Physiologie de l'argent - Anonyme - E-Book

Physiologie de l'argent E-Book

Anonyme

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Extrait : "L'homme d'argent et l'homme sans argent comme Oreste et Pylade, comme Castor et Pollux. Les grandes amitiés de l'antiquité s'éclipsent devant cette amitié-là, qui ne se laisse éclipser par nulle autre."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier

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EAN : 9782335054149

©Ligaran 2015

Préface

L’argent ! ! ! mot terrible et charmant, lugubre et gracieux, satanique et divin ; syllabes cabalistiques, qui, comme un immense tableau où se dérouleraient toutes les scènes de la vie, représentent aussitôt à notre imagination toutes les joies et les douleurs d’ici-bas… L’argent ! ! ! mot auquel se rattachent tous les drames et toutes les bouffonneries de ce monde… Entreprendre la physiologie de l’argent était l’œuvre la plus hardie, la plus gigantesque, la plus téméraire qu’on pût concevoir ; c’était vouloir physiologier tous les hommes.

De Paris à Pékin, du Japon jusqu’à Rome.

C’était vouloir élever un monument colossal, renfermer l’infini dans un cadre où vous serait apparu le genre humain ; vous faire voir tous ces hommes, empereurs, rois, mendiants, faibles et forts, grands et petits, esclaves et maîtres, s’entre-tuant tour à tour.

Cela eût été trop triste, et la tâche était trop difficile.

Notre peine d’ailleurs n’eût-elle pas été perdue ? De quelle utilité cela pouvait-il être pour vous et pour nous ?

Assez de graves penseurs, de philosophes moroses, attristent le lecteur qui cherche une distraction dans un livre… Le lecteur n’en devient ni meilleur, ni plus sage, et ne sait pas bon gré à l’auteur de lui avoir montré des misères qu’il connaissait déjà… Le lecteur n’a peut-être pas tort.

Le siècle tourne à la camaraderie ; c’est clair, c’est évident !

La camaraderie vous saute aux yeux ; elle vous bourdonne aux oreilles.

La camaraderie se déguise en abeille, en frelon, – souvent en frelon ; elle butine de droite et de gauche, pour elle et pour ses amis, et c’est ainsi que se compose ce miel équivoque qui porte nom esprit.

L’esprit de la camaraderie court les rues, car il marche avec elle ; il marche en famille, semblable à quelque tribu nomade.

L’un porte le sac aux bons mots. Il s’avance en éclaireur ; c’est le voltigeur de la troupe.

Un autre veille sur le parc des équipages. Sa poitrine est cuirassée de citations. Au défaut de la cuirasse on peut lire le mot pédantisme.

Méfiez-vous de l’esprit des pédants ; il tourne à l’histoire ancienne. Les contemporains n’en veulent plus ; son temps est fait, et cependant il vit, il pullule, il multiplie à l’infini, grâce à la camaraderie, cette mère des compagnons, non pas du tour de France, mais de l’esprit en commandite.

Un troisième, enfin, porte le sac à malice. C’est le malin de la troupe ; personne ne pourra lui en revendre. C’est possible ; mais, en revanche, personne ne lui en achète. – Compensation.

Tous ces braves gens ont arboré leur bannière avec cette fameuse devise :

Nous seuls et nos amis nous aurons de l’esprit.

La devise est en gros caractères ; elle est cousue en fil blanc sur un fond noir, et cependant elle n’est pas si bête !

Eh bien ! ces braves négociants ont-ils tort ?

Vraiment non ! Quand on est faible, on se fortifie. La cour citoyenne est de cet avis.

Pauvres d’esprit, ralliez-vous, et vous deviendrez riches, excessivement riches !

D’où je conclus que la camaraderie est bonne à quelque chose ; que c’est une denrée qui a cours à la Bourse.

Donc, mes frères en bamboche, soyons camarades nous aussi, et nous marcherons dans notre force et dans notre puissance.

Puissance !

Et qui douterait de la nôtre ? L’homme d’argent est fort respectable, sans doute, mais l’homme sans argent l’est-il donc moins ? Non, au contraire, il est aujourd’hui en majorité : majorité tellement respectable qu’elle doit l’emporter sur toute autre, même sur celle des veuves. – Ces dames sont pourtant majeures, fort majeures !

Cela prouvé, mes frères, je commence mon petit livre, vous priant d’en accepter la dédicace.

Vous ne le paierez pas, selon votre habitude de ne pas payer. C’est convenu.

Salut et fraternité !

CHAPITRE PREMIERL’homme d’argent et l’homme sans argent – Parallèle – Le salut

L’homme d’argent et l’homme sans argent sont comme Oreste et Pylade ; comme Castor et Pollux. Les grandes amitiés de l’antiquité s’éclipsent devant cette amitié-là, qui ne se laisse éclipser par nulle autre.

L’amitié d’un grand homme est un bienfait des Dieux.

Le grand homme en question est l’homme sans argent, gardez-vous d’en douter.

Si vous en doutiez, vous auriez tort. L’homme d’argent, lui-même, n’en doute pas. Loin de là, il en est convaincu.

Viens sous mon manteau, nous marcherons ensemble.

M. de Florian songeait encore à nos deux héros lorsqu’il composait ce vers-là.

Le manteau appartient à l’homme d’argent, ou financier.

L’homme d’argent offre une part de son manteau à l’homme sans argent, qui accepte ; – refuser serait un outrage, – et les voilà tous les deux cheminant côte à côte. C’est ainsi qu’ils descendent gaîment le fleuve de la vie.

Il survient bien quelquefois un orage qui écarte le manteau et laisse l’un de nos amis à découvert.

Cet ami, c’est l’homme sans argent. Mais il ne faut pas trop en vouloir à l’autre. Le plus coupable ici, c’est l’orage ; c’est lui seul qui a écarté le manteau.

Allons, Oreste, vite, abritez Pylade !

Maudissez l’orage et ne le laissez plus passer sur votre tête, sur celle de votre ami, surtout ; il vous doit déjà tant : c’est un nouveau service qu’il vous devra, et la reconnaissance est là pour payer ses dettes.

La reconnaissance est le payeur général de l’homme sans argent ; il n’en a pas d’autre. Disons plus, il ne doit pas en avoir d’autre.