Absent - Murielle Taisne - E-Book

Absent E-Book

Murielle Taisne

4,9

Beschreibung

Le 8 mai 1977, jour de sa communion, Murielle a 11 ans. Quelques jours plus tard, son père les quitte tous, sa mère et ses trois autres frères et soeur. Ce père, elle va tour à tour le détester, l'aimer, l'ignorer pendant plus de 20 ans pour enfin le rechercher. ...Plus qu'un livre, ce livre est un exemple de résilience et surtout un hymne à la vie! A sa vie! Comme elle le dira tout au long de son livre : « Je suis comme le roseau, je plie mais ne romps pas ! »

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Seitenzahl: 205

Veröffentlichungsjahr: 2017

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Remerciements

À mon merveilleux mari Holger : mon pilier et ma force et mes deux merveilleux enfants Cédric et Mathis qui grandissent au sein d’une famille soudée.

A ma sœur et à mes frères, à mes parents.

À mes amis lointains ou proches et ceux qui m'ont toujours aidée à avancer... et à Catherine.

Aux collègues à qui j’ai confié mon projet et qui ont cru en moi. A ceux d’entre eux qui me liront et connaitront mon histoire.

À tous ceux que j’ai croisés dans la vie. Et merci à Dani qui m’a beaucoup aidée à me reconstruire une histoire.

Quelques mots sur l’auteur :

Murielle, originaire de Valenciennes vit dans la banlieue résidentielle de Francfort depuis plus de 20 ans. À 48 ans, mariée, et mère de deux enfants, elle est responsable marketing dans un grand groupe à Francfort (Allemagne).

Cette polyglotte parlant 8 langues dont 5 couramment est une passionnée des études, de l'informatique et se définit comme une "véritable éponge de culture", toujours prête à apprendre, à découvrir et redécouvrir.

Même s’il s’agit de son premier essai bibliographique, Murielle écrit déjà depuis l’âge de 15 ans des poèmes, des romans qu’elle souhaiterait également publier par la suite. Son livre est traduit en en allemand sous le titre de « verlassen » et elle travaille à sa traduction en espagnol.

TABLE DES MATIERES

PRÉSENTATION

LETTRE OUVERTE

PRÉFACE

CHAP 1 – L’année de ma naissance en 1965

CHAP 2 – Elle arrive en 1972

CHAP 3 – Le déménagement en 1973

CHAP 4 – La naissance de ma sœur en 1974

CHAP 5 – L’argent en 1975

CHAP 6 – L’accident en 1976

CHAP 7 – Ma communion en mai 1977

CHAP 8 – Révélations en Juin 1977

CHAP 9 – Mon année de quatrième en 1978

CHAP 10 – L’année de mes changements en 1979

CHAP 11 – Ma vie chez papa en 1980

CHAP 12 – Ma classe de première en 1981

CHAP 13 – Ma fugue en 1982

CHAP 14 – Mes meilleures années en 1982-1983

CHAP 15 – L’année bac en 1983

CHAP 16 – Les années fac 1984 – 1988

CHAP 17 – Déménagement et retrouvailles en 1984

CHAP 18 – Mes examens et mort de la petite en 1985

CHAP 19 – DEUG et permis de conduire en 1986

CHAP 20 – Catherine et Estelle en 1987

CHAP 21 – Mes années rupture en 1988

CHAP 22 – Mes expériences à l’étranger en 1989

CHAP 23 – Ma recherche paternelle en 1990

CHAP 24 – Déceptions sentimentales en Sept.1990

CHAP 25 – La rencontre de ma vie en 1991

CHAP 26 – Et aujourd’hui ?

CHAP 27 – Interview en 2014

POÉMES CHOISIS

C’EST L’ANNÉE OÙ J’ÉCOUTAIS

C’EST L’ANNÉE OÙ JE REGARDAIS

REFERENCES

Le 8 mai 1977, jour de sa communion, Murielle a 11 ans. Quelques jours plus tard, son père les quitte tous, sa mère et ses trois autres frères et sœur. Pourtant, c'est depuis l'âge de 6 ans qu'elle était témoin involontaire des infidélités et des tromperies de son père. Ce père, tour à tour, elle va le détester, l'aimer, l'ignorer pendant plus de 20 ans pour enfin le rechercher.

À l'école, elle sera rejetée par les professeurs qui ne croient pas en cette enfant "de parents divorcés" et dans la vie et malgré de douloureuses expériences sentimentales, elle ne va pourtant pas se détourner de son but: réussir.

Grâce à ses amis, ses rencontres et ses séjours à l'étranger, elle va se construire une vie différente de celle de ses parents, se réconcilier avec son passé et partir à la recherche d'une histoire paternelle...son histoire paternelle.

Plus qu'un livre autobiographique, ce livre qui traite des thèmes récurrents tels que résilience, abandon, absence de relation père-fille/ mère-fille ou divorce, est un excellent exemple de courage, de refus de la fatalité et un hymne à la vie. Sa vie !

Comme elle le répète tout au long de son livre autobiographique: « Je suis comme le roseau, je plie mais ne romps pas ! ».

Lettre ouverte

Lettre ouverte

Pourquoi?

« Ce mot magique riche de conséquences, de questions, d’énigmes, de savoir et de compréhension, ne donne hélas pas toutes les réponses.

Et moi des réponses, je n’en ai pas du moins pour le moment. Alors pourquoi avoir agi de telle sorte ? Je n’en sais rien.

Erreur de jeunesse ? Sûrement. Incapacité de prendre des responsabilités ? Aussi peut-être. Quoi qu’il en soit. Je ne suis pas peu fier de ce que j’ai fait il y a 30 ans et je le paie maintenant .J’ai eu plus d’amour et de compréhension de la part de ceux que j’ai trahi que moi-même je n’en ai trouvé. Ça m’a un peu grandi vis-à-vis de mon âge. Je sais maintenant ce que le mot « aimer son prochain » veut dire.

Aussi comme je l’ai fait pour ta mère, ta sœur et ton frère aîné. Le cadet viendra peut-être plus tard. Je te demande pardon du fond du cœur espérant que je le mérite encore.

Au soir de ma vie ou au seuil du départ, je tiens à te dire que combien je regrette. Je voudrais tant être en repos avec ma conscience. Avec le temps encore, j’y arriverai peut-être et pourrai enfin me regarder dans une glace.

Fini de philosopher. Sache que je suis très fier de mes enfants, de leurs réussites anciennes et futures, en particulier toi, Murielle, l’aînée.

Je n’ai jamais douté que tu es une battante et que tu réussirais dans la vie professionnelle et affective et je te remercie du baume au cœur que ça me fait et en plus des petits enfants superbes et sûrement intelligents. « Bon sang ne saurait mentir !». Je suis content que tu aies un mari gentil et aimant. Ce bonheur, tu le mérites bien. Sois toujours zen et heureuse, ne me prends jamais en exemple, ça fait trop mal après. Je t’aime, ma fille et te demande encore pardon. »

Ton père – Le 15.09.2008

Préface

Préface

Aqui expliquer ma vie à 48 ans ? Mon mari que j’aime ? Non, justement parce que je l’aime et qu’il a subi mon « spleen » pendant plus de vingt ans.

Mes enfants ? Jamais ! Je les aime trop et ils n’ont pas à être mêlés.

Ma mère ? Non, elle n’a jamais été très psychologue, au contraire, elle a été absente à toutes les étapes de ma vie.

Mon père ? Je l’ai peu connu en fin de compte et il est décédé le 3 janvier 2009. Je me suis un peu efforcée de le revoir et c’est surtout à cause de sa maladie que j’ai pris l’initiative de le revoir quelques jours avant son décès après avoir coupé les ponts avec lui il y a plus de 20 ans. Couper les ponts ? En fait c’est lui qui nous a abandonné, nous, ses 4 enfants et sa femme, ma mère.

Comment, en tant que père, puisse-t-on faire cela et affliger une telle souffrance à quatre petits êtres innocents en pleine croissance qui n’avaient pas demandé cette vie ?

Quatre enfants marqués à vie, quatre enfants qui ont souffert. Mon père : cette blessure à vie !

Cette blessure qui a fait de moi, ce que je suis, avec mes peines mais aussi ma force. A qui confier mon expérience et mes blessures à 48 ans ?

Ma sœur ? Oui, elle est ma confidente, elle est mon amie et je l’aime. On ne se le dit pas souvent mais on le sait toutes deux. Ma sœur, oui j’en suis fière.

C’est aussi une battante ! Elle, elle a totalement vécu sans père, car elle avait deux ans quand il nous a quittés. Deux ans !

Mon frère aîné ? Non, il est au loin et il est très fixé sur sa vie et sur lui-même. Il vit dans son monde et a construit sa vie ailleurs. Mais, il reste mon frère.

Mon frère cadet ? Lui c’est le moins psychologue de nous quatre. Evidemment, il a également souffert de cette absence et c’est pour cette raison qu’il joue les durs en se mettant une carapace de dur au cœur tendre. Au fond, il est très attaché à la famille, aux valeurs et aux traditions.

Des gens externes à la famille ? Oui, j’ai des amies et amis, des connaissances, des collègues et ex-collègues. Mais peut-on se mettre dans la peau de quelqu’un quand on n’a pas connu cette situation ? Peut-on comprendre les difficultés d’un amputé des jambes quand on a ses deux jambes ? Bien évidemment qu’elle pourra courir cette amputée mais les chances ne sont pas les même au départ. Des amis ? Oui, j’en ai de nombreux mais combien d’entre eux comprennent mon histoire ?

Mon amie allemande Petra, ici à Francfort ? Certes elle connait mon histoire et me connait comme une personne forte.

Mon amie française Barbara de Francfort…elle est mon amie, très compréhensive certes mais je ne veux pas l’encombrer avec mon passé lourd. Je l’apprécie beaucoup trop.

Mon amie Sophie en Italie ? Elle a eu une vie très similaire à la mienne.

Dani, la maman du copain de mon fils, oui, elle, sans aucun doute car elle également eu une vie similaire et en a même fait son métier d’aider les gens à se reconstruire et elle sait que depuis longtemps que je travaillais à l’écriture d’un livre et mon rêve se réalise enfin. Elle m’aide beaucoup dans la reconstruction de moi-même.

Mon amie Estelle en France ? Oui, je pourrais lui en parler, elle connait ma vie, mais elle a eu une vie très protégée par une famille très soudée, alors je ne veux pas me confier.

Ma correspondante Montse en Espagne ? Elle connait un peu mon parcours mais pas dans les moindres détails et puis, dû au jonglage linguistique entre l’espagnol et le français, les émotions sont beaucoup moins présentes.

De plus, elle a eu une vie très protégée, une famille soudée, ne s’est jamais mariée, n’a jamais fondé de propre famille et vit toujours dans la ville qui l’a vue grandir.

Elle est très égocentrique et attachée à sa famille et aux valeurs qui sont les siennes.

Mon ami espagnol, Pere, en Espagne que j’avais perdu de vue pendant plus de vingt ans et que j’ai enfin retrouvé ? Mon ami espagnol, lui il est particulier pour moi !

Il a été avant tout mon correspondant espagnol pendant mes années lycée et mes meilleurs souvenirs.

Il a été le départ de mon premier voyage en Espagne, de ma première rencontre avec ce pays dont je suis tombée amoureuse et il a été le premier garçon pour lequel j’ai éprouvé des sentiments amoureux.

Maintenant nous avons trente ans de plus et il a vécu un long divorce douloureux. Lui qui, fils unique, venait d’une famille très unie, la vie ne l’a pas épargné non plus : une rupture, même après la naissance de leur fille unique, un divorce très long et une longue descente vers le bas.

Mais je reviendrai sur lui, plus tard, car il a été déterminant dans ma vie et ma construction amoureuse.

Mes collègues ? Oui bien sûr, j’en ai de très bons, je me suis parfois confiée et surtout à de très bonnes collègues mais je ne veux pas exposer ma vie. Mais ils savent que j’écris. Une thérapie ? J’aurais dû en faire une. J’ai vu une psychologue trois fois dans toute ma vie.

Cette même psychologue me fit passer des tests de QI m’apprenant que j’étais très intelligente et pleine de potentiel.

Ça veut dire quoi « potentiel », quand on n’a pas le mentor, quand on n’a pas ce tuteur pour vous diriger dans les bons choix ?

Mais comment voit-on sa vie à 11 ans, quand votre père vient d’abandonner votre mère. Quand celle-ci pleure le soir et est dépressive?

Comment voit-on sa vie, quand son enfance est marquée par la violence psychologique des problèmes ?

Comment envisage-t-on l’avenir sereinement quand le passé est semé de barrières ?

J’ai été prise en charge à l’époque par une psychologue parce que je tremblais des mains pendant les cours de travail manuel. Ma prof de travail manuel s’était même plainte auprès de ma mère disant que j’étais une fille très agitée et insupportable sans savoir qu’en fait je souffrais.

Mais fin des années 1970, on ne parlait pas de divorce et surtout pas de consentement mutuel. On parlait encore du divorce pour faute.

A l’école, surtout au collège j’étais mal et j’étais rejetée par la majorité des filles de ma classe, pis encore par certains profs.

Voilà mon histoire : elle est douloureuse, très douloureuse, mais elle est formatrice de la vie mais aussi tellement enrichissante.

Avec le recul, cette vie m’a fait pleurer souvent, m’a fait perdre confiance en moi, à la recherche d’une histoire, de mon histoire.

Je me définis comme le roseau : « Je plie mais ne romps pas » et je suis forte.

Je n’ai donné pratiquement aucun nom à tous ces personnages qui ont traversés ma vie, toutes ces personnes qui m’ont côtoyée.

Seuls mes amis portent un nom parce qu’ils me sont chers et parce qu’ils ont été la force de me battre. Pour autant, tous ces personnages je les fais vivre à partir de mon livre et je n’ai souvent pas besoin de les citer car ces personnes font partie de mon histoire et je les remercie de les avoir rencontrées.

Ma famille, je ne la nomme pas par respect et celle qui était au centre de cette psycho-tragédie, elle s’appelle « Elle » et « Lui ».

« Lui » il est tantôt, mon père, papa, mon paternel ou mon géniteur.

Je suis contente d’avoir eu la vie que j’ai car c’est elle qui a fait de moi, cette personne forte que je suis. C’est cette même vie qui m’a formée et appris à lutter.

Finalement, je suis satisfaite de mon passé surtout parce que l’apprentissage de la vie passe par l’enfance et comme cette enfance a été très violente, j’apprécie tous les instants de ma vie présente.

Merci de m’avoir donné ce passé riche et merci à Dani de m’aider à me réconcilier avec lui.

1965

L’année de ma naissance

Je suis née le 18 septembre 1965 dans le Nord de la France. Je suis la cadette d’une fratrie de quatre enfants. Mon frère aîné est né en 1963, mon plus jeune frère en 1968 et ma sœur en 1974.

Maman est issue d’un milieu polonais et papa d’un milieu dans lequel le père se disait « ouvrier bourgeois raté » : ouvrier, car il a grandi dans une famille ouvrière, raté, car il a travaillé comme soudeur tout en étant architecte de formation, ce qui à l’époque était exceptionnel. Mon grand-père paternel, Pépé n’avait pas connu son père, mort sous les drapeaux en 1914. Ma grand-mère paternelle, Mamie venait d’un milieu de divorcés, ce qui à l’époque était plus qu’exceptionnel, elle n’avait pas connu son père. Mamie avait été cuisinière et avait travaillé, comme elle le disait, dans de « bonnes maisons ». Ma grand-mère maternelle polonaise, Mémé, n’avait pas connu son père non plus, décédé alors qu’elle n’avait que deux ans.

Cette différence culturelle est très importante car c’est justement cette « différence » qui a conditionné notre manière d’être. Mes grands-parents maternels polonais avaient travaillé à la mine et souhaité pour leurs enfants de rester dans le milieu ouvrier dans lequel ils avaient grandi.

Je n’ai pas vraiment de souvenirs très positifs de mes grands-parents paternels car ils étaient en éternel conflit avec ma grand-mère maternelle, Mémé, qui vivait quelques rues plus loin. Et puis, eux, nous avions du sang polonais dans nos veines, comme ils le disaient. Ces grands-parents paternels n’avaient jamais non plus apprécié ma mère, bien au contraire, ils s’étaient opposés au mariage de mes parents.

Ainsi quand nous nous rendions chez les grands-parents, il fallait toujours veiller à se rendre chez les autres grands-parents pour ne pas froisser les sensibilités respectives.

Ma grand-mère maternelle était veuve depuis 1966, année de décès de mon grand-père, mort d’une jaunisse, communément appelée l’hépatite virale.

Mon grand-père maternel, tout comme ma grand-mère Mémé, était arrivé en France très jeune. Il y avait rencontré ma grand-mère et s’était marié en 1923. Ma grand-mère avait alors 19 ans.

Je n’ai pas de souvenirs de mon grand-père polonais, sinon qu’il était parait-il très autoritaire et froid. J’ai par contre de nombreux souvenirs de ma grand-mère décédée en 2005, simplement parce que je l’ai connue et que nous avons partagé une grande partie de nos souvenirs, d’ailleurs pas toujours les meilleurs. Mais j’y reviendrai plus tard.

L’héritage parental est à ce niveau très important, surtout concernant ma grand-mère. Elle pouvait être très câline mais aussi très autoritaire. Orpheline, elle avait beaucoup souffert de ce manque parental. Son père est décédé alors qu’elle n’avait que 2 ans et 9 ans pour sa mère. C’est donc avec sa sœur aînée qui l’avait recueillie, qu’elle était venue en France et vécu chez elle jusqu’à son mariage en avec mon grand-père maternel en 1923.

Elle et mon grand-père avaient eu trois enfants deux garçons et notre mère. Ma grand-mère avait toujours eu une nette préférence pour les enfants issus de ses deux fils. D’abord parce qu’elle aimait beaucoup ses belles-filles et par conséquent les petits enfants. Ma mère avait épousé un « vrai » français, mon père, issu d’un milieu socio-culturel différent, et surtout d’un milieu français. Elle n’a d’ailleurs validé ce mariage et détesté mon père.

Quand mes cousins et cousines venaient rendre visite à Mémé, on déroulait presque le tapis rouge, je me souviens que quand ils franchissaient la porte, ma grand-mère se jetait presque sur eux et les couvrait de câlins. Ils étaient les enfants de ses fils et ses deux fils, elle les a adorés.

Elle était par contre très dure avec maman et ne montrait jamais la même ardeur quand nous venions.

C’était exactement la même situation chez mes autres grands-parents vis-à-vis de mes cousins. Je me souviens de la période de Noël où nous étions venus souhaiter la bonne année à nos grands-parents paternels, Pépé et Mamie. Mes cousins avaient eu leur cadeau. Une chaine Hi-Fi à l’époque! Dans les années 1970, c’était un vrai luxe.

Et je me souviens de nos cadeaux à nous : mon frère aîné avait eu un pull marron clair à lignes rouges et pour mon plus jeune frère le même pull en marron foncé. Moi, j’avais eu une paire de chaussettes couleur kaki. Je me souviens de ces chaussettes rugueuses qui grattaient.

Toutefois et avant 1972, je garde en mémoire de ma vie, ces moments privilégiés avec mes frères, de l’arrivée de mon plus jeune frère à la maison, de la première descente à vélo de mon frère aîné qui se finit sur un trottoir et à l’hôpital avec des points de sutures sur l’arcade sourcilière.

Je me souviens des souris que nous avions dans l’appartement et que nous tuions avec des « tintin et Milou », car la couverture était suffisamment épaisse.

Également de nos courses en grande surface et des premières grosses plaques de chocolat-noisettes que nous achetions le samedi soir.

Et puis, il y a ces superbes moments à l’école maternelle puis primaire du coin où j’y avais des camarades sympathiques.

J’ai de nombreux souvenirs gais de ma scolarité, d’avoir été une élève très brillante qui collectionnait de nombreux « bon points » attestant de mon caractère appliqué et calme. À l’époque, j’étais parait-il tout de même très bavarde.

Je me souviens d’un après-midi où ma mère qui était en train de me coiffer dans la salle de bain et sans doute sous l’effet de la pression, m’avait dit qu’elle allait m’acheter « un balluchon » et que j’allais quitter la maison. Elle avait préparé le drap, le manche à balais et mis les vêtements à l’intérieur.

Maman était sans doute fatiguée ce jour-là et même si elle ne le pensait pas, à l’époque, j’avais été très choquée par ce qu’elle m’avait dit dans son emportement. Où allais-je aller ? Où allais-je dormir ?

Je me souviens de l’accident de mon plus jeune frère qui s’était blessé sérieusement à la main et de maman qui nous avait embarqués tous les trois un après-midi à la recherche d’un médecin qui recoudrait la plaie de mon frère.

Mais je me souviens surtout de ce vide et cette absence de père, ces longues soirées où, accoudée à la fenêtre, j’attendais avec maman que mon père rentre du travail. Et il rentrait tard. Souvent il prétextait une panne de moteur ou une panne d’essence. Il avait une fois même prétendu avoir eu une panne d’essence et avoir dû pousser la voiture avec son épaule pour rentrer à la maison. Et maman qui le croyait….

Je me rappelle vaguement de nos vacances en famille en Normandie. Mon père était-il présent à cette époque, je n’en sais rien, je ne sais plus ? Aux dires de ma mère, il passait en vacances ses journées à jouer à la pétanque avec les autres vacanciers et maman restait ses journées avec nous à la plage.

J’ai également le souvenir d’un père qui mettait mon frère aîné devant la télévision en lui disant « Allez, instruis-toi et apprends, pour toi, Murielle, ce n’est pas important, tu n’es qu’une fille !, tu n’as pas à apprendre, tu épouseras un homme riche». Et puis, il y a aussi ce jeune voisin qui m’a transmis la phobie des araignées en les écrasant avec son vélo.

Le seul souvenir qui me reste est celui d’un paternel, grand amateur de musique classique, écoutant Beethoven le dimanche matin et un pique-nique en famille dans le bois, en compagnie de notre voisin et de notre chien dalmatien, Jupiter.

Ai-je volontairement oublié les bons souvenirs de ma jeune enfance avec mon père ? Aux dires de ma mère, il ne peut pas y en avoir car mon paternel était à partir du début de ma vie complètement absent. Pourtant c’est justement, l’arrivée chez nous de cette jeune fille qui va changer notre vie et bouleverser notre destin.

1972

« Elle » arrive

C’était un après-midi après l’école. C’était le printemps. «Elle » avait 17 ans à l’époque et mon père l’avait ramenée à la maison, pour qu’ « Elle» puisse décharger maman de beaucoup de travail mais surtout parce qu’« Elle » était, paraît-il, très malheureuse chez « Elle », « Elle » avait été longtemps battue par sa mère. Mon père travaillait à l’époque pour une compagnie d’assurances. Il y était rentré grâce à son frère qui lui avait dit qu’on pouvait « gagner beaucoup d’argent et qu’il serait bientôt aussi suffisamment riche ». Maman venait de reprendre le travail, après avoir été obligée d’arrêter son activité professionnelle plusieurs années car à l’époque, il fallait encore demander l’autorisation au mari de pouvoir laisser travailler son épouse et avec trois enfants à la maison, elle ne pouvait pas travailler dans le milieu hospitalier en tant que femme mariée et mère de famille.

Je me souviens du jour où « Elle » est arrivée à la maison, elle avait un pull rouge terre cuite, un long gilet vert d’eau et une mini-jupe, extra courte et elle paraissait au premier abord très timide.

Avec sa chevelure noire et ses yeux verts, « Elle » était très impressionnante. J’ai tout de suite vu en « Elle », non pas une baby-sitter mais la grande sœur que je n’avais pas.

Même si « Elle » devait s’occuper de nous, trois à l’époque (mon frère aîné 9 ans, moi 7 et mon plus jeune frère 4), nous nous sommes vite très attachés à cette fille qui s’est très vite révélée de caractère très fort et dominant.

Maman avait au départ l’air d’être contente de l’avoir à la maison, tout au moins d’avoir une aide à domicile mais s’est vite mise à la craindre. « Elle » pouvait passer en quelques minutes du rire aux larmes, de la gentillesse à la méchanceté et n’hésitait pas à taper ou faire un esclandre. « Elle » s’est très vite révélée possessive et jalouse, au point même d’essayer de détruire maman et le couple qu’elle formait en apparence avec Papa.

Papa et Maman avaient à l’époque tous les deux 32 ans. Ce que Maman était loin d’imaginer c’est qu’ «Elle » était sa maîtresse depuis plus d’un an et qu’il l’avait ramenée à la maison pour l’avoir à disposition. Ainsi pendant que maman se rendait au travail et que nous étions à l’école, mon père et « Elle » continuaient à entretenir sans vergogne leur relation. Mais « Elle » n’était pas la seule maîtresse de mon paternel, et dû au fait qu’il travaillait justement dans les assurances, il était devenu un vrai prédateur à la recherche de nouvelles conquêtes. Et il en avait de nombreuses. Il s’en est beaucoup vanté, tout comme il a beaucoup fait souffrir autour de lui.

Il fréquentait également des collègues très peu sérieux qui l’ont vite entraîné dans une mauvaise direction et il a très vite pris de mauvaises habitudes dont celle de se saouler régulièrement.