Au fil du temps (vol. II) - Hervé Ponsot - E-Book

Au fil du temps (vol. II) E-Book

Hervé Ponsot

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Beschreibung

26 billets toujours actuels sur des thèmes divers (spiritualité, bible, société, accueil de la fragilité, éthique, religions...). Publiés sur le blog Proveritate (proveritate.fr), de mars 2017 à mars 2018, et révisés pour cette édition.

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Seitenzahl: 87

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Table des matières

Introduction

Le péché du monde

Une eau qui ne tarit pas !

Parler pour ne rien dire

Fiabilité de l’information

La vieille dame et la commerçante

Guillaume, pour son premier anniversaire

Faut-il faire des lentilles tout un plat ?

Prométhée est-il l’avenir de l’homme ?

La joie au cœur de l’épreuve

La place de Messie est déjà prise

L’apparence, un appât… rance !

Si les hommes étaient enceints !

Islamophobie, cathophobie et autres phobies

Par la parole et par l’exemple

Vous êtes au Christ, et non à César

La mort, l’inconsidérée de nos vies

L’antijudaïsme, détestation ou fascination ?

La

Disputatio

, ou l’art du débat

Bergers, où en est la nuit ?

Devenez prophète !

Garder la mémoire du passé

Renversante charité !

Les anges à notre secours

Créer l’événement ou écrire l’histoire

Le mensonge offre un boulevard au Mal

Différent, et alors ?

Table des matières

Introduction

En janvier 2022, je faisais paraître chez BoD un recueil d’articles parus sur mon blog Proveritate jusqu’en 2016 (avec une exception, le dernier qui annonçait un volume II), sous le titre très alambiqué de « Le pensable et l’impensable (vol. I) ».

Nous voici en 2023, et le nombre d’articles du blog a sérieusement augmenté. Et un très grand nombre d’entre eux me semble, tant pis si cela paraît prétentieux, garder toute leur pertinence. Je vous propose donc le volume II, sous un titre plus sympathique : « Au fil du temps (vol. II) ». Il comprend 26 articles.

Pourquoi reprendre ces articles, toujours lisibles sur mon blog ? Pas seulement en raison de leur actualité persistante, mais parce que l’expérience de n’importe quel internaute est que ce qui est publié en ligne disparaît très vite dans le fond de l’outil informatique utilisé.

Le livre constitue une bien meilleure mémoire, même s’il finit dans les rayons d’une bibliothèque. Celui-ci intègre des billets publiés entre mars 2017 et mars 2018. Mon blog comportant des articles écrits encore tout récemment en 2023, il faudra nécessairement un jour un volume III, ou même IV.

En attendant, voilà déjà le deuxième recueil qui ne devrait pas vous décevoir.

Le péché du monde

14 mars 2017

Tous les confesseurs en font au moins une fois, et souvent beaucoup plus, l’expérience : voici un pénitent qui annonce d’emblée « mon père, je ne fais pas de gros péchés et, à vrai dire, je n’en vois pas beaucoup que je puisse accuser ». Une de mes réponses est alors la suivante : « Quelle lumière avez-vous braqué sur votre vie ? Une lampe de poche ou un projecteur de 1000 watts ? Dans le premier cas, vous ne verrez rien du tout, dans le deuxième, vous allez découvrir des tas de poussières, ou de salissures, que vous n’auriez pas vues autrement. Braquez donc, avec l’évangile et dans la prière, la lumière du Christ sur vous, non celle de votre modeste entendement » …

Je ne renie pas cette réponse, qui « éclaire » souvent le pénitent. Mais au mieux, elle lui montrera ses propres péchés, et laissera dans l’ombre tout le « péché du monde », celui-là que porte Jésus selon l’évangile de Jean : « Voici l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde » (Jn 1,29). Et quand l’apôtre Pierre nous dit : « c’était nos péchés qu’il portait lui-même en son corps » (1 P 2,24 ; cf. Is 53,12), il parle lui aussi du péché du monde car, pour le dire avec saint Augustin, Jésus n’est pas cloué sur la croix pour ses propres péchés, pour le coup vraiment inexistants, mais pour ceux du « Christ total », du corps tout entier.

Dès lors, si nous voulons vraiment suivre le Christ, il nous faut arriver à reconnaître que le péché n’est pas seulement notre péché personnel, mais aussi le péché d’un Corps entier dont nous sommes les membres solidaires.

Solidaires peut-être, me dira-t-on, mais pas responsables : qu’ai-je à voir avec les exactions de Daesh ou les turpitudes de mes voisins ? Très heureusement rien directement, dans la plupart des cas, mais indirectement, la réalité pourrait être différente : ai-je pris le temps de m’informer, et d’agir à mon niveau, ai-je pris le temps de la prière pour les malheureux massacrés ou pour la conversion des bourreaux ? Ou bien encore, n’ai-je pas, par mon péché personnel, contribué au développement du péché du monde, en donnant le plus mauvais des exemples ?

Lorsqu’on lit la vie des grands saints, un fait m’a toujours frappé : ils ne se croient jamais purs de tout péché. Au contraire, alors qu’ils progressent en sainteté, ils s’estiment de plus en plus pécheurs… En fait, ils se rapprochent de la lumière du Christ, et du Christ lui-même auquel ils sont de mieux en mieux configurés et, avec lui, ils portent moins leurs péchés que celui du monde qui s’affiche en pleine lumière : comment alors pourraient-ils donc se sentir indemnes de tout péché ?

Allons-nous devoir, en ce temps de Carême, gratter en nous et autour de nous pour faire apparaître ce péché qui, trop souvent, nous échappe ? En aucun cas. J’ai parlé d’une lumière qui éclaire pour bien marquer que cette conscience du péché n’est pas d’abord notre œuvre, mais celle du Christ par son Esprit : c’est en nous rapprochant de Jésus, en vivant pleinement de sa vie que ce qui atteint son cœur atteindra aussi le nôtre. Sa prière deviendra notre prière : nous n’aurons à en chercher ni les intentions, ni les mots, ils nous seront donnés.

Une eau qui ne tarit pas !

20 mars 2017 (prédication)

A propos d'Ex 17 et de l'évangile de la Samaritaine, en Jn 4

Mes sœurs, chers amis, pour avoir vécu plusieurs années en Terre Sainte, je sais que l’eau y est un enjeu crucial, un bien commun de plus en plus rare et très injustement partagé. Un ami travaillant à l’agence du bassin de Midi-Pyrénées me disait un jour : les guerres d’aujourd’hui sont souvent déjà, ou seront de plus en plus, des guerres de l’eau. Je l’ai vu au Moyen-Orient, et je lisais récemment une dépêche parlant de la guerre de l’eau au Kenya, dans la vallée du Rift…

Il faut donc partager l’eau. Mais me direz-vous, là n’est pas le sujet puisque l’évangile de la Samaritaine s’intéresse moins à cette eau que l’on trouve dans un puits qu’à celle, toute spirituelle, que propose Jésus. C’est cette eau-là qu’elle a voulu partager, et elle n’a pas hésité pour cela à laisser sa cruche au puits pour retourner à son village annoncer la bonne nouvelle de celui qui lui a dit tout ce qu’elle avait fait et qui serait peut-être le Christ ? Oui, c’est vrai, la soif physique et la soif spirituelle sont deux choses différentes, mais elles entretiennent pourtant un vrai rapport.

En premier lieu, faut-il le rappeler, parce que celui qui a vraiment soif, comme celui qui a vraiment faim, n’aura de cesse de satisfaire sa soif et sa faim, avant de pouvoir écouter de pieuses paroles sur la soif spirituelle : si la Samaritaine a pu écouter Jésus, et si Jésus a pu l’entretenir longuement de la soif spirituelle, alors qu’il faisait très chaud, c’est parce qu’elle ne souffrait pas d’une soif physique. Mais l’on peut penser que Jésus aurait eu à son égard une attitude et un discours bien différents si cette Samaritaine l’avait rejoint en mourant de soif. Il serait indécent d’aller tenir des discours pieux à des gens en manque physique, et Dieu sait qu’il y en a aujourd’hui, sans chercher les moyens de les accueillir, de les vêtir, de les désaltérer, de les nourrir : l’économie du partage, un des enjeux du Carême, est aussi un des éléments de la recherche du bien commun.

Et tel est précisément le deuxième lien entre soif physique et soif spirituelle, à savoir que, pour l’une comme pour l’autre, l’économie du partage doit se traduire dans les faits. Si nous avons de l’eau en abondance, quelle que soit sa nature, physique ou spirituelle, ce n’est pas pour notre seule satisfaction personnelle, c’est pour en faire profiter ceux qui en ont besoin : comme le fait la Samaritaine sur la fin de notre évangile. Venez voir, dit-elle à ses amis, et plus encore, venez boire de cette eau vive !

Cette exigence du partage prend un accent particulier en Carême, elle doit le rester dans le temps ordinaire. Un tel partage n’est jamais facile, pour une raison très banale : l’homme est un être fini, qui a toujours peur de manquer ; et ce qui est donné aux autres lui paraîtra toujours renforcer ce manque. C’est vrai au plan matériel, c’est vrai aussi au plan spirituel. Mais là où l’homme se trompe, c’est en pensant qu’il doit donc garder pour lui ce qu’il a et en faire des réserves : ce qui est gardé de la sorte pourrit ou s’épuise beaucoup plus vite que l’on ne pense. En réalité, comme me le confiait un jour une amie en des termes très simples, « si tu veux que tes mains se remplissent, il faut d’abord qu’elles soient vides ».

Mais qui peut donc les remplir régulièrement, et de manière durable, sinon notre Seigneur ? Jésus vient de nous parler d’une « eau jaillissant en vie éternelle » : non pas d’un lac plus ou moins statique, mais d’un jaillissement et donc d’un renouvellement constant. Comment ne pas penser à cette mesure secouée, tassée, débordante, dont il est question ailleurs dans l’évangile ? Et dont nous avons un exemple dans l’Ancien Testament avec cette veuve de Sarepta qui offre au prophète Elie ce qui lui reste de sa jarre de farine et de sa cruche d’huile : jarre et cruche se remplissent au moment même où elles se vident, dans le partage.

Telle est la caractéristique du don de Dieu, il ne s’épuise jamais, parce que Dieu lui-même jamais ne s’épuise. Nous sommes donc invités au partage au risque de n’avoir plus rien pour nous : n’ayons pas peur, faisons confiance au Seigneur pour que nos jarres, nos cruches et nos mains se remplissent au fur et à mesure qu’elles se videront.

Parler pour ne rien dire

27 mars 2017

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