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Symphonie, c'est un recueil de trois nouvelles boy's love : « Le serment du mercenaire », « Hétaïre » et « La comète qui aimait l'océan ». Leur point commun ? L'imaginaire, et la création de trois univers bien particuliers. D'abord publiées en ligne, c'est finalement en format papier que ces histoires voient le jour, de sorte que chacun puisse les redécouvrir d'une autre manière.
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Seitenzahl: 157
Veröffentlichungsjahr: 2022
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À chacun de ceux qui m’ont encouragée,
qui m’ont permis de me dépasser, et qui, à leur manière,
sont aussi derrière ce livre.
À l’une des plus merveilleuses personnes que je connaisse,
celle de qui l’avis est le plus important à mes yeux,
ma petite soeur.
À ce groupe fabuleux qui me donne le courage d’avancer
en gardant le sourire.
Romans :
Du bout des doigts 1 (août 2021)
Du bout des doigts 2 (octobre 2021)
À la croisée des suicides (novembre 2021)
L’étoile de Noël (novembre 2021)
Boy’s love Café 1 (février 2022)
Boy’s love Café 2 (avril 2022)
Dans l’ombre de sa folie (juin 2022)
Boy’s love Café 3 (juillet 2022)
Rookie Games (octobre 2022)
Boy’s love Café 4 (octobre 2022)
Recueils de nouvelles :
Sonate (mai 2021)
Symphonie (mars 2022)
Valse (juillet 2022)
Opérette (septembre 2022)
Avant-propos
Le serment du mercenaire
Hétaïre
La comète qui aimait l’océan
Ces nouvelles sont à l’origine des récits postés sur la plateforme d’écriture Wattpad. Il s’agit de fanfictions, de fait il m’a fallu modifier les noms des protagonistes. En revanche, puisque je suis une personne fainéante, je les ai modifiés, mais sur l’ensemble de mes recueils. Autrement dit, il y a des noms qui reviennent dans plusieurs récits, même si ces derniers n’ont aucun lien les uns avec les autres.
Le Jihwan de « Le serment de la lame », par exemple, n’est pas celui de « Jusqu’au bout », texte qui apparaît dans mon recueil Sonate. Il n’y a aucune continuité entre ces histoires.
Je m’excuse et espère quand même que cela ne sera pas une gêne lors de votre lecture, que je vous souhaite agréable. ♥
La nuit, voile obscur jeté sur la ville et percé de quelques misérables éclats sombres. Des cumulus vaporeux s’amoncelaient pour dissimuler la lune, pénombre et lumière se disputaient dans un combat sauvage mais silencieux. L’air printanier était lourd, adouci par une brise à laquelle répondaient les arbres gémissants. La nature vivait, ressentait, accomplissait ses rituels coutumiers, dérangée néanmoins par l’inhabituelle clameur qui montait de la cour du palais d’où s’élevaient des lueurs vacillantes.
La fête en l’honneur de l’anniversaire de la reine, femme d’une beauté telle qu’on disait ses charmes irrésistibles. La froideur de son regard n’avait d’égal que la pureté de son teint, et sa silhouette frêle dissimulait une insoupçonnable fermeté. On la décrivait sévère, cependant juste, et d’une intelligence aussi éblouissante que sa splendeur. Elle n’évoluait pas dans l’ombre de son époux, mais bien à ses côtés, et elle l’assistait pour administrer le royaume au quotidien.
La population de la ville s’était massée, armée de lanternes, dans la cour du palais Gyeongbokgung. De la musique accompagnée de chants célébrait la gloire de la famille sacrée, et le peuple en liesse accumulait au pied des marches de la résidence de la reine des montagnes de présents tantôt modestes, tantôt riches.
Or, une tension qu’ils ne pouvaient pas sentir émanait des soldats aux regards perçants. Pareils à des prédateurs à l’affût, ils surveillaient les environs, conscients d’une présence dont ils ne connaissaient néanmoins pas la position. Les ordres étaient clairs : cette fois-ci, l’intrus devait absolument périr.
La garde rapprochée du prince était sur le qui-vive, massée autour des remparts qui protégeaient le palais. Le port droit, la main prête à dégainer leur dangereuse épée, ils ignoraient les célébrations pour se concentrer sur leur mission : empêcher quiconque d’approcher l’héritier, relégué dans ses appartements pour éviter de lui faire courir le moindre risque.
Une ombre surveillait les festivités, un rictus malicieux aux lèvres. Tout de noir vêtu, le jeune homme n’était qu’une silhouette qui se détachait à peine du ciel nocturne. Perché au sommet d’un bâtiment voisin, il observait, rieur, les soldats passer et repasser, songeant que ces robustes guerriers avaient la prétention de pouvoir l’attraper. Quelle naïveté…
Accroupi, le bas du visage masqué par un foulard sombre, le corps protégé par une armure légère de cuir et de tissu qui lui offrait une grande liberté de mouvement, il attendait. Une cape pendait avec nonchalance derrière lui, à peine agitée par la brise. Son coeur aurait dû battre la chamade, mais son expérience était telle qu’il ne craignait rien : d’emblée il se savait victorieux. Se déplaçant avec une discrétion sans égal, il posa un genou à terre, sa concentration focalisée sur la cour en contrebas. De son perchoir, il pouvait admirer le couple royal, mais du fait du mur, il ne pouvait pas distinguer le peuple.
Peu importait.
Ce qui l’intéressait, c’était une lueur, celle qui agirait comme signal de départ.
Il patientait, serein, et la fête se poursuivait, et les gardes se relayaient. L’intrus – c’était lui – se tenait sur un bâtiment situé à une centaine de mètres du palais. L’excellente vision du garçon lui permettait de voir sans être vu, et son camouflage était d’une redoutable efficacité. Mercenaire à ses heures perdues, sa réputation n’était plus à faire, même si chacun ignorait son identité, qu’il refusait de révéler.
Enfin le moment vint : le silence s’abattit sur la foule, et le jeune homme se redressa de toute sa hauteur en reculant à pas de loup. Une taille qui n’avait rien d’extraordinaire, un corps qu’on pourrait croire frêle en dépit de sa force, il faisait bien pâle figure face aux montagnes de muscles qu’il allait lui falloir affronter. Or, sa vitesse accentuait sa puissance, et son agilité ainsi que son habileté au combat n’avaient d’égal que sa fougue dévastatrice.
Ses prunelles espiègles brillèrent lorsque s’éleva dans le ciel une fine lueur rouge, accompagnée d’un son à la fois léger mais strident. Aussitôt, il s’élança en direction du bord qu’il avait lentement quitté. Il bondit, posa un pied sur l’ultime pierre qui le séparait du vide, s’en servit pour se donner de l’impulsion, et il parut s’envoler. Bras ouverts, il surveillait son objectif tandis que la lumière attirait bien malgré elle les regards en coin des gardes qui, l’espace d’un minuscule instant, perdirent leur concentration.
Le mercenaire avait calculé son coup avec précision : il s’accrocha bruyamment à la branche d’un arbre qui céda au moment exact ou le feu d’artifice explosait. Un vacarme sourd s’ensuivit, pendant lequel le mystérieux individu tomba tout en souplesse sur le sol – il avait prévu que la branche céderait, l’important demeurait qu’elle coupe son élan pour freiner sa chute. Il se redressa aussitôt et fila à travers la nuit : de sa précédente position, il avait réussi à repérer l’endroit qui lui permettrait de pénétrer l’enceinte du palais.
C’était un pan de muraille qu’un seul garde surveillait. L’intrus arriva tout près, dissimulé par un bosquet, et attendit que se présente une fenêtre d’action. Tandis que hurlaient les derniers feux d’artifice, le soldat leva la tête un bref instant, à peine une seconde – mais une seconde de trop. Le mercenaire bondit de sa cachette, franchit la courte distance qui les séparait et, alors que le garde s’apprêtait à donner l’alerte, il termina assommé par un coup de pied phénoménal qu’il n’eut pas même le temps de parer. Frappé à la tempe, il s’écroula, récupéré par son adversaire qui désirait lui éviter une chute trop bruyante.
Le corps étourdi dissimulé, l’opération put se poursuivre : le jeune homme posa son regard déterminé sur l’angle formé par le mur, idéal pour l’escalader. Il s’élança, sauta et, d’un pied, se servit de la paroi pour s’accorder une nouvelle impulsion qui lui permit d’attraper de justesse les tuiles qui dépassaient de l’autre pan du rempart. Il se hissa ensuite sans aucun mal dessus, accroupi pour ne pas attirer l’attention des gardes en contrebas… et ils étaient nombreux.
Il s’était douté que cet unique homme avait été posté là pour le faire tomber dans un piège, mais il n’aurait pas imaginé reconnaître pratiquement tous les soldats du prince. Il n’en manquait qu’un ou deux, sûrement en train de rôder autour des quartiers de Sa Majesté.
L’endroit était peu éclairé, aucun invité n’avait accès à cette zone éloignée de la cour principale.
L’intrus inspira pour se détendre, toujours aussi confiant, et sous son masque se traça de nouveau son rictus. Il n’échouerait pas.
L’effet de surprise lui serait favorable : il comptait ici huit gardes massés, probablement convaincus qu’il ferait du bruit en grimpant. Le temps qu’ils s’aperçoivent de sa présence puis réagissent, il pourrait facilement en mettre deux à terre, et s’occuper des six autres ne constituerait pas un défi particulièrement complexe. Il connaissait les forces et les faiblesses de la plupart d’entre eux, il savait lesquels attaquer d’abord pour combattre des plus vigoureux sans être gêné.
Le mercenaire, tandis que la musique reprenait, plus forte car plus proche, se jeta dans la cour du palais. Deux secondes, deux coups bien placés, deux soldats de moins à affronter. L’alerte fut lancée, mais le garçon avait l’avantage : un seul homme lui barrait le chemin, il n’aurait pas à faire face à toute la garde. Il s’élança sur lui, mima de dégainer sa lame mais, au dernier moment, il feinta : alors que son rival se tenait prêt à frapper, l’intrus replaça l’épée dans son fourreau et, profitant que l’autre était alourdi par son arme, il esquiva agilement l’assaut et lui décocha un coup dans le genou qui le déstabilisa. Il ne comptait pas tuer ni blesser ces valeureux protecteurs, il espérait simplement leur filer entre les doigts.
Dès lors il détala, repérant une foule de gardes venus prêter mainforte à leurs collègues. Néanmoins, aucun n’était assez rapide pour le rattraper, pas même ceux qui arrivaient devant lui : ralentis par des armures aussi lourdes qu’efficaces, principalement constituées de fer et de cuir, il leur échappa et laissa derrière lui une horde d’hommes furieux de leur échec malgré leur nombre.
Jamais quiconque n’avait réussi à le distancer.
En dépit de la masse qui le talonnait, il ne fuit pas. D’un bond il parvint à se hisser sur un petit temple, qui lui permit de se jeter sur le mur du bâtiment le plus proche et s’accrocher à un renfoncement. Il saisit le rebord d’une fenêtre, et évolua ainsi jusqu’au sommet de l’édifice, plus habilement qu’un chat. Les gardes s’étaient dispersés. Un homme armé d’un arc tenta de l’atteindre, mais la cape qui ondulait derrière lui dissimulait l’exact emplacement de son corps, et les flèches qui furent tirées l’esquivèrent de justesse tandis qu’il se balançait de façon souple pour gravir la paroi.
Une fois sur le toit, il sut que la partie était néanmoins loin d’être gagnée : il devait encore franchir deux bâtiments. Sans hésiter une seconde, il se redressa et courut. Il triompha du vide à l’aide d’un saut majestueux ; une flèche siffla tout près de son oreille qui le brûla, probablement coupée – mieux valait ça qu’autre chose. Il atterrit sur le toit suivant, se cramponnant aux tuiles qui le constituaient. Ne marquant toujours aucune pause, il en contourna le faîte avec agilité, peu dérangé par la forme du toit sur lequel il se permit même d’accélérer en dépit de l’inclinaison. De nouveau il bondit, de nouveau un sifflement désagréable s’éleva, précédé d’un « tirez ! »
Cette fois-ci il fut touché.
Il tenta de faire fit de la pointe logée dans son avant-bras gauche, concentré sur son ultime saut. Sa vitesse donnait l’impression qu’il volait au-dessus des tuiles, et il s’élança pour attraper le pan de mur suivant, sous l’oeil désespéré de la garde.
Parce que le mercenaire avait gagné en hauteur à chaque bâtiment franchi, il planait désormais à une dizaine de mètres au-dessus des soldats qui ne purent que le regarder s’accrocher à une fenêtre qu’ils savaient être celle des quartiers du prince. L’intrus n’eut qu’à la pousser pour qu’elle s’ouvre, et il pénétra dans la chambre alors que les dernières flèches étaient tirées, deux d’entre elles perçant la cape qui lui servait de leurre.
Il lui avait fallu moins de cinq minutes pour rejoindre les appartements royaux.
Dans un râle, il retira de son avant-bras le fer qui s’y était logé. Il allait avoir besoin d’un médecin à son retour…
Après un soupir de soulagement, il releva la tête pour découvrir une pièce plongée dans les ténèbres. Elle était néanmoins si richement décorée que la faible lueur de la lune suffisait à faire briller plusieurs objets d’or et de pierres précieuses. Au beau milieu de tout ce luxe se dressait un lit couvert de draperies que le mercenaire ne pourrait probablement jamais s’offrir, et dans ce lit dormait un charmant jeune homme. Les deux garçons paraissaient âgés d’une vingtaine d’années.
Le prince, doué d’une beauté comparable à celle de ses parents, avait un visage angélique, et ses cheveux bruns légèrement ondulés reposaient gracieusement sur son front, dissimulant aux yeux de l’intrus ses paupières closes. Il avait la respiration tranquille, profonde, preuve qu’il était assoupi, et son corps digne de celui d’une nymphe soulevait à peine les draps.
Le mercenaire s’avança, tira un poignard de sa ceinture et se planta devant le jeune homme. Il lui barra de cette façon la lumière rassurante de la lune, chose qui, combinée à sa démarche qui ne se voulait pas particulièrement discrète, arracha le garçon à sa torpeur.
L’autre éleva son arme, la lame brilla. Le prince sentit son sang ne faire qu’un tour.
Puis il posa une main sur son coeur et s’esclaffa :
« T’es stupide, j’ai failli croire qu’on m’attaquait vraiment ! »
Le mercenaire pouffa à son tour, rangea son couteau et s’élança dans les bras ouverts de son interlocuteur.
« Taeil-ah ! se réjouit-il. Ça fait plaisir !
— Comment tu vas, mon Jihwanie ? »
Ledit Jihwanie s’assit sur le bord du lit, bien vite imité par le prince. Ils échangèrent un regard complice.
« Super bien. Juste une égratignure à l’avant-bras gauche.
— Ah ?
— Ouais, une flèche. Sûrement Junwoo. Y a que lui pour viser aussi bien.
— Merde, tu veux me faire voir ? Attends. »
Le jeune homme se leva dans la précipitation et rejoignit une riche commode sur laquelle trônait un chandelier qu’il alluma. Il ouvrit ensuite un tiroir duquel il tira des bandages, conscient que quand son aîné parlait d’« égratignures », il était plutôt question d’une blessure sanguinolente et de chair mise à nue.
Revenu à ses côtés, il posa un regard écoeuré sur la plaie profonde qui ornait son avant-bras.
« T’as pas à t’en faire, sourit Jihwan avec une mine amusée, je vais pas mourir.
— Et si ça s’infectait ? Mère t’a dit au moins mille fois de faire attention ! Tu veux que j’appelle Seuljae ? Lui aura sûrement une idée de cataplasme, ou bien un breuvage qui…
— Tae, tout va bien, j’ai même pu grimper ici sans problème.
— Avec ce bras ?
— Pas exactement, mais ça m’a pas gêné.
— Ridicule… »
Taeil, grommelant ce dernier mot, prit le bras du mercenaire pour l’enrouler dans la bande de tissu propre – il en gardait toujours une dans sa chambre, et elle finissait toujours par servir… Ses gestes recé-laient une étonnante douceur, et une affection qu’il ne pouvait pas dissimuler.
« C’est ce soir, hein ? souffla le cadet tandis qu’il terminait le pansement.
— Oui… Père a-t-il prononcé le moindre mot à mon sujet ?
— Non.
— Et mère ?
— Non plus. Je crois qu’ils pensaient que tu réussirais pas.
— C’est pas encore fini, lui rappela Jihwan.
— Je sais. Tu crois vraiment que ça suffira à te faire pardonner ta fugue ?
— Ils avaient promis que si je prouvais ma valeur, ils accepteraient de me reconnaître, et on ne trahit pas une parole, pas quand on est le souverain ! s’emporta-t-il.
— Oui, oui, je sais bien. Mais… oui, ça lavera ton honneur, c’est certain. Sauf que j’ai peur qu’on… qu’on soit toujours pas une famille, tu comprends ? balbutia Taeil en se recroquevillant de manière inconsciente. L’honneur et l’amour, c’est pas la même chose. Tu as toujours eu ma plus profonde affection, mais j’ai peur que tu aies définitivement perdu celle de nos parents.
— Ça fait bientôt cinq ans que je suis parti, et deux que je suis revenu. Je pense qu’ils m’ont pardonné, mais qu’ils voulaient que je prouve ma volonté de réintégrer la famille royale.
— Tu comptes vraiment revenir, alors ? s’émerveilla son petit frère.
— Oui, mais pas pour régner. Tu seras bien meilleur que moi pour cette tâche. Moi, j’aimerais rejoindre notre puissante armée, combattre et découvrir du pays.
— Ça te dirait pas d’intégrer la garde rapprochée ? s’enquit Taeil.
— Je ne supporte pas ce palais, tu le sais bien… »
Taeil acquiesça avec moue triste. Jihwan et lui avaient grandi ensemble entre ces remparts. Si le plus jeune s’en était accommodé, son aîné en revanche l’avait mal vécu, très mal vécu… au point qu’âgé d’à peine seize ans, il avait fugué. Doué dans tout type de combat, maniant à la perfection plusieurs armes et capable de faire preuve d’une agilité sans pareil, il avait à plusieurs reprises fui, les nuits, pour se promener dans la ville, jusqu’à ce qu’un matin il décide que cette fois, il ne rentrerait pas au palais. Il avait quitté la capitale aux aurores, caché sous sa cape sombre et le visage masqué par son fidèle foulard. S’en étaient suivies deux années d’errance dans le pays dont il avait exploré chaque contrée avec un bonheur indescriptible. Pour subsister, il travaillait et, très vite, ses talents avaient fait de lui un mercenaire très apprécié.
La famille royale ayant découvert ses agissements, ils avaient envoyé une escouade à sa recherche… mais Jihwan leur avait continuellement fui entre les doigts. Chaque fois que les soldats étaient convaincus qu’il ne s’en sortirait pas et serait contraint de rentrer avec eux, le jeune homme trouvait un moyen de s’échapper, non sans les couvrir au passage d’un regard moqueur. Un jour d’ailleurs, alors qu’ils avaient reçu un coup de main du capitaine de la garde, les pauvres étaient restés statufiés quand, acculé contre un flan de montagne escarpé, Jihwan s’était mis à grimper avec une aisance fabuleuse. Leur chef lui-même ne s’était pas risqué à tenter de le suivre, à la fois furieux et ébloui de constater l’étendue des talents du prince héritier. Aucune paroi ne résistait à Jihwan.
Taeil, par chance pour leurs parents, était un garçon studieux, intelligent et juste. C’était lui qui devait prendre la succession, pas Jihwan. Ça constituait une des raisons de la fugue de l’aîné, qui s’était promis de rentrer une fois son cadet à la tête du pays. Après trois ans de vadrouille, néanmoins, il s’était lassé et avait désiré regagner sa ville natale. Malheureusement, ça ne s’était pas exactement passé comme il l’espérait : ni le roi ni la reine ne pouvait pardonner son départ, il était devenu un paria duquel on se méfiait.
Du moins presque tout le monde se méfiait de lui, car son petit frère n’avait jamais douté un instant de sa loyauté, en dépit de ses activités de mercenaire. Leurs retrouvailles, Jihwan ne les oublierait jamais. Ce moment délicieux demeurerait ancré dans sa mémoire.