Valse - Manon Lilaas - E-Book

Valse E-Book

Manon Lilaas

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Beschreibung

Valse, c'est un recueil de quatre nouvelles boy's love : « Yangzi », « Méprisable », « L'inconnu du bar » et « Mukbang ». Leur point commun ? La construction de l'amour et la tendresse d'un regard, d'un mot voire d'un baiser. D'abord publiées en ligne, c'est finalement en format papier que ces histoires voient le jour, de sorte que chacun puisse les redécouvrir d'une autre manière.

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Seitenzahl: 167

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Table des matières

Avant-propos

Yangzi

Méprisable

L’inconnu du bar

Mukbang

Notes

À chacun de ceux qui m’ont encouragée, qui m’ont permis de me dépasser, et qui, à leur manière, sont aussi derrière ce livre.

À l’une des plus merveilleuses personnes que je connaisse, celle de qui l’avis est le plus important à mes yeux, ma petite sœur.

À ce groupe fabuleux qui me donne le courage d’avancer en gardant le sourire.

Du même auteur…

Du bout des doigts 1 (août 2021) Du bout des doigts 2 (octobre 2021) À la croisée des suicides (novembre 2021) L’étoile de Noël (novembre 2021) Boy’s love Café 1 (février 2022) Boy’s love Café 2 (avril 2022) Dans l’ombre de sa folie (juin 2022) Boy’s love Café 3 (juillet 2022)

Autres recueilsSonate (mai 2021) Symphonie (mars 2022)

Avant-propos

Ces nouvelles sont à l’origine des récits postés sur la plateforme d’écriture Wattpad. Il s’agit de fanfictions, de fait il m’a fallu modifier les noms des protagonistes. En revanche, puisque je suis une personne fainéante, je les ai modifiés, mais sur l’ensemble de mes recueils. Autrement dit, il y a des noms qui reviennent dans plusieurs récits, même si ces derniers n’ont aucun lien les uns avec les autres.

Le Jihwan de « L’inconnu du bar », par exemple, n’est pas celui de « Jusqu’au bout », texte qui apparaît dans mon recueil Sonate. Il n’y a aucune continuité entre ces histoires.

Je m’excuse et espère quand même que cela ne sera pas une gêne lors de votre lecture, que je vous souhaite agréable. ♥

Yangzi

Jihwan observait, le regard pourtant vide, la surface lisse des eaux du Yangzi. Le vent matinal faisait virevolter quelques une des jolies mèches rose pâle du jeune homme tandis que sur l’onde, il laissait paraître de minuscules vagues qui venaient mourir sur la rive, glissant avec délicatesse sur le bout des pieds nus du garçon. Plus rien n’existait que lui et la nature, il se sentait bien. Il avait l’âme en paix : la Chine était un pays plein de beautés, mais aux yeux de Jihwan, aucune n’égalait celle de ce fleuve tôt le matin, car tandis que le soleil se levait, annonçant une nouvelle journée estivale, ses rayons lumineux irradiaient la surface de l’eau qui semblait briller de mille feux.

Le jeune homme enfonça un peu plus en profondeur ses chevilles sous l’onde : le Yangzi ne possédait pas de plage à proprement parler, c’était sur une berge que Jihwan avait pris place. De façon inconsciente, il arrachait un à un les brins d’herbe qui lui passaient sous la main ; plus que sur le fleuve, c’était sur l’horizon qu’il perdait son regard.

Ses pieds avaient commencé à s’agiter tandis qu’il balançait les jambes. Le clapotis des flots qui s’ajouta alors au bruissement des feuilles accrochées à leur branche tira Jihwan de sa torpeur. Ses yeux clignèrent, il resserra autour de son corps son gilet bleu pelucheux. La brise rafraichissait de façon considérable cette tranquille matinée d’août.

Il sortit les pieds du Yangzi, ramena ses jambes pliées contre son torse et les enroula de ses bras en posant le menton sur ses genoux, l’air songeur. Le vent sema sur son épiderme une vague de frissons pareille à celle qu’elle dessinait sur l’eau, et le garçon bougea les orteils – il paraissait s’assurer qu’ils n’avaient pas gelé.

La rosée formait des gouttelettes sur la pelouse. Jihwan délaissa le petit tas de verdure arraché pour attraper d’un geste lent ses chaussures et ses chaussettes qu’il avait retirées dès son arrivée ici. Il ne les remit pas, de toute façon la vieille rizière était toujours entretenue avec minutie, de sorte qu’il savait qu’y marcher pieds nus ne présentait aucun risque.

Il laissait sans crainte sa peau délicate en contact avec ce sol humide tandis qu’il grimpait la pente en longeant l’herbe qui bordait le chemin jusqu’à l’hôtel. Le chuchotis de l’eau s’éloignait peu à peu, la brise s’apaisait, contrée par les arbres qui entouraient le site, et il leva les yeux vers le bâtiment convivial que tenaient ses parents.

C’était une jolie bâtisse de style ancien qui reflétait la culture chinoise traditionnelle dont la famille Kang avait voulu s’imprégner en s’installant ici, dans ces montagnes, près du fleuve bleu. Jihwan avait suivi ses parents jusque-là des années plus tôt et ne le regrettait pas : il étudiait par correspondance et pouvait profiter chaque jour de l’année de ce cadre enchanteur qui envoûtait le moindre de ses sens.

L’hôtel attirait de nombreux curieux qui souhaitaient ouvrir les yeux tous les matins sur un soleil se levant derrière les sommets, si bien que l’établissement prospérait.

Jihwan frissonna à la sensation des planches froides de la large terrasse sous la plante de ses pieds qui claquèrent lorsque, en quelques enjambées rapides, il rejoignit un banc de bois sombre sur lequel il avait veillé à laisser plusieurs serviettes. Il s’assit sur l’une et utilisa l’autre pour se sécher avant d’enfiler de nouveau ses chaussettes et ses chaussures.

« Toujours à traîner dehors, hein ? » s’enquit une voix familière.

Habitué à ces entrées impromptues de son aîné, Jihwan se tourna et lui adressa son sourire le plus éclatant :

« Le calme du matin m’apaise et me donne le courage d’affronter chaque nouvelle journée !

— Il fait frais, tu devrais éviter de te mouiller les pieds…

— Va t’occuper des clients au lieu de me prendre pour un bébé, râla le jeune garçon.

— Ils dorment tous et mon service a pas commencé, t’es bien le seul à te réveiller à six heures pour aller prendre un bain de pieds dans le Yangzi, ironisa l’autre.

— Ils savent pas ce qu’ils ratent. »

Seuljae n’eut même pas le temps de répondre que déjà Jihwan filait de nouveau, dans la large demeure cette fois-ci. Considéré par son cadet comme son grand frère, Seuljae travaillait depuis cinq ans dans l’hôtel. Il y avait passé deux ans en tant que stagiaire pour valider son diplôme et y était resté ensuite en tant que réceptionniste.

C’était un grand brun à la fois strict et attentif aux autres, une personnalité qu’affectionnait beaucoup Jihwan car il lui venait toujours en aide dès que besoin. Seuljae était un beau garçon dont le charme n’avait d’égal que celui du Yangzi sous le soleil printanier. Souriant et jovial, il apportait une touche pétillante à l’endroit, et les clients appréciaient beaucoup son accueil.

Jihwan s’était vite attaché à lui : les gens qu’il rencontrait à l’hôtel étaient des touristes de passage, impossible de nouer des liens avec eux ou leurs enfants. Il était donc devenu proche des employés, du moins de ceux dans sa tranche d’âge – ce qui se limitait à Seuljae et un ou deux autres qu’il croisait moins souvent.

Jihwan regagna sa chambre avec empressement et se réjouit en cochant une case supplémentaire de son calendrier. Les deux lignes qui suivaient étaient entourées de rouge. Le calme et l’apaisement du matin évanouis, le jeune homme bondit à son armoire pour choisir la tenue qui le mettrait le plus en valeur. Il n’hésita qu’un instant avant de se décider – car il y avait réfléchi la veille, l’avant-veille et les jours précédents encore.

Il fila à la salle de bain, le cœur palpitant de joie, et alla prendre une douche avant de se préparer pour être le plus présentable possible. Il enfila ses vêtements, se coiffa, apporta quelques touches discrètes de maquillage à son visage déjà parfait et sortit en trombe pour surveiller l’heure : sept heures cinq.

Il était peut-être un peu en avance…

Dans un soupir qui trahissait non sa déception mais son angoisse, il se laissa tomber, assis sur son lit aux draps défaits. Il attrapa son portable qu’il avait abandonné sur la table de chevet et ouvrit YouTube, seule distraction susceptible de l’occuper des heures durant et lui permettre d’oublier son anxiété.

Il ne cessa néanmoins pas d’observer son réveil et, dès que ce dernier indiqua qu’il était dix heures précises, Jihwan se redressa vivement et quitta la pièce en coup de vent pour se ruer à la réception. Seuljae poussa un soupir en entendant l’écho des pas de son cadet dans le couloir de l’étage puis dans les escaliers.

« Jihwan, lança-t-il sans même relever les yeux de l’écran de son ordinateur, combien de fois il faudra te dire que…

— Il est arrivé ? Tu l’as vu ? Tu m’avais dit que tu m’enverrais un message, il est en retard ? Je…

— Jihwan, le coupa Seuljae d’une voix sèche dans l’espoir que ça le calmerait.

— Oh… désolé de t’avoir interrompu, hyung1…

— C’est pas grave. Donc je reprends : ne cours pas dans les couloirs, quand t’es surexcité t’as le pas lourd et ça risque de déranger ceux du rez-de-chaussée. Ensuite non, Taeil n’est pas encore arrivé, et oui je t’ai promis de te biper dès que ce serait le cas alors je le ferai. Il fait super beau aujourd’hui, sa famille a très bien pu vouloir s’arrêter sur la route pour profiter d’une aire de repos où se détendre tranquillement en observant le soleil se lever. »

Jihwan ronchonna mais n’ajouta rien. Il demeura immobile dans le hall de la bâtisse, ses yeux se promenant çà et là sur les quelques étagères aux murs et sur le coin salon où se trouvaient des fauteuils près de tables basses sur lesquelles avaient été disposés des livres tirés de la bibliothèque du fond de la pièce. C’était un environnement paisible en cette douce matinée, et même les bruits du clavier de l’ordinateur sur lequel Seuljae tapait ne venaient en rien perturber cette tranquillité.

La montagne dégageait ce charme serein qui lui appartenait.

« Tu veux attendre ici, hein ? soupira le réceptionniste en levant la tête de son écran.

— Je peux ?

— Tu sais bien que tu déranges jamais. Tu veux aller t’asseoir ou tu préfères venir là ? »

Jihwan considéra un instant les fauteuils moelleux recouverts d’un tissu noir qui leur donnait un côté élégant, puis son regard se tourna sur Seuljae qui lui proposait une chaise de bureau auprès de lui, derrière le comptoir.

« Avec toi, comme d’habitude, répondit-il sans hésiter.

— Je m’en doutais. »

Seuljae rangea quelques papiers tandis que l’autre contournait l’imposant meuble de bois. Il s’installa auprès de son aîné et observa ce dont il s’occupait sur l’ordinateur : l’onglet ouvert présentait le planning de réservation des mois à venir. Juillet et août affichaient complets, septembre se remplissait peu à peu, quant aux suivants c’était dans la moyenne de ce qu’ils avaient connu les années précédentes.

« Depuis que Kyunghoon et Yejun nous ont refait l’interface du site web, la fréquentation est en hausse, indiqua Seuljae avec fierté, ces derniers mois on se débrouille vraiment bien. »

Jihwan acquiesça avec un léger sourire. Seuljae avait beau tenter de le distraire, le jeune homme restait focalisé sur l’arrivée imminente de son meilleur ami, et ce fut après un long quart d’heure que les portes de l’hôtel s’ouvrirent et qu’un bruyant « mon Hwanie ! » fut clamé dans tout le hall.

Seuljae serra la mâchoire, toujours pas habitué au manque de discrétion de ses cadets, quant à Jihwan il se précipita vers le nouveau venu et se jeta dans ses bras.

Taeil était un garçon extravagant mais excessivement attachant. Il coiffait avec attention ses cheveux châtains, s’habillait comme la mode l’exigeait et se tenait au courant des dernières tendances. C’était un jeune homme au visage angélique et au sourire ravageur. Jihwan et lui étaient amis depuis l’enfance, si bien que la décision des Kang de quitter la Corée du Sud pour s’installer dans les montagnes chinoises avait représenté un véritable déchirement pour eux. Sans doute leur famille s’en était-elle rendu compte, car les Kwon venaient chaque année profiter de deux semaines à prix réduit dans l’hôtel.

Et pour Seuljae, chaque année, quand Taeil arrivait, c’était le même bordel. Il savait que les deux garçons allaient perturber sa tranquillité et celle de l’établissement – par chance ils préféraient rester en extérieur, aussi ne troublaient-ils pas le séjour des clients.

Jihwan s’écarta de l’étreinte de Taeil avant de passer sa petite main dans les cheveux de son ami :

« Ça te va bien cette couleur, sourit-il, t’es encore plus beau qu’avant !

— Et toi mon Hwanie, où sont passées tes joues d’enfant ? Tu grandis trop vite, c’est déprimant ! Et ce rose ça te va trop bien ! »

Les deux jeunes gens continuèrent de s’admirer l’un l’autre sous le regard dépité de Seuljae qui les quitta des yeux lorsque les parents de Taeil le rejoignirent pour régler les derniers détails de la réservation.

Lorsqu’il releva la tête, les deux garçons avaient disparu.

C’était à croire qu’ils n’étaient discrets que lorsqu’il s’agissait de filer en douce…

~~~

« C’est fou comme le temps passe vite ! s’extasia Jihwan. J’ai l’impression que la dernière fois qu’on s’est vus c’était le mois dernier !

— Au contraire, répliqua Taeil, j’ai la sensation qu’on s’est pas vus depuis des années ! »

Les deux garçons, assis sur la rive du Yangzi, avaient enfoncé les pieds dans l’eau et profitaient de la chaleur qui baignait le domaine de l’hôtel maintenant que le soleil s’était élevé dans le ciel. Leurs deux sourires ne voulaient plus les quitter et chacun éprouvait la sensation d’avoir le cœur en fête.

« C’est vrai que t’as l’air d’avoir eu une année chargée, ricana Jihwan, comment s’est passée ta première année à la fac ?

— Je crois que je t’en ai déjà tout dit, songea Taeil en tentant de retrouver ce qu’il aurait pu omettre de lui expliquer au téléphone. Mes parents me foutent beaucoup moins la pression au sujet de mes notes et franchement ça fait du bien.

— Tae, on sait tous les deux de quoi je veux parler, le rabroua Jihwan dans un éclat de rire. Parle-moi de lui !

— Lui ? répéta Taeil avec une mine gênée.

— Vous en êtes où ? Il va comment ?

— Bah en fait… on a rompu y a un mois… »

Pour une fois, le silence de la nature ne fut pas dérangé par le moindre bruit.

« Oh merde, lâcha simplement Jihwan.

— Je te le fais pas dire, souffla son ami avec une moue triste.

— Pourquoi tu me l’as pas dit avant ?

— J’étais pas au top de ma forme, et le dire au téléphone, c’était pas ouf…

— Mince, oui, je suis bête. Désolé. »

Jihwan détourna le regard de son ami pour le poser plutôt sur ses pieds qui avaient cessé de battre dans l’eau cristalline du fleuve. Taeil en effet lui avait souvent raconté au téléphone ses péripéties en tant qu’étudiant, et notamment avec ce fameux Junwoo, un lycéen qui venait régulièrement profiter du calme de la bibliothèque universitaire pour réviser ses examens. Taeil y travaillait quelques heures par semaine pour arrondir ses fins de mois, et il devait bien admettre qu’il avait flashé sur son cadet dès qu’il l’avait vu.

Peu à peu, il s’était avéré que les sentiments étaient réciproques, et les deux garçons avaient fini par sortir ensemble. D’après les dires de Taeil, leur relation avait semblé idyllique à Jihwan qui ne comprenait pas – et n’osait pas demander pourquoi – elle s’était achevée si vite.

« Il quittait Busan, expliqua Taeil qui avait saisi la question que se posait son aîné. Il a été admis dans une grande école à Séoul, alors il devait partir. Il voulait pouvoir se concentrer sur ses études et il savait qu’il lui faudrait faire des sacrifices. Il avait peur qu’une relation à distance nous fasse tous les deux souffrir. J’ai pas cherché à le retenir. Moi, ça m’aurait pas gêné de l’aimer depuis Busan, j’aurais pu venir le voir de temps en temps… mais j’ai bien vu que lui en revanche, il voulait pas de cette situation. Je suis content pour lui, content qu’il ait réalisé son rêve. Je suis juste un peu triste de pas en faire partie… »

Sociable mais peu enclin à perdre son temps dans des histoires éphémères, Taeil n’avait entretenu que trois relations. Quand il se mettait en couple, il se donnait corps et âme pour celui ou celle – peu lui importait le genre – qu’il chérissait. C’était sans doute ça qui rendait les choses difficiles pour lui lorsqu’il se retrouvait de nouveau seul…

« Au moins, vous avez passé de bons moments, songea Jihwan dans l’espoir de le réconforter.

— Oui, c’est ce que j’essaie de me dire aussi. Et puis il m’a expliqué qu’il tenait vraiment à moi et qu’il voulait pas que je sois triste.

— C’est mignon de sa part.

— Ouais. J’ai bien vu que même s’il ne regrettait pas son choix de rompre, il était inquiet à l’idée de me faire trop de peine. Du coup… je me dis au moins qu’il était bien intentionné, il voulait simplement éviter qu’on souffre tous les deux si, à distance, il trouvait pas une minute pour qu’on puisse se voir ou discuter.

— Je pense. Au moins vous vous quittez en bons termes. »

Taeil tourna son joli visage vers son ami et lui sourit en opinant.

« C’est vrai, c’est une bonne chose, approuva-t-il. Et toi, comment va ta vie amoureuse ?

— Quelle vie amoureuse ? rit Jihwan. Tu crois sérieusement que j’en ai une ?

— Bah quand même, t’es super craquant ! Y a personne qui t’intéresse ?

— Bien sûr que si, soupira Jihwan d’un ton las, mais à ton avis : combien de clients ou d’employés sont partants pour se taper le fils des proprios ?

— Ah… difficulté, effectivement.

— J’avais eu un coup de cœur pour un des techniciens de la maintenance, confia Jihwan, j’ai essayé de me rapprocher de lui… et je me suis fait cramer. Il m’a dit qu’il me trouvait super mignon mais un peu jeune. Et puis y a eu un autre employé aussi, un serveur que je trouvais trop gentil avec moi, on était vraiment proches, sauf que lui il était hétéro. J’ai vraiment pas de chance.

— Et ton technicien il est vraiment plus âgé ?

— Non tu parles, il a deux ans de plus que moi.

— C’est pas Yejun-hyung ?

— Démasqué…

— Et il a pas voulu sortir avec toi ?

— Nan. L’âge c’était juste une excuse, je suis pas stupide, j’ai bien vu que je l’intéressais aussi. Le souci c’est mon statut. Dès que mes parents sont dans le coin, il se met à me parler comme à un supérieur, limite il me vouvoie. C’est pas sa faute, il est arrivé y a pas longtemps alors il essaie de faire bonne impression.

— Il était déjà là quand je suis venu l’année dernière.

— Je sais. J’imagine qu’il lui faudra encore plus de temps pour s’y faire. Mais dans tous les cas, j’ai pas une chance avec lui, et c’est le seul mec susceptible de me regarder ici, les autres sont pas de ce bord-là.

— Et le village en contrebas ? s’enquit Taeil. T’y vas jamais ? Y a pas des endroits sympas où rencontrer des beaux mecs ?

— Pff, Tae, la moyenne d’âge des villageois de ce trou paumé elle est d’au moins soixante ans. Je dis pas, c’est des gens adorables, mais y a pas un jeune là-bas.

— Tu comptes rester vierge toute ta vie ?

— Je vois pas en quoi ce serait un souci, rétorqua Jihwan piqué dans sa fierté.

— Idiot, j’ai pas insinué que c’était mal, râla Taeil en lui donnant une tape sur le bras, je vois simplement que ça te fait chier.

— Bien sûr que ça me fait chier, répondit l’aîné en éloignant son bras avec une moue ennuyée, mais je me dis que d’ici quelques années, quand j’aurai un diplôme, je pourrai aller chercher un job et enfin rencontrer d’autres êtres humains jeunes et capables de tomber amoureux de moi.

— Tu resteras dans le coin ou tu reviendras à Busan ?

— Je sais pas trop. Dans les deux cas, la langue me pose aucun problème… mais je pense que je préfèrerais revenir en Corée du Sud.

— Alors tu reviendrais et on pourrait se voir de nouveau !

— J’imagine, oui.

— Oh, trop bien !

— Tae ! »

Dans son élan pour l’enlacer, Taeil s’était jeté sur son ami qui s’était écrasé sur l’herbe comme un vulgaire domino. Plus petit que son cadet, Jihwan finit par hausser les épaules et abandonner, rendant à Taeil son étreinte.

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