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"Meurtre d’une âme" pure dépeint le drame d’une famille marquée par l’inceste. Rose, même adulte, porte encore les cicatrices de son enfance, entre blessures, trahisons et humiliations. Son parcours vers la guérison et l’amour est une lutte acharnée contre la violence et la dépendance.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Rose Adina puise dans l’écriture la force de se souvenir, de se libérer et d’unifier sa vie fragmentée. Dans "Meurtre d’une âme pure", elle révèle les profondeurs d’une histoire familiale toxique, dénonçant avec courage l’inceste et brisant le silence qui l’entoure.
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Seitenzahl: 314
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Rose Adina
Meurtre d’une âme pure
© Lys Bleu Éditions – Rose Adina
ISBN : 979-10-422-2448-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce livre n’est pas recommandé pour les enfants.
À la racine de l’indignité humaine, il y a l’inceste. Cet acte qui donne accès à un corps qui ne sait pas le consentement puisqu’il ne sait pas définir les contours identitaires de sa propre corporéité.
Ce qui est monstrueux dans cette pratique, c’est la conscience de l’abus qu’a le prédateur et la jouissance qu’il en retire.
Ce livre dépeint l’enfance bouleversante qui en témoigne. À chaque étape, il y a eu blessure. À chaque tentative de libération, il y a eu sarcasme. À chaque respiration, il y a eu volonté d’étouffement.
Il en va de notre responsabilité à tous, à chacun d’entre nous, lecteurs, de pouvoir « pleurer à ses côtés ». Pour que l’auteure puisse enfin s’ouvrir au monde avec une possibilité d’avancer même si elle garde en elle cette grande cicatrice.
Que ce livre puisse la repeindre en or, cette cicatrice, pour que comme dans la tradition japonaise du Kintsugi, elle puisse sublimer l’objet, le rendre plus fort et plus résilient.
Puisse l’auteure y puiser sa réparation et par là même qu’elle puisse un peu par ce livre faire ce « Tikkoun Olam », cette réparation du monde pour que sa parole, au travers de ce très beau livre, puisse être entendue des bourreaux et des victimes, mais aussi de ceux qui ne savaient pas…
Ce livre, c’est aussi avec l’humour un exemple de survie qui force l’admiration. Je souhaite à tous d’en ressortir grandis, car il ne faut pas s’y tromper. Il s’agit bien d’un témoignage d’espoir…
Alors à notre tour de lui dire, pour qu’elle guérisse tout au long de notre lecture, « Petite fille si pure, c’est fini, plus personne ne te fera du mal… »
Guila Clara Kessous
Artiste de l’UNESCO pour la Paix
Une vie hors du commun.
Vous avez voulu partager mon corps, alors partageons ce livre ensemble.
On ne m’avait pas préparée à ça…
Ce livre est une biographie, un mélange de traumatismes, de psychologie, d’analyse et d’esprit positif. Et une petite pointe d’humour, le tout avec beaucoup d’amour.
Une jeune femme, une jeune mère, qui recherche la vérité dans ce monde sauvage, Keren Rose Adina.
Voici une aventure qui va séduire mes lecteurs !
Mes amis, asseyez-vous sur votre siège et mettez de la musique douce, par exemple :
Il y en a pour tous les goûts, toutes les religions. Paraît-il que la musique apaise et guérit… Le pouvoir de la musique est d’exprimer l’âme qui pleure.
Vous avez choisi ? Prenez le temps de respirer profondément. Il faut du calme. Allez-y, vous pouvez commencer !
Rose a bien grandi. Elle a gardé son âme d’enfant blessée, trahie, humiliée. Elle a traversé un long périple pour naître à la vie, à l’amour, une course d’endurance pour survivre à l’inceste, aux violences et aux addictions.
Ceci est l’histoire d’une famille incestueuse qui a abandonné une enfant, son enfant !
C’est aussi le courage, la force, l’espoir, la foi qui lui ont permis l’ouverture au monde, à la vie, au bonheur, à naître enfin !
Rose, c’est moi et ceci est mon histoire…
La petite fille en moi ne demandait qu’une chose : qu’on la regarde avec amour et tendresse, comme on regarde son enfant, un sourire doux aux lèvres. Mais aussi qu’on la protège de toutes les souffrances du monde. À la place, cette petite fille a vécu l’inceste de la part de plusieurs membres de sa famille, de l’âge de cinq ans à onze ans, ainsi que des violences psychologiques et physiques. C’est pour cela que cette petite fille blessée est restée coincée dans un corps d’adulte d’aujourd’hui. Voilà pourquoi à trente-quatre ans, je suis toujours ce gros bébé blessé.
Aujourd’hui, elle ne demande qu’à se sentir en sécurité, et à chaque pas qu’elle fait, elle cherche comme la protection d’une couveuse.
Pourquoi cette partie de mon cerveau n’a-t-elle pas évolué depuis le temps ? Lorsque j’éclate en sanglots, je dis tout bas : où es-tu papa ? Où es-tu mon sauveur ? Au secours ! Parfois, je le dis même à voix haute, mais personne ne l’entend… Cette souffrance est invisible. Ces douleurs d’adulte, indescriptibles, viennent de cette enfant blessée, jamais soignée, ni apaisée. Pas sauvée à temps… Cette petite fille espère toujours renaître dans les bras d’un père bienveillant qui la sauvera, qui l’aimera d’un amour inconditionnel et pour qui elle éprouvera une reconnaissance infinie.
Toutes ces années, j’ai fait taire cette petite fille craintive, je l’ai insultée, je l’ai frappée, dénigrée, j’ai ignoré tous ses besoins et j’ai fait passer les autres avant elle. Je l’ai diminuée comme une moins que rien. Je lui ai infligé beaucoup de mal et encore aujourd’hui. Pourquoi ? J’ai parfois envie de la claquer tellement elle est aussi sensible qu’une enfant de 5 ans. Je m’en veux presque d’être comme je suis, comme si toute une partie de moi était handicapée. Tout n’est que masque chez moi, car en vérité je suis encore une vraie petite fille qui n’a eu que le choix de grandir.
Aujourd’hui, pour que cette petite fille intérieure se sente aimée réellement, elle aurait besoin d’une personne qui pleure à ses côtés, qui lui dise : « Ma petite fille si pure, c’est fini, plus personne ne te fera du mal. Je suis là maintenant. J’ai mal pour toi, je vais t’accompagner, te défendre, je ne veux plus te voir anéantie. »
Pour que cette fille si abîmée se sente enfin apaisée, accueillie, réconfortée, elle a un grand besoin de protection, de confiance, car j’ai gardé la même innocence que lorsque j’étais petite, et ça personne ne peut me l’enlever. Je souhaitais juste être respectée, et vivre sereinement. C’est tout ! Mais apparemment, c’est trop demander et je ne le mérite pas.
Entrez dans mon monde féroce ! Ceci est une histoire hors normes, inspirée de faits réels, et qui va vous bouleverser.
Bébé non désiré, direction la DDASS du premier jour de vie à mes neuf mois, un été glacial – suis-je le secret du berceau ?
Je m’appelle Keren, j’ai 34 ans, je suis née au mois de juillet. Je me suis toujours contentée de peu en me disant toujours qu’il y avait pire… Je vis l’enfer depuis mon premier souffle. Je rêve d’entendre que j’étais une enfant désirée.
Chaque jour est un combat. Même avant d’être née, je ne me sentais pas désirée. Et mes parents me l’ont bien fait sentir et surtout me l’ont bien fait payer. Premier jour de ma naissance, direction la DDASS, et cela pendant neuf mois.
Mon père venait me rendre visite chaque lundi. Ma mère ne voulait même pas entrer « juste deux minutes », rien que pour me « voir », voir son petit bébé.
Juste avant de me délaisser paraît-il qu’un photographe est venu dans la chambre de ma maman et a dit :
« Je prends des photos de votre bébé au prix de 500 francs. » Ma maman a répondu :
« Prenez vos photos et prenez ma fille avec. »
Et ça, c’était la blague de SA vie.
À chaque invité qui venait chez moi, elle faisait cette blague et elle s’éclatait de rire, et les invités aussi. La seule qui ne riait pas, c’était moi… car je sentais bien que ce n’était pas seulement « une blague ». À chaque fois que j’entendais cette blague, je ressentais une vague de colère, de haine en moi.
Ma mère avait choisi cette plaisanterie pour faire rire la galerie, et à chaque fois la même bourde. J’avoue qu’à ce moment-là, j’aurais voulu être sourde.
« Keren est un bébé souriant », disaient les assistantes sociales, et ça n’a pas changé d’ailleurs ! Au bout de 9 mois, cette foutue assistante sociale a décidé que mes parents pouvaient me reprendre. Mais à mon avis, ils ont mal fait… Ma vie est devenue à partir de là un réel cauchemar. Un enfer mielleux.
J’ai été biberonnée au piment dès le premier jour de ma naissance. Ma mère ne me nourrissait pas, ne me changeait pas les couches. Je hurlais dans ses oreilles, je pleurais, je sanglotais, mais elle faisait la sourde oreille sous sa couette (détails rapportés dans le dossier de la DDASS). Elle se shootait de médicaments, c’était son addiction pour survivre à sa vie (certainement avec beaucoup d’animosité).
Comme aujourd’hui d’ailleurs, je peux hurler, pleurer de détresse, et personne ne m’entend. C’est vrai qu’on ne peut pas entendre une détresse silencieuse… J’ai failli mourir de manque d’oxygène, et c’est ma tante qui m’a soi-disant sauvée. Je pense qu’elle n’aurait pas dû… Ma tante, la sœur de ma mère, me disait souvent : « Tu devrais me remercier. » Ça me faisait rire. Mais je vais tout de même la remercier, car je suis devenue la femme que je suis aujourd’hui, une femme résiliente et indépendante. Parce qu’avec tout ce vécu phénoménal, j’aurais pu sombrer dans la folie.
Mes chers lecteurs, lectrices, tous ces pseudonymes ne sont pas anodins, je dis ça, je dis rien… lol.
Nous étions la famille Chémouni) (non pas Chimouni) – et nous sommes encore – une famille nombreuse de 8 enfants. Ma maman s’appelle Perle et mon père Matane qui veut dire cadeau. J’avais 3 sœurs, Tova, Ava et Galit. Et 4 frères, Yehiel, Avinou, Akiva et Ethan. Et la petite dernière, « fille à son papa », c’était moi, Rahel Keren. C’est très dangereux d’avoir cette place…
Je suis la dernière de cette fratrie de 8 enfants, non, non, pas la gâtée, comme disent les clichés. Un appartement à Sarcelles, quartier assez modeste, 2e étage, porte marron blindée, tout est jaunâtre, parfois blanc, quelques vieux cadres avec des rabbins. C’est froid, rigide, tout a une place, mais rien n’a de vie. Personne ne se dit bonjour, on passe dans le même couloir sans se parler dans un silence de mort. Je vis dans la terreur, entre insultes, malédictions, cris, violences physiques et cerise sur le gâteau, violences sexuelles.
L’enfer a commencé dès ma naissance. Allez, commençons, direction la DDASS, rejetée dès le premier jour. De bébé à 5 ans, aucun souvenir… mais il est préférable de ne pas savoir. Mon cerveau me protégeait – au moins un qui pensait à moi. Toujours voir le bon côté ! Violences sexuelles à 5 ans, et tout le reste qui suit.
Chaque chambre avait un nom, je n’avais ma place nulle part : à droite, violences psychologiques, à gauche, violences physiques, tout droit, violences sexuelles. Sauf les toilettes, où je pouvais me retrouver un peu seule en me recroquevillant comme un fœtus.
Violence indirecte de mon grand frère qui était tombé malade à cause de tant de violences qu’il n’avait pas su surmonter, le pauvre chéri. Mais il y avait une autre sorte de brutalité très forte, puissante, sournoise. Elle ne faisait pas de bruit, mais par contre, beaucoup de dégâts. C’était cette OMERTA, ce silence qui pesait très lourd.
J’avais 8 ans lorsque j’ai vu et entendu sa première crise de folie qui m’a tellement traumatisée. Je m’en souviens encore aujourd’hui 25 ans après. J’étais en train de dormir, et soudain j’entends des cris fous, des hurlements qui m’arrachent les tripes.
« Jérusalem, Jérusalem ! »
On venait de revenir du mariage de ma grande sœur qui s’était passé en Israël le 31 août il me semble, un mois d’août très chaud. J’étais vêtue d’une jolie robe blanche de demoiselle d’honneur. J’avais une jolie pince perlée sur le côté et des chaussures d’été vertes en daim. J’avais trop honte et peur d’aller aux toilettes. Je me rappelle que j’ai fait pipi sur moi et mes chaussures vertes ont déteint sur moi. J’étais dans l’embarras le plus total, je n’ai rien dit.
Deux jours après, de retour à Sarcelles, un soir qu’il faisait tard, mon grand frère Yehiel a eu une crise. Il a commencé à tout casser (à jeter les chaises, la table, à donner des coups de poing sur le mur). J’entendais ma chère famille aimante qui disait « il ne faut pas que Keren regarde », mais par contre, la violer… allez-y !
Je regardais la scène sans bouger, tétanisée en me mordant les doigts, en rongeant mes ongles. Je tremblais, j’entendais tout le monde crier de tous les côtés. Ils hurlaient tous : « Stop, je t’en prie ! Stop, arrête ! », sauf moi. J’observais, j’étais sortie de mon corps. C’est d’ailleurs ce que je fais automatiquement pour me sauver la peau de toutes ces violences.
Mon frère avait lui aussi été agressé sexuellement. Il en a été affecté à vie. Il avait la phobie du téléphone, de la porte d’entrée qui se fermait, des sonnettes, peu importe lesquelles (téléphone, interphone, porte d’entrée).
Il pensait que l’on complotait contre lui. Un enfer de plus à partir de 8 ans.
De cette époque, un autre traumatisme s’ajoute : interdiction de téléphoner, de juste TOUCHER le téléphone, que ce soit une minute ou 10 minutes (comme les viols, une fois ou plusieurs fois, les conséquences sont les mêmes).
Regard de tueur, insultes, et parfois des coups, et la maison complètement retournée.
Pour téléphoner, j’allais me cacher dans la salle de bains. Parfois, il me demandait : « Tu es au téléphone ? » et mon cœur s’arrêtait de battre. C’est pourquoi avant de sortir, je cachais mon téléphone dans ma culotte en le mettant sous silencieux, pour qu’il n’entende pas et le voie.
Pour me sentir en sécurité, j’allais à la cave, au sous-sol, avec les souris et les rats dans le noir (super la sécurité, toujours la dérision). J’y allais sans fermer la porte de la maison, sinon il allait l’entendre. Je descendais sans faire de bruit, sur la pointe des pieds, je retenais ma respiration jusqu’à arriver à la cave, et là je passais mes coups de fil. L’angoisse comme dans les films d’horreur.
Dès que je remontais, je le voyais, j’avais peur de lui, de ses réactions, de son regard noir.
Il ne fallait pas broncher, sinon on s’en prenait une, et de nouveau la maison fracassée. Les seules personnes qui pouvaient le calmer étaient les pompiers, la police, l’ambulance. Ils arrivaient par vingt, c’était impressionnant, ils le menottaient devant mes yeux innocents, mais je savais au fond que ce n’était pas lui qu’il fallait menotter (monde d’injustice !). J’avais le cœur broyé de douleur de le voir entouré par 20 personnes, comme si c’était lui le VIOLEUR en série.
Sa souffrance m’était insupportable. Je me doutais qu’elle avait un lien avec ce que je vivais.
Il est tellement gentil, bon, doux, ce frère. Grand frère chéri, je vais me battre pour toi, je ne te laisserai pas tomber. C’est aux monstres de se faire menotter, pas nous.
Il a été hospitalisé dans un hôpital psychiatrique pas loin de chez moi. Je suis allée le voir avec Ethan, le frère qui a juste un an et demi de plus que moi, et un ami de famille qu’on appréciait beaucoup.
Je devais rester dans la voiture, mais je voulais absolument voir comment c’était.
Franchement, encore une autre épreuve traumatisante. Les gens marchaient bizarrement, criaient la bouche tordue, avec de la bave qui en coulait, faisaient des bruits bizarres. Ça faisait extrêmement peur… Mais j’avais perdu mon insouciance depuis longtemps.
Je ne lui en veux plus aujourd’hui. Au contraire, mon cœur est déchiré de le savoir si détruit. C’est TOI mon grand frère qui me donne l’envie de me battre.
Des souvenirs par bribes ! Ma mère me réveille à 6 h du matin avec une claque pour que je fasse du ménage. J’avais 8 ans à peine… et peut-être même avant… Mais le cerveau crée l’oubli et heureusement d’ailleurs…
Si j’osais ne pas obéir, avant de sortir de la maison, elle fermait la porte à clef, pour que je n’aille pas à l’école. En fait, je n’avais le choix QUE DE M’EXÉCUTER. Et juste avant de sortir, j’avais droit à des insultes, à des malédictions en arabe à en vomir, comme « Va mourir, reste là-bas, ne reviens pas, je ne t’aime pas, "Ya karba", que le feu t’emporte, etc. » (D’ailleurs, cela aurait été préférable pour ne pas vivre tout ça.) Je reste persuadée que ma maman voulait que je reste à la DDASS, car elle m’a toujours dit : « Je ne voulais pas de toi, fallait rester là-bas », et ce n’est que plusieurs années après que j’ai compris ce qu’elle voulait dire.
À l’école, ma tête était complètement ailleurs, de la peur de rentrer, de ce qui pouvait m’arriver, vers où me diriger lorsque je passerais la porte d’entrée. J’en faisais pipi et caca sur moi tellement j’avais peur. Je gardais toujours mon manteau pour me protéger, qu’il fasse 5° ou 35°. Inconsciemment, j’appelais à l’aide, mais on se moquait de moi pendant les mois d’été… Jusqu’au jour où la directrice m’a envoyé en internat, car elle avait senti que quelque chose n’allait pas.
Je rentrais chez moi à 17 h, la boule au ventre. Je sonnais à l’interphone et ma mère disait : « Pourquoi elle est venue, celle-là ? Qu’elle reparte, on était mieux sans elle ! » Pas désirée, la petite…
Dès que je franchissais la porte, elle me dévisageait d’un air écœuré, et c’était reparti pour un tour : « Cendrillon, va faire la machine, la vaisselle », etc., avec quelques grossièretés pour ne pas changer. Super l’accueil avec le petit goûter. J’étais gâtée ! Mais dès que j’avais fait ce qu’elle voulait, il fallait bien sûr qu’elle critique…
« Tu ne sais pas faire, ce n’est pas comme ça ! La voisine est mieux que toi ! » Parfois, c’était accompagné d’un coup sur la tête et pour bien en rajouter avec son accent Djerbien à en vomir et bien sûr personne ne prenait ma défense !
De l’autre côté, mes grandes sœurs m’attendaient au tournant pour me faire faire les devoirs jusqu’à 3 h du matin, avec insultes, dénigrements… et des pincements à chaque mauvaise note. Pincer au bras ça fait des bleus, juste pour info !
Parfois en m’endormant sur mes cahiers, je ravalais mes larmes. Et lorsque je ne connaissais pas les réponses, j’avais le droit à des coups bien évidemment. Quelle torture, au secours ! Violences psychologiques et physiques… Les garçons eux m’attendaient pour me piéger. Ils étaient en embuscade dans la chambre d’à côté pour me violer…
Ma maman était psychotique à cause de sa vie chaotique, et elle n’avait pas été soignée à temps. Elle était violente rien qu’avec son regard, ses mots, et ses mains. Elle n’a dû se construire que de cette manière… Ses mots, ses malédictions étaient si puissantes, que ça a bloqué mon mazal (ma chance), dans toutes les directions où j’allais. Tout le karma positif était bloqué : réussite dans les études, réussite financière, maladie, mariage… C’est pour ça qu’on doit faire attention aux mots qu’on emploie, encore plus une maman envers son enfant. C’est trop puissant !
Elle était aussi kleptomane. Je vivais donc en cachant le peu que j’avais dans une valise à cadenas, chez moi ! Dans ma chambre, je n’avais pas d’armoire, car elle volait mes habits qui n’étaient même pas à sa taille, le comble, et du maquillage. Ou bien, elle les jetait à la poubelle de l’immeuble, et aussi le peu de sous que je possédais.
Tout était pris sans mon autorisation, sans aucun respect. Je n’existais pas. Est-ce une vie ? Je cachais ma valise. Je ME cachais tellement je me sentais salie. Je cachais mon téléphone. Je me cachais pour parler au téléphone. Aujourd’hui, je me demande comment j’ai pu faire pour survivre à tout ça.
Le bon Dieu m’a envoyé une force, je ne sais pas d’où elle sort. Je ne montrais strictement rien, au contraire…
De temps à autre, ma maman jetait toute la nourriture qu’il y avait au frigidaire. Quand je l’ouvrais, il y avait une tomate, un pot d’harissa, des œufs, du couscous et des médicaments. Rien à manger. L’angoisse, le frigidaire blanc, propre, un creux au ventre, au cœur, et à l’âme. Rien pour me consoler… Occasionnellement, elle cachait des repas sous les lits, des biscuits, des fruits : mais où est-ce qu’on va ?
Tout était dysfonctionnel : la nourriture, cachée sous les lits, le frigo vide, l’armoire vide. Il était bien rempli le shabbat, mais le samedi soir, tous les restes se retrouvaient à la poubelle. Le téléphone, on devait le cacher, on devait parler en cachette sans respirer par moment. Jusqu’à présent, j’ai encore beaucoup de mal avec le téléphone à cause de ça.
L’argent, je ne disposais que de deux, trois, ou dix euros, pas plus, et ce peu, ma maman pouvait me le voler donc je le cachais.
L’argent de ma maman était aussi caché sous l’évier dans une chaussette noire : il y avait des milliers d’euros, 2000 euros, et jamais je n’ai volé même 5 euros. Je refuse de me comporter comme eux. Ensuite, on me disait « Je n’ai pas d’argent, ma fille ! » Les habits, le maquillage, étaient cachés aussi. On n’avait pas le droit de rigoler non plus. Pas de droit aux câlins, à la tendresse ! Une famille étrange, où les pleurs aussi étaient cachés, étouffés.
Mes tantes, cousins et cousines habitaient près de chez nous et le dimanche, ma mère allait souvent chez les Chémouni. De temps en temps, je devais aller la rejoindre ou aller récupérer des gâteaux, de la farine, des courses banales. J’y allais avec effroi, ça ne m’enthousiasmait pas vraiment. Je sonnais et je montais la boule au ventre. Ils étaient toujours tous au salon, sur le canapé en train de rire bêtement (il faut dire qu’ils n’étaient pas super intelligents de nature…). S’il y a une chose qu’ils aimaient faire, c’était humilier. Ma mère m’appelait devant toute la galerie, on aurait dit un cirque. « Ma fille, viens me voir, viens par ici. » Et là, « Regardez, ça a un peu poussé ! Tu as tes règles, ma fille ? Allez, réponds-nous… » et elle se marrait.
Mais qui y avait-il de si drôle ?
On vivait tellement dans l’anxiété, dans la peur, qu’on faisait tous pipi jusqu’à tard, moi jusqu’à l’âge de 8 ans. Et puis j’étais fière de moi parce que j’avais arrêté avant mes frères qui ont continué jusqu’à l’âge de 16 ans.
Je vis une double trahison, car j’ai enduré toute cette violence, et je paie encore le prix fort pour supporter cela, et par-dessus, personne ne me sauve.
(Il n’y avait pas qu’un seul monstre, mais quatre, comme si un seul n’était pas suffisant pour me détruire.) Je ne savais vers où me diriger. Seule face à toute cette violence. Je traînais des pieds, mais personne ne remarquait rien. Ou bien tout le monde le savait, mais c’est toujours mieux de fermer ses yeux, n’est-ce pas ? Mais Keren pourquoi n’as-tu pas crié, pleuré ? Pourquoi ne t’es-tu pas défendue ? Je vais vous répondre simplement : j’essayais de SURVIVRE comme je pouvais. Mais au fond de moi, je pleurais, je criais : « Sauvez-moi, aidez-moi », en m’étouffant avec mes larmes… C’était insoutenable…
Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé, avant, pendant et après…
Je pense qu’il vaudrait mieux « mourir » que de vivre ça. Mais j’ai appris ce qu’est la peur de mourir.
« Avant » d’entrer dans la pièce, j’avais peur, j’étais tétanisée, même si au fond je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Le corps, LUI, le sait, il sent tout.
« Pendant », la douleur me terrassait, je serrais les dents très fort, le plus fort possible, pour ne pas crier (il était interdit de pleurer, de crier).
Et dans ma tête ne résonnait que « Pitié, je t’en prie, pas ce soir, pitié ! » Je faisais semblant de dormir, de fermer les yeux.
J’étais terrorisée de ce cauchemar « véridique ».
Mon corps se paralyse, mon cerveau se bloque. Désormais, on te déglingue, petite Keren.
À partir de ce jour-là, je n’ai plus jamais été Keren, l’insouciante. Ma vie a basculé de l’autre côté, dans le monde des adultes.
La suite sera surprenante…
Je dormais dans la chambre des garçons où il y avait un lit superposé et un lit tiroir. J’occupais le lit tiroir, toujours recroquevillée du côté de l’autre lit, et je me disais : « Keren, comporte-toi bien cette nuit ! Ne te mets pas comme ça, on se conduit bien Keren. » Comme si que c’était moi qui le cherchais, et le pire, c’est que je ne sais même pas pourquoi je me disais ça.
Certains soirs, c’était mon grand frère et mon cousin qui étaient près de moi, plutôt près de mon corps, tout près de mon sexe, vu que c’était ça qui les intéressait. Le cousin donnait les ordres et le frère obéissait. Il lui disait : « Vas-y ! »
Le cousin, lui, rigolait (j’ai encore son rire en tête qui résonne, quel monstre !), il me rentrait son doigt très fort, et à côté le frère me touchait le sexe. Dans ces moments-là, je faisais semblant de fermer les yeux, semblant de dormir, je serrais mes dents très très très très fort, et je remontais dans le lit pour ne pas sentir la douleur.
Peur de crier, de pleurer, ou bien est-ce normal puisque ce sont des personnes de ma chère famille ? La famille ne veut que ton bien, n’est-ce pas. Je pensais que tous les enfants vivaient ça. Petite Keren pétrifiée, personne pour la protéger, son papa a ouvert la porte et a vu sûrement ce qui se passait, mais il a refermé la porte naturellement.
Dans les familles incestueuses, c’est à la limite de « la normalité ». Déjà à 5 ans, 4 hommes avaient abusé de moi : étais-je à vendre ? Avais-je des dettes à payer de leurs anciennes générations ? À ce moment-là, je mourais, j’ai vécu la mort imminente. D’ailleurs, le cousin me disait dans la journée : « Je t’ai fait un petit tour de manège et ce soir… »
Si mes souvenirs sont bons, mon surnom était Crotte. D’autres soirs, c’était un autre frère, seul cette fois-ci. Soit il me disait de faire comme il le souhaitait – il pensait peut-être que j’étais sa petite amie ? – je n’en sais rien. Soit, c’est lui qui me modelait comme il voulait. « Baisse ta culotte ! » et je m’exécutais. Il positionnait mes deux jambes l’une après l’autre, c’est-à-dire qu’il me les remontait et les écartait, et il essayait à plusieurs reprises de mettre son sexe à l’intérieur du mien.
J’ai encore du mal à l’écrire au bout de 34 ans : je ne veux pas y croire. J’avais mal, j’avais envie de vomir, je sentais quelque chose qui me répugnait. Mais là aussi, je faisais semblant de fermer les yeux. Ils ont peut-être cru que je n’allais jamais me le rappeler, vu que je fermais les yeux ? Mais le corps crie de ce que le cerveau ne peut pas admettre quelques années après.
Lorsqu’il avait fini, soit il me disait « remonte ta culotte » et je le faisais comme une idiote. Et je me sentais salie… ou il me laissait comme ça, dénudée, et le matin avant de me lever, je me remontais la culotte. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait.
Il y avait toute une emprise familiale, une omerta, je me suis sentie coupable et jusqu’à aujourd’hui encore, c’est enkysté. Purée de culpabilité, celle dont je ne me suis pas détachée émotionnellement ! Vous ne pensez pas que je m’en veux déjà assez de ne pas avoir dit « non » ?
J’étais un bébé, je n’avais que 5 ans. Je pensais que c’était une affection naturelle. Leur domination était super forte, super lourde à porter à moi toute seule. C’était très pervers, car c’est exactement ce qu’il désirait. Parfois dans le couloir étroit, un de mes frères cherchait à me frôler pour essayer de toucher mes petits seins qui venaient tout juste de naître, et qu’on avait déjà souillés.
La dernière fois qu’il m’a approché, je me suis sauvée moi-même. Personne ne l’a fait pour moi, hélas. Ce frère était sur moi, il m’a touché les seins comme un illuminé, en me disant : « Ça a poussé ou pas ? » Et là, j’ai réussi à le pousser très fort, et plus jamais il ne s’est approché de moi. Et j’ai eu mes trucs quelques jours plus tard.
Peut-être ai-je été sauvée avant d’avoir un enfant de lui ? Faut voir le bien, Keren, toujours !
L’autre cousin, c’était en journée. Il m’appelait de chez lui, il me disait de venir chez lui, à 5 minutes de chez moi.
Là encore, je le faisais comme si j’étais anesthésiée, sans comprendre ce que je faisais. Tout le monde faisait ce qu’il voulait de moi, et moi j’étais super fragile, vulnérable. Mon cerveau ne réagissait plus : il était colonisé par tous ces méchants. Il fallait absolument qu’un adulte PROTECTEUR s’en occupe, mais eux étaient trop préoccupés à faire le bien autour d’eux. (Ironie !)
Je montais chez lui, un grand appartement beige et marron. Le cousin me disait : « Regarde ce film, on fait la même chose ! » Il me disait d’aller dans la salle de bains en premier et de me déshabiller, et après il me rejoignait.
Et bien sûr comme une idiote, je m’exécutais, je m’allongeais par terre, nue, pauvre petit corps pur, abîmé. Ce corps sort de moi, lui se déshabille, nu sur moi, il essaye de rentrer son truc dans moi.
Il me dit quoi ? « Rhabille-toi et tu sors en premier, comme ça mes sœurs ne nous verront pas sortir ensemble. »
Ses sœurs étaient juste dans la chambre d’à côté.
Ma main à couper qu’elles savaient, mais c’est tellement plus facile de fermer les yeux. Je voudrais ajouter un aparté. Mesdames et messieurs, ne laissez pas jouer vos enfants avec leurs cousins, cousines, copains, copines, seuls dans leur chambre fermée ou pas, dans leurs salles de bain. Cela peut faire de gros dégâts, qu’on le veuille ou pas. Allez voir de temps en temps comment ça se passe, vous pourrez sauver beaucoup d’enfants. N’hésitez pas à dire, à employer les mots qu’il faut à vos enfants pour qu’ils ne soient pas touchés là où il ne faut pas. Même si ce sont des enfants en bas âge, le sexe n’est pas un jeu. C’est un organe précieux qu’on garde pour soi. Ne les laissez pas jouer seuls sans vue extérieure par des adultes responsables.
Ma mère aussi, lorsqu’elle me douchait, me touchait le sexe salement. Je ne voulais jamais que ce soit elle qui me lave, je sentais dans mes tripes que ce n’était pas normal. Le pompon ! Des gestes incestueux, un regard pervers, c’était à la limite si elle n’avait pas un shitane qui sortait d’elle. Dans le couloir aussi, elle essayait de frôler mon derrière pour essayer de le toucher.
Lorsque je passais dans le couloir, et que ma génitrice y passait en même temps, je me collais au mur comme un autocollant, pour qu’elle ne me touche pas. Et si ça arrivait par malheur, je me nettoyais direct, je disais berkkkkk. Il y avait comme un climat incestuel.
Je suis persuadée que du côté de ma génitrice, tous ont vécu l’inceste, car apparemment, ça avait l’air tout à fait naturel. Est-ce du touche pipi ? De l’inceste ? Le monstre était, régulièrement, chez moi à Sarcelles, il ne s’exprimait qu’avec de gros mots et des paroles super vulgaires, à gerber et ma grande sœur Ava lui disait : « Mais qu’est-ce que tu peux être vulgaire, c’est pas possible ! » J’étais juste à côté d’eux (juste des bribes de souvenirs).
On a détruit tellement de choses en moi que je ne retrouverai peut-être jamais… ou dans une seconde vie.
Je ne pouvais aller nulle part, aucune chambre n’était accueillante, aucun membre de cette famille n’était gentil avec cette petite fille salie. Ma mère était effrayante avec moi de 6 h du matin jusqu’au soir, à 20 h, quand elle allait se coucher. Dans cette maison hantée, mon père était absent. J’étais obligée de coopérer, sinon je n’allais peut-être pas être nourrie… mais quoi qu’il arrive, mes frères avaient leur repas, tout prêt bien présenté. Et lorsque je demandais le mien, elle me disait d’un ton agressif : « Va te servir toute seule ! » Je n’allais peut-être pas avoir mes 2 euros…
Parce qu’avec mon père, ça ne dépassait pas 2 euros. Et lorsque j’allais faire ses petites courses, il me réclamait toujours le ticket de caisse pour vérifier si je n’avais rien volé. En revanche s’il restait 50 centimes, il me les donnait avec plaisir : « Tiens ma fille, je t’offre de l’argent. Tu peux acheter ce que tu veux. » J’avais honte. Je ne me rendais compte de rien dans cette maison hantée… TOUT ÉTAIT DE LA NORMALITÉ. Je suis la bien-aimée ou la mal-aimée de cette fratrie ? Une malédiction transgénérationnelle, mémoire d’une odeur karmique.
La seule fois où j’ai demandé à ma maman de l’argent et dit que deux euros, ce n’était pas grand-chose, elle ne m’a donné qu’un euro sept en me disant « Tiens, je n’ai que ça ! » Je me sentais tellement rabaissée.
On dit qu’un enfant, c’est un cadeau du ciel. Moi je dirais que j’étais une mauvaise surprise. Avec ça, ils étaient en train de se faire construire une maison en Israël, ce n’était pas rien.
Je subissais toutes sortes de maltraitance. Je devais faire toutes les corvées de la maison et bien sûr accompagnées de malédictions, parfois de crachats pour bien me montrer que j’étais une crasseuse, écœurante et minable.
Ma vie ne se résumait qu’à ça… à un certain moment ? J’ai pensé que j’allais tomber dans la folie… et la dissociation m’a sauvée.
Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas cette famille qui m’a sauvée…
Figurez-vous que j’avais un malaise différent à côté de chaque individu de cette famille, j’explique : je ne pouvais être dans la même pièce qu’eux. Ce que je faisais c’était « le contrôle d’évitement », déjà même à 11 ans, très psychologique, lol. Je contrôlais constamment pour les éviter, disons : quand je faisais la vaisselle dans la cuisine et que mon frère venait manger, ben je m’arrêtais de faire la vaisselle et j’allais dans ma chambre. Lorsque ma grande sœur venait dans la chambre, j’allais au salon pour étendre la machine, et si ma génitrice passait dans le salon j’avais toujours un plan B ou C, j’allais vite dans la salle de bains faire la vaisselle de lait. En gros, je faisais tout pour ne pas rester plus d’une minute dans la même pièce qu’eux sinon je mourrais sur place. Un mal-être différent en permanence près d’eux. Aucune assurance !
Quand j’allais vers cette mère, c’étaient des coups, des insultes, du crachat, du dénigrement… Elle a bouffé mon énergie rien que de cette façon, et avec les violences sexuelles qui se sont ajoutées, je suis MORTE, MORTE À TOUT JAMAIS !
Quand j’allais vers ce père, c’était toutes sortes de culpabilité qui m’envahissait. Ou il était absent, ou il fermait les yeux lorsque ça se passait… tellement plus facile.
Mes grandes sœurs, c’étaient les coups pour mes devoirs.
Tantôt, mon papa et ma maman se tapaient l’un contre l’autre devant mes petits yeux innocents, et d’autres fois ils se tapaient sur eux-mêmes sur leur poitrine en poussant des cris terribles. Ça m’a bien heurté.
Ma dissociation était au niveau 10. Je ne vivais que comme ça, pour survivre. J’allais vers mon seul grand frère que j’aimais tant… c’était mon seul repère. Quand qu’il n’était pas là près de moi à la maison, je me sentais perdue. Je pouvais rester des heures à côté de lui, à le regarder. J’étais bien, apaisée.
Sinon le dimanche, le seul jour où je me lavais… ou que ma mère me lavait, et MAL. Ma chère mère fait partie des personnes qui ont abusé de moi, et ça se passait dans la douche. Je me consolais avec l’odeur du gel douche qui sentait bon pour oublier dans quel arôme je vivais. C’était aussi le jour où je pouvais un peu sortir, mes amies me demandaient toujours si je voulais aller en sortie avec leur famille, mais je disais toujours NON. J’étais incapable de m’amuser. Encore aujourd’hui… mon corps est comme anesthésié.
Ça me dérange… c’est étrange comme sensation lorsqu’on me le demande.