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"Pourquoi ?" présente le parcours de Jack Kathio, un chemin semé d’obstacles, de blessures, de défis et de résilience. Après avoir connu une série de luttes personnelles qui l’ont presque écrasé, voire brisé, il a toujours su se redresser. À travers ses combats, Jack apprend à apprécier pleinement la vie, à chérir chaque instant et à se relever après chaque chute. Cet ouvrage n’a pas la prétention de dispenser des leçons, mais d’offrir des clés pour retrouver le bonheur, malgré la souffrance. Il explore des thèmes universels tels que la quête de sens, l’acceptation des épreuves et l’importance du pardon envers soi-même. Par une narration simple et émotive, il incite le lecteur à trouver sa propre voie et à ne jamais céder face aux obstacles de la vie.
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Seitenzahl: 169
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jack Kathio
Pourquoi ?
© Lys Bleu Éditions – Jack Kathio
ISBN : 979-10-422-6709-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je n’ai rien inventé, tout est vrai. Cependant, par respect pour la tranquillité des personnes qui me connaissent et qui ont joué un rôle dans ma vie, j’ai modifié leurs noms, leurs prénoms et les lieux où elles ont pu me rencontrer ou partager un moment.
Bonne lecture !
Et moi
Nous sommes le trente et un décembre mille neuf cent quatre-vingt-sept. Une famille se rassemble pour fêter la Saint-Sylvestre ensemble. Nous avons loué, pour l’occasion, la salle des fêtes de Laversine, un village de l’Oise. La musique et les boissons coulent à flots. Arrive minuit, tout le monde se souhaite les vœux comme à l’accoutumée : une bonne et heureuse année. Enfin, la nouvelle année vient d’arriver. Et pour la rendre inoubliable, nous la commençons par un petit-déjeuner avec café et croissants. Puis, comme si nous n’avions pas envie que cela s’arrête, nous restons pour finir les restes de la veille. L’ambiance est toujours aussi festive, mais arrive le moment de rentrer dans la banlieue parisienne, car le lendemain tout le monde travail.
Le réveil sonne, annonçant le début de la journée et mettant fin aux souvenirs d’une réunion de famille mémorable. J’ai beau essayer de me lever, mon corps ne bouge pas d’un centimètre, mes yeux ne veulent pas non plus s’ouvrir. J’ai dû rêver, la sonnerie que j’entends n’est pas celle du réveil. Je peux continuer à dormir, mais mon chien s’impatiente, car pour lui, il est l’heure de sortir pour faire ses besoins. Il commence à gémir et à aboyer. Je comprends alors que quelque chose ne va pas. Je ne peux plus bouger et je ne vois toujours rien. J’entends ma propre voix engueuler le chien, mais rien d’autre ne fonctionne.
C’est au bout de quelques heures que mes voisins, inquiets de ne pas m’avoir vu sortir mon chien comme d’habitude, appellent les secours. Ils n’entendaient que les aboiements de l’animal, pourtant d’ordinaire d’un calme olympien.
Les pompiers, après avoir forcé la porte d’entrée, pénètrent dans l’appartement. C’est comme si la bête savait qu’ils étaient là pour m’aider : il les laisse entrer et se diriger vers ma chambre, alors qu’il est un chien de garde particulièrement rigoureux dans son travail.
À mon chevet, ils commencent les examens de routine pendant que j’explique rapidement ce que j’ai. Puis, ils me conduisent à l’hôpital le plus proche.
Là, les médecins supposent qu’il s’agit d’une fatigue générale due à la bringue de la veille. Ils m’installent dans une chambre et attendent de voir ce qui se passera. Au bout d’une semaine, rien ne change. Une batterie d’examens est alors lancée pour comprendre ce qui m’arrive : radio, scanner… tout est passé au crible pour détecter d’éventuelles anomalies entraînant mes symptômes. Entre-temps, les kinésithérapeutes se succèdent dans ma chambre, aux côtés des aides-soignantes et des infirmières du service de rhumatologie.
Les jours passent sans que le moindre progrès vienne m’encourager à poursuivre cette bataille pour retrouver mon autonomie. Puis, grâce à une cure de corticoïdes sur quatre jours, je vois enfin mes orteils bouger, et mes mains commencent à retrouver des sensations au toucher. Après mon hospitalisation, je passe encore deux mois dans un centre de rééducation pour réapprendre à me déplacer : d’abord du lit au fauteuil, puis du fauteuil à la marche avec des cannes. Je sors épuisé de ce marathon, mais avec une liberté retrouvée. Je reste en convalescence encore un mois afin de reprendre des forces et de retrouver de l’énergie.
Ce matin, je vais retrouver mes collègues avec une joie immense, mais à peine arrivé sur les lieux, mon chef me convoque pour m’annoncer que je ne pourrai plus travailler dans sa société à la suite de ma longue absence. Ce que je comprends très bien, même si cette nouvelle laisse une trace sur mon moral, car je dois m’inscrire au chômage, mais surtout je dois me séparer de mon partenaire à quatre pattes qui guettait la propriété de la société de gardiennage. Je décide de chercher un autre emploi sans perdre un instant, comme pour me dire que si la vie me met des bâtons sur la route je dois rebondir.
J’ai adopté cette devise depuis ma plus jeune enfance, car rien n’a été facile pour moi. Cela a commencé à l’âge de dix-huit mois, ma mère se voit retirer ses plus jeunes enfants par l’assistance publique qui a été avertie de ce que les enfants étaient maltraités. Par chance, une famille d’accueil qui s’était inscrite pour avoir un enfant va m’accueillir dans leur foyer, alors même qu’ils venaient récupérer mon frère âgé de deux ans.
Pour ne pas nous séparer, cette famille va accepter de se tasser dans la petite maison de campagne. On est le vingt-quatre décembre mille neuf cent soixante-neuf quand dans la pièce d’accueil des pupilles de l’Oise on emmène deux enfants vers une femme qui est venue avec un beau-frère.
Ils aperçoivent alors, dans les bras des deux responsables de l’antenne de Beauvais, deux enfants chétifs et sales, au point que la jeune femme qui vient les sauver doute soudain de sa capacité à leur donner tout l’amour qu’elle porte en elle. Son beau-frère, qui la connaît bien, l’encourage et arrive à la convaincre. Pour tout bagage, les deux enfants n’ont qu’une layette de deux couches lavables et une blouse offerte par l’établissement. La crasse qui s’était accumulée sur les deux enfants formait une carapace épaisse qui devait les garder au chaud. L’homme, qui était pourtant d’une nature solide, s’effondra en voyant ces deux malheureux et ne put retenir les larmes qui étaient montées jusqu’à ses yeux.
Une fois à la maison, la femme laisse les enfants se familiariser avec leur nouveau cadre de vie. Pour leur bien, la femme décide de faire prendre un bain à ses deux bouts de chou. La surprise fut de taille, la crasse avait couvert tout le corps. Là commence alors, pour la femme, une épreuve qu’elle n’aurait jamais imaginé devoir affronter. Lorsque les enfants touchent l’eau, ils se contractent comme des escargots rentrant dans leur coquille au moindre contact avec un obstacle.
Ce qui les différenciait, c’était l’absence de coquille sur ces petits êtres fragiles. S’ensuivirent des cris si perçants que, de l’extérieur, on aurait pu croire qu’on égorgeait un cochon. Ils donnaient des coups de pied pour qu’on les lâche, comme s’ils n’avaient jamais connu l’eau. Après cet exercice périlleux, qui avait nécessité deux personnes en bonne condition physique pour maîtriser ces petits fauves, vint l’heure de la sieste. Mais là encore, ce fut un véritable cauchemar pour le couple. Les enfants ne savaient pas dormir dans un lit : ils se couchaient à quatre pattes et oscillaient d’avant en arrière ou de gauche à droite.
Les repas étaient aussi compliqués, car les enfants, qui avaient l’habitude de ne se nourrir que de liquide rouge de mauvaise qualité, formaient des boules avec la nourriture, mais ne les avalaient pas. On avait l’impression que l’on avait affaire à des écureuils en train de former leurs réserves en stockant leurs provisions dans leurs jouets jusqu’à leurs cachettes. Il aura fallu plusieurs mois pour apprivoiser les deux garnements. Le résultat ne fut pas sans mal, mais le jeu en valait la chandelle. La fierté d’avoir rendu à ces deux êtres un semblant d’humanité pouvait inonder cette famille d’accueil.
La vie ne me faisait pas de cadeau : à chaque fois que je partais en vacances, en classe de neige ou en colonie, elle se faisait un malin plaisir à me rendre malade. Ainsi, je ne pouvais pas profiter de ces joies d’enfant. À l’âge de douze ans, là encore, elle va s’arranger pour que je me retrouve hospitalisé et va m’installer, en même temps, un mal de vivre et d’être différent des autres enfants. À plusieurs reprises, jusqu’à mes dix-huit ans, je vais fréquenter les hôpitaux et subir de nombreuses opérations du dos, malgré de longues absences à l’école professionnelle d’agriculture de Mesnières-en-Bray, où je vais apprendre la sylviculture et l’horticulture.
Je réussis mes examens de CAP et BEP. Même si je suis stressé par l’idée que mes vrais parents pouvaient venir me chercher à chaque sortie de train, quand je le prenais chaque lundi pour me rendre à l’école toutes les semaines, où je restais en internat, et le vendredi soir, quand j’attendais ma mère à la gare. Ma délivrance fut le jour de ma majorité, je savais que j’étais à l’abri, bien que mes vrais frères et sœurs essayaient de nous rencontrer et parfois de nous faire approcher nos vrais parents. Ce que je peux comprendre : cette envie de vivre avec sa vraie famille est normale, c’est un peu retourner à la source et essayer de reconstruire une image de la famille que l’on nous a parfois volée, mais je n’étais pas de ceux-là.
Ils ont compris alors que ma famille était celle que j’ai choisie et qui m’a donné son amour.
Alors, me voilà encore dans les locaux de l’agence nationale pour l’emploi afin de trouver un job qui pourrait faire de moi un employé digne de ce nom et qui gagnera de quoi subvenir à ses besoins. On me propose une place dans le gardiennage de sociétés à la Défense. Je prends cette place, convaincu d’en être capable. Après tout, malgré mon manque d’éducation, j’ai appris à gérer une forêt et à cultiver des fleurs, même si j’ai dû changer de voie en cours de route. Il est vrai que j’ai commencé ma scolarité au collège Saint-Joseph à Mesnières-en-Bray en cours d’année.
J’avais commencé celle-ci dans une école qui apprenait la mécanique générale pour devenir tourneur, fraiseur ou ajusteur afin de réparer des machines de production. J’adorais cette filière, mais je ne suis pas capable de reproduire une pièce demandée sur un plan ou une pièce que l’on me montre et qui est déjà construite, car je ne vois pas les reliefs. C’est pour cela qu’à la fin du premier trimestre, le directeur et les professeurs sont catégoriques : je ne peux pas continuer dans cette branche et me renvoient pour mon bien.
Pour le bien de qui, je ne sais pas, mais je me retrouve sans école et sans savoir quoi faire de ma vie. Je me sens si inutile et si dévalorisé que je perds confiance en moi et les métiers que l’on me propose ne me conviennent pas. J’étais quand même prêt à prendre n’importe quoi, pourvu que je sois scolarisé comme les autres. Mon frère Jean Patrick avait réussi. Lui, il fréquentait une école pour devenir agriculteur en alternance et ne réussissait pas en classe, mais en stage oui, il était très apprécié. Alors que devais-je faire pour réussir aussi ? L’assistante sociale qui suivait notre dossier était très professionnelle et passait régulièrement voir ma famille d’accueil pour vérifier si tout se passait bien.
Cette fois, elle est venue pour voir comment elle pouvait me venir en aide après l’appel de ma mère qui lui a expliqué ma situation. Elle a eu vent qu’une école d’agriculture avait mis en service une branche forestière, elle me proposa de prendre un rendez-vous avec le directeur du collège afin de voir s’il était possible que je m’épanouisse dans ce domaine.
Je ne savais même pas en quoi consistait ce métier. Je me rends donc avec Madame Canât voir Monsieur Huée pour comprendre ce qu’est cette filière. Nous sommes très bien accueillis dans le bureau qui est situé juste en haut des marches d’un bâtiment. Quand je suis arrivé aux portes de ce collège, je pensais rêver, nous avions pénétré dans l’enceinte d’un château avec un parc arboré. Au bout de celui-ci, une dizaine de serres sont alignées juste devant des champs proprement labourés, puis nous arrivons dans une cour où quatre marronniers sont alignés au centre. J’entre dans le bureau, je vois cet homme fin avec une petite moustache au visage très bien entretenue. Le propriétaire de ce bureau m’explique ce que c’est que la sylviculture, c’est-à-dire l’art de s’occuper de la faune et de la flore d’une forêt. Puis il se tourne vers moi et me demande si je pourrai me plaire dans cette filière.
J’ai toujours été franc dans ma vie, donc je lui réponds que je ne sais pas. Il me propose de faire un essai, mais il avait pour règle de ne garder que les élèves ayant plus de la moyenne, sinon il les renvoyait. J’accepte ce défi et j’entre le lundi suivant dans la classe. Je suis très bien accueilli. Les élèves et les professeurs me donnent leurs cours pour rattraper le retard que j’avais, notamment quatre mois. Je gagne ce pari complètement fou et je reste jusqu’au jour où je dois passer le Certificat d’Aptitude Professionnelle. Je l’obtiens malgré, là encore, plusieurs mois d’absence à cause d’une hernie discale au niveau de la dernière vertèbre, avec un canal rachidien trop étroit qui me provoque des crises du nerf sciatique et une paralysie de la jambe droite.
Mais à mon retour, je rattrape le retard sans problème. C’est aussi grâce à cette école que j’ai obtenu mon Brevet National de Secouriste qui m’a servi un jour quand un de mes camarades s’est blessé avec un croissant, qui est un outil pour débroussailler les dessous des arbres. Cette période de ma vie est l’une de mes plus belles expériences. Malheureusement, à cause de mon dos, je ne pouvais pas exercer ce beau métier.
Je me penche alors sur l’horticulture qui consiste à produire et vendre des plantes vertes ou des plans pour massif et jardinière ou encore des plates-bandes. Cette fois, les études ne durent que deux ans et débouchent sur l’obtention d’un Brevet d’Études Professionnelles. Je suis assez bon là encore et m’adapte très bien à ce travail, mais ma hernie discale récidive, ce qui me fait manquer encore un mois que je récupérerai rapidement. Cela énerve un peu les professeurs, qui ne me voient jamais réviser pendant les heures d’études, mais écrire sur un cahier à grands carreaux une histoire que j’invente. J’ai déjà l’envie de raconter de belles histoires, mais je suis malheureusement très mauvais en français, ce qui me désespère toujours.
Un soir, alors que tous mes camarades de classe ont le nez plongé dans leurs cours, le directeur passe dans la salle d’étude et me surprend à faire ce que j’aimais faire le plus. Il me confisque le cahier et me dit que, demain, si je n’ai pas la moyenne à mon examen quotidien, je serai retenu le week-end. Comme on était en internat dans cette école, personne n’avait envie de rester le samedi et le dimanche dans l’école. Le temps d’aller se coucher vient de sonner, je regagne mon dortoir et me couche jusqu’au petit matin.
Le lendemain, arrive le moment où tout le monde entre en salle d’examen. Là, je prends ma feuille où sont notées les questions de l’interrogation écrite, je m’installe et rends mon devoir une fois fini. Le professeur et le directeur me convoquent. Je ne me sentais plus très bien ; je voyais déjà les longues heures passées à faire des devoirs durant tout le week-end. Il me demande mon secret : j’avais répondu correctement et avais même noté des phrases que le professeur avait citées pendant les cours. J’avais juste, sans le savoir, une mémoire auditive. Une fois que j’entendais les professeurs dicter ce que l’on devait marquer sur notre cahier pour le garder.
J’enregistrais ces données et je pouvais les restituer sans ouvrir mes cahiers. Puis il me rendit le livre que j’écrivais, il avait mis comme notation « très bonne histoire, bien écrite et passionnante, mais gares aux fautes ».
J’avais encore une fois réussi à apprécier la vie, alors je ne pouvais que remercier tous ces gens qui m’ont permis de grandir et de prendre confiance en moi. Me voilà donc à Paris dans une tour faite de fer et de vitres, je travaille dans l’enceinte d’une société connue dans la vente d’essence, Elfe. Je ne pouvais pas imaginer que cette société fabriquait aussi de la peinture réservée à une grande marque de véhicules sportifs qui courent en formule un.
J’aimais ce rythme de deux jours de travail et trois jours de repos, ou trois jours de travail et deux jours de repos. Le seul problème, c’était que nous travaillions deux week-ends sur quatre. Mais ce qui pouvait parfois dégoûter de ce travail, c’était lorsqu’un collègue, chargé des rondes dans les étages, en profitait pour passer par son vestiaire et boire un peu d’alcool afin de se donner du courage. Mais à force de répéter cela, il finissait par ne plus être en état d’effectuer ses rondes, ou pire, il s’effondrait dans un couloir, laissant derrière lui des traces de son retour gastrique d’une inquiétante couleur violacée.
Vous êtes alors seul à la barre pour faire toutes les rondes. Ce qui implique de monter cinq fois les quatorze étages et de les redescendre, tout en faisant les rondes au sous-sol. En espérant que personne de la société ne vienne à l’improviste et ne s’aperçoive que vous êtes seul. Le matin, on prie pour que l’équipe qui vient vous remplacer soit à l’heure et que nous ne soyons pas dans l’obligation de rester à attendre notre remplaçant, s’il est en retard ou absent. Je me suis toujours plu dans les métiers que j’ai exercés, car j’ai toujours dit que si on ne fait pas quelque chose avec plaisir, ce n’est pas la peine d’y aller, car on va faire cela à moitié et sans goût, on va trouver le temps long et déprimer.
C’est pour cela que dans mes deux autres emplois que j’ai eus avant le gardiennage, j’ai passé de bons moments et j’ai rencontré des gens différents et très sympas. Mon tout premier emploi était employé municipal dans l’équipe des voies vertes.
Nous étions chargés de produire les fleurs et les plantes pour fleurir les massifs de fleurs dans la ville. Nous étions aussi là pour élaguer ou planter les arbres qui décorent les allées de la ville ou du parc qui se trouvait dans le centre-ville, près de la mairie. Nous étions une dizaine dans l’équipe, sans compter le chauffeur et les deux gardiens du parc. On devait faire attention à ne pas couper les fils de téléphone qui passaient juste au-dessus des arbres que l’on élaguait avec une machine tractée par un engin. Pour cela, nous avions une gaule avec, au bout, un crochet qui nous permettait de lever les fils afin que les lames coupent les branches des arbres et non le bien de France Télécom. Nous avions des articles de travail qui n’étaient pas légaux, mais qui auraient dû l’être, comme l’article vingt-deux : « On ne travaille pas quand il pleut », et l’article vingt-trois : « On ne travaille pas quand il fait froid ». Malheureusement pour nous, ces articles ne nous concernaient pas.
En effet, à chaque fois que l’hiver arrivait et qu’il neigeait, on se levait de bonne heure pour être au dépôt afin de passer dans les rues pour saler et dégager les trottoirs, ce que plus personne ne fait. Encore une fois, le destin s’acharne sur mon cas, et je tombe encore malade avec une hernie discale récidivante. Même les médecins et les chirurgiens n’en reviennent pas. L’absence liée à cet événement me vaut d’être renvoyé. Le chômage était de retour, mais je devais comprendre que celui-ci était payé par la mairie qui m’employait, donc j’étais plus tranquille, mais je ne me voyais pas rester chez moi.
Je postule donc à un poste de responsable de jardinerie dans les établissements MÉTRO, qui sont des endroits où les professionnels de toute corporation peuvent acheter leurs fournitures. J’étais chargé de commander les articles pour le jardinage à des fournisseurs qui voulaient entrer dans la base de données du magasin.