Tueurs en série - Tome 6 - Pascal Dague - E-Book

Tueurs en série - Tome 6 E-Book

Pascal Dague

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Les tueurs en série ont proposé bien des excuses à leur comportement, certains critiquent leur éducation, d’autres disent qu’ils sont nés avec une partie d’eux manquante. D’autres encore affirment que la pornographie les a poussés à violer et à tuer, quand ils n’accusent pas les voix dans leurs têtes qui leur intiment l’ordre qu’il est temps de « chanter la chanson de la mort ». Certains ont même affirmé que c’est la prison qui a fait d’eux des monstres, ou même un accident de moto/auto qui les a rendus hypersexuels et les a transformés. D’autres inversent les rôles et se vantent du fait que leurs victimes méritaient de mourir… Comment une personne normale pourrait-elle massacrer une autre personne, simplement par plaisir ? Le fait le plus terrifiant, sans doute, vis-à-vis de ces tueurs en série, est que dans leur immense majorité, ils sont rationnels, sains d’esprit et calculateurs. À travers ce livre, je vous propose de découvrir le portrait de certains d’entre eux…


 À PROPOS DE L'AUTEUR
Écrivain franco-belge : La « plume » de Pascal Dague caresse le papier comme la feuille de rose excite par ordonnance la page blanche. Cela vous étonne ? D’aucuns pensent sûrement qu’il est un homme insensible et froid, l’auteur est tout le contraire… Pour preuve, le prix d’Excellence reçu en octobre 2020 par Bibliotheca Universalis et Horizon Littéraire Contemporain de la Roumanie, dû au chantre d’amour de ses textes. Et il est également lauréat du 2e prix de la Nouvelle (concours de la Nouvelle du Salon du livre de Cagnes-sur-Mer en juin 2024) et du 1er prix de la Poésie (concours de la Poésie des Voiles de l’Art de Villeneuve-Loubet, en juin 2024). Depuis plus de quarante ans, Pascal Dague cultive cette dichotomie entre la raison et la passion dans le seul but de découvrir la vérité de tout homme qui se cherche et il revendique que quelque part, l’écrivain est un flic, un flic sentimental qui traque l’information jusqu’à satisfaire sa curiosité. Rien n’est simple, rien n’est écrit d’avance, la liberté se sculpte avec le temps. Faut-il encore le prendre pour lui donner toute son importance.

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Seitenzahl: 391

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Éditions Encre Rouge

®

CC Salvarelli – 20218 PONTE-LECCIA

Mail : [email protected]

ISBN : 978-2-38675-013-7

Dépôt légal Mai 2025

 

 

Pascal DAGUE

 

TUEURS EN SÉRIE 6

 

ROBERTO SUCCO

LE ZODIAC

DENNIS RADER – BTK

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

– PASCAL DAGUE –

 

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les "copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective" et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les "analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information", toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite(article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle

 

 

 

En mémoire d’Éric Comyn… Le 26 août 2024, lors d’un contrôle routier à la sortie de l’autoroute A8, à hauteur de Mougins (06), l’adjudant-chef est violemment percuté par un véhicule refusant d’obtempérer à ses injonctions. En arrêt cardio-respiratoire, il décède malgré l’intervention de ses camarades et des secours. Âgé de 54 ans, il était marié et père de deux enfants de 12 et 16 ans.

 

 

 

 

 

D’où vient cette envie…

Et pourquoi est-elle si forte ?

 

 

 

 

Chapitre 1

Qu’est-ce qu’un tueur en série ?

 

Et si nous ressentions cette même envie, serions-nous capables d'y résister ? Est-ce génétique, hormonal, biologique ou cela est-il le fruit d'un conditionnement quelconque ? Les tueurs en série peuvent-ils contrôler leurs besoins, leurs désirs ? Il arrive que nous ressentions tous de la colère, de la rage et des instincts sexuels inappropriés. Pourtant, nous possédons tous une sorte de cage interne — cloison étanche — qui renferme nos monstres et démons à l'intérieur de nous. Que ce soient la morale ou une programmation sociale, ces blocages internes sont bien trop souvent souillés, piétinés par ces tueurs psychopathes. Non seulement ils laissent la porte de leur cage grande ouverte, redonnant ainsi aux monstres leur liberté, mais ils deviennent complètement esclaves de leurs appétits brutaux. Pourquoi sont-ils différents ? Si jamais, ils le sont.

Les tueurs en série évoquent bien des excuses pour leur comportement, certains critiquent leur éducation, d'autres disent qu'ils sont nés avec une partie d'eux manquante. Quand d'autres encore affirment que la pornographie les a poussés à violer et à tuer, quand ils n’accusent pas les voix dans leur tête qui leur intiment l'ordre qu’il est temps de « chanter la chanson de la   mort ». Certains ont même affirmé que c'était la prison qui avait fait d'eux des monstres, ou que c’était un accident de moto qui les avait rendus hypersexuels et les avait transformés. D'autres inversent les rôles et se vantent du fait que leurs victimes méritaient de mourir... Comment une personne normale pourrait-elle en massacrer une autre, simplement par plaisir ? Le fait le plus terrifiant, sans doute, vis-à-vis de ces tueurs en série est que, dans leur immense majorité, ils sont rationnels, sains d'esprit et calculateurs.

Statistiquement, le tueur en série classique est un homme de race blanche, provenant d'une famille de classe moyenne, et qui a entre 20 et 40 ans. C'est une statistique souvent rabâchée, qui est simplement... statistique : elle provient d'études faites aux États-Unis, sur des tueurs américains. La population aux USA est blanche à 80%. La majorité des tueurs américains est donc logiquement blanche, comme en Afrique du Sud, où la majorité des tueurs en série est noire, puisque 90% de la population est noire. Quant à l'âge, on découvre de plus en plus souvent qu’il s’agit de très jeunes tueurs, à peine majeurs ou, au contraire, des tueurs dont on pourrait croire qu'ils sont de gentils papys. Ce qui est sûr, c'est que la plupart des tueurs en série sont des hommes. D'ailleurs, beaucoup ont été abusés, physiquement ou psychologiquement, par leurs parents. Certains ont été adoptés. Enfants, les futurs tueurs en série allumaient souvent des incendies, torturaient les animaux et urinaient au lit, ces comportements sont connus comme la triade des symptômes. Certains sont très intelligents et auraient pu mener de belles carrières professionnelles. Ils sont souvent fascinés par la police et l'autorité, en général. Ils ont pu essayer de devenir policiers, mais ont échoué, ou travaillent comme agents de sécurité ou sont/ont été dans l'armée. Beaucoup se déguisent en policiers pour approcher leurs victimes.

Les tueurs en série choisissent des victimes vulnérables et plus faibles qu'eux : enfants, personnes âgées, femmes seules, etc. Ils veulent des victimes qu'ils pourront facilement maîtriser, afin de ne pas saboter leurs fantasmes de tueurs tout puissants, qui dominent leurs proies. Souvent, leurs victimes correspondent à un certain stéréotype qui a une signification symbolique pour le tueur. La plupart du temps, les tueurs en série humilient et « chosifient », au sens où ils considèrent leurs victimes comme des objets. Les tueurs en série sont souvent des sadiques, qui éprouvent un plaisir pervers à torturer leurs victimes, les réanimant parfois alors qu’ils sont au bord de l'asphyxie pour pouvoir les torturer davantage. Ils ont besoin de dominer, de contrôler et de posséder « la personne » et lorsque la victime meurt, ils se sentent abandonnés, seuls avec leur insondable rage et leur haine envers eux-mêmes. Ce cercle vicieux continue jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés ou tués…

Parfois, nous pensons qu'il est facile de reconnaître la démence ou qu'un maniaque possédant d'incontrôlables désirs de meurtre va être capable de se retenir. Dans la rue, ce sont, comme on dit, les malades mentaux que nous essayons d'éviter, nous éloignant des hommes échevelés, barbus, le visage de travers et qui vocifèrent contre eux-mêmes. Mais, sincèrement, si vous voulez éviter de croiser le chemin d'un tueur psychopathe, la meilleure solution serait de vous éloigner de la personne charmante, polie et impeccablement habillée qui s'approche de vous en souriant. Les tueurs en série passent généralement inaperçus, ils sont camouflés dans l'anonymat. Ils épient dans les campus et les allées, rôdent sur les autoroutes et dans les rues. Comme tous les prédateurs évolués, ils savent comment approcher leurs victimes en gagnant leur confiance. Les tueurs en série cachent leur esprit torturé derrière une façade de normalité construite avec soin.

À cause de leur nature « sociopathique », les tueurs en série ne savent pas comment ressentir de la sympathie pour les autres ou même comment avoir une véritable relation avec quelqu'un. Mais ils apprennent à simuler en nous observant. C'est un acte totalement manipulateur, conçu pour attirer les gens dans leur piège. Les tueurs en série sont de bons acteurs avec un penchant très net et non moins naturel pour le mensonge. Le rôle préféré des psychopathes est celui où ils sont dans une position d'autorité. Beaucoup de tueurs en série se sont engagés dans l'armée, d'autres encore jouent aux policiers ; porter un badge de police et conduire une voiture ressemblant à celles des policiers ne nourrit pas seulement leur besoin de se sentir importants, cela leur permet aussi d'approcher des victimes qui ne parleraient pas, sinon, à un étranger. Paradoxalement, lorsqu'ils sont appréhendés, les tueurs en série présentent soudain un masque de folie et prétendent qu'ils ont de multiples personnalités, qu'ils sont schizophrènes, qu'ils entendent des voix ou qu'ils ont eu des flashs durant lesquels ils ont commis des actes dont ils ne se souviennent pas. Tout y passe pour échapper à leurs responsabilités, même lorsqu'ils prétendent se révéler véritablement, ils ne peuvent s'empêcher de continuer à jouer un rôle et à mentir, de la même manière que des tueurs en série éventrent leurs victimes pour voir comment ça fonctionne à l'intérieur.

Les psychiatres et les agents du FBI essayent de pénétrer dans l'esprit du tueur... L'explication traditionnelle inclut les abus durant l'enfance, la génétique, des déséquilibres chimiques, des blessures à la tête entraînant des dommages au cerveau, l'exposition à des événements traumatisants et des faits ressentis comme des injustices sociales. L'implication terrifiante de tout cela est qu'une grande partie de la population a été exposée à au moins l'un de ces traumatismes dans son enfance. Existe-t-il une sorte de concoction mortelle qui sépare les tueurs en série du reste de la population ? Peu importe à quel point on est en colère, il existe quelque chose qui nous retient de tuer les autres. Manque-t-il aux tueurs en série une barrière de sécurité morale ? Ou sont-ils contrôlés par quelque chose d'insondable ?

Certains enfants naissent-ils mauvais ? Certains tueurs en série sont fascinés par la violence sadique dès l'enfance. Notre société actuelle cherche d'abord des explications dans l'éducation des tueurs en série, pourquoi ? Et pourquoi aussi ne pas croire que certaines personnes donnent tout simplement naissance à des monstres ? Il est vrai aussi que dans certains cas les enfants sont horriblement abusés par leurs parents, et il semblerait que rien d'autre qu'un tueur en série ne puisse être créé par une jeunesse aussi terrible. Bien des assassins sadiques décrivent leur enfance comme une chaîne sans fin d'abus sexuels horribles, de tortures et de folie. Certaines histoires sont sans doute exagérées pour provoquer de la sympathie, c'est toujours un avantage pour un tueur de se créer des parents sadiques comme excuse. Ceci dit, plusieurs de ces histoires ont été corroborées par des témoins. Même les familles qui semblent « saines » à l'extérieur peuvent cacher d'affreux secrets. Les enfants peuvent alors apprendre à donner le change, grâce à des parents sociaux et sympathiques avec leurs voisins, amis et collègues de travail, mais qui ne supportent pas les inaptitudes de leurs enfants lorsqu'ils reviennent à la maison. Il y a fort à penser que les abus durant l'enfance sont une des clés du comportement des tueurs en série, mais il ne faut pas oublier que beaucoup d'enfants ont souffert d'abus par leurs parents et ne sont absolument pas devenus des assassins. Les abus durant l'enfance ne créent pas obligatoirement un avenir dédié au crime. Bien des fillettes sont abusées, mais très peu deviennent des femmes violentes et sadiques qui s'en prennent à des étrangers. Les frères et sœurs des tueurs en série ne deviennent pas des tueurs ou tueuses en série eux-mêmes. Les abus durant l'enfance ne sont pas la seule explication au comportement des tueurs en série, mais ils sont un facteur indésirable dans le passé de la plupart d'entre eux, même si plusieurs tueurs en série ont eu une enfance normale et n'ont pas été abusés. Les parents qui abusent de leurs enfants, physiquement et/ou psychologiquement, instillent en eux une dépendance presque instinctive en la violence comme premier recours face aux défis de la vie. Les abus durant l'enfance n'engendrent pas seulement des réactions violentes, mais affectent aussi la santé de l'enfant, et d’autres problèmes de développement. Tout comme certains parents croient qu'en étant durs et stricts, ils vont pouvoir endurcir leur enfant. Bien au contraire, ils créent un manque d'amour entre l'enfant et ses parents qui peut avoir des résultats désastreux.

De toute façon, si l'enfant ne se lie pas avec ses propres parents, il ne crée pas les fondations qui lui permettront de faire confiance aux autres, une fois adulte. Cela peut mener à l'isolement où d'intenses fantasmes violents deviennent la première source de satisfaction, au lieu de développer des traits positifs comme la confiance, la sécurité et l'autonomie, le développement de l'enfant devient dépendant de sa vie fantasmatique et de ses thèmes dominants, plutôt que des interactions sociales. Lorsque l'enfant grandit, tout ce qu'il connaît, ce sont ses fantasmes de domination et de contrôle. Il veut d'abord être un super héros pour se défendre contre ses parents, puis à l'adolescence, sa sexualité se forme. Alors, ses fantasmes de puissance se tournent vers une autre cible, nettement plus sexuelle... homme ou femme selon son orientation. Cet enfant ne développera pas de compassion envers les autres, au contraire, les êtres humains deviendront pour lui des symboles sur lesquels il pourra mettre en pratique ses fantasmes violents. En considérant que les parents sont des explications valables au comportement des futurs tueurs en série, nous pouvons alors constater des mères et des pères horribles. On critique très souvent la mère qui est décrite comme étant trop dominante ou trop distante, trop active sexuellement ou trop répressive. Peut-être que la mère est plus critiquée parce que le père a disparu, ou est tout du moins absent. À retenir que, lorsque le père est impliqué, c'est généralement pour des tactiques de discipline sadiques, des rages alcooliques et de la colère manifeste envers les femmes. En fait, tout semble commencer ou finir avec la mère. Les tueurs en série ont souvent une relation inhabituelle, voire non naturelle avec leur mère. Dans notre culture, l'image imposante de la mère apparaît dans notre psyché collective et certains tueurs se libèrent de la tyrannie maternelle en tuant leur propre mère. Si ces tueurs sont toujours dominés par « maman », il est alors plus facile de les traiter de fils à maman qui ne sont jamais devenus matures. Trouvez-vous ce cliché rassurant ? La mère est une excuse trop facile et toute prête, particulièrement à notre époque d'éducation obsessive. Il est vrai que lorsque nous observons certaines des techniques éducatives des mères de tueurs en série, nous avons parfois tendance à voir un lien direct entre elles, et les meurtres de leurs enfants. Certains tueurs en série pourraient parfaitement blâmer leur mère aux mœurs délurées, ces mères qui dépassent les bornes, exposant leurs enfants à des comportements sexuellement inappropriés. Quant au père, c'est généralement une personne sadique et portée sur la discipline, qui surgit dans l'arbre généalogique du tueur en série. Que ce soit aussi bien dans les affaires de meurtres de masse, que de meurtres en série, les victimes meurent lorsque l'agresseur obtient momentanément le contrôle de leur vie, en les dominant. Mais en dehors de cette similarité, il existe de très nombreuses différences entre ces deux types d'assassins.

Ne pas confondre les tueurs de masse et les tueurs en série... Le tueur de masse tue un groupe de personnes en une seule fois — en quelques minutes ou quelques heures — dans la même zone géographique, alors que le tueur en série individualise ses meurtres et peut tuer dans des villes, des États ou des pays totalement différents. Il ou elle continue à blesser et à assassiner durant des mois ou des années, alors que le tueur de masse, d'une certaine manière, fait sa dernière déclaration concernant la vie, en utilisant une ultime violence. On n’a jamais entendu parler d'un tueur de masse qui a eu l'occasion d'accomplir un second meurtre de masse ou de devenir un tueur en série. De la même manière que l'on a rarement vu un tueur en série qui agit également comme un tueur de masse, une ou deux fois seulement, alors qu'il était acculé par la police. Les tueurs de masse sont généralement appréhendés ou tués par la police, se suicident ou se livrent aux autorités. Les tueurs en série, au contraire, font tout leur possible pour ne pas être repérés. Ils peuvent ainsi continuer à tuer durant des semaines, des mois, et souvent des années, avant d'être arrêtés... si jamais ils le sont.

Bien que ces deux types de tueurs provoquent la peur et l'inquiétude, la réaction à un meurtre de masse sera bien plus focalisée et limitée localement que pour des meurtres en série. Les gens perçoivent généralement le tueur de masse comme un homme souffrant d'une maladie mentale. Cela crée immédiatement une dichotomie entre lui et nous, dichotomie dans laquelle lui est différent de nous à cause de ses problèmes mentaux. Nous pouvons accepter le fait que des personnes pètent un câble et tirent sur des gens, mais il est bien plus déconcertant d'apprendre que certaines personnes parmi les plus gentilles que l'on connaisse mènent en fait une double vie : un étudiant le jour, tueur d'étudiantes la nuit, une infirmière attentive et douce qui assassine secrètement des enfants ou des personnes âgées, ou encore un chef d'entreprise ou politicien qui torture et tue de jeunes hommes, puis les enterre dans leur jardin, etc.

Lorsque nous découvrons qu'il existe des gens qui ne sont absolument pas fous et qui, pourtant, adorent tuer les autres pour le plaisir, cela donne un nouveau sens au mot « étrange ». Alors que le tueur de masse est considéré comme « cinglé », le produit d'un environnement extrêmement stressant qui finit par exploser, le tueur en série, lui, est perçu comme plus sinistre et capable de provoquer infiniment bien plus de peur. Le tueur de masse utilise presque toujours une arme à feu, souvent des automatiques pour tuer le plus grand nombre de personnes possible. Le tueur en série préfère, quant à lui, utiliser une arme blanche ou ses propres mains, afin d'avoir le contact physique avec sa/ou ses victimes. Le tueur de masse et le tueur en série sont quantitativement et qualitativement différents, et des désaccords existent toujours concernant leurs caractéristiques. Je pense que le plus grand désaccord repose dans la manière de comprendre le meurtre en série. Mais qu'en est-il réellement ? 

Pour les policiers, les meurtres en série signifient généralement : agressions sexuelles et meurtres de jeunes femmes, d'hommes ou d'enfants, par un homme qui suit le modèle psychologique qu'il s'est créé. Ce qui a tout de même pour effet d'exclure beaucoup d'assassins et de victimes. Quoi qu'il en soit, et en raison de l'existence de définitions trop étroites des meurtres en série, les femmes ne sont pas toujours classées comme tueuses en série, même si elles en possèdent tous les qualificatifs. Les femmes utilisent généralement le poison pour assassiner leurs victimes et ne sont que très rarement associées à des agressions sexuelles, des tortures et des violences, contrairement à leurs « collègues » masculins. Bien que de nombreux criminels puissent être considérés comme des tueurs en série, ils sont souvent exclus de cette classification parce qu'ils ne correspondent pas aux définitions de la police ou aux stéréotypes générés par les   médias : des monstres brutaux et assoiffés de sang !

Les « anges de la mort » qui travaillent dans les hôpitaux, et tuent des patients, les infirmières qui tuent des personnes âgées dans les maisons de retraite, les « veuves noires » qui assassinent leur famille et leurs amis correspondent aux critères définissant les tueurs en série, excepté pour l'élément stéréotype de la violence brutale. Ces hommes et ces femmes n'égorgent, ne torturent, ni ne violent leurs victimes ; ce sont des tueurs silencieux. Ils peuvent être mariés, avoir un emploi stable, être le sympathique voisin de palier, l'ami de longue date. Ils et elles sont rares parmi les tueurs en série, tout comme les meurtres en série sont rares, comparés aux autres types d'homicides. Pour inclure les types de tueurs en série, la définition du meurtre en série doit être la plus large possible, en incorporant tous les agresseurs qui ont tué avec préméditation trois victimes ou plus, sur une période de plusieurs jours, semaines, mois ou années... Il faut également être  capable d'identifier certaines femmes comme tueuses en série. Il existe une telle confusion dans la définition du meurtre en série que ce genre de découvertes peut facilement être déformé. Des recherches dites « modernes », influentes sur les forces de l'ordre présentent des définitions trop étroites des meurtres en série, sans aucune assurance que cette étroitesse n'exclut pas de données pertinentes. Suggérer, par exemple, que toutes les victimes d'un tueur en série lui sont étrangères ou qu'il ne tue jamais pour l'appât du gain relève plus de la spéculation que de véritables preuves, étant donné l'état actuel des recherches sur les meurtres en série. La grande majorité des tueuses en série sont des « veuves noires » qui assassinent presque uniquement pour l'argent. Il est fortement établi que les hommes et les femmes n'ont pas les mêmes mobiles. Outre les « veuves noires », certains tueurs en série connaissent leurs victimes. On dit souvent que les tueurs en série ne s'en prennent qu'aux victimes de la même race ou origine qu'eux, et qu'ils sont souvent jeunes, entre 20 et 40 ans. C'est à cause de ces préjugés que les policiers ont bien du mal à appréhender certains tueurs en série. Les meurtres en série devraient inclure tous les agresseurs, hommes ou femmes, qui tuent plusieurs personnes durant un long moment. La plupart des recherches s'entendent sur le fait que les tueurs en série ont un minimum de trois ou quatre victimes. Il existe un point commun dans leurs meurtres : le tueur choisit le même type de victimes ou utilise la même méthode, ou le mobile des meurtres est toujours le même. Cela inclut donc les tueurs qui, sur des bases répétées, tuent dans leur propre habitation, telles les femmes qui tuent leurs époux successifs, leurs enfants ou les personnes âgées dont elles ont la charge, pour toucher l'argent des assurances-vie. Les meurtres en série incluent également les hommes et les femmes qui opèrent dans une ville ou tout un État ou même qui voyagent à travers différents États, différentes provinces ou différents pays pour trouver de nouvelles victimes et échapper à la police.

Par conséquent, certaines victimes ont des relations personnelles avec leur assassin et d'autres pas. Certaines victimes sont tuées pour le plaisir et d'autres pour l'argent. Je pense que dans une perspective de recherche, l'élément le plus important est le lien, les facteurs communs existant entre les victimes, la place ou le statut de la victime dans son environnement immédiat : SDF, prostituées, travailleurs immigrés, homosexuels, enfants disparus, fugueuses, femmes seules, etc. Le point commun entre ces meurtres peut inclure plusieurs facteurs, dont chacun peut s'avérer heuristique, apprendre petit à petit, en tenant compte de ce que l'on a fait précédemment pour tendre vers la solution d'un problème, pour mieux comprendre la victimisation. La plupart des informations et désinformations concernant les criminels sont basées sur la taxinomie, la classification en système. Les « chercheurs » créent généralement des typologies basées sur les différents crimes. Cette invariabilité devient problématique parce que, souvent, le crime comprend un ou plusieurs sous-groupes. Les « chercheurs » examinent alors des modèles de crimes répétitifs qui en retour créent de nouvelles complexités et de nouveaux problèmes. Bien que le meurtre en série ne représente qu'une petite portion de tous les homicides aux États-Unis, les « chercheurs » ont entrepris la tâche difficile de classer les tueurs en série. Par conséquent, des typologies variées de tueurs en série et de ces tendances d'homicides ont émergé. Évidemment, certaines de ces typologies et de ces tendances entrent en conflit les unes avec les autres. Certaines sont des descriptions caustiques, d'autres sont des diagnostics. De plus, certains « chercheurs » se concentrent d'abord sur des études de cas individuels de tueurs en série, alors que d'autres créent des taxinomies groupées qui incluent différentes sortes de tueurs.

Voici quelques types différents de meurtriers couvrant un large éventail de catégories :

Dépressif.

Psychologique.

Affligé d'un désordre organique du cerveau.

Psychopathe.

Passif agressif.

Alcoolique.

Hystérique.

Juvénile.

Mentalement retardé.

Sex killer.

 

Voici une liste non exhaustive, créée pour une variété « d'étiquettes » pour différencier les tueurs selon leur mobile :

Le profit.

La passion.

La haine

Le pouvoir ou la domination.

La vengeance.

L'opportunisme.

La peur.

Un contrat « tueur professionnel ».

Le désespoir.

La compassion.

Un rituel.

 

Même avant que la société américaine ne réalise, dans les années 80, que les meurtres en série étaient bien plus qu'une simple et rare anomalie, les « chercheurs » ont commencé à classer les tueurs à victimes multiples et à leur assigner des caractéristiques particulières et des « étiquettes ». On peut citer, par exemple : le tueur en série sadique, qui est quelqu'un qui obtient une gratification sexuelle en tuant et qui établit souvent un modèle, telle la manière dont il tue ou le type de victimes qu'il sélectionne. Motivés par leurs fantasmes, les agresseurs semblent ressentir du plaisir à déshumaniser leurs victimes. Les distinctions entre le tueur de masse et le tueur en série sont notamment dues aux faits que le tueur de masse semble toujours souffrir de psychoses et devrait être considéré comme fou, alors que l'on ne trouve que peu de preuves de maladies mentales parmi les tueurs en série.

La plupart des tueurs en série peuvent être décrits comme des personnes obsessives et compulsives, parce qu'ils ou elles tuent normalement selon un style et un mobile particuliers. Les             « chercheurs » ont essayé de créer des profils de tueurs en série « typiques », en accumulant rapidement des statistiques sur les agresseurs et les victimes aux États-Unis. Les tueurs en série les plus stéréotypés sont ceux qui sont impliqués sexuellement avec leurs victimes. C'est ce type de tueurs qui génère le plus l'intérêt et l'inquiétude du public... Les tueurs en série, même s'ils présentent de nombreux points communs, ne se ressemblent pas. Ils diffèrent non seulement dans leurs mobiles, mais aussi dans leur « gain anticipé » ; en d'autres termes, le type de satisfaction qu'ils obtiennent en tuant. Ce sont ces distinctions qui les séparent dans des catégories distinctes, si l'on peut dire. Il existe différents types de tueurs en série. Chaque type est distinct, unique. Toutefois, un tueur en série convient rarement parfaitement à une seule catégorie sans se mélanger avec les autres. La distinction initiale qui doit être faite, relative aux tueurs en série, concerne leur mobilité géographique. Certains vivent, travaillent et tuent dans une seule région, voire une seule ville. Selon la description du FBI, un tueur en série tue au moins trois personnes en plus de trente jours, avec une période importante de calme, de non-action entre les meurtres. À partir de là, on a pu développer une typologie de tueurs en série : celui qui a des visions, celui qui pense avoir une mission, celui qui tue pour le plaisir, et celui qui tue pour le pouvoir, ou pour pouvoir avoir le contrôle sur ses victimes. Chaque type est classé selon le mobile et le « gain anticipé » du tueur. Certains mobiles sont sexuels, d'autres ne le sont pas.

Pour le tueur en série qui a des visions : psychotique, souffrant d'une rupture totale avec la réalité, ce type de tueur reçoit des ordres provenant de voix ou de visions qui lui demandent de tuer. Des schizophrènes paranoïdes en sont un autre exemple. Pour le tueur en série qui pense avoir une mission : ce tueur veut débarrasser la communauté d'un élément indésirable. Qui sont les indésirables ? Cela dépend uniquement de l'opinion du tueur. Ils ou elles peuvent être des prostituées, des drogués, des homosexuels, ou qui que ce soit ayant une race, un sexe, une profession ou une caractéristique réelle ou imaginaire que le tueur estime indigne. Ce tueur n'est pas psychotique. Simplement, il décide de rendre personnellement un service au monde, à la communauté ou à son entourage : l'éradication d'un groupe de personnes spécifiques qui sont les éléments indésirables de son monde. Pour ces deux types de tueurs, le sexe n'est pas un facteur de motivation.

Pour le tueur en série qui tue pour le plaisir, il existe trois sous-types dans cette catégorie : celui qui tue par avidité sexuelle, celui qui tue pour le frisson et celui qui tue pour son confort. Les deux premiers, alimentés par leurs fantasmes, tuent pour ressentir un plaisir de nature sexuelle. Le premier est un prédateur sexuel attiré autant par les victimes vivantes que par les cadavres. Celui qui tue pour le frisson exige une victime afin de se nourrir de la teneur de celle-ci. Le meurtre est un processus lent et déchirant, qui donne au tueur plus de temps pour jouir de la souffrance de sa victime. Il voit ses meurtres et l'enquête de la police comme un jeu. Il adore l'attention que lui portent les médias et la police, et le fait qu'il est capable d'échapper aux autorités. Il a tendance à garder une sorte de registre de ses meurtres, par exemple, des coupures de presse qui décrivent ses crimes. Il s'amuse à déjouer les efforts de la police.

Le troisième sous-type, celui qui tue pour le confort, tue pour des raisons très terre-à-terre, l'argent, les bénéfices d'assurance ou de business. Un tueur professionnel, par exemple, entre dans cette catégorie. Il n'y a pas d'aspect sexuel dans ce type de meurtre. Le « but anticipé » est d'obtenir de l'argent et de vivre la belle vie. Les « veuves noires » qui tuent leurs maris et amants pour hériter ou toucher l'assurance-vie. Bien que beaucoup de gens puissent ne pas considérer les assassins ou certaines personnes payées pour tuer comme des tueurs en série, je pense qu'il ne devrait pas y avoir de distinction, simplement parce que le « gain anticipé » est un profit matériel plutôt que psychologique ou sexuel.

Le tueur en série qui tue pour le pouvoir, le contrôle : sa motivation est centrée sur le besoin de pouvoir et de domination. Pour lui, posséder la vie d'une personne est une sensation incroyable. Il est motivé dans une grande mesure par des facteurs sexuels, comme on peut le constater par des actes de sadisme, de nécrophilie et de cannibalisme. Toutefois, le vrai plaisir est d'être maître du destin de la victime, entièrement entre ses mains... Ces tueurs sont plus excités par la vue de leurs victimes terrorisées et par leurs cris, que par le meurtre lui-même. Un tueur en série peu rarement être classé uniquement dans une seule et même catégorie.

Sur une scène de crime, la signature d'un tueur est parfois évidente. Il a pris un soin méticuleux à positionner le corps dans une pose spécifique et à un endroit particulier. Il a attaché sa victime d'une manière précise et compliquée. Il a poignardé sa victime à répétition sur un seul endroit du corps, etc., mais le plus souvent, elle ne l'est pas, ou elle l'est moins. Nous craignons ce que nous pourrions faire « le monstre, la bête tapie en nous », bien plus que nous ne redoutons les conséquences judiciaires de nos actes. Mais pour un tueur en série, c'est bien différent. Cela lui donne un sentiment de contrôle et de domination sur ses victimes. Ces actes sont le cadre de son empreinte psychologique, quelque chose qu'il doit faire, qu'il doit sortir de lui, quelque chose qui le pousse à tuer encore et encore…

Seuls les enquêteurs réellement expérimentés peuvent reconnaître les dénominateurs communs et les changements prévisibles d'une scène de crime à une autre, dans une série de meurtres, avant même que l'on sache qui est la victime. Ils peuvent trouver la signature du tueur qui est présente dans chaque homicide. Cette signature est ancrée dans la nature profonde du tueur et c'est pourquoi il la recrée et la répète à chaque meurtre. Les enquêteurs qui savent comment chercher et trouver la signature d'un tueur, ainsi que comprendre ce qu'elle signifie parviennent bien plus souvent à résoudre les affaires de crimes en série, contrairement à leurs collègues qui suivent des pistes les unes après les autres, sans réfléchir. La signature d'un tueur en série est un peu la carte de visite qu'il laisse sur chaque scène de crime. Souvent, c'est ce qui est rare ou inhabituel. Ce qui fait que le meurtre est différent de tout ce que l'on a pu voir auparavant. Lorsque l'on découvre ce « quelque chose de rare » dans un meurtre, et qu'on le reconnaît à nouveau dans un autre meurtre, quelques semaines plus tard, c'est que l'on a affaire à un seul et même tueur. Par exemple, lorsque le tueur bat sauvagement la victime plus qu'il ne le faut pour tuer, et la viole avec un objet quelconque, puis la laisse intentionnellement dans une position vulnérable et dégradante, les jambes écartées, là, vous pouvez considérer que c'est inhabituel. Si vous découvrez un second meurtre où le tueur a agi de la même manière, même si certains détails peuvent changer, les deux meurtres sont plus que certainement reliés et ont le même auteur. Le tueur a laissé sa « signature ». Les tueurs en série ont toujours une signature, que ce soit pendant ou après le meurtre. En fait, on pourrait presque décrire la signature comme ce que le tueur a fait en trop, les actes qu'il a commis et qui étaient inutiles ou superflus pour tuer sa victime : torture, mutilation, viol, etc.

La signature d'un tueur en série peut être aussi comme la réalisation des fantasmes violents d'un criminel, comme cette personne rêve et pense à ses fantasmes à longueur de temps, elle développe un besoin de les exprimer dans la réalité. La plupart des tueurs en série vivent avec leurs fantasmes durant des années, avant que ceux-ci ne crèvent la surface et ne soient transformés en actes. Lorsque le tueur réalise ses fantasmes, certains aspects de ses meurtres expriment son moi, ses idées, ses désirs, personnels et uniques, qu'il a joués et rejoués dans ses fantasmes. Malheureusement, les enquêteurs ne sont pas toujours capables d'identifier la signature d'un tueur en série. Les crimes violents comportent souvent des victimes à haut risque, « prostituées », par exemple ou des corps décomposés et donc presque « inexploitables », ce qui peut empêcher de reconnaître la signature du criminel.

 

La plupart des gens font la confusion entre le mode opératoire et la signature, comme si les deux étaient la même chose. Ce n'est pas le cas. Le mode opératoire est la manière dont opère un criminel. Certains tueurs n'agissent que pendant la nuit, d'autres attendent dans leur voiture pour trouver une victime particulière, d'autres entrent dans les maisons par la fenêtre, d'autres font croire qu'ils ont un problème ou qu’ils sont blessés pour attirer une future victime, etc. Le mode opératoire concerne le type de victime : homme, femme, enfant, personne âgée, étudiante, brune, blonde, prostituée... L'endroit et l'heure auxquels le crime est commis : habitation, parking, véhicule, jardin public, autoroute, de jour ou de nuit. Les outils ou le matériel utilisé : corde, arme blanche ou arme à feu... La manière dont l'agresseur approche ou attaque sa victime : déguisement, uniforme... La présence ou non d'un « associé » : duo ou couple, occasionnel ou habituel, et toutes les marques distinctives qu'il a pu laisser comme empoisonner le chien de garde, par exemple. Mais le mode opératoire n'est pas le plus important. Dans bien des affaires, les enquêteurs s'en préoccupent tellement que si le mode opératoire change, même juste un peu, d'un crime à un autre, ils pensent que c'est l'acte d'un autre criminel plutôt que d'un agresseur en série, et cela même s'il existe des similitudes frappantes entre les crimes. De plus, les criminels ne sont pas toujours aussi stupides qu'on pourrait le croire. Certains d'entre eux passent de longues périodes en prison et fréquentent la bibliothèque, où ils peuvent trouver les mêmes livres que ceux que les policiers lisent à l'académie. Les escrocs, les violeurs et assassins finissent par tout connaître des techniques d'investigation, comment interroger un suspect, identifier un objet volé, le mode opératoire des criminels, etc. Après avoir lu tous ces livres, et lorsqu'ils sont libérés de prison, ces criminels changent délibérément leur mode opératoire de crime en crime. Cela semble trop simple, mais ça suffit pourtant à déconcentrer les policiers, entraînés à ne se focaliser que sur le mode opératoire. Vu que le MO (mode opératoire) peut changer, il est donc incorrect d'affirmer que, parce qu'il existe différents MO dans plusieurs affaires pourtant reliées par le moment, l'endroit ou la région, des homicides ne peuvent pas être apparentés : la signature est ce qui est inutile pour commettre un meurtre, mais psychologiquement essentielle au tueur.

Au-delà du mode opératoire, la majorité des tueurs en série ne sont pas satisfaits par le simple fait de tuer, il leur en faut plus. Ils ressentent le besoin de laisser leur empreinte personnelle. C'est une manière de s'exprimer à travers une signature unique, une empreinte que le tueur est psychologiquement contraint de laisser sur la scène de crime, afin de le satisfaire. Le cœur de cette signature ne change et ne changera jamais. Elle reste toujours la même. Toutefois, elle peut évoluer avec le temps : par exemple, un tueur nécrophile peut accomplir de plus en plus de mutilations post-mortem d'un meurtre à l'autre. Les éléments de la signature du tueur ne changent pas, ils se développent et s'amplifient.

Lorsque l'on essaye de relier des crimes entre eux, le mode opératoire joue un rôle important. Mais il ne devrait pas être le seul critère utilisé, surtout avec les criminels en série qui changent de (MO) avec l'expérience. Généralement, les premiers crimes diffèrent considérablement des crimes suivants. La signature, elle, reste la même, que ce soit le premier crime ou un crime commis dix ans plus tard. Le « rituel » peut évoluer, mais le « thème » reste le même. La signature devrait intéresser les enquêteurs encore plus que les similarités entre les victimes, même si ces points communs ne doivent pas être mis de côté lorsque l'on essaye de lier des affaires à un criminel en série. Les similitudes physiques ne sont souvent pas importantes, surtout lorsque l'on relie des crimes motivés par la colère. Dans ce cas, l'agresseur exprime sa colère et sa haine à travers des rituels, et non pas en attaquant une victime qui possède une caractéristique particulière. Comprendre et reconnaître la signature des agresseurs est vital pour les arrêter, et plus tard, les poursuivre en justice, surtout quand il s'agit de tueurs en série.

 

Lorsque des enquêteurs parviennent sur une scène de crime, ils devraient chercher les indices comportementaux laissés par l'agresseur. Les enquêteurs doivent trouver des réponses à plusieurs questions critiques, à savoir, comment l'agresseur et la victime se sont-ils rencontrés ? L'agresseur s'est-il jeté sur sa victime lors d'une embuscade ou lui a-t-il parlé pour l'embobiner ? L'agresseur a-t-il utilisé des liens pour contrôler sa victime ? Quel a été l’enchaînement des événements ? La victime a-t-elle été agressée sexuellement avant ou après son décès ? Quand les mutilations ont-elles eu lieu : avant ou après la mort ? L'agresseur a-t-il apporté un objet sur la scène de crime et l'a-t-il laissé, ou a-t-il emporté quelque chose ? Alors que les enquêteurs analysent la scène de crime, il se peut que des faits particuliers les rendent perplexes. Ces détails peuvent comporter des particularités qui ne servent aucun objectif apparent de l'agresseur dans son crime, et obscurcissent son mobile sous-jacent. Cette confusion peut être le résultat d'un comportement appelé « mise en scène ».

La mise en scène survient lorsque quelqu'un modifie délibérément la scène d'un crime avant l'arrivée de la police. En règle générale, la mise en scène a lieu pour deux raisons majeures : éloigner l'enquête du suspect le plus logique, ou protéger la victime et/ou sa famille. C'est l'agresseur qui essaye de diriger l'enquête. Dans ce cas-là, ce dernier connaît presque toujours la victime, il existe une relation entre elle et lui, ils sont amis ou on les a juste vus ensemble, et il ne veut pas que la police le sache. Cette personne, lorsqu'elle sera en contact avec les policiers, essayera d'orienter l'enquête, de l'éloigner de lui, en étant beaucoup trop coopérative ou en paraissant extrêmement affligée par la mort de la victime. Les enquêteurs ne devraient jamais éliminer de leur liste de suspects une personne qui a un tel comportement. La seconde raison, lorsque l'on veut protéger la victime et/ou sa famille, survient le plus souvent lors de crimes où il y a viol et meurtre ou lors d'asphyxie auto-érotique. Ce genre de mise en scène est accompli par les membres de la famille ou une personne proche qui trouve le corps. Les hommes qui violent et tuent laissent souvent leurs victimes dans des positions dégradantes et/ou choquantes : ceux et celles qui trouvent le corps tentent de restaurer la dignité de la victime. Par exemple, un époux peut rhabiller ou couvrir le corps de sa femme, et dans le cas d'une asphyxie auto-érotique, une épouse peut couper le nœud coulant ou le mécanisme qui suspend le corps de son mari. Ces personnes essayent de prévenir le choc que pourrait provoquer la position, l'accoutrement ou l'état de la victime. De plus, elles vont souvent transformer une asphyxie auto-érotique en suicide, peut-être en écrivant une lettre de suicide. Elles peuvent même aller si loin que cela ressemblera à un meurtre.

Pour ces deux enquêtes, viol, meurtre et asphyxie auto-érotique, les policiers doivent obtenir une description précise de l'état du corps lorsqu'il a été découvert, et déterminer exactement ce que la personne qui a trouvé le corps a fait pour altérer la scène de crime. L'examen des résultats médico-légaux, l'analyse de la scène du crime et la victimologie révéleront probablement les véritables circonstances de la mort. Finalement, dans certaines scènes de crime, les enquêteurs doivent discerner si la scène est réellement désorganisée ou si l'agresseur l'a mise en scène pour qu'elle apparaisse irréfléchie et chaotique. Cette détermination n'aide pas uniquement à aiguiller l'analyse de la motivation sous-jacente, mais aide également à modeler le profil psychologique de l'agresseur. Toutefois, reconnaître une mise en scène, surtout avec un agresseur rusé, peut être difficile. Les enquêteurs doivent examiner tous les facteurs du crime s'ils ont des soupçons. Les agresseurs qui mettent en place la scène du crime commettent souvent des erreurs, parce qu'ils disposent la scène afin qu'elle ressemble à ce qu'ils croient qu'elle devrait être. Ils font cela juste après le meurtre. Ils doivent faire face à un énorme stress et n'ont pas le temps d'arranger toutes les pièces du puzzle. Des incohérences dans les examens médico-légaux du corps, mais aussi des empreintes, des fibres, des résidus physiques, etc., et dans l'image de la scène du crime vont apparaître. Ces incohérences peuvent servir comme drapeaux rouges de la mise en scène, et empêcher ainsi les enquêteurs de se dévoyer. Pour s'assurer que cela n'arrive pas, les enquêteurs doivent scruter tous les indicateurs de la scène du crime individuellement, puis les examiner dans le contexte. Les indicateurs sont tous les indices de l'activité de l'agresseur : sa méthode d'entrée, l'interaction entre l'agresseur et sa victime, et la disposition du corps. En faisant cela, les enquêteurs doivent considérer plusieurs facteurs différents. Par exemple : s'il semble que le vol soit le mobile, est-ce que l'agresseur a volé un objet étrange de la scène du crime ? L'un des autres facteurs à considérer est l'endroit par où l'agresseur est entré. Est-ce que cet endroit semble logique ? Par exemple : est-ce que l'agresseur a pénétré dans la maison en passant par la fenêtre du deuxième étage, bien qu'il y ait eu un accès derrière, qui attirait moins l'attention ? Pourquoi l'agresseur a-t-il augmenté ses chances d'être vu par un témoin potentiel qui pouvait alerter la police ? Les enquêteurs doivent également considérer si l'agresseur a risqué beaucoup en commettant son crime en plein jour, dans un endroit fort peuplé. Si le lieu du crime est une habitation, ils doivent évaluer si celle-ci était occupée : lumière allumée à l'intérieur, véhicules dans l'allée du garage, etc.

Il existe d'énormes différences entre les événements exposés dans des œuvres de fiction et les faits crus de la réalité. Ceci est dû à plusieurs facteurs, dont le plus important, sans aucun doute, est qu'un auteur doit tenir son public en haleine et inventer des histoires originales. L'anticipation de la violence, sa planification et sa répétition sont les marques de fabrique des tueurs en série au cinéma. Nous voyons ces hommes se réjouir, méditer, chorégraphier leurs meurtres. Mais la signification que le meurtre a pour eux, étrangement, n’apparaît pas dans les films. Quand on les compare aux crimes des vrais tueurs en série, motivés par le sexe, le pouvoir et le sang, les actions des tueurs fictionnels semblent anémiques. Il leur manque le tranchant de la réalité !

Trente criminels sadiques responsables de la mort de 187 personnes identifiées « voire peut-être 300 personnes en tout » ont décrit aux agents du FBI la façon dont ils avaient agi. La majorité d'entre eux étaient dénués d'émotion et totalement indifférents lorsqu'ils avaient commis leurs crimes. Ces hommes manquaient de spontanéité, et ne voulaient être surpris ni par leurs victimes ni par eux-mêmes. Ils savaient déjà ce qu'ils voulaient, ils voulaient que ce moment ne soit pas confus, et que cela dure longtemps. Cela peut expliquer pourquoi l'influence réciproque « l'effet » de la violence à l'écran sur les tueurs en série est moins forte que leur influence sur la description fictionnelle de la violence. Excepté la pornographie sadique, la violence à l'écran est généralement trop faible pour les goûts très « spéciaux » des tueurs en série. Lorsque la violence à l'écran influence les tueurs, elle les trompe. À l'écran, par exemple, un couteau enfoncé dans une poitrine suffit à tuer. La victime halète, ses yeux fixent ceux du meurtrier dans une accusation silencieuse, puis, doucement, ils deviennent vitreux : la fin de la vie. Dans la réalité, cela peut durer bien plus longtemps ! D'abord, le meurtrier peut manquer le cœur ou une artère lorsqu'il enfonce son couteau. Lorsque le couteau pénètre le cœur, la mort n'est pas instantanée. Il existe des comptes rendus concernant des personnes avec une lacération cardiaque qui ont pu courir pendant des kilomètres avant de mourir. Cela embrouille et surprend sans doute le meurtrier « éduqué » par la télévision. Il s'attend à ce que la victime meure immédiatement, mais ce n'est pas le cas. S'il patientait quelques minutes, sa victime mourrait effectivement. Mais le tueur s'affole, il enfonce son couteau, encore et encore, dans le corps d'une victime qui, apparemment, ne veut pas mourir. Certains sadiques disent que l'élément le plus important dans un meurtre est le contrôle total d'un autre être humain, et non pas l’affliction de la douleur, qui n'est en fait qu'un moyen de contrôle. Souvent, les tueurs en série ont élaboré un scénario et ils veulent que leurs victimes agissent comme ils l'ont imaginé. Pour bien des tueurs, les souvenirs seuls ne suffisent pas, et ils enregistrent le meurtre et les violences sur une base numérique ou audio, pour pouvoir revivre ce moment avec la plus grande netteté. Ces points de contact entre l'écran et la scène du crime « flirtent » avec le mal. Qu'est-ce qui est plus affreux que de prendre la vie d'un être humain au nom d'un orgasme, de détruire une vie contre quelques secondes de plaisir ? La fascination envers ces hommes à affaire avec notre perplexité concernant le mal. Les tueurs en série se placent d'eux-mêmes en dehors de la société. Ils mettent de côté, en dehors de leur vie, la bonté et l'empathie. Ils déclenchent des questions de base. Sont-ils malades, ou les victimes d'une enfance pathologique ou d'une maladie mentale ? Sont-ils des monstres, des anomalies marginales incapables de ressentir des sentiments ? Ou sont-ils comme nous ? Et s'ils sont comme nous, comment deviennent-ils ce qu'ils sont ? Dans des circonstances différentes, à travers un cheminement différent, suis-je capable de tuer un être humain pour mon simple plaisir ?