Tomber plus haut - Guibert del Marmol - E-Book

Tomber plus haut E-Book

Guibert del Marmol

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Beschreibung

Un témoignage plein d’espoir, idéal pour garder foi en la vie !

En 1994, alors jeune chef d'entreprise, Guibert del Marmol apprend qu'il est atteint d'une importante tumeur crânienne étroitement liée au stress professionnel. Tandis que la médecine conventionnelle lui prédit un avenir sombre, il va développer au cours des dix années suivantes une hygiène de vie différente, d'autres convictions et d'autres méthodes de guérison qui lui permettront de déjouer les pronostics purement scientifiques. Ce nouveau regard influence profondément sa vie d'homme et de dirigeant, l'incitant à déployer une pensée alternative et à remettre l'humain, les notions de sens et de sagesse au centre de tout projet de vie et d'entreprise. 
Tomber plus haut est à la fois un témoignage humain intense et une réflexion approfondie sur notre époque. Le livre est un pont entre deux mondes qui ne se croisent pas souvent, celui de la matérialité et celui de la spiritualité.

Découvrez ce livre poignant qui vous fera voir d'un autre œil votre environnement personnel et professionnel...

EXTRAIT 

Le monde est rempli d’êtres d’exception dont le récit captive et dont la vie fait rêver les mortels que nous sommes. À l’image de millions de personnes, je suis un homme avec une vie simple faite, comme pour chacun, d’obstacles et de joies. Surtout de joies, dans mon cas.
Votre histoire vous semble toujours banale jusqu’à ce que vous croisiez une lueur d’intérêt chez un interlocuteur, puis chez un autre. Le premier réflexe est d’essayer de comprendre ce qui retient son attention parmi les choses simples que vous évoquez. Au fil du temps, les gens qui vous veulent du bien vous suggèrent avec une insistance croissante de témoigner, de raconter votre vision du monde. Un sentiment de gratitude vous étreint devant ces amis véritables. Cela ne fait pas de vous un écrivain pour autant. Mais rencontre après rencontre, c’est le même refrain qui revient. Le récit de votre vie, vous dit-on, pourrait aider d’autres à se lever, à se relever. L’idée fait son chemin.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Guibert del Marmol, économiste de formation, a dirigé plusieurs entreprises internationales. Aujourd'hui, il est conseiller, auteur et conférencier spécialisé dans le domaine de l'économie régénératrice. Il forme aussi les dirigeants aux pratiques d'un leadership inspiré et inspirant en mariant sagesses anciennes et technologies modernes.

Pour en savoir plus sur l'auteur rendez-vous sur son site : http://www.guibertdelmarmol.com/index.php/en/ 

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Un témoignage qui donne à réfléchir utilement sur le sens du travail, de la réussite, de l’argent. – Lefigaro.fr

Un témoignage de vie intense, qui nous montre comment Tomber plus haut. – Psychologies.com

Surprenant et atypique, tout à la fois témoignage et réflexion […] Ecrit de façon simple et direct, c’est également un fantastique hymne à la vie, un témoignage poignant d’une reconstruction humaine et d’un nouveau regard sur l’homme et la société. – Planetpositive.org

Tout homme naît deux fois dans sa vie, et la seconde, c’est la bonne !

Proverbe mexicain

À mon épouse, Caroline, qui est mon socle.

À mes parents, pour leur amour inconditionnel et leur infinie sagesse.

Pour mes enfants, Arthur, Gaspard, Simon,

AVANT-PROPOS

LE MONDE EST REMPLI d’êtres d’exception dont le récit captive et dont la vie fait rêver les mortels que nous sommes. À l’image de millions de personnes, je suis un homme avec une vie simple faite, comme pour chacun, d’obstacles et de joies. Surtout de joies, dans mon cas.

Votre histoire vous semble toujours banale jusqu’à ce que vous croisiez une lueur d’intérêt chez un interlocuteur, puis chez un autre. Le premier réflexe est d’essayer de comprendre ce qui retient son attention parmi les choses simples que vous évoquez. Au fil du temps, les gens qui vous veulent du bien vous suggèrent avec une insistance croissante de témoigner, de raconter votre vision du monde. Un sentiment de gratitude vous étreint devant ces amis véritables. Cela ne fait pas de vous un écrivain pour autant. Mais rencontre après rencontre, c’est le même refrain qui revient. Le récit de votre vie, vous dit-on, pourrait aider d’autres à se lever, à se relever. L’idée fait son chemin.

Mais que dire, que transmettre, si ce n’est que vous êtes heureux dans un monde qui n’en a pas souvent le privilège  ? Pour certains, l’écriture est thérapeutique. Chez moi, c’est plutôt un cri d’enthousiasme et d’espoir. L’idée que le bonheur ne prend son sens que lorsqu’il est partagé par le plus grand nombre.

Les moments d’inconfort qui ont jalonné mon existence ont été fondateurs ; l’origine d’une quête infinie, celle du sens de ma vie, du sens de la vie. Comme Colomb, parti à la recherche des Indes, qui découvrit les Amériques, j’ai découvert autour de moi, mais surtout en moi, des trésors insoupçonnés. Autant de trésors qui, ramenés sur les rivages de notre conscience, constituent des outils fantastiques pour trouver notre place dans l’univers et œuvrer à l’harmonie du monde.

Les lignes qui suivent se fondent sur des faits authentiques mais ce n’est pas la vérité. C’est ma vérité, celle que j’ai construite au travers d’expériences, de rencontres ou de lectures. Elle m’aide à vivre au quotidien dans la sérénité et l’harmonie. Au même titre que la pensée, la vérité n’est pas unique. elle est multiple et infinie, à l’image des sept milliards d’individus qui peuplent notre planète. il appartient à chacun de trouver et de construire sa vérité dans le respect de celle de l’autre.

Puissent ces lignes en témoigner, en toute humilité, et apporter à ceux qui le souhaitent les outils nécessaires à la construction d’une vie plus sereine et harmonieuse.

PREMIÈRE PARTIE

UNE CHUTE SALUTAIRE

Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Friedrich Nietzsche

LE CIEL SUR LA TÊTE

LE SOLEIL EST DÉJÀ HAUT dans le ciel de Bruxelles en ce matin de juillet. depuis quelques jours, la ville et ses artères ont adopté le rythme calme des vacances. Au sous-sol des cliniques Saint-Luc, une porte vient de se refermer derrière moi. j’ai le sentiment d’avoir croisé le boxeur Mike Tyson dans la salle d’attente, et d’avoir mis publiquement en doute sa virilité… Je suis « atomisé » !

À défaut d’uppercut, c’est la phrase que vient de me balancer le jeune médecin qui m’a envoyé au tapis : « Votre scanner montre une tumeur de la taille d’une balle de golf, elle est située à la base des deux hémisphères cérébraux, au centre de votre boîte crânienne. Pas certain qu’elle soit cancéreuse, mais bon… Rappelez dans deux jours, quand le professeur sera de retour. »

Comme un automate, je me mets en mouvement vers la sortie. Les couloirs de l’hôpital défilent dans un songe, l’impression que le temps se compresse et s’étire à l’infini. Les bruits, les couleurs, les visages m’apparaissent de façon irréelle. je ne sens plus rien, je ne vois plus rien, je n’entends plus rien alors que ces minutes se figent à jamais dans ma mémoire. j’avance, hagard, vers le parking et m’affale dans ma voiture.

La voilà enfin, la cause de cette lente métamorphose. depuis des mois, je ne suis plus que l’ombre de moimême. je n’ai plus ni envies ni courage, incapable d’entreprendre ces activités sportives que j’aime tant, d’insuffler mon rythme et mon enthousiasme habituels dans la conduite des affaires. je lutte toute la journée contre d’incessantes pertes d’énergie. il faut tenir debout envers et contre tout et assumer mes responsabilités de père et de patron. et ces nuits infinies, passées à ingurgiter des antidouleurs pour lutter contre ces migraines que rien ne chasse, ces nuits où je sombre dans la plus profonde dépression avec le sentiment que les murs de la chambre vont se refermer sur moi, que jamais je n’aurai la force de me lever le matin pour affronter le monde, ces nuits où les seuls moments de sérénité sont les heures passées à observer dormir ma femme et mon petit garçon. À me dire que, pour eux, je ne sombrerai pas.

Je n’ai pas beaucoup de connaissances médicales mais je sais qu’une tumeur au cerveau a presque toujours une issue fatale… j’ai trente ans et pas vraiment envie de tirer ma révérence.

Il n’a pas dit cerveau, il a dit « boîte crânienne » et « pas sûr qu’elle soit cancéreuse ». je tourne et retourne sa phrase dans ma tête. Que faire  ? Que croire  ? Tous ces médecins se sont déjà tellement trompés depuis six mois… À qui en parler  ? Suis-je condamné ou est-ce un incident de parcours  ? Je me sens comme suspendu au-dessus du vide par une paire de fines bretelles, me demandant si mes boutons de culotte vont tenir.

Quarante minutes plus tard, je sors enfin de ma torpeur, je mets le contact et démarre. Une nouvelle vie commence.

Sur la route qui me ramène au travail, j’essaie tant bien que mal de faire le point. je suis encore sonné et je me sens désemparé. Par où commencer et comment gérer la nouvelle vis-à-vis de mes proches  ? Voilà la question qui commence à m’angoisser. À ce stade, rien n’est sûr et tout est possible. Ce qu’il me faut, c’est en savoir plus sur mon état réel, et vite. je rentre au bureau. Le mien est situé tout au bout du bâtiment qui me semble interminable, aujourd’hui. je presse le pas pour éviter de croiser le regard d’un collaborateur et je m’enferme à mon poste de travail. Le médecin qui a eu le nez fin et m’a prescrit le scanner cérébral, là où les autres voulaient me donner du Prozac pour « combattre un état dépressif dû au surmenage », doit pouvoir m’aider. je décroche mon téléphone… Pas de réponse. j’appelle son compagnon, qui travaille avec moi. Quelques minutes plus tard, lorsqu’il entre dans mon bureau, je rassemble silencieusement mes forces et m’accroche à la table pour contenir mes jambes qui ont du mal à me porter : « Jean-Paul, ce que je vais te dire est totalement confidentiel. Voilà ce qui m’arrive et j’ai besoin de savoir au plus vite. C’est Nathalie qui a mis le doigt sur le problème là où les autres médecins étaient dans le brouillard le plus complet. il faut qu’elle appelle aujourd’hui l’hôpital et qu’elle rassemble l’information que n’a pas pu me donner le stagiaire. dislui bien que je veux qu’elle me dise la vérité, toute la vérité… Quelle qu’elle soit ! »

L’après-midi se passe dans le brouillard le plus complet, avec l’anxiété grandissante du retour à la maison et des questions inévitables que Caroline, mon épouse, me posera sur ma journée et les tests du matin. je suis déchiré entre deux sentiments que je ne parviens pas à gérer, celui de la protéger d’un stress inévitable et mon immense besoin de poser mon fardeau en partageant mes angoisses et mes peurs. Le repas du soir m’offre un ultime répit, notre petit garçon étant trop accaparant à l’heure du dîner pour tenir une conversation soutenue. Après qu’elle a couché notre fils, je la rejoins dans la salle de bain pour lui expliquer sur le ton le plus neutre et le plus apaisant possible le déroulement de ma matinée. elle reste calme et souriante… Seule sa main qui vient d’agripper le radiateur derrière elle traduit l’onde de choc.

Je fais le point avec Nathalie, mon médecin, le matin suivant. elle n’a pas encore obtenu les informations de l’hôpital mais la pathologie lui semble connue. diplômée en médecine générale en Belgique et en neurochirurgie en Afrique du Sud, elle a déjà été confrontée aux mêmes symptômes chez des patients sud-africains. Son explication est directe, précise et claire, malgré l’absence des résultats cliniques. elle me fait part des hypothèses à prendre en considération et des suites possibles. La perspective n’est pas joyeuse mais le fait d’en savoir davantage me redonne un peu de force, du moins, c’est le sentiment que j’en retire.

Les choses semblent plus claires. il est peut-être temps, me dis-je, d’en parler à mes parents. j’appelle mon père en me disant qu’il saura gérer mieux que moi la communication et la situation vis-à-vis de ma mère : « Papa, je voulais que tu saches, ce n’est pas grave mais un peu gênant et je ne sais pas comment l’expliquer à maman. Les médecins ont trouvé une tumeur… » Ma gorge se noue, plus un son n’en sort et mes yeux se noient. d’une main fébrile, je coupe la communication, laissant mon père, incrédule et désemparé, à l’autre bout du fil.

L’AMPLEUR DES DÉGÂTS

MACRO-ADÉNOME hypophysaire non sécrétant… » Le médecin vient de me délivrer son verdict et de mettre un nom sur le crabe qui me ronge l’intérieur du crâne.

C’est une tumeur qui s’est développée sur l’hypophyse. A priori, ces bestioles-là ne sont pas venimeuses, comprenez cancéreuses, mais il faudra attendre l’analyse des tissus pour en avoir le cœur net. Sa localisation et le résultat de ses désordres sont nettement plus gênants. L’hypophyse, en résumé, est la tour de contrôle d’une grande partie du système endocrinien du corps humain. C’est l’ordinateur en chef qui commande la pharmacie interne et cette tumeur est en train de semer une sacrée pagaille dans l’officine. Les symptômes d’un tel dérèglement sont difficiles à diagnostiquer pour un médecin traditionnel. Ajoutez à cela que les mélanges hormonaux sont tous différents d’un individu à l’autre et tributaires de l’état psychique de chacun. Vous aurez compris pourquoi tous les médecins, à l’exception d’un, se sont cassé les dents là-dessus pendant six mois. Autre scoop du jour, je suis en train de perdre la vue. ma tumeur est tellement grosse qu’elle commence à comprimer le nerf optique. résultat : une réduction significative et croissante de mon champ. À part cela, aussi étonnant qu’il y paraisse, je me sens déjà mieux… Psychologiquement, du moins. L’ennemi est identifié et je sais où mener le combat. L’enfer, à ce stade, c’est pour les gens qui m’aiment et m’entourent. Un mélange acide d’angoisse et d’impuissance face au combat que je mène et à mon état physique qui se dégrade de jour en jour. Comme si, se sentant menacée, la tumeur s’était lancée dans une fuite en avant éperdue.

Je visite, en deux jours de temps, toute la machinerie de la clinique : résonance magnétique, scanner, appareillage nucléaire avec marqueurs isotopes suivis d’interminables prises de sang. il est décidé de tenter d’abord de réduire l’adénome par injections journalières de différentes substances dont la poésie m’échappe. Après dix jours d’un tel traitement, rien n’y fait. Au contraire, ces substances ont intoxiqué d’autres fonctions jusque-là intactes. L’intervention chirurgicale est décidée. reste à savoir qui est compétent pour cette opération. renseignements pris, il existe trois « divas  » en Europe : l’un à Genève, l’autre à marseille et le dernier… à Liège. Voilà la première bonne nouvelle depuis longtemps, je sens que c’est un signal positif et je m’y accroche. ma joie est de courte durée car le grand spécialiste au CHU de Liège décroche un mois par an et part se ressourcer sur son bateau, loin de tout, en Méditerranée. nous sommes le 30 juillet, il décolle cet après-midi, à quatorze heures. rendez-vous est pris pour son retour, le lundi 29 août. je suis le premier sur la liste de la semaine. Les derniers jours avant l’hospitalisation sont particulièrement pénibles, je n’y vois plus rien si ce n’est la lumière et des taches de couleur. je me traîne de plus en plus. L’angoisse de mon entourage est palpable, celle de mon fils Arthur, qui n’a pourtant qu’un an et demi, aussi. il ne s’exprime pas encore bien mais absorbe comme une éponge les doutes et les craintes des adultes qui l’entourent. Seule au milieu de l’incertitude, Caroline ne bronche pas. elle reste pareille à elle-même, calme, apaisante, souriante, se souciant d’abord du bien-être de tous.

Outre la lumière que constitue mon épouse au milieu de cette nuit montante, quelque chose bouge au plus profond de moi. C’est de l’ordre du subconscient, un mélange d’instinct de survie et de questionnement intérieur qui m’amène irrésistiblement vers un autre état de conscience. Comme si, me mettant en position de combat face aux événements, une voix intérieure me disait : « Fondamentalement, tu n’as rien à craindre. Tu passeras au travers, ton chemin ne s’arrêtera pas ici. Ce n’est qu’une étape qui peut t’amener à autre chose, une expérience dont il faudra tirer les leçons… »

L’OPÉRATION

QUAND L’INTERVENTION chirurgicale se révéla être la seule issue possible, je décidai de préparer mon corps et mon esprit. Les semaines écoulées entre mon premier scanner et la date de l’intervention me permirent de me pencher sur l’origine possible du problème.

Dès le départ, mais de façon confuse, j’avais eu le sentiment d’être directement à l’origine de ma tumeur, sournoise conséquence de mes colères et amertumes. À ce stade, je cherchais à désigner un coupable… Quel mal m’avait-on fait  ?

Sur les conseils de proches, je me laissai convaincre de suivre un traitement préopératoire fait de shiatsu et d’homéopathie. Le shiatsu, technique asiatique ancestrale, agit sur les méridiens du corps. Par une série de pressions à différents endroits, le thérapeute « défait » les nœuds énergétiques situés tout le long du corps, nœuds issus de stress, douleurs, peurs ou encore colères. Nos états d’esprit et nos humeurs s’inscrivent dans notre corps physique. L’accumulation de ces blocages énergétiques engendre toutes sortes de manifestations physiques allant du simple eczéma au cancer, en passant par la dépression. Chez moi, cela s’était traduit par une dérégulation de l’hypophyse, parfois considérée comme le « troisième œil »(1) ou siège de l’intuition dans la tradition orientale.

Ces séances préparatoires eurent un effet fantastique ; je pus à la fois évacuer ces colères omniprésentes et rétablir un flux énergétique dans mon corps tout entier, qui reprenait ainsi de la force. J’y appris, en outre, à travailler sur la douleur ou, plus précisément, sur sa perception. Le principe étant de la reconnaître, de l’accepter mais de ne pas laisser son esprit s’y accrocher. Cela impliquait d’avoir au préalable « défait » les nœuds le long des méridiens et de travailler sur la respiration.

Je combinais cette approche de l’enveloppe corporelle avec un traitement homéopathique pour la gestion du stress et surtout pour les hémorragies que le fameux remède « Arnica » allait soulager et réduire.

Je me levai le matin de l’opération avec le mental d’un boxeur pressé de monter sur le ring et confiant dans sa préparation. Je sortis de la salle de bain avec ma tenue de combat : chasuble blanche ouverte sur mes fesses à l’air et bas anti-varices ! J’adressai un dernier jeu de mots « ringard » à Caroline pour me donner du courage, puis disparus avec les infirmiers. Peu après mon départ en salle d’opération, le chirurgien vint la voir pour l’entretenir du déroulement prévu de l’intervention et des effets postopératoires attendus. « Le principe est d’ouvrir entre la lèvre et la gencive supérieure, de remonter derrière le nez, de percer les sinus pour atteindre la tumeur située derrière les yeux. On introduit deux sondes, une pour y glisser une caméra et l’autre faisant office de « fraise » de dentiste, pour découper la tumeur. Durée estimée : environ quatre heures. Vingtquatre heures en salle de réveil suivies de douze jours d’hospitalisation. » C’est un panda que Caroline retrouverait à l’issue de ces douceurs ; gonflement généralisé de la face faisant disparaître le nez dans la masse du visage et larges hématomes autour des yeux jusqu’à mi-joues !

« Monsieur, Monsieur, réveillez-vous, vous pouvez ouvrir les yeux. » J’émerge doucement de ma torpeur, j’ai vaguement la sensation que toute une série de sondes et d’infuseurs m’entravent. Si ce n’est un sérieux mal de gorge, le reste de mon corps semble flotter. J’ouvre les yeux et pour la première fois depuis dix jours, je vois !

Pour m’en assurer, je me mets à compter mes doigts ; se penche alors sur moi le visage de la jeune infirmière. Elle ressemble à un ange et pourtant, je suis en vie, plus que je ne l’ai été depuis des semaines. Je viens de renaître !

L’opération s’est bien déroulée. Toute la tumeur n’a pas pu être enlevée. Une partie de celle-ci touchant la carotide, il a été décidé de ne pas prendre de risques. Le solde tumoral devra être éliminé plus tard par rayons. Les effets postopératoires sont surprenants : pas de trace des hématomes attendus et mon nez refait surface avant terme, au bout de deux jours. L’hospitalisation et son cortège de gênes, voire de souffrances, se passent mieux que prévu. À tel point que je sers d’ambassadeur pour le service de neurochirurgie auprès des patients qui doivent subir les mêmes réjouissances les jours suivants. Je leur explique le bien-être et la poésie d’un tel moment. Dans mon enthousiasme de la vue et de la vie retrouvées, j’en viens à leur expliquer avec conviction que c’est vraiment génial, que cela ne fait pas mal, en somme. Presque une expérience à vivre absolument ! Au bout de quarante-huit heures, le médecin me demande de tempérer mon enthousiasme ; mon discours pourrait engendrer un stress postopératoire chez certains, car, en règle générale, cette intervention est douloureuse et le visage reste méconnaissable plus longtemps.

« Bonne nouvelle, vous pouvez sortir plus tôt. Vous récupérez beaucoup plus vite que prévu. L’opération s’est bien déroulée mais vos exploits de l’été ont un prix. Une infirmière vous fournira la liste complète des médicaments avec lesquels il vous faudra vivre dorénavant, certains trois fois par jour. Globalement, votre espérance de vie s’est réduite de dix à quinze ans, vous ne pourrez plus avoir d’enfants et un état dépressif latent est possible. Par ailleurs, la non prise de vos hormones de substitution entraînera un coma dans les quarante-huit heures… Merci de votre visite et revenez nous voir deux fois par an ! »

Je suis tellement heureux d’être sur pied et d’avoir retrouvé la vue que le tableau idyllique que le docteur vient de me dresser pour le restant de mes jours ne m’émeut guère. Bien qu’elle vienne de me sauver la vie, j’ai appris que la médecine moderne n’est pas une science exacte et que mon état « psychique » engendre tous les possibles sur mon état physique.

Malgré un corps encore faible, j’ai une pêche d’enfer et l’envie de mordre la vie à pleines dents.

LA RECONSTRUCTION

LA VISION DU MOMENT peut sembler dramatique. Avec le recul, j’ai le sentiment que ce moment d’inconfort a été une chance formidable pour moi. La reconstruction de mon corps physique et les moyens que j’ai mis en œuvre pour y parvenir tout au long des années qui suivirent me firent découvrir un autre monde, tant intérieur qu’extérieur. Je rencontrais des gens hors du commun et j’accédais à un niveau de conscience élargie ! Cela bouleversa profondément ma vie d’homme, de père, d’époux et de chef d’entreprise. J’avais jusqu’alors, comme la majorité de mes contemporains, été guidé par le besoin de reconnaissance et celui de posséder. Grimper en haut de l’establishment, en recevoir les honneurs et avantages matériels était probablement mon carburant de l’époque. Ni pire ni meilleur qu’un autre, j’avais en moi une impatience rarement contenue. Par beau temps, cela se traduisait par de l’enthousiasme, par temps couvert, la colère et la rancune grondaient ! La volonté et la détermination dont je fis preuve pour me sortir plusieurs fois de situations périlleuses s’appuyaient sur un ego de belle dimension. L’ego et l’impatience ne sont pas garants d’une saine gestion des émotions. Ma fiche médicale était là pour le prouver.

Reconnaissant envers la médecine allopathique de m’avoir « sorti de l’ornière », j’en avais toutefois entrevu les limites et j’avais pris conscience qu’elle était encore souvent approximative. J’avais par ailleurs découvert l’impact réel des médecines alternatives. Au cœur du débat, et largement diffusées aujourd’hui, ces médecines douces étaient encore regardées de façon mi-suspecte, mi-amusée au début des années quatrevingt-dix. Plutôt que d’opposer l’une à l’autre, je décidai de bâtir ma reconstruction sur l’intégration des deux méthodes en me mettant surtout à l’écoute de moi-même et des indicateurs permanents que nous envoient corps, esprit et émotions.

Il me parut évident que ces trois aspects, ces trois états (physique, mental et émotionnel) étaient étroitement liés. Ce qui était entrepris dans l’un émargeait au niveau des deux autres. Le travail réalisé dans ces trois domaines m’en fit découvrir un quatrième à la fois plus subtil, plus puissant et qui constitue la structure englobante des autres : le corps spirituel. Autrement dit, nos croyances et notre sagesse intérieure.

La tumeur n’ayant pu être totalement éliminée, il devait forcément subsister des cellules actives de l’hypophyse en dessous de l’adénome. J’entrepris donc d’en stimuler le fonctionnement, du moins jusqu’à ce que les rayons ne détruisent le tout définitivement. Le corps est une machine complexe, superbe et d’une intelligence incroyable. Nous avons en nous des mécanismes réparateurs et compensateurs hors du commun. L’énergie et les codes d’information dont sont constituées nos cellules permettent à chaque instant des miracles. Encore faut-il pouvoir en susciter les conditions.

Afin de satisfaire les attentes de mon corps physique et créer les conditions adéquates, je développai une hygiène de vie et m’y tins ; sport trois à cinq heures par semaine et diététique basée sur les fruits, légumes, poissons, céréales et sucres lents, le tout arrosé de deux litres d’eau par jour. Convaincu des vertus des plaisirs que l’on s’octroie, je dois confesser que jamais je n’envisageai de supprimer mon verre de vin, de bière ou mon morceau de chocolat !

De façon plus subtile, j’eus recours de façon préventive à l’ostéopathie. Le corps est parcouru de méridiens et de fréquences vibratoires, il convient d’en assurer la fluidité et la cohérence. Ces séances toutes les six semaines me permirent d’ouvrir les nœuds éventuels qu’avait pu engendrer un choc physique ou émotionnel. Combinées à la pratique régulière du sport, ces séances m’aidèrent à évacuer rapidement toute forme de stress et ses conséquences dévastatrices.

Une plus grande légèreté et une fluidité physique me conduisirent de façon naturelle à cultiver une vision positive de la vie et à entretenir le bonheur sous toutes ses formes. D’un point de vue purement allopathique, les effets furent spectaculaires. Alors qu’on m’avait annoncé que je serais stérile, Gaspard et Simon vinrent élargir et égayer le cercle familial. Aucun état dépressif latent comme prédit, mais plutôt quinze à vingt kilomètres de course à pied par semaine et quarante à soixante kilomètres de vélo le week-end en plus, quand mon emploi du temps le permettait. Tout au long de ces dix années, j’ai enchaîné plusieurs sommets à plus de quatre mille mètres dans les Alpes et dans l’Himalaya et, pour finir, je me suis aujourd’hui affranchi des médicaments et hormones de substitution qui m’étaient recommandés sous risque d’un coma dans les deux jours.

ÉVITER LES MÊMES ÉCUEILS

L’ANNÉE 2002 fut particulièrement délicate sur le plan professionnel. Avec l’effondrement des tours jumelles à New York quelques mois auparavant, toute l’économie avait pris un coup de froid. Comme tous les autres, notre secteur d’activité fut touché. Notre entreprise était jusqu’alors dans une logique de croissance, anticipant toujours les dépenses sur les recettes futures. Le retournement du marché et les effets du 11 septembre sonnèrent le glas de notre success story. Après avoir géré la croissance à tout va, il fallait à présent se préparer à serrer les boulons, voire à se défaire de notre « surcharge pondérale » prise pour accompagner une croissance qui n’était plus au programme. Les problèmes apparurent dès le mois de février. Comme toujours dans ces cas-là, le sentiment de