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Passionné de littérature, Jungyu, jeune étudiant particulièrement renfermé, avait jadis tenté de vaincre sa timidité maladive à l'aide de cours de théâtre. Il menait aujourd'hui une vie stable grâce au petit job de serveur à temps partiel qu'il occupait dans un café près de l'université. Cependant, lorsqu'il se vit contraint de quitter ce travail, il lui fallut rapidement se rendre à l'évidence : le seul poste intéressant qui s'offrait à lui désormais était celui de serveur dans un café tenu par un certain Kim Yeonu, un café peu banal...
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Seitenzahl: 736
Veröffentlichungsjahr: 2022
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À ma famille, mes amis, mes abonnés, qui demeureront mes plus indéfectibles soutiens. À ma sœur, le plus précieux de ces soutiens. Merci pour toute l’attention apportée à ce livre sur les réseaux, l’écrire fut une aventure formidable à vos côtés. À ce groupe que j’admire, et sans lequel ce roman n’aurait jamais existé.
Romans :
Du bout des doigts 1 (août 2021)
Du bout des doigts 2 (octobre 2021)
À la croisée des suicides (novembre 2021)
L’étoile de Noël (novembre 2021)
Boy’s love Café 1 (février 2022)
Boy’s love Café 2 (avril 2022)
Dans l’ombre de sa folie (juin 2022)
Boy’s love Café 3 (juillet 2022)
Rookie Games (octobre 2022)
Recueils de nouvelles :
Sonate (mai 2021)
Symphonie (mars 2022)
Valse (juillet 2022)
Opérette (septembre 2022)
AVANT-PROPOS
PROLOGUE
CHAPITRE 154
CHAPITRE 155
CHAPITRE 156
CHAPITRE 157
CHAPITRE 158
CHAPITRE 159
CHAPITRE 160
CHAPITRE 161
CHAPITRE 162
CHAPITRE 163
CHAPITRE 164
CHAPITRE 165
CHAPITRE 166
CHAPITRE 167
CHAPITRE 168
CHAPITRE 169
CHAPITRE 170
CHAPITRE 171
CHAPITRE 172
CHAPITRE 173
CHAPITRE 174
CHAPITRE 175
CHAPITRE 176
CHAPITRE 177
CHAPITRE 178
CHAPITRE 179
CHAPITRE 180
CHAPITRE 181
CHAPITRE 182
CHAPITRE 183
CHAPITRE 184
CHAPITRE 185
CHAPITRE 186
CHAPITRE 187
CHAPITRE 188
CHAPITRE 189
CHAPITRE 190
CHAPITRE 191
CHAPITRE 192
CHAPITRE 193
CHAPITRE 194
CHAPITRE 195
CHAPITRE 196
CHAPITRE 197
CHAPITRE 198
CHAPITRE 199
CHAPITRE 200
CHAPITRE 201
CHAPITRE 202
CHAPITRE 203
CHAPITRE 204
CHAPITRE 205
CHAPITRE 206
CHAPITRE 207
CHAPITRE 208
CHAPITRE 209
NOTE
Boy’s love Café est un roman originellement constitué d’un unique tome. Beaucoup trop long pour être édité en un seul livre, cependant, il m’a fallu le couper en cinq alors même qu’il n’avait pas vocation à l’être, c’est pour cette raison que j’ai décidé que pour plus de clarté, ce livre allait commencer non pas au chapitre 1, mais au chapitre 154. Je m’excuse pour ce désagrément et espère que ça ne hachera pas de manière trop gênante votre lecture. Ma sœur et moi faisons tout pour éditer au plus vite et au mieux les tomes suivants.
En effet, il s’agit d’autoédition. De fait, si nous demeurons toutes deux très attentives aux erreurs qui ont pu se glisser dans ce texte, nous ne sommes pas infaillibles pour autant. Je suis désolée, je fais sincèrement de mon mieux pour sortir ces romans avec un nombre de coquilles au plus bas. Or, pour ce livre en particulier, j’ai presque tout corrigé seule, de sorte que j’ai conscience qu’il restera plus d’erreurs que dans mes précédents romans.
À noter également : ce livre contient plusieurs scènes explicites. N’hésitez pas à passer au chapitre suivant si cela vous dérange. Je me suis contentée de corriger et publier le texte tel que je l’avais posté sur Wattpad, je ne souhaitais pas censurer ces passages appréciés par mon lectorat. J’ai donc choisi de les conserver en dépit de leur caractère sexuel. De même, cette histoire se définit par la douceur de ses protagonistes, son côté « soft ». Ça ne plaira pas à tous, mais à moi, ça me plaît. J’aime les romans débordants de tendresse et de bonnes intentions. :3
Bref ! Je vous souhaite une bonne lecture et vous remercie encore de vous être procuré ce livre. J’espère qu’il vous satisfera !
Dans le tome précédent…
« Je suis désolé de t’avoir dérangé, balbutia Jungyu, j’avais vraiment besoin de quelqu’un…
— T’inquiète, mon Junie, t’es toujours le bienvenu à la maison. »
Jungyu se blottit contre Sangchan qui l’enlaçait avec toute la tendresse dont il avait toujours fait preuve à l’égard du jeune homme. Plutôt que de rentrer chez lui en effet, l’étudiant avait envoyé un message à son ami pour lui demander s’il pouvait passer. Sangchan, parce qu’il savait que Jungyu ne sollicitait cette faveur qu’en cas de problème, avait aussitôt accepté.
C’était ainsi qu’il avait vu arriver chez lui un Jungyu aux yeux larmoyants qui tentait de cacher les sanglots qui faisaient encore trembler son corps. Jungyu cependant avait tout de suite compris qu’il interrompait quelque chose : lorsque Sangchan lui avait ouvert, il était habillé de façon propre, coiffé et même très légèrement maquillé. Le cadet s’était alors excusé et s’apprêtait à repartir quand son ami l’en avait empêché et lui avait demandé ce qui n’allait pas. C’était à cet instant que Jungyu avait laissé filer ses pleurs sans réussir à lui expliquer la situation. Sangchan l’avait conduit à son lit et ils y étaient désormais tous les deux installés, l’un dans les bras de l’autre qui lui caressait avec tendresse le dos.
« Tu peux me raconter ce qui s’est passé ? lui demanda-t-il.
— C’est Yeonu…
— Oh, mon Junie, qu’est-ce qu’il a fait ?
— R-Rien, c’est moi qui suis stupide, lui il y pouvait rien. J-Je… j’aurais jamais dû penser que ça pourrait fonctionner, j’aurais jamais dû tomber amoureux de lui.
— Pourquoi ? Ça avait pourtant l’air de bien marcher entre vous, non ?
— Hyung, il ressent rien pour moi. Je… ouais, je m’en doutais déjà, m-mais il a dit qu’il valait mieux qu’on arrête ça dans deux semaines si ça fonctionnait toujours pas. Il a raison, mieux vaut arrêter avant que je sois trop attaché à lui, mais… hyung, j’en ai marre d’être ignoré par ceux dont je suis amoureux. Q-Qu’est-ce qui va pas avec moi ? Est-ce que… est-ce que c’est parce que je suis trop sensible ? Ou bien trop timide ? Pourtant j’ai fait des efforts, Yeonu-hyung et moi on s’est déjà embrassés plusieurs fois, je… on a passé du temps ensemble, on s’est bien amusés. Pourquoi personne ne m’aime autrement que comme un ami ? »
Cette phrase ne fut que murmurée par le jeune homme qui avait baissé la tête. Quelques larmes continuaient de rouler sur ses joues et s’échouaient sur la chemise de son ami qui renforça son étreinte. Entendre Jungyu prononcer des mots aussi durs envers lui-même, ça lui serrait le cœur.
« T’en fais pas, mon Junie, un jour tu rencontreras le bon, j’en suis certain.
— J’ai même plus envie d’essayer, l’amour c’est pas pour moi…
— Dis pas ça. D’une part, en deux semaines Yeonu peut très bien tomber sous ton charme, et d’autre part, du charme justement, t’en as comme ça devrait même pas être permis. J’ai jamais vu un garçon aussi attachant que toi. Et puis si ça marche pas avec Yeonu, ce sera pas ta faute, t’auras qu’à tenter un truc avec Doyeong : il est super beau, super gentil, et mon dieu quand il sourit ses fossettes elles me font craquer.
— T’es ridicule, ricana Jungyu, si ça marche pas avec Yeonu, je vais simplement essayer de ne plus tomber amoureux, ça vaut pas le coup, je finis toujours à pleurer pour rien. Je me sens con.
— Mais non, enfin, t’es juste émotif. Et puis ça peut se comprendre, tu pensais que ça allait marcher entre vous, c’est juste une petite déception, ça va passer, t’en fais pas. Ça aurait pu être pire. Regarde Minwoo : Wonseok m’a dit que depuis leur rencontre, il était amoureux sans oser le dire. Et c’est seulement aujourd’hui qu’ils se mettent en couple. Parfois, l’amour, ça demande beaucoup de temps, c’est tout, mais tôt ou tard ça finit par arriver. Suffit d’être patient, cherche pas à tout prix à être avec quelqu’un.
— Je voudrais juste recevoir moi aussi l’affection d’un garçon qui serait amoureux de moi…
— Je peux comprendre… t’en fais pas, ça finira par arriver. Continue d’y croire, moi je pense qu’en deux semaines, y a moyen pour que ça fonctionne avec Yeonu. Reste simplement toi-même. S’il tombe amoureux de toi, faut que ce soit le vrai Jungyu qu’il aime. Et ça tombe, bien parce que moi, c’est le vrai Jungyu que je préfère.
— Tu penses sincèrement que… Non, laisse tomber, soupira Jungyu après un court silence. J’ai déjà bien assez espéré comme ça, ça vaut pas le coup.
— L’amour, ça vaut toujours le coup.
— Or Yeonu ne m’aime pas.
— Yeonu n’est pas capable d’admettre quand il a des sentiments pour quelqu’un, ça lui permet de se protéger. Lui non plus il ne veut plus souffrir, tu sais…
— Je sais. Mais dans le cas surréaliste où il aurait des sentiments pour moi, comment il pourrait ne pas s’en rendre compte ?
— Il y a bien des points sur lesquels Wonseok et Yeonu se ressemblent, tu sais ? Si t’as pensé que Wonseok était aveugle au sujet de ses sentiments, sache que Yeonu sera bien pire, car en plus de ne pas les voir, s’il les voyait il ferait tout pour les oublier et penser à autre chose. C’est déjà un énorme effort pour lui d’essayer de te fréquenter, comprends que lui aussi a besoin de tendresse et d’affection. Il a juste peur que tôt ou tard, ça le fasse souffrir. Je sais que t’es spécial pour lui, il t’apprécie énormément, je… je pense sincèrement que ça peut fonctionner entre vous. Et, s’il a tenté d’apprendre à te connaître, ça veut dire que lui aussi il sait que ça peut marcher. Il te reste deux semaines pour voir si ça peut vraiment le faire… alors baisse pas les bras tout de suite. »
Jungyu hocha la tête, conscient qu’en l’espace de deux semaines, beaucoup de choses pouvaient se produire. Il espérait de tout son cœur ne pas souffrir davantage, car il ignorait s’il trouverait la force de supporter une désillusion supplémentaire. Il se voyait déjà revenir ici, dépité, et se goinfrer de gâteaux au chocolat avec Sangchan pour engloutir sa tristesse.
C’était tout ce qu’il parvenait à imaginer : lui qui continuerait de rêver pendant deux semaines et qui serait, en fin de compte, déçu de nouveau. Est-ce que ça valait la peine de chercher à mieux se connaître ? Est-ce que ça valait la peine que Jungyu essaie d’en découvrir plus sur Yeonu si c’était pour tomber un peu plus amoureux de lui encore et pleurer lorsque son aîné lui avouerait ne pas l’aimer ?
« J’ai pas envie d’espérer plus longtemps, murmura-t-il en tirant son portable de sa poche.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? »
L’étudiant tapa un message qu’il n’hésita pas une seconde à envoyer. Il avait choisi la bonne solution, il en était convaincu. Cette fois-ci, l’amour ne le blesserait pas.
Jungyu – Salut, hyung, j’ai réfléchi : deux semaines suffiront pas à changer quoi que ce soit, si ce n’est à prolonger cette comédie. Je préfère qu’on arrête de se voir dès maintenant. T’en fais pas, j’ai rien contre toi et je tiens vraiment à notre amitié. Je tâcherai d’oublier mes sentiments pour toi, je suis désolé que t’aies été dans cette situation par ma faute. Merci d’avoir essayé de t’intéresser à moi, j’ai passé de bons moments. Soyons de simples amis.
Envoyer ce message blessa Jungyu plus qu’il ne l’aurait cru. Sangchan l’interrogea du regard et son ami, en guise de réponse, lui tendit son portable. Il lut le SMS qui y était affiché et fronça les sourcils.
« Junie, c’est tellement dommage de tout stopper ici, soupira-t-il d’un air peiné.
— Je sais, approuva l’autre dans un haussement d’épaules, mais ça vaut mieux.
— Comme tu le sens… »
À peine lui eut-il rendu son smartphone que celui-ci vibrait. Jungyu baissa les yeux et ouvrit le message reçu.
Yeonu – Je suis désolé si j’ai été trop brusque dans mes propos. Je voulais pas te vexer, je pensais sincèrement faire ce qu’il y avait de mieux pour toi. Je sais que j’ai eu tort de t’embrasser, je m’en excuse, et s’il y a quoi que ce soit que je puisse faire, hésite surtout pas. Je regrette que tout se soit terminé de cette façon, mais si on peut rester amis, ça me va, j’en suis heureux.
Jungyu poussa un soupir et jeta son téléphone sur le lit de son aîné avant de s’y allonger, le visage dans l’oreiller alors qu’il lâchait un gémissement dépité. Sangchan afficha un rictus face à ce comportement enfantin et il passa une main sur le dos de son cadet.
« Joon va pas tarder, indiqua-t-il, on devait aller au ciné ce soir ensemble. Tu veux venir ?
— Hyung, t’es le meilleur ami du monde, mais hors de question que je m’incruste à une soirée en amoureux, t’es fou. C’est votre petit moment, t’as pas intérêt à te soucier de moi. Je vais rentrer chez moi et me vider un peu la tête, suffit que je pense à autre chose.
— Si tu le dis… Je garderai mon portable allumé, envoie-moi un message si quoi que ce soit ne va pas.
— T’inquiète pas pour moi, ça va aller. »
Il lui avait après tout fallu gérer ça sans soutien lorsque c’était de Sangchan qu’il était épris. Il avait vécu des soirées bien plus moroses que celle-ci.
Le jeune homme récupéra son téléphone et se dépêcha d’écrire un message.
Jungyu – T’inquiète, t’as vraiment pas à t’excuser. C’est au contraire moi qui le devrais, Wonseok et toi vous vous retrouvez seuls ce soir…
Yeonu – T’en fais pas, Doyeong est resté à condition de ne pas être embrassé. Par contre je dois te laisser, y a pas mal de clients. J’espère que demain on pourra quand même prendre un peu de temps pour s’expliquer après ton service. De toute façon, on se voit toujours pour bosser sur la maquette de ton roman, n’est-ce pas ?
Jungyu – Oh tant mieux. Oui, on pourra faire ça, et effectivement j’espérais qu’on se verrait toujours pour ça.
L’étudiant poussa un soupir : au contraire de la fois précédente où il se sentait honteux de voir Yeonu après lui avoir avoué son affection, désormais il ne cherchait plus à lutter : tant pis s’il lui fallait des mois pour oublier l’amour qu’il éprouvait pour son patron, il désirait plus que tout sa présence. Il avait conscience de sa stupidité : en continuant de passer du temps avec Yeonu, il continuerait de s’infliger ses propres sentiments. Yeonu le consolait quand il était triste et le rendait euphorique quand il était heureux. Il lui plaisait plus que quiconque.
« Je vais y aller, décida Jungyu en se redressant, passe une bonne soirée avec Joon et… merci d’avoir été là.
— C’est normal. Mange un bon truc devant la télé, ça marche toujours, et repose-toi. Tôt ou tard, tu trouveras le garçon idéal, j’en suis convaincu. »
Il adressa un signe à son cadet qui partit avec un sourire mélancolique, ce genre de sourire que Sangchan détestait voir sur son joli visage. Ainsi, une fois seul, il soupira et alla chercher son portable sur son bureau.
Sangchan – Pas amoureux de Jungyu ? Tu te fous de ma gueule ?
Il lui fallut attendre de longues minutes avant de recevoir une réponse de son meilleur ami.
Yeonu – Il est venu chez toi ?
Sangchan – Toi et moi sommes peut-être fusionnels, mais je le suis presque autant avec lui, il me dit tout. Comment tu peux prétendre ne rien ressentir pour lui après tout ça ? Un restau et une balade au bord du Han, sérieux ? On sait tous les deux à quand ça remonte la dernière fois que t’as fait ça avec un mec.
Yeonu – Donc tu sais aussi pourquoi je refuse que ça aille plus loin.
Sangchan – T’avais pas besoin de lui mentir pour ça. Il a déjà pas confiance en lui, ça va pas l’arranger.
Yeonu – Mais je lui ai pas menti, je ressens rien.
Sangchan – Tu ressens rien ou tu veux rien ressentir ?
Yeonu – Je le saurais si je ressentais quelque chose.
Sangchan – Non justement, tu le saurais pas. Écoute, je sais que c’est vraiment dur pour toi, mais t’as le droit d’aller de l’avant. Ce qui s’est passé était atroce, mais Jaesung-hyung y était pour rien. Ça arrivera pas avec Jungyu, on le sait tous les deux.
Yeonu – Il y était pour rien, certes, mais ça change rien. De toute façon, peu importe, Jungyu ne veut plus de moi. Tout rentre dans l’ordre, la question ne se pose plus.
Sangchan – J’en reviens pas qu’un garçon aussi intelligent que toi puisse être aussi stupide… S’il te plaît, veille sur Jun-gyu. Il a toujours été assez secret avec moi vis-à-vis de ses sentiments et de son passé, ça fait à peine quelques semaines qu’il m’a avoué avoir été harcelé au collège, et ça il l’a fait grâce à toi. T’as une super influence sur lui, mais s’il découvre que celui en qui il a entièrement confiance n’a pas confiance en lui en retour, ça va lui faire mal, vraiment mal.
Yeonu – Et alors quoi ? Tu penses qu’il faudrait que je lui avoue toute l’histoire ? J’ai tout fait pour oublier Jaesung-hyung, j’ai pas envie de lui en parler.
Sangchan – Parce que tu crois que lui il a pas tout fait pour oublier qu’il avait été harcelé ? Quand il m’a avoué ça, il a fondu en larmes, je l’ai gardé une dizaine de minutes dans mes bras sans qu’il arrive à se calmer. Si Joon était pas arrivé et m’avait pas aidé à prendre soin de lui, il aurait sans doute pleuré encore plus longtemps. Sauf que mon Junie, même s’il est ultra sensible, il aime pas pleurer devant les autres, faut vraiment qu’il soit à bout pour que ça lui arrive. Pourtant il nous a fait confiance, à nous tous, il nous en a parlé.
Yeonu – Jun et moi on fonctionne pas pareil. Lui ça lui fait du bien de parler, moi je préfère tout garder pour moi. J’ai pas besoin d’aide.
Sangchan – Comme Minwoo ?
Yeonu – Très mauvais exemple.
Sangchan – Si mauvais que ça ? Un secret qui vous ronge, vous épuise, et qui tôt ou tard te fera toi aussi exploser.
Yeonu – Mais tu sais ce qui s’est passé, toi, c’est pas complètement un secret.
Sangchan – Je pense sincèrement que tu devrais en parler avec Jungyu. Ça l’aidera à te comprendre et ce sera aussi une preuve que tu veux te rapprocher de lui. Parce que malgré tout ce que tu dis, t’aimes être avec lui, tu veux continuer de le voir… et pas uniquement en tant qu’ami. Et si t’as accepté mon idée folle d’essayer de te rapprocher de lui pour voir si ça pouvait fonctionner entre vous, c’est parce qu’au fond de toi, tu voulais que ça marche entre vous. Parce que tu l’aimes.
Yeonu – J’ai du boulot, je dois y aller.
Sangchan – J’avais jamais vu une façon aussi explicite de dire « oui Chan, t’as complètement raison, je suis finalement tombé amoureux de Jungyu mais je refuse de me l’avouer ».
Yeonu – Crétin… -_-
Sangchan – Bonne soirée, à plus. Et oublie pas ce que je t’ai dit, veille bien sur mon Junie. ^3^
Yeonu – Je veille toujours bien sur mes employés.
Une moue attendrie se dessina sur le visage de Sangchan qui s’apprêtait à répondre lorsqu’on sonna à l’interphone. Il ouvrit sans même demander de qui il s’agissait et, après quelques instants, Haejoon poussa la porte de son appartement. Son cadet lui adressa son plus beau sourire et l’enlaça pour l’embrasser avec passion.
Il espérait qu’un jour Jungyu et Yeonu connaissent une relation pareille. Chacun méritait d’être enfin heureux et épanoui… et Sangchan savait qu’ensemble, ils parviendraient à surmonter le passé qui les hantait.
~~~
Lundi matin, Jungyu se réveilla la mort dans l’âme. Une douloureuse mélancolie s’était emparée de lui la veille au soir, alors qu’il venait de se coucher. Ses songes n’en avaient fait qu’à leur tête, il n’avait pas trouvé le sommeil, tournant et retournant sans cesse ses sentiments dans son esprit. Il avait tenté de se raisonner, de se répéter que l’amour n’apportait rien que la souffrance, qu’il était heureux seul. Mais ça n’avait servi à rien, à rien d’autre qu’à le tenir éveillé des heures durant.
Pour lui qui avait l’habitude de s’endormir dès lors qu’il s’allongeait, ça prouvait bien que quelque chose n’allait pas.
Il avait été dépité de constater qu’il s’était réveillé beaucoup plus tard qu’à l’accoutumée. Pire encore, il passa le reste de sa matinée sur internet au lieu de s’atteler à quoi que ce soit de productif ; il lui sembla avoir perdu son temps. Heureusement que Haejoon commençait aujourd’hui son travail en tant que performeur, Jungyu n’aurait pas trouvé le courage de remplacer Minwoo…
Le jeune garçon se prépara en début d’après-midi et se rendit au café, les écouteurs vissés à ses oreilles et les pensées ailleurs tandis qu’il marchait distraitement dans les rues de Séoul. Il espérait que son service lui donnerait au moins l’occasion de s’aérer l’esprit, même s’il savait d’avance qu’avec le tête-à-tête qu’il avait ensuite prévu avec Yeonu, ça s’avèrerait compliqué.
Lorsqu’il arriva au restaurant, Haejoon était déjà là, en avance et en train de discuter avec Doyeong dans la salle. Le maknae salua ses deux collègues ainsi que les autres qu’il avait repérés et il fila se changer. Wonseok s’y trouvait, assis à la table et son portable entre les mains, toujours habillé de son polo bleu.
« Bonjour, hyung ! » lança Jungyu avec un enthousiasme sincère.
Voir Wonseok lui rappelait que Minwoo et lui étaient désormais en couple, et ça le rendait à ce point heureux pour eux qu’il ne pouvait que sourire. Il avait tant espéré que ses deux amis finissent ensemble !
« Hey, Jungyu, comment tu vas ?
— Bien, et toi ?
— Idem, un peu fatigué mais ça va. D’ailleurs j’y pense : j’ai changé mon emploi du temps, comme ça je bosse les lundis matins mais je termine mon service là, en début d’après-midi.
— Ah, donc là t’as terminé pour aujourd’hui ?
— Ouaip, boulot fini, approuva Wonseok avec un air soulagé.
— Pourquoi t’as modifié ça ? Ça ne te convenait plus ?
— Non c’est pas ça, c’est juste que Minwoo dort jusqu’en fin de matinée, alors je préfère avoir mes après-midis de libres. »
Wonseok ne semblait même pas se rendre compte de tout le bonheur qu’on pouvait entendre dans sa voix. Il se sentait comme sur un nuage : depuis que Minwoo et lui sortaient ensemble, Wonseok revivait. Après la soirée de la veille en effet, il était retourné chez Minwoo qui avait préparé un succulent dîner pour Yunhee et lui.
L’aîné néanmoins avait dû partir au travail avant l’arrivée de son petit ami à qui il avait envoyé un SMS pour lui souhaiter bonne nuit. Wonseok était allé se changer et s’était couché dans le lit de son copain qui, en revenant un peu avant le lever du jour, s’était glissé à ses côtés. Réveillé par le mouvement, Wonseok s’était vite rendormi, mais seulement après avoir pris son compagnon dans les bras.
Wonseok ne s’était finalement levé que quelques heures plus tard, laissant Minwoo terminer sa nuit pendant qu’il se préparait. Il était juste venu réclamer un petit baiser avant de partir, baiser que son aîné avait été ravi de pouvoir partager avec lui, même s’il avait été furtif.
Minwoo d’ailleurs, en se réveillant à son tour, s’était demandé s’il n’avait pas rêvé la déclaration que son amant lui avait faite la veille, ça semblait trop beau pour être vrai. En allumant son portable toutefois, il avait vu un message envoyé par Wonseok qui lui avait confirmé qu’il n’avait rien rêvé :
Wonseok – J’espère que t’as bien dormi, chaton, je t’ai cuisiné le petit déjeuner, c’est sur la table. On se retrouve cet après-midi, je t’aime.
À peine debout, le jeune garçon avait senti son cœur cogner ses côtes et une chaleur agréable s’emparer de tout son être. Wonseok l’aimait…
Il lui faudrait sans doute du temps avant d’y croire.
« T’as l’air tellement épanoui, remarqua Jungyu, j’ai l’impression de ne pas faire face au même Wonseok que la semaine dernière.
— Ouais, c’est sûrement parce que c’est le cas. Je me sens différent en même temps que je saurais pas dire ce qui a changé.
— Minwoo-hyung, tout simplement. »
Wonseok laissa échapper un souffle amusé alors qu’il hochait la tête. Oui, Minwoo, tout simplement. Ce garçon débordant de tendresse et d’amour pour lui l’avait transformé. Jadis, Wonseok et lui baisaient de manière brutale, puis ces derniers temps leurs contacts étaient devenus plus affectueux, et finalement aujourd’hui ils se contentaient de se câliner et de s’embrasser sans aller plus loin. Et le jeune homme avait adoré ça, Minwoo lui avait fait découvrir les plaisirs de la douceur, plaisirs auxquels Wonseok n’aurait jamais cru sans lui.
Tout en Minwoo appelait à la délicatesse, depuis son corps maigre jusqu’à ses airs timides qui avaient poussé Wonseok à le comparer à un chaton. Son chaton. Plus que tout il aimait prendre soin de lui et lui prouver encore et encore à quel point il le chérissait, car alors Minwoo rougissait et se trouvait si gêné qu’il en ressemblait presque à Jungyu. Il était attendrissant à essayer de garder la face en envoyant des piques cyniques.
Les deux collègues se saluèrent. Une fois seul en salle de repos, Jungyu lâcha un soupir : si seulement quelqu’un pouvait le regarder avec les mêmes yeux que ceux de Wonseok lorsqu’il parlait de Minwoo. Il semblait si amoureux…
Jungyu se changea et entra en scène. Haejoon et Doyeong étaient occupés à servir des clients, leur cadet prit ses marques et leur donna un coup de main, adressant au passage un sourire bienveillant au copain de Sangchan qui le lui rendit.
Les deux performeurs eurent l’occasion d’apprendre à se connaître lors d’une interaction au cours de laquelle Haejoon attira avec douceur l’étudiant dans ses bras, le torse contre son dos. L’aîné en vérité, constatant qu’il l’intimidait, avait décidé d’oser le premier pas. Quelques mots avaient été échangés, la scène était restée brève mais avait permis à Jungyu de se sentir plus à l’aise avec Haejoon et de commencer à le percevoir non plus comme le compagnon de son meilleur ami mais comme un simple collègue.
Dès lors que chacun ici portait son polo bleu, ils n’étaient plus rien que des performeurs.
Une fois la journée terminée, Jungyu fut aidé par Doyeong et Insoo pour ranger la salle. Ses deux amis s’étaient rendu compte qu’il n’avait pas paru en grande forme cet après-midi-là, ils avaient voulu lui apporter un peu de soutien plutôt que de le laisser s’occuper de la fermeture seul.
« Merci encore pour votre aide, sourit le jeune homme une fois que tout fut propre, passez une bonne soirée. »
Ses collègues lui rendirent son salut et ils se séparèrent. Un énième soupir échappa à Jungyu une fois qu’il fut seul dans la salle. Il avait craint toute la journée ce face-à-face avec Yeonu…
Et désormais il frappait à la porte de son bureau.
« Entre, Jun. »
Jungyu franchit la porte qu’il referma derrière lui. Yeonu lui accorda son éternel sourire accueillant et bienveillant. Ce sourire qui poussait toujours son cadet à lui sourire en retour. Ce sourire qui aujourd’hui poussa Jungyu à baisser les yeux avec une moue embarrassée.
« J’imagine qu’on devrait commencer par discuter de tout ça, souffla Yeonu en quittant sa chaise pour marcher jusqu’à son canapé. Viens. »
Il tapota la place à côté de lui, son employé obéit.
« Je me suis rendu compte que j’ai pas été correct avec toi, avoua Yeonu en entremêlant ses doigts avec un air gêné. J’aurais pas dû t’embrasser et te laisser m’embrasser, c’était stupide de ma part. J’ai eu l’habitude de coucher avec des garçons qui ne voulaient rien de plus que du sexe, mais toi… t’es pas comme ça. Pour moi, un baiser ça ne veut plus dire grand-chose, alors que pour toi, c’est comme un véritable trésor. J’ai joué avec tes sentiments sans m’en apercevoir, simplement parce que j’aimais bien la façon que t’avais de m’embrasser.
« C’est légitime que t’aies cru que je commençais à tomber amoureux, j’aurais dû être plus clair quant à mes sentiments. Je m’en excuse. Mais te dénigre pas comme tu l’as fait : t’es un garçon génial, Jun, si je devais aimer quelqu’un, je suis convaincu que ce serait toi. T’es tellement beau, attachant, gentil et j’en passe. Ça me touche beaucoup que ce soit sur moi que ton regard s’est posé.
« Si tu veux qu’on reste de simples amis et qu’on arrête les rencards, y a pas de soucis. Je comprends que tu refuses que ça dure plus longtemps. Tant qu’on est toujours amis, je suis heureux. J’espère que tu le seras aussi. »
Il manqua de poser la main sur la cuisse de son cadet mais se ravisa. Il s’était toujours montré tactile, c’était naturel chez lui, toutefois à cet instant-là, il craignit que Jungyu ne prenne mal ce geste et le repousse. C’était d’ailleurs peut-être aussi de tels comportements qui avaient peu à peu amené Jungyu à croire qu’il l’aimait.
Jungyu justement, il inspira et chercha ses mots avant de se décider à avouer ce qui lui pesait sur le cœur et qu’il n’avait pas souhaité admettre par écran interposé. Quitte à être honnête, autant l’être en face à face.
« Je… tu sais, j’ai pas été vexé que tu me dises que tu ressens rien pour moi. J-Je suis habitué à ce que mes sentiments soient pas réciproques. Ce n’est plus un problème pour moi, il y a bien longtemps que j’ai compris que c’était comme ça et que je pouvais rien changer aux sentiments des autres. J-Je crois que… ce qui me fait le plus mal, c’est d’avoir espéré aussi longtemps, d’avoir cru que… ouais, que tu commençais à t’attacher à moi. Je crois que je suis comme ça : j’ai l’esprit un peu trop romantique, je vois ce que je veux voir et… et je croyais réellement que tu m’aimais de plus en plus, tout comme moi je t’aimais de plus en plus. Je me suis bercé d’illusions, j’ai été stupide. La chute fait mal, ouais, mais ça ira très vite mieux, faut pas en douter. Je suis habitué.
— Et tu veux vraiment pas qu’on se laisse deux semaines de plus ?
— À quoi ça nous avancerait ? Si tu m’aimes pas maintenant, c’est pas en quatorze jours qu’il risque de se passer grand-chose…
— On ne se connaît que depuis trois mois, beaucoup de choses peuvent changer en deux semaines.
— S’il te plaît, j’ai pas envie de prolonger ça, d’espérer encore. Arrêtons là. L’idée de Chan aura au moins eu le mérite de me permettre de ne plus être gêné quand je suis avec toi, en revanche je ne veux plus qu’on se comporte autrement que comme des amis.
— Je comprends… c’est d’accord. Mais je te préviens, même avec mes amis je suis tactile, lui rappela Yeonu sans dissimuler son rictus malicieux.
— Je m’en étais déjà rendu compte, répliqua Jungyu amusé.
— Bon, maintenant que tout est clair on peut se remettre au boulot ? On a une maquette à terminer, que je sache. T’as amené la couverture de ton roman ?
— O-Oui, opina Jungyu en ouvrant son sac à dos pour en tirer sa clé USB, elle est là.
— Parfait. Je vais chercher l’ordi j’arrive. »
Jungyu opina et regarda son aîné se redresser et quitter le canapé pour aller au bureau sur lequel avait été abandonné l’appareil. Il revint s’installer près de son cadet et plaça son ordinateur sur ses propres genoux avant de tendre la main pour demander en silence à Jungyu de lui donner sa clé. L’étudiant s’exécuta et ils travaillèrent à la maquette de son roman.
« Faut redimensionner, indiqua Yeonu, ta couverture est trop haute, ça passera pas sur la maquette.
— Tu sais la remettre au bon format ?
— Ouaip, t’inquiète. Faudra juste couper un peu, c’est pas proportionnel. »
Jungyu hocha la tête, impressionné de constater à quel point Yeonu paraissait à l’aise avec toutes les instructions de l’imprimeur. Le jeune gérant agissait avec toute la confiance qui le caractérisait. Il n’hésitait jamais bien longtemps, s’attirant sans le savoir toujours un peu plus l’admiration de Jungyu qui se maudissait de ne pas pouvoir contrôler les élans de son cœur.
Après s’être assuré que la couverture se conformait aux normes, Yeonu s’attela à la mise en page du roman qu’il vérifia en entier de peur qu’un détail ne lui ait échappé la semaine précédente. Il n’adressa d’ailleurs pas la moindre remarque à Jungyu au sujet du titre du livre ni de son pseudo qu’il avait pu découvrir alors même que l’étudiant les lui avait intentionnellement cachés. Il savait que son cadet craignait qu’il ne trouve ses autres ouvrages, et il était pour lui hors de question d’aller chercher son compte sans son autorisation. Si Jungyu ne voulait pas qu’il lise ses travaux, soit, il ne les lirait pas.
Même s’il en avait très envie.
« Bon, je crois qu’on a fini pour aujourd’hui, déclara enfin Yeonu non sans fierté. Je pense que la semaine prochaine, on pourra lancer l’impression de deux exemplaires.
— C’est vrai ? Dès la semaine prochaine ?
— Ouais, on devrait les recevoir sous sept jours, donc dans deux semaines à tout casser, tu pourras tenir ton livre entre tes mains.
— Ça va être énorme…
— Je te le fais pas dire, j’ai vraiment hâte de le mettre dans notre bibliothèque. En plus, t’as fait un super boulot, la couverture est super jolie. Elle va trop bien avec ton histoire et elle donne envie. Je suis impatient de voir un client prendre ton roman et en feuilleter les premières pages.
— Et moi donc, approuva Jungyu d’un acquiescement, j’arrive toujours pas à y croire, même avec notre maquette quasiment achevée sous les yeux. Enfin… tu te rends compte ! Tous ces mots que j’ai tapés sur un clavier… je vais les avoir entre les mains ! Ils ne seront plus un banal fichier que je balade sur ma clé USB, ils seront imprimés sur de vraies pages !
— Et ce sera totalement mérité, t’as vraiment du talent avec les mots, je suis admiratif.
— Merci beaucoup. »
Les deux amis échangèrent un regard et Yeonu s’apprêtait à éteindre son ordinateur quand Jungyu l’en empêcha.
« A-Attends, bégaya-t-il avant de se mordre la lèvre sous l’appréhension.
— Qu’est-ce qu’il y a ? On a oublié quelque chose ?
— Non, non, mais… est-ce que je peux juste te passer un autre livre ? C’est… c’est mon dernier roman. Il est pas fini et je n’ai corrigé que les chapitres que j’ai postés sur internet, alors ils sont pas tous très propres, j’ai pas…
— Jun, du calme, je suis sûr qu’il est encore plus génial que celui que tu m’as déjà fait lire. Je suis heureux que tu me proposes de le lire, j’adorerais le découvrir.
— Oh… d’accord, alors dans ce cas, je peux… ? »
Il tendit sa clé USB sans finir sa phrase, les joues rougies sous l’effet de la gêne. Cette fois, il n’avait même pas compté jusqu’à trois avant de proposer ça à Yeonu, car il était convaincu qu’à deux, il aurait fait machine arrière et se serait rétracté. Déjà il avait perdu toute la confiance qui l’avait aidé à offrir à son aîné de découvrir son dernier écrit.
Celui qui contenait des scènes à caractère sexuel. Devait-il en parler à Yeonu ? Les romans et mangas yaoi dont disposait le café étaient pour la majorité des histoires tout public, alors Yeonu ne s’attendait sans doute pas à ce que Jungyu lui fasse lire un ouvrage avec des passages érotiques. Mieux valait le prévenir dès maintenant, non ?
« Au fait, hyung… euh… ce livre, il…
— Détends-toi, Jun, le rassura Yeonu en lui tendant l’ordinateur portable pour qu’il y colle son récit. Je suis sûr que je vais beaucoup l’apprécier.
— J-Je l’espère, mais… en fait il fallait juste que je te prévienne… »
Désormais cramoisi – rouge si vif que Yeonu jurerait que c’était la même teinte que lorsque Jungyu lui avait avoué ses sentiments –, le jeune performeur ne parvenait qu’à balbutier de manière incohérente. Il se sentait si embarrassé !
« T’es sûr que ça va ? s’inquiéta Yeonu après une nouvelle hésitation de son employé. Te sens pas obligé, hein, je…
— Y a des scènes érotiques, » lâcha Jungyu sans réfléchir une seconde de plus.
Il plongea aussitôt la tête entre ses mains, son visage s’était rarement tant empourpré. Yeonu écarquilla les yeux à cette révélation. Il s’était douté que c’était peut-être ça, la raison de la volonté de Jungyu de ne pas lui montrer ses autres livres, mais il s’était ensuite trouvé stupide de croire à quelque chose de tel. Il s’était alors dit que Jungyu demeurait trop timide pour lui présenter des œuvres dans lesquelles il s’était plus investi que ce petit bouquin qu’ils ne tarderaient plus à imprimer.
Jungyu, mort de honte, voudrait pouvoir s’enterrer. L’ordinateur sur les genoux, il se sentait incapable de retirer les mains de son visage. Le temps lui paraissait figé ainsi, et il n’était pas obligé de voir Yeonu. Ce dernier devait sans doute être mortifié : un gamin comme lui qui écrivait des scènes explicites alors même qu’il n’avait jamais rien connu de l’amour. C’était ridicule, non ? Comment pouvait-il décrire de façon juste les sensations que procurait l’acte si lui-même ne les avait jamais vécues ?
Et puis… qu’est-ce que Yeonu allait penser de lui ? Allait-il le percevoir comme un garçon qui ne s’intéressait qu’au sexe ? Ce serait commettre une grosse erreur, ses histoires ne tournaient jamais autour de ça. Ce n’était pas tant du sexe que de l’affection et d’une parfaite osmose des âmes qu’il cherchait à parler. Chaque passage explicite représentait, à ses yeux, un vaste océan de sentiments dans lequel ses personnages se noyaient avec plaisir, submergés par des émotions indicibles.
Lorsque ses protagonistes faisaient l’amour, il s’agissait de l’apothéose de leur relation, preuve de la puissance de leur passion qui ne pouvait plus s’exprimer qu’à travers l’union des corps. Alors non, pour lui, ce n’était pas qu’un passage explicite, ça signifiait bien plus que ça.
Quel serait l’avis de Yeonu ? Il allait le juger, n’est-ce pas ?
Yeonu ouvrit les lèvres, prêt à lâcher un « sérieux ? » qu’il retint de justesse : bien sûr que Jungyu était sérieux, jamais il ne plaisanterait à ce sujet – son visage cramoisi en témoignait. Le jeune homme esquissa un sourire attendri et passa une main rassurante sur le dos de son cadet.
« C’est pas un souci, affirma-t-il, au contraire je suis sûr qu’avec ta sensibilité et ton caractère, t’as écrit les plus belles scènes de sexe que je puisse lire. Je suis déjà tombé sur des livres érotiques, mais j’avais trouvé ça trop… trop centré sur les actes. Tel que je te connais et avec ce que j’ai déjà lu de toi, je suis convaincu que c’est les sentiments que t’as développés, je me trompe ?
— Non, murmura Jungyu sans écarter son visage de ses paumes, c’est bien ça. Après, je… j-je sais pas trop ce que ça vaut, hein…
— Je te dirai ce que j’en penserai avec honnêteté, t’en fais pas. En attendant, retire ce joli minois de tes mains, t’as pas à avoir honte ou à vouloir te cacher.
— Tu trouves pas ça stupide que j’écrive des scènes pareilles ? s’inquiéta l’étudiant en relevant enfin le visage vers celui de son ami pour tenter d’y lire de la moquerie qu’il n’y décela cependant pas.
— Bah non, répliqua Yeonu en haussant les épaules. Pourquoi ce serait stupide ? Chacun écrit ce qu’il veut…
— Oui, mais… j’ai jamais… enfin, tu sais quoi…
— Donc sous prétexte que t’as jamais couché avec quelqu’un, tu penses que je pourrais trouver ça idiot que t’écrives des scènes de sexe ? »
Toujours aussi empourpré, Jungyu hocha la tête alors même qu’il l’avait rentrée dans ses épaules, embarrassé de cette conversation.
« C’est ridicule, rétorqua Yeonu avec douceur. Donc tu crois qu’il faut absolument avoir vécu ce qu’on écrit pour avoir le droit et la légitimité de le raconter ? Bah putain, heureusement que t’écris pas de la fantasy, tu pourrais pas raconter grand-chose. C’est pas à Séoul que tu pourras te balader sur le dos d’un dragon ou combattre un sorcier à l’aide de pouvoirs légendaires. D’après toi, ça sert à quoi l’imagination ?
— Mais c’est pas pareil, râla Jungyu malgré le sourire amusé que les remarques de Yeonu avaient fait naître sur son visage.
— Et en quoi c’est différent ?
— Bah… je sais pas mais c’est différent.
— En toute honnêteté, Jun, mon argumentation était un peu meilleure que la tienne. Conclusion ?
— T’as raison, admit Jungyu en roulant des yeux.
— J’aime te l’entendre dire. »
Vaincu, Jungyu reporta son attention sur l’écran devant lui. Le contenu de sa clé USB était ouvert face à lui. Dans un soupir qui lui permit de reprendre courage, il déplaça son roman sur le bureau de Yeonu. Il ne tarda ensuite pas à retirer son périphérique et le rangea dans son sac pendant que son patron cliquait sur le document qu’il venait de coller.
« Oh putain, y a vraiment autant de pages ? Et t’as pas encore fini ? Ouah, t’es sacrément productif quand tu t’y mets !
— O-Ouais, bégaya son cadet gêné qu’il découvre son livre avant son départ. Quand je suis bien lancé, je m’arrête pas…
— T’es plutôt du genre slow burn ?
— Ouais.
— Ça m’étonne pas de toi. J’ai hâte de lire ça, j’essaierai de finir avant la semaine prochaine pour te donner mon avis dessus.
— Ça presse pas… enfin, prends ton temps. »
Incapable de regarder son ami dans les yeux, Jungyu avait sorti son portable afin de se concentrer sur autre chose pendant qu’il parlait. Yeonu, amusé de cette réaction, opina avant de répondre.
« Pas de soucis. J’imagine que tu vas devoir y aller, il se fait tard.
— Ouais je… je vais y aller.
— Passe une bonne soirée, à jeudi.
— À jeudi. »
Sans attendre un instant de plus, Jungyu balança son sac sur son épaule et partit si vite que Yeonu éprouva plutôt la sensation qu’il s’enfuyait.
L’écrivain, désormais en train de marcher dans la rue, essuya d’un geste tremblant ses mains moites sur son pantalon. Son sang circulait à toute allure jusque dans ses joues cramoisies et il arborait une mine déconfite : comment pouvait-il ne pas tomber amoureux face à quelqu’un comme Yeonu ? Il se montrait toujours si compréhensif et si bienveillant, ses sentiments lui semblaient plus forts chaque fois qu’il sortait d’un moment seul à seul avec lui.
Pourvu que son cœur finisse par revenir à la raison…
Minwoo poussa la porte de son appartement et la referma sans un bruit. Il retira ses chaussures puis se débarrassa de son sac avant de se rendre à la cuisine qu’il fut surpris de trouver allumée. Une mine attendrie naquit cependant sur ses lèvres lorsqu’il y découvrit Wonseok, assis sur une chaise, les bras croisés sur la table et la tête enfoncée dedans. Il dormait.
« Wonseok-ah, murmura-t-il en posant la main sur son dos sur lequel il effectua une légère pression. Réveille-toi, c’est pas un endroit pour dormir. »
Son rayon de soleil ouvrit péniblement les yeux, dérangé dans son sommeil. Ses paupières clignèrent quelques instants et, lorsqu’il vit son petit ami, il lui adressa un sourire malgré sa moue endormie. Il bâilla et s’étira avant de parler d’une voix plus rauque que d’habitude.
« Je me suis réveillé vers quatre heures, expliqua-t-il, du coup je me suis dit que je pourrais venir t’attendre ici. Mais je crois que je me suis assoupi…
— Effectivement, sourit l’autre en lui tendant la main. Allez, retourne te coucher, je file me changer et j’arrive. »
Wonseok acquiesça et attrapa sa main. Minwoo l’aida à se redresser puis éprouva un soudain coup de chaud en remarquant que d’une part son amant s’était mis torse nu – chose habituelle cependant – et que d’autre part, le jogging qu’il portait, c’était le sien. Minwoo l’avait commandé sur internet et il s’était avéré trop grand pour lui. Il ne l’enfilait que de temps en temps pour la nuit, gêné de devoir former des ourlets s’il ne voulait pas marcher dessus.
Voir Wonseok avec, ça lui réchauffait le cœur en même temps que ça l’amusait : trop long pour lui, le pantalon se révélait en revanche tout à fait à la taille de son petit ami. Ce dernier néanmoins ne s’aperçut pas du regard lascif de son compagnon sur lui ni de son corps partiellement dénudé : il se dirigea d’un pas lourd dans la chambre.
Minwoo se hâta de se changer et de se laver les dents pour le rejoindre. Il revint en toute discrétion : si Wonseok était sans doute encore réveillé, Yunhee pour sa part dormait à cette heure. Car maintenant qu’ils étaient en couple, c’était presque toujours Wonseok qui venait chez lui et non plus l’inverse – ce qui expliquait aussi le fait qu’ils ne couchent plus ensemble : sa sœur n’était séparée d’eux que par un mur.
Le jeune garçon referma la porte et dirigea aussitôt son regard sur la masse installée sous son drap. Sur le ventre, Wonseok était étalé sur le matelas et prenait à lui seul l’essentiel de la place. Il bougea et ouvrit les yeux en se tournant vers son copain. Parce que la lune était pleine, la pièce baignait dans une obscurité tamisée qui permettait d’y voir.
Minwoo lui adressa un sourire et vint s’allonger pendant que l’autre s’installait sur le flanc en l’observant le rejoindre. L’aîné souleva le drap et s’étendit, ouvrant les bras pour y accueillir son petit ami qu’il n’avait jamais connu si affectueux que depuis qu’ils sortaient ensemble – à croire que l’amour l’avait rendu aussi guimauve que lui, chose qui lui plaisait plus que tout. Wonseok donc se lova contre lui et soupira de satisfaction lorsque Minwoo l’enlaça en lui embrassant le front.
« Je vais finir par t’appeler « chaton » aussi si ça continue, le taquina-t-il à voix basse.
— Y a qu’un chaton ici et c’est toi. »
Minwoo sourit, quant à son amant, il passa une jambe par-dessus les siennes pour resserrer leur étreinte. Blottis l’un contre l’autre, ils se moquaient d’avoir trop chaud. Ce qui comptait, c’était qu’ils restent ensemble. Ce fut cependant une chaleur bien différente qui les poussa à rouvrir les yeux lorsque, dans un mouvement pour se caler un peu mieux contre son cadet, Minwoo avait par accident heurté son bassin avec le sien.
Il n’en fallut pas plus aux deux garçons pour échanger un regard lascif : plus d’une semaine qu’ils ne s’étaient pas touchés, entre ça et leur malencontreux contact, il avait suffi de peu pour leur donner envie.
« Hyung… recommence, » souffla Wonseok qui blottit la tête dans son cou.
Minwoo obéit, tout à coup hypnotisé par le désir. Il donna un simple coup de reins qui les fit frémir et provoqua au creux de leur bas-ventre le besoin de plus. Minwoo avait senti un frisson remonter sa colonne vertébrale pour transporter le plaisir dans tout son corps. Wonseok quant à lui ne chercha pas à retenir un gémissement discret que seul son amant put saisir.
« Encore, susurra-t-il ensuite.
— T’es crevé, lui reprocha tout bas Minwoo, ce sera pour plus tard.
— Mon corps est tout mou mais ma bite est toute dure. S’il te plaît…
— Tu changeras jamais… D’accord, mais on va pas plus loin que ça.
— Ça me suffit largement pour jouir. »
Minwoo roula des yeux avant de se dégager avec délicatesse de l’étreinte de son cadet qui le laissa faire. D’un geste, il le poussa à s’allonger sur le dos et le chevaucha, les jambes de part et d’autre des siennes. Il posa les mains sur son torse et approcha tant le visage du sien que leurs deux souffles se mêlaient. Wonseok avait les paupières mi-closes et observait à travers ses cils les traits parfaits de celui qui lui appartenait désormais – et comment n’avait-il pas pu vouloir qu’ils s’appartiennent plus tôt ?
Minwoo captura ses lèvres en même temps qu’il donnait un premier coup, arrachant à Wonseok un soupir de satisfaction. Chacun sentit le plaisir grandir peu à peu, s’épanouir en lui jusqu’à stimuler son sexe qui, malgré les vêtements qui le couvraient, prenait du volume. Wonseok demeurait immobile tandis que son copain agitait sans se brusquer ses hanches contre les siennes, les yeux fermés et la bouche accrochée à la sienne.
Ils échangeaient un délicat baiser auquel ils ne coupèrent court que pour soupirer une fois de plus. Conscients qu’il leur fallait rester discrets, ils mettaient tout en œuvre pour contenir leur voix malgré la volupté qui refermait ses griffes sur eux à la manière d’un démon de luxure.
« Ah… hyung, enlève-moi… enlève-moi mon jogging… je veux pas éjaculer dedans. »
Le jeune homme obéit : il s’assit sur les cuisses de son compagnon et bascula sur le côté pour lui retirer de manière précipitée son bas. Désormais tous deux en caleçon, ils reprirent au plus vite leur activité. Figé, les bras enroulés autour de la nuque de son petit ami, Wonseok avait les yeux fermement clos. Son cœur tambourina contre ses côtes lorsque Minwoo recommença ses mouvements sensuels contre lui.
Enfin débarrassé du pantalon de son copain, Minwoo sentait de façon bien plus prononcée l’érection naissante de Wonseok contre la sienne. Appuyé sur ses avant-bras, il cala le visage dans le cou de son amant sur lequel il déposa quelques baisers entre deux soupirs. Son esprit lui semblait embrumé par le plaisir. Ce n’était pas grand-chose, il se contentait de se frotter contre Wonseok, pourtant cette proximité, maintenant qu’ils s’aimaient, lui donnait des ailes.
Chaque sensation était accentuée par le simple fait de savoir ses sentiments réciproques. Chaque baiser que Wonseok lui accordait lui paraissait déborder d’une émouvante sincérité. Minwoo en avait conscience : jusque-là, il n’avait embrassé que des garçons qui ne l’aimaient pas, comme chaque fois qu’il avait couché avec Wonseok.
À présent, il se régalait du moindre baiser qui lui était offert ; chacun contenait l’aveu de Wonseok, ce « je crois que je t’aime » qui avait retourné Minwoo et dont il ne s’était toujours pas remis. Trop d’émotions naissaient de ces contacts affectueux, et plus encore se mêlaient dans ces frictions lascives que Minwoo avait initiées.
Les langues s’ajoutèrent à l’échange de manière passionnée, le bruit en vint même à surpasser celui des frottements de leurs vêtements et des légers grincements du lit. C’était savoureux, Minwoo raffolait de ces assauts que sa langue subissait et se délectait de sentir celle de son copain jouer avec la sienne. Il retrouvait dans ce baiser la sauvagerie dont Wonseok avait toujours témoigné durant leurs ébats, pourtant la douceur dominait. Le jeune homme cajolait avec tendresse la langue humide et brûlante de celui qu’il chérissait.
Se maintenant sur un seul bras, Minwoo caressa du bout des doigts le torse nu de son cadet qui se mordit la lèvre pour éviter de lâcher un couinement de plaisir. Désormais cambré, Wonseok peinait de plus en plus à contenir ses émotions. Minwoo quant à lui éprouvait la sensation que sa peau s’enflammait, tout son être était devenu un agréable brasier dans lequel il se consumait avec bonheur.
Il n’arrivait pas à imaginer à quel point la première fois qu’ils feraient l’amour serait spéciale. Car elle le serait, il en était convaincu. Les simples caresses qu’ils se procuraient lui apportaient plus de plaisir que les furieux coups de reins que Wonseok avait jadis infligés à sa prostate.
« Ah… Wonseok-ah…
— Continue, hyung, c’est tellement bon… »
Accroché à lui comme à la vie, Wonseok balançait désormais son bassin lui aussi. Minwoo, parce qu’il ne parvenait plus à retenir ses gémissements, décida de les taire en plaquant la bouche contre la clavicule de son copain. Il suçota son épiderme de manière fiévreuse sans cesser de se déhancher contre lui, frottant contre la sienne son érection qui grandissait.
Leur caleçon avait beau les empêcher de ressentir à même la peau chaque contact, ils s’en délectaient. Minwoo goûtait avec bonheur à celui qui lui appartenait désormais, et ses longs doigts fins poursuivaient leurs caresses.
« Hyung… hyung, je… putain… »
La respiration saccadée, Wonseok peinait à parler. Min-woo sentait le corps sous ses doigts se couvrir petit à petit d’une très fine couche de transpiration. La température de leur épiderme grimpait aussi vite que celle de la pièce. Chaque coup de hanches les rapprochait un peu plus de l’orgasme, le bas-ventre de l’aîné s’affolait.
Ce fut lui qui vint le premier. Incapable de retenir son râle, il mordit l’épaule de son cadet qui, à cette douleur fulgurante à laquelle se mêlait le plaisir, jouit à son tour dans un cri silencieux, les lèvres entrouvertes. Tous deux éprouvèrent la même sensation : leur cœur leur parut devenir une bombe prête à imploser. Leur corps en subit la retentissante explosion et, alors qu’ils éjaculaient tous deux dans leur sous-vêtement, le temps sembla suspendu.
Minwoo continuait ses coups de façon mécanique, il ne contrôlait plus rien. Wonseok s’accrochait à lui, la respiration courte et les yeux clos tandis que son orgasme se calmait.
Eux qui se sentaient déjà si heureux l’un avec l’autre, ils furent convaincus d’avoir atteint les cieux de la félicité. Un lourd plaisir coulait dans leurs veines et se répandait jusque dans le moindre recoin de leur être.
Tous leurs muscles ensuite lâchèrent en même temps. Jusque-là contracté et cambré, Wonseok relâcha son corps fatigué. Minwoo quant à lui se laissa retomber en douceur sur son copain, incapable de se tenir plus longtemps au-dessus de lui sur un bras.
Cet instant entre eux n’avait duré que quelques minutes, quelques minutes pendant lesquelles ils n’avaient pas dépassé de fiévreux baisers et des mouvements de hanches. Pourtant…
« Ouah, c’était dingue, souffla Wonseok.
— Je… je te le fais pas dire, murmura Minwoo qui cherchait à reprendre son souffle.
— T’as aimé ?
— Quelle question, bien sûr que oui.
— Tu peux m’apporter un caleçon de rechange ?
— J’y vais, ricana le jeune garçon en se relevant. J’imagine que t’auras pas non plus la force de te lever pour te nettoyer.
— T’imagines bien, merci. »
Il tendit les lèvres et Minwoo, déjà debout devant le lit, se pencha pour lui offrir le petit baiser qu’il attendait. Le geste tira un sourire à Wonseok qui ne pouvait pas s’empêcher de songer que la bouche de son aîné avait un goût bien plus agréable depuis qu’ils s’étaient mis en couple. Elle était toujours aussi douce, elle l’embrassait toujours de la même façon et Minwoo y exprimait toujours les mêmes sentiments. Pourtant, Wonseok trouvait ça différent, très différent. C’était tellement meilleur.
Minwoo se rendit à la salle de bains pour récupérer un gant de toilette qu’il humidifia d’eau chaude, puis il alla à son armoire chercher deux caleçons propres. Il se changea le premier puis rejoignit son petit ami. Allongé sur le lit, Wonseok le laissa lui retirer son dernier vêtement. Minwoo donc s’agenouilla près de lui et le lui enleva sans la moindre difficulté – ils étaient après tout habitués à se déshabiller l’un l’autre.
Une fois son amant nu, Minwoo traîna son regard sur son corps qu’il trouvait magnifique, mis en valeur par la pâle lueur de la lune qui lui donnait l’air presque irréel.
« T’es toujours aussi beau, Wonseok-ah.
— Tu l’es aussi. Depuis que t’as recommencé à manger t’es tellement plus beau.
— Je t’aime.
— Moi aussi je t’aime. »
Minwoo le nettoya en vitesse puis lui enfila un boxer propre. Il alla ranger le gant de toilette dans la salle de bains et, lorsqu’il revint, ce fut pour s’allonger auprès de son cadet. Il allait rabattre la couverture quand il en fut empêché par Wonseok.
« Hyung, tu peux me mettre ton jogging aussi ? Je veux dormir avec…
— Et tu peux pas le mettre tout seul ? se moqua Minwoo.
— Je préfère que ce soit toi qui le fasses. »
C’était beaucoup trop adorable pour que son copain refuse, le jeune homme avait toujours rêvé de prendre soin de son amant de cette façon. Le câliner et être câliné en retour, le cajoler sans avoir besoin de dissimuler ses sentiments, s’occuper de lui tout comme Wonseok s’était tant occupé de lui ces dernières semaines. Il aimait que Wonseok n’ait pas honte de se montrer vulnérable face à lui.
Avec un air amusé malgré le fait qu’il lui fallait se relever, Minwoo se redressa et attrapa le jogging qui traînait au pied du lit. Wonseok ne retint pas un rictus malicieux en voyant son aîné lui enfiler le pantalon, et une fois qu’ils furent tous les deux enfin prêts à dormir, la couverture rabattue sur leurs deux corps, ils témoignèrent du même réflexe de se rapprocher l’un de l’autre. Minwoo ne pouvait plus se passer de leurs étreintes nocturnes.
Il ferma les yeux, serrant Wonseok contre lui. Un baiser fut déposé avec délicatesse sur ses lèvres et il eut à peine le temps d’en sourire de bonheur que déjà une lourde torpeur s’emparait de son être.
Avant que Wonseok et lui ne sortent ensemble, Minwoo était habitué à lutter contre le sommeil pour profiter le plus longtemps possible des bras de son amant autour de lui. C’était après tout quelque chose de si exceptionnel, il ne pouvait pas se résoudre à s’endormir trop tôt. Désormais pourtant, ce qui semblait jadis exceptionnel était devenu leur simple rituel pour la nuit. Chaque fois que l’un était fatigué, il venait trouver du réconfort dans l’étreinte de l’autre.
Ainsi, apaisé à l’idée que les bras amoureux qui enserraient sa taille ne disparaîtraient pas une fois le soleil levé, Minwoo accueillit avec bonheur la torpeur qui l’emporta aussi vite qu’elle emporta son petit ami.
« Wonseok est déjà parti au boulot ? s’enquit Yunhee qui ponctua sa phrase d’un bâillement bruyant.
— Ouaip, confirma son frère. Bien dormi ?
— Ouais tranquille. À part vos gémissements vaguement discrets cette nuit, mais bon, j’imagine qu’on a tous des besoins à assouvir tôt ou tard.
— Hein ? »
Minwoo releva aussitôt la tête de son verre d’eau, les pommettes rougies à l’idée d’avoir compris ce que sa sœur disait. Celle-ci, encore en pyjama, s’installa face à lui dans un soupir fatigué. Elle attrapa le bol de riz que son frère lui avait préparé et commença à manger sans se préoccuper du regard inquisiteur de Minwoo sur elle.
« T’es sérieuse ? reprit-il donc. Tu nous as vraiment entendus ?
— Bah si je sais que vous avez couché ensemble dans la nuit, ça veut dire que oui, je vous ai entendus.
— On n’a pas couché ensemble…
— Je veux pas savoir, vous faites ce que vous voulez, c’est pas mes affaires, mais faites-le discrètement à l’avenir si possible.
— O-Ouais, désolé.
— T’excuse pas. »
Son ton tout à coup attendri poussa Minwoo à relever les yeux de son bol sur lequel il les avait baissés, honteux. Yunhee le fixait avec dans le regard tout l’amour du monde.
« Je peux pas vous en vouloir, affirma-t-elle, je suis trop contente que vous soyez ensemble. Tu mérites tellement d’être heureux, je peux même pas dire à quel point je suis ravie de voir que tout commence à tourner en ta faveur. Je t’avais pas vu aussi serein et souriant depuis plusieurs mois, tu peux pas imaginer à quel point ça me fait plaisir. »
Les yeux brillants, Yunhee se mordit la lèvre inférieure pour contenir son sourire. Minwoo tendit la main par-dessus la table, elle la lui prit et ils échangèrent un long regard qui en disait bien plus que les mots. Les prunelles de Minwoo exprimaient l’espoir de lendemains heureux, quant à celles de Yunhee, elles débordaient d’affection et de reconnaissance pour son frère qui avait tout sacrifié pour elle et se trouvait aujourd’hui récompensé pour son immense générosité.
Il méritait à ses yeux mille fois plus que tout ce que le monde avait à offrir, Minwoo était doué d’un altruisme exacerbé qui le poussait à donner sans jamais attendre en retour. Sa petite sœur songeait souvent que si elle possédait ne serait-ce qu’un millième de sa gentillesse, elle pourrait déjà s’en réjouir. Il l’ignorait, mais il était son modèle et l’avait toujours été.