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Après 25 ans de vie commune, Louise, 50 ans, est quittée par son mari. Des transports en bus au porte-jarretelles, commence pour elle la découverte de l’érotisme perdu à travers des aventures numériques. Entre fantasme et désir acharné de reconstruire une vie amoureuse, elle mène un combat où chaque coup porté cherche à faire jaillir la lumière.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Jeanne Nobrak se sert de sa plume pour faire naître une émotion, surprendre et défier quelquefois les tabous.
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Seitenzahl: 313
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Jeanne Nobrak
Zebra
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jeanne Nobrak
ISBN : 979-10-377-7757-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
On ne change pas les rayures d’un zèbre.
Noël venait de passer. Il lui avait offert un joli pendentif et elle en avait été émue. Cela faisait si longtemps qu’il ne lui avait pas acheté un cadeau si personnel. L’aimait-il encore, lui qui semblait la fuir depuis des mois ? Louise avait repris espoir ; aurait-elle donc eu raison de s’obstiner malgré ses velléités de départ sans cesse répétées, toujours repoussées ? Ce matin-là pourtant, elle s’est réveillée avec une douleur terrible au niveau des omoplates, comme un coup de poignard dans le dos. Un pressentiment peut-être ? Son corps l’avertit toujours des cataclysmes…
En faisant quelques achats pour le réveillon qu’ils prévoient avec leur ami Paul, Stefan s’arrête soudain et prend une affiche de petits pois en photo. Le sourire qui éclaire son visage quand il appuie sur « envoyer » est sans équivoque. Il est ailleurs. Elle se sent exclue de ce moment de complicité avec l’extérieur. Étrange… Par curiosité et avec la confiance générée par leurs années de partages en tout genre, elle lui demande pourquoi il fait ça, à qui envoie-t-il cette photo saugrenue ? Elle trouve ça plutôt drôle. Mais, contre toute attente, il réagit d’une façon totalement abrupte et disproportionnée : « tu t’immisces dans ma vie, arrête tes intrusions ! » Le ton est violent, le regard sans équivoque : « je ne te supporte plus ! » Furieuse, elle quitte le magasin, incapable de respirer le même air que cet homme une seconde de plus. Paillasson, ce n’est pas son truc, mais elle préfère éviter l’esclandre. Elle défoule son trop-plein d’énergie en marchant. Ses talons frappent le sol. Elle n’a qu’une envie : lui asséner un uppercut monumental, solde de tout compte de toutes ces années de lassitude. Après une dizaine de minutes, il finit par la rattraper en voiture : « monte. » Quelques instants après, il lui assène un : « faut que je te parle » qui la tétanise.
Elle comprend aussitôt. La terre se dérobe sous ses pieds. Cela fait plus d’un an qu’elle redoute ce moment. Il a rencontré un homme dont il est tombé follement amoureux. Ces paroles dures tombent comme un couperet et bizarrement au même moment, la douleur du poignard dans le dos disparaît. Des mois qu’il vivait isolé d’elle comme un célibataire. Elle avait accepté ce choix afin qu’il puisse reprendre goût à la vie. Un pari dangereux, mais elle l’aimait. Elle craignait qu’il rencontre quelqu’un, mais lui la rassurait en affirmant qu’il n’était absolument pas dans cette démarche. Elle avait décidé de lui faire confiance. Devenus distants, ils ne faisaient que se croiser dans leur grande maison. Elle était restée malgré tout. Ils formaient depuis si longtemps un couple atypique qui en avait vu d’autres. Régulièrement, lui, s’enlisait dans une déprime où tout n’était que noirceur. Elle savait garder l’espoir dans ces moments et puis un matin, ça passait et elle retrouvait son homme empathique et généreux.
Mais ce jour-là, au son de sa voix, elle comprend qu’il se passe quelque chose de nouveau ; comme s’ils avaient atteint le bout du chemin. Sensation de noyade en direct. Sa colère s’évanouit, d’un seul coup, sidérée, toutes ses défenses tombent. Elle est incapable de réagir. Sensation d’être sur un ring ; de subir les coups, coincée dans les cordes. Impression de se transformer en boxeuse groggy qui en a trop pris dans la tête et dans le cœur. Mais elle continue, elle veut tout savoir : c’est qui d’abord ? Comment envisage-t-il la suite ? Elle ne s’épargne rien. Elle préfère.
Lui, fragilisé, ne cache pas son trouble ; il est quand même en train de quitter sa femme après vingt-cinq ans de vie commune. Il saute enfin le pas. L’échange est douloureux, mais ils savent rester attentifs l’un à l’autre. Elle finit par lui dire : « va, vis cette histoire et l’on verra où cela nous mène ». Puis, incapable d’en supporter plus, elle jaillit hors de la voiture et anéantie, court se réfugier au bord de sa rivière préférée. Il fait déjà nuit et froid. L’eau est noire, agitée, l’idée d’y plonger la traverse une seconde, mais ce n’est décidément pas dans son tempérament.
Il lui faudra deux mois pour se rendre à l’évidence. Son mari, son homme, le père de leur fils, Tom, abandonne son rôle de protecteur. Va-t-elle continuer à se lamenter sur son sort ou se remonter les manches ? Sensation d’un combat qui démarre. Combat absurde contre qui ? Contre quoi ? Celle qui aime se considérer comme une boxeuse a déjà commencé à lacer ses gants ; prête à enjamber les cordes pour monter sur le ring.
Elle se retrouve à presque cinquante ans, seule, abandonnée… Elle constate alors qu’elle a passé la moitié de sa vie avec le même homme qui l’a rassurée, épaulée, rendue dingue, fait vibrer, rire, pleurer… Elle se dit qu’elle reste une chanceuse. Que certaines ne rencontrent jamais ce bonheur-là. Et que bon, bah voilà, sa vie est derrière elle. Le reste sera du sursis et elle va faire en sorte que cela ne soit pas insupportable en s’investissant dans des petits projets indolores. Nouvelle perspective de travail, mais dans la même branche… Directrice d’école. Continuer le sport. Partir en vacances dans les landes, son paradis. Elle a vite fait le tour. Et elle se retrouve face à elle. C’est assez violent. Elle voit les quelques rides qui parsèment son visage… Son corps, encore bien conservé, restera-t-il vierge de toute relation ?
Elle s’installe alors dans une solitude qui s’apparente à une espèce de ouate dans laquelle elle se laisse plonger doucement. C’est confortable… Elle peut pleurer quand bon lui semble. Danser en mettant la musique à fond. Écouter des chansons affreusement tristes pour bien se rappeler à quel point sa vie ne vaut plus rien… Elle s’autorise des nuits d’insomnie à écouter ses morceaux préférés. Quand elle prend sa voiture le matin pour aller rejoindre les petits poucets de quatre ans, elle laisse pleurer ses yeux, histoire de tenir la journée.
Et puis Ariane, son amie qui la soutient depuis des mois, lui susurre régulièrement qu’elle pourra rencontrer un autre homme. Que bien au contraire, l’horizon s’ouvre. Qu’elle est pleine de charme, intelligente… La sophrologue qui la suit essaie de la remettre à flot. Soit elle reste sur le quai de la gare avec ses énormes valises ou elle prend le train en laissant les bagages au sol… À elle de choisir.
Cette vision exprimée par Ariane a fait office de déclic dans sa tête. Elle n’est pas taillée pour le malheur.
Elle va voir ce qu’elle vaut ! La princesse isolée dans son donjon va s’ouvrir au monde !
Elle a accepté. Elle a décidé de mettre en œuvre la technique des affirmations positives pour clore la mécanique d’auto-sabotage qu’elle subissait depuis des années et pour entrer dans un cercle vertueux de reconstruction.
Elle a accepté de ne plus aimer cet homme grand, charismatique, au regard parfois si triste, si lointain. Celui qui la faisait chavirer dès qu’il la prenait dans ses longs bras protecteurs. Qui savait taire ses inquiétudes quand elle commençait à cogiter. Mais aussi, si distant quand il était dans un mauvais jour, se réfugiant dans un silence assourdissant lorsque les angoisses l’envahissaient. Un hypersensible qui pouvait partir en vrille avec un mot mal interprété. Une personnalité double avec laquelle il fallait savoir composer. Elle a souvent su l’apaiser, cet être inquiet, mais en vain. Trop difficile. Ce jour-là, il a quand même décidé de fuir cette vie, pour lui toujours oppressante, malgré elle, malgré ses efforts.
Elle a accepté de le laisser partir avec son amoureux.
Elle a accepté de le libérer de son amour si entier, si destructeur, si dingue.
Grâce à Martin.
Martin qu’elle rencontre sur « Adopte un mec ». Envie de savoir si elle peut plaire encore. Une nuit d’insomnie, elle s’inscrit sur ce site gratuit et l’aventure commence. Elle se met à regarder, scruter, analyser ces profils d’hommes seuls. Et son imagination galope. Elle en place quelques-uns dans son panier. Effectivement, sur ce site, on fait ses courses, on est au supermarché.
L’aventure épistolaire débute, elle entre dans le monde merveilleux du virtuel.
D’abord, elle trouve cela un peu désespérant. Au contact de tous ces profils, elle se dit que personne ne lui plaira… Physiquement, elle a l’impression que tous les hommes de son âge font tellement vieux. Elle sent d’emblée que ça va être compliqué. Bientôt cinquante.
Puis Martin entre dans sa vie. Un bel homme, avec un joli regard vert. Ils se contactent. Très vite, ça frissonne entre eux. Élégant dans ses propos. Très intéressé par son profil, lui posant moult questions qui lui donnent de l’importance. On s’intéresse à elle ! Il est beau, elle lui plaît. Au fur et à mesure des échanges, elle se laisse emporter par l’émotion d’une probable rencontre. Ce qui l’aide à accepter la séparation. Sa libido en berne depuis si longtemps s’éveille. Tellement envie de voir Martin, de se blottir dans ses bras, de s’offrir à lui tout entière. Elle lui demande un rendez-vous ; il lui signifie qu’il préfère prendre le temps de la connaissance mutuelle. Cela l’intrigue, la frustre, mais elle comprend qu’elle est une tempête qui doit respecter le rythme de l’autre.
Ce soir-là, elle part avec Fiona, une amie, expérimenter un beau moment de danse : une vague des cinq rythmes. Pendant ces deux heures, elle se laisse emporter par la musique, par ses sens. L’émotion la gagne, elle pleure, elle rit, elle partage, tout passe par le corps. Son cerveau se libère de ses cogitations. Elle se sent bien, Martin va lui plaire. Elle n’est plus amoureuse de son mari. Soulagé, Stefan est ému de la voir si heureuse, épanouie. Enfin, elle retrouve le sourire. Elle rayonne. Elle a rajeuni de dix ans en l’espace de trois jours.
Quand elle voit que Martin est en ligne sur WhatsApp et qu’il commence à écrire, elle jubile intérieurement. Les papillons s’agitent, elle est fébrile… Jamais déçue. Cinq jours d’échanges, une ou deux heures de hors-ligne et déjà elle ressent le manque de l’autre… Elle se met à nue. Elle livre son histoire, sa vie. Et… Ce qui devait arriver… Il lui demande un service : l’achat de cartes de jeux vidéo pour ses enfants. Soudain, face à son écran, elle a tout de suite compris : un faux profil, pour lui soutirer de l’argent. Ses amies l’avaient prévenue.
Pour sa première expérience virtuelle, elle a eu droit au merveilleux mensonge du réseau programmé pour les cinquantenaires fragilisées. Ce monde la plonge dans un état de sidération totale. Sensation d’avoir été violée, tant elle s’est épanchée. Bien sûr, blocage immédiat du contact. Sa seule victoire… C’est qu’ils ont perdu leur temps avec elle… Mais cela lui a permis de voir qu’elle pouvait se projeter. Vibrer pour un autre homme, oui. Plaire, elle ne le sait pas encore. Elle a compris également quelle naïve elle peut être. À l’avenir, il faudra sans doute éviter de s’exposer trop : méfiance, méfiance !
Ses amies lui conseillent de quitter au plus vite ce site pour s’inscrire sur un autre payant, plus sérieux. Se remettre en selle tout de suite. Pour ne pas gamberger. Allez hop !
Elle crée son profil. Elle a besoin d’une bonne photo. Toujours surprenant, Stefan lui propose de rencontrer son compagnon, Loïc, qui est photographe. Occasion de faire sa connaissance. Finalement, cet homme est charmant. Coup de cœur amical immédiat. Surprise, aucune jalousie. Dans ce cas sans doute, car la concurrence n’est pas au rendez-vous. Sur les photos, c’est elle, au naturel : un portrait en noir et blanc où l’œil pétille et un cliché en pieds qui tente de mettre sa petite stature bien proportionnée en valeur. Mettre en avant sa féminité malgré sa coupe à la Jean Seberg, sans en faire trop. Son texte de profil fait comprendre qu’elle ne cherche pas forcément un mari, mais plutôt un amoureux pour vivre des moments choisis, doux, emplis d’humour et intenses. Et qu’elle apprécie l’intelligence du cœur et de l’esprit. Elle attend qu’on la fasse rêver…
Elle entre peu à peu dans le fonctionnement du site. Accorder une étoile, un flash, écrire un message. Elle n’hésite pas à prendre les devants ! Et souvent, elle reçoit cet affront : son invitation est déclinée. Elle apprend l’humilité ! Elle essaie de mettre toujours un peu d’humour dans ses bouteilles à la mer. Tout le monde ne le comprend pas !
Elle entre, malgré elle, dans une analyse sociologique quand elle constate l’effet dingue des photos. Lorsqu’elle ajoute un cliché d’elle avec une petite robe noire bien ajustée, sur un pont… Ouh la ! Quatre cent vingt-six visites sur son profil en une journée. La messagerie qui s’affole ! Une deuxième journée de travail commence le soir pour traiter les mails ! Extrêmement chronophage, le marché de l’amour ! Elle s’y emploie, elle s’investit, elle répond, elle sélectionne, elle décline… Et lorsqu’elle entre en contact, quand la personne lui paraît intéressante, elle bifurque vers WhatsApp.
Là, elle peut voir que le correspondant est en ligne : lorsqu’il lui écrit, cela s’inscrit et l’adrénaline monte. Elle se demande ce qu’il est en train d’inventer pour la séduire. C’est un moment jubilatoire. Elle est collée à son téléphone et elle sent l’autre qui vibre comme elle. La torture, c’est quand elle voit l’interlocuteur en ligne et qu’il ne lui écrit pas. Elle est en attente, elle hésite à laisser les doigts s’agiter… Car les siens, quand elle apprécie quelqu’un, sont difficilement contrôlables ! Un flot de mots, que rien ne peut arrêter, sinon un problème de batterie ! Les émojis, les gifs permettent aussi d’apporter du piquant à leur conversation. Cela ponctue, donne du relief. Parfois, elle est obligée d’aller vérifier la signification des émojis pour être sûre de la bonne compréhension du message !
WhatsApp, c’est l’alcôve… elle envoie des photos, des vidéos, elle séduit. Elle enregistre des messages vocaux. Elle n’accepte pas le contact téléphonique, cela la terrifie. Elle est tellement plus à l’aise avec les écrits. Elle s’amuse peu à peu à trouver la formule qui fait mouche, elle répond du tac au tac. Elle s’aperçoit qu’elle est un véritable caméléon… Elle s’adapte à l’homme en face d’elle. Du vouvoiement ? OK, elle vouvoie. Du trash ? OK, elle est même parfois pire que l’homme qui croit la provoquer. De la douceur et de la sensibilité ? Et là, elle laisse parler la subtilité qui est en elle, quitte à trop se livrer.
Elle se sent tellement moins seule. Elle se transforme en princesse dans son donjon, mais les princes viennent à elle tous les soirs. Ils discutent, vivent des expériences imaginaires. C’est du virtuel, mais c’est quand même de la vie. Elle sent qu’elle peut intéresser, ils lui parlent beaucoup de sa robe noire et du fantasme qu’elle provoque… Bel investissement, cette robe ! Elle est dans l’action. Ses doigts s’agitent encore et encore… On lui a dit un jour qu’elle était un « zèbre », adulte à haut potentiel, avec une grande sensibilité émotionnelle. Que peut-elle en faire ?
Elle entra ce jour-là dans le cabinet de la psychologue en ayant un but bien précis : se faire tester pour prouver à son mari et son fils, Tom, qu’elle n’était pas comme eux. Pas une surdouée, un haut potentiel, un zèbre. Juste une fille lambda. D’ailleurs, son bac acquis au rattrapage l’atteste ! 3/20 en philo dans un bac littéraire, cela ne démontrait pas une intelligence magnifique !
Elle était un peu anxieuse, car, même si elle connaissait d’avance le résultat, elle voulait donner le meilleur d’elle-même. Quand elle dut restituer une suite de nombres, elle s’énerva, la mémoire se brouilla. Elle prit à partie la psychologue : « voyez, je vous l’avais bien dit ! ». Lorsque les épreuves étaient chronométrées, elle avait l’impression de mettre un temps infini à reconstituer des figures avec des cubes. Elle suait, avait hâte que le carnage s’achève.
À la fin du test, la psychologue sourit : bienvenue dans la tribu des hommes de votre vie ! Ô misère, elle faisait donc partie de ces zébulons qui ont une façon de penser différente. Et une hypersensibilité parfois bien déconcertante.
Ce fut un choc. Elle s’est toujours sentie un peu décalée, en marge. Elle venait de trouver une appartenance à un groupe. Une chance peut-être de mieux se comprendre. Ce jour-là, elle avait quarante-cinq ans.
Elle tombe sur un profil qui l’interpelle… Un journaliste : Laurent. Avec un regard triste. Beau visage fin, mais qui ne cherche pas à plaire… Son texte pour attirer : « soyons-nous ! » Elle adore cela et lui écrit un long message pour entrer en contact. Où elle se raconte, où elle essaie de faire transpirer son intelligence. Chaque mot est pesé, elle se met la pression. Mais garde son humour… Bref. Susciter l’intérêt. Il finit par lui répondre et lui donne tout de suite son mail pour échanger. Les numéros de téléphone sont transmis. L’aventure WhatsApp commence.
Un soir, alors qu’elle est en week-end à La Rochelle avec Ariane… il prend contact avec elle et très rapidement s’ensuit un dialogue très charnel. Il est à la montagne. La tension monte, le désir aussi. Ils s’envoient des photos. La sensation de faire l’amour avec le beau journaliste. Joute verbale : les mots sont bien choisis. La répartie est directe, drôle, sensuelle. Une connivence intellectuelle immédiate, une folie douce… Cela lui plaît. C’est délicieux.
La semaine qui suit, elle lui envoie des photos loufoques pour le détourner des jolies monitrices de ski qu’il dit courtiser… Elle pose avec des tenues sexy assorties de mitaines et bonnet… Il rit chaque jour de ses envois. Et réplique toujours par un bon mot qui la fait éclater de rire ! C’est plaisant, enfantin.
Peu à peu, une complicité virtuelle s’installe et chaque jour ou presque, elle lui envoie une partie de son anatomie mise en scène… Et il a le défi de la commenter. Pari réussi chaque fois.
Un jour, elle lui demande si elle doit arrêter. Il affirme alors qu’il adore cette relation qu’ils entretiennent. Pas ambiguë. Drôle, sans équivoque, surprenante ! Ils savent qu’ils ne se verront pas. Ou dans une autre vie !
Laurent, c’est sa récréation. Elle ressort tout son côté espiègle avec lui. Elle attend son bon mot comme une gamine. Il ne la déçoit jamais. C’est son joli copain virtuel qu’elle aime surprendre. Et inversement. Il lui redonne confiance. Avec lui, elle peut exprimer son côté créatif. Ils jouent comme des enfants. Elle retrouve une légèreté qu’elle avait perdue peu à peu ces dernières années.
Ah… La rencontre qui déclenche tout chez elle. Le feu… La tempête… Le tsunami… Fukushima !
C’est très matinal… Et tout de suite, cela fonctionne avec cet homme. Belle prestance, cheveux grisonnants, œil coquin, conscient de son charme. L’assurance du séducteur. Ils se connectent vite. Ils se vouvoient. La conversation tourne rapidement vers le sensuel et la réchauffe instantanément. Sur WhatsApp, il poste rapidement des enregistrements vocaux et sa voix lui plaît immédiatement. Il essaie même de lui téléphoner… Elle ne répond pas par timidité ! Cela le vexe un peu. Puis il lui transmet une photo de son sexe en pleine forme. Elle est d’abord surprise, mais ne le montre pas. Elle lui dévoile peu à peu son corps dénudé. Elle voit l’effet produit : il veut obtenir un rendez-vous chez lui le soir même. Elle refuse, il se cabre. Elle propose éventuellement un hôtel, qu’il lui dit qu’elle devrait payer… Cela démarre mal. Picsou est déjà branché sur la toile !
Il ajoute même qu’elle ne ressemble pas à Julia Roberts, qu’il ne faut pas déconner… Pour trouver une confiance en soi, pas le meilleur candidat ! Mais elle n’est pas rancunière, elle lui laisse une seconde chance.
Lorsqu’elle part à La Rochelle, leurs échanges commencent alors à être extrêmement imagés. Elle fait des reportages photo dans la baignoire de l’hôtel. Il lui lance des défis plus dingues les uns que les autres : le couple Valmont-Merteuil commence à se former. Il émet le souhait de recevoir les bites qu’elle peut récolter via WhatsApp ! Ils commencent alors ce pari coquin… Séduire des proies jusqu’à récolter les photos de leur membre et… le Graal : l’éjaculation filmée… Elle l’obtient plusieurs fois !
C’est tellement excitant de ressentir ce nouveau pouvoir ! Il lui demande s’il y a des homards dans la nasse… Elle rit tellement ! Grande complicité entre eux qui se mue à un moment donné en un jeu dangereux. En effet, elle a envie peu à peu de séduire ce Dom Juan inaccessible en devenant de plus en plus créative. Par des vidéos plus dingues les unes que les autres : des mini bandes-annonces de films revisitées par ses soins… Basic instinct, il était une fois dans l’Ouest, Psychose… Le gode, l’arme fatale ! Le tout auréolé d’un lâcher-prise total, d’une envie d’amuser, de faire bander, de surprendre surtout ! Déguisée, emperruquée, elle joue, elle sort de son corps et s’éclate ! La libération de sa libido passe par là. Chemin certes surprenant, mais c’est la voie qu’elle a besoin d’emprunter. Sa créativité exulte, elle retrouve sa folie douce et c’est ce qu’il y a de plus jouissif pour elle. Il souhaite désormais la voir s’empaler sur un gode ventouse. Il lui offre. Elle le reçoit par courrier. Les cours commencent alors… Les questions sur la sodomie fusent : expliciter son ressenti. C’est tellement inattendu. Il lève tous ses tabous ! Prête pour affronter la gent masculine !
Elle le sent troublé par son côté impétueux, sans limite. Les enregistrements, notamment un, parlent de la tempête qu’elle est, de Fukushima… Elle se noie dans cette relation tout en sachant qu’il ne faut pas qu’elle tombe amoureuse de l’instructeur, du prof redoutable qui ne pourrait que la faire souffrir. Sa voix la transporte, la trouble, cela fait si longtemps qu’un homme ne lui a pas parlé ainsi.
Jusqu’au jour où il la libère de son emprise en lui proposant une partie à trois avec une autre femme. Elle refuse de façon très ferme et cela casse quelque chose en elle. Le sentiment naissant s’éclipse pour laisser un goût amer. C’est parfait, sans doute le fait-il consciemment. Ce soir-là, elle entre, comme un fait exprès, en contact avec celui qui allait devenir son amant dès le lendemain.
Quand Valmont l’apprend, il la menace de la « blacklister »… Jaloux sans doute un peu… Besoin de sentir son pouvoir exclusif sur elle. Ils maintiennent de loin en loin cette complicité joyeuse. Elle lui explique parfois ses plans galères et il traite ses congénères de connards ou d’idiots. Il est présent à sa façon dans sa vie. Une photo matinale de son cul et de sa rondelle le réjouit toujours. Cet homme la touche profondément par sa personnalité, son désir de ne pas aimer, de jouir uniquement. Elle l’associe au Jean-Pierre Marielle des Galettes de Pont-Aven : un esthète qui peut être ému par la rondeur d’un beau cul. Il aura toujours une place très particulière dans son corps et son cœur, car il a ouvert tous les chakras. Une femme libérée des tabous. Prête à donner et accueillir le plaisir. Complètement à l’aune de ses sens. Dans la vibration. Consciente de son pouvoir de séduction sur les hommes, il y aura toujours un peu de Merteuil en elle et de Valmont. Un jeu de « Liaisons dangereuses » finalement qui ne fait de mal à personne. Tout le monde y trouve son compte.
Elle ne remerciera jamais assez Valmont de l’avoir protégée de lui-même… Une vraie marque d’affection. Elle a décidé de le prendre ainsi. Pourtant, sa recherche est ailleurs. Le virtuel n’a qu’un temps.
Un grand amour si particulier
Stefan les avait invités dans son appartement pour une fête de professeurs stagiaires qu’ils étaient alors. L’atmosphère était chouette, détendue, propice à la fiesta. L’insouciance étant le maître mot de ce groupe d’amis. Ils avaient alors vingt-cinq ans, mais quinze dans leurs têtes ! Ils ont dansé, oubliant les échéances de leurs études : la dolce vita. Michel Delpech se mit à entonner « Pour un flirt » et c’est là que ses ennuis ont commencé. Elle était alors en couple avec Philippe, un homme doux et tendre. Il était absent ce soir-là. Son regard a croisé celui de Stefan et elle a su que leur relation changeait… Le cœur a été saisi d’une secousse intergalactique. Cet homme, avec lequel elle avait construit une complicité depuis cinq mois, venait de la faire chavirer. Les jours suivants, elle a perdu l’appétit. Elle a révélé son trouble à Philippe. Sept mois plus tard, elle emménageait avec Stefan, sans avoir couché avec lui, en sachant qu’avant elle il était en couple avec un homme.
Mais elle savait qu’elle allait vivre une sexualité hors norme, si différente de ce qu’elle avait vécu auparavant. Alors qu’ils étaient sur la plage, à rêver de leur future installation, il la teste en évoquant des soirées où il pourrait inviter de beaux pompiers pour la satisfaire. Son excitation se traduit aussitôt dans ses pieds qui s’agitent dans le sable. Elle veut vivre cela ! Lui, la regardera prendre son plaisir et veillera à sa sécurité.
Elle a vécu ces soirées-là. Un très beau souvenir. Doux, joyeux, sexy. Un vrai acte d’amour avec un amoureux qui pensait ne pas pouvoir la satisfaire. Lorsque ces hommes partaient, elle adorait se restaurer avec du gouda au cumin ! C’était sa petite cerise sur le gâteau ! Et elle se lovait dans les bras de son homme, heureuse, épanouie.
Peu à peu, ils ont réussi à prendre du plaisir ensemble. Il a pris confiance. Elle est tombée enceinte de Tom. Et plus jamais elle n’a voulu recevoir les beaux mâles. La maternité lui a enlevé ce désir d’aventures : elle ne pouvait plus. Leur sexualité est devenue plus banale, jusqu’à s’éteindre doucement. Elle n’a pas su recréer la magie originelle. Lui s’est enfermé dans un silence à ce sujet et elle, elle s’est contentée de la tendresse qu’il savait lui procurer. Une relation forte, sapiosexuelle, où le corps n’était plus le vecteur de plaisirs et de désir. À ne plus rien vivre, elle finit par oublier les sensations et la frustration s’éteint doucement. Peu à peu, comme un feu de cheminée qui se consume. À la fin, il ne reste que quelques braises.
Un soir de dépit, elle tombe sur un profil qui tout de suite l’interpelle. Des photos grimaçantes et un magnifique portrait en noir et blanc où elle soupçonne le beau ténébreux. Un brun échevelé, avec un regard vif et un peu moqueur. François, quarante-sept ans.
L’attrait physique est immédiat et la description lui plaît également, car il annonce qu’il a plein de défauts et qu’il recherche une nana drôle… C’est elle ! Elle se jette sur son clavier et lui écrit un message en croisant les doigts : elle a aussi plein de défauts, mais quand même une bonne dose d’humour. Peu de temps après, il lui répond en lui demandant ce qui l’a fait rire ce jour-là pour en comprendre le degré. Elle conte quelques anecdotes d’élèves. Elle ne pensait pas pouvoir séduire en évoquant ses petits poucets de quatre ans ! S’ensuit alors un dialogue relevé. Il lui dit qu’il est pilote d’hélicoptère, puis se rétracte deux secondes après pour lui dévoiler son boulot qui est moins drôle : ingénieur. Il la fait rire, elle craque déjà. Il a une certaine forme de timidité. Mais il se fait violence pour entrer dans un ping-pong verbal de la plus belle facture qui aboutit vite à l’échange de numéros pour continuer sur WhatsApp. Il lui annonce qu’il va dormir, elle lui dit OK qu’il va recevoir une photo pour faire de beaux rêves. Et hop, elle lui poste une photo de ses seins ! Bim bam boum ! Hue ! Elle l’a eu ! Bingo, il ne va pas dormir du tout ! Elle le surprend. Les sens sont en éveil, les esprits s’échauffent. Il lui envoie son visage qu’il dit fatigué. Elle le trouve canon et l’exprime. Sa main robuste, qu’elle aime tout de suite. Et puis le reportage photo commence… Elle lui dévoile son corps peu à peu et lui, ce qu’il a de plus précieux. C’est joli, car fait avec délicatesse. Ils entrent dans le détail de ce que sera leur première relation sexuelle. Ils ont chaud. Ils sont délicieusement bien et ils l’expriment. C’est de l’ordre du magique. Elle le sait, il se passe quelque chose.
Le lendemain après-midi, elle tourne une vidéo sensuelle où elle danse langoureusement pour le remercier de cette nuit enchantée. La petite robe noire fait son effet… Le soir même, alors qu’il est affalé, fatigué sur son canapé, il lui demande de venir le sucer. Elle résiste trois minutes, prétextant leur fatigue à tous les deux.
Et… elle saute dans sa petite robe, prend sa clé de voiture et zou la voilà partie avec un GPS déchargé et un vague itinéraire imprimé… Elle se perd et pour la première fois elle entend sa voix au téléphone qu’elle adore immédiatement… pour la guider. Échec ! Elle finit par se garer et elle attend le bel inconnu qui la rejoint à pied. Ils restent en contact par téléphone, elle rit de la situation. De la nervosité sans doute, mais aussi elle apprécie l’idée qu’il se déplace vers elle.
Elle a le cœur qui palpite… Va-t-il lui plaire ? Elle l’aperçoit qui arrive au loin, dans un long manteau noir, il s’approche… Oui ! Une belle émotion qu’elle tente de cacher derrière un sourire accueillant. Son cœur bat la chamade, elle réfrène son trouble. C’est bon, ils s’embrassent directement et il entre dans son carrosse vétuste de princesse en déroute, pour la guider. Son parfum est doux. Cinq minutes de voiture où elle l’observe du coin de l’œil, c’est délicieux comme une montée d’escalier… Elle se gare, il lui désigne au passage la rue de son futur appartement, car il déménage dans trois jours. Ils prennent l’ascenseur… Elle se sent bien. Pas stressée. Ils entrent, les cartons sont bien rangés, ils vont dans sa cuisine où le rouge domine… Sa couleur préférée ! Elle voit des signes positifs partout ! Il lui propose une citronnade… Quelques minutes après, il saisit sa main pour l’attirer à lui… Et c’est parti pour un moment délicieux où baisers, caresses, frottements commencent à enivrer leurs corps.
Ça y est, elle a définitivement quitté son mari. Elle se laisse guider par cet homme qui brûle de désir autant qu’elle. Se retrouver contre un nouveau corps. Robuste et sécurisant. Le grand-huit démarre dans sa tête, dans ses sens. Elle se laisse emporter par le mouvement. Embrasser, saisir ces premiers baisers échangés, goûter cette nouvelle bouche. En fermant les yeux pour tout ressentir. Émotion intense de la première fois. Elle se trouve dans les bras musclés d’un homme qui la désire. Il l’entraîne vers son canapé. Ses mains puissantes et douces caressent son corps offert. La robe noire est explorée dessus, dessous. Elle se sent bien, conquise par ces doux préliminaires. Le désir est palpable : dans ses yeux, ses gestes, son sexe dur dans son pantalon noir. Il est pieds nus. Elle les caresse du regard. Elle se frotte contre lui. C’est sensuel, doux, animal. Ils poursuivent dans sa chambre. Elle se retrouve vite nue, elle qui est si à l’aise avec cela, en naturiste qu’elle est. C’est simple et naturel. Elle est prise alors par le plaisir, l’émotion, le rire, car il est très drôle ! À la fois fougueux et en même temps timide. Il lui plaît. Elle manque cruellement de confiance en elle, mais elle veut être la déesse de l’amour pour qu’il s’en souvienne… Capote ? Pas capote ? Elle est clean depuis des lustres, et pour cause. Lui aussi, visiblement. Ils jouent la confiance. Elle découvre son torse athlétique qui lui plaît aussitôt. Émotion qu’elle dissimule. Des bras musclés qui la sécurisent. Elle le trouve très beau. Tellement à son goût. Elle sourit : elle est une chanceuse ! Tellement surprise d’avoir le droit de vivre ce moment. Son intuition était la bonne ! Viril, tout en étant doux… Les corps nus se trouvent et se découvrent. Sa bouche savoure sa bite pour la première fois et elle ressent un plaisir immense à la sentir durcir encore au contact de sa langue. Elle espère intérieurement être à la hauteur. Son épée dressée ne met pas de temps à trouver son orifice. Whaou ! Sensation tellement bonne, mais surtout si émouvante. Un torrent d’émotions la submerge. Elle refait l’amour ! Un bel homme la pénètre ! Elle ne l’a pas forcé, alléluia ! Elle est revenue dans le monde des vivants. C’est vibratoire, c’est fort. Ça se passe au niveau des tripes. Son brun donne le rythme : un impétueux, un fougueux qui enfourche avec joie sa monture ! Ils font des pauses et parlent de leurs goûts musicaux : Bashung, le métal, Springsteen, Buckley. En se caressant, ils font connaissance peu à peu. Elle succombe intérieurement. Bouleversée par ce flot d’émotions. Sensation de revenir à l’essence même de sa chair. Et il finit par aller là où personne n’était passé avant lui. Elle hurle de douleur. Il se sent infiniment gêné. Elle dédramatise et ils continuent plus doucement ailleurs… elle jouit, il jouit, en s’excusant de jouir ! Et pourtant, quelle endurance !
Elle n’a pas envie de quitter cet appartement qu’elle ne reverra pas. Ils se rhabillent, elle comprend qu’il est temps pour elle de partir. Le recroisera-t-elle ? Il ne lui dit rien. Elle fait la fière. Ils s’embrassent. Il la raccompagne à la grille de sa résidence et elle s’éloigne sans se retourner. Heureuse d’avoir vécu cet instant, ce moment de lâcher-prise absolu. Enfin, elle a refait l’amour. Elle a repris le chemin du plaisir charnel. Elle est bouleversée par cette rencontre. Elle a retrouvé les sensations qu’elle éprouvait lors de ses soirées coquines.
Elle flotte au-dessus du sol, elle se sent femme, un peu honteuse de ne pas avoir été performante en tout… Un challenge pour la prochaine fois ! De retour chez elle, elle mange son fameux gouda au cumin : sa madeleine de Proust…
Elle le sait, sa vie sexuelle a vécu un tournant ce soir-là. Elle n’est plus la même. Elle a faim d’amour, de corps qui se mêlent, de caresses, de rires, de gémissements assumés… Elle veut baiser !
Les jours suivants, elle commence à vriller : une telle envie de le revoir qu’elle insiste trop, jusqu’à mettre en scène ses pieds maquillés qui discutent de leur rencontre. Cela l’amuse, mais elle le sent plus distant. Elle lui demande avec insistance s’ils vont se retrouver. Il ne le souhaite plus. Elle rattrape l’animal en explicitant son côté zèbre sensible et trop émotif. Il reste par curiosité. Mais l’échange reste virtuel. Pas de deuxième rendez-vous à l’horizon. Il prétexte souvent qu’il n’a pas la tête à cela.
Mais un jour, un autre Meetic man l’interpelle. Richard. Elle en fait part à François, car elle est troublée par ce nouvel homme. François lui répond de foncer.
Richard : un homme qui lui semble donc bien atypique par son profil. Son physique la touche, un brun ténébreux (encore !) et un texte où les contraires se côtoient. Chic ! Un original sans doute ! Elle lui écrit un message, comme on envoie une bouteille à la mer…
La nuit suivante, en pleine insomnie, elle consulte sa messagerie.
Il lui répond. Il est en ligne, ils commencent à discuter. Il est quatre heures du matin. Ils ne voient pas le temps passer. C’est vite intense, ils basculent sur WhatsApp. Il finit par lui téléphoner vers huit heures du matin. Elle se sent intimidée par cette voix grave. Il est sûr de lui, impressionnant par son charisme. Elle se sent gênée et mal à l’aise de sembler aussi débile, comparée à ce qu’elle peut paraître à l’écrit. Ils raccrochent vite et poursuivent donc par messages et l’intensité revient aussitôt. Elle est troublée. Honnête, elle en parle donc à François qui lui dit simplement de vivre l’expérience… Argh… Cruelle déception, son cœur se fendille.
Richard lui avoue qu’il est en pleins travaux de rénovation et qu’il a besoin de son avis éclairé pour la décoration de son appartement. Il lui envoie des photos, elle lui conseille le blanc avec quelques touches de couleur dans le mobilier. Il veut qu’elle vienne peindre avec lui, elle refuse, elle préférerait une balade romantique… Ils s’écrivent souvent et elle résiste, François étant dans sa tête et son cœur. Néanmoins, deux jours après le premier échange, il parvient à toucher sa sensibilité. Il l’entraîne par ses mots dans la volupté, l’instant présent. Il s’en fout de l’autre ténébreux, il lui dit de vivre, de vibrer… Il lui envoie deux chansons alors qu’elle est avec ses petits poucets… « I’m your man » de Léonard Cohen. Et « Je vous aime » de Jean Ferrat. Il la sidère. Elle résiste encore, mais est totalement enivrée.
Cet homme c’est comme un verre de trop, une douce volupté, un vertige qui la fait vaciller. Aurait-elle un cœur d’artichaut ? En quatre jours, elle dit oui. François lui a confié qu’il était en bad mood une fois encore… Bref, elle s’autorise à se lancer dans une rencontre.