Une nuit à Manhattan - Alissa P. - E-Book

Une nuit à Manhattan E-Book

Alissa P.

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Beschreibung

Ce soir-là, je n’imaginais pas surprendre mon fiancé en train de me tromper de cette manière. Un plan à trois ?! Sérieusement ?!

J’étais bouleversée, mais il a suffi que cet inconnu m’écoute, me propose cette chose qui ne me ressemble absolument pas et pose ses doigts rassurants sur moi pour que je veuille avancer et oublier.

Une nuit au cœur de Manhattan, une vengeance, un nouveau départ. Tout semblait si facile en sa présence…

Cependant, que faire lorsque vous aviez des projets d’avenir avec votre fiancé ? Je me retrouve du jour au lendemain sans toit et sans personne pour m’héberger. Enfin…

Et si, finalement, cette nuit m’avait fait perdre beaucoup pour m’offrir davantage ?

Dans la ville qui ne dort jamais, cette nuit aura-t-elle changé positivement mon futur ?

Lorsque mon regard recroisera le sien, que nos corps s’attireront et s’imbriqueront à nouveau, tout pourrait paraître plus clair dans mon esprit.

Venez le découvrir dans "Une nuit à Manhattan" !




À PROPOS DE L'AUTRICE



Alissa P. est une Juriste-Écrivaine et auteure hybride ayant fait voyager sa plume de la rigueur à l’évasion.

Son imagination vogue à travers plusieurs genres d’écrits depuis 2021, année où elle a commencé à publier sur Wattpad.

Entre romances à l’eau de rose et romances érotiques, elle écrit ce qui lui vient à l’esprit. Elle écrivait à 8 ans. Elle écrit aujourd’hui pour faire rêver les lecteurs.

« On a parfois besoin de rêver pour s’évader… Hors du Temps ! »









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ALISSA P.

 

UNE NUITÀ MANHATTAN

 

 

 

 

 

 

 

AVERTISSEMENT

 

 

Ce récit est une œuvre de pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

 

Attention, ce livre contient des scènes de sexes explicites.

1

 

Manhattan, février.

 

C’est toute souriante que je pénètre dans l’ascenseur de cet immeuble situé dans le centre de Manhattan. Rapidement, les portes s’ouvrent sur le palier et je me dirige sur la gauche, un trousseau de clés en main.

Nous n’étions pas censés nous voir ce soir. Il m’a raconté qu’il avait attrapé un rhume, et m’avait donc dit de ne pas venir. Il ne voulait pas me contaminer. Cependant, nous allons bientôt vivre ensemble et il me semble primordial que je sois là pour lui, dans les bons comme dans les mauvais moments – cette phrase représente si bien notre avenir. Je vais lui faire une surprise : dans ma main gauche, je tiens un sac contenant nos menus habituels, provenant de l’un de nos restaurants favoris.

J’ouvre méticuleusement la porte d’entrée afin de faire le moins de bruit possible. Je ne veux pas qu’il m’entende, je veux le surprendre. J’entre, marchant sur la pointe des pieds pour éviter de faire claquer les talons de mes bottines, et referme la porte derrière moi. Mon sourire ne quitte pas mes lèvres. Je suis excitée à l’idée de passer cette soirée avec lui. Qu’il soit souffrant ou non, je… J’ai à peine commencé à longer le couloir que je m’arrête immédiatement dans mes gestes et dans mes pensées.

— Putain, Tony… C’est Tony, hein ?

— Oui. Vas moins vite, bébé.

Mon sourire disparaît de mes lèvres qui se crispent, la panique prend possession de mon corps. Je crains de comprendre. Pourtant, bien que je ne vois pas la scène, il est facile de se l’imaginer.

— Comme ça ? interroge lascivement la voix féminine.

— Putain, gronde Tony. T’es bonne. T’es bonne. Comme ça, prends-moi en toi, bébé. Mmh.

Ces bruits, ces voix, ces mots… J’entends le lit crisser, leurs respirations haletantes et les frottements de… Ça m’écœure ! Tony me trompe !? Je ne devrais même pas me le demander : j’en ai la preuve ! J’avance un peu pour le prendre en flagrante tromperie, mais je n’ai pas le courage d’aller plus loin. Je… Pourquoi ? Il…

— Mmh. Continue comme ça, bébé. Laisse-moi toucher tes seins, ils sont incroyables.

— Tony… C’est bon, mmh.

Je l’insulte et hurle, mais aucun son ne sort de ma bouche. Tout se passe dans ma tête. Je crois que je suis bien trop choquée. Il… Je ne peux pas y croire. A-t-il annulé notre soirée pour ça !? Pour cette autre femme !? Pour me tromper !? Je ne comprends pas ! Je l’entends continuer de gémir, la guider et la complimenter. Elle ne reste pas silencieuse, ses gémissements deviennent de plus en plus aigus et les sons corporels, plus vifs. Petit à petit, au fur et à mesure que les secondes s’écoulent, je réalise ce qu’il se passe et prends pleinement conscience de la situation : Tony me trompe. J’ignore avec qui, j’ignore pourquoi, mais je ne parais pas lui manquer. Sa conscience ne semble pas lui faire penser à moi, il continue de féliciter cette femme. Je voudrais entrer dans cette pièce, lui hurler toute la souffrance que je ressens à cet instant, toute la rage et la déception qui m’envahissent, mais je n’ai pas suffisamment de force pour le faire. Je ne veux pas lui faire face, je ne souhaite pas le voir, ni entendre sa voix et ses potentielles excuses. Nous sommes toujours désolés d’avoir été découverts, rarement d’avoir fauté.

Je fais demi-tour et quitte l’appartement. C’est trop pour moi.

Quel menteur ! Quel… Quel salop !

 

À l’extérieur, tandis que je suis sur le palier, tous ces bruits résonnent encore dans ma tête. Je n’arrive pas à croire que ce que j’ai entendu soit la réalité. Pourtant, c’était bel et bien sa voix. C’était bel et bien son prénom que cette… femme a gémi ! Il me donne la nausée !

Malade !? Un rhume !? Jamais on ne m’avait fait ça ! Si on me l’avait raconté, je n’y aurais pas cru.

J’ai envie d’y retourner et de lui dire que je sais ! J’ignore si un son parviendra à sortir de ma bouche, mais je dois le mettre face à sa malpropreté ! Ne serait-ce que par ma présence. Qu’il sache que je sais ! Que je l’ai vu de mes propres yeux, ainsi il ne pourra pas me mentir. Je dois y aller, je dois me forcer. Je pose donc ma main sur la poignée et commence à l’abaisser, déterminée et pourtant hésitante.

— Oh oh. Pile à l’heure ?

Je fronce les sourcils et me tourne vers l’ascenseur de l’immeuble.

— Qui êtes-vous ? demandé-je à cet homme qui a le regard posé sur moi, tout en s’approchant.

— Porte deux cent trois, hein ? ricane-t-il.

Il se penche vers moi et chuchote, un sourire en bordure des lèvres :

— Je viens aussi pour le plan à trois.

Mes yeux s’écarquillent d’effarement, je crains de comprendre. Ce n’est pas ça ? Dites-moi que ce n’est pas ça… C’est impossible. Il n’est pas allé jusque là ?

— On entre ? propose-t-il.

Je dois sortir de mon état d’inertie pour savoir. Pour comprendre ! Je le fixe.

— Hey ?

— Un plan à trois ? réussis-je enfin à le questionner maladroitement, après quelques courtes secondes à être déconnectée de la réalité.

— Oui. C’est pour ça que tu es là, non ? Merde ! C’est bien toi, bébé du six ? grimace-t-il.

— Tu as un plan à trois avec la personne qui vit ici ? demandé-je.

— Merde, ce n’est pas toi ! lâche-t-il en glissant une main dans ses cheveux bruns pour se gratter le crâne.

— Tu allais coucher avec mon… fiancé ? demandé-je à nouveau, dépassée par la situation.

Il a l’air tout aussi surpris que moi. Ses iris sombres, semblables à deux billes de chocolat, ne me quittent pas du regard.

— Ton fiancé ?

— La personne qui vit ici était mon fiancé avant que je ne l’entende me tromper avec une femme.

— Elle est déjà à l’intérieur ? questionne-t-il, sidéré, avant de soupirer ses derniers mots : Ils ont commencé sans moi.

Sa réaction me surprend tout autant que l’infidélité de Tony.

— Je vois, je parle dans le vent. C’est quoi cette histoire de plan à trois ?

— C’est bon, on se calme. Ce n’est rien. Je ne couche pas avec ton fiancé, mais avec la fille.

— C’est dégueulasse.

Il lève les yeux au ciel.

— Tu as terminé ? J’aimerais profiter de ma soirée.

Je ferme les yeux quelques secondes puis les rouvre. Ils sont larmoyants, je le sens. Cet homme brun face à moi se moque clairement de ma détresse, que finalement je ne laisse paraître qu’à moitié. Mon fiancé – ex-fiancé – me trompe pour un plan à trois… Je crois que… pour un début d’année, c’est plutôt fort.

Une larme s’échappe de mes yeux et perle le long de ma joue pour finir dans le coin de mes lèvres. Je n’ajoute rien et, le sac de menus à la main, je me détourne et avance jusqu’à l’ascenseur. J’appuie sur le bouton et fixe le vide. Finalement, je n’ai pas le courage de faire face à Tony. Pas ce soir. Je ne réalise toujours pas, encore moins avec ce que je viens d’apprendre : un plan à trois… Un plan à trois !? Inventer un rhume pour un plan à trois ?

On dit souvent que l’on ne connaît pas réellement nos proches. À Noël, il m’a pourtant demandée en mariage. Et un mois après, à quelques jours de la Saint-Valentin, je me retrouve célibataire et trompée pour un plan à trois avec bébé du six et un homme brun.

Cette année va être surprenante et pas dans le bon sens du terme.

Je mets un pied dans l’ascenseur. Je ne réalise pas, non. Pourtant, ces voix retentissent encore en moi, comme une cloche sonnant minuit. Il n’est toutefois pas minuit, mais j’ai l’impression d’être comme dans Cendrillon : le songe prend fin. Le rêve de lui et moi. Le soir de Noël, il s’est agenouillé devant moi et m’a demandé de devenir sa femme… Et ce soir, le dernier coup de ce rêve a retenti. Je ne comprends pas.

Nombreux sont les sentiments qui me traversent, je suis bouleversée par ce que je viens de découvrir. Les portes commencent à se fermer.

— Ça va aller ?

Je lève les yeux du sol et juge cet homme brun du regard. Il bloque la porte de l’ascenseur à l’aide de son bras.

— Tu m’entends ?

— Q…

Je ne parviens pas à prononcer le moindre mot : à la place, mes larmes coulent à nouveau. Je les essuie aussitôt du revers de la main et coince l’une de mes mèches derrière mon oreille. Je dois me calmer, juste le temps d’arriver chez moi. J’expire et me force à lui répondre.

— Oui.

Ses yeux sont figés sur moi.

— Tu… peux…

J’ai cependant du mal à aligner mes mots. Pourtant, il le faut. Je dois rentrer pour réfléchir à tout ça et prendre pleinement conscience de ce que Tony vient de faire. J’ouvre alors la bouche pour lui parler, lorsque je l’entends soupirer. Il fait un pas en avant, se retrouvant alors à côté de moi. Les portes se ferment, nous sommes seuls dans cet espace clos. Je le regarde, dans l’incompréhension.

— Si tu veux, dit-il.

— Quoi ? interrogé-je.

— Tu allais me demander de rester avec toi et j’accepte. C’est méprisable de tromper sa fiancée avant la Saint-Valentin.

Je n’allais pas lui demander ça !

— J’allais te demander de lâcher les portes.

Nous nous fixons.

— Tant pis. Je peux t’écouter.

— Je n’ai pas besoin qu’un homme qui fasse un plan à trois m’écoute.

— Sérieux ? Tu me juges pour ça ? C’est simplement du sexe.

— Mettons fin à cette discussion, ordonné-je en tournant la tête vers le tableau de commande de l’ascenseur.

— Je comprends qu’il ait eu envie d’autre chose. Tu as l’air coincée.

Je pince mes lèvres avec colère. Il justifie réellement le fait d’être trompée ? Ma tête se braque subitement sur lui.

— Tu ne me connais pas ! C’est ton problème si tu aimes les plans à trois ! Mais c’est le mien que l’homme qui m’a demandée en mariage à Noël s’embarque là-dedans ! Donc garde tes remarques désobligeantes pour toi.

Je détourne le regard, sentant des larmes perler le long de mon visage. Je suis venue ici pour passer une agréable soirée, mais c’est l’inverse ! C’est une horreur… Un véritable cauchemar.

Ce brun ne me répond pas et je ne veux pas qu’il le fasse. Les portes s’ouvrent enfin, je quitte l’ascenseur. Ça me dégoûte de savoir que Tony va passer la nuit à…Je ne peux plus prononcer ces mots, même en pensée. C’est tellement dur de l’accepter ! Nous étions fiancés ! Comment aurais-je pu deviner qu’il me trompait !? Et ces paroles lorsque j’étais dans son appartement… Je vais avoir du mal à oublier. Je n’en reviens vraiment pas !

— Attends.

Cet homme me suit. Je ne l’écoute pas et quitte le bâtiment. Tout à coup, une main se saisit de mon bras. Je pivote et nous nous retrouvons de nouveau face à face.

— Excuse-moi.

Il vient de s’excuser ?

— Je comprends ce que tu veux dire. Je n’aurais pas dû sous-entendre que tu étais coincée et donner raison à ton fiancé. Tu veux en parler ?

Je récupère mon bras et le détaille du regard. Il porte un jogging noir, un sweat blanc, une veste en daim et des baskets. Un look plutôt simple, parfait pour… ce qu’il s’apprêtait à faire. Je ne lui réponds pas et me détourne. Tony allait coucher avec cette femme et cet homme ? Deux inconnus, si j’ai bien compris ? Comment a-t-il pu ?

— J’essayais d’être sympa ! crie ce brun.

Il finit par murmurer en pestant dans sa barbe, mais je distingue clairement ses paroles.

— Merde ! J’ai foiré ma soirée. C’est quoi ces mecs qui trompent leur fiancé ?

J’affiche un léger sourire en entendant sa dernière remarque et me tourne vers lui.

— J’accepte.

Il me regarde.

— Tu acceptes ?

Je lève mon bras tenant le sac des menus pour le lui montrer, comme si je l’invitais à dîner avec moi. Il hausse les épaules.

— Il y a un parc pas loin, dit-il.

2

 

Nous sommes assis sur un banc, côte à côte, face à un lac et nous dînons. Je n’ai pas spécialement faim, je me force un peu.

— Ça faisait combien de temps ? Lui et toi, précise-t-il.

Nous ne nous fixons pas. Mon regard est bloqué sur l’étendue d’eau devant nous. Des lampadaires éclairent le lieu, et un projecteur émet une lumière verte qui rend l’endroit apaisant. Des couples passent de temps en temps, main dans la main, longeant l’allée, admirant le lac, se prenant en photo ou s’embrassant avant de se promettre un amour sincère.

— Deux ans.

— À titre informatif, ce plan, ce n’est rien de sérieux.

— Je ne peux pas fermer les yeux dessus.

— Je n’ai pas dit que tu devais le faire. Je t’explique. C’est un site spécialisé où des personnes postent des annonces plutôt chaudes dans le but de s’amuser, de passer un moment sans prise de tête.

Je grimace et avale une pâte de travers.

— Vous n’avez pas peur d’attraper des maladies ?

— Tu connais les préservatifs ?

Je lâche un bruyant et long soupir avant de refermer mon plat. Je n’ai plus faim, ces détails ont coupé le peu d’appétit que j’avais.

— C’est lui qui a posté l’annonce ?

Cet homme, dont j’ignore encore le prénom, ne répond pas.

— Je peux te demander pourquoi tu as accepté ?

— Parce que la fille avait l’air bonne.

— Bonne ? C’est une façon de parler d’une femme ?

Il tourne sa tête vers moi et, en sentant qu’il le fait, j’exécute le même mouvement.

— C’est elle qui a demandé à ce qu’on parle d’elle de cette manière. Je me suis forcé à m’en souvenir, c’est resté.

Je ne sais plus quoi dire. Je me moque de leur plan ou de leurs demandes spéciales. Ce qui me choque, c’est le comportement de Tony.

— Tu veux voir le site et l’annonce ?

Sa proposition m’étonne. J’aurais tout vu et entendu ce soir. J’aurais mieux fait de rester chez moi. Enfin, je ne sais plus…

— Ça t’amuse ? demandé-je face à sa question.

— Non. Mais peut-être qu’en découvrant cette facette de lui, ça t’évitera de souffrir davantage. J’ai déjà été trompé, je sais ce que c’est.

Je l’observe.

— Tu as été trompé avec un plan à trois ?

Il détourne le regard et affiche un sourire en plantant sa fourchette dans le plat de pâtes.

— Ma copine et mon meilleur ami.

Je déglutis.

— Je… Je suis désolée pour toi…

— J’ai tourné la page, ça fait trois ans.

— Et… ils sont…

J’hésite à terminer ma phrase.

— Non. Deux mois après, ils ont arrêté de se fréquenter et elle est revenue me voir.

Il rit et secoue la tête comme pour s’en moquer.

— Tu as accepté ?

— Non. Je me suis rendu compte que je n’avais rien perdu. Avec le temps, on en prend conscience. C’est elle qui a perdu quelque chose.

Sûr de lui…

— Tu devrais lire les annonces et tourner la page, dit-il en mangeant.

— Les annonces ?

— Comme je te le dis. Il y en a pas mal sur son mur. Vous faisiez la grève du sexe ou quoi ?

Il tourne sa tête simultanément à la mienne.

— Je plaisante, on se calme. Ça ne justifie rien.

— Contente que tu le comprennes, et non, je ne faisais pas la grève du sexe.

Il esquisse un sourire, ce qui me fait rougir. Je n’ai pas pour habitude de parler de ce genre de choses avec un inconnu.

— C’est sûrement un accro de sensations fortes. Ou alors, il était en manque et toi pas dispo.

— Je suis toujours disponible pour le voir.

— Et pour le sexe ?

— Je n’ai pas le feu aux fesses.

— Lui, oui. Pour ne pas comprendre les envies ou non de sa copine, il faut croire que tu n’as rien perdu.

— J’ai du mal à te comprendre. Tu le justifies ou… ?

— Non, du tout. Il y a des gens accros au sexe et d’autres, non. Je dis juste qu’il l’est peut-être, même si ça ne justifie pas son comportement. J’en sais rien. Mais passe à autre chose, tu n’as rien perdu.

— Ce n’est pas si facile. Nous allions nous… marier, et emménager ensemble. Oh non ! m’estomaqué-je, les yeux arrondis. Je rends mon appartement dans une semaine !

— Là, c’est la merde.

Je me mets soudainement à sangloter, prenant conscience que mon fiancé m’a trompée, que ce n’est probablement pas la première fois et que je vais me retrouver à la rue. Trouver un appartement en une semaine ? C’est impossible et je n’ai pas suffisamment d’argent pour payer les frais ! Tony et moi étions censés emménager chez lui, puisque c’est plus grand.

— Tu ne devrais pas pleurer.

Je détourne la tête pour observer le lac.

— Tu crois ? Tu ne l’as pas fait pour ton ex ?

Silence…

— Je vais être à la rue…

— Tu n’as pas de famille ?

— Ils vivent à trois heures d’ici.

— C’est mieux que rien.

— Je sais, mais mon travail est ici. Ce sera compliqué de faire l’aller-retour avec le prix de l’essence…

— Je comprends.

— Excuse-moi de te gâcher ta soirée. Ma meilleure amie est partie vivre au Canada, mon fiancé me trompe depuis… J’ignore combien de temps. Je… je vais devoir rendre mon appartement et je n’ai personne pour en parler sur le coup…

— Je comprends, répète-t-il.

Il récupère son téléphone dans sa poche, je soupire. Ma vie était calme, et à présent, c’est un tsunami qui ne va pas tarder à se lever.

— Tiens.

Il me tend son portable. J’hésite à le prendre, mais il insiste. Je découvre alors qui est réellement Tony. Cinq annonces. Je regarde les dates. En y réfléchissant, je me rends compte qu’elles correspondent à des périodes où il me disait avoir énormément de travail alors que je lui proposais que l’on se voie.

Je me demande s’il m’aime vraiment. Pourquoi m’avoir demandée en mariage si c’était pour me tromper ? Il s’est inscrit sur ce site il y a un peu plus de trois mois, fin octobre. Je ne comprends pas très bien ce qu’il cherchait. Je ne sais plus vraiment qui il est, il m’a menti, m’a trompé, je ne sais pas si ses paroles sont sincères ou s’il s’agit simplement de mensonges. Tout à coup, l’image que j’avais de lui devient floue. Mon esprit est brouillé le concernant.

Trois mois…

Je rends son téléphone à son propriétaire et me lève. Il fait de même.

— Merci pour le repas, dit-il.

— Je t’en prie. Merci pour… cette discussion.

— Que vas-tu faire ? demande-t-il en glissant ses mains dans ses poches.

Le vent se lève un peu.

— Le quitter ? reprend-il. Retourner chez tes parents et leur apprendre qu’il t’a trompé ? Ou tu vas trouver un appartement ici ?

Il m’a écoutée…

— Je ne sais pas… Je ne veux plus lui parler.

Il hoche la tête.

— Hum. J’ai quelque chose à te proposer.

— Quoi ?

— Toi et moi, et je lui envoie.

Je tombe des nues, affichant une expression étonnée. Je demande alors :

— Comment !?

J’ai bien compris ? Ou mon esprit est-il trop confus pour comprendre ?

— Ce serait amusant. Il a voulu te tromper, tu fais de même et vu que je n’ai pas profité de ma soirée…

— Tu n’es pas sérieux ?

Il hausse les épaules.

— Si tu refuses, on s’arrête là.

Une vengeance, hein ?

— Et s’il publie la vidéo sur les réseaux ?

— Je menacerai de révéler son compte et ses posts.

Je souris légèrement.

— Pourquoi ferais-tu ça ? Pour rattraper ta soirée ?

— Pour t’aider à te venger. Je sais ce que tu ressens. Quand j’ai découvert pour mon ex et mon meilleur ami, j’ai eu envie de les tuer.

— Je vois…

— Si tu ne veux pas, c’est okay. J’espère que tu l’oublieras.

— Qu’entends-tu par toi et… moi ?

— Du sexe. Tu prends ton pied et tu lui envoies la vidéo en disant que tu sais pour son compte, que vous êtes à égalité maintenant.

C’est tentant. Je ressens réellement de la colère envers lui. Me demander d’être sa femme, d’emménager ensemble, pour me faire ça ? Pour découvrir ensuite qu’il m’a trompée cinq fois ? Je l’entends de nouveau prendre son pied et ça me répugne !

— C’est d’accord…, accepté-je, loin d’avoir de l’assurance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Entre.

Ce brun s’appelle Matthias. Il m’a proposé d’aller chez lui pour montrer à mon ex que je pouvais également faire comme lui. Sur le coup, traversée par la colère, la peine et la déception, j’ai accepté. Toutefois… Je commence à me demander si j’ai bien fait.

Matthias habite en plein cœur de Manhattan, à environ dix minutes en voiture de là où je vis – et où je ne vivrai bientôt plus. Son appartement est agréable, et il le serait davantage sans la pagaille qui y règne.

— Ne t’occupe pas du désordre, je n’ai pas eu le temps de ranger, dit-il en enlevant sa veste et en la jetant sur l’une des chaises de son coin salle à manger.

Juste en face se trouve une petite cuisine avec bar donnant sur la pièce de vie. À droite de la pièce, c’est un coin salon avec un canapé d’angle écru. Mon regard se porte sur lui alors qu’il monte l’escalier à côté de la cuisine.

— Tu veux boire quelque chose avant ? l’entendé-je me demander alors qu’il a disparu par une porte.

Ce doit être une mezzanine. Je lève la tête : c’est une mezzanine fermée par un demi-mur et une cloison en verrière noire.

— Non, merci.

— Assieds-toi où tu veux, je range un peu.

Je l’espère… Quitte à coucher avec un inconnu, autant que sa chambre soit rangée.

Je m’avance vers les fenêtres de l’appartement. La vue est belle. Il fait sombre, la nuit est tombée sur Manhattan, mais les lumières des tours et des bâtiments éblouissent la ville. Étrangement, je ne me sens plus vraiment triste. J’ai simplement une envie de vengeance.

Tony… Me demander en mariage pour ensuite me tromper. Quoique, il m’a fait sa proposition en mariage après avoir commencé à me tromper si je m’en tiens aux dates de ses annonces. Il est écœurant. Je n’aurais jamais pensé cela de lui. Par sa faute, je vais me retrouver à la rue ! Je devrais retourner chez mes parents et faire des allers-retours. Ça va être l’enfer, mon agenda de mars est plutôt chargé. Peut-être devrais-je prendre une chambre d’hôtel en attendant ? Je réfléchis quelques minutes et abandonne l’idée : ça va me revenir cher et je ne pourrais pas économiser suffisamment pour me reprendre un appartement. En outre, comme une idiote, j’ai vendu la plupart de mes meubles. Je pensais vraiment que nous allions commencer une vie à deux. J’avais confiance en lui, je l’avais présenté à mes parents, il m’avait demandé en mariage devant eux. Je n’y comprends rien et ma rage s’accumule.

— Tu peux monter.

Vais-je le faire ? Il le faut. J’ai tellement envie de me venger ! Ça ne me ressemble pas, ce genre de comportement, mais il le mérite. Inventer des excuses pour se faire un plan à trois !? C’est la première fois de toute ma vie qu’un homme se joue de moi ainsi, et il est bien le premier à m’avoir demandé en mariage. Comme quoi, une bague au doigt ne protège pas de tout. J’y ai pourtant cru.

Je prends l’escalier. En passant la porte, mes yeux s’arrondissent, je suis surprise. Bien que ce ne soit qu’une vengeance, une histoire d’une nuit, il n’a pas fait les choses à moitié. Et encore une fois, Tony, avec qui j’allais me marier, ne m’a jamais organisé une telle soirée. C’est si incohérent.

— Tu… proposes souvent ce genre de chose ? questionné-je, perplexe.

— C’est la première fois.

— Et tu as souvent des pétales de roses dans tes affaires ? Ou…

Il se gratte la tête.

— Je suis cuisinier. Ce sont des pétales comestibles.

Sa confidence me surprend tout autant que cette ambiance qui, je dois l’avouer, est agréable.

— Vraiment ?

— Oui.

Il se penche, en prend un et me le tend.

— Goûte, tu verras.

Alors que je me laisse convaincre, nos doigts se frôlent. Les siens sont chauds, tandis que les miens sont plutôt tièdes. Je recule ma main, le pétale emprisonné à l’intérieur, et sans me poser plus de questions, je le mets sur ma langue.

Il me regarde comme s’il attendait un avis.

— Il a un goût léger, mais c’est bon.

— J’en utilise pour mes plats.

— Je trouve ça intéressant. Et les bougies ?

Il en a allumé deux au pied de son lit et deux qui sont posées chacune sur une table de nuit.

— J’en ai pas mal pour décorer mes photos Instagram quand je fais un gâteau ou un plat. Ça rajoute une ambiance en fonction du menu.

Je hoche la tête, réprimant un sourire. J’imagine très bien le cadre. Je suis moi-même photographe et je comprends ce qu’il veut dire. J’imagine une photo avec cette ambiance : je m’agenouillerais à terre, du côté gauche du lit, mon appareil à la main et je capturerais l’atmosphère de la chambre, ainsi que la beauté de la vue qui apparaît par la fenêtre. J’adorerais le faire, mais je ne suis pas ici pour cette raison. D’ailleurs, il me sort de mes pensées.

— Je reviens. Tu peux te mettre à l’aise.

J’acquiesce d’un simple signe de tête et il quitte la chambre.

En promenant mon regard sur chaque détail de la pièce, j’enlève mes bottines à talons. Je me penche pour toucher le drap. Un drap gris et une couette de la même couleur. Les oreillers sont noirs. Je crois qu’il a changé le drap et les taies : ils sentent le propre. Je soupire et enlève ma veste que je pose sur la commode à l’entrée, sur mon petit sac à main.

— Tu veux prendre une douche ?

Il entre dans la chambre, je braque mon regard sur lui.

— J’en ai pris une avant de… d’aller voir mon ex.

Il affiche un sourire.

— La même.

Nous nous fixons.

— Je suis parti me laver les mains. Si tu veux, tu peux y aller. Tu as la cuisine en bas ou la salle de bain juste à côté de la chambre.

— D’accord, merci.

Je sors de la chambre, pieds nus, et pénètre dans sa salle de bain. Petite mais fonctionnelle. Je rentre dans son intimité et le stress commence à monter. Je me fixe dans le miroir au-dessus du lavabo, en lavant mes mains. Coucher avec un inconnu… Ce n’était pas dans mes plans. Ça ne l’a jamais été. Mais la trahison de Tony ne l’était pas non plus.

Dois-je changer d’avis ? Ou continuer ? Rester ici et le faire ?

J’essuie mes mains dans la serviette posée à côté du lavabo puis inspire profondément avant d’expirer. Je suis déjà là, pourquoi retourner en arrière ? Je veux lui rendre le mal qu’il m’a fait.

Le pas hésitant mais la pensée déterminée, je retourne dans la chambre. Il lève la tête.

— Tu me passes ton téléphone ?

— Pourquoi ? demandé-je.

— Pour tourner la vidéo. Je préfère que tu l’aies sur ton téléphone.

— Oui, tu as raison.

Je prends mon portable dans ma poche et le lui tends. Il l’arrange sur sa table de nuit, de façon à ce qu’il tienne contre la bougie allumée, qu’il éteint par la même occasion.

— Je pense que ça va tenir, dit-il.

— Oui…

Le stress me coupe à demi la voix.

— Je vais éteindre la lumière en bas. Tu peux enlever ton pantalon.

Je finis seule dans sa chambre et baisse les yeux vers mon pantalon. L’enlever… Mon désir de vengeance est-il aussi fort, au point de vouloir coucher avec un inconnu ?

Je ne suis pas comme Tony. Je ne suis pas comme ça. Vais-je parvenir à dépasser ma pensée ? À réellement me retrouver nue dans le lit d’un homme que je connais à peine ?

— Ça va ?

Il est remonté, il m’observe.

— Matthias, je ne sais pas si… je pourrais faire ça.

Ça doit être simple pour Tony, et même pour cet inconnu, puisqu’ils allaient faire un plan à trois. Mais moi… Je ne suis jamais allée voir ailleurs. Que ce soit avec Tony ou mes ex, je n’ai jamais fait ça. Ce n’est pas moi.

— Je comprends, dit-il en souriant.

Ce n’est pas un sourire moqueur, mais plutôt… chaud et rassurant, comme s’il me comprenait réellement.

— C’est comme tu veux, ajoute-t-il.

— Tu couches souvent sur un coup de tête avec des inconnus ?

Il me regarde sans répondre.

— Je ne te juge pas, c’est une simple question. Tu as l’air si décontracté…

— Pas vraiment. Enfin, je n’ai pas de copine donc de temps en temps, je réponds présent sur les annonces du site.

— Je vois…

— Si tu ne veux plus le faire, c’est ton droit. J’espère que tu réussiras à l’oublier.

— Merci… Je vais y aller.

Il hoche la tête.

— Tu veux que je te raccompagne à ta voiture ?

— Ça va aller, merci.

Je tends le bras pour prendre ma veste et mon sac, mais il fait de même et sa main se pose sur la mienne. Nous levons simultanément nos regards. Je recule celle m’appartenant, comme un peu plus tôt avec le pétale. La chaleur de sa peau est troublante et pour la deuxième fois, je frémis.

— Désolé, j’allais te passer tes affaires.

Je les prends en évitant de le toucher.