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La chambre éclairée est recueil éclectique de 14 nouvelles. Il se compose de « La Chambre éclairée », « Fantômes », « Conte de Bel-Gazou à sa poupée », « Bel-Gazou et le cinéma », « Le Retour des bêtes », « Présages », « Une lettre », « La Nuit paisible », « Une Réponse », « Confidences sans signatures », « Nouveaux Riches », « Un timbre à 0, 60 S.V.P. ! », « Le Maître », « Plomberie et gaz ». Les articles qui le composent ont été pour la plupart publiés dans Excelsior, deux d’entre eux ont paru avant la guerre dans Le Matin et dans La Vie parisienne. En 1948, lors de l’édition des Oeuvres complètes du Fleuron, Colette remaniera ce recueil pour le réduire à quatorze textes. L’ensemble parle de la vie (difficile) pendant la guerre, et, d’une certaine manière, du besoin de la reconquérir. Il est éclectique, évoquant tour à tour Bel-Gazou, les animaux, la vie sur le front de la guerre, la vie dans Paris pendant cette guerre et quelques scènes de mœurs. |source Les amis de Colette| Chapitres de l'œuvre La chambre éclairée-Fantômes-Conte de Bel-Gazou à sa poupée-Bel-Gazou et le cinéma-Le retour des bêtes-Présages-Une lettre-La nuit paisibl-Une réponse-Confidences sans signature-Nouveaux riches-« Un timbre à 0,60 f, s.v.p. ! »-Le « maître »-Plomberie et gaz.
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Veröffentlichungsjahr: 2024
La chambre éclairée
Fantômes
Conte de Bel-Gazou à sa poupée
Bel-Gazou et le cinéma
Le retour des bêtes
Présages
Une lettre
La nuit paisible
Une réponse
Confidences sans signature
Nouveaux riches
« Un timbre à 0,60 f, s.v.p. ! »
Le « maître »
Plomberie et gaz
Série :Colette
|23| LA CHAMBRE ÉCLAIRÉE
Ce recueil de nouvellesfait suite à : |22| Les heures longues
COLETTE
LA CHAMBRE ÉCLAIRÉE
RECUEIL DE NOUVELLES
Paris, 1920
Raanan Éditeur
Livre 1229 | édition 1
raananediteur.com
Liste des nouvelles
La chambre éclairée
Fantômes
Conte de Bel-Gazou à sa poupée
Bel-Gazou et le cinéma
Le retour des bêtes
Présages
Une lettre
La nuit paisible
Une réponse
Confidences sans signature
Nouveaux riches
« Un timbre à 0,60 f, s.v.p. ! »
Le « maître »
Plomberie et gaz
Pas de pétrole,
Pas de l’essence,
Pas de la bougie,
Quel-le malheu-re !
En sautant d’un pied sur l’autre, en chantant à pleine voix, ainsi Bel-Gazou va, propageant l’expression de la triste vérité. C’est un fait : le pétrole manque à Brive et à Varetz, l’essence a vécu, la bougie coûte quatre francs vingt-cinq la livre, et devient rare...
Pas de pétrole,
Pas de l’essence...
Bel-Gazou, baignée de soleil, clame ironiquement le deuil des lumières artificielles. Juin finit, et la voici cuite comme un pêcheur breton. Mon nez, surpris par l’insolation, pèle ; le sien, bien raccordé aux plans des joues par des couleurs empruntées aux bronzes, aux céramiques, aux fruits vernissés, me fait envie. Ses pieds de romanichelle, nus, sonnent sur la dalle et sur les vieux parquets. Un chapeau de toile blanche voltige au bout de ses bras, coiffe le chien, ou se perche dans un arbre ; Bel-Gazou se contente de son calot de cheveux châtains, coupés droit au-dessus du sourcil et sur la nuque.
Quel-le malheur-re !
Quel-le malheur-re !
Elle bondit, rayée de rouge et de blanc dans son maillot marin, et s’enfonce, bue soudain par l’ombre de la maison.
Midi. Un milieu de journée sans nuage, sans brise, un midi qui dilate les boiseries vermoulues, fane la rose enlacée aux balustres de la fenêtre, assagit les oiseaux. Le soleil perce de part en part la bibliothèque et cloue sur un panneau l’ombre cornue de l’araucaria. Les abeilles qui logent dans le mur travaillent avec une frénésie innocente, tissent un filet d’or volant dans la pièce, heurtent unevitre, butinent la digitale rose debout dans un long vase, cinglent ma joue, la joue de Bel-Gazou, et ne piquent point.
Jusqu’à sept heures, le jour d’été va triompher de l’épaisseur des murs, de la profondeur des embrasures obliques. En déclinant, le soleil fera, des plats pendus aux murs, autant de miroirs pour sa gloire. Mais, après sept heures, il quittera ce large pan de ciel libre tendu devant nous, et tombera derrière les peupliers d’abord, puis derrière une tour... Nous tirerons sur le balcon la table à lire, et le fauteuil, et aussi le pliant de Bel-Gazou, et je pourrai compter encore sur une grande heure de jour. Lorsqu’une fraîcheur à peine sensible, perçue seulement par les narines et les lèvres, ignorée des surfaces grossières de la peau, montera de la vallée, je lèverai la tête, étonnée que la page du livre, rose tout à l’heure à cause du couchant, bleuisse à présent comme une pervenche...