Comtesse de Ségur: Oeuvres complètes - Comtesse de Segur - E-Book

Comtesse de Ségur: Oeuvres complètes E-Book

Comtesse de Ségur

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Beschreibung

Ce livre numérique comprend des oeuvres complètes de la Comtesse de Ségur. L'édition est méticuleusement éditée et formatée. Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur (selon l'onomastique russe Sofia Fiodorovna Rostoptchina), née le 1er août 1799 à Saint-Pétersbourg, morte le 9 février 1874 à Paris, est un écrivain français d'origine russe qui à écrit de nombreux livres populaires pour enfants. Le thème récurrent des châtiments corporels (Un bon petit diable, Le Général Dourakine, Les Malheurs de Sophie, Les Petites Filles modèles ...), fait sans doute écho à sa propre enfance. La comtesse de Ségur a donné à plusieurs de ses personnages des noms appartenant à des personnes de son entourage, exprimant ainsi son adage : " N'écris que ce que tu as vu ". Plus que de simples romans à influence autobiographique, les ouvrages de la Comtesse de Ségur ont fortement influencé une nouvelle idée de la pédagogie. Contenu: NOUVEAUX CONTES DE FÉES POUR LES PETITS ENFANTS LES MALHEURS DE SOPHIE LES PETITES FILLES MODÈLES LES VACANCES MÉMOIRES D'UN ÂNE PAUVRE BLAISE LA SOEUR DE GRIBOUILLE LES BONS ENFANTS LES DEUX NIGAUDS L'AUBERGE DE L'ANGE-GARDIEN LE GÉNÉRAL DOURAKINE FRANÇOIS LE BOSSU UN BON PETIT DIABLE COMÉDIES ET PROVERBES JEAN QUI GROGNE ET JEAN QUI RIT LA FORTUNE DE GASPARD QUEL AMOUR D'ENFANT LE MAUVAIS GÉNIE DILOY LE CHEMINEAU APRÈS LA PLUIE, LE BEAU TEMPS LA SANTÉ DES ENFANTS LIVRE DE MESSE DES PETITS ENFANTS L'EVANGILE D'UNE GRAND'MÈRE LES ACTES DES APÔTRES LETTRES DE LA COMTESSE DE SÉGUR LETTRE D'UNE GRAND'MÈRE

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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Comtesse de Segur

Comtesse de Ségur: Oeuvres complètes

e-artnow, 2019 Contact: [email protected]

Table des matières

NOUVEAUX CONTES DE FÉES POUR LES PETITS ENFANTS
CAMILLE ET MADELEINE DE MALARET
Histoire de Blondine, de Bonne-Biche et de Beau-Minon
Le Bon Petit Henri
Histoire de la princesse Rosette
La petite souris grise
Ourson
LES MALHEURS DE SOPHIE
I - La poupée de cire
II - L’enterrement
III - La chaux
IV - Les petits poissons
V - Le poulet noir
VI - L’abeille
VII - Les cheveux mouillés
VIII - Les sourcils coupés
IX - Le pain des chevaux
X - La crème et le pain chaud
XI - L’écureuil
XII - Le thé
XIII - Les loups
XIV - La joue écorchée
XV - Élisabeth
XVI - Les fruits confits
XVII - Le chat et le bouvreuil
XVIII - La boîte à ouvrage
XIX - L’âne
XX - La petite voiture
XXI - La tortue
XXII - Le départ
LES PETITES FILLES MODÈLES
Préface
I - Camille et Madeleine
II - La promenade, l’accident
III - Marguerite
IV - Réunion sans séparation
V - Les fleurs cueillies et remplacées
VI - Un an après: le chien enragé
VII - Camille punie
VIII - Les hérissons
IX - Poires volées
X - La poupée mouillée
XI - Jeannette la voleuse
XII - Visite chez Sophie
XIII - Visite au potager
XIV - Départ
XV - Sophie mange du cassis; ce qui en résulte
XVI - Le cabinet de pénitence
XVII - Le lendemain
XVIII - Le rouge-gorge
XIX - L’illumination
XX - La pauvre femme
XXI - Installation de Françoise et Lucie
XXII - Sophie veut exercer la charité
XXIII - Les récits
XXIV - Visite chez Hurel
XXV - Un événement tragique
XXVI - La petite vérole
XXVII - La fête
XXVIII - La partie d’âne
LES VACANCES
I - L’arrivée
II - Les cabanes
III - Visite au moulin
IV - Biribi
V - Rencontre inattendue
VI - Naufrage de Sophie
VII - Nouvelle surprise
VIII - La mer et les sauvages
IX – Suite et délivrance
X - Fin du récit de Paul
XI - Les revenants
XII - Les Tourne-Boule et l’idiot
XII - La comtesse Blagowski
Conclusion
MÉMOIRES D’UN ÂNE
Préface
I - Le marché
II - La poursuite
III - Les nouveaux maîtres
IV- Le pont
V - Le cimetière
VI - La cachette
VII - Le médaillon
VIII - L’incendie
IX - La course d’ânes
X - Les bons maîtres
XI - Cadichon malade
XII - Les voleurs
XIII - Les souterrains
XIV - Thérèse
XV - La chasse
XVI - Médor
XVII - Les enfants de l’école
XVIII - Le baptême
XIX - L’âne savant
XX - La grenouille
XXI - Le poney
XXII - La punition
XXIII - La conversion
XXIV - Les voleurs
XXV - La réparation
XXVI - Le bateau
Conclusion
PAUVRE BLAISE
I - Les nouveaux maîtres
II - Première visite au château
III - La réparation et la rechute
IV - Le chat-fantôme
V - Un malheur
VI - Vengeance d’un éléphant
VII - La mare aux sangsues
VIII - Les fleurs
IX - Les poulets
X - Le retour de Jules
XI - Le cerf-volant
XII - L’accent de vérité
XIII - Le remords
XIV - Les domestiques
XV - L’aveu public
XVI - L’obéissance
XVII - La correspondance
XVIII - La comtesse de Trénilly
XIX - L’entorse
XX - L’épreuve
XXI - Le grand jour
XXII - Conclusion
LA SOEUR DE GRIBOUILLE
Préface
I - Gribouille
II - Promesse de Caroline
III - Mort de la femme Thibaut
IV - Obéissance de Gribouille
V - Vengeance de Rose
VI - Explications
VII - Vaisselle brisée
VIII - Les bonnes amies
IX - Rencontre inattendue
X - Premières gaucheries
XI - Le beau dessert
XII - Les serins
XIII - La cage
XIV - La cage (suite)
XV - Pauvre Jacquot
XVI - La découverte
XVII - Un nouvel ami
XVIII - Combat de Gribouille
XIX - Les bonnes langues
XX - Les adieux
XXI - Le vol
XXII - L’arrestation
XXIII - Retour à la maison
XXIV - Visite à la prison
XXV - La servante du curé
XXVI - Le pressentiment
XXVII - Dévouement
XXVIII - Mort de Gribouille et consolation
XXIX - L’enterrement et le mariage
LES BONS ENFANTS
I - Une mauvaise plaisanterie
II - Le premier avril
III - La soirée du poisson d’avril
IV - Moyen nouveau pour teindre en noir un mouton
V - Le mauvais conseil
VI - La leçon
VII - Mina
VIII - La campagne. Les marrons.
IX - La récompense
X - La souricière
XI - Esbrouffe, Lamalice et la souris
XII - (suite) Esbrouffe, Lamalice et la souris
XIII - Les Chinois
XIV - Le petit voleur
XV - Le cochon ivre mort
XVI - Visite aux singes
XVII - La fée Prodigue et la fée Bonsens
XVIII - Les loups et les ours
XIX - Récit d’Henriette
XX - Le voyage
XXI - La pêche aux écrevisses
XXII - Le chien
LES DEUX NIGAUDS
I - Paris! Paris!
II - Le départ
III - Le chemin de fer
IV - Arrivée et désappointement
V - Madame Bonbeck
VI - Première promenade dans Paris
VII - Agréments divers
VIII - Première visite
IX - Scènes désagréables
X - Innocent au collège
XI - La poussée
XII - Le parloir
XIII - La sortie
XIV - Polonais reconnaissants
XV - La police correctionnelle
XVI - Une soirée chez des amies
XVII - Colère de madame Bonbeck
XVIII - La fuite
XIX - Les épreuves d’Innocent
XX - Simplicie au spectacle
XXI - Visite à la pension. Dettes d’Innocent.
XXII - Le bain
XXIII - Visite imprévue
XXIV - Retour de Prudence et de Coz
XXV - Conclusion
L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN
LOUIS ET GASTON DE MALARET
I - À la garde de Dieu
II - L’Ange-Gardien
III – Informations
IV - Torchonnet
V - Séparation
VI - Surprise et bonheur
VII - Un ami sauvé
VIII - Torchonnet placé
IX - Le général arrange les affaires de Moutier
X - À quand la noce?
XI – Querelle pour rire
XII - La dot et les montres
XIII - Le juge d’instruction
XIV – Autres pensées bizarres du général
XV - Le départ
XVI - Torchonnet se dessine
XVII - Première étape du général
XVIII - Les eaux
XIX - Coup de théâtre
XX - Première inquiétude paternelle
XXI – Torchonnet dévoilé
XXII - Colère et repentir du général
XXIII – Réparation complète
XXIV - Mystères
XXV - Le contrat
XXVI - Le contrat. Générosité inattendue.
XXVII - La noce
XXVIII - Un mariage sans noce
XXIX - Conclusion, mais sans fin
LE GÉNÉRAL DOURAKINE
JEANNE DE PITRAY
I - De Loumigny à Gromiline
II - Arrivée à Gromiline
III - Dérigny tapissier
IV - Madame Papofski et les petits Papofski
V - Premier démêlé
VI - Les Papofski se dévoilent
VII - Le complot
VIII - Arrivée de l’autre nièce
IX - Triomphe du général
X - Causeries intimes
XI - Un gouverneur trouvé
XII - Ruse du général
XIII - Premier pas vers la liberté
XIV - On passe la frontière
XV - La laitière et le pot au lait!
XVI - Visite qui tourne mal
XVII - Punition des méchants
XVIII – Récit du prince forçat
XIX-Evasion du prince
XX – Voyage pénible. Heureuse fin
XVI - L’ascension
XXII - Fin des voyages. Chacun chez soi.
XXIII - Tout le monde est heureux. Conclusion.
FRANÇOIS LE BOSSU
CAMILLE DE MALARET
I - Commencement d’amitié
II - Paolo
III - Deux années qui font deux amis
IV - Les caractères se dessinent
V - Attaque et défense
VI - Les tricheurs punis
VII - Premier service rendu par Paolo à Christine
VIII - Mina dévoilée
IX - Grand embarras de Paolo
X - François arrange l’affaire
XI - M. des Ormes gâte l’affaire
XII - Mme des Ormes raccommode l’affaire
XIII - Incendie et malheur
XIV - Heureux moments pour Christine
XV - Tristes suites de l’incendie
XVI - Changement de Maurice
XVII - Heureuse bizarrerie de Madame des Ormes
XVIII - Paolo, pris, s’échappe
XIX - Christine est bonne, Maurice est exigeant
XX - Surprise désagréable qui ne gâte rien
XXI - Visites de M. et Mme des Ormes
XXII - Maurice chez M. de Nancé
XXIII - Fin de Maurice
XXIV - Séparation, désespoir
XXV - Deux années de tristesse
XXVI - Demandes en mariage – Réponses différentes
XXVII - Christine a réponse à tout
XXVIII - Métamorphose de François
XXIX - Paolo heureux – Conclusion
UN BON PETIT DIABLE
MADELEINE DE MALARET
I - Les fées
II - L’aveugle
III - Une affaire criminelle
IV - Le fouet, le parafouet
V - Docilité merveilleuse de Charles. Les visières.
VI - Audace de Charles. Précieuse découverte.
VII - Nouvelle et sublime invention de Charles
VIII - Succès complet
IX - Madame Mac’Miche se venge
X - Dernier exploit de Charles
XI - Méfaits de l’homme noir
XII - De Charybde en Scylla. Événements tragiques.
XIII - Enquête. Derniers terribles procédés de Charles.
XIV - Charles fait ses conditions. Il est délivré.
XV - Madame Mac’Miche dégorge et s’évanouit
XVI - Madame Mac’Miche file un mauvais coton
XVII - Bon mouvement de Charles: il s’oublie avec le chat
XVIII - Repentir de Charles. Juliette le console.
XIX - Charles héritier et propriétaire
XX - Deux mauvaises affaires de chat
XXI - Aventure tragique. Tout finit bien. Charles est corrigé.
XXII - Le vieux Charles reparaît et disparaît pour toujours
XXIII - Charles majeur, on lui propose des femmes. Il n’en veut aucune.
XXIV - Les interrogatoires. Ce qui s’ensuit.
XXV - Marianne se marie. Tout le monde se marie.
XXVI - Chacun est casé selon ses mérites
COMÉDIES ET PROVERBES
Les Caprices de Gizelle
Le Dîner de Mademoiselle Justine
On ne prend pas les Mouches avec du Vinaigre
Le Forçat ou à tout Péché Miséricorde
Le Petit de Crac
FIN
JEAN QUI GROGNE ET JEAN QUI RIT
I - Le départ
II - La rencontre
III - Le voleur se dévoile!
IV -La carriole et Kersac
V - L’accident
VI -Jean Esculape
VII -Visite à Kérantré
VIII -Réunion des frères
IX -Débuts de M. Abel et de Jeannot
X - Suite des débuts de Jeannot et de M. Abel
XI - Le concert
XII - La leçon de danse
XIII - Les habits neufs
XIV - L’enlèvement des Sabines
XV - Friponnerie de Jeannot
XVI - M. le Peintre est découvert
XVII - Seconde visite à Kérantré
XVIII - M. Abel cherche à placer Jean
XIX - M. Abel place Jeannot
XX - Jean chez le petit Roger
XXI - Séparation des deux frères
XXII - Jean se forme
XXIII - Kersac à Paris
XXIV - Kersac et M. Abel font connaissance
XXV - Kersac voit Simon, rencontre Jeannot
XXVI - Emplettes de Kersac
XXVII - La noce
XXVIII - Abel, Caïn et Seth
XXIX - Le marteau magique
XXX - L’Exposition
XXXI - Mort du petit Roger
XXXII - Deux mariages
XXXIII - Troisième mariage
XXXIV - Et Jeannot?
LA FORTUNE DE GASPARD
PAUL DE PITRAY
I - L’école
II - Le travail des champs
III - Gaspard reçoit une rude correction
IV - La distribution des prix
V - M. Frölichein
VI - La vache bringée
VII - La marche forcée
VIII - Amende honorable du père Thomas
IX - La foire
X - Lutte pour avoir Gaspard
XI - Fureur de M. Frölichein. Gaspard rend un service important
XII - Premières habiletés, premiers succès de Gaspard
XIII - L’héritage
XIV - Première affaire de Gaspard
XV - Complément de l’affaire de Gaspard. Fureur du père Thomas.
XVI - Adoption de Gaspard
XVII - Colère du père Thomas
XVIII - M. Frölichein reparaît
XIX - Fête pour l’adoption de Gaspard
XX - Premier attendrissement de MM. Féréor père et fils
XXI - Visite à la ferme et générosité de M. Féréor
XXII - Effets de la joie sur le père Thomas
XXIII - Mariage de Gaspard
XXIV - Mina fait de plus en plus pitié à Gaspard
XXV - Mina à la ferme
XXVI - Grand chagrin de Mina. Gaspard s’explique
XXVII - Mina chez M. Féréor. Piano et musique.
XXVIII - Séparation cruelle
XXIX - Heureuse influence de Mina
QUEL AMOUR D’ENFANT
I - Giselle est un ange
II - Sincérité du cher ange
III - Courage de Léontine
IV - La sévérité de Léontine
V - Les bouquets
VI - Léontine devient terrible
VII - Giselle toujours charmante
VIII - Leçon de Mademoiselle Tomme
IX – Giselle est punie et pardonnée
X - Rechute de Giselle
XI - Habileté de Madame de Monclair
XII - Rechute
XIII - La loterie
XIV - M. Tocambel est volé
XV - Les brodequins sont retrouvés. Éclair de sagesse.
XVI - Nouvelles méchancetés du cher ange; la mère faiblit encore.
XVII - Giselle veut entrer au couvent
XVIII - Surprise et indignation de M. de Gerville
XIX - Les vacances font mauvais effet
XX – Lutte et victoire de Giselle
XXI - Giselle quitte le couvent et redevient tyran. Julien entreprend de la réformer.
XXII - Julien réussit
XXIII - Giselle veut se marier
XXIV - Giselle fait son choix
XXV - Giselle pleure, mais elle est duchesse et millionnaire
XXVI - Giselle est ruinée, malheureuse et repentante
XXVII - Giselle, purifiée par ses larmes, arrive à une conclusion
LE MAUVAIS GÉNIE
I - Une dinde perdue
II - Deux dindes perdues
III - L’Anglais et Alcide
IV - Raclée bien méritée
V - Tous les turkeys
VI - Les pièces d’or de M. Georgey
VII - Dîner de M. Georgey
VIII - Fausseté d’Alcide
IX - Il a Julien
X - Le complot
XI - Départ pour la foire
XII - Vol audacieux
XIII - Terreur de Mme Bonard
XIV - Dîner au café
XV - Réveil et retour de Julien
XVI - Les montres et les chaînes
XVII - Les gendarmes et M. Georgey
XVIII - Colère de Bonard
XIX - La maladie
XX - L’engagement
XXI - Les adieux
XXII - Les mauvais camarades
XXIII - Le mauvais génie
XXIV - Les prisonniers
XXV - Visite agréable
XXVI - Conseil de guerre
XXVII - Bataille et victoire
XXVIII - Le retour
DILOY LE CHEMINEAU
I - Félicie
II - La visite aux Germain
III - Le chemineau
IV - Le chemineau s’explique
V - Le chemineau et l’ours
VI - Récit des enfants à leur bonne
VII - Mystère dévoilé et rencontre imprévue
VIII - Le bon oncle d’Alban
IX - Invitation de Robillard
X - Embarras de Félicie
XI - La mairie et le repas de noce
XII - Le chemineau et le général en présence
XIII - Impertinence de Félicie
XIV - Félicie se radoucit
XV - Conversations utiles
XVI - Arrivée de Gertrude
XVII - Gertrude est charmante
XVIII - Encore le chemineau sauveur
XIX - Beau projet détruit par Félicie
XX - Félicie raccommode ce qu’elle a brisé
XXI - Le général exécute les Castelsot
XXII - Félicie s’exécute elle-même
XXIII - Le déménagement – Les Marcotte se querellent
XXIV - Félicie reprend ses grands airs
XXV - Gertrude remet la paix chez les Marcotte
XXVI - Installation des Diloy
XXVII - Enthousiasme du général
XXVIII - Le général proclamé fameux lapin
XXIX - Le général se loge et s’établit
XXX - Tout est fini; n’en parlons plus.
APRÈS LA PLUIE, LE BEAU TEMPS
I - Les fraises
II - La visite
III - Encore les fraises
IV - La bonne se plaint de Georges
V - Le départ de Georges décidé
VI - Ramoramor
VII - Hostilités de Georges contre Rame
VIII - Georges se dessine de plus en plus
IX - Georges entre au collège
X - Geneviève sans Georges
XI - Première sortie de Georges
XII - Mademoiselle Primerose change de logement
XIII - Aigres adieux des deux amies
XIV - Installation de mademoiselle Primerose. – Éducation de Geneviève.
XV - Seconde sortie de Georges et de Jacques
XVI - Portrait de Rame. – L’habit rouge.
XVII – Geneviève fortement attaquée, bien défendue
XVIII-Portrait de Rame corrigé par Georges
XIX - Faiblesse paternelle
XX - Plaisance devient désert
XXI - Années de pensionnat et de collège
XXII - Georges et Geneviève
XXIII - Événement fatal
XXIV - Scène terrible
XXV - Maladie de Geneviève
XXVI - Lettres de Mademoiselle Primerose
XXVII - Horrible fausseté de Georges
XXVIII - Lettre de Georges, départ de Geneviève
XXIX - Colère de MM. Dormère père et fils
XXX - Retour de Jacques
XXXI - Bonheur de Geneviève
XXXII - Jacques et Geneviève s’entendent à l’amiable
XXXIII - Explication complète
XXXIV - Affaires terminées. – Correspondance aigre-douce.
XXXV - Nouvelle inquiétude
XXXVI - La punition
XXXVII - Décision imprévue
XXXVIII - Le mariage
XXXIX-Grand chagrin
XL-Fin de M. Dormère, de Georges et du livre
LA SANTÉ DES ENFANTS
I - Introduction
II – Maladies des enfants
III – Manière de préparer et d’appliquer quelques remèdes
LIVRE DE MESSE DES PETITS ENFANTS
Prière du matin
Angélus
Prière pour les malades
Prière pour les chagrins
Commandements de Dieu
Commandements de l’Eglise
Litanies de la Sainte Vierge
Le psaume Miserere
Veni, Sancte Spiritus
Veni, Creator
Adoremus
Stabat
Prières pendant la Sainte Messe
Evangiles
L’EVANGILE D’UNE GRAND’MÈRE
Approbations.
APPROBATION DE SA GRANDEUR
Dédicace.
I - Les juifs.
II - L’Annonciation.
III - La Visitation.
IV - Naissance de Saint Jean.
V - Naissance de Jésus. Adoration des bergers.
VI - Les Rois Mages.
VII - La Purification de la Sainte Vierge.
VIII - Fuite en Égypte.
IX - Massacre des Innocents.
X - L’Enfant Jésus au milieu des docteurs.
XI - Saint Jean-Baptiste.
XII - Baptême de Notre-Seigneur.
XIII - Jésus au désert.
XIV - On demande à Jean qui il est.
XV - Premiers disciples de Jésus.
XV - Nouveaux Disciples.
XVII - Noces de Cana.
XVIII - Jésus chasse les vendeurs du temple.
XIX - La Samaritaine.
XX - Jésus prêche dans une synagogue en Galilée.
XXI - Jésus guérit l’enfant d’un officier à Capharnaüm.
XXII - Pierre et André suivent Jésus.
XXIII - Jésus délivre un possédé.
XXIV - Pêche miraculeuse.
XXV - Le Lépreux.
XXVI - Le Paralytique.
XXVII - Matthieu suit Jésus.
XXVIII - Le Malade de la piscine de Siloé.
XXIX - Guérison d’un homme à la main desséchée.
XXX -Jésus choisit ses apôtres.
XXXI - Sermon sur la montagne.
XXXII - Suite du sermon sur la montagne.
XXXIII - La Prière. Le Pater.
XXXIV - La poutre et la paille dans l’oeil
XXXV - Guérison d’un lépreux.
XXXVI - Le Centurion.
XXXVII - Jésus ressuscite le fils de la veuve de Naïm.
XXXVIII - Jean-Baptiste envoie ses disciples à Jésus.
XXXIX - Jésus parle de Jean-Baptiste.
XL. La Pécheresse.
XLI - Le Possédé aveugle et muet.
XLII - Le Miracle de Jonas expliqué.
XLIII - La Mère et les frères de Jésus.
XLIV - Parabole du bon grain.
XLV - Parabole de l’ivraie.
XLVI - Parabole du filet et des poissons.
XLVII - Le docteur de la loi veut suivre Jésus.
XLVIII - Tempête apaisée
XLIX - Les Démons et les pourceaux.
L - Résurrection de la fille de Jaïre.
LI – Les aveugles guéris.
LII – Le possédé délivré
LIII – Jésus va à Nazareth.
LIV - Notre-Seigneur envoie ses apôtres pour prêcher.
LV - Décollation de Saint Jean-Baptiste
LVI - Multiplication des pains.
LVII - Notre-Seigneur marche sur la mer.
LVIII – Jésus annonce l’Eucharistie qui est le pain de vie.
LIX - La Cananéenne.
LX - Guérison d’un sourd-muet.
LXI - Seconde multiplication des pains
LXII - Guérison d’un aveugle.
LXIII – Jésus proclame Pierre le chef de l’Eglise.
LXIV - Notre-Seigneur prédit sa mort et sa résurrection.
LXV - Transfiguration de Notre-Seigneur.
LXVI - Le possédé guéri.
LXVII – Jésus prédit sa passion et sa mort.
LXVIII – Jésus paye l’impôt.
LXIX - Dispute entre les apôtres. Jésus défend de scandaliser les petits enfants.
LXX - Parabole des talents.
LXXI - Les Samaritains refusent de recevoir Jésus
LXXII - Le Samaritain.
LXXIII - Marthe et Marie. Les deux parts.
LXXIV - Mépris des richesses.
LXXV - Le Figuier stérile.
LXXVI - La Femme courbée guérie.
LXXVII - Prédiction de la ruine de Jérusalem.
LXXVIII - Paraboles.
LXXIX - Parabole du festin.
LXXX - Aimer Notre-Seigneur pardessus tout.
LXXXI - Parabole du bon pasteur et de la drachme perdue.
LXXXII - Parabole de l’enfant prodigue
LXXXIII - L’Économe infidèle
LXXXIV - Le Mauvais Riche et le pauvre Lazare.
LXXVII - Les Pharisiens veulent faire saisir Jésus.
LXXXVI - La Femme infidèle
LXXVIII - L’Aveuglené
LXXVIII - Le bon pasteur.
LXXXIX - Guérison des dix lépreux.
XC - Le Pharisien et le Publicain
XCI - Le Salut des riches est difficile.
XCII – Les ouvriers de la vigne.
XCIII - Résurrection de Lazare
XCIV. Jésus va à Jérusalem et prédit encore sa mort et sa résurrection
XCV. Zachée reçoit Jésus dans sa maison.
XCVI-Parabole des mines d’argent.
XCVII. Marie-Madeleine répand une seconde fois des parfums sur les pieds de Jésus.
XCVIII – Entrée triomphante de Jésus dans Jérusalem.
XCIX – Notre Seigneur pleure sur Jérusalem.
C – Le figuier maudit. Les vendeurs chassés du temple.
CI – Le figuier desséché. Réponse de Jésus aux pharisiens.
CII – Parabole des vignerons.
CIII – Les noces du fils du roi.
CIV – Le tribut à César.
CV – Résurrection des morts.
CVII – L’amour de Dieu et du prochain.
CVII – Discours de Jésus sur les scribes et les pharisiens.
CVIII – Le denier de la veuve.
CIX – Ruine de Jérusalem. Jugement dernier.
CX – Parabole des dix vierges.
CXI – Les juifs tiennent conseil. Trahison de judas.
CXII – La Sainte Cène
CXIII – Jésus lave les pieds des apôtres.
CXIV – Institution de l’Eucharistie.
CXV – L’agonie.
CXVI – Judas fait saisir Jésus.
CXVII – Jésus devant Anne.
CXVIII – Jésus chez Caïphe.
CXIX – Pierre renie le Sauveur.
CXX – Désespoir et mort de Judas.
CXXI – Jésus renvoyé à Pilate.
CXXII – Jésus devant Hérode.
CXXIII – Jésus ramené devant Pilate.
CXXIV – Jésus flagellé.
CXXV – Pilate abandonne Notre-Seigneur à ses bourreaux.
CXXVI – Jésus porte sa Croix.
CXXVII – Crucifiement de Jésus.
CXXVIII – Le voleur Dismas converti.
CXXIX – Jésus lègue sa mère à saint Jean.
CXXX – Jésus expire sur la Croix.
CXXXI – Jésus est enseveli.
CXXXII – Résurrection et triomphe du Christ.
CXXXIII – Marie-Madeleine au tombeau.
CXXXIV – Jésus apparaît à Madeleine.
CXXXV – Notre-Seigneur apparaît aux saintes femmes.
CXXXVI – Jésus apparaît aux disciples près d’Emmaüs.
CXXXVII – Jésus apparaît aux disciples réunis.
CXXXVIII – Thomas Didyme incrédule.
CXXXIX - Pierre chef de l’Église.
CXL - Ascension de Notre-Seigneur.
CXLI - Dernières explications.
LES ACTES DES APÔTRES
Personnages
Introduction
I – Les actes des Apôtres
II – Ascension de Notre-Seigneur
III – Matthias est nommé Apôtre pour remplacer Judas
IV – La descente du Saint-Esprit
V – Première prédication de S. Pierre
VI – Il faut prier pour les méchants et avoir de la charité pour tous
VII – Guérison du perclus
VIII - S. Pierre et S. Jean devant le Grand Conseil
IX – Union des premiers Chrétiens
X – Ananie et Saphire
XI – Les Apôtres en prison, délivrés par un Ange
XII – Etienne et six autres diacres veillent à la distribution des aumônes
XIII - Martyre de Saint Etienne
XIV – Première persécution contre les premiers Chrétiens
XV – Simon le Magicien
XVI – Conversion de l’Ethiopien
XVII – Conversion de Saul
XVIII – Paul à Jérusalem
XIX – Saint Pierre guérit Enée
XX – Miracles de saint Pierre
XXI – Vision du centurion Corneille
XXII - Premiers païens baptisés par Saint Pierre
XXIII – Saint Pierre blâmé d’avoir baptisé des païens
XXIV – Dispersion des Apôtres
XXV – Saint Pierre, enchaîné est délivré par un Ange. Punition d’Hérode.
XXVI – Punition du faux prophète Elymas
XXVII – Les Apôtres chassés d’Iconium
XXVIII – Le peuple veut sacrifier des taureaux à Paul et à Barnabé, comme à des Dieux
XXIX – On choisit des Anciens
XXX – Dispute entre les Juifs et les païens convertis. Les Apôtres prennent S. Pierre pour juge
XXXI – Paul et Barnabé se séparent
XXXII - Voyages de Saint Paul et de Saint Luc. On les arrête à Philippe
XXXIII – Saint Paul et Saint Luc sont battus de verges, jetés en prison et miraculeusement délivrés
XXXIV – Suite des voyages de Saint Paul et des persécutions des Juifs
XXXV – Saint Paul à Corinthe
XXXVI – Saint Paul à Ephèse. Voeu des Nazaréens
XXXVII – Apollo convertit beaucoup de monde par son éloquence
XXXVIII – Des nombreux miracles qui se faisaient dans les premiers temps de l’Eglise
XXXIX – Nombreux miracles de Saint Paul. Les exorcistes punis
XL – Des faux apôtres cherchent à discréditer Saint Paul
XLI – Vie mortifiée de Saint Paul
XLII – Seconde épître de Saint Paul aux Corinthiens
XLIII – Révolte à Ephèse. Saint Paul va en Macédoine, puis à Corinthe. Il établit la communion à jeun
XLIV – Epître de Saint Paul aux Romains
XLV – Saint Paul ressuscite Eutychus
XLVI – Saint Paul fait ses adieux aux fidèles de l’Asie-Mineure et leur prédit qu’ils ne le verront plus
XLVII – Révolte contre Saint Paul à Césarée. Le tribun romain le met en prison
XLVIII – Le tribun romain assemble le Sanhédrin pour juger Saint Paul
XLIX – Le tribun romain fait évader Saint Paul et l’envoie au gouverneur romain Félix
L – Félix traite bien Saint Paul, reconnaît son innocence, mais n’ose le relâcher
LI – Le nouveau gouverneur Faustus entend Saint Paul, qui en appelle à César
LII – Saint Paul devant le roi Agrippa. Belle défense de Saint Paul
LIII – Faustus envoie Saint Paul à Rome sous la garde du centurion Julius; Une violente tempête les jette sur le rivage de l’Île de Malte
LIV – Ils sont bien traités par les habitants. Miracles de Saint Paul.
LV – Ils arrivent à Rome; On permet à Saint Paul de prendre un logement sous la garde d’un soldat
LVI – Le symbole des Apôtres
LVII – Suite de l’apostolat de Saint Pierre
LVIII – Saint Pierre prouve deux fois devant le peuple assemblé l’imposture de Simon le Magicien
LIX – Néron fait jeter S. Pierre dans la prison Mamertine. Fontaine miraculeuse
LX – Martyre de Saint Pierre. Vénération qu’inspirent ses vertus
LXI – Martyre de Saint Paul; il apparaît à Néron après avoir eu la tête tranchée
LXII – Martyre de l’Apôtre Saint André
LXIII – Saint Jean l’Evangéliste, Apôtre
LXIV – Saint Thomas, Apôtre et Martyr
LXV – Saint Jacques le Mineur, Apôtre et Martyr
LXVI – Saint Philippe Apôtre et Martyr
LXVII – Saint Barthélémy, Apôtre et Martyr
LXVIII – Saint Simon et Saint Jude, Apôtre et Martyr
LXIX – Saint Matthieu, Apôtre et Martyr
LXX – Saint Mathias, Apôtre et Martyr
LXXI – Martyre des saints évangélistes, Saint Luc et Saint Marc
LXXII – Conclusion
LETTRES DE LA COMTESSE DE SÉGUR
Avant-propos
Au Vicomte Emile de Pitray
A la Vicomtesse Emile de Pitray
LETTRE D’UNE GRAND’MÈRE
Grand’mère
1861
1863
1864
1865
1866
1867
1868
1869
1870
1871
1872
1873
1874

NOUVEAUX CONTES DE FÉES POUR LES PETITS ENFANTS

Table des matières

(1856)

Comtesse de Ségur

À mes petites filles

CAMILLE ET MADELEINE DE MALARET

Table des matières

Mes très chères enfants,

Voici les contes dont le récit vous a tant amusées, et que je vous avais promis de publier.

En les lisant, chères petites, pensez à votre vieille grand’mère, qui, pour vous plaire, est sortie de son obscurité et a livré à la censure du public le nom de la

COMTESSE DE SÉGUR, née Rostopchine.

Histoire de Blondine, de Bonne-Biche et de Beau-Minon

Table des matières

I – Blondine

Il y avait un roi qui s’appelait Bénin; tout le monde l’aimait, parce qu’il était bon; les méchants le craignaient, parce qu’il était juste. Sa femme, la reine Doucette, était aussi bonne que lui. Ils avaient une petite princesse qui s’appelait Blondine à cause de ses magnifiques cheveux blonds, et qui était bonne et charmante comme son papa le roi et comme sa maman la reine. Malheureusement la reine mourut peu de mois après la naissance de Blondine, et le roi pleura beaucoup et longtemps. Blondine était trop petite pour comprendre que sa maman était morte: elle ne pleura donc pas et continua à rire, à jouer, à téter et à dormir paisiblement. Le roi aimait tendrement Blondine, et Blondine aimait le roi plus que personne au monde. Le roi lui donnait les plus beaux joujoux, les meilleurs bonbons, les plus délicieux fruits. Blondine était très heureuse.

Un jour, on dit au roi Bénin que tous ses sujets lui demandaient de se remarier pour avoir un fils qui pût être roi après lui. Le roi refusa d’abord; enfin il céda aux instances et aux désirs de ses sujets, et il dit à son ministre Léger:

«Mon cher ami, on veut que je me remarie; je suis encore si triste de la mort de ma pauvre femme Doucette, que je ne veux pas m’occuper moi-même d’en chercher une autre. Chargez-vous de me trouver une princesse qui rende heureuse ma pauvre Blondine: je ne demande pas autre chose. Allez, mon cher Léger; quand vous aurez trouvé une femme parfaite, vous la demanderez en mariage et vous l’amènerez.»

Léger partit sur-le-champ, alla chez tous les rois, et vit beaucoup de princesses, laides, bossues, méchantes; enfin il arriva chez le roi Turbulent, qui avait une fille jolie, spirituelle, aimable et qui paraissait bonne. Léger la trouva si charmante qu’il la demanda en mariage pour son roi Bénin, sans s’informer si elle était réellement bonne. Turbulent, enchanté de se débarrasser de sa fille, qui avait un caractère méchant, jaloux et orgueilleux, et qui d’ailleurs le gênait pour ses voyages, ses chasses, ses courses continuelles, la donna tout de suite à Léger, pour qu’il l’emmenât avec lui dans le royaume du roi Bénin.

Léger partit, emmenant la princesse Fourbette et quatre mille mulets chargés des effets et des bijoux de la princesse.

Ils arrivèrent chez le roi Bénin, qui avait été prévenu de leur arrivée par un courrier; le roi vint au-devant de la princesse Fourbette. Il la trouva jolie; mais qu’elle était loin d’avoir l’air doux et bon de la pauvre Doucette! Quand Fourbette vit Blondine, elle la regarda avec des yeux si méchants, que la pauvre Blondine, qui avait déjà trois ans, eut peur et se mit à pleurer.

«Qu’a-t-elle? demanda le roi. Pourquoi ma douce et sage Blondine pleure-t-elle comme un enfant méchant?

— Papa, cher papa, s’écria Blondine en se cachant dans les bras du roi, ne me donnez pas à cette princesse; j’ai peur; elle a l’air si méchant!»

Le roi, surpris, regarda la princesse Fourbette, qui ne put assez promptement changer son visage pour que le roi n’y aperçût pas ce regard terrible qui effrayait tant Blondine. Il résolut immédiatement de veiller à ce que Blondine vécût séparée de la nouvelle reine, et restât comme avant sous la garde exclusive de la nourrice et de la bonne qui l’avaient élevée et qui l’aimaient tendrement. La reine voyait donc rarement Blondine, et quand elle la rencontrait, par hasard, elle ne pouvait dissimuler entièrement la haine qu’elle lui portait.

Au bout d’un an, elle eut une fille, qu’on nomma Brunette, à cause de ses cheveux, noirs comme du charbon. Brunette était jolie, mais bien moins jolie que Blondine; elle était, de plus, méchante comme sa maman, et elle détestait Blondine, à laquelle elle faisait toutes sortes de méchancetés: elle la mordait, la pinçait, lui tirait les cheveux, lui cassait ses joujoux, lui tachait ses belles robes. La bonne petite Blondine ne se fâchait jamais; toujours elle cherchait à excuser Brunette.

«Oh! papa, disait-elle au roi, ne la grondez pas; elle est si petite, elle ne sait pas qu’elle me fait de la peine en cassant mes joujoux… C’est pour jouer qu’elle me mord… C’est pour s’amuser qu’elle me tire les cheveux», etc.

Le roi Bénin embrassait sa fille Blondine et ne disait rien, mais il voyait bien que Brunette faisait tout cela par méchanceté et que Blondine l’excusait par bonté. Aussi aimait-il Blondine de plus en plus et Brunette de moins en moins.

La reine Fourbette, qui avait de l’esprit, voyait bien tout cela mais elle haïssait de plus en plus l’innocente Blondine; et, si elle n’avait craint la colère du roi Bénin, elle aurait rendu Blondine la plus malheureuse enfant du monde. Le roi avait défendu que Blondine fût jamais seule avec la reine, et, comme on savait qu’il était aussi juste que bon et qu’il punissait sévèrement la désobéissance, la reine elle-même n’osait pas désobéir.

II – Blondine perdue

Blondine avait déjà sept ans et Brunette avait trois ans. Le roi avait donné à Blondine une jolie petite voiture attelée de deux autruches et menée par un petit page de dix ans, qui était un neveu de la nourrice de Blondine. Le page, qui s’appelait Gourmandinet, aimait tendrement Blondine, avec laquelle il jouait depuis sa naissance et qui avait pour lui mille bontés. Mais il avait un terrible défaut; il était si gourmand et il aimait tant les friandises, qu’il eût été capable de commettre une mauvaise action pour un sac de bonbons. Blondine lui disait souvent:

«Je t’aime bien, Gourmandinet, mais je n’aime pas à te voir si gourmand. Je t’en prie, corrige-toi de ce vilain défaut, qui fait horreur à tout le monde.»

Gourmandinet lui baisait la main et lui promettait de se corriger; mais il continuait à voler des gâteaux à la cuisine, des bonbons à l’office, et souvent il était fouetté pour sa désobéissance et sa gourmandise.

La reine Fourbette apprit bientôt les reproches qu’on faisait à Gourmandinet, et elle pensa qu’elle pourrait utiliser le vilain défaut du petit page et le faire servir à la perte de Blondine. Voici le projet qu’elle conçut:

Le jardin où Blondine se promenait dans sa petite voiture traînée par des autruches, avec Gourmandinet pour cocher, était séparé par un grillage d’une magnifique et immense forêt, qu’on appelait la forêt des Lilas, parce que toute l’année elle était pleine de lilas toujours en fleur. Personne n’allait dans cette forêt; on savait qu’elle était enchantée et que, lorsqu’on y entrait une fois, on n’en pouvait plus jamais sortir. Gourmandinet connaissait la terrible propriété de cette forêt; on lui avait sévèrement défendu de jamais diriger la voiture de Blondine de ce côté, de crainte que par inadvertance Blondine ne franchît la grille et n’entrât dans la forêt des Lilas.

Bien des fois le roi avait voulu faire élever un mur le long de la grille, ou du moins serrer le grillage de manière qu’il ne fût plus possible d’y passer; mais à mesure que les ouvriers posaient les pierres ou les grillages, une force inconnue les enlevait et les faisait disparaître.

La reine Fourbette commença par gagner l’amitié de Gourmandinet en lui donnant chaque jour des friandises nouvelles; quand elle l’eut rendu tellement gourmand qu’il ne pouvait plus se passer des bonbons, des gelées, des gâteaux qu’elle lui donnait à profusion, elle le fit venir et lui dit:

«Gourmandinet, il dépend de toi d’avoir un coffre plein de bonbons et de friandises, ou bien de ne plus jamais en manger.

— Ne jamais en manger! Oh! Madame, je mourrais de chagrin. Parlez, Madame; que dois-je faire pour éviter ce malheur?

— Il faut, reprit la reine en le regardant fixement, que tu mènes la princesse Blondine près de la forêt des Lilas.

— Je ne le puis, Madame, le roi me l’a défendu.

— Ah! tu ne le peux? Alors, adieu; je ne te donnerai plus aucune friandise, et je défendrai que personne dans la maison ne t’en donne jamais.

— Oh! Madame, dit Gourmandinet en pleurant, ne soyez pas si cruelle! donnez-moi un autre ordre que je puisse exécuter.

— Je te répète que je veux que tu mènes Blondine près de la forêt des Lilas, et que tu l’encourages à descendre de voiture, à franchir la grille et à entrer dans la forêt.

— Mais, Madame, reprit Gourmandinet en devenant tout pâle, si la princesse entre dans cette forêt, elle n’en sortira jamais; vous savez que c’est une forêt enchantée; y envoyer ma princesse, c’est l’envoyer à une mort certaine.

— Une troisième et dernière fois, veux-tu y mener Blondine? Choisis: ou bien un coffre immense de bonbons que je renouvellerai tous les mois, ou jamais de sucreries ni de pâtisseries.

— Mais comment ferai-je pour échapper à la punition terrible que m’infligera le roi?

— Ne t’inquiète pas de cela; aussitôt que tu auras fait entrer Blondine dans la forêt des Lilas, viens me trouver: je te ferai partir avec tes bonbons, et je me charge de ton avenir.

— Oh! Madame, par pitié, ne m’obligez pas à faire périr ma chère maîtresse, qui a toujours été si bonne pour moi!

— Tu hésites, petit misérable! Et que t’importe ce que deviendra Blondine? Plus tard, je te ferai entrer au service de Brunette, et je veillerai à ce que tu ne manques jamais de bonbons.»

Gourmandinet réfléchit encore quelques instants, et se résolut, hélas! à sacrifier sa bonne petite maîtresse pour quelques livres de bonbons. Tout le reste du jour et toute la nuit il hésita encore à commettre ce grand crime; mais la certitude de ne pouvoir plus satisfaire sa gourmandise, s’il se refusait à exécuter l’ordre de la reine, l’espoir de retrouver un jour Blondine en s’adressant à quelque fée puissante, firent cesser ces irrésolutions et le décidèrent à obéir à la reine.

Le lendemain, à quatre heures, Blondine commanda sa petite voiture, monta dedans après avoir embrassé le roi et lui avoir promis de revenir dans deux heures. Le jardin était grand. Gourmandinet fit aller les autruches du côté opposé à la forêt des Lilas.

Quand ils furent si loin qu’on ne pouvait plus les voir du palais, il changea de direction et s’achemina vers la grille de la forêt des Lilas. Il était triste et silencieux; son crime pesait sur son coeur et sur sa conscience.

«Qu’as-tu donc, Gourmandinet? demanda Blondine; tu ne parles pas; serais-tu malade?

— Non, princesse, je me porte bien.

— Comme tu es pâle! dis-moi ce que tu as, mon pauvre Gourmandinet. Je te promets de faire mon possible pour te contenter.»

Cette bonté de Blondine fut sur le point de la sauver en amollissant le coeur de Gourmandinet; mais le souvenir des bonbons promis par Fourbette détruisit ce bon mouvement.

Avant qu’il eût pu répondre, les autruches touchèrent à la grille de la forêt des Lilas.

«Oh! les beaux lilas! s’écria Blondine; quelle douce odeur! Que je voudrais avoir un gros bouquet de ces lilas pour les offrir à papa! Descends, Gourmandinet et va m’en chercher quelques branches.

— Je ne puis descendre, princesse; les autruches pourraient s’en aller pendant que je serais absent.

— Eh! qu’importe? dit Blondine: je les ramènerai bien seule au palais.

— Mais le roi me gronderait de vous avoir abandonnée, princesse. Il vaut mieux que vous alliez vous-même cueillir et choisir vos fleurs.

— C’est vrai, dit Blondine; je serais bien fâchée de te faire gronder, mon pauvre Gourmandinet.»

Et, en disant ces mots, elle sauta lestement de la voiture, franchit les barreaux de la grille et se mit à cueillir les lilas.

À ce moment, Gourmandinet frémit, se troubla: le remords entra dans son coeur; il voulut tout réparer en rappelant Blondine, mais, quoique Blondine ne fût qu’à dix pas de lui, quoiqu’il la vît parfaitement, elle n’entendait pas sa voix et s’enfonçait petit à petit dans la forêt enchantée. Longtemps il la vit cueillir des lilas, et enfin elle disparut à ses yeux.

Longtemps encore il pleura son crime, maudit sa gourmandise, détesta la reine Fourbette. Enfin il pensa que l’heure où Blondine devait être de retour au palais approchait; il rentra aux écuries par les derrières, et courut chez la reine, qui l’attendait. En le voyant pâle et les yeux rouges des larmes terribles du remords, elle devina que Blondine était perdue.

«Est-ce fait?» dit-elle.

Gourmandinet fit signe de la tête que oui; il n’avait pas la force de parler.

«Viens, dit-elle, voilà ta récompense.»

Et elle lui montra un coffre plein de bonbons de toutes sortes. Elle fit enlever ce coffre par un valet, et le fit attacher sur un des mulets qui avaient amené ses bijoux.

«Je confie ce coffre à Gourmandinet, pour qu’il le porte à mon père. Partez, Gourmandinet, et revenez en chercher un autre dans un mois.»

Elle lui remit en même temps une bourse pleine d’or dans la main. Gourmandinet monta sur le mulet sans mot dire. Il partit au galop; bientôt le mulet, qui était méchant et entêté, impatienté du poids de la caisse, se mit à ruer, à se cambrer, et fit si bien qu’il jeta par terre Gourmandinet et le coffre. Gourmandinet, qui ne savait pas se tenir sur un cheval ni sur un mulet, tomba la tête sur des pierres et mourut sur le coup. Ainsi il ne retira même pas de son crime le profit qu’il en avait espéré, puisqu’il n’avait pas encore goûté les bonbons que lui avait donnés la reine.

Personne ne le regretta, car personne ne l’avait aimé, excepté la pauvre Blondine, que nous allons rejoindre dans la forêt des Lilas.

III – La forêt des Lilas

Quand Blondine fut entrée dans la forêt, elle se mit à cueillir de belles branches de lilas, se réjouissant d’en avoir autant et qui sentaient si bon. À mesure qu’elle en cueillait, elle en voyait de plus beaux; alors elle vidait son tablier et son chapeau qui en étaient pleins, et elle les remplissait encore.

Il y avait plus d’une heure que Blondine était ainsi occupée; elle avait chaud; elle commençait à se sentir fatiguée; les lilas étaient lourds à porter, et elle pensa qu’il était temps de retourner au palais. Elle se retourna et se vit entourée de lilas; elle appela Gourmandinet: personne ne lui répondit. «Il paraît que j’ai été plus loin que je ne croyais, dit Blondine: je vais retourner sur mes pas, quoique je sois un peu fatiguée, et Gourmandinet m’entendra et viendra au-devant de moi.»

Elle marcha pendant quelque temps, mais elle n’apercevait pas la fin de la forêt. Bien des fois elle appela Gourmandinet, personne ne lui répondait. Enfin elle commença à s’effrayer.

«Que vais-je devenir dans cette forêt toute seule? Que va penser mon pauvre papa de ne pas me voir revenir? Et le pauvre Gourmandinet, comment osera-t-il rentrer au palais sans moi? Il va être grondé, battu peut-être, et tout cela par ma faute, parce que j’ai voulu descendre et cueillir ces lilas! Malheureuse que je suis! je vais mourir de faim et de soif dans cette forêt, si encore les loups ne me mangent pas cette nuit.»

Et Blondine tomba par terre au pied d’un gros arbre et se mit à pleurer amèrement. Elle pleura longtemps; enfin la fatigue l’emporta sur le chagrin; elle posa sa tête sur sa botte de lilas et s’endormit.

IV- Premier réveil de Blondine. Beau-Minon

Blondine dormit toute la nuit; aucune bête féroce ne vint troubler son sommeil; le froid ne se fit pas sentir; elle se réveilla le lendemain assez tard; elle se frotta les yeux, très surprise de se voir entourée d’arbres, au lieu de se trouver dans sa chambre et dans son lit. Elle appela sa bonne; un miaulement doux lui répondit; étonnée et presque effrayée, elle regarda à terre et vit à ses pieds un magnifique chat blanc qui la regardait avec douceur et qui miaulait.

«Ah! Beau-Minon, que tu es joli! s’écria Blondine en passant la main sur ses beaux poils, blancs comme la neige. Je suis bien contente de te voir, Beau-Minon, car tu me mèneras à ta maison. Mais j’ai bien faim, et je n’aurais pas la force de marcher avant d’avoir mangé.»

À peine eut-elle achevé ces paroles, que Beau-Minon miaula encore et lui montra avec sa petite patte un paquet posé près d’elle et qui était enveloppé dans un linge fin et blanc. Elle ouvrit le paquet et y trouva des tartines de beurre; elle mordit dans une des tartines, la trouva délicieuse, et en donna quelques morceaux à Beau-Minon, qui eut l’air de les croquer avec délices.

Quand elle et Beau-Minon eurent bien mangé, Blondine se pencha vers lui, le caressa et lui dit:

«Merci, mon Beau-Minon, du déjeuner que tu m’as apporté. Maintenant, peux-tu me ramener à mon père qui doit se désoler de mon absence?»

Beau-Minon secoua la tête en faisant un miaulement plaintif.

«Ah! tu me comprends, Beau-Minon, dit Blondine. Alors, aie pitié de moi et mène-moi dans une maison quelconque, pour que je ne périsse pas de faim, de froid et de terreur dans cette affreuse forêt.»

Beau-Minon la regarda, fit avec sa tête blanche un petit signe qui voulait dire qu’il comprenait, se leva, fit plusieurs pas et se retourna pour voir si Blondine le suivait.

«Me voici, Beau-Minon, dit Blondine, je te suis. Mais comment pourrons-nous passer dans ces buissons si touffus? Je ne vois pas de chemin.»

Beau-Minon, pour toute réponse, s’élança dans les buissons, qui s’ouvrirent d’eux-mêmes pour laisser passer Beau-Minon et Blondine, et qui se refermaient quand ils étaient passés. Blondine marcha ainsi pendant une heure; à mesure qu’elle avançait, la forêt devenait plus claire, l’herbe était plus fine, les fleurs croissaient en abondance; on voyait de jolis oiseaux qui chantaient, des écureuils qui grimpaient le long des branches. Blondine, qui ne doutait pas qu’elle allait sortir de la forêt et qu’elle reverrait son père, était enchantée de tout ce qu’elle voyait; elle se serait volontiers arrêtée pour cueillir des fleurs, mais Beau-Minon trottait toujours en avant, et miaulait tristement quand Blondine faisait mine de s’arrêter.

Au bout d’une heure, Blondine aperçut un magnifique château. Beau-Minon la conduisit jusqu’à la grille dorée. Blondine ne savait pas comment faire pour y entrer; il n’y avait pas de sonnette, et la grille était fermée. Beau-Minon avait disparu; Blondine était seule.

V- Bonne-Biche

Beau-Minon était entré par un petit passage qui semblait fait exprès pour lui, et il avait probablement averti quelqu’un du château, car la grille s’ouvrit sans que Blondine eût appelé. Elle entra dans la cour et ne vit personne; la porte du château s’ouvrit d’elle-même. Blondine pénétra dans un vestibule tout en marbre blanc et rare; toutes les portes s’ouvrirent seules comme la première, et Blondine parcourut une suite de beaux salons. Enfin elle aperçut, au fond d’un joli salon bleu et or, une biche blanche couchée sur un lit d’herbes fines et odorantes. Beau-Minon était près d’elle. La biche vit Blondine, se leva, alla à elle et lui dit:

«Soyez la bienvenue, Blondine; il y a longtemps que moi et mon fils Beau-Minon nous vous attendons.»

Et comme Blondine paraissait effrayée:

«Rassurez-vous, Blondine, vous êtes avec des amis; je connais le roi votre père, et je l’aime ainsi que vous.»

— Oh! Madame, dit Blondine, si vous connaissez le roi mon père, ramenez-moi chez lui; il doit être bien triste de mon absence.

— Ma chère Blondine, reprit Bonne-Biche en soupirant, il n’est pas en mon pouvoir de vous rendre à votre père; vous êtes sous la puissance de l’enchanteur de la forêt des Lilas. Moi-même je suis soumise à son pouvoir, supérieur au mien; mais je puis envoyer à votre père des songes qui le rassureront sur votre sort et qui lui apprendront que vous êtes chez moi.

— Comment! Madame, s’écria Blondine avec effroi, ne reverrai-je jamais mon père, mon pauvre père que j’aime tant?

— Chère Blondine, ne nous occupons pas de l’avenir; la sagesse est toujours récompensée. Vous reverrez votre père, mais pas encore. En attendant, soyez docile et bonne. Beau-Minon et moi nous ferons tout notre possible pour que vous soyez heureuse.»

Blondine soupira et répandit quelques larmes. Puis elle pensa que c’était mal reconnaître la bonté de Bonne-Biche que de s’affliger d’être avec elle; elle se contint donc et s’efforça de causer gaiement.

Bonne-Biche et Beau-Minon la menèrent voir l’appartement qui lui était destiné. La chambre de Blondine était toute tapissée de soie rose brodée en or: les meubles étaient en velours blanc, brodés admirablement avec les soies les plus brillantes. Tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes y étaient représentés. Près de la chambre de Blondine était son cabinet de travail. Il était tendu en damas bleu de ciel brodé en perles fines. Les meubles étaient en moire d’argent rattachée avec de gros clous en turquoise. Sur le mur étaient accrochés deux magnifiques portraits représentant une jeune et superbe femme et un charmant jeune homme; leurs costumes indiquaient qu’ils étaient de race royale.

«De qui sont ces portraits, Madame? demanda Blondine à Bonne-Biche.

— Il m’est défendu de répondre à cette question, chère Blondine. Plus tard vous le saurez. Mais voici l’heure du dîner; venez, Blondine, vous devez avoir appétit.»

Blondine, en effet, mourait de faim; elle suivit Bonne-Biche et entra dans une salle à manger où était une table servie bizarrement. Il y avait un énorme coussin en satin blanc, placé par terre pour Bonne-Biche; devant elle, sur la table, était une botte d’herbes choisies, fraîches et succulentes. Près des herbes était une auge en or, pleine d’une eau fraîche et limpide. En face de Bonne-Biche était un petit tabouret élevé, pour Beau-Minon; devant lui était une écuelle en or, pleine de petits poissons frits et de bécassines; à côté, une jatte en cristal de roche, pleine de lait tout frais.

Entre Bonne-Biche et Beau-Minon était le couvert de Blondine; elle avait un petit fauteuil en ivoire sculpté, garni de velours nacarat rattaché avec des clous en diamant. Devant elle était une assiette en or ciselé, pleine d’un potage délicieux de gelinottes et de becfigues. Son verre et son carafon étaient taillés dans un cristal de roche; un petit pain mollet était placé à côté d’une cuiller qui était en or ainsi que la fourchette. La serviette était en batiste si fine, qu’on n’en avait jamais vu de pareille. Le service de table se faisait par des gazelles qui étaient d’une adresse merveilleuse; elles servaient, découpaient et devinaient tous les désirs de Blondine, de Bonne-Biche et de Beau-Minon.

Le dîner fut exquis: les volailles les plus fines, le gibier le plus rare, les poissons les plus délicats, les pâtisseries, les sucreries les plus parfumées. Blondine avait faim; elle mangea de tout et trouva tout excellent.

Après le dîner, Bonne-Biche et Beau-Minon menèrent Blondine dans le jardin; elle y trouva les fruits les plus succulents et des promenades charmantes. Après avoir bien couru, s’être bien promenée, Blondine rentra avec ses nouveaux amis: elle était fatiguée. Bonne-Biche lui proposa d’aller se coucher, ce que Blondine accepta avec joie.

Elle entra dans sa chambre à coucher, où elle trouva deux gazelles qui devaient la servir: elles la déshabillèrent avec une habileté merveilleuse, la couchèrent et s’établirent près du lit pour la veiller.

Blondine ne tarda pas à s’endormir, non sans avoir pensé à son père et sans avoir amèrement pleuré sur sa séparation d’avec lui.

VI – Second réveil de Blondine

Blondine dormit profondément, et, quand elle se réveilla, il lui sembla qu’elle n’était plus la même que lorsqu’elle s’était couchée; elle se voyait plus grande; ses idées lui semblèrent aussi avoir pris du développement; elle se sentait instruite; elle se souvenait d’une foule de livres qu’elle croyait avoir lus pendant son sommeil; elle se souvenait d’avoir écrit, dessiné, chanté, joué du piano et de la harpe.

Pourtant sa chambre était bien celle que lui avait montrée Bonne-Biche et dans laquelle elle s’était couchée la veille.

Agitée, inquiète, elle se leva, courut à une glace, vit qu’elle était grande, et, nous devons l’avouer, se trouva charmante, plus jolie cent fois que lorsqu’elle s’était couchée. Ses beaux cheveux blonds tombaient jusqu’à ses pieds; son teint blanc et rose, ses jolis yeux bleus, son petit nez arrondi, sa petite bouche vermeille, ses joues rosées, sa taille fine et gracieuse, faisaient d’elle la plus jolie personne qu’elle eût jamais vue.

Émue, presque effrayée, elle s’habilla à la hâte et courut chez Bonne-Biche, qu’elle trouva dans l’appartement où elle l’avait vue la première fois.

«Bonne-Biche! Bonne-Biche! s’écria-t-elle, expliquez-moi de grâce la métamorphose que je vois et que je sens en moi. Je me suis couchée hier au soir enfant, je me réveille ce matin grande personne; est-ce une illusion? Ou bien ai-je véritablement grandi ainsi dans une nuit?

— Il est vrai, ma chère Blondine, que vous avez aujourd’hui quatorze ans; mais votre sommeil dure depuis sept ans. Mon fils Beau-Minon et moi, nous avons voulu vous épargner les ennuis des premières études; quand vous êtes venue chez moi, vous ne saviez rien, pas même lire. Je vous ai endormie pour sept ans, et nous avons passé ces sept années, vous à apprendre en dormant, Beau-Minon et moi à vous instruire. Je vois dans vos yeux que vous doutez de votre savoir; venez avec moi dans votre salle d’étude, et assurez-vous par vous-même de tout ce que vous savez.»

Blondine suivit Bonne-Biche dans la salle d’étude; elle courut au piano, se mit à en jouer, et vit qu’elle jouait très bien; elle alla essayer sa harpe et en tira des sons ravissants; elle chanta merveilleusement; elle prit des crayons, des pinceaux, et dessina et peignit avec une facilité qui dénotait un vrai talent; elle essaya d’écrire et se trouva aussi habile que pour le reste; elle parcourut des yeux ses livres et se souvint de les avoir presque tous lus: surprise, ravie, elle se jeta au cou de Bonne-Biche, embrassa tendrement Beau-Minon, et leur dit:

«Oh! mes bons, mes chers, mes vrais amis, que de reconnaissance ne vous dois-je pas pour avoir ainsi soigné mon enfance, développé mon esprit et mon coeur! car je le sens, tout est amélioré en moi, et c’est à vous que je le dois.»

Bonne-Biche lui rendit ses caresses. Beau-Minon lui léchait délicatement les mains. Quand les premiers moments de bonheur furent passés, Blondine baissa les yeux et dit timidement:

«Ne me croyez pas ingrate, mes bons et excellents amis, si je demande d’ajouter un nouveau bienfait à ceux que j’ai reçus de vous. Dites-moi, que fait mon père? Pleure-t-il encore mon absence? Est-il heureux depuis qu’il m’a perdue?

— Votre désir est trop légitime pour ne pas être satisfait. Regardez dans cette glace, Blondine, et vous y verrez tout ce qui s’est passé depuis votre départ, et comment est votre père actuellement.»

Blondine leva les yeux et vit dans la glace l’appartement de son père; le roi s’y promenait d’un air agité. Il paraissait attendre quelqu’un. La reine Fourbette entra et lui raconta que Blondine, malgré les instances de Gourmandinet, avait voulu diriger elle-même les autruches qui s’étaient emportées, avaient couru vers la forêt des Lilas et versé la voiture; que Blondine avait été lancée dans la forêt des Lilas à travers la grille; que Gourmandinet avait perdu la tête d’effroi et de chagrin; qu’elle l’avait renvoyé chez ses parents. Le roi parut au désespoir de cette nouvelle; il courut dans la forêt des Lilas, et il fallut qu’on employât la force pour l’empêcher de s’y précipiter à la recherche de sa chère Blondine. On le ramena chez lui, où il se livra au plus affreux désespoir, appelant sans cesse sa Blondine, sa chère enfant. Enfin il s’endormit et vit en songe Blondine dans le palais de Bonne-Biche et de Beau-Minon. Bonne-Biche lui donna l’assurance que Blondine lui serait rendue un jour et que son enfance serait calme et heureuse.

La glace se ternit ensuite; tout disparut. Puis elle redevint claire, et Blondine vit de nouveau son père, il était vieilli, ses cheveux avaient blanchi, il était triste; il tenait à la main un petit portrait de Blondine et le baisait souvent en répandant quelques larmes. Il était seul; Blondine ne vit ni la reine ni Brunette.

La pauvre Blondine pleura amèrement.

«Pourquoi, dit-elle, mon père n’a-t-il personne près de lui? Où sont donc ma soeur Brunette et la reine?

— La reine témoigna si peu de chagrin de votre mort (car on vous croit morte, chère Blondine), que le roi la prit en horreur et la renvoya au roi Turbulent son père, qui la fit enfermer dans une tour, où elle ne tarda pas à mourir de rage et d’ennui. Quant à votre soeur Brunette, elle devint si méchante, si insupportable, que le roi se dépêcha de la donner en mariage l’année dernière au prince Violent, qui se chargea de réformer le caractère méchant et envieux de la princesse Brunette. Il la maltraite rudement; elle commence à voir que sa méchanceté ne lui donne pas le bonheur, et elle devient un peu meilleure. Vous la reverrez un jour, et vous achèverez de la corriger par votre exemple.»

Blondine remercia tendrement Bonne-Biche de ces détails; elle eût bien voulu lui demander: «Quand reverrai-je mon père et ma soeur?» Mais elle eut peur d’avoir l’air pressée de la quitter et de paraître ingrate; elle attendit donc une autre occasion pour faire cette demande.

Les journées de Blondine se passaient sans ennui parce qu’elle s’occupait beaucoup, mais elle s’attristait quelquefois; elle ne pouvait causer qu’avec Bonne-Biche, et Bonne-Biche n’était avec elle qu’aux heures des leçons et des repas. Beau-Minon ne pouvait répondre et se faire comprendre que par des signes. Les gazelles servaient Blondine avec zèle et intelligence, mais aucune d’elles ne pouvait parler.

Blondine se promenait accompagnée toujours de Beau-Minon, qui lui indiquait les plus jolies promenades, les plus belles fleurs. Bonne-Biche avait fait promettre à Blondine que jamais elle ne franchirait l’enceinte du parc et qu’elle n’irait jamais dans la forêt. Plusieurs fois Blondine avait demandé à Bonne-Biche la cause de cette défense. Bonne-Biche avait toujours répondu en soupirant:

«Ah! Blondine, ne demandez pas à pénétrer dans la forêt; c’est une forêt de malheur. Puissiez-vous ne jamais y entrer!»

Quelquefois Blondine montait dans un pavillon qui était sur une éminence au bord de la forêt; elle voyait des arbres magnifiques, des fleurs charmantes, des milliers d’oiseaux qui chantaient et voltigeaient comme pour l’appeler. «Pourquoi, se disait-elle, Bonne-Biche ne veut-elle pas me laisser promener dans cette forêt? Quel danger puis-je y courir sous sa protection?»

Toutes les fois qu’elle réfléchissait ainsi, Beau-Minon, qui paraissait comprendre ce qui se passait en elle, miaulait, la tirait par sa robe et la forçait à quitter le pavillon. Blondine souriait, suivait Beau-Minon et reprenait sa promenade dans le parc solitaire.

VII – Le perroquet

Il y avait près de six mois que Blondine s’était réveillée de son sommeil de sept années; le temps lui semblait long; le souvenir de son père lui revenait souvent et l’attristait. Bonne-Biche et Beau-Minon semblaient deviner ses pensées. Beau-Minon miaulait plaintivement, Bonne-Biche soupirait profondément. Blondine parlait rarement de ce qui occupait si souvent son esprit, parce qu’elle craignait d’offenser Bonne-Biche, qui lui avait répondu trois ou quatre fois: «Vous reverrez votre père, Blondine, quand vous aurez quinze ans, si vous continuez à être sage; mais croyez-moi, ne vous occupez pas de l’avenir, et surtout ne cherchez pas à nous quitter.»

Un matin, Blondine était triste et seule; elle réfléchissait à sa singulière et monotone existence. Elle fut distraite de sa rêverie par trois petits coups frappés doucement à sa fenêtre. Levant la tête, elle aperçut un Perroquet du plus beau vert, avec la gorge et la poitrine orange. Surprise de l’apparition d’un être inconnu et nouveau, elle alla ouvrir sa fenêtre et fit entrer le Perroquet. Quel ne fut pas son étonnement quand l’oiseau lui dit d’une petite voix aigrelette:

«Bonjour, Blondine; je sais que vous vous ennuyez quelquefois, faute de trouver à qui parler, et je viens causer avec vous. Mais, de grâce, ne dites pas que vous m’avez vu, car Bonne-Biche me tordrait le cou.

— Et pourquoi cela, beau Perroquet? Bonne-Biche ne fait de mal à personne, elle ne hait que les méchants.

— Blondine, si vous ne me promettez pas de cacher ma visite à Bonne-Biche et à Beau-Minon, je m’envole pour ne jamais revenir.

— Puisque vous le voulez, beau Perroquet, je vous le promets. Causons un peu: il y a si longtemps que je n’ai causé! Vous me semblez gai et spirituel; vous m’amuserez, je n’en doute pas.»