Dans les méandres de la nuit - Pierrette Champon - Chirac - E-Book

Dans les méandres de la nuit E-Book

Pierrette Champon - Chirac

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Beschreibung

Dans le crépuscule naissant, Florence s'est rendue à l'aéroport où elle doit retrouver son amie d'enfance, Pauline, perdue de vue depuis une décennie. Mais l'harmonie des retrouvailles risque d'être éclipsée par les vicissitudes qui jalonnent le chemin du retour. Parviendront-elles, au terme d'une nuit émaillée d'obstacles, à rejoindre enfin leur destination ?

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Seitenzahl: 93

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Toute ressemblance avec des personnes ayant existé ne serait que pur hasard.

À ma précieuse Flo Vigroux-Ruisi

Table des chapitres

Chapitre 1 – L’aéroport

Chapitre 2 - En route !

Chapitre 3 - Perdues

Chapitre 4 - La piqûre

Chapitre 5 - L’infirmière

Chapitre 6 - Le garagiste

Chapitre 7 - L’accident

Chapitre 8 - On repart

Chapitre 9 - Le gorille

Chapitre 10 - Jacques

Chapitre 11 - La radio

Chapitre 12 - La surprise

Chapitre 13 - Explication

Chapitre 14 - Rodolphe

Chapitre 15 - Le drame

Chapitre 1

L’aéroport

En fin d’après-midi, un vendredi soir, Florence vibre d'une impatience non dissimulée alors qu'elle va rejoindre son amie Pauline à l'aéroport. Elle a quitté son domicile sous un ciel menaçant qui ne présage rien de positif pour le retour. Après une heure trente de route, elle mériterait bien sa récompense, celle de revoir Pauline. L'idée des retrouvailles imminentes emplit son cœur d'une douce euphorie après une décennie de séparation.

Un simple coup de fil, quelques jours auparavant, avait ravivé leur lien, Pauline exprimant son désir ardent de revoir son amie d'enfance. Pour Florence, étonnée, cette prise de contact avait été comme une brise réconfortante, lui rappelant que le temps n'avait pas érodé les fondations de leur amitié.

Dans cette attente fébrile, elle se laisse emporter par les souvenirs, se demandant avec une curiosité mêlée d'émotion, ce que la vie avait réservé à Pauline. Leurs chemins s'étaient séparés, Florence embrassant la voie de l'enseignement tandis que Pauline avait suivi le dédale des petits métiers. Mais malgré les vicissitudes du destin, Florence était emplie d'une joie sincère en constatant que leur amitié avait survécu à l'épreuve du temps.

L'avion était prévu à 18 heures, mais, fidèle à sa nature, elle avait anticipé, arrivant en avance et débordant d'excitation. Dans le parking plein à craquer, elle avait garé sa voiture loin de l'entrée.

Dans le hall de l’aéroport, elle est abordée par les hôtesses du stand d’une agence de voyages qui distribuent des sacs publicitaires faisant la promotion d’une destination africaine, personne ne rentre sans son sac, un cadeau apprécié.

– Merci, dit Florence. Je pourrai ainsi vider mes poches de leur contenu, très bonne idée, vos sacs colorés qui incitent au dépaysement.

Elle y glisse le portefeuille contenant carte d’identité, carte grise, des mouchoirs jetables et son lourd portemonnaie rempli de pièces.

Elle s’amuse en remarquant que toutes les personnes qui viennent de rentrer ont le même sac. Le hall d'arrivée grouille de monde, l'agitation règne alors que chacun attend avec impatience de retrouver ses proches après l’atterrissage de l’avion. Dans ce tourbillon de vie, où les conversations animées forment des vagues de bruit, elle se laisse emporter par une marée d'émotions, totalement absorbée par ses pensées, indifférente à l’entourage. Son cœur bat la chamade avec une intensité inattendue à chaque minute qui s'écoule. Son excitation grandit démesurément et elle ne peut plus contenir son impatience.

Alors qu'elle observe les avions qui décollent et atterrissent, son esprit vagabonde à nouveau vers les moments partagés avec Pauline dans leur jeunesse insouciante. Chaque rire, chaque larme, semble danser dans les recoins de sa mémoire, lui rappelant l'importance de cette amitié dans sa vie. Elle se surprend à imaginer les nouvelles histoires que Pauline aura à raconter, les épreuves surmontées, les succès célébrés. L'horloge semble s'être figée, le temps s'étirant à l'infini alors qu'elle patiente, le cœur battant à tout rompre à l'idée de serrer à nouveau son amie dans ses bras.

Après une heure trente en voiture, une épopée sur la voie rapide encombrée de véhicules, dont la plupart semblent pressés d'atteindre leur destination pour le week-end, elle ressent le besoin impérieux de se ressourcer, de se recentrer. La cafétéria apparaît alors comme un havre de paix au milieu du tumulte des vaet-vient de la foule en mouvement perpétuel. Cherchant une échappatoire à l'agitation qui l'entoure, elle repère une table libre, s'y installe avec soulagement et dépose son sac à ses pieds.

Alors qu'elle plonge sa main dans la poche intérieure de son blouson, à la recherche de son précieux sésame, sa carte Visa et d’un billet, un serveur bienveillant s'approche, prêt à satisfaire ses désirs. Son regard se lève vers lui, un sourire éclairant son visage fatigué, témoigne de sa gratitude silencieuse pour cette petite pause bienvenue.

– Un café allongé, s'il vous plaît, demande-t-elle avec douceur, laissant échapper un soupir de soulagement anticipé.

Pendant qu'elle attend, deux hommes prennent place à la table voisine. Leurs costumes impeccables, leur allure d'hommes d'affaires pressés, ne passent pas inaperçus dans cette mer de décontraction vestimentaire où le jean et les baskets règnent en maître.

Leur présence à proximité immédiate éveille sa curiosité et, involontairement, elle prête l'oreille à leur conversation animée. Des fragments de phrases s'immiscent, comme des intrus indésirables, dans son esprit déjà occupé par des pensées plus personnelles, tournées vers Pauline.

« Il faudrait s'en débarrasser avant qu'il ne soit trop tard… Réfléchissons un peu… Mais comment les récupérer ensuite ? Ce n'est pas le problème immédiat… Il ne faut pas qu'on les trouve sur nous… Je crois que nous sommes surveillés… »

Les paroles murmurées à la table voisine résonnent étrangement dans son esprit, jetant une ombre fugace sur son moment de quiétude. Mais avant qu'elle ne puisse s'attarder davantage sur ces échanges mystérieux, le serveur revient, apportant avec lui le précieux breuvage qui lui promet un instant de répit. Elle règle sa note avec un billet de cinq euros, offrant généreusement la petite somme restante au serveur, dont le visage s'éclaire d'un sourire reconnaissant.

– Gardez la monnaie, murmure-t-elle, avec une gratitude sincère pour ce bref instant de service attentif.

– Merci bien, Madame, répond le serveur, avant de s'éloigner vers d'autres tables, laissant Florence seule avec son café et ses pensées, dans cette oasis de tranquillité au cœur de l'agitation de l’aéroport.

Elle sirote la boisson à petites gorgées, le regard tourné vers le passé puis consulte sa montre et se lève en récupérant distraitement le sac posé près de la chaise, tout près de son voisin, puis elle se mêle à la foule qui s’agglutine près de la porte d’arrivée.

Les minutes s’écoulent, au milieu de dizaines de visages anonymes et des souvenirs surgissent à nouveau. Pauline était bien plus qu'une simple copine ; elles étaient liées par une amitié d'enfance, née de rencontres fortuites dans leur quartier commun où leur maman les envoyait parfois à la boulangerie. Au retour elles partageaient leurs petits secrets. Elle se souvenait en souriant de leur première expérience de fumeuses dans le jardin public du village, à l’abri des regards. Mais le temps avait passé, et leurs chemins s'étaient éloignés. Cependant, leurs liens, forgés dans l'innocence des jeux de fillettes, avaient traversé les années sans faiblir, malgré les chemins parfois divergents empruntés par chacune dans la trame de sa propre vie. L'attente à l'aéroport était empreinte d'un désir de renouer les liens perdus.

L'avion vient d’atterrir et la réalité reprend ses droits. Les premières valises tournent sur le tapis roulant, annonçant l'arrivée imminente de Pauline.

À travers la vitre, Florence scrute les visages qui défilent, cherchant désespérément celui qu'elle a gravé dans sa mémoire. Mais aucun ne semble correspondre à l'image figée de son amie d'enfance. Un doute fugace s'insinue dans son esprit, un murmure incertain qui lui susurre que le temps a peut-être altéré les traits familiers de Pauline.

« En dix ans, elle a dû changer, tout comme moi », se dit-elle pour se rassurer, elle était blonde aux yeux bleus, 1,65 mètre, de la même taille que moi.

Les passagers sortent en se précipitant vers les bras tendus. Après les effusions, leur valise est prise en charge par les proches qui ont hâte de retrouver leur véhicule au parking.

« Attendez-moi, dit un homme, je vais payer pour avoir le ticket de sortie. »

Déjà la queue s’allonge devant le distributeur. Il fait signe à son groupe de commencer à partir sans lui. « Je vous rattraperai ! » leur crie-t-il.

Florence a suivi la scène des yeux en cherchant son ticket dans la poche de son blouson. À ce moment précis, comme un éclair dans la nuit, une voix familière la tire de ses pensées et elle entend tout près d'elle : « Bonjour Flo ! »

Florence tourne la tête et découvre une Pauline, méconnaissable avec des cheveux roux mi-longs et ses yeux dissimulés derrière des lunettes noires. Malgré les années écoulées et les changements physiques, était-ce bien son amie qui se tenait devant elle, prête à renouer leur amitié là où elles l'avaient laissée ?

Mais ses doutes s’apaisent « ce doit être Pauline sinon comment serait-elle venue vers moi ? Donc je n’ai pas trop changé si elle m’a reconnue », se dit-elle rassurée. Puis elle réfléchit « elle ne pouvait pas se tromper, car j’étais la seule personne restée derrière la porte du hall d’arrivée. »

Dans un élan spontané, elles se précipitent dans les bras tendus, se serrant dans une étreinte chaleureuse, remplie d’émotion, comme si le temps s'était arrêté pour elles. Et dans cet instant magique, Florence qui oublie les fatigues de l’attente, savait que peu importe les aléas de la vie, l'amitié qui les unissait resterait toujours aussi forte, un phare dans les tempêtes de l'existence.

– Excuse-moi si je garde mes lunettes, mes yeux sont sensibles à la lumière artificielle, explique Pauline.

– Tu as changé la couleur de tes cheveux ! J’ai failli ne pas te reconnaître.

– Les hommes ont une attirance particulière pour les rousses alors…

Elles éclatent de rire comme au temps de leur enfance.

– Toi tu n’as pas changé. Toujours la même, cheveux blonds, yeux noisette, pas une ride… le temps semble ne pas avoir d’emprise sur toi.

– Flatteuse ! Je te reconnais bien là. Mais tu as oublié que mes cheveux étaient châtain foncé jadis. Le voyage s'est bien déroulé ?

– En une heure trente de vol, on n'a pas le temps de s'ennuyer. À peine décollé, l'hôtesse distribue des collations et le commandant annonce déjà la descente. Je n'ai même pas ouvert le livre que j'avais emporté.

– Tu as récupéré ta valise facilement ?

– Une valise bleue, couleur assez rare pour être identifiable au premier coup d’œil ne passe pas inaperçue. J’ai dû jouer des coudes pour me frayer un chemin à travers la foule jusqu'au tapis roulant, où les voyageurs s'amassaient. Quand je tendais la main en l’apercevant, un homme complaisant m’a dit :

– C’est laquelle ?

– La bleue, la voici !

Pauline continue : « L’homme, un grand blond athlétique remarquable, l’empoigne, la pose à mes pieds et je le remercie pour sa gentillesse. Je n’avais d’yeux que pour lui et il aurait pu me donner n’importe quelle valise, je n’y aurais vu que du feu. Il m’a demandé « où allez-vous ? »

– Qu’as-tu répondu ? Tu ne lui as pas donné mon adresse au moins ?

– Pourquoi pas ? Il me plaisait beaucoup.

– Non ! Tu n’as pas fait ça !

– Tu vois bien que je te fais marcher.

Florence n’en est pas convaincue, elle connaît la dragueuse qui continue :

– Je sens que je l’intéresse et je réponds malicieusement « Pour l'instant, nous devons juste rejoindre le parking ». Il me répond « quelle coïncidence, moi aussi ».