Étrange découverte en forêt - Pierrette Champon - Chirac - E-Book

Étrange découverte en forêt E-Book

Pierrette Champon - Chirac

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Beschreibung

Faustine vient de s'installer dans une petite ville rurale de l'Aveyron. Un jour, au marché, elle apprend par hasard, que les ruines de l'ancien bourg subsistent dans la forêt à quelques kilomètres. Férue d'archéologie, elle se rend sur les lieux. Elle fait la rencontre d'un inconnu au comportement bizarre qui la conduit auprès des restes d'une maison incendiée autrefois. Soupçonnant un drame qui s'est passé quarante ans auparavant, elle mène son enquête pour découvrir l'origine du sinistre. Au cours de ses investigations, elle rencontrera Dorian l'archéologue et le mystérieux Amory. Un roman à la façon de Pierrette, que l'on commence sans le lâcher jusqu'à ce qu'on arrive à la fin.

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Seitenzahl: 133

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Table

Chapitre 1 - L’arrivée

Chapitre 2 - Faustine prend ses marques

Chapitre 3 - Le vague à l’âme

Chapitre 4 - Le nouveau projet de Faustine

Chapitre 5 - L’inconnu du bois

Chapitre 6 - Amory

Chapitre 7 - Monsieur Lucien

Chapitre 8 - Dorian

Chapitre 9 - Retour vers la maison brûlée

Chapitre 10 - L’émotion d’Amory

Chapitre 11 - Retour vers les ruines avec Dorian

Chapitre 12 - L’attitude étrange de Dorian

Chapitre 13 - Madame Madeleine

Chapitre 14 - Madeleine a trop parlé

Chapitre 15 - Amory est mis au courant

Chapitre 16 - La colère d’Amory

Chapitre 17 - La lettre

Chapitre 1

L’arrivée

Les mains crispées sur le volant, après deux cents kilomètres d’autoroute qui se sont déroulés uniformément, Faustine vient d’atteindre le plateau du Larzac au relief chaotique.

La trentaine, cheveux mi-longs, auburn, qui flottent au vent de la vitre ouverte, coquette, elle jette de temps à autre un coup d'œil dans le rétroviseur intérieur pour se rassurer sur son apparence physique. Elle se mord les lèvres pour en aviver la teinte et se pince les joues pour se donner bonne mine. Le parcours long et monotone laisse libre cours à son imagination.

Elle rêve qu’elle se trouve dans le tournage d’un western avec des cavaliers au galop qui surgissent d’un amas rocheux à la poursuite d’Indiens au visage bariolé de signes de guerre. Elle entend la galopade des chevaux qui effleurent le sol de leurs sabots dans une envolée majestueuse et se prend à appuyer un peu plus sur le champignon pour suivre leur cadence et rivaliser de vitesse avec eux. Soudain un panneau indiquant 90 km/h la ramène à la réalité : non, elle n’est pas au Far West, mais dans le sud du Massif central.

Les rochers, aux formes fantasmagoriques, plantés sur une vaste étendue désertique, caractérisent cette région aux rares terres cultivées.

« Voilà donc ce fameux territoire qui a déchaîné la passion des foules lors du projet d’extension du camp militaire ! »

En remontant dans le temps, elle pense aux Croisés se rendant à Jérusalem à travers ces immensités, soumis à la chaleur estivale et aux froids rigoureux de l’hiver, animés d’un même élan de solidarité pour aller délivrer le tombeau du Christ. Que de souffrances, que de morts laissés sur le trajet avant d’arriver au but ! Combien y parvinrent ? Elle imagine hommes et femmes, hagards, affamés, vêtus de haillons, bravant le vent soufflant sur le plateau, encadrés par les Hospitaliers. Que de tourments éprouvés par ces pauvres gens que l’on manipulait facilement au nom de leur croyance !

L’imposant viaduc de Millau apparaît ainsi qu’un grand vaisseau qui s’élance gracieusement pour franchir d’un bond la vallée du Tarn qu’elle devine à travers le brise-vent en plexiglas. La nostalgie l’envahit quand les haubans disparaissent dans le rétroviseur, une page de sa vie se tourne tandis que débute un nouveau chapitre qui l’éloigne de son récent passé.

Avec appréhension, elle quitte l’autoroute synonyme de civilisation, de vie trépidante, en empruntant la départementale qui va la conduire à sa destination rurale. Un troupeau de brebis qui se désaltère dans une lavogne, retenue d’eau artificielle en forme de bassin, annonce l’arrivée au pays du Roquefort, le fromage des Dieux, transporté dans d’énormes camions venant des caves d’affinage naturelles du rocher du Combalou.

Après les vastes étendues de rocailles sauvages, la route se faufile entre collines boisées et vallées abruptes où se succèdent forêts et verts pâturages. Des ruisseaux, enjambés par d’antiques ponts de pierres, ont attiré des hommes qui fondèrent leur village à proximité de l’eau qui donne la vie et quelquefois la mort en cas d’inondations.

À présent, les virages, qui s’enchaînent sans interruption, exigent l’attention soutenue de la conductrice, pour éviter une sortie de route sur les feuilles humides qui la rendent glissante. Tortueuse à souhait, elle suit les contournements du relief tourmenté où les teintes de verts sont innombrables, conséquence d’un été pluvieux qui empêcha l’herbe de jaunir. Le feuillage se pare de ses belles couleurs automnales et les chênes se dorent tandis, qu’au sommet des monts, la végétation roussit. Elle rêve déjà de balade en forêt, ses pieds foulant les feuilles mortes à la recherche de champignons et s’en réjouit. Mais un peu plus loin sur le bord de la route, un chasseur, fusil à l’épaule, en tenue de combat, met un frein à son enthousiasme en lui rappelant que ces forêts primitives accueillent renards, sangliers, chevreuils et biches et que les promeneurs ne sont pas à l’abri d’une balle perdue.

Les châtaigniers laissent choir leurs bogues qui s’entrouvrent en délivrant les fruits mûrs que les pneus réduisent en miettes sur la chaussée. Les noix commencent à tomber aussi et les buissons sont couverts de mûres.

« On pourrait vivre de cueillettes en s’en donnant la peine, avec champignons, châtaignes, noix et mûres pour le dessert ! »

Faustine a le temps d’enregistrer ces menus détails en ne quittant pas la route des yeux. Cependant, cette abondance de végétation fait naître l’inquiétude chez la citadine habituée à la foule des villes. Elle n’a rencontré aucune âme qui vive dans ce désert où la nature règne en maîtresse ! Mais, contre toute attente, voilà qu’un panneau annonce un village au détour d’une courbe. Elle ne l’avait pas vu venir de loin, encastré entre deux collines.

La route le traverse de part en part, parallèle, au cours d’eau bordé de maisons couleur ocre sombre qui doivent dater de plusieurs siècles. Une limitation de vitesse s’impose pour éviter des poules inhabituées aux engins à moteur à quatre roues. Elle se trouve sur une autre planète dans ce cadre authentique où des escaliers extérieurs mènent à l’étage des maisons au toit de lauzes. Des balcons en fer forgé, dévorés par la rouille, témoignent d’une vie éteinte depuis des décennies. Elle imagine, les jeunes filles brodant des mouchoirs à l’abri des regards indiscrets, derrière les persiennes à demi ouvertes pour garder la fraîcheur des pièces, sous l’œil vigilant de leur mère.

Une girouette en forme de coq s’agite en grinçant. Au centre du village, une vieille croix de pierre érodée par l’usure, tend désespérément ses bras vers le ciel. Sur le socle, des fleurs en plastique décolorées, pendent lamentablement au bout de leur tige de fer. Personne dans la rue, mais les crottes de brebis à l’odeur forte indiquent que le village n’est pas abandonné.

Enfin, elle aperçoit un vieil homme au visage creusé de rides profondes, assis sur un banc, tête coiffée d’un béret auquel il a donné un pli en forme de triangle sur le devant. Les deux mains appuyées sur sa canne, il regarde passer la voiture d’un air interrogateur.

« Comment s’approvisionne-t-il dans ce village sans commerce ? »

Elle a bientôt la réponse en voyant sur le bas- côté la camionnette d’un épicier qui livre à domicile.

« Quelle vie ! Je ne me doutais pas que les ruraux en étaient là ! »

Quelques maisons plus loin, les prés et les forêts ont repris leur place de chaque côté de la route étroite qui rend les croisements scabreux. Pourvu qu’elle ne rencontre pas de camion ! Quelle idée de venir s’installer dans cette région qui paraît hors du monde et hors du temps ?

« J’espère que je ne vais pas le regretter ! »

Elle met la radio qui diffuse une douce musique classique. Cependant, elle ne peut s’empêcher de penser à la ville qu’elle vient de quitter définitivement.

– Tu vas t’enterrer vivante dans un désert sans culture, avaient dit ses amies, reste parmi nous.

– Je veux tourner la page, ma décision est sans appel, avait-elle répondu.

Pour fuir la jungle urbaine, elle allait se jeter dans un monde inconnu de solitude, serait-ce mieux ?

Faustine avait choisi le département de l’Aveyron pour ses atouts naturels, mais la jeune femme privée de nature depuis toujours n’allait-elle pas souffrir de la solitude dans un écrin de verdure ?

Les renseignements pris sur l’Aveyron l’avaient conquise.

« Un département verdoyant loin de l’agitation et de la pollution qui offre de nombreux avantages aux amoureux de la nature, des espaces verts, des circuits de randonnées, des lacs, des rivières, des villages pittoresques, des moulins, des châteaux, etc. », un cadre de vie idéal qui correspondait à son caractère.

Après des recherches sur le « Bon coin », une maison fit sa conquête dans un bourg qui faisait l’effet d’une petite ville dans un désert de verdure. Elle possédait tous les atouts d’une grande et la tranquillité assurée. C’est après avoir visionné les photos attrayantes de l’habitation présentées sur le Net qu’elle se retrouve sur la départementale qui mène au bourg.

Finalement le temps a passé vite et la voilà parvenue au terme du voyage. Les derniers kilomètres en virages l'amènent sur le plateau où s'étend le bourg dont l'entrée est marquée par une croix de fer sur un imposant socle de pierre. Elle est agréablement surprise par les espaces verts qui agrémentent les places avec pelouses, arbres et bancs pour les promeneurs. Elle se croirait presque dans un square de la ville qu'elle a quittée.

Soudain, la voix froide et sans émotion du GPS annonce « Vous êtes arrivée ». Elle se trouve sur la place de la Poste, devant l’habitation convoitée.

Elle est attendue par un couple de personnes âgées, debout sur le pas de la porte. Ils lui font signe de s’arrêter. La dame aux cheveux d’un gris argent, élégante en pantalon blanc et son mari, tête cachée sous un chapeau de paille, semblent sortis d’un catalogue de mode des années 50. Leur visage souriant traduit la gentillesse et l’honnêteté. Au numéro d'immatriculation 69 de la voiture, ils ont compris que Faustine venait chez eux. Tandis qu'elle descend du véhicule, ils s'avancent vers elle le sourire aux lèvres et la main tendue.

– Bonjour Mademoiselle, vous avez fait bon voyage ?

L'accueil chaleureux des deux vieillards impressionne Faustine favorablement. Elle pense à ses grands-parents et elle aurait presque envie de les embrasser en répondant :

– Oui, un peu long, mais les paysages magnifiques m’ont divertie.

– À la bonne heure !

Familièrement, la dame la prend par le bras :

– Venez, nous allons commencer la visite. Vous ne serez pas déçue, vous recherchez le calme, vous l’aurez. C’est la maison idéale si vous aimez la nature et vous n’êtes pas loin du centre-ville pour vous approvisionner à pied.

Derrière une haie de verdure, qui la dissimule au regard des passants, Faustine découvre la maison, une construction des années 70, au toit de tuiles couleur brique. Les photos du net traduisent bien la réalité et la publicité n’était pas trompeuse.

La demeure surplombe une pelouse, derrière un ensemble d’arbres variés : tilleuls, érables, catalpa, pommier du Japon. Quelques marches mènent à la terrasse qui s’ouvre sur une pièce à vivre qu’éclaire une grande baie vitrée qui donne l’impression de se trouver à l’extérieur parmi les arbres et les fleurs. À l’arrière, une cuisine américaine, spacieuse, moderne, entièrement équipée, montre que l’attention du concepteur a été portée sur le confort. Derrière la cuisine, un escalier de bois mène à deux chambres de belles dimensions, chacune munie d’une salle de bain aux carrelages roses. Leur fenêtre s’ouvre sur l’espace bocager. Dans le couloir, une trappe qui se relève à l’aide d’un crochet, donne accès au grenier.

– Vous visiterez les combles en solo, nous n’avons plus l’âge de faire des acrobaties. Ils contiennent des tas de vieilleries laissées par l’ancienne propriétaire, dit la femme.

– J’aimerais y jeter un coup d’œil si vous n’y voyez pas d’inconvénients.

– Allez-y, vous êtes jeune et leste.

La trappe est soulevée tandis qu’un escalier escamotable descend.

Faustine monte les quelques marches et passe la tête au niveau de la trappe. Enchantée par l’amoncellement de vieux objets de toutes sortes, elle prévoit d’y passer de bons moments à fouiner parmi ces témoins du passé, dont une lampe tempête qu’elle a repérée.

Elle redescend satisfaite de sa visite en gardant pour elle ses commentaires.

– Allons voir la suite.

Au fond du jardin où poussent un pommier, un poirier et un cerisier, une dépendance sert de garage et de rangement pour les meubles de jardin.

La visite terminée, le visage de Faustine exprime la satisfaction, elle est immédiatement enchantée par l’habitation dans laquelle elle se sent déjà chez elle. Sans indiscrétion elle demande :

– Pourquoi la vendez-vous ?

– Nous partons pour la maison de retraite. À 85 ans, les ennuis de santé commencent et nous sommes loin des cliniques et hôpitaux, quarante-cinq minutes pour y accéder par la route si bien que l’hélicoptère du SAMU vient chercher les urgences. Sans enfants, nous préférons vendre la maison pour payer les honoraires de la résidence séniors qui va nous coûter plus de six mille euros par mois avec tout le confort souhaité pour terminer nos jours, sans compter l’assistance médicale.

– Ne regretterez-vous pas ce petit coin de paradis.

– Bien sûr, nous y avons été heureux, mais, nous devons nous faire une raison et tourner la page sans regret. Chaque chose en son temps ! Deux places se libèrent à la résidence séniors de notre choix et nous ne devons pas laisser passer la chance.

– Où irez-vous ?

– À Versailles, tout près du château, résidence Solstice. Sur le plan nous avons découvert qu’elle était entourée de quatre casernes et nous espérons ne pas être gênés par le son du clairon, ajoute-t-elle en riant.

– Pourquoi aussi loin ?

– Nous y sommes nés. Nous serons environnés de têtes blanches qui ont les mêmes problèmes que les nôtres et nous espérons nous entendre. La vie en communauté impose des contraintes, contraintes vestimentaires entre autres. Fini le week-end pyjama, dit-il en riant. Nous devrons prendre ensemble les repas au menu imposé, sans manger ce que l’on souhaite, soutenir une conversation, etc.

Il soupire d’un air résigné.

– Vous vous y ferez, dit Faustine compatissante.

– Il le faudra, sinon nous resterons dans notre appartement.

L’homme ajoute :

– C’est encore une solution, mais qu’importe ! Je vous garantis que vous allez vous plaire ici.

– Et les voisins ?

– Ils ne vous gêneront pas. L’un se trouve de l’autre côté de la place, quant au second il ne vient guère que l’été. Cette petite ville possède de nombreux atouts : commerces, écoles, collèges, maison de santé, centre de soins infirmiers, vétérinaires, office de tourisme, cinéma et de nombreuses associations. Vous ne manquerez pas de distractions, ni d’occupations. Nous vous souhaitons bonne chance dans ce nouvel environnement.

Quelques jours plus tard, après le départ du fourgon qui lui a amené ses affaires, elle n’a pas ménagé ses efforts pour une installation rapide. En fait, il ne s’agissait que de ranger ses effets personnels, vêtements, livres, ordinateur, bibelots, la maison étant entièrement équipée, y compris la vaisselle.

Et voilà comment Faustine s’est retrouvée maîtresse des lieux, début octobre, quand les feuilles jaunies commencent à tomber.

Chapitre 2

Faustine prend ses marques

La journée se termine, elle s’accorde un moment de répit afin de profiter du grand air qui lui a manqué dans la banlieue. En effet, son appartement au premier étage donnait sur la rue à proximité d’un arrêt de bus. Elle ne se lasse pas d’admirer les arbres du jardin qui prennent de belles teintes de roux et de jaune et se dit :

« Et si je me mettais à la peinture ? »

Elle musarde au soleil, assise dans un fauteuil d'osier, près de la table de jardin, ne réalisant pas encore qu’elle est là, chez elle, jusqu’à la fin de ses jours, loin de l’univers de béton et des immeubles aux mille fenêtres qui le soir, s’illuminaient.

« J'aurai enfin le plaisir d’observer le ciel et les étoiles comme je ne les ai jamais vues jusqu’à maintenant. »

Faustine a un grand besoin de solitude, mais aussi de contacts. Elle a décidé de tourner la page sur son ancienne vie et de tenter sa chance à la campagne. Depuis l’âge de 18 ans, la citadine a vécu de petits boulots suite au décès de ses parents qui lui avaient heureusement laissé un appartement en banlieue