Marions-les ! enfin… - Jean Michel Zurletti - E-Book

Marions-les ! enfin… E-Book

Jean Michel Zurletti

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Beschreibung

Les mots ont disparu, seul subsiste leur sens. Seuls restent les expressions, un pseudo-langage, un corpus dans lequel les personnages se sont enfermés. Ils ont perdu toute la liberté de choix et la création infinie qu'offre le langage. Le scénario de leur existence s’écrit au gré des jeux de mots qui s’enchaînent, dont ils deviennent acteurs malgré eux. Leur pensée se réduit à la métaphore, au second degré, à moins que ce ne soit de la poésie.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Jean Michel Zurletti affectionne la littérature engagée. Influencé par des auteurs comme Milan Kundera et Philip Roth, il utilise sa plume pour mettre en avant ses différents questionnements concernant l’Homme. Par ailleurs, il est l’auteur de plusieurs livres dont Ischiopagus.

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Jean Michel Zurletti

Marions-les ! enfin…

Théâtre

© Lys Bleu Éditions – Jean Michel Zurletti

ISBN : 979-10-377-6026-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Au commencement…

Au 1er étage, l’homme (A) arriva à cloche-pied pour ne pas sonner. Il portait un pantalon pied-de-poule. Sur l’une des portes de l’immeuble, il aperçut une pendule qui indiquait midi. Il n’était pas midi, mais il sonna…

DRING, DRING

B : (Derrière la porte un homme obèse portant une jupe et de grandes lunettes) Attendez, je vous ouvre, reculez-vous, c’est dangereux ! (Il crie violemment)

Faut toujours crier sur une porte pour la faire sortir de ses gonds (la porte tombe)

A : Vous m’avez ouvert, pourtant il n’est pas encore midi !

B : Un obèse voit toujours midi à sa porte

A : Vous en avez gros sur la patate à ce qu’il me semble.

B : Mon premier roman a fait un bide

A : Pourquoi alors l’avez-vous gardé ?

B : Pour rentrer dans le ventre mou

A : Faites-vous aussi la moue, avec ?

B : Non, je suis un dur de la feuille, je n’écris plus, je grave

A : Sur du marbre ?

B : Oui des épitaphes

A : Cela marche ?

B : J’antidate pour gagner du temps pendant que les croque-morts descendent les cercueils à fond la caisse

A : Et les morts ?

B : Ils n’y vont pas de main morte pour remplir la fosse commune

A : Tout roule alors ?

B : Tous ceux qui avaient une voiture décapotable roulent à tombeau ouvert

A : Et les rats ?

B : Plus un seul, dans les cimetières, ils s’ennuient comme des rats morts

A : Quel était le sujet de votre livre ?

B : L’insoutenable légèreté de l’être

A : Ah, c’est vous l’auteur, mais vous n’avez pas le physique

B : L’habit ne fait pas le moine

Je vous présente ma sœur, elle est très amaigrie, elle !

A : Mais elle a de beaux restes !

B : Elle a lu mon livre. Elle l’a pris pour argent comptant.

A : Cela lui a coûté cher ?

B : Pas tant que cela, elle a un appétit de moineau

A : C’est une sapiens, donc elle l’a pris au mot ?

B : Non, elle n’a pris que les maux

A : Mais, que fait-elle, de ses journées ?

A : Elle joue aux osselets

A : Un remède contre l’ennui ?

B : Contre l’amour !

A : Donnez-lui du poil à gratter

B : Pourquoi faire ?

A : Pour qu’elle reprenne du poil de la bête

B : Notre père est rentré à la SNCF sans crier gare, viré !

A : Ciel !

B : Puis à la poste, il fut accusé de réception

A : Expédié ?

B : Oui.

A : Et votre sœur ?

B : Elle est née timbrée

A : Comment s’est passé l’accouchement ?

B : Comme une lettre à la poste un jour de grève

A : Mon père, chez Michelin, il ne valait plus un clou

B : Il s’est dégonflé ?

A : Jamais, plutôt crever !

B : Il y a eu un pot pour son départ ?

A : Un pot d’échappement

B : C’est normal pour la sortie

A : Je crois plutôt qu’il s’est fait enfumer

B : Une fois licencié, pour ne pas augmenter les statistiques du chômage, il proposa à pôle emploi de s’inscrire en faux

A : C’est terrible le chômage, au début on se roule les pouces

B : Oui, et après, on met les doigts dans l’engrenage

A : Moi, un jour, mon père, il m’a emplâtré

B : Et alors ?

A : Je suis rentré dans le moule

B : Et le moule ?

A : Dans le placard

B : Avec le cadavre ?

A : Non, vaut mieux acheter des meubles démontés au cas où !

B : Chez IKEA, ils ont une forte clientèle de para…

A : Pluie ?

A : No

Ah ! et là, vous faites revenir une viande ? C’est pour votre sœur ?

B : Non, ma sœur, elle est là

A : Pour vous ?

B : Oui, dans l’espoir de faire revenir ma femme.

A : Et pour votre sœur ?

B : Je fais revenir le faitout dans la cocotte, cela lui suffit

A : Et pourquoi est-elle partie votre femme ?

B : J’étais trop long à la détente

A : Elle vous faisait chanter ?

B : Elle me disait que j’étais un castra qui chantait comme une casserole sans queue. Moi qui ai un cœur d’artichaut

A : Fallait épouser une jardinière

B : Elle préféra le gratin qui lui tournait autour

A : En somme, les carottes étaient cuites !

B : Pour le gratin ?

A : Non pour vous

B : Pour moi, c’était râpé !

A : Et vos grandes lunettes ?

B : C’est parce que j’ai les yeux plus gros que le ventre

A : C’est dire le bide de votre premier roman

Et votre femme, c’était l’arbre qui cachait la forêt ?

B : Un tronc de l’air

A : Elle ne manquait pas d’air ?

B : Jamais, elle les roulait

A : Dans la farine ?

B : Non, dans le sud-ouest.

A : Que faisait-elle là-bas ?

B : Elle faisait pousser des lauriers.

A : Dans le sud-ouest ?

B : Non, dans le jardin

A : Pourquoi des lauriers ?

B : Pour se reposer dessus

A : Et après ?

B : Elle les récoltait

A : Et vous ?

B : Je n’avais plus que la gale pour me gratter.

A : Et au tirage ?

B : Je perdais la boule

A : C’était un numéro votre femme.

B : Un 44 !

A : C’est sa jupe que vous portez ?

B : Oui

A : Je m’en doutais

B : Pour ne pas gaspiller le temps perdu, j’en faisais du pain, et vous savez ce qu’elle me répondait. Avec toi, la seule façon de joindre les deux bouts c’est de se plier en deux de rire.

A : Elle faisait de l’humour sur votre dos ?

B : Elle voulait que je me casse le ventre, mais bon, voyez par vous-même

A : Oui, faudrait du DEPROGES

B : Au moins ou du DEVOS

A : Même sur lui ça n’a pas marché

B : C’est normal, Ils se bidonnaient de trop aux répétitions

A : Mais encore.

B : Par économie sur les conseils de mon urologue, je lui faisais passer des vessies pour des lanternes pour uriner et éclairer en même temps les toilettes

A : Lumineux !

B : Pour économiser mes chaussures, je marchais même à côté de mes pompes

A : Vous pensez qu’elle a trouvé chaussure à son pied ?

B : Arrêtez de me couper le sifflet, ça me gonfle

A : Excusez-moi, j’avais oublié vos bouées !

B : Jésus avait les mains trouées, pas moi !

A : Oui, mais lui, il était toujours dans les clous. Appeler un chat un chat c’est la moindre des choses. Pouponnette par exemple, la chatte de la boulangère qui menait le boulanger à la braguette, en même temps vous, vous portez une jupe

B : Avec une ceinture et fallait que j’eusse du cran pour me la serrer autant. Vous savez, on s’était marié en grande pompe, on a divorcé dans nos petits souliers.

A : Et comment l’avez-vous rencontrée, votre femme ?

B : J’avais mis une annonce sur internet : Moi, qui cherche toujours midi à quatorze heures, cherche femme capable de remettre les pendules à l’heure

A : Et c’est qui là, dans la petite cage qui tourne dans sa roue ?

B : Notre enfant. Avec elle, j’avais fait une touche avec mon ordinateur. Deux mois plus tard, elle a accouché d’une souris.

A : Elle aimait les bêtes à ce que je vois ?

B : Quand je lui disais que j’avais un mal de chien, elle me répondait, va te coucher !

Un soir, elle m’a fait un croche-patte

A : Pour quelle raison ?

B : Un chien est toujours tout heureux de se ramasser une gamelle. Parfois même, elle m’appelait plumeau.

A : Plumeau ?

B : Oui, c’est le nom d’un chien qui mord la poussière. Elle adorait que je morde la poussière.

A : Elle défendait la cause animale, alors ?

B : Elle criait dans les manifs « sauvons les meubles ».

A : Elle travaillait chez BUT ?

B : En tant que gardienne

A : Dans quel rayon ?

B : Au rayon passoire

A : Alors pourquoi faites-vous revenir une viande ?

B : C’est du porc, lorsque je faisais ma tête de cochon, ma femme me ramenait du persil

A : Et à Noël ?