Tu oublies que l'on me reconnaissait, dès mon jeune âge déjà, la vocation d'une future grande soliste. Ta méchanceté et ta vanité m'exècrent.

VALENTIN : Le talent d'une grande soliste ! Là, c'est toi qui es vaniteuse ; car tu n'étais au mieux qu'une bonne violoniste d'accompagnement.

AUDREY : Une violoniste d'accompagnement ! Ça n'existe pas un violoniste d'accompagnement. D'où tiens-tu cela ?

VALENTIN : De nulle part. Un violoniste peut, comme bien d'autres musiciens, accompagner un chanteur non !

AUDREY : Bon, on ne va pas épiloguer. Permets-moi quand même de te préciser la façon dont tu m'auréolais de mille superlatifs quand tu as commencé à me courtiser. À l'époque, j'avais pour toi un énorme talent.

VALENTIN : Tu étais jolie … alors je me suis laissé emporter par le désir de te conquérir.

AUDREY : Finalement, c'était un désir phallocentrique et en rien de l'amour. Quel échec ! J'aurais dû écouter ma mère.

VALENTIN : Ah, ta mère !

AUDREY : Oui, je sais, le courant n'est jamais vraiment passé entre elle et toi.

VALENTIN : Et qu'a-t-elle dit me concernant ta mère ? (d’une voix mielleuse et en accentuant le mot « mère »)

AUDREY : De ne pas t'épouser … qu'un PDG de multinationale et une artiste n'ont rien à faire ensemble et, donc, que je regretterai, un jour, ce choix.

VALENTIN : Pourquoi l'as-tu fait alors ?

AUDREY : Parce que mon cœur bâillonnait ma raison. J'étais amoureuse d'un homme qui ne me méritait pas en définitive.

VALENTIN : Tu aurais été plus heureuse avec ton cher Richard (en accentuant le prénom « Richard »).

AUDREY : Et toi avec une femme comme Edwige. J'ai souvent pensé que vous vous ressemblez elle et toi.

VALENTIN : Je l'ai peu vue, mais c'est une belle femme en effet. Elle m'a paru aussi avoir une certaine finesse d'esprit.

AUDREY : En voilà une qui possède une qualité qui me fait visiblement défaut. Mais j'ai tout de suite remarqué ton intérêt pour elle. Il ne m'étonnerait pas que tu lui aies glissé quelques compliments à l'oreille. Elle en est friande, d'ailleurs.

VALENTIN : Tu affabules, ma chère. Par contre, j'ai la certitude que ton Richard et toi … Mm, vous ne vous privez pas de doux et bons moments ensemble.

AUDREY : Continuer cette vie de couple est insensé. Cela revient à se torturer pour rien. Tes raisonnements m'ennuient. (en haussant le ton) Tu m'asphyxies, mon pauvre !

VALENTIN : Je ne vous retiens pas Madame Louvain. Nous nous reverrons en présence de nos avocats.

AUDREY : Ah, tu restes ici et je deviens une pauvre SDF si je comprends bien.

VALENTIN : Il faut bien que l'un de nous deux s'en aille. En outre, je te rappelle que tu n'aurais pu habiter un duplex d'un pareil standing sans l'argent de mon confortable salaire de Président d'une multinationale.

AUDREY : J'en aurais eu assez pour vivre confortablement si tu ne m'avais pas amenée à abandonner mon destin de violoniste.

VALENTIN : Preuve que ça n'était pas ton destin. Bon, on a assez bavassé maintenant. Ton Richard se fera un plaisir de voler à ton secours. (il élève la voix) Adieu … et bon vent !

(Valentin quitte la scène par une porte)

(Audrey s'assied sur le divan et regarde dans le vide)

Le rideau tombe.

Deuxième scène

Le rideau s'ouvre sur deux chambres séparées par un mur et une porte.

Chambre de Valentin équipée d'un mobilier d'époque Napoléon III.

Chambre d'Audrey équipée d'un mobilier de style Art déco.

Valentin est vêtu d'une veste d'intérieur élégante et d'un pantalon flanelle.

Audrey est habillée d'une robe de chambre en soie.

VALENTIN (il pense à voix haute tout en arpentant nerveusement sa chambre) :

Ah, je t'asphyxie ! Eh bien, toi, tu me pompes mon oxygène et mon énergie depuis trente ans. Mais comment j'ai pu rester avec toi tout ce temps ! Comment j'ai pu être autant aveugle ! On se jouait la comédie, ma pauvre Audrey. Je réalise que nous n'étions pas faits l'un pour l'autre et que nous avons gâché nos meilleures années. Certes, nous aurions pu connaître un vrai bonheur … toi avec un Richard et moi … pourquoi pas avec une Edwige après tout. (il soupire) Ah, me voilà libéré à présent et toi aussi. Combien c’est rassérénant d’être libre soudain ! Cela permet de vivre, de respirer, de faire ce que l'on désire sans avoir à se justifier, à se contraindre à une attitude, à des principes, au conformisme. Maintenant, je vais enfin être moi-même et en profiter.

(Audrey est assise sur un fauteuil Vintage en cuir de couleur marron. Elle écoute tout en levant de temps à autre les yeux au ciel).

VALENTIN (il continue son monologue sur un ton ironique) :

Quant à toi, bon vent et suis ton chemin … violonise tous les jours avec ton Richard, puisque tu as tant de talent et que tu lui trouves tant de qualités !

(Audrey fulmine silencieusement).

AUDREY : (sur un ton calme) Valentin, je suis là.

VALENTIN : (sur un ton énervé) Qu'est-ce que tu fais là à m'épier ! Tu n'as plus rien à faire dans cette demeure jusqu'à notre divorce.

AUDREY : Je ne sais où aller. Alors, tant pis ! Je vivrai dans un coin sans te déranger.

VALENTIN : Ah, non ! Non, s'il te plaît ! N'essaie pas de m'émouvoir à présent. Ça ne marche pas, mais pas du tout, sache-le ! Une femme comme toi qui ne sait où aller. Je rêve ! Va et ne m'ennuie plus maintenant.

(Petit temps de silence).

(Mimiques de l'un et de l'autre).

VALENTIN : Tu es partie ? Réponds-moi, Audrey !

(il se tourne vers le public)

Si elle est partie, elle ne peut me répondre en effet. Je vais enfin pouvoir sortir de cette chambre et me préparer un chouette petit voyage. Un tour du monde ... tiens, un tour de ces pays que je n'ai encore jamais vus.

(il tourne la clé dans la serrure et saisit la poignée de la porte).

AUDREY : N'ouvre pas cette porte, Valentin. Parlons sans nous voir, puisque tu n'éprouves que du ressentiment à mon égard.

VALENTIN : Encore toi ? Écoute, tu devrais aller voir un médecin. (sur un ton compatissant) Tu es en train de perdre la raison, ma pauvre Audrey.

AUDREY : Je pense que, de cette façon, nous pourrons mieux évoquer toutes ces choses que nous n'avons jamais abordées.