Rencontre - Pierrette Champon - Chirac - E-Book

Rencontre E-Book

Pierrette Champon - Chirac

0,0

Beschreibung

Lors du marché de Noël, Diane tient un stand de livres qui se retrouve par hasard voisin d'un étal de plantes exotiques. Entre elle et le fleuriste naît une complicité inattendue. Intrigué par la couverture d'un de ses romans, il lui conseille de visiter un cimetière abandonné, un lieu qu'il décrit comme une source d'inspiration unique. Mais avant qu'elle ne puisse en apprendre davantage, l'explosion soudaine d'un projecteur plonge la salle dans le chaos, forçant Diane à sortir pour échapper à l'air devenu irrespirable. À son retour, un quart d'heure plus tard, son voisin a disparu avec son stand de fleurs. Obsédée par cette rencontre et à l'aide de la plante qu'il lui a laissée, Diane se lance dans une quête effrénée pour retrouver cet homme mystérieux qui semble s'être évaporé aussi soudainement qu'il était apparu.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 101

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Toute ressemblance avec des personnes ayant existé ne serait que pur hasard.

À Alexandre en souvenir du marché de Noël 2024

Table des chapitres

Chapitre 1- La rencontre

Chapitre 2 - L’attirance

Chapitre 3 - L’incident

Chapitre 4 - La disparition

Chapitre 5 - Est-ce qu’elle divague ?

Chapitre 6 – Rebondissement

Chapitre 7 - Le cimetière

Chapitre 8 - La chute

Chapitre 9 - Le récit de Diane

Chapitre 10 - La déception

Chapitre 11 - Recherche méthodique

Chapitre 12 - Des éléments nouveaux

Chapitre 13 - Fermeture du cimetière

Chapitre 14 - Du nouveau sur la plante

Chapitre 15 - Le carnet

Chapitre 16 - La consternation

Chapitre 17 - Dénouement

Chapitre 1

La rencontre

Diane l’avait rencontré au marché de Noël organisé par l’association des artisans et commerçants, un événement qui illuminait la petite ville chaque année. Ce dimanche 8 décembre, la journée serait particulièrement animée, avec une myriade d’activités se disputant l’attention des habitants : un loto au village voisin, un déjeuner traditionnel aux tripous et à la tête de veau dans une autre salle de la ville, la messe dominicale attirant les fidèles au clocher et, même un concours de pétanque organisé au profit du Téléthon. Les exposants du marché se demandaient, avec une pointe d’inquiétude s’il y aurait suffisamment de visiteurs pour justifier leurs efforts.

Diane avait longuement réfléchi avant de confirmer sa participation. En envoyant son inscription à l’animatrice, elle avait expressément demandé une table dans la rangée de droite, juste après l’entrée, convaincue que cette position stratégique mettrait en valeur son étalage de livres. Mais, à la dernière minute, une intuition la poussa à changer d’avis. La veille, elle avait finalement demandé à être placée sous la scène, comme l’année précédente. Ce choix, qu’elle jugeait anodin, allait pourtant bouleverser le cours de sa journée. Elle n’imaginait pas encore qu’une rencontre marquerait le début d’une histoire qui chamboulerait son existence.

Elle était arrivée la veille, dès le samedi après-midi, ses deux valises de livres soigneusement empilées dans le coffre de sa voiture, dont le moteur ronronnait encore dans l’air glacé de l’hiver. Le froid mordant s’insinuait jusque dans ses vêtements, mais elle n’y prêta guère attention, concentrée sur son objectif : s’assurer une place de parking stratégique devant la salle des fêtes. Elle voulait pouvoir décharger ses trésors littéraires sans avoir à parcourir de longues distances, craignant que le temps ne se gâte.

À son grand soulagement, juste au moment où elle coupait le contact, une de ses connaissances apparut, emmitouflée dans une écharpe épaisse et lui proposa spontanément son aide. Ensemble, ils s’affairèrent à transporter les valises jusqu’à l’entrée, profitant d’une éclaircie inespérée. Quelques minutes plus tard, alors qu’elle venait tout juste de mettre ses affaires à l’abri, une averse de grêle s’abattit brusquement, martelant les vitres et obscurcissant le ciel d’un gris presque nocturne. Elle adressa un sourire silencieux à son allié providentiel, reconnaissante de leur synchronisation parfaite.

– Bonjour, pouvez-vous m’indiquer la place que vous m’avez réservée ? demanda-t-elle à l’animatrice, installée derrière une table où s’entassaient des fiches et des stylos.

La femme releva les yeux, un sourire professionnel sur les lèvres.

– Comme vous me l’aviez demandé, votre table est juste devant la scène. Bonne installation ! Vous prendrez le repas de midi avec nous ?

– Oui, je me suis inscrite. Ce sera l’occasion de faire connaissance avec les exposants, répondit-elle avec un sourire, ravie de l’idée de partager un moment convivial.

Elle s’approcha de sa table, déploya une nappe aux couleurs chatoyantes de Noël, ornée de petits sapins scintillants et entreprit de déballer ses ouvrages avec une attention méticuleuse. Ses doigts s’attardèrent sur les couvertures glacées, comme pour leur transmettre un peu de chaleur. Tout en s’activant, elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’oeil furtif aux étiquettes disposées sur les tables voisines. Sur sa droite, un artisan sculpteur dont elle imagina les créations, sans encore les apercevoir et, sur sa gauche, une table sans le moindre indice sur l’identité de son occupant.

Elle espérait ne pas croiser à nouveau les exposants de l’année précédente, ceux qui l’avaient ignorée comme si elle était invisible, absorbés dans leurs discussions animées sur les recettes de confitures maison et les prix des chocolats artisanaux qu’ils proposaient avec enthousiasme au public. Diane se souvenait de leur indifférence, de ce sentiment de solitude au milieu du brouhaha festif. Peut-être, cette fois, la chance lui sourirait-elle avec de nouveaux voisins de table. Elle rêvait d’échanges simples et sincères, d’un peu de chaleur humaine qui ferait écho à l’esprit de Noël.

Autour d’elle, les organisateurs du marché de Noël s’activaient, réglant les derniers détails avec une énergie fébrile. Près de la scène, des branches de sapin fraîchement coupées étaient ajustées avec un soin méticuleux, exhalant un parfum boisé qui emplissait la salle d’une ambiance authentique. Les guirlandes scintillantes, suspendues comme des étoiles, achevaient de transformer l’espace en un écrin féérique. Demain, dimanche, l’incontournable Père Noël s’installerait dans son majestueux fauteuil de velours rouge, prêt à accueillir des enfants émerveillés et à graver des souvenirs impérissables sous l’objectif du photographe.

Une fois son stand préparé avec le soin qu’elle aimait y mettre, ses livres alignés comme des soldats prêts pour une parade littéraire, Diane était rentrée chez elle. L’installation anticipée lui offrait le luxe de revenir plus tard, le dimanche matin, à l’heure d’ouverture pour les visiteurs. Cela lui laissait le temps de savourer un moment de calme avant la journée animée qui l’attendait.

Elle ne nourrissait pas de grandes illusions quant à la vente de ses romans. Même avec les quatre derniers titres de l’année 2024 soigneusement exposés, elle savait que les visiteurs du marché de Noël étaient rarement là pour des livres. Pourtant, elle n’en était pas amère. Elle en avait écrit quarante-sept, une oeuvre de vie bâtie avec passion et, son imagination fertile et insatiable, semblait encore inépuisable. Cette pensée la réconfortait : écrire était son refuge, sa manière de transformer un quotidien parfois morose en un univers vibrant de couleurs et d’émotions.

Ses titres trouvaient davantage leur public sur les réseaux sociaux, où des lecteurs partageaient leurs coups de coeur et leurs commentaires chaleureux. Mais cela importait peu à Diane : elle écrivait avant tout pour elle-même, pour ce plaisir intime de créer des mondes et de dialoguer avec ses personnages de papier, souvent plus vivants à ses yeux que ses semblables.

Cette nuit-là, elle s’endormit avec une douce sérénité. Cette année, son étalage aurait un éclat particulier, rehaussé par les deux magnifiques présentoirs en bois conçus et fabriqués avec amour par son filleul. Leurs lignes élégantes et leur finition soignée témoignaient du temps et de la tendresse qu’il avait consacré à leur réalisation. Diane y voyait un symbole précieux : un lien entre son univers d’écrivain et celui, tout aussi créatif, de son filleul.

Le lendemain matin, vers 9 h 30, elle trouva une place dans l’immense parking végétalisé, où les graviers scintillaient sous une fine couche de gel. Les herbes folles bordaient les allées, figées dans une beauté cristalline par le froid mordant. Lorsqu’elle pénétra dans la salle, un éclat de lumière attira immédiatement son regard : un majestueux sapin de Noël, richement décoré de boules étincelantes et de guirlandes dorées, trônait fièrement au centre. Il semblait être le coeur battant de l’événement, capturant l’attention des premiers arrivants. Son parfum résineux, mêlé à celui des premières châtaignes grillées audehors, emplissait l’air d’une chaleur familière et réconfortante.

Le bruissement des conversations commençait à emplir la salle, mêlé aux échos métalliques des installations encore en cours. Une douce excitation montait en elle : cette journée promettait d’être aussi riche en rencontres qu’en surprises.

La plupart des stands étaient déjà prêts et elle traversa la salle en saluant de la tête les vendeurs qu’elle connaissait. Sur la scène, le Père Noël affalé dans un large fauteuil attendait les familles. Sa barbe blanche touffue dissimulait presque tout son visage, ne laissant entrevoir que ses yeux pétillants. Les visiteurs, intrigués, murmuraient en essayant de deviner son identité. Lui faisant face, le photographe ajustait ses projecteurs, prêt à immortaliser les sourires émerveillés des enfants qui viendraient poser pour la traditionnelle photo sur les genoux du Père Noël.

Arrivée à son stand, elle prit un instant pour ajuster les derniers détails. Elle alluma la guirlande clignotante qui serpentait élégamment autour de ses ouvrages, ajoutant une touche de magie à son espace. En face d’elle, des montagnes de biscuits artisanaux, dont les fameux gâteaux à la broche régionaux, scintillaient sous les projecteurs. À côté, un assortiment de savons colorés exhalait des parfums de lavande, de rose, de miel et de romarin, enveloppant l’espace d’une douceur olfactive apaisante.

Pourtant, malgré cette atmosphère presque féerique, une pointe d’appréhension subsistait. Elle redoutait les interactions avec ses voisins. Elle n’attendait d’eux rien de plus qu’un sourire ou un bonjour, un simple geste de convivialité pour alléger ces longues heures à partager. Mais elle savait, par expérience, que les marchés de Noël, derrière leurs apparences enchantées, étaient souvent des lieux où chacun défendait jalousement son petit territoire comme si la moindre sympathie pouvait nuire aux ventes. Après tout, ils allaient passer ces longues heures ensemble, dans cette salle où les rires des enfants, le tintement des clochettes du Père Noël et les effluves de vin chaud créaient une ambiance presque magique.

C’est alors qu’il lui apparut, surgissant avec une tranquillité désarmante, comme un souffle d’exotisme entre deux rameaux de son stand de plantes tropicales. Un homme à l’allure posée, vêtu d’un T-shirt clair, défiant l’air piquant de cette journée hivernale. Sa présence semblait irréelle, presque hors du temps. Son sourire, empreint d’une sincérité désarmante, était comme une promesse murmurée, un écho d’histoires lointaines et de secrets botaniques soigneusement préservés.

Elle sentit une vague d’émotion la traverser, conquise à l’instant par son regard clair, limpide comme une source d’eau pure, un contraste saisissant avec les teints chauds et les yeux sombres des autochtones au charme méditerranéen. Il avait quelque chose d’indéfinissable, un magnétisme doux et rassurant, qui évoquait en elle une image familière et rassurante. Kevin Costner, pensa-t-elle, cherchant instinctivement une référence pour ancrer ce visage dans sa mémoire.

Elle, qui s’était toujours targuée de ne pas juger les gens sur leur apparence, se surprit à penser qu’un homme doté d’un tel sourire et d’une telle aura ne pouvait être qu’une âme bonne et lumineuse. Était-ce une intuition, ou le début d’un lien inexplicable qui venait de se tisser entre eux ?

Sans chercher à le dévisager, Diane remarqua une médaille intrigante pendue à son cou : l’arbre de vie, un symbole ancien et universel. Ses racines s’enfonçaient profondément dans la terre, tandis que ses branches semblaient effleurer le ciel, créant un pont entre le monde terrestre et l’éthéré. Symbole d’éternité, de sagesse et d’équilibre, cet arbre représentait également l’évolution humaine, puisant dans ses origines pour s’élever au fil des expériences.

Pourtant, ce bijou avait quelque chose de singulier. Contrairement aux représentations classiques qu’elle connaissait, des détails marquaient la différence. Les feuilles semblaient presque palpiter et les racines formaient des entrelacs qui rappelaient un motif ancien, comme un secret gravé dans le métal. Diane sentit une curiosité irrépressible s’éveiller en elle.

L’homme, comme devinant son intérêt, effleura la médaille du bout des doigts. Son sourire, jusque-là si assuré, vacilla légèrement.

– Un cadeau de ma tante, murmura-t-il, comme pour couper court à toute interrogation, elle dit qu’elle vient de ses ancêtres.

Diane hoche la tête, un sourire poli aux lèvres.

– C’est un beau cadeau, répond-elle simplement.

Mais alors qu’il glissait la médaille dans le col de son t-shirt, un détail attira son attention. Le métal brillait avec une intensité presque irréelle et la chaîne semblait neuve, comme si l’objet avait été récemment restauré… ou acheté. Une idée lui traversa l’esprit. Était-il possible que cette médaille vienne de la petite boutique de bijoux qui avait récemment ouvert dans le village ?

Elle se souvenait de la vitrine soigneusement agencée, où chaque pièce semblait unique, presque vivante. La vendeuse, une femme à l’allure énigmatique, lui avait souri lorsqu’elle était passée devant, un sourire qui avait eu quelque chose d’invitant, presque complice.

– Elle l’a trouvée ici, dans le village ? demande-telle, feignant l’indifférence.

L’homme hausse légèrement les épaules, son regard fuyant.

– Je crois, oui. Elle aime beaucoup ce genre de choses… artisanales.