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Nager c'est se frayer un chemin, meme dans les profondeurs. Nager c'est respirer au coeur des tempetes, avancer au creux de la vague. A force d'espoir, Les echecs se transforment en reussites, Les reves deviennent realite, Les sourires effacent les larmes. A force d'espoir, Le soleil finit toujours par revenir.
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Seitenzahl: 90
Veröffentlichungsjahr: 2023
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DE LA MÊME AUTRICE :
Mon cœur mis à nu, 2021
Mon âme mise à nu, 2022
« Il y a plusieurs façons de se jeter à l’eau : plonger, tomber, se débattre. Je me jette à l’eau des phrases comme on crie, comme on a peur ; ainsi tout commence… »
- Aragon
À tous les nageurs, Et à ceux qui tentent de survivre face aux vagues.
À tous les sportifs, Et à ceux qui s’essoufflent face aux tempêtes.
Préface
Mon parcours jusqu’à aujourd’hui
1 er août 2022
2 août 2022
9 août 2022
13 août 2022
5 septembre 2022
8 septembre 2022
9 septembre 2022
16 septembre 2022
23 septembre 2022
Une semaine type d’entraînements, dans ma peau
26 septembre 2022
7 octobre 2022
24 octobre 2022
27 octobre 2022
31 octobre 2022
03 novembre 2022
9 novembre 2022
12 novembre 2022
15 novembre 2022
21 novembre 2022
22 novembre 2022
26 novembre 2022
7 décembre 2022
10 décembre 2022
11 décembre 2022
Liste de mes envies
15 décembre 2022
23 décembre 2022
Liste de mes résolutions pour 2023
29 décembre 2022
31 décembre 2022
Reprise
4 janvier 2023
5 janvier 2023
8 janvier 2023
10 janvier 2023
11 janvier 2023
12 janvier 2023
Séance de sprint
18 janvier 2023
19 janvier 2023
Épuisement, nom masculin
08 février 2023
10 février 2023
17 février 2023
24 février 2023
24 février 2023
11 mars 2023
16 mars 2023
17 mars 2023
18 et 19 mars 2023
23 mars 2023
24 mars 2023
7 avril 2023
21 avril 2023
8 mai 2023
11 mai 2023
26, 27 et 28 mai 2023
29 mai 2023
27 juin 2023
Dictionnaire de À force d’espoir
J’ai toujours préféré l’eau à la terre ferme. J’ai appris à nager comme pour apprendre à (sur)vivre.
Ce livre est le journal intime d’une sportive acharnée. Le témoin des hauts et des bas d’un effort incessant. La preuve que pour avancer, il faut parfois savoir reculer, tomber, pleurer, douter, angoisser.
Il est le témoin de pensées plus ou moins éphémères, plus ou moins douloureuses.
Il est des apnées ponctuées par de rares respirations. Il est le soleil d’été qui succède à des nuits glaciales.
Lorsque j’ai débuté l’écriture de cet ouvrage, je ne pensais pas qu’il serait une réelle thérapie. Et pourtant ! Ce document Word a été mon défouloir, ma remise en question constante pour cheminer au mieux. J’ai commencé ce livre en pensant que cette saison sportive serait spéciale et qu’il fallait que j’en garde une trace quelque part. Je ne m’étais pas trompée…
Quand je ne voulais plus nager, j’écrivais. Et petit à petit, comme par magie, l’envie de nager ressuscitait.
Ce livre est donc à l’image de mon esprit : désordonné, chaotique, mouvementé. Ce livre est le reflet pur de l’année qui vient de s’écouler : des montagnes russes qui font pleurer et rire.
Ce livre est un éloge du sport, un tableau de la beauté de la vie.
Ce livre est pour moi, pour me rappeler le chemin parcouru, les épreuves traversées. Mais il est aussi pour les autres, pour leur insuffler force et espoir, pour prouver que la chute n’est pas une fin en soi.
Ces quelques pages sont un amas de questionnements parfois sans réponse.
Comment marcher droit et continuer d’avancer
quand on est dépourvu de jambes ?
Comment vivre pleinement, quand on m’a amputé
d’une partie de moi-même dès la naissance ?
Comment accepter la douleur, ou tout du moins la
tolérer ?
Comment dire l’indicible ?
Comment décrire au mieux la réalité qu’est le
handicap ?
Comment reprendre son souffle après des années
d’épuisement ?
Comment préserver la passion du sport quand celui-
ci nous assomme de fatigue ?
Comment se reconnecter à soi après s’être oubliée ?
J’ai appris à nager peut-être plus facilement que j’ai appris à marcher. J’ai toujours été plus à l’aise dans l’eau que sur la terre ferme.
Il faut dire qu’en étant amputée des deux jambes, il n’est pas toujours simple de courir, de marcher, ou tout simplement de tenir debout.
La piscine, c’est mon élément, ma deuxième maison, peut-être même la première.
C’est au bord des bassins que j’ai compris que le handicap n’en est peut-être pas réellement un. C’est dans l’eau que j’ai réalisé que le sport pouvait être ma thérapie, mon identité, ma force, mon bonheur.
C’est dans le chlore que j’ai appris que la vie valait la peine d’être vécue.
Pour mes premières brasses, j’étais minuscule, apeurée, tétanisée. Puis j’ai gagné en confiance. J’ai nagé vingt-cinq mètres, puis cent, puis cinq-cents. Aujourd’hui, je nage trois kilomètres cinq par jour. Cinq ou six fois par semaine.
J’ai nagé dans des petits clubs. Dans ma ville d’origine, puis près de mon lycée. Au tout début, les gens me regardaient d’un air ahuri, ils me détaillaient en long en large et en travers. Puis ils se sont habitués à ma présence. Ils me voyaient régulièrement, alors au fil du temps, ils ont oublié un peu mon handicap. Ils ont compris. Ils m’ont souri. Le regard des autres sur moi a changé grâce au sport, transformant peu à peu mon propre regard sur mon corps anormal.
Puis, j’ai découvert le milieu du handisport. Un univers à part, qui a le don de faire oublier tout le reste. Un monde qui est devenu mon monde très rapidement. J’ai rencontré des gens bancals comme moi, qui m’ont aidée à accepter mes imperfections, à me focaliser sur mes possibilités, à ne retenir que les éclats de rire.
Il y a six ans, j’ai débarqué dans une grande ville, et par conséquent dans un gros club. Je suis redevenue minuscule. Je suis redevenue cette fille que personne ne connaît, qu’ils dévisagent tous. Je suis repartie de zéro. Tout était à reconstruire.
Je me suis battue, j’ai souffert souvent, mais j’ai fini par trouver ma place. Je suis fière d’avoir tenu bon. Malgré les hauts et les bas. Malgré les baisses d’envie. Malgré les crises de larmes.
Pourtant, j’ai bien failli exploser en plein vol. C’était trop. Trop dur. Trop long. Ma saison 2018-2019 a été la plus éprouvante, mais aussi celle où j’ai été la plus performante. Cette année-là, j’ai battu un record de France que je visais depuis des années. Mais j’ai fini la saison lessivée. Je pleurais régulièrement sur les compétitions. J’ai pensé tout arrêter. Souvent. Trop souvent.
J’ai malgré tout repris le chemin des entraînements quelques mois plus tard, en septembre. Mais j’avais la conviction que je ne ferai pas de compétition. Mes études me prenaient trop de temps, je ne pouvais pas m’entraîner suffisamment.
Puis le covid est arrivé. J’en ai profité pour m’éloigner des bassins. En me faisant violence, au début. Puis de mon plein gré. Les piscines ont rouvert mais je n’y suis pas retournée. J’avais besoin de temps. Je pensais que c’était mieux pour moi de faire une pause.
J’avais tort, mais je ne l’ai pas compris tout de suite.
J’étais à bout de nerfs, en permanence. Ça a duré un an. Un an sans nager. Quand j’y repense, ça me semble impossible.
J’ai mis un an à réaliser que mon bonheur ne pouvait éclore sans être nourri par les piscines et le chlore.
En résumé, j’ai battu des records de France, j’ai remporté des médailles, j’ai gagné des titres. Mais me voilà repartie pour une nouvelle saison, à la conquête de nouvelles victoires et de nouveaux sourires. Pleine d’envie. Pleine de vie.
Après quelques semaines de repos, je retrouve le chemin des bassins. J’ai voulu me couper de l’eau chlorée pour alimenter l’envie, décupler la passion. J’ai vite compris qu’elles étaient déjà là, plus présentes que jamais.
Une nouvelle saison débute.
Un nouveau chapitre s’annonce.
Un nouveau livre reste à écrire.
(Re)naître
Cela fait à peine deux jours que j’ai repris les entraînements, et déjà, je me bats contre la douleur. Seulement deux jours, et je redoute la blessure.
Comme une boxeuse débutante,
Je ne sais pas parer les coups,
Je suis sonnée,
Je titube,
À deux coups de bras
De la noyade.
Il arrive qu’une idée folle se transforme en éclair de génie. Sur un coup de tête, je décide, seule, de changer radicalement ma technique de nage en brasse. Je respire deux fois moins, dans l’espoir, peut-être, d’aller deux fois plus vite.
Trois heures d’entraînement plus tard, mon choix semble payer. Deux records à l’entraînement, en une seule journée, ça n’arrive jamais. Et pourtant…
Les douleurs, bien présentes, ne font pas le poids aujourd’hui.
Alors même si quelquefois (trop souvent), mon corps craque, au sens propre comme au sens figuré, mon mental prendra le relais, en bon sportif qu’il est. Je l’ai suffisamment entraîné. Il peut être mon pire ennemi, mais cette année, je m’en fais la promesse, il sera mon meilleur allié.
Parfois les doutes s’infiltrent par tous les pores de
mon âme.
Ils se répandent,
Violemment,
Rapidement,
Bruyamment.
Parfois l’eau résiste malgré ma volonté,
Les murs qui m’emprisonnent semblent trop épais
pour être brisés,
Les montagnes paraissent hors de portée.
Hier, à cette heure-là, j’étais allongée sur la table de l’ostéopathe.
Aujourd’hui est donc un jour de repos.
Mon corps ressemble à un puzzle désassemblé,
À une marionnette usée,
À un pantin abîmé.
Chacun de mes membres grince, comme une porte trop lourde et trop vieille.
J’ai souvent peur que mon corps me lâche, quand moi je fais tout pour tenir.
Tenir coute que coute.
À l’entraînement, j’ai toujours nagé avec des personnes valides, cette année ne fait donc pas exception à la règle.
Valides : Personnes ayant tous leurs membres, humains sans défaut de fabrication. Nageurs pouvant se reposer sur leurs jambes quand leurs bras fatiguent, et inversement. Sportifs pouvant plonger et sortir de leur coulée à plus de quinze mètres sans trop de difficulté. . En somme, des êtres normaux, des sportifs complets, moins fatigables et par conséquent moins fatigués.
Tout ce que je n’ai jamais été, tout ce que je ne suis pas, et tout ce que je ne serai jamais.
Je nage donc avec des valides, pour le meilleur et pour le pire.
Le pire, c’est dans ma tête.
C’est cette folle impression de ne pas être à la hauteur, cette peur d’avoir toujours un train de retard voire une gare toute entière.
Ne pas être à la hauteur. Mais de qui ? De quoi ?
Ne pas être à la hauteur.