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Dans un monde où la force et la violence règnent en maîtres, il peut paraître insensé d'attribuer une quelconque puissance à la fragilité. Mais un parcours biblique comme celui qui est proposé ici montre clairement que nos fragilités sont le lieu de la manifestation et du soutien de Dieu. Avec un peu de distance dans l'espace et dans le temps, on comprend alors que nul n'est jamais plus fort que celui qui s'offre au Seigneur dans ses fragilités mêmes. L'histoire de l'Eglise, celle de ses saints, celle des faibles d'aujourd'hui, n'ont cessé de le montrer, et le montrent encore.
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Seitenzahl: 61
Veröffentlichungsjahr: 2021
Nihil Obstat
Jean-Michel MALDAME, o.p.
Thomas de GABORY, o.p.
Imprimi Potest
Toulouse le 12 avril 2021
Olivier de SAINT-MARTIN, o.p.
Prieur provincial
« La tradition latine et sa postérité européenne ne cessent de mettre en évidence la fragilité de l’homme comme ce qu’il s’efforce le plus souvent de se cacher à lui-même et d’enfouir sous l’oubli, alors même qu’elle forme une dimension essentielle de sa condition ».
Jean-Louis Chrétien, Fragilité, ch. 6, « La lutte contre l’oubli de la condition humaine », Éditions de Minuit, Paris, 2017.
Merci à tous mes frères et amis qui, au fil de ma vie et particulièrement ces dernières années (voir mon ouvrage « Je suis né plusieurs fois dans ma vie », BoD, Paris, 2020), m’ont fait redécouvrir la grandeur et la fragilité de l’être humain, ainsi que la justesse de la parole de l’apôtre saint Paul :
« C'est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière » (2 Co 12,9)
En paraphrasant le verbe grec qui se trouve derrière l’expression « se montre tout entière », qui évoque une idée d’achèvement et de plénitude, je commenterais ainsi :
« La force donne toute sa mesure, et le meilleur d’elle-même, dans la faiblesse. Ainsi en est-il de la puissance dans la fragilité »
Introduction
La fragilité des corps
La fragilité de la naissance
Points
Contrepoints
La fragilité de l’âge « adulte »
Points
Contrepoints
La fragilité du cœur
Points
Contrepoints
La fragilité de la santé
Points
Contrepoints
La fragilité des richesses
Points
Contrepoints
La fragilité des constructions humaines
Points
Contrepoints
Puissance de la fragilité
La pandémie mondiale générée par le Covid a rappelé à tous ceux qui l’auraient oublié qu’au-delà de tous les progrès technologiques de notre temps, subsistait la fragilité fondamentale de l’être humain et de ses entreprises. Certes, ce n’est pas la première, ni sans doute la dernière des crises qui ont affecté ou affecteront nos sociétés, mais elle est pour beaucoup inattendue, durable et violente. Pour les personnes, pour l’économie, pour nos sociétés en général. Nous sommes décidément très loin en France des « Trente Glorieuses », et il paraît douteux qu’on puisse retrouver une période économique de ce type dans les temps à venir.
Force et fragilité sont sans cesse présentes sous différents modes dans notre monde, et dans d’innombrables figures bibliques qui méritent d’être évoquées. Quand il en est question, il ne s’agit pas d’écraser l’homme sous le poids de sa faiblesse, mais de montrer comment son éloignement de Dieu le fragilise quelle que soit sa force. Nous sommes dans la ligne que résumera le prophète Isaïe, en jouant sur le verbe ‘Aman, qui veut dire tout à la fois croire et tenir bon :
« Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas » (Is 7,9).
S’arrêter sur les multiples figures1 de la fragilité, m’a donc semblé un projet stimulant et éclairant. Il a déjà été plusieurs fois entrepris, de manière souvent exhaustive2, mais je propose ici une exposition beaucoup plus modeste centrée sur la Bible, qui mettra en parallèle, ou en opposition, quelques textes de l’Ancien Testament et d’autres du Nouveau Testament : points et contrepoints.
J’espère que les résultats conduiront les lecteurs de cet ouvrage à revenir sur ces textes, et à en aborder d’autres.
1 Par « figures », je sous-entends des situations et pas seulement des personnages.
2 Je pense en particulier à Jean-Louis Chrétien, Fragilité, Editions de Minuit, Paris, 2017.
Cette fragilité doit s’envisager à deux étapes : celle de la naissance, et celle de l’âge « adulte ». Avant d’envisager la seconde, je vais m’arrêter brièvement sur la première, souvent traitée par les philosophes, et présente aussi de manière éparse dans les textes bibliques : en voici quelques bribes.
Points
Le fait est assez connu, le livre de la Genèse, qui ouvre la Bible, nous propose deux versions de la création de l’homme : dans les versets 26-27 du chapitre 1, sur lesquels je reviendrai plus loin, l’homme est « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu », sans que rien ne soit dit de sa « nature ». En revanche, dans le deuxième récit de création, en 2,7, nous apprenons qu’il est fait « de glaise », et qu’il ne devient vivant que par le souffle de Dieu. Aussi, plusieurs textes bibliques feront de Dieu un potier (Is 64,7 ; Jr 18,5…) et de l’homme une création marquée par la fragilité de la glaise ou celle de son souffle.
D’emblée avec Gn 3,19 :
« Tu es poussière et tu retourneras en poussière. »
Puis ensuite :
« 3 Ne mettez pas votre confiance dans les princes, dans le fils de l'homme, qui ne peut sauver. 4 Son souffle s'en va, il retourne à sa poussière, et, ce même jour, ses desseins s'évanouissent. » (Ps 146,3-4)
« 7 Souviens-toi que ma vie n'est qu'un souffle ! Mes yeux ne verront pas le bonheur (…) Mes jours ne sont qu’un souffle. » (Jb 7,7.16)
« Tout homme vivant n’est qu’un souffle. » (Ps 39,6) etc.
C’est sur cet arrière-plan que Job peut maudire le jour de sa naissance (3,1). Mais au fait, puisque j’évoque la « fragilité de la naissance », ne devrais-je pas me référer à la mort des premiers-nés égyptiens (Ex 12,29-36), la dixième des fameuses « plaies d’Egypte » ? En fait, cet épisode ne vise pas à montrer la fragilité de la naissance, mais l’obstination déraisonnable de Pharaon.
Si la dixième plaie d’Egypte ne souligne pas la fragilité de la naissance, on ne peut en dire autant de son « homologue » dans le Nouveau Testament, à savoir le massacre des nouveau-nés de Bethléem, sur la demande d’Hérode. Encore que ce ne sont pas tant ces nouveau-nés qui soulignent cette fragilité, mais le fait que l’enfant Jésus soit une exception dans un contexte de mort qui touche des enfants. La fragilité est ici celle de l’absence de défense personnelle.
« 16 Hérode, voyant que les mages s'étaient joués de lui, entra dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, d'après le temps qu'il connaissait exactement par les mages » (Mt 2,16)
Pour le reste, lorsqu’il est question de naissance dans le Nouveau Testament, c’est plutôt au sens d’une caractéristique ou d’une qualité qui tient de la nature et non de la culture.
Mais qu’en est-il de l’homme à l’âge adulte ?
Points
Commençons par le commencement, autrement dit le début de la Bible : on y rencontre d’abord la création du monde par Dieu, puis très vite, dès le verset 28 du chapitre 1, la création de l’homme. S’il s’y trouve déjà des notations intéressantes que je vais considérer, je m’arrêterai surtout sur les chapitres 2 et 3 qui mettent en scène le fameux couple Adam et Eve. C’est donc l’ensemble des trois chapitres qu’il faut considérer.
Gn 1,26-27
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