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Entourée d’amour familial à Paris, Madeleine endure une tragédie à l’âge de six ans : la perte de sa mère, due à la grippe espagnole. Ce premier chagrin est suivi de multiples épreuves. Pourtant, avec une force intérieure et une dévotion inébranlable, elle surmonte chaque défi que la vie lui impose. Finalement, elle découvre le bonheur et le partage généreusement avec sa famille qui lui rend cet amour...
À PROPOS DE L'AUTRICE
Micheline Grandjean a brillamment exercé en tant que secrétaire de direction pendant sa carrière. Cependant, sa passion inébranlable pour la littérature a toujours été présente. Inspirée par sa mère, elle a ressenti un appel irrésistible à écrire sur les femmes du début du XX siècle. Avec une élégance envoûtante, une pudeur profonde et un respect inébranlable, elle a franchi le pas en réalisant "En ce temps-là, les femmes…"
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Seitenzahl: 129
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Micheline Grandjean
En ce temps-là, les femmes…
© Lys Bleu Éditions – Micheline Grandjean
ISBN : 979-10-422-1862-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Madeleine
J’ai toujours eu une passion pour la littérature et les écrivains et un jour je me suis dit « pourquoi pas moi ? ».
Je ressentais tellement ce besoin d’écrire sur les femmes du début du XXe siècle, notamment sur ma mère, que j’ai osé franchir le pas.
Je vais tenter de vous parler d’elle avec un maximum d’élégance et de respect.
Je souhaiterais vous démontrer que l’on peut raconter une belle histoire en mettant en exergue les malheurs qu’elle a traversés, mais aussi les bonheurs qui lui ont permis de nous faire comprendre que nous étions nés au sein d’une famille pleine d’amour, de joie et d’empathie.
La sérénité que j’éprouve à écrire ces premières lignes me donne le courage de continuer à vous faire entrer dans la vie de Madeleine et j’espère parvenir à vous procurer le bonheur et le bien-être qu’elle m’a « offert » jusqu’à son dernier souffle.
J’ai retrouvé dans le tiroir d’un petit meuble, où se trouvaient divers objets hétéroclites, un de mes cahiers d’écolière. Je l’ai immédiatement senti, j’ai toujours aimé l’odeur des livres et des cahiers. À ce moment précis, j’ai ressenti une bouffée de nostalgie me guidant dans les pas de mon enfance et, bien sûr, dans ceux de mes parents.
Il me paraît important que l’on s’intéresse à l’existence souvent difficile des mères de famille de cette première moitié du XXe siècle, faite d’abnégation, de dévouement et d’un courage à toute épreuve.
Mon père, contrôleur-qualité dans un grand Groupe Automobile, travaillait énormément et en équipe. Les souvenirs que j’ai avec lui, ce sont parfois des dimanches ensoleillés où nous allions nous promener dans les parcs parisiens afin de passer de bons moments ensemble, les vacances en juillet ou en août, les fêtes de famille…
C’est donc avec ma mère que j’ai, au quotidien, mes plus nombreux souvenirs.
J’ai eu une enfance simple, mais très heureuse tant sur le plan affectif que matériel.
Le premier sentiment de nostalgie qui me vient à l’esprit ce sont nos promenades, le jeudi ou lors des vacances scolaires, dans les rues animées et commerçantes de Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, commune où nous habitions, où je suis née et où il faisait bon vivre. C’étaient nos petits moments à nous que nous partagions toutes les deux avec bonheur.
Le parcours de vie de ma mère, Madeleine, avait été constellé, de l’âge de 6 ans et jusqu’à 33 ans, âge où elle a rencontré mon père, d’un enchaînement de moments très difficiles, voire même dramatiques à des degrés divers. Il faut une force de caractère et une énergie sans faille pour les surmonter et rendre heureux son mari, ses enfants et petits-enfants.
Madeleine y est parvenue, avec la volonté qui la caractérisait. Avec tout l’amour qu’elle a caché tout au fond de son cœur et qu’elle a su distiller au sein de sa famille et de ses amis, tout au long de sa vie.
8 septembre 1912, Madeleine naît au sein d’une famille de cinq enfants. Une naissance bien accueillie, avec une maman, prénommée Marie, douce, courageuse et bienveillante. Émile, le papa, est seul à travailler et l’ambiance est simple, mais sereine et joyeuse.
1914, début de la Première Guerre mondiale. Début, également, de temps très difficiles. Heureusement, Émile n’était plus mobilisable, mais ce fut une période de disette et de famine pour tous les Parisiens et même ensuite pour le monde rural. Celui-ci arrivait à se nourrir grâce à leurs productions personnelles, lapins, volailles, œufs et légumes de leur jardin, mais les Parisiens avaient d’énormes difficultés d’approvisionnement et les hivers étaient particulièrement froids, la neige abondante ; en plus d’avoir faim, les familles grelottaient et les moyens pour se chauffer étaient très restreints.
Les retombées collatérales de cette guerre furent nombreuses et surtout dévastatrices en vies humaines.
Il a fallu de nombreuses années pour que les historiens décrivent les atrocités réelles supportées par les « poilus » pendant plus de quatre ans. Le nombre de victimes était impressionnant, sans parler de ceux qui étaient rentrés atrocement mutilés physiquement et psychologiquement. Le retour dans les familles n’a pas été aussi idyllique qu’ils le pensaient, de part et d’autre d’ailleurs. Pourtant ils étaient partis joyeux et montaient dans les trains en croyant être de retour un ou deux mois plus tard, vainqueurs et heureux de rentrer chez eux. Hélas ! la réalité fut toute autre. La France a payé un lourd tribut à ce conflit. La victoire, toute joyeuse qu’elle aurait dû être, a laissé un grand nombre de familles dans la détresse.
1918, le peuple sort de quatre longues années d’un conflit impitoyable. Les organismes sont épuisés et dans les rangs des poilus sévit, depuis janvier 1918, une pandémie dévastatrice : la grippe espagnole. Particulièrement virulente et contagieuse, elle a fait entre 25 et 50 millions de morts dans le monde, dont 165 000 en France et ce dans un laps de temps très court, selon les diverses sources d’information.
Originaire de Chine pour le « virus père » et des États-Unis pour sa mutation génétique, elle prit le nom de « Grippe espagnole », baptisée ainsi parce que l’Espagne, non concernée par le secret militaire, fut la première à la mentionner publiquement. La plupart des victimes mouraient de surinfection bactérienne qui se déclarait au bout de 4 à 5 jours et conduisaient au décès une dizaine de jours après les premiers symptômes, en l’absence à l’époque d’antibiotiques.
Les poilus furent les premiers contaminés, mais comme il était très difficile de juguler cette pandémie, les populations civiles furent également touchées par ce fléau. Compte tenu des privations occasionnées par la guerre, les organismes étaient affaiblis et les personnes les plus fragiles étaient les premières atteintes (enfants, personnes âgées, jeunes mamans, etc.).
Ma grand-mère maternelle fut donc l’une des premières victimes. Elle ne survécut pas et c’est avec beaucoup de chagrin et de tristesse que son mari et ses enfants durent se résoudre au pire. Pour cette famille tellement soudée, aimante, et ce malgré les soins, mis à leur disposition, qu’ils lui prodiguèrent pour la sauver avec toute leur énergie et tout leur cœur, rien n’y fit et l’irréparable se produisit.
Émile fut confronté à une nouvelle épreuve. Comment allait-il faire pour s’occuper de ses enfants ? Ils étaient tous très tristes d’avoir perdu leur maman et il devait faire en sorte d’être le plus présent possible auprès d’eux malgré son travail.
Les plus petits avaient besoin d’affection et il était très difficile d’aménager ses horaires en fonction de problèmes familiaux, quels qu’ils soient. Après de nombreuses argumentations avec sa hiérarchie, il réussit à obtenir des horaires lui permettant d’être auprès d’eux le plus possible. Ses enfants étaient heureux de le retrouver le soir. C’était un papa affectueux et sa présence, au moment du coucher, leur apportait du réconfort, même si une maman manque toujours énormément et ne se remplace jamais.
Nous ne nous consolons jamais de la perte d’une maman, quel que soit notre âge ; petits, adolescents, adultes, c’est une épine dans notre cœur que l’on ne peut enlever, même après plusieurs années. C’est d’ailleurs pareil pour un papa, mais peut-être un peu moins viscéralement.
Au début, sa sœur put pallier cette absence. Elle venait les préparer pour aller à l’école, leur préparait parfois le repas, mais Émile se doutait bien que c’était provisoire. Elle-même devait s’occuper de ses propres enfants qui avaient encore besoin d’elle étant donné leur jeune âge.
Sur les conseils d’une assistante sociale, deux ans après son veuvage, il se résolut à emmener Madeleine à l’institution du Bon Pasteur à Angers.
C’était un pensionnat qui accueillait les enfants dont les familles étaient dans une grande détresse et l’âge de Madeleine correspondait à celui nécessaire pour son entrée dans cet établissement. L’éloignement de Madeleine fut un nouveau déchirement pour cette famille éprouvée, mais soudée et aimante.
Émile et Madeleine prirent le train pour Angers, l’ambiance était plutôt morose. Le trajet leur sembla long, le silence était pesant entre eux que pouvaient-ils se dire sinon des banalités, et en même temps très court, car l’heure de la séparation approchait.
L’entretien avec la mère supérieure fut très bref ainsi que les formalités administratives. Madeleine était attendue et son dossier était déjà prêt.
L’heure de la séparation était arrivée. Compte tenu de leur force de caractère et leur pudeur réciproque, elle s’était faite avec beaucoup de retenue, mais avec une grande tristesse simplement marquée par leurs regards.
Les épreuves qu’ils venaient de vivre leur avaient permis de rester dignes, leurs liens affectifs étaient devenus indéfectibles, l’éloignement ne changera pas l’amour filial et paternel qu’ils avaient l’un pour l’autre.
Émile était prêt à partir, mais une dernière recommandation lui parut nécessaire :
C’était sur ces paroles pleines d’espoir qu’Émile était reparti prendre son train. Il avait besoin de rentrer, de voir ses enfants qui comptaient sur leur papa pour les guider au quotidien et les serrer dans ses bras.
La vie reprit son cours, mais l’absence de Madeleine laissait un grand vide au sein de cette famille méritante et pleine d’amour.
À son arrivée, la mère supérieure prit Madeleine par la main et l’accompagna auprès des autres pensionnaires afin de faire les présentations.
Après avoir parcouru un très long couloir glacial et austère, elles pénétrèrent dans le dortoir. C’était une grande pièce avec de petits lits, séparés par un rideau, à côté de chaque lit, une armoire et une table de nuit.
Une jeune sœur arriva et la mère supérieure lui présenta Madeleine. Celle-ci lui plut tout de suite par la chaleur humaine qu’elle dégageait au premier regard.
La mère supérieure partit d’un pas rapide et décidé vers son bureau, toute cornette au vent.
Même si la mère supérieure avait bien accueilli Madeleine comme il se doit, elle discerna chez sœur Gabrielle une douceur et une chaleur qui la réconfortèrent un peu de sa séparation d’avec les siens.
En entendant toute cette litanie, Madeleine resta sans voix.
Sœur Gabrielle s’aperçut qu’elle avait l’air triste et, la prenant par la main, lui dit :
Effectivement elle était très belle et Madeleine la trouva tout de suite accueillante, lui apportant sérénité et réconfort.
Elle la prit par la main pour entrer dans la classe, s’installer auprès de ses camarades qu’elle avait déjà vues et faire la connaissance de sœur Agathe qui allait être son institutrice pour cette première année scolaire au Bon Pasteur.
Sa première journée d’école avait commencé sous les meilleurs auspices. Madeleine était une élève sérieuse, tant sa soif d’apprendre était grande, elle s’intéressait à beaucoup de choses et ses parents lui avaient toujours appris que le savoir était très important et un plus pour affronter la vie.
Au fur et à mesure que la journée avançait, Madeleine découvrait les petits rituels immuables qui seraient son quotidien et ce que serait sa vie durant ses prochaines années au pensionnat.
Levée à 6 h 30 pour une toilette faite dans des conditions plutôt spartiates, d’ailleurs la température ambiante ne se prêtait pas à s’éterniser dans les lavabos avant d’aller à la première messe. Elle demeurait très inquiète concernant le déroulement de la journée, elle espérait qu’elle ne ferait pas d’erreur afin que son intégration se déroule le mieux possible et c’est effectivement ce qui se passa.
Madeleine commençait à se lier avec d’autres petites filles et notamment avec Anne qui était là depuis la précédente année scolaire.