Tu me fais rire, Béni - Tristana Roque - E-Book

Tu me fais rire, Béni E-Book

Tristana Roque

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Beschreibung

"Tu me fais rire, Béni" retrace l’histoire d’une femme qui ravive les souvenirs précieux partagés avec son oncle Béni. Ces instants, mêlant humour et émotion, ont profondément marqué son évolution personnelle et sociale, scellant entre eux un lien d’une grande singularité. Tristana Roque, à travers une prose subtile et délicate, dévoile l’impact transformateur de cet être cher, nous révélant que le sourire, même face aux épreuves les plus sombres, demeure une force de guérison inestimable. Un récit émouvant où chaque éclat de rire résonne comme un baume apaisant pour l’âme.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Tristana Roque a découvert dans l’écriture un chemin salvateur après une perte dévastatrice. Ce premier élan vers la plume lui a offert la possibilité de maintenir un lien intime avec Béni, son oncle, et de le faire revivre à travers des souvenirs empreints d’émotion et de tendresse.

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Seitenzahl: 68

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Tristana Roque

Tu me fais rire, Béni

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Tristana Roque

ISBN : 979-10-422-4914-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

On m’a toujours dit que l’éducation est la fondation et le guide de la vie adulte. Pour ma part, je dirais qu’avoir quelqu’un de précieux dans sa famille ou parmi ses amis peut tout changer, voire même sauver des vies. Pour moi, cette personne était Béni, mon oncle maternel. Ses anecdotes sont gravées dans ma mémoire comme un héritage mental et culturel qui m’aide à avancer avec sérénité. J’aime à penser qu’il m’a fait le plus beau des cadeaux : celui de l’amour.

Le titre que j’ai choisi est simple, comme ces mots que je lui disais souvent, en espagnol, et avec ma prononciation maladroite. Il me corrigeait toujours, en riant et en me taquinant.

Ces histoires, ce sont les miennes. Je vais vous les partager sans suivre un ordre chronologique, mais plutôt un « ordre d’humour ». Je les lui dédie, et je suis certaine que, là-haut (je l’espère), il rit encore avec ses voisins de l’au-delà.

Introduction

Vous pourriez dire qu’écrire sur un oncle est plutôt banal. Pourtant, chacun de nous a la chance de croiser quelqu’un dans sa vie qui devient un guide, et pour moi, c’était mon oncle maternel. Il avait un don particulier : celui de faire rire les gens. Je l’appelais Béni, et non pas « tonton » ou « oncle Benito ». Parmi la dizaine d’oncles que j’avais, aussi bien du côté paternel que maternel, il était le seul à porter ce surnom. Il était différent, unique. Inventeur de blagues, il se plaisait à créer des jeux de mots en espagnol, ce qui lui valait le titre « d’ingénieur de la comédie ».

Il vivait dans les montagnes galiciennes, un homme robuste, fier de sa force, qu’il aimait rappeler avec humour : « Ton oncle est fort. » Et il l’était. À 74 ans, il est parti soudainement, sans souffrance prolongée, indépendant comme il le souhaitait. Sa nature à la fois brute et pudique me faisait autant sourire qu’elle m’intriguait. Non, il n’était pas immortel, mais son souvenir, lui, le sera. Il restera pour toujours celui qui m’aura le plus fait rire, et cette place de « Nobel du rire » lui appartient à vie.

Arrache-moi les dents

L’hygiène dentaire a toujours été importante pour moi, mais pour Béni, mon oncle maternel, c’était une autre histoire. Il avait une approche très personnelle pour soigner ses dents, qu’il considérait comme une source de douleur constante. Pour lui, les dentistes n’étaient que des voleurs et des charlatans, alors il avait trouvé ses propres méthodes. Je me souviens encore de la première fois où il a décidé de mettre en pratique ses talents de « dentiste » devant ma grand-mère. J’avais une dizaine d’années et, même aujourd’hui, à 50 ans, cette scène est gravée dans ma mémoire, mélangeant stupeur, frayeur et éclats de rire.

Un jour, alors qu’une dent lui faisait mal depuis des années, il annonça qu’il allait « soigner » cette dent à sa manière. Naïve, je pensais qu’il se rendait chez un dentiste. Ma grand-mère, voyant mon air incrédule, se mit à rire et me dit : « Ici, on n’est pas à Paris, on se débrouille autrement ! ». C’est alors que je le vis revenir avec une bouteille de gaz. Ces bouteilles étaient lourdes, orange, et bien plus impressionnantes à l’époque. Il attacha une ficelle autour de sa dent, puis enroula l’autre bout à la bouteille. Moi, je restais là, les yeux écarquillés, ne comprenant pas encore ce qu’il préparait.

Béni avala deux gorgées de calva, qu’il garda précieusement en bouche, faisant des gargarismes avec un sérieux presque comique. Le calva, selon lui, était à la fois un anesthésiant et un désinfectant. Il ne fallait surtout pas le recracher, ça aurait été du gâchis ! Après s’être assuré que la ficelle était bien serrée, il lâcha la bouteille. Et là, sous mes yeux horrifiés, sa dent partit littéralement valser de l’autre côté de la pièce ! Un vrai moment de film d’horreur version comique. Ensuite, bien sûr, encore un peu de calva pour fêter ça. Un remède aussi « médical » « qu’amical », selon lui. Parfois, le cognac remplaçait le calva, car, comme il aimait le dire, « c’est pareil » (selon sa logique douteuse, bien sûr).

Il avait aussi une autre technique bien rodée : attacher la dent avec une ficelle à une porte. Il suffisait de fermer la porte d’un coup sec et hop, une dent en moins ! Je dois avouer que cette méthode me terrifiait moins que la bouteille de gaz. Mais au fil des années, ses « techniques » étaient devenues célèbres dans la vallée, au point que voisins et cousins se proposaient parfois pour l’aider. Une fois, j’ai même vu l’un d’eux utiliser un briquet pour réchauffer la ficelle tandis que l’autre tirait d’un coup sec. Encore une dent en moins, et encore une fois, un spectacle hallucinant.

Bien sûr, à force d’arracher ses dents de cette manière, Béni s’est retrouvé presque édenté. Il ne lui en restait que quatre : deux en haut, deux en bas. Je le surnommais affectueusement « Draculito ». Quand il souriait avec ce sourire édenté et sa manière de bouger les lèvres, il déclenchait des fous rires incontrôlables.

Vers la fin de sa vie, nous avons essayé de lui offrir un appareil dentaire pour qu’il puisse mieux mâcher et être plus « présentable » aux yeux du monde. Mais à la maison, il le laissait souvent de côté, me disant qu’il n’avait besoin de le porter que lorsqu’il sortait au restaurant ou lors de réunions entre amis. À croire qu’il le faisait exprès, car, je dois bien l’avouer, sans ses dents, il avait un charme unique, presque comique.

Enfermez-moi

Enfermer quelqu’un peut arriver à tout le monde, mais deux fois à la même personne ! Là, ça commence à ressembler à un complot, non ? Pourtant, j’ai bien réussi à enfermer Béni, mon oncle, à deux reprises sans le faire exprès. La première fois, c’était en hiver 2006, lors de sa visite chez moi. Je vivais dans un petit deux-pièces au 6e étage de l’immeuble où mes parents étaient gardiens. Je lui avais laissé ma chambre et je dormais dans la salle à manger, sur un BZ. Il y avait deux trousseaux de clés pour l’appartement : le mien et celui de mes parents, qu’ils avaient donné à Béni.

Un matin, en partant en formation, j’ai fermé la porte derrière moi, pensant qu’il avait sa clé. Béni, lui, dormait encore. Quand je suis revenue vers 13 heures, j’ai frappé à la loge de mes parents, prête à dire bonjour, mais à peine la porte ouverte, ma mère me lance : « Va vite ouvrir à ton oncle ! Il est enfermé depuis 10 heures ce matin et n’a pas pris son petit-déjeuner ! » Apparemment, sa clé ne fonctionnait pas de l’intérieur, bien que ce soit la même, sauf qu’elle était dorée. Un détail qui, à ce moment-là, faisait toute la différence.

Je suis montée en courant les six étages, un peu tendue, et en ouvrant la porte, je découvre mon oncle, immobile comme une statue, qui me dit avec un air dramatique : « Tu m’as enfermé ! »

Surpris, je rétorque : « Mais non ! »

Il me répond : « Si, tu m’as enfermé ! »