Mon coeur mis à nu - Laura Mahieu - E-Book

Mon coeur mis à nu E-Book

Laura Mahieu

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Beschreibung

Rendre visible l'invisible, Immortaliser des émotions, Capturer des souvenirs ; Voilà le pouvoir des mots, et je l'espère le pouvoir de mon livre. Mon coeur mis à nu, c'est une autobiographie avec des interludes poétiques. A travers ce livre, j'ai choisi de dire l'indicible, pour réparer ce qui me semblait autrefois irréparable. Mon coeur mis à nu, c'est de la sincérité, des douleurs rarement énoncées, des joies à partager. C'est un voyage au coeur du handicap et de l'amour. C'est une invitation à la tolérance, un hymne à la vie.

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Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Sommaire :

Préface

Chapitre 1 : Des pensées entremêlées

Chapitre 2 : Une naissance mortelle

Chapitre 3 : Des jambes toutes neuves

Chapitre 4 : Comme un dauphin dans l’eau

Chapitre 5 : Une rentrée, mais où est la sortie ?

Chapitre 6 : Toujours derrière, toujours dernière

Chapitre 7 : Changement brutal, un peu trop brutal…

Chapitre 8 : Une rencontre pour une nouvelle vie

Chapitre 9 : Juillet 2012

Chapitre 10 : Confessions

Chapitre 11 : Marcher jusqu’à la réussite

Chapitre 12 : Quand les mots tuent

Chapitre 13 : Acceptation

Chapitre 14 : Philippe Croizon

Chapitre 15 : Rencontre avec le bonheur

Chapitre 16 : Je me noie

Chapitre 17 : Toutes les bonnes choses ont une fin

Chapitre 18 : Parler sans retenue

Chapitre 19 : Des larmes de joie

Chapitre 20 : Confidences

Chapitre 21 : Coups de blues

Chapitre 22 : Troisième année de licence, à quand la fin ?

Chapitre 23 : Pas de moi sans eux

Chapitre 24 : J’aurais encore tant à écrire

Chapitre 25 : Point final

Remerciements

« Peut-être ai-je seulement besoin d’écrire.Ecrire pour me délester d’un poids, me délester de toi,Me délester du brouillard et de mes cauchemars,Me délester de mes larmes et de mes drames. »

Préface :

« L’écriture n’est qu’une drogue dissimulée derrière de belles tournures. »

Tant d’émotions ressenties, tant de lieux parcourus, tant de poids portés, tant de rires échangés. Voilà ce qui m’a poussé à écrire : l’envie de tout dire, sans retenue, sans exagération. Mais aussi et surtout l’envie de vider sur le papier ce que je ne parvenais pas à verbaliser.

J’ai commencé à aligner des mots, lorsque mon cœur se faisait trop lourd et que mon âme partait à la dérive. Je laissais mes doigts danser sur le clavier histoire que mon être embrasse le bonheur le temps d’un slow. Je m’enfermais dans ma bulle pour me connecter avec moi-même.

J’écrivais pour réinventer le monde, lorsque le mien me devenait trop hostile. J’additionnais les virgules pour mettre un point à mes idées noires. Je voulais écrire, écrire du matin au soir et du soir au matin. Écrire comme si mille écrivains sommeillaient en moi, comme si mille poètes me soufflaient leur inspiration débordante.

Il est vrai que j’ai toujours aimé nager, et les mots me permettent à leur façon de me noyer dans le rêve. J’écris mes peines de demain et mes sourires d’hier, ou bien mes peines d’hier et mes sourires de demain, je n’en sais trop rien.

C’est sûrement pour ça que je me suis lancée dans cette aventure folle : écrire mon histoire, celle qui m’a tranché le cœur plutôt cent fois qu’une mais surtout celle qui m’a élevée dix mètres au-dessus du sol.

Et même si parfois il m’est compliqué de ressasser le passé, de retourner en arrière pour décrire des émotions que j’aurais voulu oublier, je vais continuer. Je vais continuer dans l’espoir de banaliser la différence, de mettre en lumière le handicap qui trop souvent reste dans l’obscurité.

Il est parfois difficile de se comprendre mais c’est en écrivant le récit de ma courte existence que je me suis trouvée.

Je suis le tunnel et la lumière qui se trouve au bout,

Je suis le jour et la nuit,

Je suis les soupirs et les éclats de rire.

Je suis l’espoir et l’abandon,

Je suis le rêve et le cauchemar.

Je suis moi et mon opposé parfois.

Je te laisse donc nous découvrir mes pensées et moi, à travers ce journal pour le moins intime. Laisse-toi porter entre récits de vie et poésies. Laisse-toi guider entre espoir et détresse, entre rage et tendresse.

Chapitre 1 : Des pensées entremêlées

Ma vie n’est pas la plus belle ni la plus excitante, mais qu’importe. J’ai tant à écrire, tant de larmes à vider sur le papier, tant d’espoir à diffuser, de faits à relater, d’émotions à retranscrire.

Je suis une gamine bancale qui cherche une certaine stabilité sur le fil de sa vie, et crois-moi, plus d’une fois j’ai menacé de tomber dans le vide.

Je suis là pour te narrer mes chutes, mes sentiments en vrac, et la Vie, la vraie, celle que j’aime après l’avoir tant haïe, après avoir voulu la quitter, au premier virage, au premier naufrage.

Il fait beau ce matin. De nouveau, le soleil est présent, la pluie ne pénètre plus en mon cœur, noyant toute mon allégresse. J’ai connu les tempêtes, les ouragans, les tremblements de terre ; mais aujourd’hui enfin, la météo semble être un tant soit peu plus clémente avec ma personne.

A travers ce court récit, je veux te dire que handicap ne rimera jamais avec faiblesse, que maladie rime malgré tout avec vie. Je veux que tu ranges ta pitié dans le fond d’un tiroir, que tu abandonnes ton incompréhension sur la table de chevet, que tu poignardes tes préjugés. Je veux que tu comprennes que même privé de nos yeux, nous pouvons savourer les merveilles de la vie. Je veux que tu saches que sans jambe, il est possible d’escalader l’Everest ou même l’Himalaya.

Et pour cause, j’ai franchi ces sommets qui me semblaient insurmontables, après avoir maintes fois dévalé la pente. Pourtant, les médecins avaient prédit le pire pour moi. Tout le monde craignait pour mon avenir.

Je suis la preuve vivante que l’impossible n’existe que dans nos têtes.

Venons-en au début, là où tout a commencé, là où tout a déraillé, pourrais-je dire.

Nous sommes le vingt octobre mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, en pleine nuit. Je viens enfin au monde, après neuf mois à attendre dans l’obscurité. Ça aurait dû être la fête, un jour mémorable pour mes géniteurs. Mais non, le scénario vire au cauchemar. Je suis le boulet de canon qui fait valser les illusions de mes pauvres parents.

 

Je voudrais parler du handicap,

Mais surtout de ceux qui vivent malgré lui.

De ceux qui rasent les murs,

Craignant de nouvelles blessures.

De ceux qui sont parfois invisibles,

Et se perdent dans la foule.

Le handicap,

C’est une tâche d’encre qui ne part pas au lavage,

Une ombre dont on ne peut se défaire.

Le handicap,

C’est un poids qui fait courber le dos,

Une plaie qui ne cesse jamais de saigner.

Je suis de ceux qui oscillent entre la lumière et les ténèbres,

De ceux qui chavirent entre rires et larmes.

Je suis de ceux qui se battent contre le handicap,

Qui gagnent un jour,

Et qui finissent K.O le lendemain.

Je suis de ceux qui n’abandonnent jamais.

Chapitre 2 : Une naissance mortelle

Les médecins s’affolent dans les couloirs, alors que ma mère tente fièrement de ravaler ses larmes. Le verdict tombe, comme un couperet bien trop aiguisé : « Votre fille ne marchera jamais. » En une fraction de seconde, le semblant d’espoir qui restait à mes parents vient de voler en éclats. Pendant des mois, les médecins avaient affirmé que j’avais les pieds bots, qu’importe si cette malformation est loin d’être splendide. Ils tentaient vainement d’adoucir la difficulté de la situation, mentant effrontément à mes pauvres parents. Ils s’acharnaient, essayant tant bien que mal de réparer l’irréparable. Durant d’éternelles semaines, ils m’avaient obligé à porter des attelles aux jambes, puis des poids. Après dix mois d’illusions, de mensonges, la situation commence à s’éclaircir ne serait-ce qu’un peu : « Votre fille est atteinte d’agénésie tibiale. Il faut prendre une décision au plus vite. » Des mots balancés comme ça, violemment, sans prendre de gants. Un homme un peu aigri par les années, qui se fiche bien de blesser mes parents déjà au plus bas.

Agénésie… un mot peu courant dans le monde des valides. Pourtant, ce mot allait résonner dans leur tête pour un bon moment.

Agénésie : absence de ; dans mon cas, absence de tibias. Des jambes sans tibia, c’est un peu comme un visage sans bouche, un arbre sans tronc, un ordinateur sans clavier, un arc-en-ciel sans couleur : ce n’est pas opérationnel, presque bon à jeter dans la première poubelle venue.

Mais une question persiste, comment choisir entre amputation et opérations qui peut-être n’aboutiront à rien ? Il aurait fallu me voir, un véritable massacre, une mauvaise blague. Des pieds ballants, des jambes dépourvues d’articulations. Un genre de pantin désarticulé, une marionnette usée alors qu’elle venait à peine d’être créée. Je n’ose imaginer les pensées qui traversent l’esprit de mes parents, comme si le ciel leur tombait sur la tête et que le sol se dérobait sous leurs pieds, ne leur laissant aucune chance d’en sortir indemnes.

Enchaînant les coups de téléphone dans l’espoir de trouver un soupçon de soutien, aucune solution ne leur semble un tant soit peu acceptable. Pourquoi eux ? Eux qui ont toujours suivi le bon chemin, sans faire d’excès, ne demandant rien à personne. Eux qui ont eu un fils sans encombre, un enfant normal, qui a appris à marcher comme un gamin digne de ce nom. Les voilà désormais plongés dans la différence, dans le handicap, celui qu’ils ne connaissent pas, celui dont ils ne se sont jamais préoccupés, parce que ce n’étaient pas à eux, c’était toujours aux autres à qui ça arrivait. Maintenant, que faire ? Faire demi-tour est impossible, il faut faire face, ne pas se laisser emporter par les flots alors qu’on a déjà la tête sous l’eau et le corps qui part à la dérive.

Les questions affluent, mais le temps est compté, il faut choisir, emprunter un chemin, dans le risque de faire fausse route et de s’en mordre les doigts jusqu’à la mort. Il faut se décider, se décider… A eux de se prononcer, alors que c’est de ma vie dont il s’agit. Leur cœur bat à tout rompre, même s’il est en lambeaux. Pourvu qu’il tienne le choc, rien qu’un peu. Après tout, cette situation finira bien par s’éclaircir un jour ou l’autre, chaque tunnel a son issue de secours, chaque ténèbres finit par retrouver son halo de lumière. Mais aujourd’hui, l’orage gronde et ne semble pas vouloir s’arrêter de sitôt. Aujourd’hui, l’espoir a pris ses jambes à son cou pour fuir on ne sait trop où, et la peur qu’il ne revienne jamais est omniprésente.

Après un jour semblable à une nuit glaciale, après des jours à ne pas fermer les paupières, après des discussions entrecoupées de sanglots, après avoir prévenu la famille qui tombait des nues ; il faut retrouver le médecin qui attend leur verdict pour pouvoir enfin passer à l’action et sauver ce qu’il y a à sauver.

« Il faut amputer. » Les voix de mes parents se sont fait entendre, leurs mots ont claqué dans l’air comme un coup de revolver qui assassine toutes leurs incertitudes. Il faut amputer, ont-ils dit, couper le mal à la racine, le jeter à la poubelle et avancer, avancer coûte que coûte, avancer en dépit des chutes à venir. Le médecin acquiesce et se met à l’œuvre, pour tenter de rattraper le tableau de ma vie, déjà bien trop sombre.

Tout s’accélère. Les coups de téléphone en urgence, comme si mes jours étaient comptés. Les allers-retours de mes parents dans la salle d’attente, se rongeant les ongles à sang. Quelques jours plus tard, jours d’angoisse, de cauchemars, de cris étouffés, de prières inavouées ; l’opération est possible. On m’a coupé les jambes, c’est assez clair dit comme ça, non ? On m’a ôté ce truc défectueux au bout de mon minuscule corps. On m’a privé d’un bout de moi dans l’espoir d’embellir ma vie. Beau paradoxe, je trouve !

Moi je ne suis qu’un nourrisson qui n’y comprends rien. Je me contente de pleurer, sans me douter le moins du monde qu’au fil des années, je devrais accepter un handicap qui me fera tomber plus d’une fois. Parce que comment voulez-vous apprendre à marcher convenablement, dans des conditions comme celles-ci ? Comment voulez-vous tenir debout sur vos jambes, si on vous en a privé ?

Voilà ma naissance chaotique, mon arrivée dans cet univers, un genre de fin du monde à petite échelle. Désormais, il va me falloir évoluer comme les autres, même si je ne serai jamais semblable à tous ceux qui m’entourent. Je ne serai jamais de ceux qui courent après leurs camarades dans la cour de récréation, qui jouent à la marelle avec facilité, qui apprennent à faire du vélo devant leurs parents émerveillés. Il va me falloir cultiver ma différence pour en faire une force. Mais moi, à moins d’un an, je ne suis pas très bonne jardinière.

Que l’on soit d’accord, mon défaut n’a pas été éradiqué, il a seulement été remplacé par un autre. Par conséquent, la sortie semble encore lointaine pour ceux qui acceptent de m’accompagner dans ce labyrinthe infernal.

 

Amputation,

moignons,

prothèses,

agénésie.

Triste vocabulaire,

Pour un bébé sans repère.

Triste scénario,

Pour une famille qui a vu mourir ses idéaux.

Triste avenir,