Le signe de Dieu - Pierre Milliez - E-Book

Le signe de Dieu E-Book

Pierre Milliez

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Beschreibung

Dans un jardin public, un homme s'effondre aux pied du journaliste Jacques Latour. Il laisse tomber une mystérieuse clé USB, et dit dans un souffle : "La clé, le grand secret..." Quelques jours plus tard, Jacques est missionné par son rédacteur en chef pour réaliser une enquête sur le Graal. Cette quête va le conduire, en sept étapes, de la découverte au mythique Saint-Graal, à la découverte du visage même de Dieu ! À la fin de ce périple à travers la Russie, l'Espagne, la France, l'Italie, il va découvrir l'ultime secret. L'enjeu de ce secret est si considérable pour le monde, qu'il est l'objet depuis des siècles de complots pour s'opposer à sa révélation par tous les moyens. L'auteur précise que les objets de la quête et les lieux visités sont réels.

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Seitenzahl: 243

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Du même auteur aux éditions Books on Demand

Témoignage

J’ai expérimenté Dieu

Études

La Résurrection au risque de la Science

ou étude scientifique de la résurrection de Jésus

à partir de la Bible et des 5 linges

Jésus au fil des jours I/III de la promesse à l’an 27

Jésus au fil des jours II/III de l’an 28 à juin 29

Jésus au fil des jours III/III de juin 29 à l’an 30

Pièces à conviction du Messie d’Israël

ou étude des reliques de Jésus

La somme existentielle, I/III Le mystère de Dieu

La somme existentielle, II/III Le mystère de l’homme

La somme existentielle, III/III La divinisation de l’homme

Conte poétique et philosophique

Le petit d’homme

L’élu

Roman

Le signe de Dieu

Recueil poétique

Aux trois amours

À tous ceux qui cherchent… Et qui n’ont pas encore trouvé…

Les objets de la quête, les bâtiments décrits, les lieux visités sont réels.

Origine des extraits de la Bible, parole de Dieu :

Traduction d’après les textes originaux par le chanoine A. CRAMPON

Société de Saint Jean l’Evangéliste

Desclée et Co., Tournai 1939

Sommaire

Icône des icônes

Graal mythique

Tunique unique

Linge taché

Chef des chefs

Photo d’un mort

Visage dévoilé

Ultime secret

Annexe 1 – Icône de la Trinité de Roublev

1 Icône des icônes

Ce matin-là, Jacques Latour se rend sur les pelouses du Vésinet situées non loin de son habitation. Le regard perdu dans le vide, il repense aux derniers évènements… Cependant, à peine a-t-il commencé à profiter de la quiétude du lieu, qu’il est surpris par une voix, qui bien que faible, laisse transparaître l’ampleur du drame qui est en train de se produire.

- À l’aide, à l’aide…

En un sursaut d’altruisme, il sort de sa léthargie méditative et se dirige vers la voix en détresse toute proche. À quelques pas, un homme titube et s’écroule à ses pieds, le teint cireux, l’œil hagard.

Jacques se penche sur la victime et entend dans un dernier râle :

- La clé, le grand secret…

Une clé USB tombe alors de la main de l’homme. Jacques la saisit, la glisse dans sa poche machinalement, tandis que le malheureux perd connaissance. Il regarde alentour, tout semble étonnamment serein en ce premier week-end de juillet. Jacques aperçoit au loin deux hommes qui s’éloignent d’un pas précipité.

Jacques prend son portable et compose le 15. Un médecin lui demande de décrire l’état de la victime. Après quelques conseils, il l’informe de l’envoi immédiat du SMUR.

Tout troublé, Jacques ne peut dire le temps écoulé, mais très rapidement il entend une sirène. Deux hommes descendent du véhicule. Ils se présentent comme médecin et infirmier. Ils posent la victime sur un brancard et la chargent dans l’ambulance. Tandis que le médecin prodigue les premiers soins à la victime, l’autre revient vers Jacques :

- Connaissez-vous cet homme ?

- Non.

- Vous a-t-il parlé ?

- Il s’est effondré à mes pieds, je ne le connais pas.

- Avez-vous fouillé ses poches pour trouver son identité ?

- Je n’ai pas osé le toucher n’étant pas secouriste…

- Vous avez bien fait.

- Est-ce grave ? s’inquiète Jacques.

- Ne vous en faites pas. Vous avez fait tout ce que vous pouviez. Ne perdons pas de temps pour notre malade. Merci et au revoir.

Sur ces mots le deuxième homme monte dans l’ambulance à la place du conducteur. Il démarre et s’éloigne rapidement. Le bruit de la sirène s’estompe dans la chaleur de ce début d’été.

Bouleversé, Jacques rentre chez lui d’un pas lourd en essayant de réfléchir :

« Son contact… Cet homme était son contact » se dit-il avec des sueurs froides.

Il se remémore la conversation téléphonique de ce matin même :

- Monsieur Jacques Latour ?

- Oui

- Je m’appelle Jean Dugué et j’ai besoin de votre aide

- Que puis-je faire pour vous ?

- Vous êtes journaliste spécialisé dans les enquêtes… disons difficiles.

- C’est bien ça.

- Je suis ingénieur. J’ai été chargé d’une enquête de la plus haute importance, presque malgré moi. Depuis je me sens surveillé, régulièrement suivi. Je suis sans doute sur écoutes téléphoniques. Je vous appelle d’une cabine téléphonique car je crains maintenant pour ma vie.

- Pourquoi vous adressez-vous à moi, prévenez plutôt la police, conseille Jacques.

- C’est inutile, ils ne pourraient me croire. La mission qui m’incombe doit rester pour l’instant dans la plus stricte confidentialité. Il faut que je vous rencontre au plus vite ! Je vous propose de nous retrouver dans un lieu public.

- Bien, retrouvez-moi au parc des ibis du Vésinet, je serai sur le banc près du petit pont à 16h00. Comment vous reconnaîtrai-je ?

- Je tiendrais une revue « Voix » à la main. Quant à vous je vous propose de prendre la revue « Vérité ».

- D’accord.

- Merci beaucoup pour votre concours.

Les évènements se précipitent se dit Jacques, pourtant un lieu public, en pleine journée…

A mi-parcours, un nouveau bruit de sirène se fait entendre, mais Jacques n’y prête pas vraiment attention. La sirène déchire la quiétude de cette fin d’après-midi. Décidemment les ennuis s’accumulent se dit-il dans son for intérieur.

Arrivé devant son domicile, Jacques sonne pour s’annoncer selon son habitude, et entre. Il retrouve avec joie sa fille Jeanne, toute rayonnante de jeunesse. Elle a la beauté de sa mère pense-t-il. Il voit alors celle qui fut toute sa vie et qui est partie voilà plus de 5 ans de la maladie du siècle. Les évènements qu’il vient de vivre au parc le replonge dans un douloureux passé.

Mais sa fille Jeanne enjouée ne lui laisse pas le temps de s’attrister :

- Bonsoir Papa, t’es-tu bien oxygéné ?

Puis voyant la mine décomposée de son père Jeanne lui demande inquiète :

- Que t’arrive-t-il, papa, tu es blanc comme un linge ?

- Oui, excuse-moi, il faut que je te raconte. J’étais tranquillement sur un banc lorsque….

Jacques raconte ce qui lui est arrivé au parc.

Il vient juste de terminer son récit lorsque son portable sonne.

- Monsieur Jacques Latour ?

- Oui, répond t-il.

- Ici le SAMU, c’est bien vous qui nous avez appelé il y a environ une petite heure.

- Je vous ai appelé pour un monsieur qui s’est effondré devant moi sur les pelouses du Vésinet.

- Nous nous sommes rendus au lieu indiqué, nous n’avons trouvé personne…

- Je ne comprends pas, répond Jacques interloqué. J’ai vu un véhicule du SMUR arriver et emmener la personne.

- Oui, nous nous sommes dérangés pour rien…

- Mais, s’insurge Jacques, d’autres personnes ont dû voir la victime en plus de votre ambulance. Il y avait deux hommes sur un petit pont non loin du banc.

- Nous avons recueilli les témoignages de plusieurs personnes qui nous ont indiqué n’avoir vu aucune victime...

Jacques reste bouche bée, muet de stupeur, distrait de la fin de la communication par l’avalanche de ses pensées.

A la mine atterrée de son père, Jeanne s’attend à une mauvaise nouvelle. Jacques la met rapidement au courant.

- Ce n’est pas possible, s’exclame Jeanne.

- Je n’ai pourtant pas rêvé ! lui répond son père.

Puis son père poursuit réalisant soudain l’impensable :

- Pauvre homme, on en voulait sans doute vraiment à sa vie. Qu’est-il devenu ? Où l’ont-ils emmené ?

C’est alors que son père met machinalement la main à la poche, et en sort la clé USB :

- J’avais complètement oublié, l’homme au moment de s’effondrer devant moi m’a remis une clé USB en me disant : « la clé, le grand secret ».

- Donc tu n’as pas rêvé, en voici la preuve matérielle. Donne-la-moi, nous allons regarder sur l’ordinateur.

Ils se dirigent tous deux vers le bureau de Jacques. Celui-ci est, journaliste oblige, saturé de livres et de documents entassés dans des étagères.

Jeanne met la clé USB et sort l’ordinateur de sa veille :

- Voyons qu’avons-nous sur cette clé. Nous avons cinq répertoires : mission, clés, étapes, rencontre, Russie. Chaque répertoire contient un fichier texte, sauf le répertoire « étapes » qui en contient sept.

- Bien, imprimons les fichiers, ce sera plus simple.

Jeanne s’exécute mais arrivée au répertoire étapes, les fichiers ne s’ouvrent pas. Ils sont verrouillés par une clé.

- Ce n’est pas grave indique son père, passe au répertoire suivant.

C’est ainsi qu’ils prennent les pages imprimées et s’installent au salon.

- Voyons d’abord le fichier « mission », je te le lis, indique Jacques.

« Mission

De l’argent fait ton deuil,

et le trésor cherche.

Il se tient à ton seuil,

et te tend la perche.

Au Père soumets-toi,

en l’amour unique.

Il te donne le toit,

et rien ne te manque.

Pars de la Trinité,

et trouve l’humanité.

Mort et ressuscité,

vivant d’éternité,

cherche il est source,

se mirant au Graal Saint.

Reprends donc ta course,

assume mon dessein.

Pars du Saint Calice,

et va au visage,

qui fait nos délices,

comme le seul sage.

De sa vie se privant,

il aime avec passion.

Il est le vrai Vivant,

avec consécration. »

- Ce n’est pas d’une limpidité absolue, s’exclame Jeanne.

- Cela ne pouvait pas être simple si tu te rappelles que l’homme m’a parlé du grand secret.

- Je me demande comment tout cela à un rapport avec ce « grand secret » dont il a parlé… Bon, à mon tour, je te lis le fichier « clés ».

Étapes

Clés

1

L’Étant

2

Son mystère

3

Sa signification

4

Sa caractéristique

5

Son nom

6

Son nom

7

Sa caractéristique

- Fichtre, voilà qui se complique, la clé contient des clés, s’exclame Jacques, souriant de son jeu de mots fort à propos pour détendre l’atmosphère.

- N’en profite pas pour prendre la clé … des songes, répond Jeanne promptement.

- C’est encore plus opaque que ce que nous venons de lire.

- Il faut reconnaître que tout cela semble bien mystérieux.

- Bon essayons la suite, le fichier « rencontre » va peut être nous éclairer, reprend Jacques.

« Je m’appelle Jean Dugué. Mon nom vous est inconnu. Si vous lisez ces lignes, c’est que je suis probablement retenu contre mon gré... Cependant je ne m’inquiète pas pour ma propre vie, seule compte la mission qui m’a été donnée, et que vous devez poursuivre coûte que coûte. S’il m’est arrivé quelque chose, m’empêchant de poursuivre la mission qui m’a été assignée, je vous supplie de la mener à bien. Les enjeux sont primordiaux pour des millions de personnes. »

Jeanne et Jacques lisent ensembles et sont étonnés par ce qu’ils découvrent. Ils poursuivent.

« Je vais tout vous expliquer.

Je suis veuf, mon épouse est décédée il y a vingt-cinq ans d’un accident de voiture. J’ai eu beaucoup de mal à reprendre goût à la vie. J’ai élevé seul mon fils qui va sur ses 28 ans.

Un samedi de début avril je me promenai au milieu du parc des ibis au Vésinet, lorsqu’un vieillard en complet gris avec une longue barbe blanche m’aborde :

- Bonjour Monsieur Dugué.

Interloqué je lui réponds :

- Excusez-moi, nous nous connaissons ?

Le vieillard m’indique un banc et m’invite à m’asseoir avec lui. Il me dit alors de façon très énigmatique :

- Vous me connaissez par les Écritures. Je suis celui dont Jésus dit en parlant à Pierre : « Si je veux qu’il demeure, que t’importe ».

Je le prends d’abord pour un de ces fous fanatiques des écritures, ou un de ces vieillards ne sachant plus bien ce qu’il dit. Cependant, en croisant son regard, je remarque en lui quelque chose de profond, un regard tel que je n’en avais jamais vu, qui donne soudain un grand crédit à ses dires.

Puis le vieillard continue :

- J’ai vu votre vie jusqu’à aujourd’hui…

Il plongea son regard dans le mien, je me sentis très mal à l’aise, comme un enfant pris en faute… Ma vie n’a rien d’extraordinaire. Je n’ai certes pas spécialement fait de mauvaises actions, mais pas beaucoup de bonnes non plus.

Le vieillard continue sans me laisser le temps de m’appesantir sur moi-même :

- N’ayez pas peur, il ne m’appartient pas de juger. J’ai besoin de vous.

- Comment est-ce possible ? Pourquoi moi ? Que me voulez-vous ?

Le Vieillard ne prend pas la peine de répondre mais continue :

- Je vous demande d’entreprendre un chemin qui vous conduira au secret ultime.

- Quel chemin ? Quel secret ?

Le Vieillard poursuit :

- Vous accomplirez le chemin demandé, car celui qui « Est » vous le demande à travers moi.

Prenant dans sa poche un objet, il me le tend en disant :

- Sh’ma1 ! Cette clé USB ouvre le parcours initiatique. Tu liras la parole écrite et tu accompliras la mission qui t’est dévolue, au fur et à mesure, en respectant les étapes.

Me voyant interloqué avec la clé USB dans la main, et devinant ma pensée, il poursuit :

- Vous noterez vos découvertes sur la clé au fil du temps. Si vous êtes empêché de poursuivre ta mission, vous trouverez sur votre route une personne à qui vous remettrez la clé. Elle l’achèvera alors la mission à votre place.

Le Vieillard se lève alors, et s’éloigne. Sa silhouette s’efface lentement dans la lumière de ce début de printemps.

Stupéfait, je reste quelques instants à me demander si j’ai rêvé ou non, mais la clé USB, nichée dans ma main, authentifie cette rencontre.

Avide de connaître le contenu mystérieux de cette clé, je hâte le pas. Revenu chez moi, seul, mon fils étant en déplacement pour son travail, je branche la clé sur mon ordinateur. Je découvre que la clé USB contient 9 fichiers : un fichier mission, un fichier clés et 7 fichiers dénommés étape 1 à étape 7. En essayant d’ouvrir les neufs fichiers pour les imprimer, je me rends compte que les 7 fichiers étapes sont protégés par un mot de passe …

Je veux commencer par comprendre avec les textes accessibles directement.

La mission m’apparaît générale et donc difficilement compréhensible. Déjà au premier verset tout commence par une ambivalence : « De l’argent fait ton deuil, et le trésor cherche. »

Étant chrétien, je fais des recherches dans la Bible. Je trouve que « il se tient à ton seuil, et te tend la perche » fait écho à la Bible, Apocalypse 3, 20a : « Voici que je viens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. ». Je comprends également que : « Au Père soumets-toi, en l’amour unique. Il te donne le toit, et rien ne te manque » fait écho à Matthieu 6, 33 : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela (le reste) vous sera donné en plus. ».

Pour les deux autres quatrains, je ne trouve pas le sens, ceux-ci s’éclaireront sans doute par la suite. »

Jeanne et Jacques restent déconcertés par la lecture de ce fichier.

Après quelques instants de silence, Jacques dit à sa fille :

- Poursuivons avec la lecture du dernier fichier « Russie » accessible pour nous faire une juste opinion.

Jeanne et Jacques sont à cent lieues de pouvoir imaginer que pendant ce temps…

Léon Camé rentre tranquillement dans son appartement loué à Arcueil après avoir partagé une bière avec son camarade Boris au café du coin. Il est satisfait, l’opération commanditée s’est passée au mieux et il a réglé Boris directement en euros.

Léon Camé était agent dormant du KGB2, infiltré comme fonctionnaire au ministère de la défense. Depuis la chute du régime soviétique, il s’est retrouvé à la dérive avec une vie à gérer dépourvue de sens. C’est en ce moment de perdition qu’il fut contacté par Natas. Ce dernier, il ne l’a jamais vu, mais à chaque mission réalisée pour son compte, il a toujours été payé en retour.

Léon, ex colonel du KGB, utilise à chaque fois que nécessaire les compétences opérationnelles de son ancien comparse Boris qui dispose d’une petite équipe.

Léon s’installe, décroche le téléphone et compose un numéro. Dès la première sonnerie il entend que l’on décroche :

- Ici Léon Camé, bonjour Monseigneur, j’appelle pour vous rendre compte.

- Je t’écoute.

- L’individu missionné par le « Vieux » est hors d’état de nuire.

- Explique-toi.

- Nous avons utilisé un poison naturel qui a entraîné une défaillance cardiaque.

- T’es-tu assuré de n’avoir laissé aucune trace ?

- Oui, nous avons emmené l’individu dans un de nos véhicules SMUR et il est en cours d’élimination.

- Y a-t-il eu des témoins de la scène, s’inquiète Natas.

- Nous avons eu un seul témoin car l’individu s’est écroulé à ses pieds.

- Vous avez suivi ce témoin, bien sûr ! reprend Natas, visiblement agacé.

- Ce n’était pas nécessaire. C’était un individu sans consistance, il nous a indiqué qu’il ne connaissait pas l’individu et qu’il n’avait pas osé fouiller ses poches.

- Et pour le reste ? s’impatiente Natas.

- Alors après le départ de l’individu, j’ai laissé quelques uns de nos éléments servir de faux témoins pour l’équipe du SMUR envoyé par le SAMU.

- Parfait, il a payé très cher son voyage en Russie, ce pays qui nous appartenait presque complètement, répond Natas en baissant la voix marquant quelques regrets dans la voix.

- Oui, répond servilement Léon Camé sentant la conversation déraper.

Natas se radoucit :

- Et toi, tu es satisfait cette fois-ci…

- Oui, satisfait du travail bien fait, répond Léon Camé.

- J’espère que tu dis vrai…

Léon pensait en avoir fini avec cette affaire mais elle allait lui revenir de façon inattendue…

Au même moment, Jeanne et Jacques commencent à lire le fichier intitulé Russie :

« Afin d’ouvrir le fichier correspondant à la première étape de la mission, je cherche à résoudre l’énigme :

- « La clé est l’Étant. »

« Étant » est le participe présent du verbe être. L’Étant par excellence, surtout avec une majuscule, est Dieu, car Dieu est l’Étant suprême. Le verbe être fait penser à la rencontre de Dieu avec Moïse dans l’épisode du buisson ardent raconté au début du livre de l’exode. Lorsque Moïse demande son nom à Dieu, ce dernier répond : « » (Exode 3, 14).

Je pense que la clé est « Dieu ». Je tape « Dieu », mais le fichier reste verrouillé, ce n’est pas le mot de passe permettant de l’ouvrir.

J’essaie ensuite tous les noms ou qualificatifs de Dieu trouvés dans la Bible (Adonaï, Très-Haut…), mais aucun mot ne fonctionne…

En réfléchissant encore, je me suis dit que le participe présent indique une action. L’Étant, c’est celui qui est dans l’action d’être. Or Dieu est le seul qui est sa propre raison d’être, qui ne doit l’être qu’à lui-même, mais « Étant » ne marche pas non plus.

Je suis affecté de mon incapacité. Dès le début je suis en échec…

Le lendemain je me reprends et décide de me faire aider par un ami théologien en allant chez lui.

Nous échangeons et il me dit :

- « La clé est l’Étant ». La clé est le nom de l’Étant. Tu as essayé en vain tous les noms ou qualificatif de Dieu. Le problème, c’est que Dieu n’a pas de nom. Il est l’innommable. La transcendance de Dieu ne peut être enfermée dans un nom, forcément limité. Dans l’ancien testament les hébreux refusent d’appeler Dieu par un nom.

Je réplique à mon ami :

- Mais alors s’il n’y a pas de nom à trouver et que le mot « Étant » ou « l’Étant » ne marche pas non plus…

Ce dernier me dit :

- En fait les hébreux donnent à Dieu quand même un nom, le tétragramme « YHWH ». Ce tétragramme est une forme ancienne du verbe être. L’hébreu s’écrit sans consonne, avec consonne cela donne « YaHWeH ». Tu peux essayer ces deux écritures.

En entrant les lettres, je guette fiévreusement l’écran…

Le fichier s’ouvre ! L’Étant est « YHWH ».

Je commence donc le chemin indiqué par le vieillard par le mot qui est à l’origine de tout ce qui est, le mot qui dit l’Être même de Dieu.

Commence alors la première étape, avec une énigme :

« Icône consacrée, patrie Sainte Mère, les trois sont un sacré, les deux sont au Père. L’icône est beauté, du saint monastère, Dieu Un et Trinité, au cœur du mystère. »

En lisant ce verset, j’ai ressenti une résonance avec le deuxième verset de la mission que je me suis empressé de relire.

Pars de la Trinité, et trouve l’humanité, mort et ressuscité, vivant d’éternité. Cherche il est source, qui se mire au Graal Saint. Reprends donc ta course, et assume mon dessein.

Le début de la deuxième strophe de la mission indique « Pars de la Trinité ». La strophe de la première étape indique « les trois » et « Trinité ». En plus il est question d’une icône, et d’un monastère. Une icône est à rechercher dans un monastère. L’icône contient sans doute des informations permettant de poursuivre. Je tourne l’énigme dans tous les sens mais je suis dans l’impasse. Où la trouver ? Dans quel pays est-elle ? Et dans quel monastère ?

Je décide de retourner voir mon ami théologien. Je me rends à son couvent. Le portier me reçoit très gentiment. Il m’annonce que le père Pierre est en déplacement à Dijon où il donne une conférence sur la Bible. À son retour il lui fera part de ma visite et m’assure qu’il me recontactera dès que possible.

Trois jours plus tard un rendez-vous est fixé. Mon ami m’accueille avec sa bienveillance habituelle qui me fait chaud au cœur. Ce dernier comprend de suite que les mots « patrie Sainte Mère » sont une indication pour le pays qui nous intéresse :

- A première vue il pourrait s’agir de la Palestine. En effet la Sainte Mère de Jésus a vécu dans ce pays. Mais la Palestine n’est pas le pays des icônes. L’expression « Sainte Mère » est aussi utilisée par les anciens Russes pour parler de leur patrie. Les Russes, fiers d’être devenu le principal pays orthodoxe après la chute de Byzance, appellent leur patrie : « la Sainte Mère Russie ». Les Russes ont d’ailleurs repris le flambeau de Byzance pour l’iconographie.

J’indique alors à mon ami :

- Oui, mais la Russie c’est grand, c’est même gigantesque… et une icône, c’est très petit…

- Si tu veux poursuivre ta quête, tu dois aller en Russie trouver une icône dans un monastère. Je ne peux malheureusement pas t’en dire davantage sur le sujet. Je suis bien conscient de ne pas t’avoir beaucoup aidé. La Russie est vaste, et malgré les destructions des temps de la persécution religieuse, les monastères restent nombreux. Il se pourrait d’ailleurs que le monastère en question ait été détruit.

Rentré à mon domicile, je me rends compte que je n’ai pas beaucoup progressé car chercher une icône dans un monastère en Russie c’est comme chercher un trèfle à quatre feuilles dans un champ de luzerne.

Je me désespère de trouver lorsque j’ai une idée. Je me souviens de nos amis les Delba, lui est haut fonctionnaire. Un de leurs enfants, Serge, est devenu moine orthodoxe. Il a vécu plusieurs années à Londres avec le moine Sophrony, disciple de saint Silouane du Mont Athos.

Le père Serge a appris par lui-même la langue russe. Après le décès du père Sophrony, il a rejoint le monastère de Valaam près de Saint-Pétersbourg. Le monastère de Valaam est situé sur l’île de même nom dans les environs de Saint-Pétersbourg. C’est l’un des plus grands et des plus célèbres monastères de Russie.

C’est ainsi que je pars à l’aventure après avoir réglé les détails administratifs, visas, billets d’avion, réservation d’hôtel… Ayant pris rendez-vous avec le père Serge, je compte sur lui pour me servir de guide et d’interprète une fois arrivé sur place. »

En finissant ces lignes, Jeanne interroge son père du regard. Elle comprend à la lecture du regard de son père que tout ceci est aussi mystérieux pour lui que pour elle. Ils poursuivent alors la lecture.

« Je décolle par un vol d’Air France à 7h00 et atterris à Moscou à 12h35.

Après le passage par les formalités administratives, je me retrouve dans le hall des arrivées de l’aérogare.

J’aperçois alors un groupe de moines tout de noir vêtu. Je m’interroge sur la façon de reconnaître « mon moine », car ils ont tous un air de famille avec leur longue barbe et leur visage ascétique. Est-ce leur dévotion qui leur donne un air de famille ? J’allais me diriger vers eux lorsqu’un jeune moine franchit le portillon des arrivées avec un gros sac de cuir usé. Le groupe l’entoure de forces accolades et de mots chaleureux d’accueil. Je suis ainsi de suite renseigné. Je n’étais pas « l’attendu », du moins par ce groupe.

J’aperçois alors un moine orthodoxe isolé. En m’approchant et grâce à l’échange de photos, nous nous identifions facilement. Il est de taille moyenne, très mince. Son front est large et haut. Ses yeux sont pétillants de vie et de malice. Sa barbe bien fournie se divise en deux parties sous le menton.

Nous faisons joyeusement plus ample connaissance.

J’explique à demi mot au père, de crainte d’être écouté, l’objet de ma visite :

- Comme vous le savez je suis ici pour… disons pour une mission particulière.

- Je vous aiderai avec plaisir.

- Pouvons nous nous installer dans un endroit calme et…

Le Père Serge comprend immédiatement et s’exclame :

- Suivez-moi, nous allons prendre ma voiture.

Nous arrivons sur le parking. Le père s’arrête devant une vieille Lada. Je charge ma valise dans le coffre et nous nous installons dans l’habitacle.

Après quelques minutes de trajet nous longeons dans une rue déserte un jardin public et nous nous garons. Le père Serge dit alors :

- Nous allons rester dans la voiture, par souci de discrétion, pour échanger.

J ’indique alors au père la mission confiée par le vieillard et ma décision de partir pour la Russie. Puis je lui lis la strophe de la première étape :

« Icône consacrée, patrie Sainte Mère, les trois sont un sacré, les deux sont au Père.

L’icône est beauté, du saint monastère, Dieu Un et Trinité, au cœur du mystère. »

Le père Serge prend quelques instants de réflexion. Ce qui, il y a encore peu de temps était bien mystérieux pour tous, semble se dévoiler pour le père Serge. Il s’efforce de m’expliquer :

- Vous avez compris que la Sainte Mère patrie est la Sainte-Russie puisque vous êtes ici. L’icône recherchée est l’icône dite de la Sainte Trinité de Roublev. Elle était dans le monastère de la Sainte Trinité. Elle devait même être sur l’iconoclaste. Cette cloison sépare la partie réservée aux fidèles dans l’église de la partie réservée au Saint des Saints où seuls les prêtres pénètrent.

Inquiet je demande au père :

- Vous parlez au passé mon père ?

Le père Serge poursuit :

- Rassurez-vous cette icône existe toujours. Elle nous parle des mystères de la Sainte-Trinité. « Les trois sont un sacré », signifient les trois personnes divines. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu. En fait l’icône de Roublev est dans une galerie à Moscou.

- Est-il possible de la voir ?

- Oui, je devrais pouvoir vous y accompagner.

Le père Serge démarre sa voiture et se faufile dans un dédale de rues, véritable labyrinthe pour qui ne connaît pas cette métropole.

Après un trajet de quelques dizaines de minutes, il se gare non loin de la galerie Tretiakov de Moscou. Le bâtiment est l’ancien hôtel particulier de l’entrepreneur, collectionneur, et mécène Pavel Tretiakov. Sa façade comprend trois portes, une principale encadrée par deux secondaires. À l’intérieur une galerie déploie sa beauté majestueuse avec ses piliers massifs, marbrés gris, soutenant une voûte légèrement incurvée. De superbes lustres en cristal scintillent de leurs mille facettes. La galerie abrite la plus importante collection d’art russe au monde avec 100.000 œuvres, dont une partie seulement est exposée dans les 62 salles aménagées sur deux niveaux.

Le père Serge, qui semble bien connaître les lieux, m’amène directement devant l’icône de la Trinité de Roublev.

Soudain beauté au milieu de beautés, sommet de l’art religieux, elle est là. Elle n’est pas que l’œuvre d’un génie de l’art iconographique, mais l’œuvre d’un grand mystique chrétien. L’icône transcrit l’écriture sainte. Bien qu’étant un simple morceau de bois peint de 142 cm de haut sur 114 cm de large, elle contient une grande quantité d’informations.

Elle représente les trois anges venus visiter Abraham au chêne de Mambré pour lui annoncer, ainsi qu’à sa femme Sarah, qu’ils attendraient un fils malgré leur grand âge. Mais au-delà du thème représenté, elle dit Dieu. Elle dit la Trinité, Une.

Après m’avoir laissé le temps de m’imprégner par l’icône, le père Serge s’exclame :

- Ainsi donc voilà le but de votre voyage atteint. Cependant, vu l’intérêt que vous portez à cette icône, je ne veux pas vous laisser quitter notre terre sans rencontrer un fin connaisseur de la Trinité de Roublev. Il s’agit du père Séraphin qui demeure au monastère de la Trinité d’où provient précisément l’icône de la Trinité. Il vous parlera en détail de cette merveille qui contient la quintessence de notre foi, sous une apparence simple.

- Merci père, mais où est situé ce monastère ?

- La laure de la Trinité se trouve à Serguiev Possad (ou Zagorsk) à moins de cent kilomètres de Moscou. Par contre, comme il est déjà tard et que vous devez être fatigué par le voyage, il est plus raisonnable de nous y rendre demain et d’y passer la journée.

Le Père Serge me dépose à mon hôtel en me laissant ses coordonnées téléphoniques.

Je m’endors facilement, réjoui de mon périple en Russie, de la rencontre du fils de mes amis, et de la perspective de rencontrer demain le « spécialiste » de l’icône de Roublev.

Le lendemain, le père Serge vient me chercher.

Après avoir jeté un coup d’œil furtif dans son rétroviseur, le père Serge me prévient :

- Regardez droit devant vous, ne vous retournez surtout pas. Nous sommes suivis, sans doute depuis que nous avons quitté votre hôtel. Nous allons changer de voiture par mesure de sécurité.

Le Père ralentit et s’arrête dès qu’il trouve une place pour ne pas gêner la circulation. Il appelle de son téléphone portable. Ne parlant pas Russe, je ne comprends mot. Après avoir raccroché il me dit :

- Tout est arrangé, vous allez suivre mes instructions.