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RÉSUMÉ : "Colbert. La face cachée du Soleil" d'Augustin Challamel propose une exploration minutieuse de la vie et de l'oeuvre de Jean-Baptiste Colbert, l'un des ministres les plus influents de Louis XIV. Ce livre plonge dans les arcanes du pouvoir au XVIIe siècle, révélant les stratégies économiques et politiques qui ont façonné la France moderne. Colbert, souvent perçu comme le bras droit du Roi Soleil, est présenté ici sous un jour nouveau, dévoilant ses ambitions, ses réussites et ses échecs. À travers une analyse rigoureuse des réformes colbertistes, Challamel éclaire la complexité d'un homme qui a su naviguer dans les eaux tumultueuses de la cour royale. Le livre met en lumière les aspects méconnus de sa personnalité et de son héritage, tout en soulignant son rôle crucial dans le développement du mercantilisme et de la centralisation administrative. Cette biographie se distingue par sa capacité à rendre accessible un sujet dense, grâce à une narration vivante et documentée, qui transporte le lecteur dans une époque charnière de l'histoire de France. En confrontant les mythes et les réalités de l'ère colbertienne, Challamel offre une perspective nuancée qui enrichit notre compréhension de l'histoire économique et politique du pays. L'AUTEUR : Augustin Challamel, historien et écrivain français, est reconnu pour ses contributions significatives à l'étude de l'histoire de France. Né au XIXe siècle, Challamel s'est distingué par son approche rigoureuse et son souci du détail, qui lui ont valu une place de choix parmi les historiens de son temps. Il a consacré une grande partie de sa carrière à l'exploration des figures politiques et des événements qui ont façonné la France moderne. Ses oeuvres, souvent basées sur des recherches approfondies dans les archives nationales, sont appréciées pour leur précision et leur capacité à rendre l'histoire accessible à un large public. Bien que moins connu aujourd'hui, Challamel a laissé un héritage durable dans le domaine de l'historiographie française. Ses écrits, qui couvrent une variété de sujets allant de la Révolution française aux grands ministres de l'Ancien Régime, témoignent de son engagement à comprendre et à transmettre les complexités de l'histoire nationale. Son travail sur Colbert, en particulier, est un exemple de sa capacité à combiner érudition et narration engageante, offrant aux lecteurs une vision approfondie des dynamiques politiques et économiques du passé.
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Seitenzahl: 93
Veröffentlichungsjahr: 2019
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I.
Naissance et famille de Colbert. - Ses commencements. - Intendant de Mazarin. - II est recommandé à Louis XIV. - Lutte entre Colbert et Fouquet. - Colbert et son oncle Pussort. - Satires du temps. - Contrôleur général. - Portrait de Colbert.
II.
Théorie de Louis XIV. - Le bœuf de labour. - Mot railleur du roi. - Colbert gouverne. - Concussionnaires. - Chambre de justice. - Premières réformes financières.
III.
Colbert et Louis XIV. - L'État de prévoyance. - Ordonnances de comptant. - Diminution des tailles ; cadastre ; impôts indirects. - Principes de Colbert sur les emprunts. -Apostrophe à Lamoignon.
IV.
Administration de Colbert. - Agriculture et industrie. - Défense d'exporter les grains. - Travaux pour la marine en général. - Compagnies. - Création de ports. - Régime des classes. - Écoles de marine. - Fondations diverses. - Ordonnance de 1681. - Épigramme contre Colbert, ministre de la marine.
V.
Commerce intérieur. - Manufactures. - Industrie. -Van Robais. - Ère nouvelle. - Le Colbertisme. - Tyrannie industriel le. - Manie de réglementation. - Moralité du commerce.
VI.
Mouvement des lettres, des sciences el des arts. - Académie des inscriptions et belles-lettres et académie des sciences. - Observatoire ; jardin des Plantes. - Académie de peinture el d'architecture. - Paris embelli et assaini. - Académie de France à Rome. - Gratifications aux savants et aux gens de lettres. - Bibliothèque royale.
VII.
Refonte des lois civiles el criminelles. - Ordonnance de Pussort ou code Louis. - Demi-succès. - Insuffisante réforme criminelle. - Hypothèque. - Règlement des eaux et forêts. - Justice ; conseil de police. - L'espionnage est établi. - Abus.
VIII.
Rivalité de Colbert et de Louvois. Esprit guerrier. - Les bâtiments. - Question religieuse. - Le ministre des desseins pernicieux. - Création de Versailles. - Remontrances de Colbert à Louis XIV. - Commencements de sa disgrâce. - Friponnerie ! - Maladie et mort de Colbert.
IX.
Obsèques de Colbert. - Mesures de précaution. - Injures, accusations, épitaphes. - Misères du pays. - Colbert inférieur à Vauban. - Circonstances atténuantes. - Défaillances. - Petit conseil de courtisans. - La couleuvre prudente. - Conclusion.
Pour celui que n'aveugle pas le fétichisme de la royauté, les véritables souverains sont les hommes qui font marcher leur siècle, qui dominent tout par leur intelligence, par leur travail, par leur désir d'être utiles à leurs concitoyens. Ces hommes supérieurs savent hâter la civilisation d'un pays, inventer des moyens propres à préparer les améliorations, à corriger les abus, à donner l'essor aux générations futures. Ils forment les anneaux d'une chaîne non interrompue, qui commence avec les origines de la nation et n'est pas encore terminée ; d'une chaîne qui attache entre eux les combats, les succès ou les revers du progrès social, malgré les difficultés sans nombre que le préjugé et le despotisme ne manquent jamais de lui opposer.
En France, à toutes les époques, l'historien doit signaler ces personnalités brillantes. Qu'importe le nom du chef couronné, quand la vie d'un travailleur illustre s'écoule sous son règne ? Au compte de la civilisation et dans l'intérêt des peuples, les maîtres de la politique, de la pensée, de la science, de l'art et de l'industrie, sont des initiateurs qui défient le droit divin. Nous l'avons écrit en terminant nos Mémoires du peuple français : Quelles dynasties royales soutiendraient la parallèle avec celles qui commencent par Alcuin pour finir à Cuvier, par Ambroise Paré pour finir à Dupuytren, par Gerbert pour finir à Jacquart, par Jean Cousin pour finir à Ingres, par Grégoire de Tours pour finir à Michelet, par Chrétien de Troyes pour finit à Victor Hugo ?
Assurément, un simple panégyrique de Colbert n'est pas ce qu'il importe d'offrir aux lecteurs. La biographie de ce grand ministre a ses bons et ses mauvais côtés ; mais il faut convenir que, chez cet homme considérable, le bien a beaucoup plus de poids que le mal. Oui, cette figure historique peut être présentée, dans son ensemble, comme un modèle digne d'avoir des imitateurs.
Parmi les illustrations de l'ancienne monarchie, le collaborateur de Louis XIV occupe une place très-large. Si, pour les démocrates de nos jours, il n'atteint pas complètement l'idéal du réformateur stoïque, au moins leur semble-t-il être un de ceux auxquels on doit passer certaines fautes en raison des actions absolument louables qu'ils ont accomplies.
Colbert a eu plus d'une faiblesse, inhérente aux mœurs de son époque ; mais il a devancé son époque comme financier et administrateur, et il a laissé des traces ineffaçables dans notre histoire. Le mouvement qu'il a imprimé à la marine, au commerce, à l'industrie, aux sciences et aux arts, s'est continué jusqu'à nos jours. Ce mouvement a résisté à la décadence de la monarchie ; il s'est accru, amélioré avec le courant des idées modernes.
Sans suivre de tous points le système de Colbert, nous ne cessons do rendre justice à ce ministre, et, le plus souvent, d'admirer ses innovations ou ses réformes. Il y a profit, d'ailleurs, à étudier l'œuvre d'un tel personnage, intéressant même dans ses fautes, et qui rayonne au dix-septième siècle, si fécond en sommités de toute sorte, comme le plus glorieux représentant de la bourgeoisie au pouvoir.
NAISSANCE ET FAMILLE DE COLBERT. - SES COMMENCEMENTS. - INTENDANT DE MAZARIN. - IL EST RECOMMANDÉ A LOUIS XIV. - LUTTE ENTRE COLBERT ET FOUQUET. - COLBERT ET SON ONCLE PUSSORT. - SATIRES DU TEMPS. - CONTRÔLEUR GÉNÉRAL. - PORTRAIT DE COLBERT.
Dans l'industrieuse ville de Reims, où trois cents peigneuses mécaniques de laine produisent par an pour trente millions de tissus, où cent soixante-quinze mille broches à filer la laine occupent trois mille ouvriers, produisant vingt-cinq millions de valeur par an, le touriste s'empresse d'aller rendre visite à une petite habitation bien modeste, située rue de Cérès.
C'est la maison où naquit Jean-Baptiste Colbert, le 29 août 1619.
Son père fabriquait des draps et des serges, à l'enseigne du Long-Vestu. Aussi, tout jeune encore, Colbert prit dans le commerce des habitudes de travail, d'exactitude et d'ordre. Il fit la marchandise, suivant l'expression commerciale du temps ; il parcourut la France pour connaître l'état des affaires de négoce et de banque. N'ayant reçu que l'instruction fort élémentaire donnée alors aux fils de marchands, il entra, à l'âge de vingt ans à peine, dans les bureaux du ministre Michel Le Tellier, secrétaire d'Etat de la guerre, nommé par Mazarin. Le Tellier, qui partagea la fortune et les périls du cardinal pendant la Fronde, remarqua bien vite les qualités hors ligne de son employé, dont Mazarin, exilé à Brühl, se servit comme d'un agent pour correspondre avec la reine Anne d'Autriche et avec plusieurs affidés.
Parmi les plus zélés des familiers de Mazarin, on distinguait Colbert, encore obscur dans le monde administratif, et tout à fait inconnu dans le monde politique.
Ce jeune homme secondait efficacement le ministre italien qui, pensant à revenir promptement en France, hâtait ses préparatifs, autant que ses faibles ressources le lui permettaient.
Aussitôt que Mazarin eût repris le ministère, il récompensa Colbert en le faisant régisseur de ses affaires particulières, en lui donnant un véritable poste d'intendant, emploi dont le fils du marchand rémois s'acquitta avec habileté. Ce fut Colbert qui introduisit chez Mazarin l'envoyé secret de l'Espagne, venant offrir l'infante Marie Thérèse, fille de Philippe IV, au jeune roi Louis XIV, avec les bases d'une paix bientôt sanctionnée par le traité des Pyrénées ; d'une paix couronnant la politique de Henri IV et du cardinal de Richelieu, et assurant la suprématie de la France sur le continent européen.
Mais lancé dans les tourbillons de la politique, avec un protecteur tel que Mazarin, Colbert ne tarda pas d'être mêlé à des intrigues peu dignes d'un génie comme le sien, à des tripotages de police.
Il exista, jusqu'à la signature de la paix, une grande agitation dans la noblesse normande. Des gentilshommes de la cour acceptèrent une mission honteuse, celle d'agents provocateurs. Après avoir paru dans les rangs des mécontents, ils dénonçaient ceux-ci à Mazarin par l'entremise de Colbert, qui d'une main recevait leurs rapports, et de l'autre main leur envoyait les instructions de son maître. Colbert, domestique de Mazarin, disait insolemment Fouquet, traitant de haut son futur rival.
N'essayons pas de dissimuler ces choses ; reconnaissons seulement qu'elles semblaient presque naturelles, à une époque où les gouvernants ne reculaient devant aucune ruse pour atteindre leur but, où les gouvernés croyaient servir l'État en obéissant passivement aux princes et aux ministres, quelles que fussent les exigences de ces puissants du jour.
Cependant, les mérites réels de Colbert, surtout en matière de finances, éclatent bientôt. Il n'est pas un domestique vulgaire, un intrigant sans valeur. A peine Louis XIV s'est résolu à travailler avec ses ministres, qu'il consulte Colbert, tête à tête, sur les désordres financiers dont le fastueux Fouquet ne peut ou ne veut se rendre compte.
Le roi se rappelait ces mots prononcés, dit-on, par Mazarin au lit de mort : Sire, je vous dois tout, mais je crois m'acquitter en quelque manière en vous donnant Colbert. Il se réservait de prendre bientôt le jeune financier pour ministre secret.
Depuis plusieurs années, Colbert s'était éloigné du surintendant Fouquet, dont il avait d'abord été l'ami, et dont il n'avait pu voir, malgré ses conseils, changer la conduite scandaleuse. Fouquet abusait de sa charge pour acquérir des complaisants et pour se rendre nécessaire. Sa profusion était sans exemple. Des sommes énormes, volées à l'État, s'épuisaient à payer les magnificences du château de Vaux.
C'était ce que Colbert appelait l'horrible corruption du surintendant.
Une lutte sourde mais constante durait depuis près de deux années entre Fouquet et Colbert. Celui-ci se cachait avec une dissimulation profonde, et celui-là semblait tout braver par sa présomption et sa vanité, par des fautes multipliées comme à plaisir. Louis XIV, lui aussi, agissait dans l'ombre : on sait que pendant bien longtemps il attendit le moment propice pour sacrifier Fouquet, dont le principal tort aux yeux du roi, sans doute, était d'avoir aimé mademoiselle de la Vallière.
On arrêta Fouquet le 5 septembre 1661. A dater de ce jour, Colbert exerça une véritable influence sur les actes de Louis et sur les destinées du royaume.
En effet, l'homme qui n'avait été jusqu'alors qu'un intendant dévoué, actif et infatigable, devenait ministre intime de Louis XIV, après avoir fait un long noviciat dans les affaires. Il était préparé pour entreprendre des réformes indispensables et réclamées par les hommes de probité.
Au procès de Fouquet, Colbert se conduisit comme un adversaire acharné, désireux, avant tout, de remplacer le coupable, ayant beaucoup d'envie que le surintendant fût pendu, suivant le mot de Turenne. Non-seulement un de ses premiers soins fut d'établir une commission composée en grande partie des ennemis du surintendant, mais il s'efforça d'obtenir, par les moyens les plus illégaux, une condamnation à la prison perpétuelle. Son oncle Pussort opina pour la mort avec emportement et avec rage, selon madame de Sévigné. On appelait Pussort le féroce, le fagot d'épines, par suite de son vote.
Quoiqu'il en soit, la haine publique poursuivit les antagonistes du surintendant, qui compta d'illustres défenseurs, La Fontaine, madame de Sévigné, et surtout Pellisson. Des chansons flagellèrent les juges et les accusateurs :
Malgré les juges courtisans ;
Le cordeau de Fouquet, filé depuis trois ans,
Est maintenant à vendre ;
Mais nous avons Colbert, Saint-Hélène et Berryer ;
C'est assez de quoi l'employer ;
C'est assez de voleurs à pendre ;
C'est assez de fous à lier.
Plus tard, les gouailleurs du temps reprochèrent à Jean-Baptiste Colbert sa naissance, à Colbert qui remplaça Fouquet aux finances, en qualité de contrôleur général :
Cesse de t'étonner, ce fameux politique
Etait le fils d'un courtaud de boutique.
Une coterie de courtisans l'accabla d'injures, dénonça la trahison de Colbert. Tantôt madame de Sévigné le désignait avec l'épithète de petit, tantôt elle l'appelait le nord, par sobriquet. Jean Hesnault lui adressait un sonnet resté célèbre, et pronostiquant la destinée du contrôleur général :
Ministre avare et lâche, esclave malheureux
Qui gémis sous le poids des affaires publiques,
Victime dévouée aux chagrins politiques,
Fantôme révélé sous un titre onéreux ;
Vois combien des grandeurs le comble est dangereux ;
Contemple de Fouquet les funestes reliques,