Sur les pas de Sigéric - Alain Lequien - E-Book

Sur les pas de Sigéric E-Book

Alain Lequien

0,0
8,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Marcher sur les traces de Sigéric, archevêque de Canterbury (Angleterre), c'est refaire son parcours à partir de Rome après avoir reçu le pallium, symbole de son autorité épiscopale, des mains du pape Jean XV. En 990, il y a dix siècles, il suivit les voies romaines. En cette année 2020, année pandémique de la Covid-19, je vous invite à revivre ce voyage comme je l'ai vécu. Durant 44 jours, j'ai marché entre Calais (France) et Aoste (Italie) en passant par la Suisse (Lausanne, col du Grand-Saint-Bernard). Je n'ai pas pu partir de Canterbury pour cause de quarantaine. L'an prochain, si les conditions le permettent, j'ai grand espoir d'effectuer la seconde partie, d'Aoste à Rome. Ce parcours très solitaire, portant à l'introspection et à la réflexion, est différent des chemins vers Compostelle. Les accueils sont moins nombreux, de grande qualité par leur convivialité et l'engagement des bénévoles à aider le cheminant, le pèlerin. Il m'a fait découvrir de nombreux lieux français et suisses dont je méconnaissais la richesse. Ce fut le cas en France avec quelques cathédrales et basiliques telles Arras, Saint-Quentin, Laon, Reims (cathédrale et basilique Saint-Rémi), Langres, Besançon... Mais aussi quelques abbayes en activité, ou, hélas, en ruines comme celle de Vauclair, et des lieux historiques. Les affres des guerres mondiales subies dans les régions traversées ont fait de nombreux dégâts. J'ai pu constaté avec quel courage, quelle détermination, la volonté des hommes a relevé le défi de reconstruire sans oublier l'essentiel. En Suisse, dans les cantons de Vaud et du Valais, ce fut différent, plus onéreux aussi. j'ai toutefois fait de belles rencontres. Les moments forts sont la cathédrale de Lausanne, l'abbatiale de Romainmôtier, l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, et bien sûr, l'Hospice du Grand-Saint-Bernard. Plus de photos sur mon blog : www.bourguignon-la-passion.fr

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
MOBI

Seitenzahl: 189

Veröffentlichungsjahr: 2021

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Table des matières

La Francigena, de Canterbury (Angleterre) à Rome (Italie)

Historique

Credenziale et testimonium

Quelques informations utiles

Quelques mots sur l’étape de Canterbury

Quelques mots sur mon parcours

Sur le chemin français de la Francigena

Départ de Calais

1 – Calais – Sangatte – Wissant : 21 km

2 – Caffiers – Guînes : 28 km (49 km)

3 – Licques : 19 km (68 km)

4 – Audenfort – Guémy – Wisques : 35 km (103 km)

5 – Cléty d’Aval – Dohem – Thérouanne : 22 km (125 km)

6 – Amettes – Burbure : 30 km (155 km)

7 – Auchel – Caucourt – Villers-Châtel : 23 km (178 km)

8 – Mont Saint-Eloi – Arras : 24 km (202 km)

9 – Boisleux-Saint-Marc – Bapaume : 28 km (230 km)

10 – Rocquigny – Péronne : 28 km (258 km)

11 – Cartigny – Trefcon : 17 km (275 km)

12 – Saint-Quentin – Seraucourt-le-Grand : 29 km (304 km)

13 – Tergnier – Septvaux : 34 km (338 km)

14a – Abbaye Saint-Nicolas-aux-Bois – Laon : 30 km (368 km)

14b – Cité médiévale, remparts et cathédrale de Laon

15 – Abbaye de Vauclair – Pontavert : 28 km (396 km)

16 – Gernicourt – Hermonville – (Reims) : 20 km (416 km)

17a – Reims – Taissy : 12 km (428 km)

17b – Reims, la cathédrale Notre-Dame

17c – Reims, la basilique Saint-Rémi

18 – Sillery – Verzenay – Verzy – Trépail : 25 km (453 km)

19 – Ambonnay – Condé-sur-Marne – Châlons-en-Champagne : 29 km (482 km)

20 – Compertrix – Nuisement-sur-Coole – Cernon – Coole : 34 km (516 km)

21 – Humbauville – La Meix-Tiercelin – Corbeil : 21 km (537 km)

22 – Donnement – Rosnay-l’Hôpital – Brienne-le-Château : 32 km (569 km)

23 – Jessains – Dolancourt – Fravaux – Bar-sur-Aube : 34 km (603 km)

24 – Baroville – abbaye de Clairvaux – Cirfontaines-en-Azois – (Braux-le-Châtel) : 29 km (632 km)

25 – Bricon – Richebourg – Abbaye de Mormant – Marac : 23 km (655 km)

26a – Saint-Cergues – Langres : 17 km (672 km)

26b – Visite de Langres

27 – Lac de Liez – Torcenay : 24 km (696 km)

28 – Chalandray – Leffond : 24 km (720 km)

29 – Champlitte – Frânois – Dampierre-sur-Salon : 29 km (749 km)

30 – Savoyeux – Mercey-sur-Saône – La Chapelle-Saint-Quillain – Frasne-le-Château : 28 km (777 km)

31 – Oiselay-et-Grachaux – Cussey-sur-l’Ognon – Les Auxons TGV : 23 km (800 km)

32a – Les Auxons Besançon-TGV – Besançon : 14 km (814 km)

32b – Visite de Besançon

33 – La Chapelle-des-Buis – La Vèze – Foucherans – Ornans : 34 km (848 km)

34 – Lods – Mouthier-Haute-Pierre – Vallée de la Loue – Ouhans : 27 km (875 km)

35 – Vuillecin – Pontarlier – La Cluse-et-Mijoux – Les Fourgs : 30 km (905 km)

36a – Jougne (FR – Doubs) – Les Échampés : 16 km (921 km)

Sur le chemin suisse de la Francigena

36b – Les Clées - Romainmôtier : 18 km (939 km)

36c – Le prieuré de Romainmôtier

37 – La Sarraz – Cossonay : 16 km (955 km)

38a – Penthalaz – Bussigny-près-Lausanne – Lausanne : 17 km (972 km)

38b – Lausanne : le lac Léman, la cathédrale gothique

39 – Vignoble de Lavaux – Vevey – Montreux : 28 km (1 000 km)

40 – Roche – Aigle – Saint-Maurice d’Agaune : 37 km (1 037 km)

41 – Evionnaz – Martigny – Sembrancher : 27 km (1 064 km)

42 – Orsières – Liddes – Bourg-Saint-Pierre : 24 km (1 088 km)

43a – Vers le col du Grand-Saint-Bernard : 16 km (1 104 km)

43b – Au col du Grand-Saint-Bernard

Sur le chemin italien de la Francigena

44a – Saint-Rhémy-en-Bosses – Saint-Oyen – Echevennoz – Aosta : 30 km (1 134 km)

44b – À Aosta, la ville romaine antique

Mes principaux ouvrages disponibles

La Francigena, de Canterbury (Angleterre) à Rome (Italie)

Historique

La Via Francigena (la route originaire de France) a mis ses pas originels dans l’ancienne Via di Monte Bardone qui existait au 7e siècle. C’était l’axe de communication principal entre le nord et le sud de l’Europe menant à Rome, un chemin suivi par les marchands, les soldats et les pèlerins.

Vers l’an 1000, la pratique du pèlerinage est importante. Les pèlerinages locaux accessibles rapidement en quelques jours étaient les plus nombreux. Les pèlerinages nationaux durant quelques semaines étaient moins fréquents. Les pèlerinages en direction des grands lieux chrétiens tels Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle demandaient des mois, voire des années.

Élu archevêque de Canterbury en 990, l’abbé Sigéric partit à Rome pour recevoir le pallium, symbole de son autorité épiscopale, des mains du pape Jean XV. Il mourut en 994.

L’itinéraire de son voyage de retour nous est connu par un bref texte figurant dans les folios 34 et 35 du manuscrit Cotton Tiberius conservé à la British Library. C’est sur cette base qu’a été balisé l’itinéraire actuel de la via Francigena.

Dans les temps anciens, ce chemin utilisait les grands axes construits par les Romains, les routes reliant les villages et les monastères entre eux. La nature n’était pas maîtrisée (sombres forêts, marécages, rivières qu’il faut passer à gué ou sur des barques, présence des animaux sauvages, des brigands…).

Credenziale et testimonium

À l’image de la crédenciale et de la compostela des jacquets (Compostelle), ce parcours possède son passeport de pèlerin et son document attestant la réalisation du pèlerinage.

La credenziale permet d’avoir accès aux avantages et structures d’accueil (familles accueillantes, aides des associations, gîtes…). À chaque étape, elle est tamponnée, servant de preuve lors de la demande du certificat de pèlerinage.

Le testimonium est le document attestant la réalisation du pèlerinage. Il faut avoir parcouru au minimum les 100 derniers kilomètres à pied, les 200 derniers kilomètres à vélo.

Quelques informations utiles

Contrairement aux chemins vers Saint-Jacques-de-Compostelle, on ne retrouve pas la flèche jaune facilitant notre cheminement.

En France, nous suivons le marquage rouge-blanc du chemin de grande randonnée (GR 145) parfois accompagné du pèlerin jaune. Il est long de près de 1 000 km.

En Suisse, il s’agit de la route 70 sur plus de 200 km.

En Italie, les 1 000 km restants sont balisés en rouge, avec souvent la figure d’un pèlerin jaune.

Sur mon smartphone, l’application Via Francigena permit de visualiser le tracé et mon positionnement par rapport à celui-ci.

Sur les chemins français et suisse, j’ai utilisé l’excellent ouvrage Via Francigena de Julien Moulin, édité en Suisse par Favre. Sur le chemin italien, j’ai commencé à utiliser le livre édité par les Éditions Lepére, La Via Francigena, le chemin de Sigéric vers Rome.

Quelques mots sur l’étape de Canterbury

En cette période de pandémie (nous sommes en 2020), pour éviter de me trouver immobilisé en Angleterre, j’ai préféré ne pas me rendre à Canterbury, départ officiel du cheminement. Longue de 27 km dans le Kent, cette étape rejoint le bord de la Manche à Douvres. De là, il faut prendre le ferry pour rejoindre Calais. Durée du voyage, environ 1 h 30.

La cathédrale Christ Church, haute de 72 m, est l’une des plus anciennes églises chrétiennes d’Angleterre. Construite progressivement entre le 11e et le 15e siècle, sa particularité architecturale est un mélange d’art roman et d’art gothique primitif et tardif. Elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988.

Durant l’appartenance de l’Angleterre à la religion catholique (jusqu’en 1530)1, elle était le siège de l’archevêché, mais aussi un lieu de pèlerinage à la suite de l’assassinat et à la canonisation de l’archevêque Thomas Becket en 1170. Son tombeau situé dans la cathédrale attirait des pèlerins venus de l’Europe entière. Sans oublier, pour les amis historiens, le tombeau et le gisant d’Edward, le Prince Noir, héros anglais de la guerre de Cent Ans.

À l’époque de Sigéric, archevêque de 990 à 994, elle n’existait pas sous cette forme. Il s’agissait d’une petite cathédrale saxonne plus modeste dédiée à saint Augustin, fondateur de l’Église anglaise et premier titulaire de la fonction.

De nos jours, elle est le siège spirituel de l’Église d’Angleterre, l’église mère de la Communion anglicane depuis près de cinq siècles. Son archevêque est le primat de toute l’Angleterre et le chef religieux de l’Église anglicane. La reine Élisabeth II est quant à elle gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, en tant que souverain du Royaume-Uni.

Voilà donc une étape incontournable à réaliser lorsque les conditions seront remplies. Selon les informations collectées, l’étape est facile. On s’immerge rapidement dans la verdoyante campagne anglaise, comprenant de nombreuses fermes et villages.

Le Kent est défini comme le Jardin d’Angleterre avec ses potagers et la beauté du paysage rural.

Quelques mots sur mon parcours

J’avais prévu de cheminer sur la Francigena de Canterbury à Rome, en suivant à contresens le parcours de l’évêque Sigéric.

Hélas, en cette année 2020, où régnait partout dans le monde la pandémie du Covid-19, il a fallu revoir à la baisse mes prétentions initiales.

Comme je l’ai déjà dit, cela fut le cas de l’étape anglaise. Ce fut aussi et surtout, le parcours italien d’Aoste à Rome. Le risque de me retrouver bloqué en Italie en quarantaine était trop grand.

Alors, si la santé suit, la fin du périple (environ 1 000 km) est programmée en 2021, et fera l’objet d’un second volume.

1 Le pape Clément VII refusa le divorce d’Henri VIII. Ce dernier décida de rompre avec Rome. En 1530, l’assemblée du clergé catholique anglais reconnaît le roi comme suprême protecteur, seigneur et chef de l’Église d’Angleterre. La Communion anglicane se dit à la fois catholique et réformée. Catholique en étant détachée de Rome, dans la continuité de son passé apostolique. Réformée en adhérant aux principes théologiques issus de la Réforme protestante.

Sur le chemin français de la Francigena

Départ de Calais

« Le sourire que tu envoies revient vers toi. » Proverbe Hindou

Je commence donc mon cheminement à partir de Calais. Je rejoins la cité par le train. Je n’ai pas trouvé de covoiturage, une pratique peu onéreuse permettant de faire de belles rencontres. Au dernier pointage, j’en étais à mon 140e voyage de ce type comme conducteur ou passager.

Moralement et spirituellement, je me retrouve dans une démarche similaire à celle de mes huit cheminements vers Saint-Jacques de Compostelle, alliant rencontres, partages, moments de solitude, enrichissement culturel, réflexions éthiques, introspection, contacts avec la nature…

Au cours de ce parcours, le nombre limité d’accueils, la pandémie rendant les contacts plus distants, j’utilise ma tente comme moyen secondaire, évitant les hôtels onéreux et sans âme. Cela n’est pas négligeable, mon sac à dos pesant trois kilos supplémentaires.

Cela veut dire aussi moins de convivialité, de rencontres et de partages à la fin de chaque étape. Les campeurs rencontrés ont été moins sensibles à ma démarche. Nous le savons, les fins d’étape comptent beaucoup dans la réussite de notre démarche.

Calais est une belle ville. Arrivé tôt, j’ai pris logis à l’auberge de jeunesse. Il y a peu de monde, ce qui est bien triste.

J’ai pris le temps de visiter cette cité historique, ville portuaire séparée des falaises de Douvres situées à 38 km par la Manche.

Sa vieille ville, Calais-Nord, occupe une île artificielle entourée de canaux. Son imposant hôtel de ville possède un beffroi de 78 m de hauteur offrant une vue sur la ville. Fondée au 8e ou 9e siècle, l’ancienne Kalèis fut sous domination anglaise pendant 210 ans. Elle débuta en 1347 par la reddition des six Bourgeois de Calais venus, pieds nus et corde au cou, livrer les clés de la cité à Édouard III. Une célèbre statue en bronze de Rodin les représente. La cité fut ensuite définitivement rattachée au royaume de France en 1558, après une courte domination espagnole de deux ans.

Ses fortifications, dont la Citadelle, furent l’œuvre de Vauban, un homme des Lumières cher à mon cœur2 . Il reconstruisit le fort Nieulay, l’un des très rares forts-écluses existants en France.

À voir aussi, l’église Notre-Dame, détruite en partie lors du conflit de la Seconde Guerre mondiale, rénovée depuis. En avril 1921, le jeune capitaine Charles de Gaulle y épousa la Calaisienne Yvonne Vendroux en toute intimité. Je n’ai pas pu la visiter, étant arrivé trop près de sa fermeture.

Devant la Tour du Guet de 39 m datant du 13e siècle, alors centre d’un château médiéval, des statues de bronze de ces deux personnalités. Cette tour fut le lieu des premiers essais de télégraphe aérien de Chappe. Elle ne se visite plus pour des raisons de sécurité.

Une belle découverte pour bien démarrer ce long cheminement. À demain… Alain dit Bourguignon la Passion

1 – Calais – Sangatte – Wissant : 21 km

« La vie est trop courte pour qu’on soit pressé. » Henry Thoreau

Il est 7 h 30 lorsque je quitte l’auberge de jeunesse après le petitdéjeuner compris dans le prix de l’accueil comme dans toutes les auberges de jeunesse. Il est servi à table pour respecter les barrières sanitaires. Un grand « chapeau » à ce centre européen se montrant à la hauteur en temps de pandémie. Merci pour leur gentillesse et leur engagement.

Dans le calme du matin, je termine ma visite de la cité nordiste avant de rejoindre le parcours de la Francigena passant par la plage, longeant la Côte d’Opale. Hier soir, lors d’une sortie rapide en ville pour boire un verre, les terrasses étaient pleines à craquer comme dans une période habituelle.

Ce matin, le temps est frais et venteux, le ciel couvert.

Tout commence par la plage, les pieds s’enfonçant dans le sable sec. Pour ceux ne connaissant pas cette sensation, il faut faire des efforts importants pour avancer dans un sol mouvant. Cela va être le cas en grande partie jusqu’à Sangatte, un lieu connu pour la présence de nombreux migrants souhaitant rejoindre l’Angleterre. Il est vrai que le tunnel sous la Manche se trouve à peu de distance de là.

Le tracé, indiqué par les marques blanche et rouge du GR 145, quitte la plage pour passer dans les dunes. Si certains endroits restent sablonneux, d’autres, plus stabilisés, permettent d’avancer plus rapidement. Peu à peu, je rejoins le bord de mer de Sangatte sur le long tracé aménagé. Je rencontre des joggeurs, des cyclistes, quelques familles se rendant à la plage.

À la sortie de Sangatte, de nombreux véhicules, notamment des camping-cars, envahissent le bord du chemin. Il y a surtout des Belges, des Néerlandais, des Anglais… C’est bien pour l’économie locale. Sous mes pieds, passe le tunnel sous la Manche…

Je quitte le bord de plage pour monter le chemin pierreux allant vers le mont d’Hubert passant près d’Escalles, à 150 m d’altitude. Ce nom est dû à Hubert Latham, un pionnier de l’aviation française qui, le 19 juillet 1909, tenta de survoler la Manche quelques jours avant Charles Blériot. Cette éminence paraît faible, mais le soleil étant apparu, je suis obligé de m’arrêter dans la montée pour reprendre mon souffle. Il est vrai que c’est mon premier jour de marche en portant un sac à dos bien chargé. Je fais halte au sommet pour prendre ma collation du matin. J’ai droit au bonjour de personnes passant sur le chemin, étonnées, semble-t-il, de voir un pèlerin. A priori, ici, on ne connaît pas la Francigena.

Reprenant mon parcours, je rejoins le sommet du Cap Blanc-Nez où trône l’obélisque commémorant la Dover Patrol, la Patrouille de Douvres, venue défendre le trafic de la Manche contre les raids de la flotte allemande lors de la Seconde Guerre mondiale. Le parking de ces falaises de craie et de marne est rempli. Il y a trop de monde. Je fais l’impasse.

J’entreprends la descente raide et sécurisée au milieu d’une file indienne ininterrompue de touristes et de quelques marcheurs jusqu’au Cran d’Escalles. Le bâton est bien utile pour retenir le poids du sac. En bas, quelques groupes ont envahi les lieux pour piqueniquer. J’ai hâte de m’éloigner de cette foule bruyante.

Après quelques centaines de mètres, c’est plus calme. Le chemin est agréable et vallonné jusqu’au village de pécheurs de Wissant.

Avant de me rendre au camping, je fais une halte sur la plage. Il n’y a pas beaucoup de baigneurs, quelques surfeurs d’une école dans leur tunique noire. C’est l’occasion pour mes pieds de faire trempette dans une eau bien fraîche.

Le ciel se couvrant de nouveau, le vent augmentant, une petite pluie fraîche se met à tomber. Le k-way est le bienvenu. Je me rends au camping municipal de La Source. Il est quasiment plein.

Le préposé me demande de chercher moi-même une place. Je tourne en rond pendant une demi-heure avant de découvrir un petit endroit pour poser la tente. Ouf ! je me voyais déjà en train de chercher une autre solution en dehors du village. À peine suis-je installé qu’une pluie drue et fraîche se met à tomber. Débuts difficiles, je suis un peu frigorifié.

J’aurais aimé retourner au village pour mieux en profiter. Dommage, j’aurais pu découvrir le flobart, ce bateau de pêcheur à clins, formé de planches de bois d’orme se recouvrant les unes aux autres. Sa coque ventrue, son fond plat, sa dérive mobile et escamotable lui permettent de s’échouer plus facilement sur la plage sableuse et de tenir la mer par tous les temps.

Quelques courses au Spar du coin « dégustées » au bord de la tente. Sans demander mon reste, la fatigue me gagne. Je m’installe dans mon sac de couchage. Malgré la fraîcheur, assez rapidement, je m’endors.

À demain… Alain dit Bourguignon la Passion

2 – Caffiers – Guînes : 28 km (49 km)

« Pour chaque regard que nous jetons en arrière, il nous faut regarder deux fois vers l’avenir. » Proverbe arabe

Je me suis levé tôt ce matin. J’ai mal dormi à cause du froid et de l’humidité régnant sous la tente. Peut-être faudra-t-il, si je continue à utiliser ce mode de couchage, investir dans du matériel plus adapté. J’ai fait peu d’investissement en la matière. Le matelas gonflable s’est montré bien utile par rapport à l’an dernier, le long de la Voie Garona et du Piémont pyrénéen.

Il continue de tomber une petite pluie fine accompagnée d’un vent frais. En bord de mer, c’est logique. Tant au camping qu’au village, aucune possibilité de boire le moindre café.

Il y a la queue en face du boulanger, pandémie oblige. Je pars le ventre rempli d’une simple banane. Après tout, j’ai du poids à perdre.

Je prends la route pénétrant dans les terres en direction du mont de Couple situé à quelques kilomètres de là en passant par la ferme Herlen. Après avoir contourné cette dernière, j’entreprends une montée assez raide. À quelques centaines de mètres devant moi, j’aperçois deux marcheurs que je rejoins en arrivant au mont. Ce sont des touristes anglais effectuant leur balade matinale. Nous échangeons quelques mots avant qu’ils continuent leur marche.

Depuis une vingtaine d’années, le site a été transformé en réserve naturelle permettant de préserver la diversité du milieu. On y trouve de nombreux papillons, oiseaux et plantes, dont des espèces rares. Situé à 160 m de hauteur, mes amis savoyards doivent sourire, il fut longtemps inaccessible au public.

Il fut utilisé par les militaires allemands comme lieu d’observation lors de la Seconde Guerre mondiale. Des vestiges de blockhaus sont encore visibles. Depuis la table d’orientation, on aperçoit d’un côté la Manche et ses villages côtiers. À ses pieds, de nombreux champs cultivés et dans l’arrière-pays les plaines du Boulonnais. La vue vaut vraiment le coup. Le soleil fait enfin son apparition.

Petite halte avant de reprendre le cours de la marche par une large allée d’herbe épaisse. Très agréable. Après une succession de montées et descentes par des chemins forestiers et agricoles, j’arrive au petit village endormi de Saint-Inglevert. Je n’ai rencontré que deux marcheuses et quelques vététistes. Pas de contact avec ces derniers. Mon allure peut-être, n’étant pas rasé depuis trois jours…

Après le pont de l’autoroute, traversée d’un bois avant les villages de Landrethun-le-Nord et Caffiers. Toujours pas de bar et peu d’habitants dans les rues. Après la ferme des Flaquettes, j’arrive dans la forêt domaniale de Guînes traversée à bonne allure.

À l’office de tourisme, on m’indique que je peux planter ma tente au camping de la Bien Assise situé non loin de là. On m’accueille avec gentillesse. L’emplacement m’est offert. Un geste généreux dans un camping cinq étoiles.

Nichés dans le parc paisible et verdoyant du château éponyme3, les espaces sont étendus. Ma petite tente jaune installée dans un coin fait figure de maison naine. Peu de monde, principalement des camping-cars et grandes caravanes anglais et belges, ainsi que de nombreux mobil-homes.

Je suis allé faire trempette quelques instants dans la piscine. Devant le nombre d’enfants bruyants, j’ai quitté rapidement les lieux. C’est normal, les enfants ont besoin de se défouler.

Je pars au village faire quelques courses, car la faim commence à me tenailler, et j’ai besoin de ressources de bouche pour demain. Le soir, j’achète un plat préparé au restaurant du camping, je leur dois bien cela. Je le déguste au pied de ma tente.

Vers 20 h, c’est l’heure d’aller dormir. Le camping est calme.

À demain… Alain dit Bourguignon la Passion

3 – Licques : 19 km (68 km)

« Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez-lui d’abord votre bonne humeur. » Baruch Spinoza

Je me suis levé vers 8 h ce matin, bien reposé après une longue nuit. Le temps est frais, sans trace de pluie. Après la douche matinale, et avoir replié ma tente, me voilà parti pour cette troisième journée. Avant de quitter Guînes, je prends un grand café et un croissant à la terrasse d’un bar.

Contrairement au chemin préconisé par le guide papier, je suis celui indiqué sur l’application numérique Via Francigena4 en espérant passer non loin du Camp du Drap d’Or. En effet, près de Guînes eut lieu l’historique entrevue diplomatique entre François 1er et Henry VIII d’Angleterre du 7 au 24 juin 1520. C’était à qui aurait le camp le plus riche. Les résultats furent mitigés.

En fait, ce détour fut inutile, je n’ai trouvé aucune trace. Plutôt que de tourner en rond pour trouver cet hypothétique lieu, je rejoins la forêt domaniale de Guînes où passe le GR 145.

Je traverse une clairière où trône la colonne Blanchard, le monument commémoratif de la première traversée aérienne de la Manche dans un ballon gonflé l’hydrogène en 1785. Partis de Douvres, les deux pilotes mirent deux heures à effectuer cette traversée d’un ballon muni d’un gouvernail, d’ailes et d’une hélice. Un prélude aux avions. La traversée faillit se terminer mal du fait des vents contraires. Un bien bel exploit.

Au cours du chemin, aucune rencontre sinon quelques vététistes passant en faisant un petit geste de sympathie. Décidément, nous ne sommes pas nombreux sur ce chemin.

En arrivant à Licques, je passe près des célèbres élevages de poulets et de dindes Label rouge. Une étape à travers des pâturages et des forêts sans difficulté si ce n’est, à mi-parcours, quelques montées.

Je passe près des restes de l’abbaye Notre-Dame de Licques fondée au 12e siècle par l’ordre de Prémontré, détruite en partie. Il ne reste aujourd’hui que l’abbatiale devenue église paroissiale.

Je m’arrête au camping du Pommier des Trois Pays. Là, pour 5 € de plus, la gérante me propose de dormir dans un bungalow disponible au lieu de la tente. Un bon lit, cela ne se refuse pas. Un plus après les nuits précédentes.

Le soir, on me sert une bonne pizza maison, arrosée d’une bonne bière. On est dans le Pas-de-Calais.

À demain… Alain dit Bourguignon la Passion

4 – Audenfort – Guémy – Wisques : 35 km (103 km)

« Maison de paille où l’on rit vaut mieux que palais où l’on pleure. »Proverbe chinois

Lever vers 6 h 30 pour prendre ma douche, me raser et prendre mon petit-déjeuner dans mon bungalow. J’ai très bien dormi, même si, me trouvant près de l’aire de jeux du camping, les enfants firent du bruit jusqu’à 21 h. Il faut bien qu’ils se défoulent.

Le temps est frais, mais le soleil pointe le bout de son nez.