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Sonate, c'est un recueil de cinq nouvelles boy's love : « Sonate », « Son sourire angélique », « L'anneau d'argent », « Au prochain lever de soleil » et « Jusqu'au bout ». Leur point commun ? La tragédie, et l'émotion que peut susciter une chute - qu'elle soit prévisible ou non. D'abord publiées en ligne, c'est finalement en format papier que ces histoires voient le jour, de sorte que chacun puisse les redécouvrir d'une autre manière.
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Seitenzahl: 172
Veröffentlichungsjahr: 2021
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À chacun de ceux qui m’ont encouragée, qui m’ont permis de me dépasser, et qui, à leur manière, sont aussi derrière ce livre.
Et à l’une des plus merveilleuses personnes que je connaisse, celle de qui l’avis est le plus important à mes yeux, ma petite soeur.
Avant-propos
Sonate
Son sourire angélique
L’anneau d’argent
Au prochain lever de soleil
Jusqu’au bout
Notes
Ces nouvelles sont à l’origine des récits postés sur la plateforme d’écriture Wattpad. Il s’agit de fanfictions, de fait il m’a fallu modifier les noms des protagonistes. En revanche, puisque je suis une personne fainéante, je les ai modifiés mais sur l’ensemble du livre. Autrement dit, il y a des noms qui reviennent dans plusieurs récits, même si ces derniers n’ont aucun lien les uns avec les autres.
Le Jihwan de Sonate, par exemple, n’est pas celui de Son sourire angélique. Il n’y a aucune continuité entre ces histoires.
Je m’excuse et espère quand même que cela ne sera pas une gêne à la lecture.
Jihwan poussa un long soupir puis, dans un geste qui traduisait son anxiété, il laissa sa main se promener quelques instants dans ses cheveux et replaça correctement une mèche qui n'avait pas besoin de l'être. Il planta les mains dans les poches de son sweat puis jeta quelques regards autour de lui, comme s'il voulait à tout prix fuir cet endroit sinistre.
Il n'y avait pourtant rien de lugubre ici, le grand bâtiment était coloré d'un blanc cassé et le parc qui s'étendait derrière Jihwan témoignait de l'automne qui approchait à pas rapides : déjà l'ocre, l'orange et le rouge recouvraient les frondaisons et au sol s'échouaient régulièrement de pauvres feuilles mortes. Pourtant Jihwan trouvait que cette saison était la plus belle, car lui ne voyait pas la nature mourir, il la voyait s'endormir paisiblement en se revêtant de couleurs flamboyantes pour préparer son retour magistral au printemps suivant.
Il serra les poings, une expression soucieuse sur le visage, ses sourcils tristement froncés, et il poussa la porte juste devant lui. Le rez-de-chaussée de l'établissement était dénué de vie, comme toujours lorsqu'il arrivait ici. Cela faisait à présent près d'un an que trois fois par semaine, il venait sans relâche avec la même appréhension au ventre, la même crainte qu'il tentait de faire taire tant bien que mal sans jamais y parvenir, les mêmes larmes qu'il retenait avec de plus en plus de mal.
Comment allait-il l'accueillir cette fois-ci ?
Il appuya sur le bouton pour appeler l'ascenseur et l'attente fut tout aussi longue qu'à l'accoutumée, du moins du point de vue du jeune homme. Lorsqu'il put enfin y mettre les pieds, il demanda automatiquement le troisième étage et, quand l'appareil se ferma, le jeune homme poussa un long soupir avant de s'adosser au mur et de lever la tête vers le plafond. Cette odeur de vieillesse qui, au début, l'avait légèrement dérangé était désormais quelque chose à quoi il s'était habitué.
Quand l'ascenseur se stoppa, il en sortit pour ensuite s'arrêter devant la porte d'un petit sas qui lui faisait face. N'importe qui pouvait entrer par le côté où se trouvait Jihwan, mais il fallait demander à quelqu'un de l'aide pour sortir, puisque seuls les infirmiers avaient la clé.
Lorsqu'il poussa la large porte, un long couloir éclairé par de grandes fenêtres qui donnaient sur le parc s'étendit devant lui. Tout semblait serein et calme, l'atmosphère était détendue. De multiples sièges étaient installés sur le côté, de sorte à ne pas gêner le passage ; des téléviseurs diffusaient en continu des images devant lesquelles de vieilles dames se complaisaient paisiblement. Il passa devant elles et les salua rapidement une à une d'un geste de la main, empruntant mécaniquement le chemin qu'il prenait toujours. Certaines femmes le regardèrent, l'air un peu déboussolé, tandis que d'autres lui rendirent son salut dans un sourire, contentes de revoir ce mignon jeune garçon qu'elles avaient fini par apprécier.
Arrivé devant la porte de la chambre, il marqua un nouvel arrêt et soupira longuement, les yeux baissés vers le sol. C'était à la fois une épreuve et un soulagement de venir lui rendre visite, mais il tenait à profiter de lui avant de ne plus pouvoir lui parler, du moins plus comme avant.
Il toqua à deux reprises à la porte ; une voix éraillée à l'intérieur l'invita à entrer. Jihwan obéit. Il le vit assis sur son lit, habillé mais l'air fatigué : il venait de se réveiller.
Le temps avait marqué son corps comme s'il voulait montrer l'emprise qu'il avait sur lui : ses cheveux étaient colorés d'un gris terne, sur tout son visage s'étendaient de profondes rides et ses yeux qui semblaient avoir tout vu des choses de la vie étaient cernés par l'épuisement que cela lui avait causé. Son corps était maigre, il paraissait faible alors même qu'il était particulièrement vigoureux à peine six ou sept ans plus tôt. On aurait pu croire qu'il ne se nourrissait plus bien que c'était faire fausse route, l'âge lui volait simplement peu à peu ce dont la jeunesse lui avait fait cadeau.
« Jihwan, mon chéri, je suis content de te voir. »
Le vieil homme se leva afin de prendre son petitfils dans ses bras. Ce dernier lui rendit son étreinte tandis qu'un large sourire naissait sur ses lèvres : il ne l'avait pas oublié.
Pas encore.
« Comment tu vas ?
— Il y a des jours où ça va mieux que d'autres, tu sais. Les gens sont très gentils ici.
— C'est bien. T’as fait quelque chose de sympa hier ? »
Le vieil homme ne semblait pas connaître la réponse à sa question et Jihwan savait qu'il lui en demandait beaucoup. Il savait également qu'il avait de la chance d'être arrivé dans un des bons jours de son grand-père, car parfois leurs discussions n'avaient ni queue ni tête. Mais ce n'était pas de la faute du vieil homme, il n'y pouvait rien.
« T’as fait des activités, peut-être ? insista Jihwan dans l'espoir de lui faire recouvrer la mémoire.
— Non, j'ai dormi.
— Toute la journée ?
— Je viens de me réveiller.
— Oui, mais hier, t’as fait quoi, papi ? »
Il sembla déstabilisé, quant à son petit-fils il s'en voulait de devoir ainsi appuyer, mais il avait besoin de savoir qu'Alzheimer n'avait pas pris le dessus sur l'esprit de son grand-père. C'était cependant quelque chose de vain, puisque visiblement il ne parviendrait à rien en continuant sur ce sujet.
« Je suis venu avec des magazines pour toi. Tu veux que j'allume la télé ?
— Oui, pourquoi pas. »
Jihwan sourit à son grand-père qui le lui rendit. Il fit quelques pas jusqu'à l'étagère sur laquelle avait été posée la télévision et chercha du regard la télécommande avant de se tourner vers son interlocuteur, l'air interrogateur.
« Tu l'as mise où, la télécommande ?
— Hein ?
— La télécommande. Elle est où ?
— T’as vérifié vers la télé ?
— Oui, elle est pas là. Tu l'as vue où pour la dernière fois ?
— Je sais pas.
— Je vais la chercher, elle doit pas être loin, attends deux minutes. »
Jihwan se pencha pour vérifier sous le meuble, puis il jeta un bref coup d'œil sous le lit, dans l'étagère des magazines de son grand-père, et il alla même fouiller à la salle de bains. Elle n'était pas là. Il soupira puis revint à la chambre lorsque son regard se posa sur la boîte d'un puzzle qu'ils avaient terminé ensemble la semaine précédente. Il la prit, en souleva le couvercle et découvrit au milieu des quelques pièces de carton la télécommande qu'il cherchait.
« C'est bon je l'ai, dit-il en souriant. Qu'est-ce qu'elle faisait là ?
— Je sais pas. »
Il haussa les épaules puis vint s'asseoir vers son grand-père avant de presser le bouton pour ensuite faire défiler les chaînes, tentant de se montrer jovial et enthousiaste.
« Hier un charmant garçon est venu, il a joué du piano ; c’était pas la première fois. Toi aussi je me souviens que tu joues bien. »
Parfois des bribes de souvenirs revenaient soudainement en mémoire au vieil homme alors même que cela contredisait ce qu'il avait prétendu quelques instants plus tôt, mais Jihwan sourit à cette nouvelle.
« C'est super, et comment il s'appelait ?
— Je lui ai pas demandé.
— Il a joué quoi ?
— Je connaissais pas l'air.
— Il était employé ? C'était un animateur ?
— Je sais plus. »
Jihwan acquiesça, content de voir que son grand-père était particulièrement lucide aujourd'hui. Il laissa un jeu télévisé en fond sonore puis sortit d'un tiroir un jeu de mots fléchés d'un niveau très bas. Son grand-père adorait en faire avant que la maladie ne le frappe, et parce qu'il avait été instituteur, c'était un jeu auquel il avait été doué. Sa culture générale avait toujours impressionné Jihwan, mais à présent tout s'évaporait : alors que son grand-père était un véritable champion à ce jeu, il n'était même plus désormais capable d'en réussir un, même très simple, sans l'aide de son petit-fils qui essayait de faire travailler sa mémoire de cette façon.
« On va continuer la grille qu'on avait commencée la dernière fois, d'accord ?
— Oui, d'accord. »
Jihwan s'installa auprès de son grand-père et prit un stylo qui traînait sur la table de chevet.
« Alors… Tiens, celui-là : en trois lettres, « séparait Berlin en deux de 1961 à 1989 ». On a déjà le « m » en première lettre et le « r » à la fin. C'est quoi la lettre du milieu ? »
Bien sûr que le jeune homme savait qu'il s'agissait du « u », puisque ce dont la définition parlait était le mur de Berlin, construit lors de la Guerre Froide, mais il voulait laisser son grand-père trouver seul. Le vieil homme cependant avait quelques difficultés.
« Ce qui séparait Berlin en deux, répéta Jihwan d'un ton encourageant. En trois lettres : un « m », une lettre, et un « r ». Qu'est-ce qui a séparé cette ville en deux, papi ?
— La mer ? »
Alors ça, Jihwan ne s'y attendait pas : lui-même n'y aurait jamais pensé. Pourtant, plutôt que de se sentir peiné par l'état de son grand-père, il préféra lui accorder un nouveau sourire et prendre cela à la légère – de toute façon il n'y pouvait rien, il n'allait pas passer son temps à se morfondre.
« Mais non, papi, allez : c'est grand, haut et tu m'avais raconté qu'il était infranchissable à cause des tours de guet qu'il y avait à de nombreux endroits. Ça sépare une ville en deux, c'est haut et c'est en béton. C'est un m… »
Il laissa le mot en suspens et finalement l'homme trouva la réponse.
« Super, un mur ! Allez, on passe au suivant ! »
Avec l'enthousiasme débordant dont il essayait toujours de faire preuve devant son papi, Jihwan lut une nouvelle définition. Ensemble, ils continuèrent la grille pendant près d'une heure avant que le jeune homme ne consulte sa montre : habituellement, il partait pour aller à l'université mais ce jour-là, exceptionnellement, il n'y avait pas cours.
« Il est bientôt quatre heures, tu veux qu'on aille se balader dans le parc ?
— Si tu veux. »
Il prit la main de son grand-père, l'aida à se relever puis enroula son bras autour du sien afin de l'assister et d'être sûr de pouvoir le rattraper s'il venait à trébucher. Ils sortirent de la chambre et longèrent ensemble le couloir avant d'arriver près du sas. Jihwan s'apprêta à demander à un infirmier présent d'ouvrir quand la porte fut poussée par un jeune garçon à peine plus âgé que lui. Il portait sur son dos un sac de cours noir mais ce fut par son visage que le regard de Jihwan fut attiré : il avait des traits doux, des cheveux un peu plus foncés que les siens et ses yeux, colorés d'un beau marron, exprimaient une sorte de soulagement que Jihwan ne comprit pas. Le garçon devait avoir quelques années de plus que lui, à peine, et quand celui-ci remarqua Jihwan, il s'écarta du chemin de sorte à pouvoir lui tenir la porte en lui accordant un sourire :
« Je vous en prie, fit-il poliment.
— Merci beaucoup. »
Le jeune garçon inclina légèrement la tête en guise de remerciements et passa avec son grand-père jusqu'à l'ascenseur. Les Alzheimer avaient beaucoup trop de risques de se perdre s'ils sortaient seuls, c'est pourquoi l'établissement était doté de ces portes qui ne s'ouvraient que de l'extérieur.
Jihwan appela l'ascenseur en lançant un regard à son grand-père qui l’observait avec tendresse.
« Maman m'a dit qu'elle était venue hier, dans la soirée, indiqua Jihwan. Vous avez beaucoup parlé ? »
L'homme réfléchit, hésita, avant de hausser les épaules en répondant qu'il n'en avait pas la moindre idée. Jihwan cacha sa déception, il se contenta de sourire en ajoutant que ce n'était rien.
Une fois arrivés dans le parc, ils marchèrent jusqu'à un banc sur lequel ils prirent place calmement. Jihwan laissa la brise automnale le rafraîchir, le débarrasser de ses doutes ; il commença à raconter à son aïeul ce qu'il avait fait de sa journée, simplement parce qu'il aimait lui parler et que dans ses moments de lucidité, le vieil homme était resté quelqu'un de bon conseil qui savait quoi lui dire quand il avait des soucis.
Le soleil déclinait lentement à l'horizon. Jihwan se releva et tendit le bras à son grand-père pour qu'il en fasse autant, l'encourageant à le suivre jusqu'à l'intérieur. Parfois le vieil homme se montrait réticent : il ne voulait pas regagner sa chambre. Il espérait que son épouse viendrait le chercher pour le ramener dans sa maison, la maison qu'il avait construite peu après son mariage, cette maison à laquelle il avait consacré tant d'années de sa vie. Mais c'était impossible : sa femme ne pouvait plus l'assumer seule, elle était bien trop âgée pour le surveiller jour et nuit.
Par chance cette fois-ci il se montra docile, il retourna à sa chambre au bras de son petit-fils. Les deux avaient l'air heureux.
Quand ils entrèrent dans le couloir, une douce mélodie monta à leurs oreilles, pareille à une agréable caresse. C'était un air particulièrement mélancolique, Jihwan comprit qu'il s'agissait là du jeune pianiste que son grand-père lui disait avoir écouté la veille. Parce qu'il nourrissait un certain intérêt pour la musique classique, il n'eut pas de mal à reconnaître la magnifique Sonate au Clair de Lune de Beethoven, le premier mouvement. C'était si bien joué, si beau. Il en fut ému au point qu'une larme orpheline s'échappa discrètement du coin de son œil.
« Je vais y aller, sourit Jihwan en lâchant le bras de son grand-père une fois qu'ils eurent retrouvé la chaleur de sa chambre.
— J'ai hâte de te revoir.
— Moi aussi, je reviendrai sûrement après-demain.
— À bientôt.
— Au revoir. »
Il sortit puis referma la porte avant que la musique ne lui parvienne de nouveau. Jihwan décida alors de la suivre, après tout il avait du temps devant lui et était curieux de voir ce fameux jeune homme. Il longea le couloir jusqu'à la salle commune de l'étage où s'étaient réunies plusieurs vieilles dames – car ici se trouvaient majoritairement des femmes – et il alla prendre place près de l'une d'entre elles. Elle était gentille, il la connaissait bien ; elle était encore loin du stade avancé de la maladie, aussi le reconnut-elle immédiatement.
« Jihwan, sourit-elle, t’es déjà allé voir ton grand-père ?
— Oui.
— Il va bien ?
— Il se porte bien. »
Il y avait là une grande différence à ses yeux.
« Je vois. Et toi comment tu vas ?
— Ça va aussi.
— T’es venu écouter Yejun jouer ?
— Yejun ?
— Le pianiste, viens voir. »
Elle se leva et par réflexe il la soutint, comme il le faisait avec son grand-père. Elle le guida à travers la petite foule ; ils se plantèrent devant une estrade sur laquelle se trouvait le jeune homme que Jihwan avait croisé peu de temps auparavant.
Le piano de la salle commune était très peu utilisé, il avait même l'air neuf, coloré d'un noir brillant sans la moindre écaille. Il avait été amené ici par une pensionnaire qui en jouait souvent et que ça réconfortait, mais elle était partie quelques mois plus tôt. Ses enfants avaient souhaité que le piano demeure ici car ils étaient convaincus que cela pourrait aider d'autres personnes âgées. Ainsi, n'importe qui le souhaitant pourrait jouer et, d'une certaine façon, se souvenir d'elle dont le nom était gravé sur l'un des pieds de l'instrument.
Ce fameux Yejun avait les yeux rivés sur la partition devant lui, les notes s'enchaînaient sous son fin doigté d'une manière inimitable. Son visage exprimait tous les sentiments qui défilaient dans sa mélodie et il avait un air profondément triste qui le rendait à la fois mystérieux et particulièrement séduisant. Il accentuait certaines notes en frappant la touche d'ivoire avec un désespoir qu'il n'essayait pas de cacher, cela donnait à la musique une dimension bouleversante et véritablement touchante.
Il en était désormais au troisième mouvement de la sonate, sûrement le plus émouvant par la véhémence exprimée. Cela rappelait au jeune garçon l'omniprésence et la violence des tourments qui le rongeaient, sa crainte continuelle que son grand-père l'accueille en lui demandant qui il était… Sans le connaître, Yejun était capable de retranscrire le moindre de ses sentiments, et c'était probablement cela qui chamboulait le plus Jihwan.
Lorsque la musique s'acheva, le petit groupe se désolidarisa peu à peu. Il ne resta plus que quelques vieilles femmes qui remerciaient Yejun de venir si souvent leur tenir compagnie et de continuer d'accepter de jouer sur ce piano. Il leur sourit pour ensuite entamer un court dialogue avec elles qui lui dirent à quel point elles aimaient la musique, plus encore quand elles pouvaient bénéficier d'un de ces petits concerts improvisé.
« Je suis content que ça vous plaise, je reviendrai bientôt.
— T’as intérêt, » gloussa une vieille dame.
Le jeune homme rit franchement et s'inclina devant ses admiratrices avant de ranger sa partition dans son sac. Il descendait de l'estrade quand son regard se posa sur Jihwan qui le salua avec un sourire. Yejun le lui rendit avant de s'approcher de lui.
« Bonjour, je t'avais jamais vu ici, dit-il. T’es le petit-fils d'une des pensionnaires ? »
Il avait une voix grave, traînante mais agréable.
« D'un des pensionnaires, rectifia Jihwan. Je suis souvent là, pourtant je t'avais jamais vu non plus. Tu viens toujours en fin d'après-midi ?
— Oui, toi aussi ?
— Non, en général à la fac, ce sont plutôt les débuts d'après-midi qu'on a de libres. Exceptionnellement aujourd'hui j'ai pu rester un peu plus longtemps.
— Oh, un autre étudiant ? Enchanté… ?
— Jihwan, compléta le garçon en souriant.
— Enchanté Jihwan, moi c'est Yejun.
— Ton public me l'avait déjà dit, plaisanta-t-il.
— Ah oui, effectivement j'ai ici un meilleur public que dans les salles où j'ai l'habitude de me produire.
— Tu donnes des concerts ?
— J'en donnais, admit-il, maintenant je préfère jouer là, c'est plus agréable et je ne fais que des heureux. Tu joues aussi ?
— Un peu de piano, oui.
— Un jour tu voudrais qu'on fasse un morceau à quatre mains ?
— J'ai pas ton niveau, reconnut Jihwan avec une mine gênée.
— Peu importe.
— Non merci, ça me tente pas trop, je préfère t'écouter jouer.
— Comme tu veux. Je dois y aller, mais je passe presque tous les jours à partir de quatre ou cinq heures du soir : hésite pas à revenir.
— D'accord, merci.
— Au revoir, Jihwan.
— Au revoir. »
Le jeune homme s'en alla peu de temps après, un sourire sincère aux lèvres, le cœur tout à coup plus léger. Savoir qu'il pourrait revoir le pianiste le mettait étonnamment de bonne humeur, ça lui donnait, en quelque sorte, une raison de plus de venir voir son grand-père dans la bonne humeur et d'un côté, ça lui semblait réconfortant.
Parce que le lendemain il avait cours, il ne put pas venir, en revanche, le surlendemain étant un samedi, il avait sa journée entière de libre. Ainsi, comme à son habitude, vers trois heures de l'après-midi, il franchit la grande porte de l'entrée de la clinique mais sans marquer cette habituelle hésitation qu'il avait si souvent. Il était serein à l'idée d'entendre de nouveau Yejun jouer. Quand il arriva à la chambre de son grand-père, il toqua doucement – pour être sûr de ne pas le réveiller s'il se reposait – puis entra quand son grand-père répondit.
Le vieil homme était devant la télévision, l'air perdu, observant méticuleusement la télécommande qu'il avait à la main sans sembler savoir quoi en faire ni comment l'utiliser. Ses sourcils froncés indiquaient toutes les questions qui devaient défiler dans sa tête, et Jihwan fut d'emblée peiné de le voir ainsi.
« Papi ?
— Oh, Jihwan, je pensais pas que tu viendrais.