Chroniques d’une femme ordinaire ou comment le sadomasochisme a sauvé mon âme - Muriel Ojeda - E-Book

Chroniques d’une femme ordinaire ou comment le sadomasochisme a sauvé mon âme E-Book

Muriel Ojeda

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Beschreibung

Cet ouvrage est le récit du parcours d’une femme très ordinaire qui, avec le temps, fait face aux tourments inéluctables et dévastateurs d’une vie quotidienne conforme. Entre dépressions profondes et réussites personnelles, il apparaît, au travers des étapes de son évolution de femme du 21e siècle, un constat simple : elle éprouve un besoin presque viscéral de côtoyer la violence, qu’elle soit d’ordre sexuel, moral ou physique… mais comment vivre avec ?


À PROPOS DE L'AUTRICE


La littérature a longtemps été une échappatoire, un refuge pour l’âme torturée de Muriel Ojeda. Passionnée d’énigme et de romans noirs, mais aussi de communication et de développement personnel, l’écriture de ce premier ouvrage a exercé sur elle un effet libérateur et salvateur. L’envie de partager une tranche de sa vie en toute transparence et honnêteté l’a poussée sur le chemin de cette aventure littéraire.

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Muriel Ojeda

Chroniques

d’une femme ordinaire

ou

comment le sadomasochisme

a sauvé mon âme

© Lys Bleu Éditions – Muriel Ojeda

ISBN : 979-10-377-9501-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Sadomasochisme

Obtention du plaisir sexuel par le biais de la souffrance (physique ou morale).

On ne parle de sadomasochisme que lorsqu’une relation conduit systématiquement l’un des partenaires à exprimer un désir de soumission (masochisme) et l’autre à le satisfaire par la domination (sadisme). Bien qu’il s’agisse d’une forme régressive d’échange amoureux, les sexologues ne voient qu’un intérêt relatif à vouloir guérir, au nom de la « normalité », un état de fait où le couple trouve son équilibre.

Il n’en va pas de même du sadisme pathologique (agression, viol, etc.), qui relève d’un désordre grave de la personnalité. Certains malades, dont la structure mentale est de type névrotique, sont susceptibles de s’améliorer. D’autres, d’une immaturité affective profonde, sont incapables de contrôler leurs pulsions agressives et nécessitent un suivi médical régulier.

Article extrait de l’ouvrage Larousse médical

BDSM

Le sigle BDSM, pour « bondage, domination, soumission, sadomasochisme », désigne un ensemble de pratiques sexuelles et contractuelles utilisant la douleur, la contrainte, l’humiliation érotique ou la mise en scène de divers fantasmes sexuels.

Les pratiques sadomasochistes sont fondées sur un contrat entre deux parties (pôle dominant et pôle dominé). Le BDSM fait l’objet de pratiques très variées.

Source : Wikipédia

Je suis une femme ordinaire. La ménagère de moins de 50 ans. Tout ce que la société conforme attend de mon genre. Mariée, deux enfants, un emploi stable, un crédit immobilier qui court sur 25 ans, une petite maison dans un village-dortoir en campagne.

Mais il était là. Sous la semelle de ma botte. La bouche ensanglantée par mes coups de talons. L’esprit en ébullition et la culotte inondée par mes sécrétions, je vivais, à cet instant précis, un des moments les plus intenses de ma vie…

C’est un peu brutal. Je sais. Mais on s’habitue à tout. J’ai appris à aimer la brutalité. Ça réveille, ça dérange, ça crée le malaise, la violence aussi, à tel point que j’arrive à la trouver belle. Tant mieux, je crois, parce qu’elle est omniprésente depuis la nuit des temps et elle occupe une telle place dans le monde qu’elle me fascine.

J’ai conscience que pour me faire comprendre un minimum et ne pas passer pour un monstre en liberté, je vais devoir détailler les diverses étapes de ma vie qui ont contribué à cet état de stabilité qui, malgré toute la bizarrerie que cela comporte, est l’objectif de la quête que je mène comme tout être humain : la recherche du bonheur. J’arrive à une sorte de croisée des chemins de mon existence, où un bilan s’impose. J’ai eu 40 ans, il paraît que ça fait partie du processus. Quelque chose me pousse à partager une partie de mon intimité, ma personnalité construite par toutes ces blessures et ces cicatrices de l’âme, cette sexualité complexe et débridée qui m’a traînée par les cheveux sur le chemin du développement personnel ; le tout, sur une note sans filtre et transparente. Je me sens sans grandes prétentions, mais peut-être trouverai-je une tribune parmi les solitaires et les atypiques… Mon expérience de vie pourrait-elle faire écho dans l’esprit de certaines femmes ? Peut-être certains hommes aussi. Je me suis souvent surprise à rêver à un monde meilleur, tant celui dans lequel je vis ne me correspond plus. J’ai envie d’éprouver un sentiment de devoir accompli en essayant de vulgariser un mode de vie peu conforme et effrayant aux yeux du commun des mortels, mais de mon point de vue, guérisseur et salvateur, quand c’est exercé presque comme un art.

J’ai toujours trouvé qu’il était plus facile d’écrire que de parler. On se cache derrière son texte, dans l’anonymat le plus total. Une cape de protection. C’est pratique quand on est pudique. J’écris depuis que je sais me servir d’un outil scripteur, parce que j’ai toujours eu besoin de vomir ce que je n’ai pas toujours pu dire. Je l’ai toujours joué très perso, et rares sont les gens avec qui j’ai partagé mes ressentis. J’ai juste décidé de changer ce paramètre.

Alors comment se retrouve-t-on à entretenir des relations sadomasochistes en torturant un être vivant, de surcroît un homme (oui, c’est pas mal comme sensation, féministe ou pas…), dans le consentement le plus total ? C’est ce que je vais essayer de transmettre sans tabou. L’exercice est rude puisque cela induit une mise à nue de mes pensées et réflexions les plus personnelles, que j’avoue avoir eu moi-même du mal à accepter. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant : « Tiens, et si je défonçais quelqu’un aujourd’hui ? » Non… ça ne s’est pas passé de la sorte… Ça arrive pourtant à certains esprits inconscients, maladroits, ou même malveillants, qui se permettent d’assouvir leurs fantasmes sans demander la permission. Le monde en est truffé et ils se cachent de moins en moins. Je ressens une forme d’admiration pour ces gens-là, pour leur audace et la réponse positive qu’ils donnent à leurs pulsions, mais aussi une haine profonde pour les dégâts qu’ils laissent derrière eux. C’est un peu le fil rouge de ma vie, la dualité. Je suis presque obsédée par l’équilibre. La vie fonctionne par 2, ça marche comme ça dans mon esprit. Chaque chose a son contraire. La nuit a le jour, le chaud a le froid, le bien a le mal. Etcetera. Cette dualité de la vie est un énorme volet au sein de la mienne. Il m’a fallu beaucoup de temps pour analyser tous ces paramètres, en particulier ces évènements traumatiques perdus dans les limbes de ma mémoire, dérangeant mon quotidien comme une hémorroïde inflammée, réveillés par certains phénomènes de société, incidents de parcours, erreurs de direction et souvent attisés par l’impact trop négatif des décisions très conformes… Trop conformes. Je n’ai jamais supporté la conformité. Mais j’ai dû vivre avec. C’est comme si j’étais allergique à l’eau sans le savoir. Accepter ses sentiments, ses besoins, ses envies, ses perversions, ses devoirs, ses traumatismes et sa lumière autant que son ombre est une petite représentation de ce qui fait partie intégrante de l’équilibre, souvent précaire, qu’on essaie de maintenir tout au long de sa vie. Je l’ai appris à mes dépens, parce qu’un jour, comme beaucoup d’entre nous, j’ai perdu l’équilibre…

Chapitre I

Avant

Pour commencer par le commencement de l’introspection du sadisme (mais pas que) qui vit en moi, on va se balader dans mon enfance, parce qu’on le sait tous, beaucoup de traumatismes naissent lorsqu’on est enfant. La mienne a été remplie d’amour. J’ai presque envie de dire : « Désolée. »

Je suis une enfant de la dernière année de la décennie soixante-dix. Je n’ai jamais manqué de rien. J’ai grandi dans une famille de classe moyenne, et néanmoins évolué dans un milieu social assez pauvre par ma scolarité. Des parents aimants, une famille soudée, des grands-parents impliqués. Très ordinaire et bienveillant au vu de ce qu’il se passe dans les foyers de nos jours… Un cercle familial sans histoires, une mère cadre, autochtone alsacienne, issue d’une famille plutôt à l’aise socialement, résultat d’un travail acharné. Aucun privilège de naissance. Mes grands-parents ont connu la Seconde Guerre, et se sont arraché le cul au travail pour se payer une vie décente et manger à leur faim. Des gens simples, mais raffinés et généreux qui n’avaient pour but que le bonheur de leur progéniture. Mon père était ouvrier, pied-noir né à Perrégaux, en Algérie, d’origine espagnole. Mon arrière-grand-père a fui le régime franquiste à la fin des années 30. Mon grand-père est né dans le désert algérien, à la frontière de la Mauritanie. Il est arrivé en France au milieu des années 50 avec sa femme et trois de leurs six enfants dont mon père faisait partie. Les trois autres naîtront en France métropolitaine. Une famille nombreuse, un milieu plus prolo, très authentique, mais qui ne m’a pas permis de tisser des liens assez forts. Trop de monde, trop de bruits, trop de visages. Mais je suis fière de mes origines et je n’ai pas de problème à venir plutôt de la terre du milieu. C’est ma mère qui tenait nos vies entre ses mains, elle a orchestré sa carrière, notre éducation et son couple d’une manière assez harmonieuse. C’est elle qui menait la danse. La seule chose que je puisse lui reprocher, c’est son absence. Maintenant je comprends, mais un jour, j’ai été enfant. Ses emplois lui ont toujours pris énormément de temps, réunions, déplacements, formations… Elle ne m’a jamais caché qu’elle était ambitieuse et déterminée à mener une grande carrière, et que pour ça, il fallait que nous soyons autonomes. Elle a tenu son programme. J’ai côtoyé la solitude très tôt. Parce que mon père, ben, c’est mon père… Un homme bon et généreux, mais peu enclin à partager ses sentiments et un peu flemmard quand il s’agit de faire quelque chose qui ne le fait pas kiffer à fond, genre, s’occuper de ses gosses… J’ai toujours su qu’il m’aimait, mais il me l’a très peu, voire jamais dit. Éducation « méditerranéenne »… Les hommes ne connaissent pas les tâches ménagères, encore moins l’intendance infantile. Il était salarié lui aussi, installateur sanitaire. Le genre de job bien harassant qui lui laissait peu d’énergie quand il rentrait le soir.

J’aime mon père. Mais il est l’incarnation presque cliché du mâle fermé d’esprit qui ne comprend absolument rien à la sensibilité féminine. La communication est très dure avec lui, aujourd’hui encore. Mais dans toute sa dualité, il est un homme attachant, plein de bonhommie et aimé des siens. Heureusement que ma mère est une femme libre, communicante, sensible et éduquée socialement d’une tout autre façon que son époux. Ça a créé l’équilibre.

En somme, un couple assez atypique, mais qui s’aime d’un amour sincère et bienveillant. Ça m’a toujours plu d’avoir grandi dans un schéma familial stable, et ce modèle m’a influencée une bonne partie de ma vie. J’ai un petit frère aussi. Trois ans de moins que moi, un cas d’école atteint d’hyperactivité. Une petite pathologie sociale qui a vraiment diverti mon enfance. Nous entretenions une relation violente, comme un frère et une sœur, peut-être un peu intensifiée par la recherche constante et croissante de sensations extrêmes que mon frère a menée, depuis le jour où il a su marcher. Il a failli me noyer dans une baignoire, en s’asseyant sur mon dos et en plongeant ma tête sous l’eau, me tenant par les cheveux. Un fond d’eau. Et une force surhumaine. Il avait trois ans. Je pense que je pourrais lui dédier un ouvrage, tant j’ai d’anecdotes à raconter sur nous. Parce que j’étais tout à fait génoformée pour lui rendre la pareille. Il est passé au travers d’une porte vitrée, celle de ma grand-mère maternelle, pour être précise, afin d’échapper à une de mes poursuites. Il est balafré à vie, en plein visage. Il prenait beaucoup de place à la maison et beaucoup d’énergie à mes vieux. Dans les années 90, l’hyperactivité n’était pas un phénomène de mode comme actuellement. Je ne remets pas ce trouble en question, mais je trouve qu’on l’attribue trop facilement. C’est un peu le résultat du modèle social que nous vivons, je parlerais même de déclin, car l’éducation n’est plus une priorité. Très souvent, un peu d’amour et d’attention font faire de grands pas, mais aujourd’hui, les parents sont absorbés par leur boulot, la vie actuelle ne permettant que très rarement de vivre avec un seul salaire, ils sont collés à leurs smartphones une fois rentrés et la présence des adultes se fait trop rare, tout comme leur énergie et leur motivation, ils choisissent des solutions de facilité face à des enfants difficiles et préfèrent défoncer le cerveau des gamins à la ritaline, de mèche avec les pédopsys, pour qu’ils se tiennent à peu près tranquilles au lieu de les laisser courir dans les prés. On les médicamente au lieu de s’adapter à leur énergie. Ça me dérange. Les enfants sont pour moi un sujet très sensible. Je pense comme beaucoup qu’ils sont l’avenir. Mais nous avons tant perdu de notions et de valeurs fondamentales, que nous sommes incapables de nous préoccuper de ce qui est essentiel pour la survie de notre civilisation. Nous abêtissons notre futur. Fini les livres, les moments partagés en famille simplement, les apprentissages ludiques, la transmission de principes… Ma génération ne sait plus éduquer ses enfants, elle est occupée à créer des communautés virtuelles et à ramasser des « j’aime » ou des « followers ». Je fais une généralité, et je sais qu’il y a des gardiens de bonnes valeurs disséminés çà et là, mais en minorité. Quoi qu’il en soit, mon frangin, s’il avait eu 10 ans en 2022, il serait très certainement drogué par ses parents et par le système.