Le voyage d’une Dakini dans le monde de la perversion - Marie-Hélène Médina - E-Book

Le voyage d’une Dakini dans le monde de la perversion E-Book

Marie-Hélène Médina

0,0

Beschreibung

"Le voyage d’une Dakini dans le monde de la perversion" établit un lien entre la réalité des personnes souffrant de troubles narcissiques pervers et la spiritualité. L'auteure partage son enfance pour sensibiliser sur la gravité des abus psychologiques, notamment ceux infligés par une mère manipulatrice qui cache sa véritable nature derrière une façade altruiste. Le livre décrypte subtilement le comportement de ces individus toxiques tout en proposant une exploration des défis du développement personnel. Il invite les lecteurs à entreprendre un voyage intérieur vers leur propre libération.

 À PROPOS DE L'AUTRICE

Marie-Hélène Médina a un penchant pour les écrits où la magie des paysages se marie harmonieusement avec des aspects thérapeutiques. Son parcours en tant que sophrologue-analyste et professeur de yoga l’a inspirée à écrire "Le voyage d’une Dakini dans le monde de la perversion", son premier livre publié.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 488

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Marie-Hélène Médina

Le voyage d’une Dakini

dans le monde de la perversion

© Lys Bleu Éditions – Marie-Hélène Médina

ISBN : 979-10-422-1806-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préambule

Pour commencer, je vais préciser le sens du mot pervers. Il y a perversion lorsqu’un individu fait en sorte de changer la réalité. La manipulation est présente à partir du moment où l’on cherche à contrôler autrui en lui demandant de changer son comportement par l’utilisation de divers procédés plus ou moins subtils. Des personnes penseront agir de leur propre chef, sans avoir conscience que leurs actions ont été propulsées par le manipulateur. Cependant, il ne peut y avoir de manipulateur s’il n’existe pas de manipulé. Nous ne nous laissons manipuler que si nous avons un intérêt que celui-ci soit grossier ou subtil.

Les intérêts grossiers seront en lien par exemple avec le matériel. Les bénéfices plus subtils avec les besoins narcissiques non conscients. Une personnalité en recherche de reconnaissance qui reçoit des compliments de la part d’un manipulateur enclenchera le processus de déni, afin de garder une situation dont elle est attachée de manière égotique. En effet, le choix d’une prise de conscience de la réalité amène avec lui un autre regard qui pose des limites aux personnalités toxiques.

Une personne qui devient manipulable lorsqu’on la flatte, montre là un déséquilibre. Avoir confiance en soi est l’unique véritable rempart envers les personnalités nocives. Cette confiance passe par la connaissance de qui nous sommes.

Cela semble contradictoire à première vue, mais les pervers narcissiques sont des personnes facilement manipulables en raison de leur appétence en matière de compliment et de leur difficulté à ressentir les émotions des autres personnes. Ils ne font que se les imaginer. Ils ne donnent foi qu’à leur imagination. Ils n’ont quasiment aucune empathie émotionnelle. Ils sont juste capables de se représenter de façon intellectuelle les émotions d’autrui. Ainsi, si vous singez une émotion, le pervers ne verra que l’émotion jouée. Lui-même passe son temps à les imiter et à en cacher d’autres. En totale déconnexion de son authenticité et de ce qu’il est, il est incapable de voir les choses et les gens tels qu’ils sont. Il arrivera souvent à faire croire à son entourage qu’il est fin psychologue. Cette croyance montre que ses techniques de manipulation et de contrôle ont remplacé la lucidité par de l’aveuglement. Le monde n’est plus tel qu’il est, mais tel que le pervers veut qu’il soit, afin de garder son équilibre. Équilibre totalement déséquilibré. Un équilibre mensonger qui repose en permanence sur le maintien de son faux personnage et de ses illusions.

Tout être et tout évènement qui viendraient remettre en cause ses créations égotiques représentent un danger.

Pour voir le monde tel qu’il est, il faut impérativement se connaître et savoir ce qui se passe à l’intérieur de soi. Le pervers passe son temps à nier sa réalité interne. Le déni profond qui l’habite est en lien avec un déni initial qui a eu lieu dans l’enfance. Ainsi, il s’est créé un alter égo pour enterrer une souffrance qu’il a mise à distance. La perversion narcissique est une forme de dissociation d’identité. C’est une folie douce dans le sens qu’une majorité de personnes n’est pas équipée pour constater que le sujet en est atteint. En réalité, lorsqu’on connaît le fonctionnement du pervers narcissique, nous pouvons nous apercevoir très rapidement de l’existence de celui-ci chez une personne. Le comportement et les paroles des pervers n’appartiennent qu’à eux. Dès la rencontre, leurs paroles sont contradictoires, imprécises et leur manque de naturel me saute aux yeux même si pour d’autres, leur jeu paraît subtil et caché.

Pour celui qui dispose d’une véritable empathie, il est facile de voir ceux qui la singent. Ils sont bons dans le discours, mais ils ne peuvent mentir sur le langage corporel.

Leur discours n’est pas non plus si extraordinaire que cela et bien souvent, ils restent en contact avec des personnes peu cultivées qui se laissent impressionner par les connaissances du pervers. En réalité, il met en avant un personnage intelligent qu’il n’est pas et son savoir est bien souvent très limité. Il s’entoure de personnes d’un niveau inférieur à lui afin de rester dans l’illusion de toute-puissance. Lorsqu’une personne viendra lui poser des questions pour discuter d’un sujet en profondeur, le danger pour le pervers est énorme. Il développera des stratégies pour mettre les véritables individus intelligents et conscients à distance. C’est pourquoi il est très fréquent de rencontrer des problématiques dans les interactions entre surdoués et pervers. S’il n’est pas dans l’optique de la séduction ou qu’il voit qu’il ne peut contrôler, le pervers attaquera le surdoué car ce dernier ne lui montre pas qu’il est l’être parfait qui sait tout. Le pervers se croit plus intelligent que les autres car il confond l’intelligence avec la volonté de manipuler. Ainsi, contrôler les autres est un état permanent dans lequel il se trouve. Il existe des individus non contrôlables. Quand le pervers ne sent plus « le pouvoir », il devient « automatiquement » imbuvable, agressif, méprisant ou adopte une posture dictatoriale. Il faudra pour lui dégrader celui ou celle qui dépasse ses limites et ses capacités. Il ne peut supporter les personnes compétentes. Il remettra en cause les compétences des personnes les plus compétentes car elles représentent sa destruction.

On peut observer rapidement des contradictions dans son discours. Un pervers narcissique ne se pense pas pervers narcissique. Il se voit même comme une personne sociable, aux hautes valeurs humaines. En réalité, ce qu’il fait pour les autres sert à nourrir son identité narcissique de bonne personne. Il n’a pas conscience que lorsqu’il écrit, il expose son fonctionnement malade. Son jeu d’acteur est tellement travaillé qu’il arrive à se faire passer pour une personne particulièrement responsable, serviable, mature, voire parfaite. En effet, le but du pervers est que les gens le trouvent parfait pour ne jamais avoir à se remettre en question. On ne peut rien reprocher à une personne parfaite ! On est là dans une grande contradiction puisqu’il est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas suivre. Il a besoin d’infantiliser autrui, car il est lui-même totalement immature. Son immaturité se cache sous le masque du parent attentionné. Mais si on gratte un peu : c’est un parent dominateur et contrôlant dont l’enfant n’est que l’extension de lui-même. Il met en place des liens de fusion morbides.

Malheureusement, adoptant souvent des postures d’aidant, de soignant et de sachant, il fera beaucoup de dégâts en proférant des conseils aux autres faisant confiance à ses « extraordinaires » compétences. Il a choisi de n’entreprendre aucun travail sur lui-même, lui qui en aurait tant besoin. Il opte pour le monde des illusions et amène des proches dans son enlisement. Ce que le pervers n’a pas compris, c’est que sa souffrance ne s’est pas volatilisée. Elle est en lui. Comme il la repousse, il n’a pas d’autre choix que de la refourguer à un autre que celui-ci soit son conjoint, son enfant, un collègue de travail ou tout autre individu qui dispose, lui, de la capacité de se remettre en question.

En ce sens, le pervers souhaite vivre dans son mensonge jusqu’à la mort. Il n’imagine aucune autre alternative. Il est pourtant dans une fuite qui l’amène à faire du sur place.

Il est impossible de mourir dans ces conditions avec une telle distorsion de la réalité.

Je ne donne pas mon consentement au bien-être factice du pervers. Il doit mourir dans de bonnes conditions qui sont celles qui permettent de voir la réalité. Il doit donc passer par la destruction de ses illusions et pour se faire : rencontrer sa souffrance et la vivre intensément.

Chapitre 1

Présentation

Je suis la fille d’un couple de personnes manipulatrices, perverses et narcissiques. J’ai fait le deuil d’avoir eu une mère en 2013-2014. J’ai compris que pour elle, la remise en question est inaccessible et que cette faculté élémentaire lui a été dérobée par un puissant déni qu’elle a elle-même mis en place. Son bonheur réside dans le fait de m’avoir dans sa vie en tant que personne non réalisée et diminuée.

Je ne donne pas mon consentement aux fausses réalités qu’elle se complaît à imaginer et à raconter sur le ton de la confidence à ses amis ou toute autre personne apportant une pierre de plus à l’édifice de ses mensonges.

Ma mère ne m’aime pas, car elle n’en a pas la capacité. À l’inverse, même si pendant des années, j’étais perturbée de constater qu’elle ne m’aimait pas, je n’étais pas en manque d’amour. J’ai toujours senti dans mon être l’amour. Je peux même dire qu’il est mon essence et rien n’a pu diminuer ce qui est moi. J’ai eu conscience très tôt que ma grand-mère paternelle avait joué un rôle essentiel en me connectant à l’amour que ressent une femme pour un enfant. Sans elle, il est possible que mon fonctionnement aurait été tout autre ou du moins, un état de manque chronique se serait imposé. J’étais complète, sans vide à combler, tant mon corps était vivant et ma joie constante. Cela n’a jamais cessé.

Néanmoins, mon enfance, mon adolescence et ma vie d’adulte ont été jalonnées par de nombreux traumatismes causés directement par mes parents. Leur comportement était d’une telle gravité que j’ai vécu l’enfer. Je me suis reconnue au plus profond de ma chair et de mon esprit comme une véritable rescapée.

De nombreuses étapes ont été parcourues au cours de mon existence sur le chemin de la libération. L’écriture d’une lettre fut l’une d’entre elles. Je l’ai adressée à cinq membres de la famille. Elle retraçait un bon nombre de situations que j’ai vécues avec mes parents. Cet épisode se déroula en 2013 et il fut aussi douloureux que salvateur. Cet acte était vital. La personne à l’initiative de ce besoin viscéral de raconter mon histoire après tant d’années de muselière fut à son grand regret ma mère. Devenue adulte, son comportement m’était devenu insupportable et surtout : je ne pouvais plus l’accepter. En cette année 2013, j’habitais chez mes parents. J’avais quitté leur domicile alors que je n’avais pas encore 18 ans (2003). Je m’étais retrouvée chez eux quelque temps après que mon ex-concubin m’ait violentée dans notre piscine. Partir de chez un bourreau pour aller chez d’autres bourreaux n’est pas une sinécure. À la suite de nombreux conflits avec Anne-Marie qui se montrait de plus en plus agressive, j’aspirais à discuter avec elle. Mes tentatives rencontrèrent une haine exprimée avec cris et visage déformé sans même que j’ai pu terminer un jour, une seule phrase. Mes essais marqués par la compassion et la gentillesse rencontraient insultes et violence. Un jour, j’ai donné une lettre qu’elle déchira en petits morceaux aussi rapidement que sa rage était grande. Ma mère a été très violente. Mon père a été très violent. Leur rapport était très violent. Ils ne vivaient que dans le conflit quasi permanent. Une véritable maison de fous dont les propriétaires donnaient à l’extérieur une image de douceur et de perfection. Leurs conflits complètement déglingués ont toujours lieu.

Combien de fois je me suis dit passé l’âge adulte que si les gens qu’elle connaît voyaient comment elle se comporte chez elle : ils tomberaient de leur chaise, épouvantés et ce même s’ils n’entrevoyaient que 1 % de ce dont elle est capable de dire ou de faire. Quoiqu’il ne faille pas sous-estimer la capacité de déni que peut mettre en place un être humain pour rester dans ses certitudes, croyances et illusions.

Je pense que plus l’image du pervers narcissique est bonne, plus cela signifie à quel point il est atteint.

Écrire ce courrier et l’adresser à la famille : c’était le choix de quitter un navire de malheurs et de perversion. Il me fallait rejoindre le rivage par mes propres moyens. Commencer par les récupérer. Avoir des parents pervers narcissiques, c’est se faire amputer d’une partie de ses capacités tout en devant se débrouiller seule peu de temps après le stade du berceau. Cela développe néanmoins une grande autonomie. Je dois dire que malgré l’enfer, j’avais beaucoup de temps libre sans être importunée par qui que ce soit. Dès ma rentrée au CP, mes parents me laissaient seule très souvent. Ma mère particulièrement absente et mon père atteint de dépression dormait une grande partie de la journée.

Ainsi, j’ai eu la sensation dès la sixième de m’être faite toute seule. Finalement, prenant peu au sérieux les propos de mes parents et ayant conscience avant même de savoir lire que leur comportement était anormal, le travail de déconditionnement que l’individu enclin à la remise en question entreprend était ouvert. Des souffrances issues de ces traumatismes en chaîne étaient pansées par mes propres ressources. Je n’ai pas vécu de phénomène de dissociation comme beaucoup d’enfants et d’adultes peuvent vivre dans des circonstances atroces. Je n’ai d’ailleurs pas de trous dans mon existence. Ma mémoire est excellente.

Je ne suis pas la victime de viol ou de violence physique terrible, bien que j’aie subi de la violence physique et des formes d’incestes émotionnels. J’ai été victime d’une grande violence psychologique de la part de mes deux parents.

Aujourd’hui, vous pouvez me rencontrer étendue sur une chaise longue dans un jardin ou une terrasse, profiter de l’instant qu’offre la douceur des rayons du soleil. Se reposer après un travail. Prendre le temps de faire une pause, car bien souvent pour aller plus vite, il faut savoir ralentir. Cette activité est devenue une véritable jouissance de l’âme. Elle se situe dans la prolongation du Lying que je pratiquais déjà enfant et que j’ai rencontré plus tard avec un professeur de yoga traditionnel.

La pratique de la mise à mort de l’égo par l’émergence de l’inconscient ramené à la surface. L’esprit clair, la seule chose à laquelle j’aspire dans l’absolu. L’esprit doit être nettoyé régulièrement et ce même au cours d’une journée. Laisser reposer l’esprit jusqu’à la non-pensée pour ainsi voir ce qui est. Atteindre la véritable pensée.

Le mental, tant sollicité dans la vie dite moderne ne laisse plus de place à la vacuité de l’esprit. Il ne voit plus le monde qu’avec son point de vue égocentré. La réalité est déformée sans que l’individu choisisse d’en prendre conscience.

Comme l’a dit Charles Péguy : « Le plus difficile n’est pas de dire ce que l’on voit, mais de voir ce que l’on voit ».

Née au sein d’une famille dysfonctionnelle, j’étais un enfant atypique au pays des pervers. J’avais compris que mes parents avaient un problème dès l’âge de 5 ans. Je me disais intérieurement : « Reste bien avec tes trucs », « Reste bien avec tes trucs ».

Pour ceux et celles qui sont embarqués avec des personnalités toxiques, il est temps de quitter le bateau. Seulement vous et uniquement vous pouvez décider de sauter de l’embarcation et continuer pour une autre destination.

Les pages qui suivent racontent des moments qui ont plus marqué ma psyché que d’autres. Je vous partage les prises de conscience qui émergèrent au cours de ma vie et des réflexions sur la spiritualité et le monde qui nous entoure pour aller au-delà du mental et de nos illusions. Même si la forme du livre est atypique, le lire dans l’ordre est recommandé car nécessaire pour une réelle compréhension et la portée du partage.

Chapitre 2

Enfance

Monsieur Souchon

Je suis en classe de CM2. L’instituteur que je pensais assez âgé à l’époque mais qui peut-être n’avait que 30 ans se distinguait des autres adultes de l’établissement tant par son physique que par sa manière de se comporter avec les élèves. Il avait des cheveux longs négligés et portait des tenues vestimentaires décontractées et très froissées. Je n’ai pas oublié son visage ni sa grande taille et sa bienveillance envers tous. Il s’appelait Monsieur Souchon et ressemblait étrangement au chanteur du même nom. Il a enseigné à l’école primaire Jean-Zay à Beaumont dans le Puy-de-Dôme.

Un jour, il nous posa cette question :

— Quel est l’animal le plus dangereux ?

Les enfants ont répondu en nommant avec assurance le tigre, le lion, le crocodile…

À chaque fois, Monsieur Souchon formulait une réponse négative pour nous indiquer que nous nous trompions. Beaucoup d’animaux ont été cités sans succès. L’instit nous laissa du temps pour accéder à la juste réponse, mais absolument personne ne trouva.

Enfin, le silence se fit et notre Maître prononça cette phrase complètement inattendue :

— C’est l’Homme.

Il y a eu des réactions différentes selon les élèves, mais je pourrais dire que l’incrédulité et la perplexité régnèrent dans la salle. Il y avait aussi beaucoup de déception. La question qui avait stimulé l’imagination des enfants retombait comme un soufflet genre ta blague elle est nulle.

Pour ma part, cette réponse me fit réfléchir et toucha ma conscience. Sur le moment, je ressentis un profond impact doux et puissant. Une élévation de conscience s’opérait. Au cours de mon existence, il m’arriva de relater cet épisode en demandant à mon interlocuteur de répondre à la question posée par M. Souchon.

Un autre jour, Monsieur Souchon nous a précisément expliqué la manière dont les peaux des pommes de terre étaient retirées pour être vendues directement épelées. Nous avons appris qu’elles étaient immergées dans un produit hautement toxique. Cet instituteur a été pour moi très important en permettant d’ouvrir mon esprit et d’être attentive à l’environnement et à la personne que j’incarne.

Quel toupet !

Je suis dans la cour de l’école maternelle. Un petit garçon que je ne connais pas me demande à la récréation la date de mon anniversaire. Je lui réponds que c’est le 24 mai et ma date 1985. Il me demande paisiblement si j’en suis sûre. Je suis interloquée par sa question. Vexée et déstabilisée, je suis sur la défensive. Lui, gardant son sourire, continue à m’interroger :

— Qu’est-ce qu’il prouve que c’est bien ta date de naissance ? As-tu quelque chose qui certifie cette date ?

Je lui explique qu’il existe bien des documents. Il finit par me dire que nul papier ne peut fournir une véritable preuve et il illustra son propos par un exemple qui me laissa sans voix. Je n’avais rien à répliquer et j’étais fâchée.

Ce garçon m’a profondément dérangée. Je ressentis de la colère envers lui et ce même longtemps après, tellement cette conversation a été particulièrement marquante. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir revu par la suite. Je ne sais pas dans quelle classe il était. Pas dans la mienne du moins c’est certain. Il était plus grand.

Des années plus tard, j’ai pensé qu’il devait avoir un problème psychologique et ce d’autant plus important que son état inquiétant démarrait tôt.

J’émets un jugement différent aujourd’hui. Était-il réellement un enfant ? Était-il un être venu d’une autre dimension pour déclencher dans mon esprit une prise de conscience en prenant un prétexte important pour un enfant. Mais laquelle me diriez-vous ?

Celle de vérifier les informations écoutées, lues et véhiculées avant de les adopter comme justes. En effet, j’ai pu me rendre compte que même pour des choses élémentaires et pratiques, beaucoup de gens affirment des données tronquées, voire ineptes. Le plus embêtant est qu’ils partagent de mauvaises informations. Ils peuvent aussi ne pas voir ce qui est devant leurs yeux. Il m’est arrivé notamment d’être en présence d’une femme qui ne voyait pas une affiche devant elle. Le document avait été placé pour indiquer un changement d’adresse de l’administration en question. Cette personne n’était pas seule à ne pas la remarquer. Elles finirent par prendre conscience de son existence par mon intervention. Plus tard, lorsque j’arrivai à la nouvelle adresse de cette administration, j’ai assisté rapidement à la colère d’une femme qui criait après une employée, car elle affirmait qu’il n’y avait rien pour indiquer leur déménagement sur la porte de l’ancien bâtiment. Malgré la gentillesse de l’hôtesse d’accueil qui lui expliquait qu’elle se trompait, la personne agressive persistait. J’ai donc pris la parole en confirmant que les propos de la salariée étaient exacts et qu’il y avait bien une affiche explicative. Sa colère ne faiblit pas pour autant. Vexée, elle rouspéta encore et continua sa lutte contre elle-même dans un autre ailleurs.

On constate souvent une non-présence de l’individu. La vision est limitée aux pensées vagabondes qui coupent du réel. Dans cet exemple, une image de l’administration s’est formée par des habitudes. Dans la même idée, celui qui emprunte le même chemin tous les jours est moins attentif à ce qui est nouveau (sauf différences importantes) ; ce qui peut conduire aux accidents, car l’individu n’est plus véritablement présent. Sa vigilance est aux placards. Sans vigilance, pas d’instant présent. La vigilance de l’instant présent est sans tension, douce et suave. Attentive et céleste.

La non-présence de l’individu conduit à voiler la vérité de l’instant. L’individu en arrive à voir le monde qui l’entoure « qu’avec » des images qu’il a créées dans son mental. Elles déforment ce qu’il voit. Les images vont jusqu’à remplacer l’essence de ce qui est devant les yeux. La personne ne se situe plus dans la réalité, mais dans des projections et imaginations incessantes. L’image erronée prend l’ascendant sur la vision directe et juste. On parle pourtant ici, d’un élément simple et matériel puisqu’il ne s’agit que d’une affiche. Qu’en est-il de ce qui est subtil ? Je précise néanmoins que les termes grossiers et subtils sont très relatifs. En effet, quelque chose de subtil pour l’un, pourra être très grossier pour un autre, dans le sens que celui-ci verra la chose de façon aussi visible qu’une tasse posée en face de lui. Ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure pour un esprit conscient peut être indécelable. Seriez-vous capable de discerner ce qui se présente sous vos yeux ? Allez-vous au-delà des apparences ? Voyez-vous uniquement ce que la personne veut que vous voyiez ou perceviez-vous la, telle qu’elle est ? Il est évident que pour ne pas tomber dans le piège des faux personnages, il est nécessaire d’être au clair avec soi-même. Vous seriez peut-être ravi de rassurer l’égo de votre interlocuteur si en échange, votre désir de renforcer votre image narcissique est à assouvir. Une identité narcissique ou autrement dit une saisie de l’égo n’est qu’illusion. Et pourtant, ces saisies sont la plus grande source d’attachement d’un être humain. L’attachement par les réactions crée la perte.

Si vous avez confiance en vous et acquis un précieux recul sur vos émotions et perceptions, votre sens critique existe. Vous vous êtes sûrement rendu compte à quel point les personnes s’induisent en erreur les unes les autres. Une véritable contagion. Combien de fois, je me suis dit intérieurement : heureusement que je n’ai pas écouté celui-ci, car l’issue d’une situation aurait été néfaste ou non aboutie ou je n’aurais pas dû l’écouter et rester sur mes impressions, car j’avais bien vu juste dès le départ. Il est d’autant plus difficile de ne pas se laisser influencer lorsqu’on aime les gens ou que la personne fait preuve d’une grande assurance dans ses dires. Certains tentent aussi de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Et souvent, nous allons croire ces distorsions, car notre orgueil ne veut pas accepter qu’une personne tente de se fiche de nous. Oui, elle ose et sans le moindre scrupule.

Une majorité n’a pas forcément raison. Prenez en considération l’existence de votre lucidité et faites-lui confiance. Optez pour l’habitude de tout vérifier à commencer par les éléments purement matériels comme l’administration. Il y a régulièrement des erreurs effectuées par du personnel.

N’attendez pas que les autres fassent tout parfaitement pour vous. Non, dans ce monde, vous devrez même vérifier des tâches que d’autres ont mal faites, alors qu’ils sont payés pour le faire (contrairement à vous). Gardez un œil attentif sur ce qui vous concerne. Vous serez stupéfait de ce que vous allez découvrir. Cela permet de développer le sens des responsabilités et de la vigilance. Être responsable, c’est l’être à chaque instant. On ne délègue pas sa responsabilité. On est amené naturellement à mettre les autres face à leurs responsabilités. Celles que nous n’avons pas à endosser à leur place.

Il existe toutefois, ce que j’appelle les sources sûres.

Notre cœur connaît toujours la vérité, contrairement au mental qui est un piteux conseiller et malheureux décodeur. En aucun cas nous ne pouvons accéder à la vérité par un argumentaire et un discours convaincant. Il n’y a que l’égo qui adopte une opinion. Le cœur, lui, est authentique et discerner ce qui est vrai se fait de manière instinctive et naturelle. Lorsqu’on a enlevé toutes les couches de croyances erronées et d’identifications égotiques, reste un savoir et des connaissances absolues et pures.

La perception directe est la vue juste.

Des conseils mal avisés peuvent anéantir une vie, vous faire dévier du chemin, contracter un mariage avec une personne qui ne vous correspond pas et passer à côté de ce que l’univers a de plus beau à offrir. Vous pouvez être amené à ne plus du tout savoir ce que vous souhaitez réellement.

Vous pourriez incarner un personnage qui est très éloigné de votre être authentique. Vous portez un costume immuable qui vous rend indécrottable et figé dans le temps et l’espace. Prendre son pouvoir et son autonomie psychique est ce qui conduit à l’anéantissement du superficiel. Ne plus être relié à nos aspirations les plus profondes est je pense, ce qu’il y a de pire. Une personne dotée de sagesse ayant la capacité de discerner ce qui est le mieux pour vous et ce que vous devriez entreprendre ne vous le dira jamais directement en vous disant quoi faire, par exemple. Elle ne se positionnera pas en tant que conseillère. Sauf situation d’urgence et de danger évidemment.

Beaucoup d’individus qui formulent des conseils le font dans un but inconscient égotique : pour renforcer leur image narcissique. On s’aperçoit également que les donneurs de conseils n’ont en fait pas compris la situation exacte dans laquelle vous vous trouvez.

Une personne qui adopte la posture de conseiller montrera par là même son manque de discernement. Il est fort probable que la situation lui échappe en vérité. Prodiguer un conseil peut-être une façon de contrôler l’autre.

Un individu qui prodigue des conseils ne comprend pas la situation et projette sa propre expérience qu’il n’a pas encore compris. C’est un stratagème de l’égo pour ne pas réfléchir profondément sur son expérience passée. Expérience mise sous le tapis.

Il n’a bien sûr aucune conscience de son attitude et aimera croire qu’il est un être avisé. Le véritable Maître amène l’autre à savoir ce qui est bon pour lui.

Il lui permet de clarifier par lui-même sa situation. C’est cela la conscience.

Le pervers cherche à faire les choses à la place de l’autre. Il veut accaparer la place de l’autre. Il cherche à rendre les autres dépendants de lui. Ainsi, il ne leur permet pas de réaliser leurs actes en autonomie. Le pervers se précipite pour donner la bonne réponse ou faire les choses à la place des autres. Certains verront dans son comportement de l’altruisme et une posture de service. Pourtant, ça n’a rien à voir avec ça.

Le calcul

Je suis en CE1 ou CE2. Les réminiscences des visages des institutrices de ces deux années scolaires sont particulièrement vagues contrairement aux autres années, où les souvenirs des faciès et des physionomies de mes enseignants sont précis. Je pense que je devais avoir une piètre relation avec mes institutrices de CE1 et CE2. Nous avions eu beaucoup de remplaçantes et des changements en raison des absences prolongées de la maîtresse.

Nous effectuâmes un exercice de mathématique. Pour le réussir, il y avait toute une longue démarche à entreprendre avec des sortes d’entonnoirs-arbres. Je ne comprenais pas cette manière d’opérer par cette longue décomposition. J’ai calculé bien plus rapidement d’une tout autre façon dans ma tête et notai directement le résultat. Lorsque la maîtresse vint constater ce que nous avions trouvé, elle me lança brutalement que j’ai triché en regardant sur le cahier de mon camarade.

Je lui ai répondu que j’avais calculé mentalement et que je n’avais pas triché. Elle se fâcha et cria quelques secondes en affirmant que c’était impossible. Elle rajouta que j’avais menti.

Cet évènement m’a beaucoup attristée et meurtrie pendant des années.

D’autant plus que lorsque j’en ai parlé à ma mère, tellement que cette situation m’avait perturbée, je n’ai pas trouvé le soutien dont j’avais besoin.

Elle avait arrosé un sentiment d’injustice.

Les lunettes des voitures

Je suis en CM1 et j’adore rentrer de l’école avec un ami qui se nomme Jérôme. Je suis quelque peu amoureuse de lui. Ce n’est pas le premier garçon dont je suis amoureuse. J’étais éperdument éprise d’un garçon en maternelle et qui pour mon plus grand bonheur était assis à côté de moi pour la photo de classe. Sur celle-ci, je tourne la tête en sa direction avec un sourire qui ne laisse aucun doute sur mes sentiments. Le garçon avait les cheveux châtain clair et les yeux marron. Les cheveux courts avec une fine natte au niveau de sa nuque qui m’interloquait beaucoup. Il était très gentil. Nous parlions souvent de moto. Nous rêvions ensemble de moto.

Je reviens à Jérôme, mon camarade en CM2 qui habitait à 500 mètres environ de mon domicile. Nous avons dansé un slow lors d’une classe de neige à Super-Besse. Une boum a été organisée. Comme je vous disais, je me délectais de faire le trajet de l’école à la maison en sa compagnie.

Nous rigolions énormément.

Nous examinions toutes les voitures rencontrées pour voir si leurs lunettes étaient amusantes. Les phares des voitures ressemblaient dans notre imagination à de véritables lunettes et certaines, selon leurs formes et dispositions étaient selon nos critères inintéressantes ou hilarantes. C’est mon ami qui m’a fait découvrir ce jeu. J’émets l’hypothèse qui me vient en écrivant que cette inspiration devait avoir un lien avec le fait que son père tenait un garage d’automobiles.

Nous étions propulsés dans une retraite de quelques jours pour la communion solennelle. Nos fous rires étaient incessants. L’imprimé du pantalon d’une intervenante nous empêchait de retrouver un peu de sérieux. Les vaches représentées étaient jubilatoires.

Un jour, je fus mise à la porte par l’institutrice lors d’une partie de rigolade, seule à être réprimandée. Je faisais partie de ceux qu’elle appelait tête à claques.

Une couronne sans reine et une reine sans couronne

Je suis en maternelle, un jour de galette des rois et j’ai la chance et la malchance de trouver la fève dans la galette qui se trouve dans mon assiette. C’est une catastrophe. Je prends soin de la cacher après quelques secondes de pure terreur en la découvrant. Je suis très timide selon l’opinion du personnel de mon école. Ce qui n’est pas complètement faux mais pas totalement juste non plus.

Des adultes de l’école m’ont conviée à rejoindre un petit groupe d’enfants rassemblant les grands timides. Je ne suis pas restée bien longtemps, car me sentant à l’aise dans cette ambiance, je n’avais malheureusement et rapidement plus ma place au sein de ce programme. J’étais très déçue et plongée dans l’incompréhension de cette décision.

Il était hors de question que j’annonce devant tous ces élèves que j’avais la fève et que l’on me porte une couronne. J’en mourrais d’envie bien sûr mais j’étais beaucoup trop terrifiée et très mal à l’aise pour dire quoi que ce soit. L’institutrice a insisté maintes et maintes fois pour connaître le gardien ou la gardienne de la fève. Je n’ai jamais dit ce jour-là que je l’avais malgré sa patience à attendre qu’une personne se déclare.

Lecture à voix haute

J’ai appris à lire rapidement avec les premiers cours de classes préparatoires et je lisais particulièrement bien. La maîtresse de CP que j’appréciais beaucoup avait dit à mon père que je lisais mieux que des enfants de sixième. Un jour, elle s’était sincèrement extasiée devant toute la classe par ma lecture. Je me rappelle avoir été étonnée de ses appréciations, car j’avais bégayé deux fois. Hormis ces « fautes », mon timbre de voix était très appréciable et je savais mettre le ton. J’ai longtemps pensé que la moindre erreur rendait la chose obligatoirement diminuée, foirée, loupée, nulle. Mais étrangement, cette pensée n’était valable que pour moi. Je ne l’appliquais absolument pas aux autres.

Certains textes que j’ai écrits, lors de ma scolarité ont été sélectionnés par des professeurs à titre d’exemple.

Humour douteux

Il n’y a pas d’humour mais de la perversité quand un individu ou un groupe rit aux dépens d’un autre.

Le désir du grandiose de l’égo nous limite

Je pense que l’impossible n’existe que par les limites que l’on impose à son esprit. Cela est pernicieux, car bien souvent pour l’être humain, lorsqu’il croise une personne qui dépasse les limites qu’il s’est imposées, son orgueil va surréagir, sans qu’il ne prenne conscience des causes de sa perturbation interne, et parfois il n’aura pas même conscience de la perturbation qui règne en lui tant le processus de refoulement est mis en place depuis tant années. Vous pourriez donc vous montrer injuste et agressif envers un individu qui met en péril la petitesse de la grandeur de votre égo.

La remise en question

La remise en question et les prises de conscience sont en perpétuel mouvement.

Certains individus n’accèdent pas aux remises en question ou uniquement de manière superficielle dans le meilleur des cas. Je me demande même pour certains s’ils se sont déjà remis en question une

fois dans leur vie et s’ils savent en quoi cela consiste réellement. La remise en question n’est pas uniquement intellectuelle.

C’est un processus très profond qui est lié à notre évolution. Seules les prises de conscience permettent d’avancer.

Alors que certains ont des prises de conscience plusieurs fois dans la journée, d’autres n’en auront aucune pendant 50 ans. Sans ce processus, la personne est éteinte bien que son égo lui fasse croire le contraire par du remplissage.

Le remplissage qui éloigne de la structure fondamentale amène l’individu à faire du surplace inlassablement. Des projets qui n’ont que l’apparence du changement.

Beaucoup confondent la culpabilité avec la remise en question.

Lorsqu’une situation ou une personne nous montre, sans que cela soit sa volonté, ne serait-ce que par sa présence quelque chose que nous devons travailler, nous avons deux choix qui se présentent : procéder au mécanisme somptueux de la remise en question ou projeter nos travers sur la personne devant nous, en l’agressant, l’humiliant, la rejetant… La plupart du temps, nous allons projeter sur elle nos propres comportements dysfonctionnels. Nous allons la voir telle que nous sommes en vérité. Ce que nous avons l’habitude de cacher à notre propre regard. Les enfants disent : « c’est celui qui dit qui est ». Cela s’avère également exact dans le monde des adultes qui ne le sont finalement pas encore. Nous pouvons également projeter d’autres identités sur un proche (ou moins proche) comme un ancien compagnon, notre mère ou la création d’une personnalité qui n’existe que dans notre imagination et qui se trouve être la résultante de fausses croyances.

Sur un courrier que j’ai déposé dans la boîte à lettres d’un couple toxique habitant dans le brivadois, j’ai écrit :

Vous ne parlez pas à moi mais à vos projections.

Quelques caprices

Je repense à une journée où j’ai dérangé ma grand-mère par un caprice. Je m’étais mise dans la tête dès le matin qu’elle m’achèterait une sucette. Elle ne l’avait pas entendu de cette oreille, en opposant un non catégorique. Moi non plus, je ne l’entendais pas de cette oreille et je l’ai littéralement harcelée une bonne partie de la matinée. Nous étions parties faire quelques commissions à pied. Je serais incapable de dire combien de kilomètres nous marchions pour cet itinéraire, mais dans mon souvenir il était assez long. Ce jour-là, il a dû sembler une éternité pour mon adorable grand-mère. Je répétais inlassablement que je voulais une sucette et je marchais volontairement très lentement, tout en m’arrêtant net de temps en temps. Je trépignais des pieds. Mamie est restée gentille, car elle n’a jamais crié ou dit des choses blessantes.

Elle montrait son exaspération en m’ordonnant de continuer à marcher avec une autorité saine.

Ce fut l’unique fois où je me conduisis de la sorte avec ma grand-mère et même avec n’importe quel autre adulte. Je n’étais pas une enfant qui exigeait des choses. Bien au contraire. Lorsqu’on me demandait ce que je désirais dans un magasin que cela soit mes parents ou d’autres membres de la famille élargie, je répondais que je ne voulais rien. Ma mère m’avait inculqué que je devais refuser les boissons et gâteaux que l’on pouvait m’offrir chez des amis, car je ne pouvais que les déranger. Je vécus une partie de ma vie à toujours refuser ce que l’on souhaitait m’offrir par peur de déranger ou parce que je pensais ne pas mériter. J’étais loin d’être une enfant pourrie gâtée comme le veut une rumeur populaire sur les enfants nommés enfants uniques. Petite fille, j’avais déjà besoin de rien.

Le seul caprice que je fis enfant avec mes parents était en rapport avec une poussette. Ils voulaient m’acheter un vélo pour mon anniversaire. Je vis dans le magasin une poussette qui me ravit en plein cœur. Je la souhaitais comme présent. Le caprice a duré quelques minutes car je fus réprimandée rapidement. Je pleurais de tristesse de devoir laisser la poussette. À ma grande surprise, mon oncle me l’offrit le week-end qui suivit sans que ma mère ne lui ait parlé de quoi que ce soit. Elle était d’ailleurs particulièrement contrariée.

Un ex-mari

En classe de CP, j’avais un amoureux avec lequel je m’étais mariée dans la cour de récréation. Un jour mon mari nommé Julien, prononça des phrases qui provoquèrent un terme à notre relation. Il parla d’impôts et de papiers administratifs importants à remplir pour notre futur. Il avait bien employé le mot administratif et d’autres mots du même acabit qui ne m’enthousiasmaient guère. Je n’en connaissais pas la définition. Je me souviens qu’il était très sérieux et que ce sérieux m’avait totalement déplu. Je divorçai rapidement sans regret.

Lorsque je racontais cette conversation à ma mère le soir venu, elle me répondit qu’il avait répété ce qu’il avait entendu chez lui. C’est effectivement fort probable.

La générosité s’octroie un cadeau

Un jour, un de mes oncles m’a étiquetée de personne égoïste à l’âge de 10 ans. En effet, nous étions tous les deux dans un supermarché et il m’a proposé de m’offrir un cadeau. Il m’a dit que j’avais le choix d’acheter quelque chose pour moi, ma chienne, mes parents ou pour toute autre personne. J’ai dit que je choisissais de m’offrir ce présent. Effectivement, à chaque fois que je disposais de quelques pécules, je le dépensais pour mon animal de compagnie ou toute autre personne en dehors de moi. Ce jour-là, j’avais envie de me faire plaisir. J’ai opté pour une Polly Pocket de poche. Mon oncle réitéra sa suggestion. Je restai sur ma position de choisir un cadeau pour moi en assumant mon choix avec joie et justesse. Il me jugea et m’attribua une étiquette qui ne me concernait absolument pas. Je me demande comment il avait pu arriver à ces grossières pensées, alors même que je donnais régulièrement mes jouets à sa fille. Je ne donnais pas ceux qui étaient abîmés ou moins attractifs, mais mes préférés qui se trouvaient être également les siens.

À l’inverse, cette cousine à qui je donnais tout ce qu’elle demandait se montrait objectivement égoïste. Elle faisait beaucoup de crises dans les magasins pour avoir encore plus que ce qu’elle n’avait déjà. Elle était particulièrement gâtée. Je trouvais que son comportement n’était pas normal surtout que l’on se faisait remarquer de la mauvaise façon. Je dois avouer que cela m’offrait un avantage pour les manèges. Grâce à ses « roulées » sur le sol des boutiques ou le goudron, j’avais droit à des suppléments de tours de manège lorsque l’on était ensemble que je n’aurais jamais pu profiter avec mes parents. Mon oncle projetait-il l’égoïsme de sa fille sur moi ? Espérait-il que je le sois également ? C’est une évidence. Mais toujours est-il que j’avais conscience à mon âge d’enfant, de l’état d’esprit et de la mauvaise analyse de mon oncle. Je me trouvais plus mature d’une certaine façon. Plus sage. Je ne trouvai pas cela juste et il n’était pas question que j’aille dans son sens, ni même que je me justifie. Je suis restée heureuse de mon cadeau sans être contrariée. Son esprit nébuleux lui avait tendu un piège.

La générosité : première pratique des Bodhisattvas

La générosité était chez moi innée et mise en pratique joyeusement. Le mot pratique me dérange, car il insinue que l’on passe de quelque chose d’intellectuel à du concret. La pratique n’est donc pas naturelle. Elle montre une séparation entre l’intellect et la conscience. Dans l’absolu, il n’en existe aucune. Il n’existe donc pas de pratique au sens où le mental le conçoit.

La générosité chez moi est inhérente à ma nature.

Je m’en suis même étonnée il y a plusieurs années quand je rendis visite à une autre cousine habitant la région parisienne : Louisa, une des personnes les plus respectables que j’ai pu rencontrer au cours de ma vie.

Lorsque ma cousine me conduisit dans la chambre d’une de ses filles, une boîte rectangulaire fleurie dans des nuances de bleu attira mon attention. Elle disposait de plusieurs compartiments aménagés en tiroirs particulièrement fins et délicats. Ma cousine me rappela que c’était une boîte que je lui avais offerte alors que nous étions enfants. Je m’en suis souvenue dans la seconde qui suivi, mais sur l’instant, j’étais profondément abasourdie de lui avoir transmis cette boîte. Je lui avais offert ce que j’avais chéri le plus.

Je suis très reconnaissante qu’elle l’ait gardée en parfait état et que cette boîte accompagne maintenant sa fille.

La générosité est sans attente, sans objectif. Elle donne sans intérêt. À un certain niveau (ce qui signifie qu’à un autre c’est autrement), ce n’est pas même pour faire plaisir, car vouloir faire plaisir nécessite de vouloir provoquer chez l’autre un sentiment.

Partage et vérité

Un jour, une de mes tantes anima un atelier créatif pour ses filles et moi. Nous disposions chacune d’un tableau blanc. Ma tante nous prodigua quelques indications et conseils pour notre création. Je me rappelle avoir été portée par une belle inspiration. À un moment donné, ma tante me demanda avec un ton qui sous-entendait que ma réponse serait affirmative :

— Ta maman ne te fait pas faire des choses comme ça ?

J’ai acquiescé tristement, car c’était une malheureuse évidence. Aucune activité n’était partagée à la maison. Ma mère n’a jamais joué avec moi. Il n’existait aucun partage de connaissances et de quelques transmissions que ce soient. Même pas le nom d’une fleur ne m’était enseigné. Pire, des loisirs étaient parasités par des réflexions dégradantes. Heureusement, j’avais une grande créativité et une belle énergie. J’inventais des chorégraphies, je chantais, dansais, inventais des jeux de cartes et faisais des choses que j’estimais passionnantes comme celle d’utiliser un lit pour le transformer en trampoline afin de m’exercer à des figures acrobatiques. J’imaginais que je servais des canons à des personnages invisibles lorsque je m’occupais de la vaisselle. J’ai utilisé beaucoup de liquide vaisselle pour faire mousser mes singuliers cocktails dans un débit de boisson improvisé.

Ce qui est positif avec des parents absents comme ma mère ou adepte des siestes comme mon père profondément dépressif, c’est que vous disposez d’une maison entière à votre disposition. Dès le CP, il m’arrivait de rester seule à la maison fréquemment.

Cauchemar d’enfant

Jeune enfant, je fis un rêve que je ressentis comme effroyable. Ma taille s’était réduite à celle d’un Schtroumpf. J’essayais très péniblement de monter les marches de l’escalier en bois de la maison de Beaumont qui était situé entre ma chambre et celle de mes parents.

Un animal inspirant

Fillette, je regarde seule la télé. Je suis enivrée par la beauté et la majestuosité d’un paon. Après avoir contemplé l’animal, je restai fascinée lorsqu’il réalisa une roue. Je rejoignis ma mère dans une autre pièce et lui fis part de mon souhait de faire comme le paon. Je lui demandai comment je pouvais m’y prendre. Elle me répondit de faire la roue. Elle m’expliqua verbalement et rapidement la technique. Je me suis alors empressée d’exécuter l’acrobatie.

Je la réalisai parfaitement quelque temps plus tard et pratiquais à partir du CM2 de la gymnastique artistique dans un club UFOLEP de Clermont-Ferrand pendant presque sept ans. Ce sport se trouvait être mon second choix. En effet, je souhaitais pratiquer de la danse sur glace, mais cela ne m’a pas été autorisé en raison du prix trop élevé. Mon père avait refusé ma demande en vociférant. Parler simplement de tout et de rien pouvait être également de la matière pour déclencher chez lui une crise de colère magistrale. Même si vous ne disiez rien, vous pouviez vous attirer des foudres. En effet, il n’y avait aucune véritable raison externe à son agressivité dévorante. Cependant, il emmagasinait beaucoup de frustrations avec ma mère au fil des jours. Il lui arrivait d’exploser et de se défouler sur moi plutôt que sur les personnes directement impliquées dans son mal-être. Je garde d’excellents souvenirs de mon ancien club de gymnastique car j’étais considérée et respectée.

Lorsque je partis du club de gymnastique, je quittais le seul endroit où j’avais toujours été respectée et appréciée pour ce que j’étais.

De précieux souvenirs émergent. Je revois certains entraînements et la belle chaleur humaine de coopération qui y régnait. L’amitié y était présente. Je me remémore nos déplacements pour participer à des compétitions interrégionales lorsque nous avions été sélectionnées en équipe. Les entraîneurs organisaient des activités. Pour moi, c’étaient de véritables vacances. Il régnait une chaleureuse ambiance apaisée. Bienveillance et liberté.

Nous avons fait du bateau à Nantes. Nager dans l’eau douce à Nîmes.

Lors d’une année sportive, mon anniversaire est tombé le jour d’un championnat.

Le matin même du 24 mai, alors que je me dirigeai dans la salle de restaurant pour le petit-déjeuner et m’asseoir à la table de mon équipe, un chant collectif de bon anniversaire résonna dans toute la pièce. Il venait (bien entendu) de mon équipe et des moniteurs. J’étais particulièrement surprise et gênée car tout le monde me regardait. Je reste très heureuse des nombreuses attentions que l’on me porta ce jour-là.

Je reçus une magnifique carte dont le verso était entièrement occupé par des mots remplis d’amour et de gentillesse. Tous avaient écrit. On m’offrit plusieurs cadeaux et nous sommes sortis au restaurant.

C’était pour moi extraordinaire car je n’aurais jamais pensé que mon anniversaire serait fêté et encore moins de la sorte.

Nous ne sommes jamais totalement inconscients

Les réactions égotiques des personnes se produisent, car il me semble qu’il y a toujours chez l’individu une partie de son être qui sait exactement ce qu’il en est de la réalité, d’où l’existence des phénomènes de projection. Les réactions d’agressivité se produisent lorsque la personne choisit de refuser d’accepter ce qui est et de s’autopersuader que cela ne lui appartient pas. Elle décidera alors d’accuser l’autre. Les enfants résument en la phrase qui suit le phénomène de projection : « C’est celui qui dit qui est ».

Un pervers narcissique dit souvent cette phrase : « Ce n’est pas ma faute ». On entend très souvent ces mots lorsqu’on travaille dans les établissements scolaires et plus particulièrement au sein des écoles maternelles et primaires.

Ne prendre aucune responsabilité et ne se voir attribuer aucun tort est un besoin vital pour une personne narcissique.

Vous les entendrez dire « ce n’est pas ma faute » avant toute autre considération dès qu’une situation particulière, comme un accident par exemple, arrive. La compassion que nécessiterait l’évènement est en arrière-plan, si tant est qu’elle existe.

Phénomène de projection et remise en question

Les gens ont deux choix lorsque la réalité s’invite dans leur vie par le biais d’une personne par exemple : se remettre en question ou refuser la réalité en agressant l’autre et en validant le phénomène de projection. On s’aperçoit que l’agressivité et les plus fortes réactions égotiques ont majoritairement lieu dans la tranche d’âge critique pour la remise en question qui est celle des 30-60 ans.

Par mon expérience professionnelle avec tous les publics : enfants, adolescents, adultes et personnes âgées, je peux vous dire que les moins enclins à évoluer sont les adultes qui n’en sont pas encore en réalité.

Un enfant ou un animal peut changer très rapidement selon qui s’en occupe. Ce n’est pas le cas des soi-disant adultes.

Les animaux ont la possibilité de changer leurs habitudes beaucoup plus aisément qu’un humain contrairement à la folle croyance qui dit le contraire.

En ce qui concerne les personnes âgées, les identifications se sont souvent adoucies. La résistance mental qui classifie, cloisonne et empêche toute véritable expérience est moins puissante pour une grande partie d’entre eux. Les maladies et deuils vécus ont permis d’effectuer un travail d’introspection et d’accéder pour certains à la sagesse.

La sagesse n’a pas d’âge.

Vous pouvez être né avec, comme mourir dans l’inconscience.

Si votre esprit et vision sont clairs, vous voyez les autres tels qu’ils sont. Vous avez même accès à leur inconscient. Lorsqu’on se connaît, on connaît les autres. Par notre intériorité et processus d’individuation, nous pouvons nous connecter réellement à l’autre. Nous ne sommes plus dans le jeu du renforcement des identités narcissiques lors des interactions qui n’ont souvent pour finalité que le renforcement de nos illusions.

Si votre esprit est clair, vous êtes inévitablement un édifiant écran de projection et vous perturbez les égos par votre présence. Un (fort) égo se sent agressé par la Conscience.

La Conscience regarde les gens tels qu’ils sont et non tels qu’ils cherchent à se présenter. Vous ne validez plus les personnages. Cela peut en décontenancer plus d’un et vous assisterez à un flot d’agressivité de certaines personnes. L’agressivité est un système de protection pour maintenir les mensonges de l’égo, des croyances et identités narcissiques. Maintenir le personnage. L’agressivité prend diverses formes. Elle peut prendre le masque de la (fausse) sollicitude et compassion.

Un inconscient fort se caractérise par du déni, du refoulement, des distorsions de la réalité et des projections. Le pervers narcissique correspond à un stade avancé du déni. Il aura des comportements pervers à votre encontre si vous n’adhérez pas à ses illusions. Le pervers narcissique est condamné à ne jamais voir la réalité bien qu’il s’autopersuade d’être fin psychologue. C’est une stratégie inconsciente et égotique pour légitimer ses jugements relatifs. Il est extrêmement atteint d’une douce folie. Douce folie car celle-ci reste invisible pour une majorité d’individus, bien qu’elle soit très profonde. Les personnes détachées de besoins narcissiques peuvent ne pas se laisser influencer. En effet, des égos fragiles trouvent une forme de cocon avec le pervers qui sait comment combler les manques de l’autre. Faire en sorte qu’ils se sentent importants est une stratégie puissante et omniprésente chez le pervers. (Attention : à l’inverse, certains pervers font en sorte de vous montrer que vous n’êtes pas importants. Souvent, il alterne les deux phénomènes.)

Ils sont incapables d’accepter leur souffrance qu’ils cherchent à faire porter aux autres puisqu’il n’est pas possible de la faire disparaître par la simple volonté. Leur comportement s’avère être une lutte incessante pour garder leur déni qui est d’autant plus puissant qu’ils savent dans une partie profonde de leur être, que ce que vous incarnez les ramène à la réalité.

L’égo du pervers est dans l’action incessante de lui faire voir le monde de manière à maintenir ses illusions et de plonger les autres dans son délire. Malheureusement, il arrive fréquemment à embourber son entourage. Entourage contrôlé. À partir du moment où vous êtes dans le déni de quelque chose, vous allez en accumuler obligatoirement d’autres par la suite. C’est inévitable. Un gouffre. Vous entassez ce qui est avarié. Vous mettez vous-même de la poussière dans votre demeure que vous ne songez jamais à nettoyer. Et cette saleté, vous faites en sorte de ne jamais la voir et de montrer uniquement la couche de vernis que vous avez supplantée en imaginant que vous pouviez enterrer tout ce qui vous gênait.

Beaucoup de dénis sont liés les uns aux autres comme une chenille. Vous nourrissez à chaque fois un peu plus votre inconscient. Plus on accumule des dénis, plus il est difficile de faire marche arrière et de regarder dans le rétro. L’accident arrivera inévitablement. Personne ne peut mourir sereinement dans le mensonge.

Le plus important dans la vie est de mourir dans de bonnes conditions.

Accepter de voir les choses et les gens tels qu’ils sont actuellement dans le présent, c’est aussi accepter de voir des choses du passé telles qu’elles ont été en réalité.

L’un ne marche pas sans l’autre et il est très important de le comprendre.

Il est essentiel de voir que votre égo ne vous laissera aucun libre arbitre car sa survie dépend de sa capacité à garder le mensonge et toutes vos actions sont tournées par conséquent dans cet objectif. C’est votre priorité, avant même bien souvent le bien-être de vos enfants ou de vos parents que vous soyez des personnes perverses ou non. On peut se rendre compte de cette malheureuse réalité si on regarde les faits de ces dernières années.

L’amour que l’on éprouve pour autrui, conditionne notre accès à la remise en question. Je parle de l’amour non conditionné qui conduit au chemin évolutif de l’être véritable. Une personne prête à garder ses dénis diminuera inévitablement son amour pour vous jusqu’à totalement fermer son cœur. On peut dire que l’on choisit soit l’amour, soit le déni. Soit l’Amour, soit la peur (peur de perdre sa fausse réalité). L’amour que vous pouvez avoir pour le pervers ne le sauvera pas. Il a opté pour le déni à la place de l’amour et votre amour sera le nid de son emprise. Le véritable amour est justesse. Le véritable amour est respect. Pour soi et les autres sans que l’esprit n’y voie une séparation ou élabore des différents degrés d’amour selon les êtres. Prendre soin de l’autre, c’est lui dire stop et partir lorsque la personne ne vous a pas respecté. La seule chose qui peut vous sauver et sauver l’autre est votre véritable compassion sans frontière qui pose un non, un stop clair et ferme. Le véritable amour est celui que l’on porte en soi. Vous ne pouvez remplir un récipient percé. Il est peut-être possible de résumer simplement les problématiques du pervers et de sa proie. L’un est vide et veut pomper l’autre, l’autre est plein et cherche à se déverser, alors qu’il ne s’est pas encore unifié. Deux extrêmes, dont le point commun est la non-individuation.

Il y a donc une immaturité affective chez les deux qui recherchent la fusion avec l’autre. Le chemin de l’évolution passe par l’indépendance psychique. Le processus d’individuation passe par un être entier et unifié qui s’unit à son environnement. On pourrait donc parler également de fusion mais ce n’est pas le même état de fusion que celui recherché par un pervers ou un dépendant affectif.

La fusion consciente quant à elle, se caractérise par une entité entière et différente de l’autre tout en se connectant à lui. C’est un état de fusion où il n’y a aucun état de manque ni une recherche d’un apport dans l’extérieur pour se nourrir.

Surtout, cet état de fusion n’est pas un besoin. Elle est un état de conscience.

Une fois nourris et sevrés, nous pouvons nous connecter à l’autre. Je dirais que ce n’est qu’à partir de là que s’opère une véritable communication avec les êtres. Le pervers narcissique ne peut changer, car il ne se remet pas en question. Il n’a pas accès à cette possibilité. C’est verrouillé. Tout changement de comportement de sa part ne sera que l’adoption d’un conditionnement ou d’une imitation pour acquérir une personne, un bien, ou donner une meilleure image de lui-même, d’autant plus si celle-ci a été écornée.

Lorsqu’une personne s’excuse uniquement pour donner une bonne image, elle cherche à se convaincre à quel point elle est une personne sage, faisant preuve de charité en présentant ses excuses à une personne « plaintive », alors que son comportement est pourtant obligatoirement irréprochable.

Effectivement, certains vont s’empresser de s’excuser de manière condescendante en vous jugeant susceptible, voire perturbée sans le dire explicitement. Ils vous diront rapidement « excuse-moi de t’avoir fait du mal » sans réelle empathie et sans aucune autre parole. L’individu n’ouvre pas la discussion. Vous devez l’honorer de s’être excusé et surtout passer à autre chose. Cette façon d’opérer est souvent subtile, car le manque profond de remise en question de la personne est dans ce cadre, beaucoup plus caché tant les apparences peuvent faire croire tout le contraire. Ce genre de personnalité s’estime être un humain hautement réalisé. On plonge ici dans l’égo spirituel qui est une gangrène, encore plus délétère que l’égo mondain. Ce genre de réaction se trouvera lorsqu’il y a plusieurs personnes présentes qui n’ont pas forcément entendu la discussion, mais qui seront disposées à l’écoute, au moment même des excuses de la personne malhonnête.

La problématique principale du pervers est sa malhonnêteté et avant tout, celle qu’il entretient avec lui-même.

Bien souvent, je remarque dans un autre cadre que celui qui accuse l’autre d’être susceptible renvoie sa propre susceptibilité. En réalité, il n’accepte pas la réponse que lui a fournie la personne qu’il a cherché à dénigrer ou à décrédibiliser. Il aurait souhaité que l’interlocuteur se soumette.

C’est donc celui qui cherchait à dominer qui s’est réellement vexé, car son plan ne se déroule pas comme prévu.

Il reproche à l’autre de manière déguisée et lâche, de mettre des limites à son comportement dysfonctionnel.

La lâcheté est ce qui à mon sens caractérise le mieux un pervers narcissique.

La dualité

Se sentir inférieur est de l’orgueil. Se sentir inférieur n’a rien à voir avec l’humilité. Inférieure et supérieure ne sont que les deux faces de la même pièce. Ces deux aspects ont à voir directement avec le principe de dualité du monde relatif qui est représenté par le rapport dominant-dominé.

L’individu bascule entre les deux. Selon les circonstances, il est dominant ou dominé. Si une personne est dominante ; c’est qu’elle est dominée à un autre niveau. Si elle est dominée ; c’est qu’elle est dominante à une autre échelle. Tant que l’individu reste dans le monde de la dualité, il est accroché à ce concept qui dans l’absolu n’a aucune existence. Tous les travers de notre monde reposent sur ce système illusoire et malsain.

Ingurgitation

Un jour, alors que je me rendais à la pharmacie pour récupérer le lourd traitement de mon père alors que j’avais une dizaine d’années, mon esprit s’ouvrit sur le sens de la réelle nature de ces pilules et de leurs « bienfaits ».

Dans un couple, personne ne fait souffrir personne

Nous pouvons entendre : « Mon fils a souffert à cause d’une femme », « Elle l’a fait beaucoup souffrir », « Mon ex-mari m’a fait souffrir ».