Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
« La légende raconte que si tu accomplis ton pèlerinage avec le Cœur, alors celui-ci t’apportera ce dont tu as besoin ! »
Après une année de voyages autour du monde, Arthur, un jeune Marseillais, entreprend une marche initiatique de plus d’un mois sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Lors de son arrivée à Saint-Jean-Pied-de-Port, sa rencontre avec Daniel, un pèlerin, va bouleverser son aventure, le plongeant dans les tourments de son passé. La solidarité présente sur le Chemin et le soutien d’autres pèlerins, aux récits émouvants, l’aideront à se réconcilier avec la vie.
Tout au long du roman, Arthur nous guidera à la découverte de l’Histoire et des paysages du Camino Francés, dans le nord de l’Espagne. Mais accomplira-t-il son pèlerinage avec le Cœur ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Voyageur français né à Marseille en 1987,
Arnaud Lalanne décide en 2016 de quitter son appartement pour adopter un mode de vie de nomade et découvrir le monde.
D’un tempérament curieux et bienveillant,
Arnaud Lalanne partage dans ses écrits sa quête de sens en toute humilité, dans le but d’aider ses lecteurs à s’interroger et à trouver leurs propres réponses. Selon lui, les meilleurs livres sont ceux qui invitent à une pause pour réfléchir et accorder du temps à son soi intérieur.
Depuis son premier jour sur les routes du monde, ce passionné de développement personnel tient un carnet de voyage où il note ses pensées, expériences et rencontres. Dans ce roman, inspiré de son pèlerinage sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle,
Arnaud Lalanne met en scène des personnages singuliers qu’il a rencontrés aux quatre coins du globe.
Vous pouvez le contacter sur son compte Instagram @ArnaudLalanne
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 275
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Publishroom Factorywww.publishroom.com
ISBN : 978-2-38625-186-3
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Arnaud Lalanne
Les Yeux bleusde la coquille Saint-Jacques
L’histoire de ce roman, inspirée de faits réels, m’est venue un matin sur le Chemin de Compostelle, alors que les premiers rayons de soleil réchauffaient le groupe multiculturel de pèlerins avec lequel je marchais. Mon Corps était épuisé et mon Esprit ne trouvait aucun sens à ce pèlerinage. Pourquoi les événements de ma vie m’avaient-ils amené jusqu’ici ? Un mystère.
En mai 2016, j’entamais un tour du monde d’un an. Plusieurs rencontres au cours de mon voyage m’ont encouragé à parcourir le Camino Francés, l’un des itinéraires menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, pour clore cette aventure unique par une expérience extraordinaire.
Trois jours avant de rejoindre Saint-Jean-Pied-de-Port, ville de départ de mon pèlerinage, j’achevais un séjour d’un mois en Islande. Ce jour-là, je suis tombé dans une source d’eau chaude et je me suis brûlé les jambes jusqu’aux genoux au second degré. Dix secondes dans ce trou de boue d’un mètre de large à 120 °C m’ont suffi pour ressentir la douleur d’un flirt avec la mort. Mes pensées sont passées de « Ça y est, c’est fini ! » à « Je dois me battre ! » Cet instinct de survie m’a poussé à m’agripper à des brins d’herbe pour tirer dessus et m’extirper de cet enfer. En quelques instants, ma peau a été brûlée comme celle d’un poulet.
Cet accident m’a immobilisé plus d’un mois, avec des bandages aux deux jambes à changer tous les jours. Pour autant, il n’était pas question que mon tour du monde se termine ainsi. Rentrer à Marseille, ma ville d’origine, rimait avec fin. Je gardais en tête l’idée d’accomplir mon pèlerinage. Dans cette épreuve, des amis m’ont soutenu et accueilli chez eux à Paris. Sans leur bienveillance, la fin de mon aventure aurait été tout autre. Je ne les remercierai jamais assez !
Lors de mon étape parisienne, je passais régulièrement des examens médicaux. Un jour, au retour de l’hôpital, l’envie d’abandonner mon projet de pèlerinage a surgi. J’ai alors lancé un défi à l’Univers : si sur le chemin du retour j’apercevais un signe en lien avec Saint-Jacques-de-Compostelle, je devrais faire le pèlerinage, sinon je rentrerais à Marseille. Mon regard scrutait le moindre détail autour de moi dans le métro, en vain. Je montais péniblement les marches de la station Grands Boulevards pour rejoindre la sortie, quand, face à moi, l’affiche publicitaire d’une compagnie aérienne annonçait : « Cet été, tous les Chemins mènent à Compostelle ! »
Certains diront que les campagnes publicitaires sont efficaces. Mais imaginez : un jeune homme de vingt-neuf ans au bout du rouleau, devant cette affiche de 2 m², les larmes aux yeux, tandis que la frénésie parisienne se poursuivait autour de lui. Ça ressemble à une scène de film, et pourtant, c’est cet instant qui m’a conduit sur ce Chemin, permis de rencontrer les protagonistes de ce roman et fait arriver à Saint-Jacques-de-Compostelle le 23 juin 2017.
Mon pèlerinage, censé conclure mon périple d’un an, m’a offert une nouvelle perspective sur ma vie et m’a encouragé à explorer davantage le monde. C’est cette capacité à percevoir les choses sous un autre angle que j’ai souhaité retranscrire dans le titre Les Yeux bleus de la coquille Saint-Jacques.
Les coquilles Saint-Jacques possèdent environ deux cents yeux bleus de quelques millimètres, chacun doté d’un miroir concave pour réfléchir la lumière. Ces yeux uniques leur octroient l’aptitude à apprécier ce qui est invisible pour l’œil humain. C’est la raison pour laquelle les scientifiques les étudient afin d’élaborer des instruments optiques.
En ce sens, le pèlerinage permet d’observer nos vies à travers les yeux bleus des coquilles Saint-Jacques.
Pour terminer cette préface, mes pensées vont à mon ami Alfonso, un passionné du Chemin, rencontré au cours du pèlerinage, que vous découvrirez sous les traits de Manuel.
Trois mois après la fin de notre pèlerinage, Alfonso m’a envoyé un livre, El Tao del viajero, de Paul Theroux, avec écrit à l’intérieur : « En espérant qu’un jour, je feuilletterai ton livre ! » Malheureusement, le manque de confiance m’a ralenti dans l’écriture de ce livre qu’Alfonso ne lira jamais. Je ne vais pas vous dire de ne pas douter, parce que le doute permet de se poser les bonnes questions. En revanche, il ne doit pas vous paralyser. Suivez vos envies et passez à l’action tant qu’il est temps.
Le 21 mai, assis dans le train reliant Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port, je me concentrais sur les paysages basques qui défilaient sous mes yeux, pour m’évader de la foule oppressante du wagon.
Face à moi, un couple d’Italiens, rivés sur leur téléphone, préférait le son du haut-parleur à celui des écouteurs, et à ma gauche, un homme plutôt agité parlait anglais à une femme debout. Collé à elle, un jeune Allemand en sueur s’épongeait le visage à l’aide d’une serviette blanche. Le wagon, rempli d’une cinquantaine de personnes de diverses nationalités, était au maximum de sa capacité. Un point commun les réunissait tous : leur sourire.
Dans cette cacophonie linguistique, mes paupières se fermaient petit à petit, et je me remémorais mes derniers mois de voyage. J’appuyai ma tête sur mon sac à dos posé sur mes genoux, ma joue épousant la forme de la coquille Saint-Jacques accrochée dessus.
Un léger tapotement sur l’épaule me réveilla quelques instants plus tard. J’ouvris à moitié les yeux. L’homme à ma gauche m’adressa la parole. Je gémis pour l’inciter à répéter et me concentrai sur ses lèvres pour deviner ce qu’il disait.
– Es-tu Français ?
De ses précédentes conversations, je savais déjà qu’il vivait à Bordeaux, travaillait en tant que commercial, était marié et père de deux enfants.
– Oui. Toi aussi, je suppose.
– Perspicace ! Envisages-tu de parcourir le Camino Francés jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle ?
– Oui. Je commence demain…
– Comme moi ! Si l’on réalise l’itinéraire recommandé, on arrivera dans trente-trois jours… Ça devrait être facile !
Cette information me renvoyait au vide des recherches que j’avais entreprises sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
– Ah bon… Il y a un parcours précis ?
– Lorsque tu vas récupérer ta crédentiale au bureau de l’association des pèlerins, demande-leur la liste des étapes ! Tu verras, c’est très simple ! Après, tu n’auras plus qu’à marcher tout droit.
Dans la poche latérale de son sac, un guide épais référençait les auberges et restaurants du Chemin. Plusieurs Post-its, sur le haut de celui-ci, laissaient comprendre que son parcours était déjà planifié. Face à une telle organisation, j’étais dubitatif.
– Merci pour ton conseil ! J’irai au bureau des pèlerins à mon arrivée…
Il acquiesça d’un large sourire.
L’enthousiasme de ce pèlerin était communicatif. Avec son tee-shirt gris et son pantalon noir, il se fondait dans la masse, mais la bonhomie de son visage me donnait envie de prolonger cette conversation.
– Tu viens d’où ? poursuivis-je, même si je connaissais la réponse.
– Je vis à Bordeaux depuis cinq ans, mais je suis originaire de Lyon. Et toi ?
– Je suis Marseillais !
– Pourquoi fais-tu le Chemin de Compostelle ?
Depuis le départ du train, cette question avait été posée une dizaine de fois dans diverses langues, comme un besoin de justifier notre présence. Pour ma part, j’étais trop fatigué pour m’épancher sur ma vie.
– Aucune raison particulière ! Je voyage depuis plus d’un an et j’avais envie d’une dernière aventure avant de rentrer à Marseille. Plusieurs personnes m’ont conseillé le Chemin de Compostelle, donc je suis venu voir à quoi ça ressemble… Et toi ?
– Moi, c’est juste un ras-le-bol de tout ! Du travail, des amis, de ma femme, de mes enfants… Le quotidien, quoi !
– Tu fais quoi comme boulot ?
– J’étais commercial pour une société de fournitures de bureautique… Tu peux donc imaginer à quel point ce n’est pas passionnant… Mais j’ai démissionné et arrêté la semaine dernière.
– C’est tout récent ! Sais-tu ce que tu veux faire à ton retour ?
– Je n’en ai aucune idée. La légende raconte que si tu accomplis ton pèlerinage avec le Cœur, alors celui-ci t’apportera ce dont tu as besoin ! Je verrai à la fin…
Il tritura du bout des doigts la coquille Saint-Jacques de son sac.
– Dis-moi, reprit-il, où as-tu voyagé ces derniers mois ? Tu as dû vivre des aventures incroyables !
– J’ai voyagé en Asie du Sud-Est, en Nouvelle-Zélande et en Amérique du Sud…
– Où étais-tu juste avant ?
– Je reviens de Lima au Pérou, je suis rentré à Paris il y a deux jours…
Le train arriva enfin à la gare de Saint-Jean-Pied-de-Port. Le décalage horaire et le long trajet depuis Paris commençaient à avoir raison de mes forces. Tous les pèlerins se rassemblèrent devant les portes du wagon.
– Tu me raconteras tes voyages en détail. Nous aurons l’occasion de marcher ensemble, j’en suis persuadé.
– Bien sûr !
Les portes du train s’ouvrirent. Comme un mouton, je suivis le troupeau de pèlerins en direction du centre du village. Le ciel était bleu et l’air redevenait respirable, mais je ne pouvais pas me décaler à droite ou à gauche. Le troupeau passa devant la gendarmerie, puis croisa des personnes âgées assises sur un banc qui tuaient le temps en observant les pèlerins. Les remparts du vieux centre étaient notre ligne d’arrivée. Tous les moutons se dispersèrent pour trouver leur hébergement.
Je me retrouvai debout au milieu d’une rue pavée, artère principale de ce village pittoresque et point de départ du Camino Francés. Mon nouveau camarade avait déjà réservé une chambre individuelle. Quant à moi, je n’avais fait aucune réservation, et avec un budget limité, je devrais me contenter d’un lit dans un dortoir.
– Au fait, comment tu t’appelles ? lui demandai-je.
– Daniel. Et toi ?
– Arthur.
– Bonne chance pour trouver une auberge !
– Merci !
Daniel descendit la rue, tandis que j’étais captivé par l’ambiance du pèlerinage visible depuis cette intersection. Les boutiques spécialisées en équipement de randonnée et les échoppes de souvenirs se distinguaient des bâtisses traditionnelles aux façades ornées de linteaux sculptés. Plusieurs hébergements affichaient des noms qui évoquaient le Chemin. Des restaurants proposaient des menus du pèlerin à 10 euros, composés d’une entrée, d’un plat, d’un dessert et d’une carafe de vin. Sur ma gauche, un panneau signalait la direction de la citadelle du village.
Je visitai deux auberges et me décidai à réserver une place dans un dortoir de trois lits superposés pour ٩ euros par nuit. Les petits-déjeuners y étaient servis entre ٦ heures et ٧ heures pour permettre aux pèlerins de partir dès l’aube.
Bien que le dortoir fût désert à mon arrivée, je constatai que des lits étaient occupés. Quatre sacs étaient éventrés sur le parquet en bois massif et des vêtements étaient pliés sur certains matelas. Je retirai mes chaussures et m’allongeai sur un lit du bas.
L’épuisement transforma ma courte sieste en un sommeil profond de deux heures, bien au-delà des vingt minutes envisagées. À mon réveil, je me rendis au bureau de l’association des pèlerins pour y récupérer ma crédentiale.
Ce carnet était un passeport à faire tamponner dans les églises, mairies, offices du tourisme ou hébergements tout au long du Chemin, afin de certifier son accomplissement. Grâce à la crédentiale, les pèlerins recevaient, à la fin de leur parcours, un certificat officiel, la Compostela. La seule condition était de parcourir au minimum cent kilomètres à pied. Ce n’était pas un problème pour moi, car le Camino Francés représentait huit cents kilomètres de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Dans le bureau de l’association, je suivis le conseil de Daniel et sollicitai l’aide d’un bénévole pour obtenir des informations sur les étapes du Chemin. Il me tendit un papier avec une carte détaillée du parcours et des dénivelés.
Trois grands sommets se dressaient sur le Camino Francés. Le col de Lepoeder, qui culminait à mille quatre cent trente mètres, constituait l’obstacle de la première étape au départ de Saint-Jean-Pied-de-Port. Cinq cent cinquante kilomètres plus loin, les pèlerins affrontaient le sommet le plus élevé du Chemin, la Cruz de Ferro. Selon la tradition, ils y déposaient une pierre de chez eux. J’en avais ramassé une dans le sud de la Nouvelle-Zélande, je l’y abandonnerais peut-être. Enfin, le mythique O Cebreiro, mille trois cent trente-sept mètres d’altitude, où se trouverait le Graal dans lequel le Christ aurait partagé son sang avec ses apôtres au cours de la Cène.
Le bénévole me conseilla de parcourir entre vingt-cinq et trente kilomètres par jour, m’indiquant quelques villages où il était agréable de dormir, non sans me recommander de me laisser guider par mon pèlerinage. Il me donna la liste de l’ensemble des hébergements du Camino Francés et me précisa que les auberges espagnoles n’acceptaient pas de réservation. Voilà pourquoi la majorité des pèlerins partaient à l’aube pour être sûrs d’avoir un lit.
Le bénévole, soucieux de me fournir toutes les informations nécessaires, enrichit les documents d’un livret qui détaillait l’histoire du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au moment de se dire au revoir, il m’adressa un « Buen Camino » et m’expliqua que cette expression servait de salutation entre pèlerins pour se souhaiter un bon Chemin.
En fin d’après-midi, je savourai mon premier menu du pèlerin, idéal à la veille d’un long périple. Le repas terminé, je me promenai dans le vieux centre. Les pèlerins regagnaient leur auberge pour se préparer à l’ascension du col de Lepoeder. J’aurais suivi leur exemple, si ma sieste n’avait pas été aussi longue.
J’explorai le chemin de ronde le long de la muraille en grès rouge avec, d’un côté, une vue sur les Pyrénées, et de l’autre, sur les jardins des habitations. Au bout de ce parcours se dressait la porte Saint-Jacques par laquelle les pèlerins arrivaient à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Pour rejoindre la citadelle, j’empruntai des escaliers qui longeaient les remparts. De grands arbres et des étendues d’herbes y étaient organisés en restanque.
Seul, je m’assis sur un muret pour admirer la vue panoramique sur le village et les Pyrénées. Le soleil s’éclipserait bientôt derrière les montagnes. Je profitai du calme pour feuilleter le livret récupéré à l’association jacquaire.
L’introduction présentait le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, nommé ainsi, car l’apôtre Jacques aurait été enterré dans la ville sainte par deux de ses disciples. Elle précisait que ce pèlerinage était l’un des plus importants pour les catholiques avec ceux de Rome et Jérusalem. Parmi tous les parcours qui menaient à Saint-Jacques-de-Compostelle, le Camino Francés était le plus fréquenté et le plus cosmopolite. Son nom lui avait été attribué en hommage aux Francs.
Un dessin illustrait les éléments caractéristiques du pèlerin. Mon attention se porta sur la coquille Saint-Jacques et le bourdon. Au Moyen Âge, les jacquets ramenaient la coquille des côtes galiciennes comme preuve de leur long périple. De nos jours, cet emblème distingue les pèlerins des autres voyageurs. Un ami m’avait offert la mienne lors de mon passage à Paris. Après avoir mangé ensemble des Saint-Jacques surgelées, il avait percé la coquille et l’avait accrochée à mon sac à dos. Au moins, elle était unique. Dans les anciennes représentations, le pèlerin tenait un bâton, appelé le bourdon. Il lui était indispensable pour la marche, mais aussi pour se défendre des voleurs et des animaux sauvages. J’espérais trouver dans la Nature le bâton idéal pour compléter mon équipement.
À 20 h 42, le soleil avait disparu et la fraîcheur de l’air était le signal pour retourner à l’auberge.
Je franchis la porte du Roy, limite de la citadelle, et descendis par la route pavée. Dans le ciel, une trentaine d’hirondelles volaient d’un mouvement obsessionnel et synchronisé. Ce ballet se termina dans les branches d’un arbre.
Dans l’axe de cet arbre, une personne reposait dans l’herbe. Je poursuivis mon chemin, mais sa posture inhabituelle attira mon attention : allongée sur le dos, la tête orientée vers un muret et les bras écartés du buste.
De ma position, je ne pouvais déterminer si c’était un homme ou une femme. Je m’approchai pour être sûr que tout aille bien. Cette silhouette contrastait avec cette masse verte. À chacun de mes pas, l’inquiétude montait. Je devinai un homme.
Les hirondelles, indifférentes à mon stress, reprirent leur envol. Je souhaitais voir l’homme réagir à ma présence. « Monsieur ? » Le silence fut ma seule réponse.
Je m’avançai davantage. L’homme de grande stature, aux cheveux bruns, portait un jogging noir et un tee-shirt gris foncé. Je continuai à l’appeler et marchai d’un pas appuyé pour qu’il me remarque. Je tapai des mains dans l’espoir que le bruit sec le réveille. « Monsieur ? Ça va ? » Toujours aucune réponse.
Près de lui désormais, je découvris une pierre ensanglantée sous sa tête. Je me précipitai à ses côtés. Son visage m’était familier : c’était Daniel. Sans le bouger, je vérifiai sa respiration, puis son pouls, mais il n’y avait aucun signe de vie.
Dans un geste désespéré, je le repositionnai et plaçai mes mains sur son sternum pour effectuer un massage cardiaque. Son tee-shirt était imbibé de sang. Je me souvins que mes pressions devaient être synchronisées avec le rythme de la chanson Stayin’ Alive des Bee Gees. La mélodie dans la tête, je pressai la poitrine de Daniel. J’appelai à l’aide, mais personne ne me répondit.
Je sortis mon téléphone et composai le numéro des urgences. L’appareil calé dans le creux de l’épaule, je poursuivis les compressions thoraciques, encouragé par une voix qui, au bout du fil, me guidait jusqu’à l’arrivée des secours. Quand les pompiers prirent la relève, il était trop tard. Daniel était mort.
À 7 heures, les autres pèlerins avaient déjà déserté l’auberge. La tête lourde, je me levai avec peine pour me diriger vers une fenêtre du dortoir. Dans la rue principale du vieux centre de Saint-Jean-Pied-de-Port, plus d’une centaine de pèlerins attendaient l’autorisation pour sortir du village.
Je pris une douche. Sous la chaleur bienfaisante de l’eau, je relâchai la pression et fermai les yeux. Le visage ensanglanté de Daniel était toujours présent. Je m’assis par terre et restai recroquevillé sur moi-même pendant dix minutes. Mes larmes se confondaient avec l’eau chaude.
Je me séchai, m’habillai et retournai au dortoir pour ranger mon sac. Sans motivation, j’envisageai de reporter mon départ d’une journée, mais je savais que cela serait pire de ne rien faire.
Je remplis ma gourde, puis j’achetai à l’aubergiste deux sandwichs jambon beurre. Je devais prendre des forces avant l’ascension à mille quatre cents mètres d’altitude. J’en glissai un dans mon sac, et l’autre à la main, je quittai l’auberge.
Les pèlerins étaient interrogés à tour de rôle par les gendarmes dans un vacarme assourdissant. Je m’installai au soleil, entre un groupe d’Américains et un autre de Français, pour manger mon sandwich.
Concentré sur mes pensées, le brouhaha de la foule n’était plus qu’un fond sonore.
La femme de Daniel et ses enfants avaient sans doute appris la nouvelle. Je culpabilisais. Si seulement j’étais redescendu plus tôt au lieu de lire, j’aurais pu être là pour lui venir en aide ou voir ce qu’il s’était passé.
La veille, même si j’avais effectué les bons gestes de secourisme, les pompiers avaient constaté le décès de Daniel à leur arrivée. Selon eux, je n’aurais rien pu faire. Daniel serait mort sur le coup lorsque son crâne avait percuté la pierre.
Les pompiers avaient prêté une attention particulière à son abdomen. Dans la précipitation, je n’avais pas remarqué l’origine du sang sur son tee-shirt. Sur le côté gauche de son bas-ventre, Daniel avait une plaie de trois centimètres de long. À l’évidence, il avait été poignardé.
Dans un premier temps, l’horreur d’un meurtre m’avait paralysé, puis la crainte d’être suspecté avait pris le dessus.
Les pompiers m’avaient commandé d’attendre l’arrivée des forces de l’ordre. Deux voitures de gendarmes étaient au rendez-vous. Trois d’entre eux parlaient aux pompiers, tandis que deux autres m’avaient interrogé sur les minutes précédant la découverte du corps de Daniel.
Au bout de vingt minutes, ils m’avaient conduit à la gendarmerie pour enregistrer ma déposition. Ma seule crainte était d’être mis en garde à vue et de reporter mon pèlerinage. Je leur avais retracé en détail toute ma journée, depuis mon départ de Paris jusqu’à mon arrivée dans la gendarmerie. Par excès de zèle, je leur avais montré une capture d’écran de mon billet de train sur mon téléphone portable, ainsi que les reçus de la crédentiale et de ma réservation à l’auberge.
À la fin de ma déposition, ils avaient relevé mes empreintes et noté mes coordonnées avant de me laisser dans une salle d’attente.
Posté derrière un bureau, un gendarme multipliait les clics sur la souris de son ordinateur. Sans doute était-il en train de jouer à l’un de ces jeux vidéo annihilants. Je l’avais soupçonné de feindre la nonchalance pour mieux m’observer. Cette situation m’avait rappelé un épisode d’une série télévisée américaine où les policiers analysaient la gestuelle d’un coupable grâce à des caméras. Impossible de me gratter le nez, de me ronger les ongles ou même de bouger les jambes sans laisser transparaître mon stress.
Un gendarme était venu me parler au bout d’une demi-heure d’attente.
– Je vais vous raccompagner à votre auberge.
– Puis-je démarrer mon pèlerinage demain ?
– Bien sûr ! Nous avons vos coordonnées. S’il y a quoi que ce soit, nous vous contacterons.
Comment avait-il pu comprendre que j’étais innocent et que je n’avais pas l’intention de fuir ? Peut-être que j’avais eu raison de ne pas me gratter le nez.
– Pour votre information, des barrages seront mis en place aux sorties du village dès ce soir. Donc, demain, il faudra être patient pour quitter Saint-Jean-Pied-de-Port. Je serai à la sortie du vieux centre, je vous laisserai passer. Si je n’y suis pas, signalez qui vous êtes et demandez aux gendarmes de m’appeler. Je suis le major Vives.
– Très bien, merci.
Le groupe de Français à côté de moi se plaignait d’attendre depuis deux heures. Ils craignaient de se retrouver sans hébergement à Roncevaux, village où se rendait la majorité des pèlerins après Saint-Jean-Pied-de-Port. Ils espéraient arriver en début d’après-midi, parce qu’à 16 heures, plusieurs cars remplis de pèlerins espagnols prenaient d’assaut les dernières places disponibles. J’avais du mal à comprendre cette nervosité, la marche était censée être relaxante et apaisante.
À peine avais-je fini mon sandwich qu’ils avaient décidé de rester une nuit supplémentaire à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Aux alentours de midi et demi, la foule avait considérablement diminué. Quand vint mon tour, j’aperçus le major Vives.
– Vous voilà ! Vous allez bien ? me demanda-t-il.
– Oui. Et vous ? Avez-vous avancé dans vos recherches ?
– Je ne peux pas vous en parler.
– Je comprends.
– Vous pouvez passer. Nous vous appellerons si nous avons des questions.
– Oui, bien sûr. Bon courage !
– Bonne journée, et… Buen Camino !
Je franchis le barrage. Mon pèlerinage commençait.
Le long du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, des barrières de sécurité nous accompagnaient jusqu’à la sortie du village. Des gendarmes étaient positionnés à plusieurs intersections pour contrôler les véhicules. Autour de moi, les pèlerins échangeaient le peu d’informations qu’ils avaient sur la situation.
Les barrières disparaissaient et la route goudronnée s’élevait en pente, exigeant un effort accru. Les pèlerins se taisaient, concentrés sur leur souffle, et laissaient place au bruit aigu de leurs bâtons métalliques sur l’asphalte. En fond sonore, les chants des oiseaux se distinguaient du tintement des cloches d’un troupeau de moutons. Malgré mon sac de dix kilos, dont deux litres d’eau, je dépassai plusieurs pèlerins auxquels je souhaitai un « Buen Camino ». Ils semblaient soulagés de s’appuyer sur leurs bâtons pour minimiser leur effort. Toutefois, j’avais envie de trouver le mien dans la Nature.
Au fil de la montée, le Chemin dessinait de larges ondulations dans les montagnes. Les courbes douces du relief se teintaient de multiples nuances de vert des pâturages, où des chevaux broutaient l’herbe.
Mes pensées oscillaient entre le pèlerinage et la mort de Daniel. Un instant, j’admirais le paysage, puis j’imaginais Daniel me souffler un Buen Camino, avant de voir son visage ensanglanté.
J’avais franchi la frontière franco-espagnole et arpenté plus de la moitié de l’étape ; l’ombre d’un arbre était l’endroit idéal pour manger mon second sandwich jambon beurre. Les montagnes verdoyantes des Pyrénées se dressaient devant moi. Dire que ce pèlerinage était pour Daniel l’occasion de se déconnecter du quotidien. Pourquoi la vie est-elle mal faite ?
Je finis mon en-cas et repris le Chemin pour parcourir les douze kilomètres qui me séparaient de Roncevaux. Un mauvais mélange entre tristesse et colère me donnait juste envie de vomir mon sandwich. Une vieille aigreur refaisait surface, me rongeant l’estomac. Pour soulager cette boule au ventre, je devais me changer les idées et parler avec les autres pèlerins.
Je multipliais les conversations, mais l’ascension du col de Lepoeder n’était pas le meilleur endroit pour échanger, car nous étions tous à bout de souffle. Pour la majorité d’entre nous, il s’agissait de notre première étape, à l’exception de deux Suisses qui avaient déjà marché trente-deux jours depuis Le Puy-en-Velay.
Après avoir tenté sans succès d’engager des discussions, je finis par renoncer à la compagnie des autres pèlerins pour me distraire. La traversée d’une forêt était l’occasion de chercher un bâton. Mon regard scrutait chaque parcelle ; il n’y avait que des amas de feuilles en décomposition et de petites branches. Quand, sur une barrière en fil barbelé, j’aperçus une branche. Elle était un peu tordue à l’extrémité la plus fine, mais sa taille semblait bonne. Je la saisis avec ma main droite et tendis le bras pour jauger sa hauteur. Le test était probant. C’était décidé, j’irai jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle avec ce bâton.
Je suivais les flèches jaunes qui signalaient le Camino Francés jusqu’à la ville sainte, un balisage initié en 1984 par le prêtre d’O Cebreiro, Elías Valiña Sampedro. Ces flèches, peintes au pinceau sur les arbres, les maisons ou les chaussées, m’orientaient, quand une jeune femme m’adressa la parole en espagnol.
– J’adore ton bâton ! s’exclama-t-elle.
– Moi aussi ! Je viens juste de le trouver dans la forêt.
Avec ses deux bâtons de randonnée, elle n’était pas le moins du monde essoufflée.
– Comment t’appelles-tu ?
– Arthur. Et toi ?
– Iris !
Iris se déplaçait avec enthousiasme. Son visage rayonnait d’un large sourire qui reflétait sa joie de marcher.
– D’où viens-tu avec cet accent ? lui demandai-je.
– Je suis de Mexico. Et toi ?
– Je suis Français. Je viens de Marseille, dans le sud-est de la France. Tu connais ?
– Non, mais je suis surprise qu’un Français parle une autre langue…
Ce cliché réaliste m’amusa. En effet, le système éducatif français était mauvais dans l’enseignement des langues étrangères. Pour ma part, ma maîtrise de l’espagnol et de l’anglais n’était pas le fruit de l’éducation nationale, mais de mon histoire personnelle. Mon père travaillait dans le commerce international ; nous avions vécu six ans à Séville et quatre ans à Glasgow, avant que Marseille ne devienne notre port d’attache.
– Jusqu’où vas-tu pour ton pèlerinage ? s’enquit Iris.
– J’envisage de rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle. Et toi ?
– J’ai prévu de rentrer dans deux mois, donc j’irai jusqu’à Finisterre. Après, j’irai visiter Barcelone ou Madrid.
Les cinq derniers kilomètres qui nous séparaient de Roncevaux étaient l’occasion pour Iris et moi de faire davantage connaissance. Iris était la première pèlerine que je rencontrais qui accomplissait ce pèlerinage dans un but religieux.
Bien que nous soyons arrivés à 20 h 10, de nombreux lits étaient toujours disponibles. Comme quoi le groupe de Français n’avait aucune raison de râler.
Dans le village, un mémorial était érigé en hommage à Roland, neveu de Charlemagne, tombé durant la bataille de Roncevaux. Charlemagne avait entrepris, en 778, une campagne en Espagne pour défendre les chrétiens de Pampelune contre les forces musulmanes. Mais au retour, son arrière-garde, commandée par Roland, tomba dans une embuscade à Roncevaux, se soldant par un massacre. Selon la fameuse Chanson de Roland, écrite en France à la fin du XIe siècle, le désastre de cette bataille serait attribué aux Sarrasins. Pourtant, les historiens s’accorderaient à dire que l’attaque avait été orchestrée par les Vascons, ancêtres des Basques, pour se venger du pillage de Pampelune.
Un monastère y faisait office d’auberge pour les pèlerins. À l’accueil, une bénévole néerlandaise d’une cinquantaine d’années nous réclama notre passeport et notre crédentiale. Ce dernier comptait désormais deux tampons, celui de Saint-Jean-Pied-de-Port et celui du monastère. Habituellement, le dîner était divisé en deux services, à 19 heures et 20 heures. Toutefois, en raison du barrage à Saint-Jean-Pied-de-Port, il y en aurait deux supplémentaires à 21 heures et 22 heures.
La bénévole nous indiqua les escaliers qui menaient à un immense dortoir, une véritable fourmilière où de nombreux pèlerins s’affairaient dans tous les sens. Certains sortaient de la douche, d’autres rentraient de leur dîner, pendant qu’unepoignée tentait de dormir. Les couchages étaient organisés par paires de lits superposés dans de petits compartiments ouverts sur l’ensemble de la pièce. À vue d’œil, le dortoir comptait une centaine de matelas : la garantie d’être bercé par des ronflements.
Je posai mon duvet sur le matelas supérieur d’un lit superposé ; Iris s’installa en dessous. Je pris mes vêtements de rechange dans mon sac et me dirigeai vers la salle de bains. Cinq hommes attendaient devant trois cabines dont l’eau des douches inondait le sol.
Une fois rafraîchi, je me rendis au lavoir pour nettoyer mes affaires et les étendre. Je démarrerais la journée suivante avec mes habits de rechange, puis je les laverais le soir même. Ce schéma se répéterait ainsi, me permettant de composer avec deux ensembles de vêtements pendant plus d’un mois.
Pendant que mes affaires séchaient, je dînai dans le restaurant où huit tables rondes de dix couverts se remplissaient en vue du service de 21 heures. À ma table se côtoyaient des personnes de diverses nationalités : un Américain, une Canadienne, un Costaricain, un Espagnol, une Italienne, un Australien, une Allemande, une Sud-Coréenne, une Mexicaine et un Français.
Le serveur nous apporta une salade de lentilles dans un grand plat, puis il déposa une marmite de spaghettis à la bolognaise, et pour finir, il nous laissa le choix entre plusieurs yaourts aux fruits. Un vin, à partager à volonté, agrémenta ce repas. L’occasion de goûter au vin de grenache, rond et fruité, le plus cultivé dans la région de Navarre.
À la fin du repas, Iris profita de la fraîcheur du soir pour se promener dans le village, tandis que je rentrai à l’auberge pour me reposer. Dans le dortoir sombre, mon téléphone me servit de lampe torche pour circuler entre les sacs laissés au milieu du passage.
Les premiers ronflements m’empêchaient de m’endormir. Lorsque je ne prêtais plus attention aux bruits, la housse de protection anti-punaises du matelas me collait à la peau. Le dortoir était immense, mais je m’y sentais à l’étroit.
Je me remémorai la mort de Daniel et ressassai les mêmes questions. Pourquoi Daniel a-t-il été assassiné ? Par qui ? Un proche de Daniel ? Peu probable, car il était arrivé seul à Saint-Jean-Pied-de-Port. Un villageois, alors ? À moins que ce ne soit un pèlerin ? Pour quelle raison ? L’assassin se trouvait peut-être dans ce dortoir. Cette auberge comptait cent quatre-vingt-trois lits, dont autant de suspects. Mon cœur battait si fort qu’il résonnait dans mes oreilles et m’empêchait de dormir.
Chaque ronfleur se transformait en meurtrier potentiel. Une telle injustice m’était insupportable. Si l’assassin était parmi nous, je le démasquerais. Mes pensées tournaient en boucle, m’exhortant à être vigilant et à me méfier des autres pèlerins. Une idée fixe devenue obsessionnelle et paranoïaque.
Ma tête bourdonnait sous le poids de ces réflexions chaotiques. Je me retournais sans cesse en quête d’une position confortable. Sans ces ronfleurs, j’aurais déjà trouvé le sommeil. Je marmonnai des insultes, les rendant coupables de mon agitation. Mes oreilles se mirent à siffler.
Pour me ressaisir, je me levai et rinçai mon visage avec de l’eau fraîche. Dans la salle de bains, la vision brouillée, je ne distinguais pas mon reflet dans le miroir. Je me frottai les yeux et découvris mes cernes marqués.
« J’angoisse parce que ça me rappelle Juliette, me chuchotai-je. Je dois garder mon calme. C’est à cette seule condition que j’arriverai à avancer… J’ai connu pire… »
Devant mon reflet, j’avais pitié de moi. Cette année de voyages n’avait pas effacé cette douleur. Je m’aspergeai de nouveau d’eau froide dans l’espoir de diluer mes pensées. J’avais été incapable de sauver Daniel, mais je me promis de lui rendre justice.
En guise de réveil, les bénévoles du monastère entonnèrent une chanson catholique espagnole dans le dortoir.
L’épuisement de la courte nuit pesait sur chacun de mes muscles. Je restai quelques minutes supplémentaires dans mon duvet, dans l’espoir d’emmagasiner l’énergie nécessaire pour affronter la journée.
D’un œil désabusé, j’observai les pèlerins s’activer avec frénésie. Chacun rivalisait d’efficacité pour se préparer et partir le plus tôt possible.
Au terme de cette cohue de trente minutes, ce fut à mon tour d’accomplir ma toilette matinale. Lorsque je regagnai le dortoir, tous les pèlerins avaient déserté les lieux, à l’exception d’Iris qui discutait avec une jeune femme.
– Bonjour Iris. As-tu bien dormi ?
– Pas si mal, malgré les ronflements… J’espère que les autres dortoirs seront plus petits.
Tausende von E-Books und Hörbücher
Ihre Zahl wächst ständig und Sie haben eine Fixpreisgarantie.
Sie haben über uns geschrieben: