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« J’aurais dû tout dire, mais ma bouche ne cesse de se fermer. Ma vie me tourmente, dans le mensonge, la honte, la colère. Cette profonde tristesse, je la sors ainsi, en écrivant. Je suis né dans le mauvais corps, je suis neuro-atypique, ma vie n’est que mouvement. Je vois la vie en rose, elle est si morose. » Malgré tout cela, il y a une force qui persiste, une réalité qui cherche à émerger, prête à bouleverser tout ce qu’on pensait savoir de soi-même. Alors, que faire lorsque les mots sont piégés dans le silence et que la vérité semble hors de portée ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Maxym Tachon a quitté le lycée en seconde STMG pour obtenir son BAFA et devenir animateur périscolaire pendant deux ans. Il s’est ensuite formé à l’ACACED pour se spécialiser dans l’élevage canin. Aujourd’hui, il partage son parcours marqué par des manipulations depuis ses débuts, tout en étant en quête de stabilité.
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Seitenzahl: 117
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Maxym Tachon
Mot rose
J’affronte ma peur : tout dire
© Lys Bleu Éditions – Maxym Tachon
ISBN : 979-10-422-6559-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Liam, Aïron, Khémis, Anne, Mathias
J’aurais dû tout dire, mais ma bouche ne cesse de se fermer.
Ma vie me tourmente, dans le mensonge, la honte, la colère.
Cette profonde tristesse, je la sors ainsi, en écrivant.
C’est ce que j’ai toujours fait, j’ai écrit sur ma peau
cette douleur en moi. Être né dans le mauvais corps,
aimer ce que je ne dois pas pour les autres,
être neuro-atypique, se faire manipuler,
se faire soutirer, abuser, je ne veux plus être mangé.
Je veux être le loup, alors j’affronte ma peur et je dis tout.
J’écris avec un mal de chien à mon bras gauche. Vous savez pourquoi.
Je pense que vous allez le savoir bien assez tôt. Ce couteau m’appelait, il voulait que je le fasse et je l’ai fait. Le sang a coulé. Mais ce n’est pas ça que vous voulez savoir pour l’instant. Pourquoi en suis-je arrivé à ce point-là ?
Est-ce que votre curiosité vous pousserait à vouloir vraiment tout savoir de la vie d’un inconnu ? On est tous là pour vivre, voire survivre. Mais on arrive quand même à se faire assez chier pour vouloir tout savoir de la vie des autres.
C’est parfait, parce que c’est ce que je vais vous donner. Alors préparez-vous bien à lire une horrible histoire tout aussi banale que tant d’autres personne.
Pour commencer, n’oubliez pas, la première règle à garder en tête est que ça n’arrive pas qu’à moi.
Alors je témoigne pour toutes ces autres personnes qui ont décidé de faire le même choix que moi, mais pour autant qui ne disent rien, n’écrivent pas, ou pire.
Bonjour, je m’appelle Maxym, je suis un jeune homme banal, à l’heure où je vous écris, j’ai 20 ans et je travaille dans une école en tant qu’animateur périscolaire. J’habite en ville, j’ai passé mon enfance à la campagne avec mes parents, mes deux frères. Un grand frère de trois ans de plus que moi et un autre de cinq ans de moins que moi. À votre avis, lequel est le plus mature et avec qui je m’entends le mieux ? Le plus petit. Je tiens à commencer mon histoire par le début évidemment, donc mon enfance.
J’ai eu une enfance banale, je jouais très souvent avec mon grand frère, nous nous amusions à pendre une couverture à sa mezzanine pour en faire une cabane. Sur son bureau, il avait un ordinateur, il passait le plus clair de son temps à jouer dessus, à moins que ma mémoire me fasse défaut. Nous étions très heureux, je jouais de temps en temps avec mon père et nous avions un gros chien. Il était noir, nous l’appelions parfois Patate, mais il s’appelait Argoss, enfin moi je l’appelais Poutou, c’était mon chien à moi à l’époque. J’ai fait une maternelle normale, mis à part le fait que quelqu’un de très bizarre a essayé de toucher mon entre-jambe. Enfin, j’étais trop petit, alors cet incident, qui s’est passé à plusieurs reprises, n’est qu’un vague souvenir flou et déstabilisant. Mais ça va, nous avions des amis. Moi j’avais des copines, nous allions à la danse ensemble et j’avais un amoureux.
Tout allait bien, jusqu’à ce que mon petit frère apparaisse dans ce monde, ce qui m’a rendu fou de joie au début. Puis mon père est devenu distant, plus de jeu, moins d’intérêts envers mon petit frère. Depuis ma tendre enfance, j’ai essayé de combler le fait qu’il n’a pas été voulu, je suis dès lors devenu son meilleur ami. Mon réconfort, les jeux, les films et les dessins animés c’était uniquement avec lui. Nous jouions toujours ensemble. Pendant le primaire, il me collait tout le temps, nous étions inséparables. Notre grand frère a dû se sentir exclu et seul, mais il avait des amis, je le savais parce qu’on était dans la même école au primaire. Je le voyais souvent jouer avec ses copains, je les trouvais un peu bêtes et ils se moquaient de moi quand je venais voir mon grand frère. Rien de bien important.
Cependant, il y a un problème dans cette vie aussi banale, c’est qu’à l’époque mon corps n’était pas en accord avec mon genre et mon sexe. Surprise ! Mais ça, je l’expliquerai un peu plus tard.
Cette école primaire est devenue pour moi un véritable enfer très rapidement. J’avais quelques amis, qui se moquaient de moi dans mon dos, mais rien de bien grave pour des gamins. Ce qui a produit cet enfer, ce sont mes notes.
J’étais « nul », en tout cas c’était ce que je me disais à l’époque. Pas de bonne note, des difficultés à apprendre alors que tu es « débile ». Ça, j’y ai eu le droit tout au long de mon circuit primaire ; tu es débile, tu ne sais même pas faire de maths.
C’était devenu mon quotidien, mais c’était pas grave parce que j’avais des amis avec qui traîner, jouer. Mais quand on grandit, que son frère part de l’école, les enfants deviennent plus… Violent. Le harcèlement. C’est un mot que je ne connaissais pas à l’époque, j’en ai vérifié que plus tard la définition que voilà : le harcèlement est une violence fondée sur des rapports de domination et d’intimidation qui a pour objet ou effet une dégradation des conditions de vie de la victime et un impact sur sa santé physique ou psychique.
C’est évident et clair comme de l’eau de roche, c’est bien ce que j’ai subi.
À moins que les moqueries dans les toilettes ; venir me voir par groupe pour me dire que je suis « nul » et « débile » ; de ne jamais me choisir au sport ; de me laisser pleurer seul dans la cour et se moquer de moi à distance ; de se moquer de mon physique à la piscine ; de dire à tout le monde de pas venir me voir, car je suis « bizarre », etc. ne soient pas du harcèlement. Pour certains, ça ne l’est pas. J’ai longtemps cru que ce n’était pas du harcèlement. Une façon de se rassurer. Puis je me suis cassé la cheville, j’ai dû rester pas mal de temps à la maison, j’ai donc encore plus manqué les cours. Quand je suis revenu, j’ai attiré l’attention, enfin… La pitié. Alors j’ai redoublé, mais j’étais en même temps dans la même classe que ceux de mon âge, du côté de la classe inférieure évidemment. Alors mes amies se sont éloignées de moi, comme la peste. Je ne saurais pas dire pourquoi.
Vous allez me dire « ce n’était que des gamins, ils ne savaient pas ». Effectivement, tu comprends pas le mal que tu fais quand tu es jeune, c’est pour ça que je ne leur en veux pas. Seulement, je suis en colère d’avoir perdu ma confiance en moi si tôt, car c’est la période la plus cruciale pour se forger. Je me suis forgé dans le harcèlement, la honte, la culpabilité. Comment tout ça se déroulait à la maison ? Ai-je au moins eu un peu de réconfort ? Non, le réconfort n’est pas de me crier dessus, car je me trompait pendant les devoirs…
Heureusement qu’il y avait les vacances d’été, ce sont mes vacances préférées, j’ai tant de souvenirs agréables. La plage, le sable chaud, les rires, la glace en ville, même de nuit, l’ambiance est magique et je suis libre. Nous faisions du camping, j’aimais trop ça, l’ambiance, les musiques, les gens, le calme, le bruit parfois… Et puis… Je pouvais avoir des amis là-bas, ils ne me connaissaient pas, je voulais être la best. La meilleure petite fille, qui s’est fait des sympas petits copains, nous jouions ensemble, même à la piscine du camping, parfois avec mon petit frère ou mon grand frère. Mais je vous rappelle ce que j’ai dit précédemment, ce que j’ai fait à vingt ans. Les emmerdes ont commencé. Je suis devenu ami avec un garçon fort sympathique, qui a décidé de réunir plusieurs de ses copains, bien plus grands et forts que moi, m’arrêter dans un endroit, me forcer à me déshabiller. Et ce n’est pas comme si c’était que ça. Étant très jeune, je n’ai pas compris le mal que ça pouvait me faire plus tard. Ce gentil petit garçon m’a ensuite invité dans sa tente de camping et m’a forcé à le toucher et à ce que je me touche aussi devant lui. À cet âge, je ne comprends pas comment des enfants peuvent avoir de telles idées. C’est pour découvrir peut-être ? Mais cela m’a toujours hanté. Je savais que je ne m’étais pas respecté.
De retour à l’école, j’étais différent, je devenais un peu plus distant, je commençais à faire des crises d’angoisses, je souhaitais tous les jours que la maîtresse ne soit pas là, pour que je ne sois de nouveau confronté à mes erreurs en cours. J’ai de plus en plus perdu confiance en moi, mais j’ai réussi à me faire une amie qui était elle aussi tout aussi perdue que moi. Cela nous a rapprochés, puis ça a rapproché une autre fille et une autre… Nous avons réussi à avoir plusieurs ami(e)s, j’avais toujours le doute qu’ils soient de confiance ou pas.
Sans oublier que j’avais quand même des copains dans le coin de rue où j’habitais, qui m’ignorait totalement une fois à l’école. Nous nous amusions bien, c’était les seuls et meilleurs moments que j’avais en dehors de l’école. Un jour, je me suis senti très triste, alors je suis allé voir mon ami de rue à l’école, et je lui ai demandé en face pourquoi il voulait pas qu’on joue ou qu’on parle ensemble à l’école. Il m’a répondu : « chut. Pourquoi tu me parles ? Personne ne doit voir qu’on joue ensemble, je veux pas qu’on se fasse de fausses idées sur nous ». Puis il est parti.
Je lui en veux à lui et aux autres amies que j’avais depuis la maternelle qui m’ignoraient…
D’ailleurs, ma meilleure amie d’enfance, je veux dire, depuis presque notre naissance nous étions amies, nous nous voyons chez l’une, chez l’autre. Nos deux familles se côtoient très souvent. Nous faisions des soirées, des fêtes, des barbecues, des soirées pyjama. Nous nous adorions. Mais du jour au lendemain, plus rien de sa part. Alors que son grand frère s’entendait toujours avec mon grand frère. Mais moi, elle ne me donnait plus aucun signe. Je la voyais toujours à l’école, sans nouvelle… Puis elle est partie au collège, j’ai senti qu’elle se sentait supérieure à moi. J’en avais l’impression quand nos deux familles se réunissaient toujours. Qu’est-ce que j’ai pu faire pour qu’elle ne vienne plus me voir ? Elle aurait pu au moins me le dire, qu’elle m’aime plus et ne veut plus jouer avec moi, j’aurais compris. Mais je n’ai toujours aucune idée.
Entre-temps, j’ai perdu mon chien Poutou, son décès a eu un gros impact dans ma vie. Nous étions tous très tristes dans ma famille, surtout ma mère et moi. Au point où nous étions tristes à chaque fois que nous voyons un gros chien noir. Mon meilleur ami, mon protecteur, était parti à jamais.
À l’école, ceux de mon âge étaient tous partis au collège, et moi je suis resté là misérable, je me suis senti horriblement seul et incompris. Mais j’avais désormais de nouveaux amis. Cette année a été réparatrice de tous ces complexes et traumatismes que j’ai eus durant toutes ces années de primaire.
Puis, est venu le temps d’aller au collège, avec toutes les difficultés que j’avais en cours, les adultes ont décidé que j’aille dans un petit collège catholique privé. Heureusement la première amie qui était avec moi en primaire, a été admise dans le même collège que moi, ça a été un grand soulagement pour moi.
Nous allions rencontrer de nouvelles personnes, peut-être tout recommencer et réussir à nous faire de vrais amis, nous nous sommes donc promis que si on se faisait d’autres amis et qu’on se séparait de temps en temps, cela n’était pas grave. Nous étions prêtes à nous faire aimer et réussir les cours ensemble. Malheureusement, quelques enfants du primaire nous ont suivis dans le même collège sans le vouloir. Nous étions déçues de voir leur tête dans le même collège que le nôtre, mais ce n’était pas étonnant dans une si petite ville en campagne.
Je commence ma 6e dans ce collège merdique.
La première impression que me fait ce collège est qu’il est petit donc, nous nous connaissons tous très vite, comme une petite famille. Mais en réalité, il était bien plus grand que je ne le pensais.
Ma classe de 6e