Napoléon III et les médaillés de Sainte-Hélène - Anonyme - E-Book

Napoléon III et les médaillés de Sainte-Hélène E-Book

Anonyme

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Extrait : "Pyrrhus disait à ses soldats qui l'appelaient l'Aigle de l'Épire : Si « je suis l'aigle, vous êtes mes amis, car ce sont vos armes qui m'ont élevé si haut. » Les compagnons de gloire de Napoléon Ier ont reçu le gage de sa dernière pensée : la médaille de Sainte-Hélène, décernée aux vieux débris de ces valeureux bataillons, est sublime comme un bulletin de la Grande Armée.La France a accueilli avec enthousiasme ce témoignage d'un legs sacré..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

● Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
● Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Courte préface

En publiant cette brochure, aucune mesquine pensée ne m’a arrêté.

Dans cet écrit, je ne doute pas que l’on trouve des sujets de critique ; mais, dans l’ensemble de l’œuvre que je proposais à l’Empereur, le but élevé où je voulais atteindre frappera tous les cœurs bons, généreux et honnêtes.

J’ai l’espoir, du moment où tous mes efforts se sont épuisés à chercher les moyens, comme je le fais encore par cette publication, de venir en aide à la vieillesse et à de glorieuses misères, que je ne rencontrerai dans mes lecteurs qu’un noble patronage, et que l’arme tombera d’elle-même des mains de celui qui ne voudrait s’en servir que pour tuer ce que l’humanité a de plus sublime… l’amour de ses frères.

Aux médaillés de Sainte-Hélène

Mes bons et bien chers camarades,

J’ai cherché, par tout ce qui était en mon pouvoir, à apporter quelques consolations à l’existence des vieux débris de nos gloires nationales que le malheur a plongés dans l’indigence et que les secours viagers de l’État n’ont pas encore atteints.

Si je ne suis pas arrivé à mon but, c’est qu’il vous est réservé, sans doute, quelque chose de mieux dans les hauts desseins et l’inépuisable bonté de l’Empereur.

Vous ne serez pas surpris de mon initiative quand je vous aurai dit : « Que j’ai pour tous l’amour d’un fils, l’affection d’un frère. » Il vous paraîtra donc tout naturel que mon cœur vole vers vous dans le plus doux abandon et tout le dévouement dont il est capable.

Ne méritant rien pour une action qui tient à la nature de mes sentiments, permettez-moi de garder l’anonyme, trouvant une suffisante récompense dans le bonheur de vous avoir consacré près de deux années de mon temps dans une suite d’écrits, de démarches sans nombre et d’efforts inouïs, mais dans lesquels mon courage ne pouvait faillir en face de la noble et intéressante tâche que je m’étais imposée.

Comme moi croyez, mes bien chers camarades, que la vague houleuse de la misère ne continuera pas de battre le frêle esquif de vieillards encore debout sur l’océan de leurs exploits ; croyez que les glorieux vétérans de l’Empire, les pères de l’armée, trouveront près de Napoléon III protection et paix, car ce nom est l’espérance et le soulagement de ceux qui souffrent.

N’oubliez jamais que l’Empereur a placé sur vos poitrines, non l’or ou l’argent, mais le bronze qui sert à constater les hauts faits de l’histoire, avec ces mots, qui vous inondent d’une lumière d’or : « Aux compagnons de gloire de Napoléon Ier ! » Le souverain pouvait-il mieux reconnaître vos services ? N’est-ce pas dire que vous étiez courageux par vocation, héroïques par tempérament et dévoués par le cœur aux intérêts de la patrie ?

Les vieux de la vieille
IIls ont ouvert la voie des grandes choses

Pyrrhus disait à ses soldats quil’appelaient l’Aigle de l’Épire : Sije suis l’aigle, vous êtes mes amis,car ce sont vos armes qui m’ontélevé si haut.

Les compagnons de gloire de Napoléon Ier ont reçu le gage de sa dernière pensée : la médaille de Sainte-Hélène, décernée aux vieux débris de ces valeureux bataillons, est sublime comme un bulletin de la Grande Armée.

La France a accueilli avec enthousiasme ce témoignage d’un legs sacré que Napoléon III a symbolisé par son nom, son génie et ses victoires. Par cet heureux concours, la médaille de Sainte-Hélène est devenue la sœur aînée de la médaille de Crimée et d’Italie, et le pays, sous ce palladium de nos glorieuses campagnes, est fier d’une marque distinctive qui est le sceau incontestable de la valeur, et le témoignage éclatant de nos triomphes.

En présence des œuvres gigantesques du passé, des merveilles que l’honneur, le dévouement et la gloire ont enfantées et qui jettent tant d’éclat sur la France… cette nation choisie, la grande nation de pensées, d’aspirations et de puissance, qui oserait ne pas environner de respect ces nobles vétérans qui ont répandu sur leur passage, dans le sein de tous les peuples, cette âme de vie, de courage, de lumières et de civilisation qui ouvre la voie des grandes choses, en réservant à la France l’essence suprême de la grandeur, pour qu’elle fût le rayonnement de l’Europe, l’esprit et l’espérance du monde entier ?

Les fils sont ce que les pères les ont faits : à Sébastopol, à Magenta et à Solférino, si les enfants ont montré l’antique et mâle courage des temps héroïques, c’est qu’à l’exemple de leurs pères ils combattaient sous la même dynastie, qu’ils avaient à soutenir l’honneur du même drapeau, et, électrisés par un nom qui ne sait faire que des héros, ils avaient hérité de ce feu sacré qui les rendait dignes des mêmes lauriers et de la même gloire.

Je puis ajouter, d’après M. de La Guéronnière, dans son portrait de l’Empereur : « Que la patrie se reconnaît avec orgueil dans les fils qui sont nés de sa vie pour la conserver dans sa puissance, et pour la transmettre agrandie et enrichie à d’autres générations. »

Si la gloire a ses ruelles d’or, si elle a des guirlandes de fleurs et un lit jonché de lauriers, il semble, sous cette auréole d’honneur, si riche d’espérance, que l’homme n’ait plus de larmes à répandre, d’adversité ou de misère à redouter !

Quand on a été infatigable aux plus vastes entreprises, à tous les sacrifices les plus inouïs, à tous les périls les plus foudroyants ; quand 1815, ces jours d’orages, d’avalanches et de réactions ont broyé l’existence des plus chers enfants de la patrie ; quand le sol a été battu par les eaux de l’injustice et de la vengeance, il semble, dis-je, devant tout ce qui reste de ces glorieux soldats et de ces nobles victimes, que les nécessités les plus absolues de la vie ne devaient plus les atteindre sous le règne fécond et régénérateur de Napoléon III, qui n’a pour écho que l’admiration et les applaudissements d’une nation étonnée des prodiges accomplis par cette intelligente volonté. Oui, il semble que les exigences impérieuses de la vie devraient ne plus toucher à des hommes dont les hauts faits ont créé la plus sublime épopée, et dont le courage a protégé, maintenu le déploiement de notre nationalité, conservé et fait prévaloir nos institutions légitimes et vitales, c’est-à-dire le droit public dont nous jouissons tous, institutions qui, à l’aurore de ce siècle, avaient déjà marqué la France pour être la reine de la civilisation, la fille de l’humanité, lorsqu’elle était déjà sans rivale dans la magnificence de sa gloire et de ses sentiments généreux.

IIL’arc de triomphe

En face de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, d’où rayonne tant de gloire et d’où s’échappent tant d’éclairs et de tonnerre, monument dont chaque assise est cimentée par le sang de nos intrépides soldats, et décoré des trésors de leur héroïsme et de leur dévouement, trophée sur lequel chaque nom inscrit est gravé par les serres de l’aigle, – quel homme de cœur levant les yeux sur la grandeur et l’éclat des souvenirs de ce monument, et sous l’impression des élévations qu’il fait naître dans l’âme, l’activité de gloire qu’il inspire, l’énergie qu’il suscite en nous, l’amour de la patrie dont il embrase la pensée ; quel homme, dis-je, à moins que le chaos ou le vide ne soit en lui, ne se sent pénétré de reconnaissance, de sollicitude et d’admiration envers tous ceux qui ont contribué par leurs actions à l’érection de cet immortel faisceau d’honneur, et dont le glaive était aussi redoutable que l’épée de leur maître était haute et puissante ?

Quand, sous ces arceaux de la valeur, sous ce diadème de gloire, s’arrête un vieillard qui, de son doigt, montre écrit sur la pierre le corps d’armée dont il faisait partie, le nom gravé du général sous lequel il servait, puis que sa parole décrit le tourbillon brûlant des batailles dont il était l’un des invincibles ; qu’alors, sous les voûtes de ce gigantesque monument dont la majesté le couvre comme d’un vêtement de pourpre, le regard furtif du passant s’arrête sur cet homme traînant la désolation de la pauvreté… le cœur haletant se serre, la conscience s’assombrit, la pensée se brise entre l’apothéose et ce martyre de la misère.

IIILa colonne

Quand de l’Arc de Triomphe on se porte à la Colonne d’où Napoléon s’élève comme sa renommée et plane dans les siècles ; quand des torrents glorieux s’échappent sans cesse de ce monument pour émouvoir l’âme et le cœur ; quand chaque plaque de bronze est un écho immortel des foudres de ce grand maître dont l’histoire a reproduit les éclats dans le splendide livre d’or des peuples, le héros, du haut de son piédestal, ne semble-t-il pas dire à la génération :

« Réchauffez les entrailles et le front des vieillards indigents qui ont été les instruments essentiels et intenses de ma puissance, et la sauvegarde du territoire, des intérêts comme de l’honneur de la patrie.

Ceux qui vivent encore ne sont-ils pas un reflet de ma gloire ? Ces hommes n’en sont-ils pas les témoins devant le monde et devant l’histoire ? Si la tête de l’arbre a étendu ses mâles et vigoureux rameaux sur les nations pour les vaincre, est-ce que les soldats n’étaient point les racines produisant la sève qui a fait sa force et son élévation ? Parce que ces glorieux vétérans n’ont plus la même aptitude à porter les armes et qu’ils ont payé leur dette, il ne s’agit pas de voir dans le passé un grand tombeau… L’indifférence, l’oubli même, ne changeraient rien à l’autorité suprême des faits et au caractère éclatant des choses. Si leurs travaux et leur vieillesse en ont courbé une multitude ; si leurs membres roidis ne leur permettent plus une allure de marche gymnastique, si leurs infirmités rendent leurs pas obliques, ne pourrait-on pas dire : Le lion aussi a le pas oblique ; mais il n’en est pas moins un lion. »

La grande voie de la renommée a des échos qui dominent le bruit de l’actualité des nations : le temps des Bélisaire est passé ; il est enseveli sous la poussière des siècles, et la civilisation et l’humanité ont repoussé loin d’elles ces temps d’ingratitude, de cruauté et de barbarie.

Aux grandes époques des peuples, dont la réflexion est un assemblage d’honneur, de gloire, de lumière et de grandeur, ceux dont les actions et les hauts faits en furent les éléments intelligents ne peuvent rester couverts de haillons et tendre la main, car ce serait faire croire, au pied même des monuments, qu’on aurait élevé de faux temples, et que l’histoire ne serait qu’un mensonge.

Le présent, comme le passé, c’est la leçon de l’avenir, et l’espérance des fils ne peut prendre vie que dans le fait et la certitude du bien-être et des souvenirs accordés aux pères.

IVLes catacombes des Invalides

Tout n’est pas fini quand l’action de la gloire est accomplie : si, sur cette terre, l’homme était sans lendemain, où serait donc la récompense des services qu’il aurait rendus ? Comment s’établirait l’équilibre entre ceux dont la vie n’est employée qu’à amasser de l’argent, faire du négoce, s’assurer une existence, et le courage, le désintéressement, le dévouement qui ne végéteraient que dans la détresse ? Les athlètes de l’honneur, les défenseurs de la patrie ne peuvent tomber après la lutte : les triomphes élèvent et n’affaissent pas, cloués sur un lit de misère, ceux qui en furent les héros ; la France a trop tonné sa gloire à toutes les parties de l’univers pour jeter sur ceux qui l’ont acquise le linceul qui ne couvre que les cadavres.

Sous les voûtes du dôme des Invalides, si l’homme qu’on fit un demi-dieu, le fils du destin, promenait sa grande ombre sur les dalles sonores de ce palais des tombeaux ; si son œil atone et fixe pénétrait dans les catacombes de cet édifice, – qu’alors, réveillant au fond de leurs sépulcres la cendre glacée des illustres guerriers qui y sont couchés, il leur dise, avec cette voix mystérieuse et triste qui tient profondément aux fibres douloureuses de l’humanité : « Amis, un grand nombre de ceux auxquels j’ai donné ma dernière pensée, dont la jeunesse n’eut que des routes jonchées de lauriers, n’ont plus, sous le poids de leurs chevaux blancs, que des sentiers pleins de larmes et l’indigence au foyer domestique ! »

Eh bien ! pour consoler ces cendres soulevées et retombées pour ne plus reparaître, tous les échos de ce lieu répéteraient à l’envi : « Qu’une voix se fasse entendre à Napoléon III, à ce cœur si large en bienfaits, si dominé par la plénitude de la lumière réparatrice des injustices ; à ce cœur dont chaque battement enfante une merveille à la patrie ; à ce cœur qui aime tant la famille des héros, et si religieux observateur des traditions du premier Empire. »

Oh ! oui, qu’une voix arrive jusqu’au trône, et soit jetée dans la sollicitude d’une âme qui a assez de profondeur pour faire face à toutes les douleurs, à tous les besoins, et dont le cœur correspond au cœur qui souffre, comme un courant de vie et d’électricité.

VPrévenir le fléau de la misère, c’est travailler à la promesse faite par l’empereur

Il faut poser, et sans qu’il puisse y avoir de contradiction à cet égard, que la sollicitude de l’État, sous les inspirations de l’Empereur, accomplit la plus grande somme de bienfaisance, en plaçant au premier rang de ses devoirs le soulagement des misères : il faut reconnaître aussi que vraiment les hauts fonctionnaires secondent cette souveraine volonté par tous les moyens, toutes les ressources et l’expérience d’une administration active et perfectionnée.

Cette impulsion si prononcée et si forte aujourd’hui vers tout ce qui se rapporte au soulagement de l’indigence, tout en tenant compte des efforts du sacerdoce, dans ses œuvres de charité, n’en a pas moins été, d’une manière immense, développée par le gouvernement qui en a dirigé l’action, en multipliant ses efforts pour rendre régulières et efficaces les œuvres destinées à venir en aide à toutes les infortunes, à relever et à soutenir le moral, et donner confiance dans l’appui de l’autorité suprême, de ses fonctionnaires et de ses agents.

Il faut le dire aussi, la France s’associe toujours aux grandes pensées, et les hautes classes de la société ont prêté leur concours aux largesses et aux encouragements d’un gouvernement qui, donnant l’exemple, a attiré à lui les cœurs et les a ouverts aux plus nobles sentiments.

Lorsque l’œil embrasse tous les actes rendus en faveur des classes nécessiteuses depuis l’avènement de Napoléon III au trône, et dont l’énumération commentée ferait à elle seule un gros volume, l’esprit est frappé de l’ensemble de tant de mesures économiques et régénératrices si consolantes pour ceux qui souffrent ! Ces mesures, aussi nobles par la générosité de leur but qu’utiles au bien public et à la morale par le respect accordé au malheur, par l’empressement de pourvoir aux premières nécessités de la vie, et par cet amour du bien public qui donne place au banquet de la nature à ceux que la fortune a déshérités ou disgraciés de ses faveurs, toutes ces institutions, dis-je, sont dues à l’Empereur, qui, dans ses préoccupations si vives et si sérieuses, a harmonisé dans les classes nécessiteuses, et suivant les besoins, les différentes sources si larges, si variées, si fortes et si puissantes de la bienfaisance.

Ainsi, tout ce qui tendra à l’amélioration de l’existence ne peut manquer d’avoir l’approbation du chef de l’État ; de là on peut déduire qu’eu cherché et en offrir les moyens, c’est accomplir sa pensée. Le général de Lespinasse, lorsqu’il occupait le ministère de l’intérieur, en a donné l’assurance dans son rapport sur les sociétés mutuelles, en disant : Que diriger son intelligence à prévenir le fléau de la misère, « c’était travailler à la grande promesse faite par l’Empereur. »

Au génie appartient le privilège de la révélation de soi-même, et du caractère du souverain on peut apprécier ses actes et en tirer des conclusions : or, ce qui se dégage des œuvres de Napoléon III, de cette nature franche et sincère, c’est le rayonnement de la bonté de son cœur ; c’est cette compatissante sollicitude pour tous ceux que la douleur atteint, que la misère dévore. Aussi voyez la conséquence logique de cette sollicitude de l’Empereur, c’est le développement, selon l’occasion, de la vie et des formes qui conviennent à la grande manifestation de son âme, qui a fait de la bienfaisance sa règle, et de ses œuvres le code tout-puissant de la grandeur de la France.

Ce que j’écris n’a pas besoin de citations et d’autorités ; les faits parlent plus haut que tout ce que l’homme pourrait dire et attester. Cependant je ne puis passer sous silence des paroles qui ont la hauteur de la chaire et la majesté du caractère divin de celui qui les a prononcées ; elles sont de Son Éminence le cardinal-archevêque de Reims, dans un discours adressé à l’Empereur le 11 octobre 1858. Les voici :

« Sire, l’apôtre des Francs, saint Remi, écrivait à Clovis : Que votre palais soit ouvert à tous et que personne n’en sorte l’âme triste. Vous remplissez les vœux du grand évêque de Reims ; car votre palais est ouvert à tous quand il s’agit de répondre aux besoins de la veuve et de l’orphelin, du pauvre et de l’indigent, de l’ouvrier et du vieux soldat, et, comme si votre palais était trop étroit pour votre cœur, vous avez su faire de toute la France votre propre palais. »

Dans cette courte analyse du cœur de Napoléon III et de la réalité des largesses et des bienfaits dont cette âme sympathique est l’incessante dispensatrice, médaillés de Sainte-Hélène indigents, prenez espoir ! vous ne jetterez pas en vain vers le trône le cri d’âmes découragées ! votre gloire ne laissera pas toujours votre corps cerclé de misères et badigeonné de vos larmes ! Vous êtes les branches vieillies et courbées par le temps du colossal candélabre qui s’est brisé sur le rocher de Sainte-Hélène, et ces branches, tant que vous aurez la vie, brûleront toujours dans les diverses poussières où la tempête de Waterloo les dispersa, mais qui ne les éteignit point !

Croyez que les pères de l’armée ne porteront plus longtemps le deuil de leur indigence ; que l’écueil où leurs privations et leurs besoins de chaque jour les ont jetés se refermera pour ne plus voir que le port ouvert par l’Empereur, dépositaire des gloires du premier Empire, afin d’en être le continuateur et le nouveau héros.

VILe passé n’est pas une lettre morte devant l’actualité

L’actualité n’est pas un Titan qui écrase tout : « le présent, dit Leibnitz, est gros du passé qui enfante l’avenir. »

Quand, dans le monde, on trouve des gens qui voient avec indifférence le passé qu’ils ne regardent qu’avec des lunettes bleues pour éviter, sans doute, l’ophtalmie ; quand d’autres enveloppent toutes leurs pensées dans le seul bien-être que le présent leur répartit – ces gens, non seulement manquent de cœur et de jugement, mais ils font présumer qu’ils ont failli au passé ou que leur situation présente ne peut être mise en parallèle avec ce qu’ils veulent ou semblent oublier.