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Marqué par une enfance tumultueuse, Firat aspire à surmonter ses tourments intérieurs pour s’épanouir pleinement. Au carrefour de l’existentialisme et de la foi, il mène un combat pour lui-même, ses filles et les plus démunis, tout en perpétuant les valeurs de solidarité et de générosité transmises par sa mère. Résolu à échapper à un destin sombre, il s’engage à bâtir un avenir façonné par ses choix et ses convictions. Un parcours inspirant à découvrir.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Firat Akarsu considère l’écriture comme un précieux exutoire. Il partage son histoire dans le but d’inciter chacun à s’élever contre les injustices et à préserver l’espoir, quelles que soient les épreuves rencontrées.
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Seitenzahl: 124
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Firat Akarsu
Deviens ce que tu es
© Lys Bleu Éditions – Firat Akarsu
ISBN : 979-10-422-5091-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À l’aube de mes 40 ans, après avoir rencontré des réussites et des échecs, je prends la plume pour partager mon expérience de vie dans ses composantes personnelles, entrepreneuriales et spirituelles.
Je m’appelle Firat Akarsu et je suis originaire d’Alsace, région dans laquelle j’ai passé une grande partie de mon enfance avant d’arriver à Paris pour y fonder ma famille et mon entreprise, Berliner Das Original.
Si l’enseigne et le réseau de franchises Berliner n’a pas cessé de prospérer depuis le lancement du premier restaurant en 2018, 23 restaurants à l’heure où j’écris ces pages, l’histoire qui se joue derrière ce succès cache de plus sombres moments de vie.
Parce que rien ne me prédestinait à devenir entrepreneur et à réaliser quelques-uns de mes rêves, partager mon histoire est une façon d’appeler les rêveurs à toujours persévérer, à ne pas se laisser abattre par les drames et les échecs, et à défendre leurs valeurs. Si je prends la plume aujourd’hui, c’est avant tout pour dénoncer les faits et les injustices de ce monde, et surtout pour sauver le plus grand nombre d’innocents possible. Mon histoire n’est pas seulement la mienne ; elle est aussi celle de tant d’autres, victimes de silence et de déni.
En la partageant, j’ai été profondément choqué de découvrir combien de personnes avaient vécu des expériences similaires, des personnes qui, comme moi, avaient enfoui leur douleur et souffraient en silence. Le simple fait de raconter mon histoire leur a donné le courage de se libérer à leur tour, d’affronter leur passé et de parler.
C’est ce pouvoir de transformation que je veux amplifier avec ce livre. Mon objectif est de briser cette omerta, d’offrir un espace de parole, d’écoute et de réconfort à ceux qui, trop longtemps, ont porté seuls le poids de leur souffrance. Si mon histoire a déjà permis à certaines personnes de prendre conscience de leur propre réalité et de trouver le courage de faire face, alors je sais que ce projet peut avoir un impact encore plus large.
Il ne s’agit pas simplement de raconter, mais de sauver. D’apporter un espoir tangible à ceux qui ont longtemps cru que personne ne pouvait comprendre leur douleur. C’est là toute la raison de ce livre. Parce que chaque histoire dévoilée est une chance de plus de protéger des vies innocentes et d’empêcher d’autres tragédies. En somme, à devenir qui ils sont.
Voici comment j’ai pris le chemin pour devenir qui je suis.
Né le 6 février 1985 à Sélestat, j’ai grandi dans un petit village en Alsace, Sainte-Croix-aux-Mines, au milieu d’une grande famille très soudée, composée de mes parents, de mes grands-parents maternels, de mes oncles, de mes tantes, et de mes cousins paternels. Aîné de ma famille, j’ai également un petit frère, Cihan, et une petite sœur, Sabrina.
Je suis le fils et le petit-fils d’immigrés turcs d’origine kurde. La famille de mon père est principalement d’origine kurde et alévie, venant de la région de Kahramanmaras, plus précisément de Pazarcik. Nous avons aussi des racines turques en Asie centrale, d’où sont originaires des figures historiques comme Gengis Khan et Tamerlan.
Ma famille paternelle fait partie de la tribu Sinemilli, dont l’origine se trouve sur les plateaux proches de la ville de Nishapur, au sud-est de la mer Caspienne, dans la province de Khorasan, en Iran.
Quant à ma mère, elle est originaire de la région d’Elazığ, Karakoçan, plus précisément avec un héritage mêlant kurdes, alévis et sunnites. Mais ayant aussi des origines du moyen orient.
Sa famille fait partie des tribus Karsan et Ulaş, toutes deux branches de la tribu Sadilli du nom de Shadhi ibn Marwan, le grand-père de Saladin (Salâh Ad-Dîn Al-Ayyûbî), connu pour sa bravoure et son caractère noble, reconnu aussi bien en Orient qu’en Occident. Saladin, un chef d’État respecté même par ses ennemis, est une figure que j’admire profondément, et je suis fier de revendiquer cet héritage.
Né dans le creuset des Vosges, cette région n’était pas seulement le théâtre de mon enfance, mais aussi celui d’une histoire tissée de fils d’argent et de destinées ouvrières. C’est ici que mon père, ainsi que d’autres membres éminents de ma famille, a joint leurs efforts à ceux d’hommes venus de contrées lointaines pour forger leurs vies dans l’ombre rassurante des machines à textile.
Parmi ces hommes, le père de Rachid Taha, une figure emblématique de la musique française, dont les racines plongent également dans le sol laborieux de cette vallée. L’usine Hergé, célèbre pour ses collants et ses petits canards jaunes, devenus mascotte, fut un lieu de convergence de nos histoires familiales, séparées par une décennie, mais unies par le labeur.
Rachid Taha était lui arrivé dans les années 1960 avec la vague d’immigration algérienne.
C’est avec un mélange de nostalgie et de curiosité que je repense à ces rues que nous avons parcourues à des époques différentes, nos chemins ne s’étant jamais croisés, simplement parce que le temps ne l’a pas permis. Pourtant, nous avons sûrement partagé des expériences similaires, assis dans les mêmes cafés, absorbés par les mêmes parfums de café et les murmures des conversations. Ces paysages que nous avons contemplés portaient la même beauté, que ce soit sous la lumière du matin ou au crépuscule. Il est fascinant de penser que nos souvenirs, bien que vécus à des moments distincts, se rejoignent dans ce même village, comme des reflets d’une vie parallèle.
Dans le sillage de figures comme Rachid Taha, je suis guidé par le désir de laisser une empreinte aussi indélébile, d’inspirer et d’être un modèle pour les futures générations de cette vallée.
Ainsi, en écrivant ces lignes, j’aspire non seulement à rendre hommage à ces figures qui ont marqué ma vie, mais également à encourager chacun à embrasser et à valoriser ses racines, ses expériences, car elles constituent le socle sur lequel bâtir une existence riche de sens et d’impacts.
Mes parents, après avoir travaillé en tant qu’ouvriers dans les usines textiles de la région, tenaient une petite épicerie située à deux cents mètres de l’école maternelle du village. Nous ne roulions pas sur l’or, mais ce commerce nous permettait de survivre. Régulièrement, mon père faisait le tour des quartiers environnants en camionnette pour vendre les produits de l’épicerie. De temps en temps, mon frère Cihan et moi l’accompagnions dans ses déplacements. Mon père avait le sens du commerce et nous, nous avions le sens du partage : pendant qu’il exposait ses produits via la porte arrière, nous en profitions pour distribuer gratuitement des bonbons aux enfants du coin par la porte latérale.
Je me souviens d’un jour, alors que j’explorais la réserve de l’épicerie, où j’ai fait la découverte d’un grand carton d’œufs Kinder Surprise, fraîchement livré. Je me mis alors en tête d’en sortir tous les jouets pour les conserver puis de refermer les paquets, mais ma mère intervint à temps. Plutôt que de me gronder et me punir, elle ne put s’empêcher de rire.
C’est cette insouciance qui marquera ma culpabilité lorsque mon père fut contraint de fermer l’épicerie, faute de ventes : je pensais que ma tendance à partager sa marchandise et m’amuser avec avait causé sa perte.
Après la fermeture, mes parents retrouvèrent le chemin des usines de la région. Pour autant, mes parents tenaient à ne pas nous éduquer dans une énergie de manque. Bien au contraire, chaque anniversaire était une occasion spéciale. Mes parents, dévoués corps et âme à notre bonheur, invitaient la famille et les amis de la famille pour marquer l’événement. Pour chacun de nos anniversaires respectifs, ils commandaient des gâteaux personnalisés, reflétant à quel point ils se souciaient de rendre ces moments uniques. Bien que nous ne roulions pas sur l’or, leur priorité absolue était de nous offrir le meilleur, et ces fêtes étaient la parfaite illustration de leur amour inconditionnel et de leur dévouement sans faille envers nous.
J’avais au moins une cinquantaine de cousins et d’amis de la famille, tous originaires du même coin de Turquie que mon père. Ma maison ne désemplissait jamais. Mes parents, des gens au grand cœur, accueillaient tout le monde, et chaque anniversaire était une véritable fête, célébré en grande pompe avec tous les petits cousins.
J’adorais cette ambiance où ma mère préparait de succulents plats et des gâteaux pour nous. Cette chaleur familiale ne se limitait pas aux anniversaires. Chaque Nouvel An, les mêmes grandes soirées étaient organisées. Nos cousins de toute l’Europe venaient nous rejoindre, et parfois c’était nous qui leur rendions visite. Le seul endroit où je ne voulais pas aller pour le Nouvel An, c’était chez mes cousins en Suisse. Ce n’était pas parce que nous ne les aimions pas, bien au contraire, mais la Suisse avait une règle qui m’ennuyait : les pétards y étaient interdits. Alors qu’en Allemagne ou chez nous, nous étions impatients d’attendre minuit pour faire exploser nos sacs de pétards, en Suisse, nous restions des heures devant la fenêtre, espérant que quelqu’un dérogerait à cette règle. Mais il ne se passait jamais rien.
Quand j’y repense aujourd’hui, je réalise qu’effectivement, rien ne changeait le lendemain. La vie continuait comme si de rien n’était. Les Suisses étaient peut-être simplement plus en avance sur leur temps que nous ne l’étions à cette époque, privilégiant le calme et la sérénité plutôt que le bruit et l’excitation.
Comme le prouvent ces anecdotes, ce n’est ni la date ni le lieu qui vous apprennent à devenir une meilleure personne, mais bien l’éducation que l’on reçoit. Ma mère, mon premier amour, m’a appris à partager, à aider les gens dans le besoin, et ce, sans jamais rien attendre en retour. Elle m’a inculqué des valeurs qui ont marqué toute ma vie. Un épisode marquant de mon enfance m’a d’ailleurs appris à ne pas me laisser guider uniquement par le gain et le profit.
Un jour, notre voisine de palier a perdu le chat qu’elle aimait plus que tout. Elle lança un appel à tous les enfants du quartier pour le retrouver, en promettant une récompense de cinquante francs, ce qui les motiva bien sûr à partir immédiatement à sa recherche, moi compris. Très vite, après quelques minutes de recherche, je me retrouve nez à nez avec le chat, qui, à mes yeux d’enfant, revêt l’apparence d’un joli billet de cinquante francs qui viendra directement se loger dans la poche de mon pantalon. J’attrape l’animal sans qu’il n’oppose de résistance et je le rapporte à notre voisine, avec un grand sourire. Elle me donne les cinquante francs promis, et fier de mon accomplissement, je vais raconter cette aventure à ma mère. Celle-ci me demande alors si j’ai rendu le chat pour l’argent ou simplement pour rendre service à notre voisine. Il est évident que le sourire de notre voisine retrouvant son chat valait bien plus que la récompense qu’elle m’avait donnée et ma mère exigea donc que j’aille rendre l’argent à notre voisine. Je m’exécute bien entendu, même si c’est avec un peu d’amertume, mais je comprends à cet instant que servir les autres ne doit pas être motivé par le gain.
Je me souviens d’une autre anecdote marquante lorsque ma mère nous a fait regarder le film La Liste de Schindler. Elle tenait à nous le montrer, non seulement pour nous sensibiliser à la médiocrité et à la cruauté de l’être humain pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi pour nous rappeler qu’au milieu de cette horreur, il existait encore des exemples d’humanité. Elle voulait que nous comprenions que même dans les moments les plus sombres, l’espoir et la bonté pouvaient toujours émerger, et que des personnes courageuses avaient choisi de faire ce qui était juste, au péril de leur propre vie. Ce film n’était pas qu’une leçon d’histoire, c’était une leçon de vie sur la force de l’humanité, même face à l’injustice la plus cruelle.
Je me souviens encore avec émotion de ma tante maternelle, Saniye, qui vivait avec nous dans le même village avant de devoir partir à Paris après son mariage. J’avais à peine 5 ans, et à chaque fois qu’elle mentionnait qu’elle allait partir, je pleurais et me mettais en colère. L’idée de la voir quitter notre maison était insupportable pour moi à cet âge.
Un jour, désespéré à l’idée de la voir partir, je lui avais même promis de lui acheter une cuisine si elle renonçait à se marier. Avec mon innocence d’enfant, j’espérais pouvoir la dissuader, mais bien sûr, elle n’a pas pu changer ses plans.
Une fois parisienne, elle me rapportait des jouets à chaque visite, par exemple. Je me souviens encore du matin où, enfant, arrivant dans notre salon, j’ai découvert avec surprise un train électrique déjà monté et prêt à l’emploi. Mais ce n’était rien par rapport la joie de revoir ma tante. Ma tante Saliha, qui vivait dans le même bloc HLM que mes parents et moi, n’hésitait pas à m’emmener, moi et mon petit frère Cihan, nous balader ou louer des films. Nous étions aussi souvent avec notre grand-mère et nos oncles pour faire des courses. Quant à mon grand-père maternel, j’étais fasciné par sa créativité : il n’arrêtait pas de bricoler de nouveaux objets et gadgets dans l’atelier qu’il avait lui-même construit dans son garage. Sensible et émotif, j’ai ressenti dès mon plus jeune âge sa détresse : malgré toute sa volonté, mon grand-père maternel n’a jamais vraiment su s’intégrer au mode de vie à l’européenne, même après plusieurs années en France et restait dans une forme d’isolement. C’est grâce à ces liens que j’ai pu vivre mon enfance avec une certaine légèreté.
Il est certain que ma créativité me vient de mon grand-père. Mon arrière-grand-père, tout comme mon arrière-grand-mère Adile Ulas, était quelqu’un de très respecté dans la région d’Elazig. Engagé dans l’armée, mon arrière-grand-père a passé 15 années aux États-Unis aux côtés d’un docteur. À son retour dans sa région natale, il est revenu avec un bagage précieux de connaissances acquises durant son séjour. Les habitants de la région l’appelaient affectueusement Docteur Mustafa, en reconnaissance de ce qu’il avait appris et partagé avec eux.
Étant le premier né, j’ai été choyé par toute ma famille, probablement un peu trop. Qu’il s’agisse de mes grands-parents, de mes oncles ou de mes tantes maternels : la générosité en attention et en temps dont ils ont fait preuve avec moi a adouci ces premières années de vie et me marquera à jamais.