Leur mariée envoûtée - Vanessa Vale - E-Book

Leur mariée envoûtée E-Book

Vale Vanessa

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Beschreibung

Dans le Montana, il est déjà rare que deux hommes épousent une même femme en dehors du ranch de Bridgewater. Que dire alors de trois hommes jurant fidélité à la même épouse ? Impensable pour la belle Olivia Weston. Elle est vouée à n'épouser qu'un homme – un homme qu’elle n'aime pas.

Mais devant la cruauté de ce fiancé, Olivia décide de renoncer à ses vœux et attire très vite l'attention de trois éleveurs beaux et virils. Cross, Rhys et Simon n'ont rien en commun, mais ils ont le même but en tête : ils veulent épouser Olivia, la protéger et lui révéler d'indicibles plaisirs charnels.

Olivia, que cette solution séduit et enchante, a peur de n'être qu'une marie-couche-toi-là et d'avoir accepté la proposition un peu vite. Quel genre de femme s'amourache de trois hommes en même temps ? Quel genre de femme accepterait de devenir le jouet de leur attention lubrique ? Pourtant, l'alchimie entre ces nombreux époux fonctionne d'emblée. Pourra-t-elle le nier ? Ou acceptera-t-elle de devenir l'épouse la plus heureuse de Bridgewater ?

 

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Leur mariée envoûtée

La série du ménage Bridgewater - 3

Vanessa Vale

Copyright © 2019 par Vanessa Vale

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont les produits de l’imagination de l’auteur et utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, entreprises, sociétés, événements ou lieux ne serait qu’une pure coïncidence.

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris les systèmes de stockage et de recherche d’information, sans l’autorisation écrite de l’auteur, sauf pour l’utilisation de citations brèves dans une critique du livre.

Conception de la couverture : Bridger Media

Création graphique : Period Images

Table des matières

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

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À propos de l'auteur

1

CROSS

Quand je la vis pour la première fois, je crus à une apparition. La lanterne qui éclairait mal la salle lui faisait des cheveux noirs de jais – elle les avait joliment ramenés en un chignon, mais des mèches récalcitrantes m'invitaient à suivre la courbe élégante de son cou. Sa peau dorée brillait, comme éclairée de l'intérieur. Elle portait une robe modeste d'un bleu pâle qui mettait toutes ses formes en valeur. Des formes très attirantes que je n’étais pas le seul à avoir remarquées – tous les hommes la fixaient du regard tandis qu'elle marchait, dansait et souriait. Mais c'était ses yeux qui avaient finalement eu raison de moi ; il avait suffi qu'elle les pose sur moi pour que je sois irrémédiablement perdu.

Elle avait une allure d'Irlandaise. Je n'avais jamais croisé de femme de ce genre auparavant et ses yeux bleus me frappèrent. Je ne pouvais plus détourner le regard. Les réjouissances de la fête du 4 juillet attiraient toujours beaucoup d'habitants de la région, en particulier dans une ville comme Helena. Les hommes de Bridgewater ne quittaient que rarement leur ranch ; nous ne nous rendions dans le coin que pour affaires. Nos terres nous tenaient bien occupés et nous rendaient suffisamment autonomes. Ian et Kane venaient d'acquérir un nouveau troupeau de bétail et Simon, Rhys et moi devions trouver un étalon de façon à améliorer la lignée des chevaux de Bridgewater. Un de nos objectifs était d'obtenir des chevaux plus robustes et plus rapides – les meilleurs du Montana, tout simplement.

Mais peu importaient ces chevaux. Je voulais – non, je devais – savoir qui était cette femme. Impossible de quitter cette fête sans d'abord entendre sa voix ou poser la main contre ses hanches le temps d'une danse. Je voulais connaître son parfum.

« Invite-la donc à danser, » dit Rhys en s'approchant de moi. Nous n'échangeâmes pas le moindre regard, nous fixions tous deux cette femme charmante qui sirotait une limonade tout en discutant avec deux amies. Elles devaient toutes les trois avoir le même âge, la vingtaine, mais les deux autres n'éveillaient guère mon intérêt. Si l'on m'avait demandé de les décrire les yeux fermés, je me serais trouvé bien incapable de dresser leur portrait. Il n'y avait qu'elle qui me fascinait.

Nous étions au bord de la piste de danse. Les musiciens – deux violonistes, un accordéoniste et un pianiste – ne jouaient pas assez forts pour rendre notre conversation difficile. Plusieurs portes ouvertes laissaient circuler un air frais qui agitaient les jolies mèches sombres de l'inconnue. Je jetai un coup d’œil à Rhys. Il était plus grand – de deux ou trois centimètres – et plus mince que moi. Il avait les cheveux noirs comme ceux de cette mystérieuse femme, mais le travail à l’extérieur lui avait donné un teint hâlé. Il aurait pu passer pour un natif du Montana, mais il ne venait même pas des États-Unis. Tout comme Simon, il était originaire du Royaume-Uni – Simon venait d'Écosse et Rhys d'Angleterre. La graphie particulière de son prénom – que les Américains auraient écrit Reese – était une simple excentricité britannique que je n'avais jamais cherché à comprendre. Rien qu'à les entendre parler tous les deux, il était évident qu'ils étaient étrangers.

La jeune femme sourit.

« Tu ne la trouves pas... »

Je ne trouvais pas le mot juste.

« Unique en son genre ? demanda Rhys. Moi, je la trouve unique. » Aucun doute. Elle seule avait capté notre attention.

« Simon serait sans doute du même avis, si son rendez-vous ne s'était pas éternisé, » lançai-je. Nous étions venus en ville pour acheter un cheval – et non pour danser –, mais il avait été décidé que Rhys et moi ne nous mêlerions pas des négociations. Nous avions donc choisi de profiter des festivités.

« Un rendez-vous ? Un partie de poker sanglante, tu veux dire.

— Les meilleures affaires se concluent toujours à grands renforts d'alcool, de femmes et de partie de cartes.

— Il maîtrise l'alcool et les cartes, mais nous nous sommes dégotté une femme de notre côté, » fit Rhys.

De nous trois, il était toujours le plus silencieux – un homme de peu de mots –, mais ces mots étaient toujours bien choisis et, cette fois, il ne se trompait pas. Il me suffisait d'observer cette beauté aux cheveux noirs pour lui donner raison.

Simon, l’Écossais, était une force de la nature qui ne s'embarrassait pas d’émotions et qui gérait avec aisance les négociations en tous genres. S'il nous avait accompagnés, il aurait sans doute déjà tout détruit sur son passage pour faire connaissance avec cette apparition, sans se soucier de son statut conjugal ou d'une possible aversion pour les inconnus. Cette méthode lui aurait peut-être valu quelque avantage si nous ne nous trouvions pas en pleine soirée dansante, mais cet environnement requérait du tact et il en manquait cruellement.

« Elle n'a l'air de fréquenter un homme en particulier, je ne crois pas qu'elle soit fiancée, » commentai-je, les mains dans les poches. Personne ne retenait longtemps son attention. Son sourire, qu'elle offrait sans retenue aux femmes qui l'entouraient, ne se dessinait que rarement devant un homme et alors seulement par politesse. Je ne comptais certes pas jouer les hommes des cavernes et la jeter par-dessus mon épaule, mais je ne voulais pas non plus rester les bras croisés et la regarder me filer entre les doigts. Les musiciens terminèrent une chanson sous des applaudissements distraits et je saisis l'occasion qui se présentait. Je m'approchai d'elle en la fixant du regard et, quand elle me vit arriver, elle me parut comme prisonnière de ma toile, incapable de détourner le regard ou de fuir. Ses amies de chaque côté d'elle parlaient toujours, mais elle ne s'occupait plus que de moi.

Je m'arrêtai à côté d'elle et les deux autres cessèrent de bavarder, toutes les trois basculaient la tête vers moi – j'étais presque plus grand que tout le monde dans cette pièce. Je les saluai d'un signe de tête, mais je ne la quittai pas des yeux. « M'accorderiez-vous cette danse ? »

Les musiciens entamèrent un nouvel air et les couples se répartirent sur la piste. Je lui pris la main sans lui donner l'occasion de dire non et la menai un peu à l'écart. J'étais peut-être un homme des cavernes après tout. Sa peau était chaude, ses doigts crispés autour des miens. Je me tournai face à elle, me collai plus près et posai ma main libre à sa taille pour lancer notre danse. Ma paume se lova au creux de ses formes délicates, mon petit doigt flirtant avec l'évasement de sa hanche, mon pouce lui caressant la colonne vertébrale. Je sentais les liens solides de son corset et rêvais de découvrir sa chair douce. « Je m'appelle Cross, » dis-je en esquissant mes premiers mouvements. Les pas de cette danse n'avaient rien de complexe et ne nécessitaient aucune attention particulière – une bonne chose, car je ne me souciais que d'elle.

Elle fixait la main qu'elle avait posée sur mon épaule, mais elle osa finalement un coup d'œil vers moi. « Je m'appelle Olivia. Olivia Weston. »

Je lui souris et elle parut tétanisée. Je l'intimidais à ce point ?

« Tu es d'ici, Olivia ? » demandai-je, espérant la mettre à l'aise. J'étais relativement imposant, plus grand que la plupart et plus lourd aussi de quelques kilos. Les femmes me dévisageaient fréquemment, mais rarement parce que je leur plaisais, plutôt parce que je leur faisais peur. Cette main crispée était pourtant le seul indice de l'inquiétude de la part d’Olivia – je ne voulais surtout pas qu'elle me craigne. En fait, je souhaitais qu’elle trouve notre danse très agréable, car je prenais plaisir à me laisser envoûter par son doux parfum.

Elle acquiesça, agitant ainsi ses belles mèches. « Oui, et je suppose que toi non. Je crois que je me serais souvenu de toi. »

Elle avait une voix douce, mais légèrement rauque qui me fouetta le sang.

« Je sors du lot alors ? C'est bon à savoir si c'est un compliment, répondis-je.

— Non, je veux dire... c'est juste... » bégaya-t-elle en découvrant mon regard taquin. Elle ferma la bouche, un petit sourire aux lèvres – je compris qu'elle ne le prenait pas mal.

« De mon côté, je me serais certainement souvenu de toi, si je t'avais déjà vue avant. En fait, je ne t'aurais sans doute plus quittée et tu n'aurais pas pu m'oublier. »

Ses joues s'empourprèrent et elle fit mine d'examiner les boutons de ma chemise.

« Pour répondre à ta question, non je ne suis pas de cette ville. Je viens de Bridgewater, mon ranch, qui se trouve à l'est d'ici. »

Elle se raidit dans mes bras et je crus d'abord que mes mots l'avaient effrayée, mais je compris vitre qu'elle fixait un point juste derrière moi. Elle se rapprocha légèrement et se blottit contre mon bras, comme si elle se servait de moi comme d'un bouclier.

« Un problème ? » demandai-je sans regarder dans la direction qui l'inquiétait. Je restai calme et continuai à danser, mais je me tenais aux aguets, prêt à affronter tous les dangers pour Olivia.

Elle se détendit, s'efforça de sourire et répondit : « Non, tout va bien. »

Quelque chose, non, probablement quelqu'un, l'avait inquiétée, mais elle n'avait aucune raison de m'en parler.

« Nous venons de nous rencontrer, mais j'aimerais que tu me considères comme ton protecteur, Olivia. Je ne te veux aucun mal et je ne laisserai jamais personne t'en faire. »

Elle écarquilla les yeux, surprise. « Tu as l'air de penser ce que tu dis.

— Tu ne penses pas que je puisse te protéger ? » Je ne comprenais pas ses mots.

« Regarde toi. » Elle me désigna du menton. « Tu es... très grand et tu ferais un adversaire coriace. »

Je souris à nouveau. « Oui, je suis très grand et je sais faire bon usage de ma taille. » Je ne pensais pas qu'elle comprendrait le sous-entendu. « Tu n'as pas d'homme pour te protéger ?

— Je vis avec mon oncle, qui est un dragon et qui me protège farouchement. Je n'ai pas une vie palpitante et j'ai rarement besoin qu'on me protège.

— Vraiment ? répondis-je simplement.

— C'est mon oncle qui m'a élevée et il m'a transmis son amour du savoir, de la lecture et des soirées au coin du feu. Je sors peu et je fréquente rarement les fêtes.

— Tu as pourtant l'air à l'aise ce soir, » contrai-je.

Elle fronça les sourcils brièvement. « C'est un jour de fête et mon Oncle a insisté.

— Alors il faudra que je l'en remercie.

— Pourquoi ? demanda-t-elle en inclinant légèrement la tête.

— Je ne t'aurais jamais rencontrée autrement et je lui en suis reconnaissant. » Elle rougit encore une fois.

« Mais tu n'as pas répondu à ma question concernant un protecteur.

— Comme je le disais, mon oncle me suffit. Je n'ai pas besoin de protection supplémentaire. »

À voir les hommes la regarder danser, je n'étais pas du même avis, mais je n'allais pas gâcher cette danse en la contrariant. Je lui serrai la main légèrement pour attirer son attention. « Très bien, mais tu pourras toujours compter sur Cross du ranch de Bridgewater en cas de besoin. »

La chanson prit fin, mais je ne lui lâchai pas la main. « Promets-le-moi, Olivia. »

Les gens se pressaient autour de nous, discutaient pendant que nous restions immobiles et qu'elle pesait mes mots.

« Tu ne vis pas à Helena et tu ne peux m'offrir un refuge, mais tu ne lâcheras visiblement pas ma main tant que je ne t'aurai pas donné mon accord. »

Je souris devant tant de perspicacité.

« Très bien, c'est d'accord. Je ferai appel à toi si j'en ressens un jour le besoin. »

Le mot « besoin » offrait plus d’une connotation. Je serais bien sûr là pour la secourir dans n'importe quelle situation, mais je me ferais également un plaisir de soulager d'autres types de besoins. D'après son apparence et son éducation, elle menait une vie protégée et ne connaissait pas encore les désirs d'une femme. L'idée qu'un autre homme puisse les lui enseigner me paraissait rebutante.

Malheureusement, je n'avais d'autre choix que de la libérer. Je ne voulais pourtant pas le faire... Sa place était entre mes bras.

2

OLIVIA

Des hommes différents m'invitèrent à danser toute la soirée, ce qui me surprit beaucoup. Depuis le coin de la pièce où il discutait avec ses amis, Oncle Allen observait tout ce remue-ménage avec un grand sourire. Je lui avais parié la dernière part de gâteau que j'allais devoir passer la soirée à faire tapisserie. Malheureusement pour moi, j'allais être privée de dessert.

Ce débordement d'attentions me changeait de mon quotidien sans histoire. J'avais bien quelques prétendants, mais aucun ne m'avait jamais intéressée jusque-là. Pourtant, certains d'entre eux étaient séduisants, mais ils ne me parlaient que de choses insipides comme s'ils s'imaginaient que je n'avais rien dans la tête. Il m'arrivait certes de me préoccuper des dernières modes en matière de robes, mais j'aimais également débattre des affaires politiques et sociales. Quand j'évoquais ces sujets cependant, ils me reprochaient de parler sans savoir ou me grondaient parce que je ne partageais pas leur avis.

Clayton Peters s'en était le mieux sorti, mais je me méfiais malgré tout de lui. Il avait fière allure, mais sa personnalité me laissait sur le qui-vive et me mettait régulièrement mal-à-l'aise. À chacune de nos rencontres, il se montrait plus agressif. Il n'avait bien sûr jamais posé la main sur moi ; son agressivité se révélait dans sa façon de me parler, de me considérer comme acquise. Quand je t'épouserai... Tu finiras par céder à mes attentes, ce n'est qu'une question de temps... Nos projets...

Il me donnait la chair de poule et cela n'avait rien d'agréable. J'avais bien sûr repoussé toutes ses avances, mais il n'acceptait jamais mon indifférence ou ne s'en souciait tout simplement pas et continuait à m'importuner. La veille, nous nous étions tous deux installés dans le salon et je lui avais indiqué que je ne souhaitais plus le voir – son humeur avait tourné à vue d’œil. Le prétendant attentionné fut très vite remplacé par un homme méprisable – un sinistre personnage qui refusait d'entendre raison. Il était rouge de colère et m'avait serré le poignet au point de me faire mal jusqu'à ce qu'Oncle Allen fasse irruption dans la pièce. Abasourdi et enragé par le comportement de cet énergumène, Oncle Allen l'avait empoigné et jeté dehors.

Une fois au calme – après m'avoir juré de « tuer cet enfoiré, » si M. Peters avait un jour le malheur de s'approcher de moi –, Oncle Allen m'avait confié : « Tu auras l'impression d'être foudroyée quand tu rencontreras le bon. » Je n'avais jamais ressenti rien de tel au cours de mes vingt-trois premières années – et surtout pas avec M. Peters – et je commençais à me dire que cela n'arriverait jamais. À plus de cinquante ans, mon oncle était un célibataire endurci et je ne pouvais pas me fier à ses mots. Pourtant, c'était exactement ce que j'avais ressenti deux fois pendant cette soirée dansante. Oncle Allen devait certainement se tromper et je ne pouvais pas avoir ressenti deux coups de foudre, coup sur coup.

J'avais d'abord rencontré Cross. Je ne savais même pas s'il s'agissait de son prénom ou nom de famille. Il ne me l'avait pas dit et je n'avais pas eu l'audace de poser la question. C'était peu dire que d'affirmer que cet homme m'avait fait perdre mes moyens. Quand je l'avais aperçu de l'autre côté de la pièce, j'avais bien cru que mon cœur allait s'arrêter – il s'était serré dans ma poitrine avant de cogner de plus belle et je m'étais sentie fiévreuse. J'étais tombée une fois à travers une planche pourrie et je m'étais sentie surprise, craintive et mon cœur avait battu à tout rompre. Il avait suffi que je croise le regard de Cross – des yeux du plus beau vert – pour avoir de nouveau l'impression de traverser le plancher. J'avais indubitablement ressenti un choc.

Je lui arrivais à peine au niveau du menton. Je m'étais sentie minuscule en dansant avec lui, serrée dans ses bras – ses larges épaules, son torse ferme et ses longues jambes me donnaient envie de le dévorer des yeux et j'avais bien profité de notre proximité. Il avait fait disparaître ma main sous la douce emprise de la sienne. Je m'attendais à découvrir un homme impétueux et brutal, mais il était tout le contraire. J'avais eu l'impression que nous ne faisions plus qu'un, que les autres danseurs avaient disparu et qu'il n'existait plus que cet homme grand et blond. J'arrivais à peine à regarder par-dessus son épaule. Alors je m'étais contentée de me perdre dans ses mots, dans sa voix grave, dans son regard. À sa façon de me fixer, il me donnait l’impression de me réserver toute son attention – et ce n'était sans doute pas qu'une impression. Il avait la mâchoire carrée et une grande bouche sous un long nez, mais l'ensemble était harmonieux. Il était rasé de près et ses cheveux, bien que longs, étaient propres et soignés.

J'avais aperçu M. Peters, mais je n'avais pas voulu que la danse se termine. Je me sentais en sécurité près de Cross, à l'abri des colères de M. Peters. Une chaleur émanait de lui, son parfum viril m'invitait à poser ma tête contre sa poitrine et à fermer les yeux. Il avait tout de suite remarqué ma peur de l'autre homme et m'avait interrogée, m'avait même offert sa protection. Il s'était montré... gentil et j'aurais voulu en profiter un peu plus, mais la chanson avait pris fin et j'avais peur que M. Peters fasse une scène, peur de devoir lui tenir tête à nouveau, publiquement cette fois.

Cross m'avait raccompagnée jusqu'à mes amies et je n'avais rien pu faire de plus que le remercier. Impossible de me jeter à ses pieds ou de l'interpeller à travers la pièce, quelle qu'eût pu être la force de mon désir. J'avais été foudroyée et pourtant l'homme s'était envolé, tout comme mon envie de danser avec d'autres. Heureusement, M. Peters avait filé lui aussi.

À ma grande surprise, une heure plus tard, au moment de la dernière danse, la foudre m'avait frappée à nouveau. J'étais en train de dire à Oncle Allen qu'il était temps de partir – la danse ne m'intéressait plus sans Cross –, mais un inconnu s'était raclé la gorge derrière moi. Oncle Allen l'avait découvert le premier, les yeux écarquillés et un doux sourire sur les lèvres. Je m'étais retournée en pensant qu'il s'agissait peut-être de Cross. Au lieu de cela, j'étais tombée nez à nez avec son antithèse, qui me tordit pourtant le cœur. Ce nouveau venu avait les cheveux noirs, peut-être aussi foncés que les miens, et une peau bronzée qui mettait en valeur l'éclat de son sourire. Ses yeux sombres m'avaient épinglées sur place. Oh....

« Miss Weston, m'accorderez-vous cette danse ? » D'une voix enrouée, il prononçait ces mots avec un étrange accent.

J'étais restée bouche bée jusque-là. Je fermai la bouche et jetai un bref coup d'œil à Oncle Allen, ne voulant pas le décevoir, mais sans vouloir non plus le laisser percevoir le choc qui me secouait, mais il se contenta d'acquiescer.

« Oui, avec plaisir, » répondis-je.

Il me tendit son bras et je serrai ma main autour de son biceps, dur et bien musclé. La coupe de sa veste n'en dissimulait rien. Tout en me guidant vers la piste, il se pencha pour ne parler qu'à moi. « Je m'appelle Rhys et je suis l'ami d'un homme avec qui tu dansais plus tôt. Cross ? Tu te souviens de lui ? »