Brèves de vie quotidienne de Mai à Juillet 2024 - Jocelyne Laplagne - E-Book

Brèves de vie quotidienne de Mai à Juillet 2024 E-Book

Jocelyne Laplagne

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Beschreibung

Ce sont des brèves de vie quotidienne vécue entre mai et juillet 2024. I/ Nous sommes habitués à voir la géopolitique et les guerres occuper une place importante. Les séries et les dystopies sont de la partie. II/ Quelques brèves sur l'Europe. III/ Trop de misère, des pauvres, pas assez de partage et de la discrimination envers les migrants, les handicapés. IV/ Ce qui se passe, c'est l'échec de la transformation écologique mais il y aura peut-être une alternative libertaire avec moins d'Etat de de propriété privée. V/ Il y a une mobilisation pour défendre le service public dans une démocratie en crise, sans participation citoyenne locale. VI/ En sciences, philosophie et arts, il y aura des alternatives si la liberté n'est pas bridée. VII/ En famille, c'est là que se passe nos vies. VIII/Avec une religion en panne, en mal d'adaptation.

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Seitenzahl: 202

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Ce sont des brèves de vie quotidienne vécue entre mai et juillet 2024. I/ Nous sommes habitués à voir la géopolitique et les guerres occuper une place importante. Les séries et les dystopies sont de la partie. II/ Quelques brèves sur l’Europe. III/ Trop de misère, des pauvres, pas assez de partage et de la discrimination envers les migrants, les handicapés. IV/ Ce qui se passe, c’est l’échec de la transformation écologique mais il y aura peut-être une alternative libertaire avec moins d’Etat de de propriété privée. V/ Il y a une mobilisation pour défendre le service public dans une démocratie en crise, sans participation citoyenne locale. VI/ En sciences, philosophie et arts, il y aura des alternatives si la liberté n’est pas bridée. VII/ En famille, c’est là que se passe nos vies. VIII/Avec une religion en panne, en mal d’adaptation.

Transformer ces brèves du livre 94 de La Cité de Jocelyne en une pièce de théâtre est une manière puissante de faire résonner la vie quotidienne avec les grandes questions de notre époque. Structure dramatique avec dialogues, personnages et mise en scène intégrée pour une troupe. Ce livre est conçu comme une réserve de scènes, librement adaptables au gré de la troupe, sans droits.

Personnages principaux (troupe de 6 à 8 comédiens)

Clara

 : journaliste désabusée, lucide et engagée

Youssef

 : migrant philosophe, ancien professeur

Léna

 : adolescente passionnée de séries dystopiques

Marc

 : fonctionnaire en burn-out, militant du service public

Élise

 : mère de famille, croyante en quête de sens

Noé

 : artiste libertaire, rêveur et provocateur

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois incarné par plusieurs comédiens

Structure en 8 tableaux

I. Géopolitique et dystopie

Décor : salon avec une télévision allumée, bruit de guerre en fond sonore.

Dialogue :

Léna

(regarde une série) : “Encore une apocalypse. Cette fois, c’est l’eau qui manque.”

Clara

 : “Et dans la vraie vie, c’est Gaza, l’Ukraine, le Sahel…”

Youssef

 : “Les séries nous préparent à accepter l’inacceptable.”

La Voix

 : “Mai 2024. Le monde brûle, mais les écrans brillent.”

Mise en scène : projection d’extraits de journaux télévisés et séries dystopiques en arrièreplan. Les personnages se figent à chaque explosion sonore.

II. Brèves d’Europe

Décor : gare européenne, valises, panneaux multilingues.

Dialogue :

Marc

 : “L’Europe, c’est des normes, des frontières, des compromis.”

Youssef

 : “Et des murs invisibles. J’ai traversé trois pays sans jamais être vu.”

Clara

 : “On parle de l’Europe comme d’un rêve. Mais qui rêve encore ?”

Mise en scène : les comédiens marchent en boucle, mimant des contrôles, des attentes, des départs.

III. Misère et discrimination

Décor : rue, banc, sacs plastiques, ambiance nocturne.

Dialogue :

Élise

 : “Je croise les mêmes visages tous les jours. Ils dorment dehors.”

Youssef

 : “On m’a dit que j’étais trop diplômé pour être aidé.”

Marc

 : “Le système trie les pauvres comme on trie les déchets.”

Mise en scène : les comédiens incarnent des silhouettes errantes, avec des monologues entrecoupés de silences pesants.

IV. Écologie et utopie libertaire

Décor : jardin abandonné, pancartes “Zone à défendre”, “Commune libre”.

Dialogue :

Noé

 : “Moins d’État, plus de liens. Moins de propriété, plus de partage.”

Clara

 : “Mais qui décide ? Qui protège ?”

Léna

 : “Et si on réinventait tout ?”

Mise en scène : les comédiens plantent symboliquement des graines, construisent une cabane, puis la détruisent.

V. Service public et démocratie en crise

Décor : salle de réunion municipale, dossiers empilés, affiches syndicales.

Dialogue :

Marc

 : “On défend ce qui reste. Mais on est seuls.”

Clara

 : “La démocratie locale ? Un mot creux.”

Élise

 : “Et pourtant, c’est là que tout commence.”

Mise en scène : les comédiens simulent une AG, avec votes, tensions, puis un silence collectif.

VI. Sciences, philosophie et arts

Décor : atelier d’artiste, bibliothèque, tableau noir.

Dialogue :

Noé

 : “L’art est libre, ou il n’est rien.”

Youssef

 : “La science sans conscience est une ruine.”

Clara

 : “Et la philosophie ? Elle murmure dans le vacarme.”

Mise en scène : les comédiens écrivent sur les murs, peignent, récitent des extraits de textes (Ellul, Arendt, Weil).

VII. La famille

Décor : cuisine, table dressée, ambiance chaleureuse mais tendue.

Dialogue :

Élise

 : “C’est ici que je me bats. Pour mes enfants.”

Léna

 : “Mais on ne parle jamais vraiment.”

Marc

 : “La famille, refuge ou prison ?”

Mise en scène : repas mimé, éclats de voix, puis une chanson douce en fond.

VIII. Religion en panne

Décor : église vide, tapis de prière, bougies éteintes.

Dialogue :

Élise

 : “Je cherche Dieu, mais je trouve des murs.”

Youssef

 : “La foi ne vit pas dans les pierres.”

Clara

 : “Et si la spiritualité était ailleurs ?”

Mise en scène : les comédiens allument une bougie chacun, puis la soufflent ensemble.

* Épilogue

La Voix : “Mai à juillet 2024. Des brèves, des vies. Et peut-être, une lumière.”

Mise en scène : tous les personnages se tiennent en cercle, regardent vers le public. Silence. Puis une dernière phrase projetée : “Et vous, quelle brève écrirez-vous ?”

Table des matières

Résumé de la pièce : Brèves de vie quotidienne de Mai à Juillet 2024

Acte I : Géopolitique et dystopie

Tableau I : Géopolitique, écrans et désespérance

Tableau II : Mémoire en guerre

Tableau III : Mémoire blessée

Tableau IV : Vertiges de l’Histoire

Tableau V : Empires et mémoires

Tableau VI : Pouvoirs et vertiges

Tableau VII : Mémoire trouée

Tableau VIII : Idéologies et cendres

Tableau IX : Aliénations modernes

Tableau X : Paix atomique, conquête cosmique

Acte II : Brèves d’Europe

Tableau XI : Europe en panne

Tableau XII : Europe, entre crise et espérance

Acte III : Misère et discrimination

Tableau XIII : La misère et le refus du partage

Tableau XIV : Les damnés des rues

Tableau XV : Oser parler des migrants

Tableau XVI : Les oubliés du temps

Acte IV : Ecologie et utopie libertaire

Tableau XVII : Le Svalbard, hiver sans hiver

Tableau XVII bis : La nature trahie

Tableau XVIII : Sortir des préjugés sur la nature

Tableau XIX : Sermon sur la nature

Tableau XX : Les énergies du désespoir

Tableau XXI : Les poisons et les promesses

Tableau XXI : Les jardins et les communs

Tableau XXII : La montagne intérieure

Tableau XXIII : Libertés en lutte

Tableau XXIV : Ellul, le bug et la cité

Tableau XXIV bis : Archéologie fascinante

Tableau XXV : peut-on vivre sans État ?

Tableau XXV bis ; Les gestes minuscules de la désobéissance

Acte V : Service public et démocratie en crise

Tableau XXV : La défense du service public

Tableau XXVI : Démocratie participative ?

Tableau XXVII : Retour aux consuls locaux

Tableau XXVIII : Sanctions pénales

Tableau XXIX : Coupables ou innocents ?

Acte VI : Sciences, philosophie et arts

Tableau XXX : La Nouvelle Alliance

Tableau XXXI : Le temps et la durée

Tableau XXXII : De la folie…

Tableau XXXIII : Schizophrénie

Tableau XXXIV : Université de Vincennes

Tableau XXXV : L’art comme ressource

Tableau XXXVI : Musique

Tableau XXXVII : La peur dans l’art

Acte VII : Famille, filiation, soin

Tableau XXXVIII : Famille

Tableau XXXIX : Repartir après l’inceste ?

Tableau XL : Qu’est-ce qui sépare l’humain de l’animal?

Tableau XLI : Nous sommes éphémères, la vie

Tableau XLII : Cartes postales de La Cité

Tableau XLIII : La subtilité quantique instrumentalisée

Tableau XLIV : Médecine quantique

Tableau XLV : Complotisme

Tableau XLVI : Racines

Tableau XLVII : Soi en famille

Tableau XLVIII : Séduction

Tableau XLIX : Mémoire du survivant

Tableau L : Larmes, oser pleurer

Tableau LI : Mélancolie

Tableau LII : Quête de soi

Tableau LIII : Le repos

Tableau XXXVIII : Bon sommeil

Acte VIII : Religion en panne, transmission, mémoire, renaissance

Tableau LIV : Religion et lémures

Tableau LV : La foi, la conversion, le salut

Tableau LVI : Hiérarchie et anges

Tableau LVII : Impostures religieuses

Tableau LVIII : Surnaturel

Tableau LIX : Face ténébreuse de l’islam

Tableau LX : Pie VII et Napoléon

Tableau LXI : Femmes dans l’Église

Tableau LXII : Notre-Dame

Tableau LXIII : Vivre ensemble et laïcité

Tableau LXIV : Spiritualité sur le Piémont pyrénéen

Tableau LXV : Catholicisme

Tableau LXVI : Contestation chrétienne de la société capitaliste

Tableau LXVII : Épilogue tragique — Le silence après la mémoire

Sources et références

Hyères, septembre 2025. Pour me contacter : [email protected]

Résumé de la pièce : Brèves de vie quotidienne de Mai à Juillet 2024

Cette pièce chorale en huit tableaux et un épilogue transforme les brèves du livre 94 de La Cité de Jocelyne en une fresque théâtrale contemporaine. Elle met en scène une troupe de six à huit comédiens incarnant des personnages ancrés dans la vie quotidienne : Clara, journaliste désabusée ; Youssef, migrant philosophe ; Léna, adolescente dystopique ; Marc, fonctionnaire épuisé ; Élise, mère croyante ; Noé, artiste libertaire ; et La Voix, narrateur omniscient.

Chaque tableau explore une facette de notre époque : la géopolitique saturée d’images, les frontières européennes, la misère sociale, les utopies écologiques, la crise du service public, les tensions entre science, art et pensée, les liens familiaux fragiles, et la spiritualité en panne. Les dialogues sont courts, incisifs, portés par des mises en scène symboliques et des silences puissants.

L’épilogue, sobre et ouvert, invite le public à prolonger cette traversée : “Et vous, quelle brève écrirez-vous ?”

La pièce ne cherche pas à résoudre, mais à résonner. Elle fait entendre les voix de ceux qui doutent, qui cherchent, qui résistent, qui tombent. Elle est tragique sans éclat, politique sans slogan, spirituelle sans dogme.

Mots clés de la pièce : Brèves, Vie quotidienne, Mai à juillet 2024, Géopolitique, Dystopie, Europe, Migration, Misère, Discrimination, Écologie, Utopie libertaire, Service public, Démocratie en crise, Sciences, Philosophie, Arts, Famille, Spiritualité, Religion en panne, Silence, Transmission, Résistance.

Acte I : Géopolitique et dystopie

Tableau I : Géopolitique, écrans et désespérance

** Personnages

Le Vieux

 : personnage central, voix intérieure, mémoire vive

Léna

 : jeune femme fascinée par les séries

Youssef

 : migrant, philosophe du réel

Clara

 : journaliste, lucide et fatiguée

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Un salon en désordre. Écran géant diffusant des images de séries violentes, de conflits, de cartes géopolitiques. Une table couverte de journaux, de télécommandes, de livres. Une plante desséchée dans un coin. Le Vieux est assis, seul, regard tourné vers le public.

** Dialogue

La Voix (off, grave) :

“Un peu de tout se bouscule dans sa vieille tête. Des brèves, des guerres, des pixels. Il voudrait réfléchir. Mais le monde court trop vite.”

Le Vieux (lentement, comme une confession) :

“Je ne regarde pas Game of Thrones. Je ne veux pas. Trop de sexe, trop de sang. Trop de fascination pour l’effroi. Je suis anormal, paraît-il.”

Léna (debout, exaltée devant l’écran) :

“Mais c’est génial ! Tu ne comprends pas, c’est la vraie vie, en mieux. Plus intense. Plus libre.”

Youssef (assis en retrait, calme) :

“La vraie vie ? Tu veux dire celle où les enfants meurent en silence ? Où les réfugiés sont parqués comme du bétail ?”

Clara (feuilletant un journal) :

“Le détroit de Taïwan, le Bosphore, Ormuz… des points de bascule. Et nous, on regarde des dragons.”

Le Vieux (se lève, vacille) :

“Je suis hostile à cette soumission consentie. On ne sait plus ce qu’est un arbre. Un visage. Un silence.”

La Voix (plus douce) :

“Il y avait la jouissance du choix. Maintenant, il y a l’épuisement du trop. Même le vide nous fait peur.”

Youssef :

“La guerre, ce n’est pas une série. C’est des cercueils qui reviennent la nuit. Des primes pour effacer les morts.”

Clara :

“Et l’ONU ? Un bricolage diplomatique. Des experts qui pataugent. Des puissances qui torpillent.”

Léna (faible) :

“Mais alors… il reste quoi ?”

Le Vieux (regarde la plante desséchée, la touche) :

“Il reste l’amour. Et vous ne savez pas ce que c’est.”

La Voix (finale, choral) :

“La mort n’est jamais au pluriel. Il arrive des millions de fois que quelqu’un meure.”

** Éléments scéniques

• Projection : images de conflits, de séries, de visages flous, de cartes géopolitiques.

• Son : bruit de drones, de claviers, de cris étouffés, puis silence.

• Lumière : froide, puis tamisée sur le Vieux à la fin.

• Gestes : Clara froisse un journal, Youssef allume une bougie, Léna éteint l’écran.

Tableau II : Mémoire en guerre

** Personnages

Le Vieux

 : témoin du siècle, mémoire vive

Youssef

 : migrant, historien autodidacte

Clara

 : journaliste, spécialiste des conflits

Sarah

 : militante pacifiste, juive française

Nadia

 : palestinienne, mère endeuillée

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Deux espaces scéniques en miroir. À gauche : bureau de Clara, cartes géopolitiques, livres, photos de guerre. À droite : camp de réfugiés, valises, drapeaux déchirés, portrait d’un enfant disparu. Au centre : un pupitre, où Le Vieux lit des extraits d’histoire officielle.

** Dialogue

La Voix (off, grave) :

“Il y a des mémoires qu’on célèbre. Et d’autres qu’on efface. Il y a des récits qu’on impose. Et des vérités qu’on enterre.”

Le Vieux (lit lentement) :

“2001, Bundestag. 2007, Munich. 2010, Lisbonne. 2014, Crimée. Poutine, historien en chef. Il choisit ce qui arrange. Il oublie ce qui dérange.”

Youssef (à Clara) :

“La guerre commence dans les livres. Dans les manuels. Dans les commémorations. Dans les silences.”

Clara :

“Et dans les médias. Contrôlés. Hackés. Déformés. La vérité devient une arme.”

Sarah (à Nadia, doucement) :

“Je suis juive. Et je suis en colère. Pas contre toi. Contre ce qu’on fait en ton nom. En mon nom.”

Nadia (tient une photo d’enfant) :

“J’ai perdu ma fille. Le 16 février 2012. Autobus en feu. Retard des secours. Route bloquée. Zone C. Cisjordanie. Tu connais ?”

Le Vieux :

“Etel Adnan disait : ‘La mort n’est jamais au pluriel.’”

Youssef :

“Poutine manipule l’histoire. Israël efface les villages. Et nous, on se bat pour que nos morts aient un nom.”

Clara :

“Medvedev est pire encore. Et l’ONU ? Bricolage diplomatique. Résolutions piétinées.”

Sarah :

“Les évangéliques sionistes, les intérêts électoraux, les soutiens inconditionnels… Tout cela écrase les vivants.”

Nadia :

“Je travaille chez les colons. Je serre les dents. Je pleure en silence. Et je rêve encore d’un pays.”

La Voix (choral, tous les personnages) :

“Mémoire en guerre. Histoire en ruine. Vérité en exil.”

** Éléments scéniques

Projection

 : extraits de discours de Poutine, images de checkpoints, cartes de la Cisjordanie, photos d’enfants.

Son

 : sirènes, bruit de clavier, chants religieux mêlés.

Lumière

 : alternance entre lumière froide (bureau) et chaude (camp), puis un fondu vers le noir.

Gestes

 : Sarah et Nadia se prennent la main. Le Vieux ferme son livre. Clara éteint son écran.

Tableau III : Mémoire blessée

** Personnages

Jocelyne

 : femme marquée par les attentats, mère, silencieuse

Le Vieux

 : compagnon de Jocelyne, témoin impuissant

Nadia

 : rescapée du génocide rwandais

Tigrane

 : intellectuel arménien

Youssef

 : migrant, philosophe

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Trois espaces en clair-obscur :

À gauche : un appartement parisien, métro en fond sonore, soldats Sentinelle en ombres.

Au centre : une table de cuisine, avec des photos, des journaux, une carte du monde.

À droite : un cimetière vide, une tombe sans nom, une valise abandonnée.

** Dialogue

La Voix (off, grave) :

“Paris. Novembre 2015. Jocelyne tremble. Elle cache sa peur à sa fille. Elle ne sait pas que la peur peut ronger le cerveau.”

Jocelyne (à voix basse, à Emilie absente) :

“Je t’ai protégée. Je t’ai menti. Les soldats ne me rassuraient pas. Je regardais les portes, les sacs, les visages. Je ne respirais plus.”

Le Vieux (regarde Jocelyne, accablé) :

“Je n’ai rien vu. Rien compris. Je travaillais. Elle aurait pu partir. Elle est restée. Pour moi.”

La Voix :

“Et après les attentats, il y a les corps. Les victimes. Et les autres. Ceux qu’on ne veut pas enterrer.”

Youssef :

“Même mort, ils font peur. Les municipalités refusent. Les pays d’origine rejettent. Les carrés musulmans se ferment.”

Jocelyne :

“On ne veut pas de leurs tombes. On ne veut pas de leur mémoire.”

Tigrane (debout, carte du Caucase à la main) :

“Le Haut-Karabagh. Trois empires. Trois chaînes. L’Arménie amputée. L’Azerbaïdjan enfiévré. Qui s’en soucie ?”

La Voix :

“Et au Rwanda, trente ans après, la France n’a pas fini de dire la vérité.”

Nadia (pose une photo sur la table) :

“Ils ont soutenu les tueurs. Ils ont nié. Ils ont dissimulé. Et moi, je suis là. Vivante. Mais seule.”

Le Vieux :

“Mitterrand. Habyarimana. Les génocidaires. Les silences. Les complicités.”

Youssef :

“On parle de contre-pouvoirs. Mais rien n’a été fait. Rien.”

La Voix (choral, tous les personnages) :

“Mémoire blessée. Mémoire refusée. Mémoire enterrée sans sépulture.”

** Éléments scéniques

Projection

 : images des attentats de Paris, des tombes anonymes, du Haut-Karabagh, du Rwanda.

Son

 : bruit de métro, sirènes, chants funèbres, silence pesant.

Lumière

 : tamisée sur Jocelyne, éclats sur les photos, obscurité sur la tombe.

Gestes

 : Nadia allume une bougie. Tigrane trace une frontière sur la carte. Jocelyne serre une peluche.

Tableau IV : Vertiges de l’Histoire

** Personnages

Max

 : journaliste nocturne, hanté par les barbaries

Axel

 : jeune historien, en quête de sens

Antoine

 : lecteur de David Park, témoin de Saïgon

Youssef

 : migrant philosophe, mémoire vive

Nadia

 : survivante, voix du Rwanda

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Une bibliothèque en ruine. Des livres ouverts, des cartes froissées, des portraits accrochés : empereurs, diplomates, victimes. Au fond, une cloche suspendue, silencieuse. Au sol, des cendres, des valises, des masques de guerre.

** Dialogue

La Voix (off, grave) :

“1973. Saïgon. Crépuscule. Espions et trafics. Un monde s’effondre. Et les convictions avec lui.”

Antoine (lit un extrait de Un espion en Canaan) :

“La méfiance s’étend comme une gangrène. Même entre compatriotes. L’éthique vacille. L’amour complique tout.”

Max (regarde le public) :

“Je travaillais à La Dépêche du Midi. Je ne comprenais rien. Cinquante ans plus tard, je ne comprends toujours pas.”

Axel :

“Je suis pris de vertige. La complexité humaine m’échappe. Je dois me résoudre à ne pas comprendre.”

La Voix :

“Et dans l’ombre, Brzeziński. Stratège sans contrôle. Conseiller de l’ombre. Architecte de l’impérialisme.”

Youssef :

“Il croyait à l’effondrement de l’URSS. Il a tissé les fils d’un monde unipolaire. Et la Chine rit.”

Max :

“Et Nagasaki ? Était-ce nécessaire ? Ou juste un message à l’URSS ?”

La Voix :

“Le docteur Takashi Nagai entend la cloche. Elle sonne l’espérance. Mais les larmes coulent.”

Axel :

“Et les fanatismes ? Comment des millions peuvent suivre l’horreur ? Je ne comprends pas.”

Nadia :

“Moi, je viens du Rwanda. On a nié. On a dissimulé. Et la France n’a pas fini de dire la vérité.”

Youssef :

“Et la dénazification ? Trois ans pour épurer. Et des siècles pour oublier.”

Max :

“Des spectacles pour détourner. Des silences pour reconstruire. Des regrets jamais exprimés.”

La Voix :

“Louisiane. 1729. Les Natchez brûlent une femme. Les Français exterminent. La guerre coloniale moderne est née.”

Axel :

“Et pourtant, les Natchez transmettent leur langue. Leurs rites. Jusqu’au XXe siècle.”

Antoine :

“Chateaubriand les pleure dans Atala. Sauvages, romantiques, sacrifiés.”

La Voix (choral, tous les personnages) :

“Vertiges de l’Histoire. Mémoire en ruine. Vérités en cendres. Et pourtant, des voix persistent.”

** Éléments scéniques

Projection

 : images de Saïgon, Nagasaki, Brzeziński, camps rwandais, cartes de Louisiane.

Son

 : cloche lointaine, murmures de guerre, battements de cœur.

Lumière

 : éclats sur les visages, ombres sur les livres, rouge sur les cendres.

Gestes

 : Nadia pose une fleur sur les cendres. Axel referme un livre. Max regarde la cloche sans la faire sonner.

Tableau V : Empires et mémoires

** Personnages

Max

 : ancien colon, vieil homme à Hyères

Youssef

 : migrant philosophe, mémoire vive

Axel

 : jeune historien, lucide et inquiet

Clara

 : journaliste, spécialiste des restitutions

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Un salon méditerranéen, terrasse ensoleillée, fleurs luxuriantes. Au fond, une vitrine de musée vide, une carte du monde effacée, un buste de Charlemagne. Sur le mur, des portraits d’empereurs : Alexandre, Napoléon III, Charlemagne, Roosevelt.

** Dialogue

La Voix (off, grave) :

“Colonialisme. Empire. Mémoire. Nostalgie. Et silence. Beaucoup de silence.”

Max (regarde ses fleurs, parle lentement) :

“Je suis un orphelin de l’Algérie française. On nous a volé notre patrie. Nos morts sont là-bas. Nos enfants ne comprennent pas.”

Youssef :

“Vous étiez les maîtres. Nous étions les dominés. Et pourtant, vous dites que vous étiez bien.”

Max :

“On déjeunait entre colons. On s’embrassait. On vivait. Je croyais à la tolérance. Je me suis trompé.”

Axel (feuillette un livre de Sylvain Venayre) :

“La mission civilisatrice. Le commerce libre. L’éducation des attardés. Et les génocides. Hereros. Algérie. Mexique.”

Clara (devant la vitrine vide) :

“Et les œuvres d’art ? Volées. Pillées. Offertes. Conservées. Restituées ? Peut-être. Un jour.”

Youssef :

“Mais les musées ne veulent pas. Les États tergiversent. L’utopie se heurte aux vitrines.”

La Voix :

“Les empires tombent. L’Empire ottoman. L’Empire soviétique. L’Empire romain. Et maintenant, les États-Unis.”

Axel :

“Mais la demande d’empire revient. Russie. Chine. Turquie. Inde. Grande-Bretagne. Les mégalomanes sont là.”

Max :

“Et Charlemagne ? À la barbe fleurie. Contre les Sarrasins. Une chanson. Une croisade. Une légende.”

Clara :

“Bruno Dumézil dit que Charlemagne pacifique est une invention. Une récupération. Une Europe rêvée.”

Youssef :

“Tous les empires sont mortels. Mais les blessures qu’ils laissent sont éternelles.”

La Voix (choral, tous les personnages) :

“Empires et mémoires. Fleurs sur les terrasses. Cendres dans les musées. Et des récits à réécrire.”

** Éléments scéniques

Projection

 : images d’Algérie coloniale, œuvres d’art africaines, cartes impériales, bustes de Charlemagne.

Son

 : cloche lointaine, murmures de guerre, chants anciens.

Lumière

 : chaude sur Max, froide sur la vitrine, tamisée sur les livres.

Gestes

 : Clara ferme la vitrine. Axel trace une ligne sur la carte. Max arrose ses fleurs.

Tableau VI : Pouvoirs et vertiges

Mise en scène des milliardaires rouges de Chine et de l’assaut du Capitole comme deux visages contemporains de la dérive autoritaire et du choc entre argent, pouvoir et démocratie.

* Personnages

Max

 : chroniqueur désabusé, lucide sur les dépendances économiques

Clara

 : journaliste, spécialiste des régimes autoritaires

Axel

 : historien, fasciné par les figures de pouvoir

Youssef

 : migrant philosophe, témoin du monde

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Deux pôles scéniques :

À gauche : une salle de marché, écrans géants, portraits de milliardaires chinois, slogans des « nouvelles routes de la soie ».

À droite : un salon américain, télévision allumée, drapeau froissé, extraits du rapport du Capitole projetés.

Au centre : une balance géante, oscillant entre argent et démocratie.

** Dialogue

La Voix (off, grave) :

“Argent et pouvoir. Chine et États-Unis. Deux empires. Deux dérives. Deux vertiges.”

Clara (devant les portraits) :

“Jack Ma. Ren Zhengfei. Zhang Yiming. Ma Huateng. Les milliardaires rouges. Flamboyants. Puissants. Puis muselés.”

Axel :

“Xi Jinping ne partage pas. Il contrôle. Il impose. Il efface la concurrence. Même celle qui l’a enrichi.”

Max :

“Nous sommes addicts à la Chine. Pour le profit. Pour les écrans. Pour les algorithmes. Et nous paierons.”

Youssef :

“Le culte de la personnalité. Le silence imposé. La croissance en panne. Et l’illusion d’un modèle.”

La Voix :

“6 janvier 2021. Washington. Le Capitole. Une démocratie vacille.”

Clara (lit le rapport) :

“187 minutes. Trump regarde la télévision. Il ne fait rien. Il laisse faire.”

Axel :

“Théories délirantes. Mensonges répétés. Une fiction devenue réalité.”

Max :

“Et Mike Pence ? Fidèle aux principes. Une lueur dans le chaos.”

Youssef :

“La démocratie est fragile. Elle tremble. Elle résiste. Mais pour combien de temps ?”

La Voix (choral, tous les personnages) :

“Pouvoirs et vertiges. Milliardaires sous tutelle. Présidents en silence. Et des peuples en attente.”

** Éléments scéniques

Projection

 : images des milliardaires chinois, extraits du rapport du Capitole, slogans politiques.

Son

 : cliquetis de bourse, chants patriotiques, cris de foule.

Lumière

 : rouge sur la Chine, bleu pâle sur les États-Unis, ombre sur la balance centrale.

Gestes

 : Clara éteint les écrans. Axel soulève la balance. Max regarde le drapeau froissé.

Tableau VII : Mémoire trouée

Exploration des continuités entre régimes, des figures ambiguës de l’histoire française, et des mémoires familiales qui se croisent sans toujours se reconnaître.

** Personnages

Max

 : chroniqueur lucide, hanté par les silences de l’histoire

Yvan

 : homme âgé, nostalgique, défenseur du club Mickey

Axel

 : historien, lecteur de Philip Nord

Clara

 : journaliste, spécialiste des régimes politiques

La Voix

 : narrateur omniscient, parfois choral

** Mise en scène

Décor : Deux espaces en tension :

À gauche : une plage reconstituée, parasol, club Mickey, enfants en arrière-plan.

À droite : un bureau d’archives, dossiers Vichy, portraits de Pétain, cartes de France.